blanche-neige et grincheux
ft. raol
A travers les rues sombres et silencieuses d'Yggdrasil, Gabryel errait, accompagné d'un groupe de soldats lourdement armés, prêts à agir au moindre signe suspect. Le militaire avait l'impression d'être revenu quelques mois auparavant, lorsqu'il effectuait quasiment tous les jours les mêmes patrouilles ennuyantes. Ça ne lui plaisait absolument pas de devoir à nouveau le faire, surtout lorsque la cité est aussi tendue qu'en ce moment. Il n'y avait alors plus rien qui garantissait d'une nuit paisible et sereine. Il était constamment aux aguets. Il en devenait presque paranoïaque. Il devait se montrer fort et insensible face à tout cela. Car il se disait, si moi je flanche, qui permettra à l'armée de rester debout et soudée ? Sans doute prenait-il son grade trop à cœur. Peut-être même qu'il se pensait plus important qu'il ne l'est réellement. Dans tous les cas, il affrontait les jours à venir avec appréhension.
Depuis l'incendie, il avait eu du mal à trouver le sommeil. Il était chargé de travail et ses pensées s'emmêlaient. En supplément du reste, ses propres sentiments étaient flous. Il n'avait pas eu l'occasion de discuter avec Klaus comme il se l'était promis de le faire lors du gala et les dernières paroles de Raol résonnait encore durement dans sa tête. Il pensait s'être fait un.e ami.e, mais il n'en était dorénavant plus si sûr. Après tout, iels sont si différent.e.s, iels proviennent de classes sociales trop éloignées et le caractère de la grenouille l'empêchait sûrement de pouvoir ne serait-ce qu'imaginer une quelconque relation entre eux, peu importe la nature de celle-ci. Et puis, s'il n'y avait que cela ça irait, mais sa cousine a aussi été grièvement blessée lors de cette attaque des éclaireurs... Et les révélations de Pilate n'arrangent rien à l'humeur désastreuse du général.
Le soleil se couchait doucement. Il était l'heure de laisser la place à la prochaine patrouille. Ainsi après un bref rapport de quelques groupes il rentra chez lui. Sa demeure ne fut pas touchée, même si ça s'est joué à peu de choses. Bjorn n'avait rien, son instinct animal lui a permis de se mettre aisément à l'abris et d'agir pour sa survie. Gabryel s'en serait énormément voulu s'il lui était arrivé quelque chose. Le concerné s'approcha en grondant et réclama une simple caresse que son ami lui offrit avec joie. Suite à quoi Gaby prit une douche revigorante dont il avait plus que besoin. Son visage était tiré par la fatigue, son teint pâle et ses cernes creusés. Il n'avait plus que sa chevelure qui tenait le coup. Se nettoyant correctement, il se glissa sous ses draps tout en attrapant une lettre posée un peu plus loin.
Celle de Raol. Elle avait été envoyé avant l'incendie. C'est ce dont iel lui avait parlé la dernière fois qu'iels s'étaient vus. Une sortie, eux deux. Mais le Venomania ne pensait pas qu'iel viendrait. Il en doutait fortement. Et lui-même ne savait pas s'il irait. Il fixait le plafond, à la recherche d'une quelconque réponse. Mais son esprit était trop brouillé pour lui donner la moindre piste sur ce qu'il devait faire. Les minutes s'écoulaient, puis les heures et bientôt le soleil pointa le bout de son nez, illuminant la pièce malgré les quelques nuages qui gênaient ses rayons lumineux. Gaby n'avait pas fermé l'oeil de la nuit. Il était épuisé. Plus que jamais à vrai dire. Et inconsciemment il stressait un peu. Car il avait finalement décidé de se rendre à la porte principale, lieu où iels devaient se rejoindre avec Raol.
Il n'espérait rien. Il s'attendait même à ne pas lea voir débarquer. Après tout, pourquoi ferait-iel ça ? Néanmoins, Gabryel récita machinalement une sorte de discours. Il voulait tout de même lui communiquer son ressenti quant à leur dernier échange -bien que ça ne sois pas le meilleur sujet pour pousser Raol à rester avec lui- mais il fallait tout de même qu'il dise quelque chose sur cela. Mais il connaissait la grenouille, tout du moins il pensait qu'elle se révolterait encore comme elle le faisait si souvent à la moindre parole de travers. Alors il se disait qu'il tenterait de prendre des pincettes tout en étant sincère et direct comme il en avait l'habitude.
Ainsi, après s'être joliment vêtu il sorti de chez lui pour arpenter les rues meurtris par les événements récents. Heureusement, il avait pris de l'avance sur son travail. Assez pour se permettre cette sortie. Il n'aimait guère l'idée de prendre du repos -puisqu'il pensait ne pas le mériter- mais il se voyait mal manquer l'opportunité de pouvoir s'expliquer avec ce qui est certainement l'un.e de ses rares ami.e.s. Lorsqu'il arriva, il ne vit personne. Évidemment. Il souffla bruyamment, déçu. Cela se voyait à sa mine que ça n'allait clairement pas. Il pris une pause et s'adossa au mur en se passant les mains sur le visage. Il n'osait pas se dire qu'iel arriverait plus tard, il trouvait ça pathétique. Il n'est tout de même pas si désespéré, non ?
Je n'attendais rien, mais j'espérais bêtement.