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  • Classe verte (et rouge) [PV Nat]
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    Le dragon protecteur d'Yggdrasil s'est réveillé. Au milieu des fiançailles de Gaston et Camélia, souverains d'Altissia et Caldissia, la statue figée depuis un millénaire a quitté son socle pour arpenter le ciel de la cité. De son rugissement puissant, il a fait appel à des monstres sauvages pour encercler Yggdrasil, rendant les entrées et sorties en son sein impossibles. Progressivement, les vivres viennent à manquer et les stocks se vident sans pouvoir se remplir...
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    2 participants

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    30 mars
    1001
    Classe verte (et rouge)
    avec Natsumeossien
    Je ne suis pas objectif. Je connais très peu de personne qui le sont, mais vraiment, je ne suis pas objectif. Puisque je suis militaire, je vais forcément dire à tout le monde que mon travail a de l'importance et que je dois assurer la sécurité des quartiers Eossiens dont je suis à la charge. Habitué aux regards méfiants, ma fonction est quand même de m'assurer qu'il n'y ait pas de bagarre et aussi, quelque part, de montrer que les Altissiens peuvent être dignes de confiance. Je peux concevoir que les Eossiens ne nous apprécient pas puisqu'ils ne nous connaissent pas vraiment encore, mais j'ai espoir qu'un jour, les autres n'aient plus peur de nous simplement en entendant notre nom. C'est aussi le souhait de mes supérieurs qui veulent s'assurer que la paix prospère bien entre tous les habitants d'Yggdrasil, quels qu'ils soient, et qui me demandent par conséquent de me montrer sous mon meilleur jour. Bien sûr, ce n'est guère compliqué, malgré les quelques insultes que je peux recevoir. D'un naturel jovial, je garde le sourire en toutes circonstances en saluant les Eossiens que je croise. Certains sont chaleureux, d'autres un peu moins. Et je peux sentir quelques fois une intense envie de me balancer de nouvelles tomates pourries, comme si celles que j'avais reçu la dernière fois n'avaient pas suffit. Pffrt, saleté de moine ! J'aurais bien voulu l'oublier mais j'ai encore son sale comportement en travers de la gorge. Heureusement que son pote est venu faire bonne figure avant que ça dégénère, sinon je lui aurais bien montré un aller simple pour les geôles. Enfin... Je dis ça, je sais pas si j'aurais été jusque là, mais c'était pas l'envie qui m'en manquait sur le moment. Je suis bien content d'avoir à penser à autre chose avec ma mission d'aujourd'hui.

    Quand on me demande de me montrer amical, c'est pourtant avec tout le monde. Les marchands, les commerçants, les adultes... et les enfants. Surtout les enfants. Pas que ça me déplaise, hein. J'adore les enfants. À l'orphelinat, quand j'ai fini par être le plus grand des dortoirs, j'étais un peu vu comme l'aîné auprès des plus jeunes et je m'en occupais un peu comme un grand frère. J'aimais bien ce rôle-là. J'avais l'impression d'être important, d'être admiré. Cela m'a un peu manqué quand je suis entré dans l'armée ; ils avaient tous à peu près mon âge, et je semblais bien frêle, comparé à d'autres à qui on avait déjà appris la dure vie au sein de la chevalerie. Mais bon, je suis quand même parvenu, après plusieurs années, à me faire un nom et une place dans cet ordre peu commode. Par la suite, bien sûr, avec mon grade évoluant, je voyais bien que je ne laissais pas les plus jeunes indifférents lorsque je me baladais en ville avec mon armure flambant neuve. L'armée est la plus grande fierté d'Altissia, après tout, alors je ne raconte pas les regards émerveillés que je pouvais sentir à mon passage. C'était pas mal...

    Mais évidemment, tout a changé quand j'ai emménagé ici, à Yggdrasil. Dans cet environnement nouveau qui attisait ma curiosité, je savais que je n'aurais pas la même place que celle que j'avais à Altis. Mais peu importe. J'étais honoré qu'on m'ait choisi pour être l'un des premiers à fouler cette terre vieille d'un millénaire. Ce n'est pourtant pas les Eossiens qui allaient m'acclamer, et ça, je l'ai bien vite compris. Mais ça aussi, ça m'importe peu. Cela n'a pas tari mon avis d'être apprécié de cette population dont je ne connaissais rien. Parce qu'ils ne connaissaient rien sur nous non plus. Quand on m'a assigné aux quartiers Eossiens, je me disais, peut-être, que j'allai finir par m'y intégrer. Mission impossible, m'a-t-on toujours dit. Et il est vrai que nous sommes bien trop différents. Toutefois... J'ai quand même cette vision utopique et ce rêve qu'il n'y ait plus du tout de tension dans l'air. Mais bon, avec les assassinats d'Hincmar et Adélaïde, ça démarre mal. Nos têtes pensantes ne savent pas toujours où donner de la tête et on a dû procéder à quelques fouilles chez des Eossiens, déjà. Pas ma partie préférée du métier, si vous voulez tout savoir. On a dû pénétrer chez des familles qui n'avaient rien demandé. J'étais mal à l'aise tout le long, mais bon, j'ai suivi les ordres. C'est comme ça.

    Je sais comme il est important de se montrer exemplaire auprès de jeunes enfants. Ce sont eux, l'avenir de notre monde, après tout, qu'ils soient Altissiens, Caldissiens, ou Eossiens. Je n'ai jamais vraiment fait de différence. Je les trouve tous plus ou moins adorables ; eh oui, je suis bien faible face à eux, pour être honnête. Ils représentent mon fantasme un jour d'en avoir pour moi-même et d'en élever. Alors... J'aimerais bien leur plaire, à tous ces enfants Eossiens que je vais voir aujourd'hui. On m'a demandé d'aller rendre visite à l'académie d'Yggdrasil. La plus grande et l'une des seules qui existent. Elles regroupent tous les âges, toutes les origines et toutes les espèces, mais les plus grands sont séparés des petits et les Altissiens, Caldissiens et Eossiens sont également répartis entre eux ; il n'y a pas de mélanges. Moi, je trouve que ce n'est pas une très bonne idée, de les garder loin les uns des autres. Pour assurer la paix durable à laquelle on aspire, rien ne vaut la mixité. Mais bon, c'est pas moi qui décide.

    Ironiquement, ce ne sont pas les enfants Altissiens, que je vais voir. Mon travail va consister à faire un peu de... 'propagande' disons auprès des jeunes Eossiens. Bon, j'aime pas trop ce terme, mais c'est un peu ça, quoi, en plus gentillet. Je vais leur expliquer un peu mon métier pour qu'ils comprennent qu'ils n'ont rien à craindre de nous et que nous nous assurons de leur protection. Vu qu'il n'y a pas encore d'Eossiens dans l'armée, qui sait... Peut-être qu'ils feront partie des premiers...
    Maiiis... Comme d'habitude, je ne suis pas celui qui a le plus de succès. Windie est la reine, quand je l'amène avec moi. Dans la rue et même quand nous arrivons à l'école, les enfants la regardent avec adoration et les plus courageux me demandent s'ils peuvent l'approcher. Avec plaisir, ma chienne se laisse caresser pour le plus grand bonheur des gamins. Pffrt... Tout ça parce que c'est un animal mignon... Même si j'ai vraiment l'impression des fois qu'elle a un truc naturel avec les enfants, mais je mise ça sur le fait qu'elle est, effectivement, adorable. Elle a bien gagné mon affection quand j'étais môme, moi aussi, après tout.

    « Allez, ma grande, on y va. »

    Je rappelle ma compagne à l'ordre pour qu'elle me suive avant que nous nous dirigions vers le bureau du responsable pour l'alerter de notre venue. Je sais juste qu'il s'appelle 'Shimomura' mais je n'ai aucune idée d'à quoi il ressemble. Héhé, j'imagine un peu un vieux sage avec des tas de parchemins sur sa commode. Ou si ça se trouve c'est un gobelin... Perdu dans mes suppositions, je sens tout à coup que Windie s'agite. Dans le couloir qui nous mène à la porte du bureau, elle se met à battre de la queue avant de trottiner plus rapidement, la truffe au sol. Curieux, je cligne des yeux en la rattrapant. Il est vrai qu'une odeur que j'ai déjà senti auparavant flotte dans l'air, mais je n'arrive plus à me rappeler d'où elle provient et à quoi elle correspond. Courant auprès de Windie pour la retenir de passer la porte avant moi, je la caresse pour lui faire signe de se calmer. Puis, je commence par toquer à la porte, avant d'entrer dans la pièce une fois que l'on m'en a donné la permission.

    « Bonjour, je viens pour la visite suuur... »

    Mon regard se lève vers l'homme assis derrière le bureau dans lequel je viens d'entrer, et ma phrase reste en suspens. Je cligne des yeux, peinant à reconnaître le brun à pics aux traits fins en face de moi quand bien même j'ai l'impression de l'avoir déjà vu quelque part. Bon, par contre, Windie, elle, sait très bien qui c'est, apparemment, vu qu'elle se rue tranquillement vers la table en battant de la queue vigoureusement.

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    Classe verte (et rouge)


    Ça sent le seum par ici
    Je ne suis pas... Encore pleinement habitué au travail de bureau. Les éonistes procèdent peu par administration, en général. Les décisions se prennent et se transmettent à l'oral, parfois gardées sous écrit afin d'en garder la trace, mais ce n'est pas notre objectif principal. Le plus souvent, la tâche était reléguée aux novices. Maintenant, avec l'arrivée d'Altissia et de Caldissia, il nous faut composer avec leurs... Oh, par l'éos, j'en deviendrais presque vulgaire. Pour résumer poliment, disons que j'ai la sensation qu'il est impossible de faire quoi que ce soit, ou d'obtenir quoi que ce soit, sans auparavant passer par des milliers de papiers, bureaux et autres secrétariats qui se relaient les informations entre eux en fonction de ce qui vous arrange le moins.
    Autant dire que l'époque où nous pouvions faire ce que nous désirions car nous étions simplement encadrés par nos collègues me manque un peu.

    Pourtant, l'Académie n'est pas le lieu où j'apprécie le moins de travailler. Plus à l'aise avec le travail de soin, je n'ai toutefois jamais rechigné à enseigner et à étudier les textes, bien au contraire. Même si j'ai parfois du mal avec l'assaut que cela provoque sur mes sens que gérer des enfants, je me suis vite rendu compte, passé des premiers mois de panique où je pensais que j'allais forcément être une mauvaise influence, que... Que je me sens utile. Et que je suis plutôt content d'apprendre à ces gamins à se débrouiller, même si il m'arrive de râler dans mon coin de temps à autre, comme n'importe qui. Je me sens bien plus dans mon élément que lorsqu'il s'agit d'écouter les autres me parler de leurs soucis, même si je fais de mon mieux.
    Par conséquent, l'on pourrait se demander pourquoi je suis actuellement en train de ronchonner à mon bureau. La raison est simple, voyez-vous : les visites « éducatives ». Oh, pas d'artisans ou d'adultes venant présenter leur métier ou leur champ d'étude pour permettre aux enfants de comprendre un peu mieux le monde qui les entoure et les initier à des choses qu'il ne connaisse pas, non, sûrement pas. Malheureusement, ce sont des visites de militaires. De militaires altissiens et caldissiens venant pour remplir la tête des petits de leurs idioties et de belles paroles pour leurs contrées natales, et probablement aussi pour nous surveiller nous, les enseignants. Je ne me fais pas de leurre. C'est bien là ce qui m'agace et m'a poussé à tenter de me défouler en finissant ces papiers jusqu'à l'arrivée de la personne que j'attends, dont je n'ai d'ailleurs même pas vérifié le nom, non sans que ce soit un échec flagrant. J'ai l'impression de parler une toute autre langue, et ce n'est pas peu dire ; leur syntaxe est... Yggdrasil, comment ont-ils pu arriver à de telles variations ?!

    La tête plongée dans de sombres histoires de formulaires, je ne fais que vaguement hocher de la tête (par réflexe) et marmonner un « entrez » lorsque j'entends quelqu'un toquer. Sur le moment, en entendant la porte s'ouvrir, je ne relève pas la tête. Je me dis que j'ai quelques secondes, alors ce n'est que lorsque je sens une fourrure touffue venir me frôler que je cligne des yeux, surpris. L'odeur est... Ça sent le chien. Surpris, je fronce un peu les sourcils, avant de remarquer une bête que j'ai déjà vu, j'en suis persuadé.

    « Mais tu es... ? »

    Je ne termine pas ma phrase sur le côté, perplexe, le temps que l'information me monte au cerveau. Un peu lent, c'est finalement en posant mon regard sur le nouvel arrivant que l'information percute mon cerveau.
    ... Non. Non mais c'est pas vrai !
    Je manque de jurer dans ma tête. Mais pour l'amour d'Yggdrasil, que diable ai-je fait pour me retrouver dans une situation pareille ?! … Hormis me battre comme un enfant mal élevé avec un soldat quelconque que je venais juste de croiser et qui m'avait vaguement agacé, dévastant au passage un étalage ou deux et me roulant dans la boue comme un vulgaire cochon, je veux dire. Hm. Bon. Toujours est-il que rien de tout cela n'était ma faute et que je ne regrette en rien mes actions (et je suis très mature).

    Mon expression se ferme, passant à une neutralité morne et désabusée. Je me doute qu'aucun de nous n'a envie d'être là, alors je n'irais pas prétendre le contraire, même si je garde une « politesse » apparente.

    « Bonjour. »

    Ni froideur, ni chaleur dans ma voix. Je ne vais pas me mettre à faire comme si de rien n'était non plus, mais j'opte pour le moment pour la solution « ne pas souligner l'évidence ». Pas par lâcheté ou quoi que ce soit, mais simplement parce que je ne vois pas pourquoi perdre du temps en banalités. Je ne le supporte pas et il ne me supporte pas, alors ça ira bien plus vite ainsi. Comme à chaque fois que la situation me déplaît ou devient tellement inconfortable que je ne sais plus trop comment réagir, j'agis avec un méthodisme mécanique. Sans rien dire de plus, je me relève donc en prenant un livre sous mon bras, me préparant déjà partir vers la salle.

    « J'ai déjà prévenu les enfants, alors ils ne seront pas surpris. Pas plus d'une demie-journée, comme prévu. »

    Peut-être que je cache à peine le fait que j'ai déjà hâte qu'il parte. C'est-à-dire que je n'avais déjà pas hâte à ce jour, mais en plus, on demande à ce que je le laisse déblatérer ses anneries dans les oreilles des enfants dont je m'occupe... ? Pourquoi, pour qu'il sorte le même genre de choses que ce qu'il a déjà dit devant moi la dernière fois ? L'idée me fait grogner. Inconsciemment, je me suis fait plus protecteur, ne pouvant retenir un éclat vaguement plus dur dans mon regard quand je remarque qu'il a gardé son épée.

    « … Et pas d'arme en classe. C'est une école, pas une caserne.  »

    Durant une seconde, mon ton est un peu plus sec. Non mais oh, dites donc, il a cru qu'il était à la taverne ?!

    ft. Samaël Enodril
    le 30 mars 1001


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    30 mars
    1001
    Classe verte (et rouge)
    avec Natsumeossien
    Il me faut bien une petite minute au moins pour me rappeler d'où je l'ai vu pour la dernière fois. Mon cerveau de balourd fonctionnant au ralenti, j'ai tout à coup un flash quand je me rappelle de celui qui me jetait des fruits pourris à la tronche avant de me rouler avec dans la boue. J'écarquille les yeux, le reconnaissant enfin tandis que Windie semble plus que ravie de le revoir, contrairement à moi. Sur le coup, je ne dis rien, soudainement mal à l'aise. Poliment, il se contente de me saluer alors que l'ambiance est tout à coup devenue pesante et pas trop tranquille. J'imagine que, pour une journée, nous allons tous les deux devoir faire comme si de rien n'était. Pour autant, quand il se lève, il agit avec sérieux, même si ses propos dégagent un tranchant singulier que je discerne bien malgré le ton neutre. Blasé, je crois comprendre que ma présence est largement peu tolérée quand il me rappelle la durée limitée imposée dans le contrat. Pas que j'ai particulièrement plaisir à passer un moment avec lui, mais j'espérais pouvoir apprendre quelques trucs aux enfants avant de m'en aller. Ne voulant pas créer d'embrouilles tout de suite, je le suis docilement en grimaçant, ma chienne sur les talons. Il n'y bien qu'elle, qui a l'air contente. Des fois, je l'envie. On dirait que rien ne l'embête et qu'elle est toujours heureuse, celle-là, m'enfin... C'est comme ça que sont les chiens. Je finis néanmoins par remarquer l'œil mauvais que l'autre pose sur mon arme, avant de faire un nouveau rappel à l'ordre. Il me prend pour un enfant quoi ?!

    « Si les épées restaient toujours dans les casernes, j'imagine que je devrais me protéger des dragons avec une bataille de regards. »

    J'ai dit dragon comme j'aurais pu dire autre chose, mais qu'est-ce qu'il veut que je fasse, quand on est devant une bête dangereuse ? Qu'on vienne servir les monstres sur un plateau d'argent en nous mettant un ruban rouge autour du cou ? Mon ton presque sec est assez révélateur alors je n'en dirais pas plus, me contentant de m'exécuter et de défaire mon arme pour la poser. Comme un bébé à qui on retire sa tétine, je ne suis jamais très à l'idée de laisser mon épée derrière ; évidemment, ici, il est certain que je ne risque pas d'en avoir besoin, mais elle me quitte rarement et je suis toujours plus rassuré de savoir que j'ai quelque chose sur moi pour me défendre.

    « Bonjour tout le monde ! »

    Je tente d'afficher une expression sympathique et ouverte pour qu'ils ne me craignent pas, mais j'aperçois tout de même des regards curieux et peut-être légèrement apeurés, aussi. Rien de bien étonnant, pour être honnête, mais je peux tout de même tenter de leur faire changer d'avis au sujet des militaires ; il doit bien y en avoir dans le lot qui aime ça.

    « Vous m'avez peut-être déjà vu, mais je suis le Capitaine de l'armée Altissienne en charge des quartiers Eossiens et-... 
    - Trop chouuu! On peut le caresser ?..
    - … Hein ? »

    Brutalement coupé par un élève quelconque, je me rends tout à coup compte que la moitié des pairs d'yeux sont concentrés sur... eh bah ma chienne. Nan mais vous déconnez, elle a autant de charisme que ça ?! Remarquez, quand j'avais leur âge, je m'intéressais surtout à la chevalerie, mais je n'étais pas insensible à Windie non plus, quand je l'ai connu. Combien de fois je l'ai nourri en cachette avec mes repas du soir... Enfin bon, j'imagine que pour des enfants de leur âge, un animal, c'est distrayant.

    « … Et voici Windie, ma compagne de bataille. Allez-y, si votre enseignant vous l'autorise, vous pouvez l'approcher. Elle ne mord pas. »

    Je finis par pousser un bref soupir. En même temps flatté qu'elle ait autant d'attention et un peu dépité que j'en ai si peu, je ne veux même pas imaginer comme le moine doit jubiler intérieurement de me voir essuyer si peu de succès. Enfin. C'est sans doute le pire moment pour perdre la face, alors autant continuer sur ma lancée.

    « Je disais donc... Je suis le Capitaine Enodril. Vous pouvez venir me voir à n'importe quel moment si jamais vous avez un problème. Nous, les militaires, nous sommes là pour vous protéger et faire régner la justice ! »

    En gonflant le poitrail, je tapote légèrement sur mon armure, fier d'être à mon rôle et de servir la population. Je n'ai pas passé des années à m'entraîner au combat pour que ça ne serve à rien, après tout.

    « Est-ce qu'on vous parle un peu du rôle de l'armée, en classe ?.. »

    C'est dommage que je n'ai pas mon épée sur moi car elle aurait pu les impressionner, mais on fera sans. Après tout, je suis assez charismatique moi-même, en toute modestie (non). Mais je ne sais pas trop ce qui est dit à notre sujet, au sein des familles Eossiennes.

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    Classe verte (et rouge)


    Ça sent le seum par ici
    Oh, mais il va le récupérer, son cure-dents ! Qu'il est pénible, l'on dirait un enfant à qui l'on demande de lâcher son doudou. Et encore, j'ai connu des petits bien plus matures que ça. Je ne me retiens pas de lever les yeux au ciel, plus qu'exaspéré. C'est qu'il a peur, le gros tas de muscles, sans son joujou ? Je crois bien le comprendre, fronçant les sourcils devant sa, euh... Répartie... ? C'était supposée en être une ? Perplexe, je cligne des yeux. Mais de quoi est-ce qu'il parle... ? Se protéger de... ? Avec des batailles de regard... ? Hein ? Décidément, je ne comprends rien, hormis qu'il semble décidément avoir la tête tellement enfoncée dans ses bêtises que ce qu'il en dit devient incompréhensible. Toutefois, je ne m'attarde pas là-dessus : j'ai autre chose à faire que de gérer (à nouveau) les caprices d'un gamin qui doit bien avoir la trentaine. Si il veut se mettre à bouder dans un coin en pleurnichant parce qu'il ne peut pas compenser sa peur déraisonnable avec une lame, ça le regarde, et ça me fera des vacances. Qu'est-ce que j'y peux, moi, si il croit que des enfants vont lui sauter à la gorge d'un instant à l'autre ! … Oh, par Yggdrasil, je suis tendu, je le crois bien. Je n'aime pas trop ça, mais j'ai du mal à garder mon calme manufacturé et purement artificiel en sa présence, et ça me déplaît. Il faut croire qu'il me hérisse le poil à ce point-là. Mais bon, je suis encore assez bon acteur, quoi qu'on en dise ; ou du moins, je suis très doué pour simuler la neutralité absolue. À côté de ça, je suis un très piètre menteur, mais ce n'est pas le sujet du jour.

    Alors que l'autre énergumène commence son cinéma et que je dois me retenir de grincer des dents, je choisis plutôt de serrer ma plume dans ma main avec crispation pendant que je fais mine de m'occuper de quelques formulaires quelconques. Malgré moi, toutefois, mon regard ne peut s'empêcher de se poser sur les têtes des gamins. J'inspecte leurs expressions avec attention, mes épaules se tendant lorsque je crois remarquer des éclats d'inquiétude dans leur regard. Inutile de se demander d'où ça vient ; tous ces enfants doivent encore avoir en fraîche mémoire le souvenir de l'arrivée des soldats. Pas sûr que l'imbécile en face s'en rende compte, toutefois, tout bouffi de son importance et de celle de ses camarades les boîtes de fer... Comment ça, je suis un peu injuste ? Nullement. Impossible, me dis-je en me renfrognant et en m'enfonçant dans mon expression impassible.

    … Ohohoh.
    Je vous assure, j'ai du mal à m'empêcher de pouffer, à l'heure actuelle. C'était prévisible, mais je crois que le spectacle de snobisme auquel j'ai le droit ne pouvait pas être plus beau ; bien évidemment, me dis-je avec une moquerie mesquine en tête, que des enfants préfèrent une chienne gentille à un rustre en armure. Ce n'est tout de même pas de la philosophie antique. D'un hochement de la tête, je fais signe aux gamins qu'ils peuvent y aller : l'animal au moins le mérite d'être avenante, elle.

    Je m'étouffe toutefois dans ma salive quand j'entends l'autre (dont j'apprends tout juste le nom de famille, d'ailleurs, mais ça m'importe peu, je peux continuer à l'appeler 'Capitaine Pignouf' dans ma tête) se mettre à décrire son rôle
    La justice ?! Mais il est gonflé, le sac de ferraille !
    Face à mes toussotements dû à mon étranglement, les gamins se tournent brièvement en ma direction, mais je leur fais bien vite signe que tout va bien par un sourire doux. Pour autant, cela ne m'empêche pas de saisir mon gobelet d'eau pour me rafraîchir un peu en attendant. Zut, j'ai dit que je serais discret, tout de même... J'ai du mal, malgré tout. Et le pire, c'est que les gamins, crédules comme ils sont, vont le croire. Pas que ce soit leur faute : ils sont encore naïfs et font naturellement confiance aux figures d'autorité dans leur vie, surtout si l'on ne les contredit pas. Je ne peux pas le faire, toutefois : il y a fort à parier que si je venais à ouvrir ma bouche à ce propos, j'aurais des ennuis, alors je me tais, même si cela me brûle les lèvres. Tout ce que je peux faire, je suppose, c'est leur apprendre à garder un regard critique sur ce qui les entoure... Tant que j'en ai encore le droit. Mais je suis peut-être un poil mauvaise langue, là.

    Sa question ne me fait pas tiquer sur le coup. Je ne sais pas trop si il pose sa question pour savoir si j'ai dit quelque chose aux gamins ou si c'est vraiment pour qu'ils parlent, mais je suis tout de même curieux de ce qu'ils vont répondre. Ne m'incrustant pas pour ne pas les intimider, je sens toutefois comme une certaine hésitation dans l'air. Pour autant, quelques voix se mettent à résonner dans la pièce, timides au début, avant de se faire plus affirmées.

    « Bah... C'est les gens qui surveillent, non ?
    - Y arrêtent les voleurs ?
    - Y viennent fouiller dans ma chambre ! 
    - Y se tapent dessus ! »


    Très vite, je sens que les interjections fusent, et que la conversation va vite devenir intenable, ne serait-ce que pour mes oreilles. Redressant un peu ma tête, j'utilise donc la technique habituelle de la voix forte mais douce pour les rappeler à l'ordre. J'entrevois, en plus de ça, une main hésitante qui se lève.

    « Un à la fois, les enfants. Malia ? »

    La petite est assez renfermée, d'ordinaire, alors je suis assez surpris de la voir prendre la parole. Si elle paraît incertaine, je m'efforce d'avoir l'air tranquille pour la rassurer par mon air paisible.

    « Mais le papa à Domi, ils l'ont mis en prison après le dodo. »

    Mes épaules se tendent. Le silence tombe d'un coup sec, comme un couperet. La tension s'est alourdie, d'un coup, et je sens que les enfants s'échangent quelques regards nerveux du coin de l’œil. De mon côté, je me crispe, mais je garde le silence. Je n'irais pas sortir des paroles sucrées pour la forme, en tous cas.

    ft. Samaël Enodril
    le 30 mars 1001

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    30 mars
    1001
    Classe verte (et rouge)
    avec Natsumeossien
    Si Windie agite la queue d'un air bienheureux en ayant autant d'attention centrée sur elle, je reste à l'écoute des enfants quand ils commencent à me répondre et qu'ils sortent ce qui leur passe un peu par la tête. J'en viens à être surpris quelques fois mais rassuré d'un autre côté, pensant comprendre que les militaires ne sont pas si mal vus même si l'allusion aux fouilles à domicile ne me met pas des plus à l'aise. J'essaye de ne pas y songer trop longtemps et de passer outre, mais la question d'une des élèves m'arrête tout de suite dans mes pensées de toute manière. Sur le moment, je ne vois pas trop à quoi elle fait allusion quand elle parle du 'dodo', avant de me dire que ça doit sûrement être comme ça que les petits Eossiens appellent le sommeil de mille ans qu'ils ont subi. Un silence règne désormais dans la pièce. Pas étonnant, puisqu'elle a parlé d'un sujet peu évident à aborder, mais ils doivent sûrement se demander certaines choses à ce propos. Il est vrai qu'on ne comprend pas toujours les allers dans les geôles, puisque c'est assez délicat à expliquer aux enfants.
    Mon sourire sincère s'est effacé, mais je tente de garder une expression quelque peu sereine pour ne pas accentuer la peur que je sens parmi les rangs.

    « Le papa de Domi ?.. Qu'est-ce qu'il a fait, le papa de Domi ?.. »

    D'une voix douce mais moins assurée que je ne le voudrais, je les invite à dialoguer avec moi. Mon regard passe également brièvement dans les rangs pour apercevoir si l'enfant concerné se manifeste, car si son père a effectivement été jeté en prison, alors ça ne doit pas être simple à encaisser pour lui, le pauvre.

    « Peut-être que ce n'est pas très grave et qu'il sortira vite ?.. En-En général, on n'y reste pas très longtemps, quand on ne fait rien de mal, ne vous en faites pas. »

    Enfin... En théorie. Je ne suis pas naïf au point de croire que tous les capitaines sont irréprochables. En plus, je n'en connais pas beaucoup du côté des Caldissiens, alors je ne peux pas vraiment parler pour eux (même si j'ai une méfiance à leur égard parce que notre armée est bien meilleure et que je n'ai jamais eu le loisir ou l'envie de connaître leurs méthodes).

    « Nous, notre devoir, c'est de mettre des vilaines personnes en prison... Mais si un adulte vous vole quelque chose, par exemple, hm... Eh bien il faut nous le dire, et dans ce cas, nous veillerons à ce qu'il ne recommence plus. »

    Je ne sais pas s'ils comprennent tout ce que j'essaye de leur expliquer. C'est difficile sans doute pour eux d'appréhender ce genre de choses. Mais j'estime que s'il y a eu une injustice quelque part, alors je peux peut-être la réparer ?..

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    Classe verte (et rouge)


    Ça sent le seum par ici
    ... Vient-il vraiment d'oser sortir un « contexte ? » devant une assemblée d'enfants mal à l'aise et plus que visiblement chagrinés ? Est-ce que mes oreilles me trompent, ou est-ce que j'ai réellement entendu ça ? Sur le coup, je manque d'interrompre la discussion, de plus en plus tendu et inquiet pour mes élèves qui n'osent plus parler, hésitants et méfiants. En même temps, ils ont bien intégré que ce qu'ils disent à des soldats pourraient être dangereux pour eux ou leurs familles, alors je ne suis pas surpris de les voir devenus silencieux. En face, pourtant, j'ai l'impression que l'autre ne comprend rien à la tension que je peux sentir résonner jusqu'à mes tripes. La douceur qu'il tente de mettre dans sa voix m'exècre encore davantage : est-il si stupide qu'il ne comprend pas ce qui se passe, ou tente-t-il de les manipuler ? Je n'en sais rien, mais mes préjugés à son égard ne me poussent pas à lui laisser le bénéfice du doute. Fort heureusement, l'enfant concerné n'est pas là : et quand bien même il aurait été là, aurait-ce vraiment été sensé, que de demander des explications ?!
    En temps normal, probablement que cela m'amuserait, de le voir s'enfoncer dans sa bêtise, mais à l'heure actuelle, je suis plus agacé qu'autre chose de le voir insister alors que les petits sont clairement mal à l'aise. Mais en vérité... Peut-être que l'entendre proclamer sans la moindre honte que « l'on ne reste pas longtemps en prison quand on est innocent » me hérisse encore davantage les écailles.
    ... Parce que c'est normal d'y être, de base ?!

    J'ai fait beaucoup d'efforts, au cours des dernières années, pour maintenir mon image propre, lissée, sans rebuts et sans courbes disgracieuses dues à mon tempérament plus bouillant. Bien trop virulent à l'adolescence, j'ai compensé cet excès par un autre, consistant essentiellement à me contraindre au maximum pour ne plus provoquer d'ennuis et adopter un comportement « plus exemplaire ». Jusqu'au Réveil, l'illusion était impeccable : même Daichi était bluffé, à vrai dire, de mon changement d'attitude si radical. Pourtant, ces derniers mois, il m'est de plus en plus difficile de faire tenir tout ça. Surtout quand l'autre parle, puisque je dois résister comme je peux à l'envie grandissante de faire un commentaire ou de mettre fin à cette mascarade. Mais non. Non, j'ai une image à tenir. Un moine utile à sa communauté ne fait pas des crises dignes d'un enfant. C'est du moins ce dont je me suis persuadé, car je ne vois pas d'autre raison, et l'on ne m'a pas appris à penser autrement. C'est comme ça que je dois être, alors c'est comme ça que je serai. Mais face à son discours de « c'est nous les gentils promis l'armée et l'institution n'est pas du tout une institution immonde », c'est très compliqué.

    « Il voulait pas qu'on lui prenne sa maison. »

    Je me tends. Je sens la crispation des gamins. Plusieurs d'entre eux ont une histoire similaire, et quelques parents, au Réveil, ont disparu ou se sont rebellés ; ils ne veulent sûrement pas causer davantage d'ennuis, par conséquent. Je crois remarquer quelques regards abaissés, craintifs, même. Un frisson de déplaisir remonte dans mon dos. La tension est devenue telle qu'elle m'est insupportable. Mes griffes, inconsciemment, se sont mises à se crisper autour de ma plume, et c'est à ce moment-là que je me rends compte que je dois réagir.

    « … Oh, vous avez pensé à montrer vos dessins ? Je suis persuadé que notre invité sera ravi de les voir ! »

    Je reprends la parole d'une voix chantante, un sourire lumineux au lèvres. Reprenant la situation en main par un air joyeux plus rassurant et tranquillisant pour les élèves, je change rapidement de sujet en espérant que l'évocation de leurs travaux sur ardoises leur fera penser à autre chose. Je sais que les petits prennent en affection leurs productions, alors les montrer à quelqu'un, même à un inconnu, est toujours quelque chose qui leur plaît. Toutefois, la crispation de ma main autour du pot d'encre, ainsi que celle, légère mais tout de même pénible de ma mâchoire, me trahissent malgré moi. Je bous sur place, mais je relègue tout dans un coin de mon esprit. Les enfants n'ont pas besoin d'être liés à ça, même si j'ai bien du mal à rentrer mes griffes. Fort heureusement, ils ne se doutent de rien et s'attellent bientôt à faire ce que je leur ai proposé.
    Bientôt, je sens que la tension s'apaise. Les enfants échangent, partagent, se conseillent entre eux pendant qu'ils présentent leurs travaux à la craie. Moi-même, je me remets à mon travail en ignorant sciemment l'individu présent dans la classe, qui de toute façon fera très certainement la même chose.

    La pause n'est toutefois pas bien loin. Lorsque je fais signe aux petits qu'ils peuvent rejoindre la cour où nous sommes normalement supposer les accompagner tout à l'heure pour un peu d'exercice physique, ces derniers se ruent vers la porte. Visiblement, ils ne tenaient plus en place, et je peux les comprendre.
    Le silence retombe dans la pièce vide. J'hésite au départ à garder le silence : ce serait le plus pratique pour moi, et m'éviterait une discussion pénible. Pour autant... Je n'ai pas envie de revoir ça. Ma voix est plate alors que je reprends la parole.

    « Était-ce vraiment nécessaire, que de remuer le couteau dans la plaie ? »

    Je parle avec davantage de désabus qu'autre chose. Je n'ai pas envie que nous recommencions à nous battre par terre, déjà parce que j'ai tout de même autre chose à faire de mes journées, mais que les gamins se remettent à avoir cette tête triste me rend incapable de rester silencieux.

    ft. Samaël Enodril
    le 30 mars 1001

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    30 mars
    1001
    Classe verte (et rouge)
    avec Natsumeossien
    J'ai essayé de détendre l'atmosphère, mais je me rends bien compte que ce n'est pas très concluant. Au contraire, l'ambiance s'alourdit et je sens les enfants être de moins détendus, ce qui se répercute sur moi qui commence à avoir du mal à tenir la face. Je ne démords pas de ma position, toutefois, devant faire ce pourquoi je suis ici. À la réponse de la petite fille, néanmoins, je ne sais pas vraiment quoi dire. Embêté, mon cœur se met à battre un peu plus fort dans ma poitrine. En ai-je déjà vu, des Eossiens se faire jeter de chez eux à notre arrivée ?.. Probablement... Probablement. Je n'y faisais pas plus attention que ça, me contentant de suivre les ordres. Mais pour une fois, j'arrive à m'imaginer l'appel à l'aide des natifs qui se font envahir ; comme si je l'avais déjà entendu sans vraiment l'écouter sur le moment. Une supplication du concerné. Un cri autoritaire venant du soldat. Puis, quelqu'un est jeté en prison. Pendant une seconde, je m'arrête tout d'un coup pour laisser mes pensées partir, recréer une scène imaginaire dont j'aurais pu être témoin. Le silence retombe sans que je ne puisse le briser.

    Puis, heureusement, plus réactif que moi, le moine change aussitôt de sujet pour partir sur quelque chose de plus positif. J'approuve aussitôt ses dires en hochant la tête avec un léger sourire, voulant leur montrer mon enthousiasme face à leurs créations pendant que j'oublie cet instant de flottement qui ne m'a pas mis vraiment à l'aise. Les minutes passent durant lesquels ils me montrent leurs dessins et je les félicite, glissant par-ci par-là des commentaires et des propos encourageants dont j'ai le secret. Parler de mon travail de manière négative à des enfants est inhabituel pour moi. D'ordinaire, c'est toujours pour leur dire à quel point les chevaliers sont forts, braves, et respectés. À Altis, c'était facile. L'armée était adulée. Ici, j'oublie que ce n'est pas pareil, encore moins dans ces quartiers relativement différents. Nous sommes plus craints qu'autre chose, au final, j'ai l'impression, alors que je ne cherche que la confiance des habitants pour qu'ils soient rassurés, qu'ils aient l'impression d'avoir des gens pour les protéger. Je pensais que c'était une idée partagée par mes collègues. Me serais-je trompé ?..

    L'heure de la récréation sonne. L'enseignant leur donne l'autorisation de s'en aller de la classe, et ils ne se font pas prier. Avec joie, ils sortent de la salle pour jouer dehors, laissant les interrogations et le malaise se dissiper. Je n'ose toutefois pas bouger de ma place alors que je me retrouve désormais seul avec l'éoniste et que je repose un petit tableau noir sur l'un des bureaux où je l'ai trouvé. Un blanc un peu étrange se forme, mais l'homme à mes côtés n'a pas l'air d'apprécier plus que moi le mutisme religieux. Pour une fois, dans ses propos, il n'y a pas de méchanceté. C'est une question normale, qui cache probablement son inquiétude vis-à-vis de ses élèves. Je l'ai senti. Il tient à eux. Je détourne le regard, ne voulant pas affronter le sien.

    « Je... Je ne pouvais pas savoir. »

    Je n'ai pas de grandes excuses à lui lancer. J'imagine qu'il aura toujours quelque chose d'acide à me rétorquer ; ça a l'air d'être son sport préféré. Pour autant, je ne veux pas en démordre facilement. Les chevaliers ont toujours été les protecteurs des plus faibles, des veufs et des orphelins. Nous ne faisons peut-être plus la guerre, mais pour moi, notre devoir est toujours de venir en aide aux autres et de pourchasser les voleurs ou les criminels. Alors j'arbore une expression un peu plus dure et sérieuse.

    « S'ils sont proches d'un adulte louche, je dois en être prévenu. »

    On a l'impression que je tente de me justifier. C'est peut-être le cas. Je ne veux pas être associé à des personnes malveillantes qui cherchent à nuire aux autres. Je veux qu'on puisse compter sur moi, me rendre utile. Être un modèle pour ces enfants ; pas quelqu'un dont ils doivent avoir peur.

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    Classe verte (et rouge)


    Ça sent le seum par ici
    Je n'ai pas envie d'être là. Je n'ai pas envie d'avoir cette conversation, et je n'ai très certainement pas envie de parler de ça avec lui, mais je n'ai pas bien le choix. Si il remet le sujet sur la table, je vais encore voir mes élèves s'inquiéter et avoir de la peine, ce que je ne désire absolument pas. Je ne sais pas vraiment si ma remarque est une question sincère ou si il s'agit davantage d'un sarcasme énervé ; probablement un peu des deux.
    Sûrement que la lâcheté que je sens dans sa manière de détourner le regard ne m'aide pas. Je n'aime pas que l'on détourne le sujet, probablement car c'est une de mes plus mauvaises habitudes et que l'effet miroir a toujours eu le don de m'agacer. J'ignore si il a honte (auquel cas je pourrais admettre qu'il a une âme) ou si il tente juste d'éviter le sujet car il sent qu'il est sur une piste glissante, mais sur le moment, je... Je ne sais pas. Je fronce les sourcils, perplexe, les épaules haussées, comme sur la défensive, mis mal à l'aise par son instant d'hésitation qui pourrait presque faire croire qu'il est capable de se remettre en question. Presque. J'ai bien vu ce qu'il pensait de nous, toutefois. Je m'en rappelle bien, de son petit discours sur la civilisation, alors je mets de côté toute forme d'empathie instinctive que j'aurais pu avoir pour lui.

    Devant le regarde plus dur qu'il me lance et son espèce de petite affirmation, je ne peux qu'esquisser un rictus sec. Sur le moment, je le prends comme une menace ; pas forcément portée vers moi (comme si j'allais commencer à avoir peur de ses menaces, après l'avoir littéralement traîné dans la boue), mais plutôt portée vers mes semblables. Me focalisant sur ses anciens propos et sur ce que j'ai pu en comprendre, j'interprète cela comme un sous-entendu fort déplaisant, auquel je réponds par un ton tranchant.

    « Pourquoi ? Pour que leurs parents finissent en prison aussi ? »

    L'idée fait bouillir mon sang. Et je sais, pourtant, à quel point je devrais me tenir. C'est ce qu'on attend de moi, en tant que moine : que je laisse de côté ce qui me pousse à me comporter de manière égoïste pour me dévouer entièrement à la communauté et à son seul intérêt. Ma colère n'a pas à être, par conséquent. Je dois la reléguer dans un fond de ma tête, l'ignorer. Sans doute disparaîtra telle par elle-même, ou sera-t-elle assez inconséquente pour qu'elle ne devienne pas invasive, me dis-je avec une quasi naïveté. Après tout, à l'instant, ma question n'a rien d'innocente. En tirant un dernier trait de ma plume sur mon parchemin, je finis par reposer l'ustensile dans son pot. C'est pendant que je me relève que je reprends la parole, sans pour autant le regarder.

    « À l'heure actuelle, c'est vous, l'adulte louche. »

    Ma voix est plate. Je ne cherche même pas à l'insulter : c'est une simple affirmation, tout ce qu'il y a de plus banale. Pour ces enfants, c'est lui, qui suscite l'inquiétude et symbolise une potentielle menace. Je ne vois pas ce qu'il y a de si difficile à comprendre, et j'ignore si il est véritablement inconscient de l'effet qu'il produit. Pour l'instant, cela m'importe peu. Je n'ai aucune preuve qu'il tente véritablement de changer quoi que ce soit ou de revoir son comportement ; et je garde bien en tête ce que je l'ai déjà entendu dire, ce qui ne me rend que plus méfiant. L'incertitude que je ressens chez lui me met presque mal à l'aise. Je n'aime pas avoir des doutes. Il est bien plus facile pour moi de faire mes idées si ce que je pense est confirmé, alors supposer, même quelques secondes, qu'il puisse avoir un arrière-morceau de bon fonds me déplaît. Je me rattrape d'autant plus, me cachant derrière ma mine distante et mon expression entièrement fermée.

    « Ils ont peur de vous. Essayez de vous réveiller devant des centaines de types armés jusqu'aux dents vous menaçant, et vous découvrirez peut-être la sensation. »

    Je grince des dents en y repensant. Durant une seconde, des images repassent par ma tête. La main de mon poignet brûlé se crispe un peu. Le souvenir fait remonter une nausée désagréable dans ma gorge, mais je la retiens. Hors de question de montrer quoi qui pourrait être exploité. Je ne vois même pas pourquoi je lui dis ça. À quoi est-ce que cela sert, de toute façon ? Ils s'en fichent, des conséquences de leurs actes. Ils se parent de grands discours, mais dans le fond, il n'y a qu'eux et leur petite gloire, qui compte. En tous cas, c'est ce dont je suis persuadé, et dont je veux me persuader aussi, quelque part.

    ft. Samaël Enodril
    le 30 mars 1001

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    30 mars
    1001
    Classe verte (et rouge)
    avec Natsumeossien
    Je me demande si c'est vraiment utile que j'aborde ce sujet avec lui. Il est évident que nous avons des positions différentes, des vécus différents. Il me méprise et je ne cherche pas à ce que ça s'arrange particulièrement. Mais c'est lui qui enfonce le couteau et me pose une question rhétorique qui sonne comme une provocation. Pfrt... Qu'est-ce qu'il croit ? Que ça me ferait plaisir de prendre leurs parents pour les emmener en prison ? Que j'en tirerais une satisfaction énorme juste parce qu'ils sont Eossiens et qu'il pense sûrement qu'on se permet tout ? Si leur père ou leur mère sont dangereux pour la santé de leur enfant, nous les traiterons comme les autres et ils iront en prison. Je ne vois pas très bien ce qui le gêne, que je fasse mon travail. C'est peut-être parce que je n'ai jamais grandi avec des parents moi-même, mais famille ou pas, s'ils font quelque chose de mal, je devrais intervenir. S'ils pensent que ma position est simple et que je me contente simplement de me la péter dans une armure...

    « Je n'ai menacé personne ! »

    Mon poing se serre. Évidemment, que je suis louche. Je suis l'Altissien, après tout ; le militaire, le soldat qui adooore foutre des gens en taule. Que voulait-il que je réponde, en même temps, quand un des leurs me dit qu'un des miens les a agressé ? J'aimerais bien l'y voir. J'ai l'impression que ça les arrange, d'être dans une position de faiblesse pour pouvoir se plaindre aisément auprès de nous. Pft... Pourquoi je pense à ça, moi... J'ai décidément pas de très bonnes expériences personnelles avec les Eossiens. Mais je ne dois pas faire de généralités. Ces enfants... Ils ne sont pas si différents de ceux que j'ai côtoyé à l'orphelinat. Ils ont le même regard, parlent la même langue, partagent les mêmes traits typiques de l'enfance.

    « Je ne veux pas leur faire peur. »

    Je pousse un léger soupir. Il ne me croira probablement pas. Après tout, j'ai amené mon épée avec moi. Je voulais juste leur montrer... Cela impressionnait les gamins Altissiens, de voir les armes qu'on avait. Cela leur donnait envie. Quand j'avais leur âge, même une épée en bois me donnait l'impression d'être invincible. Je n'avais pas de magie, mais je possédais tout de même quelque chose pour me défendre. J'avais un rêve, une ambition.

    « Être chevalier m'a appris des choses essentielles. Je voulais que ça ait le même impact sur eux. »

    Mais ces enfants-là ont envie d'autres choses. Ils ressemblent aux gosses que j'ai côtoyé mais n'ont clairement pas vécu les mêmes choses. Ce ne sont pas eux.

    « C'est pour ça que vous nous détestez, vous aussi ? »

    Je tourne la tête pour poser mon regard sur lui, alors que je le laissais traîner dans le vide jusqu'à présent, ne voulant pas croiser ses yeux marrons antipathiques. Il déteste les Altissiens. Il déteste les soldats. Il me déteste moi. Je ne cherche pas à savoir pourquoi. Je m'en fiche. Je ne l'apprécie pas particulièrement moi-même. Mais il n'a pas l'air de nous connaître assez bien pour réellement nous juger ; c'est ce que je pense.

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    Son exclamation me tire un froncement de sourcils de déplaisir. Mais ne comprend-t-il donc rien... ? Pense-t-il vraiment qu'il suffise qu'il ne commette pas d'exactions pour que nous oublions tout ce qui a été commis par ceux qui portent les mêmes armes que lui ? Pense-t-il vraiment que sa simple présence ne fait pas remonter chez ces enfants des craintes plus que légitimes ? Ou faudrait-il que l'on fasse (encore) preuve de la plus naïve écoute, sans quoi tout ce que nous pourrions protester demeurerait inaudible à leurs oreilles ? Il m'exaspère. J'ai l'impression qu'il ne veut pas comprendre, même si je peux sentir dans sa voix et dans son comportement un déplaisir certain à l'idée d'être associé à des actions discutables. Bien sûr, que cela pique, mais à quoi s'attendait-il ? Que je sache, il sert bien l'institution et profite par conséquent de leurs gains : n'a-t-il pas assez de courage pour l'admettre, au moins ? J'ai plus de respect pour ceux qui assument unilatéralement, mais je dis probablement ça car sa protestation touche une corde sensible dans ma tête.

    Je crois remarquer un peu de sincérité dans sa voix. Perplexe, car je ne m'attendais pas à ça, je peux au moins reconnaître qu'il n'avait pas l'air de mauvaise intention par rapport aux petits, mais... Toujours est-il que ça ne change rien. Qu'il le veuille ou non, si il porte les couleurs d'une armée qu'il supporte, il faudra bien qu'il en assume les conséquences.
    Pour autant... Même si ça ne me plaît pas, je sens que la fibre empathique en moi, bien que je la relègue dans un coin de mon cerveau pour que l'on n'en abuse pas, ne peut pas s'empêcher de me faire remarquer ce que je crois être de la confusion, et peut-être de la peine. Alors je ne dis rien. Je ne comprends pas, pour être honnête, et cela titille davantage ma curiosité que ce que j'aurais pu imaginer. Pas d'une façon que j'apprécie, évidemment : le sujet est pénible, délicat, et potentiellement invasif pour ma perception du monde, alors ça me déplaît. Il faut dire qu'elle a tant été secouée au cours de la dernière année que je perçois sa question et ses remarques comme des micro-agressions, même si je sais, au fond, qu'il n'est pas entièrement dans le tort, pour une fois. Cela me fait du mal de l'avouer, toutefois. Je n'aime pas m'imaginer que ce type puisse avoir, raison, mais... Force est d'admettre qu'il est peut-être capable d'un semblant de réalisation face à lui-même. Ou peut-être que j'imagine des choses, qui sait.

    Sa dernière interrogation me fait cligner des yeux. Sur le moment, je ne sais pas quoi dire. Il me prend au dépourvu, et je le fixe avec une véritable curiosité dans le regard, temporairement dépourvu d'animosité.
    … Est-ce que je les déteste ? Est-ce que c'est ça, que je ressens... ?
    Je ne l'aime pas, ce n'est pas faux. Et je mentirais si je disais que je n'avais pas des préjugés lorsque je l'ai vu la première fois, sans même qu'il n'ait encore ouvert la bouche ; probablement que ce que j'ai entendu ensuite m'a surtout permis de raffermir ce que je pensais. Pour autant... Est-ce que je peux dire que la sensation que je ressens est vraiment celle-ci ? … Sur le moment, je n'en sais rien. Au delà d'un quelconque jugement moral ou du fait que je ne devrais normalement pas arborer ce genre de sentiments, je n'en suis pas exactement sûr. Je n'aime pas ça. Alors je réfléchis, pensif. Je sais, par exemple, que je déteste ma famille paternelle. La sensation qui me prend aux tripes quand je me retrouve face à eux est pourtant tout à fait différente. Je ne pourrais même pas faire de comparaison. Toutefois...

    « Non. Je ne vous déteste pas. Et je n'ai pas peur. »

    Je parle platement. Ce n'est pas non plus une déclaration d'amitié quelconque. Je n'irais pas mentir, puisque je n'en vois de toute façon pas l'intérêt. Après tout, nous nous sommes déjà battus : qu'est-ce qui pourrait se passer de pire ? Je n'ai jamais su tenir ma langue dans ma bouche et je n'ai pas l'envie de le faire. Bien sûr, que je le méprise, mais.... En fait, je le méprise surtout quand il ouvre la bouche pour dire des anneries insultantes et discriminantes avant de s'insurger que l'on ne lui dise pas « merci » en plus de ça. Le reste du temps, je m'en fiche bien. Peut-être suis-je méfiant, mais je n'ai pas de haine innée à leur égard. J'essaie de faire le point, mais je n'ai qu'une pensée en tête.

    « Je suis juste... Fatigué, je crois. De voir les autres souffrir. »

    Je relève le regard quelques secondes, pensif. Quand j'y pense, pourtant, la réponse est assez claire.

    « Alors peut-être que je déteste l'institution, dans les faits. »

    Mon ton est morne. Je ne compte pas me plaindre ; qui diable s'en ficherait, de toute façon? Et je sais bien qu'il n'en a rien à faire, de que nous pouvons vivre. Du moins, je le crois. Je n'ai pas de raisons de croire autrement.
    J'ai bien compris comment les choses fonctionnaient, alors je ne me fais pas d'illusions sur les conséquences de mes actions. Simplement... J'entends des choses. Toutes les semaines. En tant que moine, j'écoute ce qu'on me rapporte, ce qu'on me confie, que ce soit pour une recherche de conseils ou par un simple désir de parler. Je vois, surtout, ce qu'il peut y avoir de pire. Devant nous, les gens hésitent moins à parler : nous n'avons pas le droit de répéter ce que nous entendons, après tout, et il y a cette espèce de symbolisme qui fait qu'ils se sentent moins en confiance. De plus en plus, je trouve la sensation pénible, voir insupportable. Elle me fatigue. Elle use, petit à petit, de ma patience. De ma lâcheté, aussi, je le sens. Les grands discours sur le fait de tendre l'autre joue et de rester pacifiste en toutes circonstances sont bien beaux, mais j'ai des fois l'impression de simplement répéter aux autres qu'ils doivent garder la tête baissée. Est-ce vraiment du pacifisme, lorsque l'on a pas le pouvoir... ?

    « … J'aimerais avoir une raison de croire autrement. »

    J'angule ma tête de telle sorte à le regarder dans les yeux, le regard fixe, fatigué mais amer en même temps. Mon rictus se fait sec, désabusé. On m'a souvent dit que j'étais naïf, alors peut-être que cela en fait partie. J'aimerais, des fois, avoir la preuve que je suis le problème. Que tout repose sur mon mauvais jugement, sur mes erreurs.. La solution serait facile, et j'aurais même l'occasion de me mépriser davantage. Mais... Non.
    Je ne suis même pas en colère. J'aimerais l'être, à l'heure actuelle. J'aimerais lui beugler que je me fiche bien de ses petits sentiments et qu'il n'a qu'à assumer ce que fait l'institution qu'il a l'air d'adorer, que je ne lui dois rien, et que je n'ai pas la moindre raison de mettre du miel sur mes propos pour soigner son ego, mais... Sur le moment, une seule pensée me traverse alors que je le considère, lui et sa mine crispée, cachant à peine sa déception et sa... Sa peine, je crois. Je ne saurais pas dire exactement, mais je peux le sentir. Pas simplement parce que j'ai toujours été extrêmement empathique, mais plutôt parce que je crois connaître la sensation. Ma tête se tourne un peu.

    « … Le sentiment est pénible, n'est-ce pas ? D'être jugé avant même d'avoir fait quoi que ce soit. D'être vu comme une menace. »

    Je n'en dis pas plus. Je n'ai pas besoin de le faire et de toute façon, je doute fort qu'il veuille chercher à comprendre. Après tout, qu'est-ce qu'un non-civilisé pourrait lui faire saisir ? Je ne me fais aucune illusion. Je ne m'en fais plus depuis un moment déjà, et je crois bien que c'est ça, qui me rend si amer. Petit à petit, mes propres mensonges et mes propres tentatives de tenir des jolis discours se fissurent ; et plus que ça, c'est peut-être l'image du moindre inflexible et mesuré que je voulais conserver que je vois s'étioler progressivement, au fur et à mesure que la frustration grandit dans mes tripes. Mais peu importe : ce n'est pas moi, le sujet.

    « Normalement, la suite est un entraînement physique. Vous pourrez toujours leur apprendre d'autres choses. »

    Je hausse les épaules en reposant mon regard sur la porte, la voix détachée et neutre de toute émotion. Je ne vais pas lui jeter des fleurs, mais si il compte essayer de ne pas leur faire peur, cela m'arrange, alors autant trouver un terrain d'entente.

    ft. Samaël Enodril
    le 30 mars 1001

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    30 mars
    1001
    Classe verte (et rouge)
    avec Natsumeossien
    Je suis peut-être un peu surpris par ce que j'entends. Il ne nous déteste pas, hein ?.. J'ai ressenti du mépris à chaque occasion, pourtant, mais bon. Cela ne change pas grand chose. Mais on dirait qu'il a vraiment réfléchi à la question pour le coup. Il semble un peu plus calme, peut-être. Je ressens moins l'animosité de tout à l'heure. Dans la situation où nous sommes, c'est probablement mieux que nous ne ravivions pas les tensions, après tout. Cela m'arrange, d'ailleurs, j'aimerais éviter de devoir rugir de nouveau. Ce ne serait pas la chose la plus intelligente ou productive à faire et nous devons servir de modèle pour les enfants aujourd'hui. Néanmoins, sa pensée se précise quelque peu. Mes traits perdent de leur crispation pour se détendre, essayant de comprendre mon interlocuteur. Moins sur la défensive, j'écoute ce qu'il a à me dire sans chercher à l'interrompre ou à l'éviter. Il se met à parler de façon plus personnelle, exprimant une lassitude que j'arrive finalement à voir moi-même quand il l'évoque. Cela expliquerait certains comportements, quand j'y songe... Mais bon. Je ne sais pas pourquoi il me dit ça, en fait. Il y a des détails qu'il n'était pas obligé de me dire, puisque j'ai l'impression que je ne suis pas forcément le public auquel son message était destiné de base. Le fait qu'il exprime tout haut ce qu'il pense tout bas face à un inconnu... N'est-ce pas étrange ?

    Malgré moi, je ne sais pas si j'arrive à rester indifférent en faisant le lien avec le malaise et la tristesse des enfants que j'ai pu constater il y a quelques minutes à peine. Pense-t-il à eux ?.. Sûrement, après tout, puisqu'ils sont à sa charge durant ces cours. J'aurais eu peine à le croire si je ne l'avais pas vu de mes propres yeux, mais... Il a réussi à les rassurer. J'arrive à le sentir, qu'il est réellement préoccupé par leur sort. Alors, quelque part, je lui en veux peut-être un peu moins. J'ai tendance à faire davantage confiance à ceux qui s'occupent bien des gamins. Sans doute parce que j'ai toujours veillé à ce que ceux de mon orphelinat se portent bien et ne soient pas malheureux ou simplement parce que j'aime les enfants, mais... Son inquiétude est réelle, et sa fatigue... Elle l'est tout autant. Cela ne baissera pas ma garde pour autant, mais je crois voir des pas commencer à se faire. Il a bien dit que c'était envers l'armée elle-même, qui ne lui inspirait pas confiance. Ce qui veut probablement dire qu'il n'en a rien à faire de ma pomme, et c'est normal. Mais je m'attendais à un peu plus de véhémence dirigée vers moi. Je ne crois, pourtant, pas en discerner tant que ça. Et cela m'étonne. Au contraire. Est-ce qu'il... voudrait vraiment pouvoir changer d'avis ? J'émets quelques doutes quant à la véracité de ce propos, mais... Il n'a, en soit, aucune raison de me dire n'importe quoi, sauf pour me brosser l'ego s'il le voulait. Mais il n'est pas comme ça. Je l'ai appris à mes dépends ; sinon, il ne m'aurait pas provoqué, lorsque nous nous sommes rencontrés au marché.

    Je ne répondrais pas non plus à sa petite pique, me contentant de le regarder d'un air mauvais. Cela me tue de savoir qu'il fait allusion à ce que j'ai dit la première fois. Et à la façon dont je l'ai regardé aussi. Il a... Il n'a pas tort. Au fond de moi, quelque part, il a touché juste. La méfiance que j'ai pu sentir aujourd'hui résonne dans celle que j'ai pu éprouver à son égard alors que je le juge différent aujourd'hui. La preuve qu'une évolution peut être possible, après tout, j'imagine, même si ça m'écorcherait la gorge de devoir admettre qu'il a peut-être raison. Cela lui ferait trop plaisir, aussi. Pfrt... Cela fait sans doute immature de rester sur une bête histoire de roulades dans la boue. Mais je ne suis pas encore prêt à totalement me laisser faire. Quand bien même... Je ne sais pas ce que lui tente de faire, à me tendre... des initiatives ? Me faire des propositions insoupçonnées, pour que je puisse réaliser le souhait que je lui ai formulé d'enseigner quelque chose à ces petits Eossiens pour montrer que nous ne sommes pas censés représenter une menace ?

    « J'ai vraiment du mal à vous cerner. »

    Est-ce qu'il essaye de m'aider ? Est-ce que, à contrecœur, il veut que nous coopérions parce que nous ne sommes pas seuls aujourd'hui et que nous ne pouvons pas nous battre comme nous l'avons fait quelques jours plus tôt ?

    « Pourquoi est-ce que vous me dites ça ? »

    Je le scrute en fronçant les sourcils d'un air presque soupçonneux et interrogateur.

    « Vous ne craignez pas que je leur apprenne de mauvaises choses ? Que je leur apprenne à mépriser ce qu'ils ne connaissent pas, comme j'ai pu le faire ? »

    Je n'arrive pas à me dire qu'il peut être simplement lassé de la tension ambiante, mais elle ne m'enchante pas non plus et il donne réellement l'impression d'être plus fatigué qu'autre chose. Pour autant, je veux savoir ce qu'il pense vraiment de moi.

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    Classe verte (et rouge)


    Ça sent le seum par ici
    Je ne suis pas en train de lui faire une quelconque faveur. J'essaie simplement de faciliter la vie de mes élèves : et si cela passe par donner un bâton à mon interlocuteur pour qu'il ne leur ramène pas des souvenirs traumatiques en faisant le malin, pourquoi pas. Au delà de la méfiance que j'ai à son égard et du fait que je ne vais très certainement pas lui jeter des fleurs car il n'est pas en train de se comporter comme un rebut (non mais, et puis quoi encore ?), je pense surtout aux gamins. Je ne veux pas qu'ils s'inquiètent outre mesure. Alors je m'en fiche un peu, au final, de ce qu'il en pense ; pour autant, je fronce les sourcils lorsqu'il m'interpelle pour me dire qu'il a « du mal à me cerner ».
    Bienvenue dans mon quotidien, mais je n'en fais pas un fromage.
    … Comment ça, je suis peut-être un peu pénible ? Enfin, je ne vois même pas pourquoi il essaie de me cerner, à vrai dire. Quel intérêt ? Après cette journée, de toute façon, nous ne nous reverrons (normalement) plus.

    La mine neutre et plate, je ne dis rien alors qu'il me pose question après question. Pour être honnête, ça ne me plaît pas vraiment : je n'aime pas les avalanches d'interrogations. Généralement, ça ne fait naître chez moi qu'un stress pénible et une irritation insupportable, mais là, c'est davantage une confusion vaguement agacée. Mais pourquoi est-ce que ça le travaille tant... ? Pourquoi poser des questions, si il ne veut pas de réponse ? Je ne comprends pas. En fronçant les sourcils, je réponds en haussant les épaules, l'air détaché.

    « Vous posez une question, je réponds honnêtement. Ça n'a rien de personnel.»

    C'est à dire que ça n'a rien d'amical non plus. Je ne considère en plus pas que j'ai dit quoi que ce soit qui soit privé ou même potentiellement embarrassant pour moi : de toute façon, j'ai déjà eu l'occasion de montrer que je ne portais de respect ni à l'institution qu'il sert, ni à lui-même. Je ne comprends même pas pourquoi cela semble tant le travailler ; n'a-t-il pas l'habitude d'obtenir des réponses directes ? Je n'en sais trop rien. Et dans le fond, ça m'importe peu. Simplement, et c'est probablement l'hôpital qui se moque de la charité, mais il me paraît soit extrêmement naïf, soit tellement déconnecté des réalités, soit en train de surjouer quelque chose pour compenser un manque de confiance de lui. Vu le regard soupçonneux et interrogateur qu'il me lance (essaie-t-il vraiment d'être intimidant ou de sur-jouer la crédibilité ?), j'ai touché une corde sensible.
    Je suis mauvais, très mauvais pour lire les autres, mais il n'est pas difficile de remarquer que cette conversation, voir toute cette situation, le dérange. Que ce soit parce que bouscule sa petite réalité confortable ou simplement parce qu'il n'aime pas qu'on lui tienne tête (voir les deux), d'ailleurs. Alors en repensant à sa dernière question, je le fixe avec une expression désabusée, un rictus mi-sec, mi-désabusé au coin des lèvres.

    « … Et qu'est-ce que je pourrais y faire ? Ce n'est pas moi, qui ait le pouvoir. »

    Mon ton est aussi plat que je suis résigné. Ce n'est pas la première fois que je me retrouve dans cette situation. A-t-il vraiment oublié, ou prétend-t-il ne pas y avoir pensé ? S'est-il dit que nous étions à armes égales ? Que je l'accueillais de plein gré et par simple générosité ? Il devrait le savoir, que je ne pourrais rien dire, si il décidait de leur remplir la tête avec de la propagande dangereuse, voir même insultante. Je peux bien dire ce que je veux à titre personnel, mais cela n'empêche pas si je donnais mon avis objectif aux enfants, cela pourrait me coûter ma place. Mais cela ne m'étonne pas : les privilégiés sont la plupart du temps complètement incapables de comprendre qu'ils sont en permanence avantagés. C'est ce qui rend la chose encore plus irritante, pour moi, que de devoir à chaque fois énoncer l'évidence, comme si ce n'était pas en plus de ça quelque chose de pénible. C'est fatiguant, tout simplement. Fatiguant, et exaspérant, mais je suis exaspéré. Pour autant, si il décide vraiment de leur apprendre quelque chose d'utile et de ne pas se comporter comme un déchet, eh bien... Tant mieux ? S'attendait-il à des applaudissements ? Je n'ai pas vraiment de moyen de contrôler ça, au delà de mon sarcasme et de ma désapprobation à moitié cachée.
    En terminant de ranger mes affaires, je m'éloigne tranquillement de mon bureau pour m'avancer vers la porte, saisissant ma sacoche et mon baton au passage, au cas où – pas forcément pour me défendre, mais vous seriez surpris d'à quel point les petits peuvent avoir besoin d'un sort express de lévitation pour éviter les mauvaises chutes ou d'un peu de magie blanche en cas de blessure superficielle. Je termine toutefois de répondre à sa question, la voix toujours aussi plate.

    « Pour autant, je veux que mes élèves passent une bonne journée. Si cela leur évite de la peine, je préfère encore dire clairement ce qui pourrait leur plaire. Ça ne veut pas dire que cela m'enchante. »

    Après tout, puisque je dois admettre cette « visite » (enfin, j'appellerais plutôt ça un contrôle ou une invasion, mais soit), je préférerais que cela ne mette pas mes élèves dans une situation pénible. Ce n'est pas pour rien, que j'avais exigé qu'il laisse son épée de côté.

    ft. Samaël Enodril
    le 30 mars 1001

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    30 mars
    1001
    Classe verte (et rouge)
    avec Natsumeossien
    Je ne sais pas à quoi je m'attendais, en disant ça, à vrai dire. Je n'ai pas dit que je regrettais de m'être méfié de ce que je ne connaissais pas, puisque dans certains cas la méfiance peut nous sauver la mise, mais le Shimomura n'a pas l'air dangereux en soit. Juste... très agaçant. Ils sont peu nombreux, ceux qui ont osé me tenir tête comme ça, mais il a l'air de s'accrocher, pour sa part. Je ne pense pas que ça soit si impersonnel que ça, aussi. Je ne le laisse pas si indifférent qu'il le laisse croire. Il me déteste tout autant, c'est évident. Il n'y a pas que l'institution, dans son jugement, et cela ne sert pas à grand chose de me le cacher. Il s'est retrouvé dans cette situation avec moi à contrecœur et n'a pas le choix de faire avec. Quelque part, puisque tout ça le dérange assez, j'en tirerais presque une satisfaction prétentieuse, de savoir qu'il se force à me supporter afin de faire bonne figure devant les enfants pour lesquels il s'inquiète pas mal. Mais aucun sourire narquois ne dépasse de mes lèvres, quand bien même c'est assez tentant. Je me contente pour le moment de le suivre en silence pour rejoindre les enfants dans la cours. La pause est finie ; ils attendent qu'on leur donne des directives pour la suite. Je les scrute tour à tour en réfléchissant à ce qu'on pourrait leur faire faire. Un exercice physique, hein ?.. J'imagine que c'est moi, aujourd'hui, le modèle pour ce genre de pratique. Mais j'ai pris l'habitude des entraînements difficiles au cœur de la montagne durant des hivers rudes. Pas... Juste du sport pour enfants. Enfin... Quand je rendais visite à mon orphelinat à Altis, je les distrayais en faisant des jeux avec eux, pas... Oh.
    Des jeux... Pourquoi pas, après tout. Je ne suis pas professeur spécialisé dans l'éducation physique, après tout, alors je peux plus ou moins improviser. Et puis, ils auront plus de plaisir à se dépenser ainsi. Cela leur faire probablement penser à autre chose que ce qu'il s'est passé en classe. Je vais en profiter aussi pour vider mon esprit également, d'ailleurs. Le temps passera plus vite. Plus j'en aurai fini, plus je pourrai me débarrasser de cet idiot de moine qui se croit plus intelligent que tout le monde. D'ailleurs, je pense avoir le jeu parfait pour pouvoir me défouler.

    « Hé, on va faire un jeu. Vous connaissez la balle au prisonnier ? »

    Je m'empare d'une balle faite de mousse assez molle sur mon chemin, la faisant tourner sur mon doigt. En esquissant un sourire jovial, je jongle un peu avant en leur faisant des signes avec le doigt pour pointer des bordures invisibles au sol afin de délimiter les camps.

    « On fait deux équipes, et on doit toucher les joueurs du camp adverse avec la balle pour les éliminer. L'équipe qui n'a plus de joueurs debout a gagné. Ça vous tente ? »

    On faisait quelques jeux parfois avec notre promotion d'écuyer. Des jeux un peu de ce style, mais... En un peu moins gentillet. Faut dire que le plus fort d'entre nous était celui qui arrivait à esquiver toutes les balles et les lancers étaient plutôt forts.

    « Bien sûr... Tout le monde doit jouer. »

    Je glisse une œillade amusée à l'éoniste avant de lui lancer le ballon pour qu'il le rattrape, glissant par là un message à peine dissimulé. Je suis sûr qu'il va se défiler et sortir une excuse bidon, mais j'ai très, très envie de lui envoyer ce ballon dans sa tronche hautaine.

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    Classe verte (et rouge)


    Ça sent le seum par ici
    J'en ai marre.
    Je ne vois pas comment le dire de manière plus objective que ça. Cette journée s'annonçait déjà mal, mais elle ne fait qu'empirer au fur et à mesure que les secondes passent ; je préférerais encore remettre mon nez dans les papiers administratifs, tiens. Je ne sais pas pourquoi je fais durer cette mascarade alors qu'aucun de nous deux ne veut être là ou même prétendre de supporter la présence de l'autre. Je déteste ça, le faire-semblant ; quand bien même c'est ce que je fais toute la journée pour assurer mes fonctions. Et non, ne soulevez pas l'évidence, elle me mettrait très mal à l'aise et m'obligerait à me poser des questions sur mon mode de vie actuel qui n'est probablement pas le plus fonctionnel. Très clairement, l'on ne voudrait pas de ça, hm ?

    Arrivé dehors, mon regard se détourne vite vers les buissons aux coins de la cour, commençant tout juste à germer. J'y porte de moins en moins attention, au fur et à mesure que les semaines passent. Mes pensées sont parasitées par des tracas que je ne peux régler en un claquement de doigts et qui, inconsciemment, semblent s'ajouter les uns aux autres. Auparavant, pourtant, je prenais souvent le temps des récréations pour m'en charger et veiller à leur santé, mais depuis... Depuis, je laisse faire la nature. Et les personnes embauchées pour s'en charger, aussi ; je les plains toujours, les pauvres, vu la quantité de travail ingrat qu'il faudra de toute façon répéter la semaine d'après.  
    Plongé dans mes pensées, je ne reviens sur terre que lorsque j'entends les élèves se mettre à papoter entre eux, curieux quant à ce qui leur est proposé. Fronçant les sourcils, si j'écoute vaguement et trouve que c'est tout de même un peu violent sur les bords, je n'objecte pas immédiatement ; au pire des cas, je pourrais toujours dire stop, ou les soigner, bien que... J'aimerais éviter de m'épuiser par le biais de la magie blanche avant la fin de la journée, il serait embêtant que l'on ait à me remplacer. Ne m'interrogeant pas plus que ça au départ sur la suite, je sursaute légèrement lorsqu'il m'envoie la balle en me fixant d'un air... Amusé... ? Fronçant les sourcils, je ne comprends pas tout de suite ce qu'il veut dire, avant que les voix enjouées des petits résonnent à mes oreilles.

    « Oh ! Oh oui, allez ! »

    Je peux voir de l'enthousiasme dans leurs yeux et leurs sourires tournés d'un seul coup vers moi. Sous le coup de la pression, mes épaules se tendent. La soudaineté de la chose me met mal à l'aise. Bien sûr, que l'idée leur fait plaisir : ils ne m'ont jamais vu participer à un de leurs jeux, auparavant, alors l'idée les met en joie. Je ne suis pourtant pas du même avis, et le fait que ce soit l'autre qui l'ait plus ou moins implicitement exigé me fait froncer les sourcils en sa direction, comprenant bien qu'il me fait du chantage par ce moyen. Le procédé me hérisse le poil. Il faut dire qu'il me rappelle de sales souvenirs. Je ne me leurre pas sur ses intentions, mais si il veut avoir une occasion de me jeter quelque chose à la figure, qu'il cesse de se comporter en pleutre et ait au moins la décence de venir le chercher honnêtement, son combat. Plus jeune, j'aurais sans doute mordu, mais... Non. J'ai appris qu'il valait mieux ignorer, la plupart du temps ; et de toute façon, même si je le voulais, ce ne serait pas sage. Reprenant une mine plus douce pour m'adresser aux gamins, car il n'y a qu'à eux que je porte le moindre intérêt d'explication, je reprends la parole pour amorcer une approche mesurée.

    « Vous savez bien que je ne peux pas. »

    Leurs moues déçues me font de la peine, mais c'est comme ça. Vu le manque de protestations, ils savent très bien de quoi je parle : ce n'est pas la première fois que je leur explique que mes poumons ne le permettent pas. Pas que je sois incapable de faire de l'activité physique (tout de même), mais je suis souvent plus inquiet qu'autre chose qu'ils n'assistent à une crise imprévue. Rien de grave, évidemment, mais les enfants paniquent vite, surtout quand un adulte référent est dans un mauvais état. Sans doute ont-ils cru, à cause de l'autre... Personne... Qu'aujourd'hui serait un peu différent, mais non. Et en plus de ça, vous avez déjà essayé de faire de l'exercice physique avec des robes, vous ?!

    « Mais le dada, il peut, lui ! »

    L'interjection de Malia me fait cligner des yeux sur le moment, interdit. Je mets quelques secondes à comprendre ce dont elle parle, mais les autres ont vite eu fait de saisir : je crois même qu'ils sont encore plus intenables, tout à coup. J'hésite. Je n'ai pas envie de faire plaisir à notre « visiteur », mais... Mais ils semblent tellement heureux à cette idée, que... Hmpf. De toute façon, je ne reverrais plus jamais l'autre idiot, alors je devrais surtout me préoccuper de ce que veulent les petits. Dans un soupir, je finis donc par céder.

    « Très bien, mais personne ne monte sur mon dos, cette fois, c'est bien clair ? »

    L'évocation de l'incident en question a au moins le mérite de faire détourner le regard aux quelques gamins responsables, mais je me contente de rouler un peu des yeux. C'est que si je dis oui à l'un, ils veulent tous s'y mettre, et... Et j'ai beau avoir la taille d'un cheval, sous cette forme, il n'en reste pas moins que je suis plus léger et que je n'ai pas envie d'avoir un lumbago.
    Dans un soupir, je finis par laisser mes yeux se fermer pour me tranquilliser et venir chercher cette sensation familière et chaleureuse dans ma poitrine, remerciant brièvement le fait que la cour soit assez grande pour que ma transformation ne soit pas gênante.

    Lorsque je rouvre les yeux, mes pupilles reptiliennes se fixent sur les petits que je vois déjà être amusés – et l'un d'entre eux ne se gêne pas pour me tirer doucement une aile, d'ailleurs. La balle est bien posée sur mes griffes, et il ne me faut qu'une seconde pour m'habituer au changement. Je ne leur laisse pas longtemps pour s'y faire, toutefois ; déjà, l'objet roule hors de mes griffes pour partir vers la latérale. Du moins, jusqu'à ce que je donne un grand coup de queue dedans pour démarrer le jeu.
    Mais tout de même, pourquoi j'ai dit oui....

    ft. Samaël Enodril
    le 30 mars 1001

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    30 mars
    1001
    Classe verte (et rouge)
    avec Natsumeossien
    Je m'attendais à ce qu'il se défile aussitôt. Plus que ravi de voir les enfants exprimer leur désir qu'il nous rejoigne dans la partie, je sais qu'il sera impossible pour lui de dire non à partir de ce moment-là. Alors je ricane en constatant leurs yeux brillants, comme s'ils attendaient ça depuis longtemps. Il est vrai que je ne l'imagine pas s'essayer à des exercices physiques, l'autre, ayant constaté la différence de force qui nous séparait la dernière fois. Impossible qu'il ne finisse pas par plier aux supplications de ses élèves. Mais apparemment, un petit souci l'empêche de s'exercer avec nous. Haussant un sourcil, je suis presque déçu. Moi qui pensais pouvoir lui balancer un ballon ou deux pour me défouler... Sans arrière-pensée vengeresse pour m'avoir traîner littéralement dans la boue, bien sûr. Juste de quoi s'amuser un peu. Il semblerait que je vais devoir faire une croix dessus. Comme si son excuse était évidente pour les mômes, d'ailleurs, qui ont l'air de saisir à quoi il fait allusion. Tiens, tiens... Je suis bien curieux de son argument, moi aussi. Ce n'est qu'une petite balle en mousse. Même avec une santé fragile, cela ne lui fera pas grand chose, niark niark. Mais l'affaire paraît pliée. Dommage.

    « Le dada ?.. »

    L'enfant qui s'est exprimée clairement tout à l'heure laisse passer une supposition. Quoi, ils vont ramener un cheval ? Ou un poney ?.. Ce serait drôle, j'dis pas, mais je ne vois pas bien le rapport avec le jeu que j'ai proposé, alors je scrute l'assemblée de gamins et leur professeur avec un air perplexe. Il faut attendre que le Shimomura se transforme sous mes yeux ébahis que je commence à saisir. Dada... dragon ?!.. C'est un magimorphe, lui ?! Je croyais que c'était juste un gros lézard, moi... Bouche bée, je suis témoin du changement soudain de forme tandis que les enfants, eux, ont l'air surtout impatients. Un dragon vert et brun se tient désormais non loin de nous, comme si c'était tout à fait banal. Je n'ai pas eu l'occasion d'en voir souvent, pour être honnête, que ce soit en tant que simple créature ou véritable magimorphe. Je les admire beaucoup, pourtant. Ce sont des animaux mythiques puissants et majestueux qui existent depuis la nuit des temps. Pfrt... C'est presque injuste qu'il ait le droit à ce privilège. J'ai fini par être tellement estomaqué que j'en suis devenu immobile. Alors quand le premier lancer de balle arrive, c'est moi que cette dernière atteint, me faisant devenir le premier à être éliminer. Mes pensées étaient tellement focalisées sur autre chose que je n'ai même pas eu le réflexe d'esquiver, mon cerveau étant parti ailleurs un court instant qui a suffi afin que je perde. Mais bon, tant pis, ce n'est pas si grave. Je n'ai pas l'esprit de compétition, quand il s'agit d'enfants.



    « Un dragon... C'est ça qu'ils appellent un dada chez vous ? »

    Je glousse, ne m'étant pas attendu au départ à ce que les gosses soient si peu surpris, comme si ça arrivait tous les jours. Assis sur un banc à faire les arbitres pendant que les enfants continuent de jouer tandis que nous avons tous les deux été éliminés, je me suis décidé à ouvrir la conversation. Puisqu'on doit se supporter mutuellement, hein...

    « Remarque... Nous on a des mammouths. C'est pas exactement pareil, mais c'est assez impressionnant, aussi. »

    Ouaiiis nos montures ont la classe, à Altissia. Bien plus cool que les chameaux de nos voisins et anciens ennemis de longue date. On a les grosses bêbêtes dangereuses, héhé... Pas étonnant qu'on ait plus peur de grand chose, quand on réussit à les domestiquer.

    « Y'a une loi qui vous interdit de jouer à la balle au prisonnier en étant humain ? C'était quoi, qui vous empêchait ? »

    Bon, d'accord, là il va me rembarrer. Mais ça m'intrigue un peu, cette histoire. Et un silence serait plus gênant encore à supporter. Et je sais qu'il s'énerverait pas devant les gamins non plus. Distraitement, j'accueille Windie qui se rapproche finalement de nous pour s'allonger à nos pieds. Restée dans la salle de classe jusqu'à maintenant, elle s'est finalement bougée de sa place et porte sur l'Eossien un regard curieux et intrigué.

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    Classe verte (et rouge)


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    Je n'aime pas trop me montrer sous cette forme devant les petits, justement car ils apprécient un peu trop ; la plupart du temps, je ne m'en sors plus. Ils me montent sur le dos, s'attachent à ma tête, à mes ailes... Et les plus jeunes mordillent, en plus de ça, ou tirent sur mes écailles. Enfin, bien sûr, je consens de temps à autre, exceptionnellement, à leur faire plaisir, mais j'évite, sachant que cela les rend ensuite intenable. C'est plutôt quelque chose que je leur autorise aux alentours des vacances, mais... Bon. L'autre idiot les a tellement excité que je ne pouvais plus vraiment faire machine arrière. Probablement que mon coup de queue était plus vif que d'ordinaire, d'ailleurs, mais bon. Je dois avouer que je n'ai pas grand regret.

    Et de toute façon, n'ayant pas le cœur à vraiment frapper les enfants, je les laisse me chasser pendant quelques minutes, grossissant le trait et ralentissant volontairement mes mouvements pour leur faire penser qu'ils pourraient aisément me toucher si ils y mettaient un peu plus d'efforts. Quand je sens enfin que leur patience commence à arriver à leur fin, je ralentis donc le rythme ; sans surprise, la balle me touche, et je suis éliminé.


    Assis sur le banc, j'étais jusque là bien content d'ignorer mon interlocuteur, gardant les yeux focalisés sur les gamins pour éviter un quelconque débordement. Malheureusement, il se trouve que je n'aurais visiblement pas la paix tout de suite. Ne comprenant pas trop ce qu'il veut dire en faisant remonter la manière dont les petits surnomment ma deuxième forme (après tout, ils me montent dessus, alors ils m'assimilent à un dada, ça n'a rien de compliqué, tout de même), je fronce les sourcils, vaguement méfiant. Ne saisissant pas qu'il pourrait simplement vouloir faire la conversation, j'écoute d'une oreille, mais avec un certain manque de confiance. C'est que ça ne fait pas sens, dans ma tête, alors je ne lui donne pas vraiment le bénéfice du doute. Pour autant, je ne peux pas nier que ma curiosité est légèrement tiquée : je n'en ai jamais vu, de « mammouth ». Bien sûr, il y avait les descriptions et les enluminures faites par les moines les plus courageux, mais... J'ai toujours été très dubitatif, supposant que tout de même, ils devaient soit exagérer un peu, soit avoir mal compris certaines choses. Une énorme vache poilue à long nez de cochon, tout de même...  Mais si je m'apprêtais à dire quelque chose, voilà que l'autre embraya sans attendre davantage.

    Interdit, je le fixe avec un certaine manque de confiance, mais mon regard trahit plus que bien le « mais en quoi ça vous regarde » que j'ai presque envie de lui répondre du tac au tac. Depuis quand est-ce que je suis supposé lui faire un rapport sur mes raisons, tiens ? Pour autant, si il s'agit de la première chose que je veux dire, je me rappelle bien vite qu'il n'aurait qu'à demander aux enfants pour l'apprendre, alors bon... Si je l'apostrophe tout de même d'un regard cachant à peine le fait que je trouve qu'il dépasse largement une ligne, je finis par rouler des yeux avant de répondre, la voix plate.

    « Asthme persistant et pneumonies durant toute et depuis l'enfance. Je n'ai pas vraiment envie de leur faire peur. »

    Je n'aime pas parler de ça, principalement parce que bien souvent, le regard des autres se fait d'autant plus condescendant ou alors, tout aussi insupportable, plein de pitié. L'un comme l'autre me fatiguent. Et puis... C'est personnel, tout simplement. L'autre doit le savoir, mais depuis tout à l'heure, il pousse sa chance. Je manquerais presque de regretter de ne pas pouvoir le faire tomber, tiens, là. Mais bon.

    « Mes poumons sont plus gros, dans cette forme, et j'utilise moins d'énergie, tout simplement. »

    Je manquerais presque de lui demander sarcastiquement si il ne voudrait pas mon historique médical entier, quitte à se montrer invasif, mais... Si je fais ça, je n'aurais pas de réponse à la question qui me taraude depuis tout à l'heure et ça m'enquiquinerait. Gardant toujours le regard porté sur les enfants, je reprends toutefois la parole d'un air désintéressé.

    « Ça ressemble à quoi, un mammouth... ? »

    C'est que, mine de rien, ce ne sont pas des bêtes de nos climats, alors elles n'étaient jamais vues ici, avant que... Enfin. Vous savez bien.

    ft. Samaël Enodril
    le 30 mars 1001

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