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  • Natsume - Belladones & Camélias
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    Le dragon n'est plus, miracle est arrivé. Yggdrasil a protégé sa cité. Des mois de siège éreintant cessent, la ville millénaire respire à nouveau. Chaque soir, sous la lueur émeraude et bienveillante du grand arbre, les éossiens fêtent et célèbrent ceux tombés au combat. Après tant d'épreuves, la ville semble reprendre vie...
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    feat. Tsunayoshi Sawada
    Katekyo Hitman : Reborn !
    Natsume Shimomura.
    >> INFOS
    ✘ Naissance : 21 avril.
    ✘ Prénoms : Natsume, Nowaki.
    ✘ Surnoms : Natsu, Nat, Tsutsu, Tsume, Mémé, Monsieur casse-pieds, Grincheux, Père-la-morale...
    ✘ Nom de famille : Shimomura.
    ✘ Espèce : Magimorphe, dragon brun aux teintes vertes et aux écailles hérissées.
    ✘ Profession : Moine Supérieur. Vient tout juste d'être promu.
    ✘ Origine : Éossien natif.
    27 ans
    Éos
    AGENRE
    ROTURIER
    PRODIGE
    FRÊLE
    >> Construction

    Classe(s) : Créature - Magicien.
    Bonus & Malus choisis :
    Prodige. Très bon élève, il est généralement capable de comprendre les grands principes d'une théorie rapidement et de les décortiquer ensuite, avant de se mettre à expérimenter de son côté. Son côté presque obsessif lorsqu'il s'agit d'apprendre le rend extrêmement pointilleux et le pousse à essayer de saisir au maximum ce qui peut se passer autour de lui, probablement aussi car il a toujours eu du mal à saisir les autres et le monde autour de lui. Il a donc d'assez bons réflexes mentaux, pouvant assez facilement faire des prévisions et mener une stratégie en conséquence.
    Frêle. Une santé catastrophique l'a cloué au lit durant une bonne partie de son enfance, et des difficultés persistantes durant l'adolescent lui ont faire très peu d'exercice pendant longtemps. Si il n'a pas une génétique qui le rend très musclé de base, il a du mal à tenir les chocs ou même simplement à en causer. Son goût pour la magie ne lui a en plus de ça pas du tout donné envie d'y changer quelque chose.
    Spécialité magique : Magie Blanche.
    Guilde : Académie magique.
    >> PHYSIQUE
    ✘ Couleur de peau : Pâle, probablement trop. On "plaisante" souvent en lui disant qu'il doit être un peu nécromate sans le savoir. Le fait de rester enfermé entre les livres ne l'aide pas trop à bronzer, et de toute façon, il est sujet à des coups de soleil abominables.

    ✘ Traits faciaux : De visage, les traits sont plutôt fins et anguleux, marqués par des pommettes hautes, rieuses, et des joues légèrement arrondies, comme le menton. Un nez petit et droit se dresse au milieu d'une mine somme toute assez banale, si ce n'est pour son teint excessivement pâle et son expression morne perpétuelle, bien accentuée par ses cernes. Ses lèvres fines se tordent la plupart du temps en une grimace médisante, méprisante ou, au mieux, vaguement apathique ; on a d'ailleurs tendance à lui dire que lorsqu'il sourit, c'est toujours un peu dérangeant. Enfin, ses yeux ne sont somme toute pas extraordinaires non plus. Formés en amandes, plutôt grands et un peu plissés, ils sont d'une teinte noisette très simple, de temps à autre éclairés par un liseré ambré. Ils peuvent se fendre à volonté, mais ce n'est rien d'autre qu'un petit jeu quand il n'a pas besoin de voir dans la nuit. De longs cils peu ondulés supplantent un regard changeant, tantôt perçant, rapide et scrutateur voir morne en public, tantôt distrait, paresseux et tranquille en privé. Lorsqu'il se sent en sécurité, il s'éclaire même d'une curiosité et d'une douceur innée, laissant apparaître une facette bien plus paisible de sa personnalité. Ce sont ses sourcils fins, très vifs, qui confient à son visage toute son expressivité, bien qu'il a tendance à les mouvoir d'une façon qui le laisse apparaître comme très hautain, ce qui n'est pas pour lui déplaire.

    ✘ Chevelure : Une épaisse touffe de cheveux châtains, entremêlées de teintes d'acajou et de fauve ici et là. Les plaisanteries à ce propos n'ont jamais cessé, mais il a fini par se faire à son caractère indomptable et presque excessivement volumineux. De grandes mèches lui arrivent ici et là dans le visage, mais il veille toujours à ce qu'elles ne s'emmêlent pas. Si il n'est pas très porté vers l'esthétique, il n'aime pas la sensation d'une chevelure sèche et y porte donc un certain soin, bien malgré lui. De temps à autre, on peut le surprendre à se faire une toute petite queue de cheval durant les périodes où, en hiver, il tend à les laisser pousser par fainéantise. Il ne manque toutefois jamais de les couper à lorsqu'ils finissent par atteindre ses épaules, étant donné que la sensation de ses cheveux contre son propre cou le déconcentre aisément.

    ✘ Taille : 1m60, ou quelque chose du genre. Il n'est pas particulièrement grand et ne s'en préoccupe pas vraiment.

    ✘ Carrure : Assez svelte, plutôt sec et anguleux si l'on ne compte pas la légère graisse ventrale qui n'est que le fruit de son manque d'activité physique. Question muscles, disons que ce n'est pas trop ça. Ce n'est pas au niveau où l'on voit ses côtes, loin de là, il a même tendance à s'empâter un peu avec la trentaine approchant, mais il a toujours été plutôt fin et ça n'a pas l'air de vouloir changer pour le moment.

    ✘ Style vestimentaire : Très sobre, généralement toujours dans des teintes chaudes et sombres, plutôt discret. Natsume n'aime pas porter attention à son apparence , ou disons qu'il refoule largement ses envies d'affirmation, et fait tout ce qui est en son pouvoir pour que ce soit clair. Ainsi, on le verra généralement affublé des robes simples qui incombent à sa fonction, et de rien de plus. Il est assez entiché des bures et a la sale manie de les conserver en dépit de l'âge apparent de ces dernières, lui donnant un aspect quelque peu négligé mais dont il a tendance à ne pas s'inquiéter outre mesure.
    Dans le privé, il tend à se laisser plus aller et porte son attention vers des tuniques les plus simples possibles. Il a par ailleurs une certaine affection pour les pantalons de lins larges, moins restrictifs à ses yeux que sa tenue d'office. Il n'est ailleurs pas anodin de le voir apprécier tout particulièrement les manteaux, puisque ces derniers le réchauffent en plus d'être à ses yeux bien plus agréables que des vêtements trop serrés. Exceptionnellement, dans le cadre de célébrations et car on lui aura répété qu'il ne peut pas venir habillé comme un troll des montagnes, il acceptera de mettre un surcot ou un pourpoint aux teintes sombres, juste assez pour qu'on ne l'accuse pas d'être de mauvaise foi. Il restera impossible, toutefois, qu'il accepte de mettre des chausses qui sont en cuir : en effet, la sensation lui est insupportable et il lui arrive de piquer des crises pour un rien à ce sujet. Il a donc bien souvent les mêmes bottes aux pieds et cela lui convient très bien.

    ✘ Particularités liées à l'espèce :
    Sous sa forme humaine, le détail le plus évident doit être la forme plus pointue de ses oreilles, si sensibles au froid et à la chaleur que son cousin n'a de cesse de lui rappeler de porter des bonnets (faits mains) pour éviter les engelures. Le second, car il se remarque vite chez quelqu'un qui a la sale habitude de grogner pour pas grand chose bien souvent, sont ses canines pointues, pas foncièrement utiles lorsque l'on est un grand consommateur de légumes et de fruits, en soi. Enfin, les yeux de Natsume tendent à se fendre et se teinter d'ambre lorsqu'il tente de voir dans l'obscurité, caractéristique reptilienne dont il est plutôt fier. Malheureusement, il reste un peu myope sur les bords, alors elle n'est pas aussi précise qu'elle pourrait l'être.

    Sous forme draconique, si il ne peut s'enorgueillir d'un poids ou d'une constitution massive comparée à celle de ses congénères, sa finesse et ses muscles particulièrement anguleux lui assurent davantage d'aisance pour se mouvoir. Pas plus grand qu'un cheval, la partie supérieure de son corps, c'est-à-dire par dessus la gueule, est d'un brun clair, tandis que la zone abdominale et le partie inférieure de son corps est d'un vert amande. Ses cornes peuvent être remarquées à leur légère teinte ambrée ; et de toute façon, vu leur caractère pointu, elles sont rarement manquées. Presque aussi pointues que ne le sont les articulations de ses ailes échancrées, aboutissant en de véritables pointes. Ses écailles abdominales et dorsales sont d'ailleurs assez hérissées, lui valant souvent une comparaison ou deux avec un hérisson. Sa queue, quant à elle, se termine comme une demie-flèche et est presque aussi grande que la moitié de son corps ; elle constitue une faiblesse évidente, quand il n'est pas en train de renverser quelque chose avec car il a (encore) oublié qu'elle existe. Il s’enorgueillit tout particulièrement de ses crocs, très pointus, donc il prend un soin presque maniaque ; il est moins regardant sur ses griffes, qu'il utilise de toute façon moins pour se défendre. En combat, il préfère se glisser comme un serpent pour user de sa mâchoire ou de sa queue, que ce soit pour assommer ou provoquer une chute.

    ✘ Forme de la marque : Une vipère des buissons enroulée autour d'une branche d'arbre fleurie de pivoines. Il n'en a jamais compris le sens et ne l'aime pas vraiment ; de ce fait, il est très heureux de la cacher sous des tissus divers et variés.

    ✘ Autres détails : Plutôt nerveux et brusque dans sa démarche, avec une motricité si désastreuse qu'il n'est pas rare qu'il s'emmêle les pieds dans ses propres robes. Alterne entre gaucherie totale et rectitude exagérée en terme d'allure, c'est plus ou moins en fonction de l'humeur et du nombre de personnes aux environs ; il tend à se donner des airs austères et droits en présence d'inconnus. Enfin, une trace de brûlure s'étale le long de son poignet gauche, qu'il veille à cacher le plus possible.

    ✘ Santé : "Une blague permanente qui n'est plus vraiment très drôle depuis un moment", vous dirait-il si on lui posait des questions à ce propos. Si il est déjà partiellement dérangé par le manque de résistance liée à son espèce, Natsume accumule quelques aussi soucis plus ou moins dérangeants, comme un asthme persistant, une vision manquant clairement de finesse, et une tendance prodigieuse à tomber malade pour un rien, fait de son système immunitaire quasi inexistant. Si il y a toutefois une chose qu'on ne peut lui nier, c'est son audition particulièrement fine, exacerbée par ses gênes reptiliens. Toutefois, cela ne l'empêchera pas de mettre un temps certain à comprendre les informations et de vous laisser en plan pendant trente secondes parce qu'il n'a pas encore fini de saisir ce que vous venez de lui dire ; et oui, il s'énervera vite si on lui fait une remarque. Mieux vaut éviter de le laisser se provoquer une crise d'asthme en s'énervant tout seul, ce serait ridicule.
    >> MENTAL
    Curieux
    Orgueilleux
    Empathique
    Nerveux
    Prudent
    Hargneux
    Ingénieux
    Cynique
    Doux (un peu)

    Aime : Jardiner - Les courants d'air un peu frais - S'asseoir ou s'allonger dans des positions ridicules et vaguement dangereuses - Les vieux bouquins et leur odeur - Les tisanes de fleur - La botanique - Les créatures magiques de toutes formes et de toutes apparences, a salement tendance à ne pas prendre peur de ces dernières pour cause d'adoration déraisonnable - Les feux de cheminée - Les fruits et les légumes en général, grosse affection pour les fraises - Passer la journée chez lui dans des vêtements amples avec un orage et de la pluie en fond sonore - Découvrir des choses - Les biscuits aux raisins secs - Les enfants, même si il grogne souvent pour pas grand chose ou pour compenser - Les pâtisseries fines et les bonnes vieilles crèmes glacées bien grasses - Le calme - Se caler dans un coin tranquille de la bibliothèque - Les grands jardins - La magie - L'eau et les baignades, même sous température glacée - Les balades de vieux pépé en forêt - Les champignons - Sniffer les gens, mais on lui a déjà dit que c'était malpoli - Même si il le nie, un bon steak cru de temps à autre - Ranger les objets par couleur, taille ou forme, au prix de l'énervement de tout le monde - Les chiens - Maîtriser de nouveaux sorts - Les petites bêtes en général, il a une fascination un peu excessive avec les insectes - Les reptiles, surtout les pythons et les lézards - Prendre des notes sur des vieux trucs et des sujets de recherche dont tout le monde se fiche - Bricoler, il aime bien monter ses meubles tout seul - Les jolis meubles en bois, en outre, il pourrait vous parler de ça pendant des heures - Graver des choses, même avec sa maladresse ridicule - Les élevages et les fermes, il aimait aller aider quand il le pouvait fut un temps - Les fleurs ; enfant, il voulait être fleuriste - Les personnes bienveillantes - Il a la sale tendance à accorder un peu trop d'importance à une vague notion "d'intelligence" - Son cousin, même si il grogne pour la forme
    Aspirations : Probablement pas grand chose, et c'est bien son problème : Natsume ne sait pas ce qu'il veut et il tente tant bien que mal de se dire que ce n'est pas un souci. Ou du moins, il ne veut pas choisir. Si globalement l'on peut résumer son désir d'apparence à celui de "vivre sa vie tranquillement", il en reste qu'un certain nombre de choses passent par sa tête de temps à autre, même si il s'interdit d'y penser trop longtemps. Il espère, somme toute assez naïvement et d'une façon peu saine, "être utile" à sa communauté et aux autres, ne pas créer de problèmes ni de fardeau. En réalité, il ne s'autorise pas grand chose et cela tend à entrer en conflit avec sa sincère volonté de pouvoir aider les autres ; difficile d'à la fois de se restreindre au maximum pour ne pas créer de problème et véritablement agir de manière efficace. En outre, il aimerait également, bien plus secrètement, donner envie aux autres éossiens de ne pas baisser la tête devant les élysians : une volonté donc il se châtie lui-même, trouvant tout ça très orgueilleux de sa part. Il y a donc, dans le fond, deux aspirations qui se contredisent et en pourront pas coexister : se faire discret et vivre une vie calme mais monotone, ou prendre le taureau par les cornes et devoir risquer de gérer des complications massives. Rien d'étonnant, par conséquent, à ce qu'il élude très vite la question quand on lui parle de ses projets de vie : il vous mentira d'ailleurs sans la moindre honte en répondant "rien de bien particulier". Peut-être vous bredouillera-t-il qu'il aimerait bien vivre seul ou progresser dans ses études de magie (et ce n'est pas entièrement faux, c'est un de ses désirs), mais il s'agit surtout de ce qui se trouve en surface et qu'il n'est pas trop gêné de révéler. Plus largement, il aimerait devenir un guérisseur suffisamment talentueux pour apaiser les douleurs comme on a pu le faire pour lui devant sa jeunesse. Sur une toute autre note, il aimerait pouvoir perfectionner son jardin avant de disposer d'un coin de repos naturel.
    N'aime pas : Le bruit, ce qui est compliqué quand vous travaillez avec des enfants une bonne part de la journée - Les odeurs trop puissantes - La chaleur - L'alcool fort, il a une descente catastrophique - Les foules - Les brutes - Les grands discours interminables - Les militaires et toutes formes de gouvernement - Qu'on lui tienne la jambe - La petite conversation ("bonjour" - "ça va ?" "oui et vous ?") - Les conventions - Les traditions - Qu'on mette en doute ses capacités à cause de sa santé - L'autorité en règle générale, déteste qu'on le dirige - Les situations imprévues - Perdre le fil de ses pensées, ce qui arrive les 2/3 du temps puisqu'il est bien incapable de se fixer sur quelque chose d'unique pendant dix minutes - Au contraire, ne pas arriver à lâcher prise quand quelque chose l'obsède, puisqu'il en oublie alors même de manger - Les personnes manipulatrices, il s'énerve très vite lorsqu'il sent que l'on cherche à jouer avec ses émotions - Le feu - L'exercice physique - Les hauteurs, et c'est compliqué pour un dragon - Le poisson - Les vêtements trop serrés - Qu'on se moque de ses oreilles ou de ses canines, ça le complexe - Devoir parler de lui, ça l'embarrasse - Les repas trop gras, ça l'écoeure - Perdre le contrôle de soi - Qu'on remarque ses difficultés - Ne pas réussir à faire quelque chose du premier coup, il pique des crises - Ses propres sautes d'humeur - Les altissiens et caldissiens - Le thé mal infusé, il grogne très vite - Qu'on le traite comme si il était idiot - Les armes, et de toute façon, il est incapable de les utiliser quand ce n'est pas un bâton - Les ouvrages qui ne vont nulle part - Les rechutes - Les tâches ingrates de son métier - Devoir soigner des personnes insupportables - La condescendance élysiane (selon lui) - Perdre des écailles.
    Craintes : Un nombre assez important, en réalité. La première est sans conteste la crainte d'un embrasement des tensions, qui lui procure une dose d'anxiété quotidienne et qui le met très vite sur la défensive ou le pousse à rester chez lui, autant par dépit que par lassitude. Il est tout à fait conscient que tout ce qu'il connait et tous ceux qu'il connait pourraient être dévastés, et n'est donc pas très à l'aise avec la colère qu'il sent grandir, même en lui (surtout en lui, à vrai dire). La seconde doit probablement être celle concernant sa mère et son état, qui est toujours tapissée dans un coin de sa tête et lui a offert un bon nombre de nuits blanches à cause de l'anxiété. Il a peur, également, de ne plus servir à grand chose pour sa communauté et de perdre l'impression de semi-stabilité qu'il a réussi à se former. L'idée de perdre leur considération ou sa place le terrorise bien plus qu'il n'aimerait le faire croire, surtout qu'il ne sait lui même pas que c'est dû à sa peur panique de ne pas trouver sa place ou de se trouver de nouveau mis à l'écart. En outre, il y a celle, toujours reliée, de retomber aussi malade qu'il ne l'était étant enfant ; pour cette raison, il tend à être d'une humeur exécrable lorsque sa santé lui joue un tour, tout en faisant comme si de rien n'était car il est aussi têtu et empoté qu'un âne fier. De ce fait, il n'est pas rare de le voir perdre son calme quand il se sent faible. En soi, il se voit plus ou moins comme une machine qui doit fonctionner ; et si la réalité ne va pas dans son sens, il pique une crise. Cela se retrouve dans sa tendance à être terrifié par l'idée de commettre des erreurs ou d'échouer, qui résulte de cette anxiété quant à son "inutilité". Au delà, il déteste être enfermé et est rapidement pris d'angoisse lorsqu'il se retrouve bloqué dans un espace restreint, ou même dans une foule trop nombreuse. Il n'est donc jamais rassuré par le fait d'aller faire un tour dans le quartier des affaires ou des loisirs la nuit venue, notamment. De toute façon, il est sujet à des paniques assez fréquentes pour pas grand chose, donc il n'est pas rare de le voir en faire des caisses pour des éléments somme toute assez risibles. Oh, et aussi ridicule que ce soit, il n'est pas très à l'aise devant les gros oiseaux ; il a donc tendance à se transformer pour compenser en feulant lorsqu'il croise une chouette, ce qui est franchement ridicule.

    Personnalité détaillée
    Susceptible - Hargneux - Coléreux - Moqueur - Appliqué - Autoritaire - Tenace - Pas franchement bavard - Cache un côté bonne pâte - Débrouillard - Direct - Incapable de se concentrer sur quelque chose plus de cinq minutes - Ingénieux - Hautain - Mesquin - Minutieux - Opiniâtre - Ordonné - A généralement l'expression si neutre que l'on pourrait le confondre avec un poisson mort - Sensible - Ponctuel - Bon stratège, quand ça l'intéresse - Faussement calme - Lunatique - Angoisse vite pour pas grand chose - Dans sa bulle - Lent, très lent à la détente - Excessif à l'occasion - Assez froid - Discret - Râleur - Nonchalant - Obstiné - Plus peureux qu'il n'aimerait l'avouer - Rancunier - Renfermé - Revêche - Routinier - Strict - Sournois - Tatillon - Plutôt timide - Malin.

    En outre, Natsume n'est pas très neurotypique. En plus d'une grande difficulté à gérer les imprévus ou les surdoses d'anxiété, il est extrêmement sensible au bruit et aux odeurs, de telle sorte qu'il lui arrive parfois vite d'être en état de surcharge sensorielle lorsqu'il se retrouve, par exemple, dans une foule sans une figure amicale connue. De même, il n'est pas rare qu'il grogne lorsqu'un bruit régulier lui tape sur les nerfs, ce qui est peut-être très pénible pour la personne en face qui se fait alors presque aboyer dessus - bien qu'il se soigne. Les trop-plein peuvent se manifester, généralement, de deux façons : par de véritables explosions émotives, ou par, au contraire, un arrêt quasi totale de l'expressivité. Comme si, en somme, son corps s'arrêtait par besoin de se sauvegarder.
    De plus, lorsqu'il s'intéresse à quelque chose, cela prend vite des dimensions intenses et personnelles, lui faisant oublier le reste et accumuler des connaissances ou autres anecdotes assez atypiques. Cela s'accompagne aussi d'une tendance à tout expliquer, en détails, voir bien trop ; lorsqu'il fait la classe, c'est d'ailleurs un élément qui tend à noyer ses pauvres élèves, se demandant d'où vient la parenthèse sur les ailes de papillon alors que la conversation tournait autour de la météo à la base. Pourtant, il est assez restreint là-dessus : on lui a souvent dit qu'il était pénible en faisant ça, alors il tend à ne se laisser aller que quand il est en confiance, et encore.
    Oh, et enfin, il ressent les choses de manière intense, quand bien même son expression n'en montre pas grand chose en temps normal : ceci explique notamment ses soudains changement d'humeur extérieure, qui sont en réalité plutôt le reflet d'un trop-plein. Néanmoins, ce peut être la joie comme la colère. Il peut donc passer d'une mine extrêmement neutre et désintéressée à une jovialité lumineuse, ou à une colère de furie. Ces phases peuvent ensuite s'accompagner de "mise en pause" plus ou moins longues où il a besoin de reprendre des forces. L'équilibre, en vrai, ce n'est pas vraiment son truc ; il est en revanche extrêmement doué pour faire croire que si. Pour se tranquilliser et garder la tête sur terre, il mastique souvent quelque chose, ou tripote un objet dans ses mains.
    Alignement
    Quelle est son opinion religieuse ? : Ne serait-ce que par sa fonction, il est assez aisé de deviner qu'il est croyant et sincèrement convaincu des bienfaits de l'éonisme. Pour lui, la situation n'aurait pas pareillement dégénéré si chacun avait gardé en tête cette philosophie. Il est toutefois plus attaché à l'idée d'aider par son rôle que de s'attacher fondamentalement aux principes religieux. C'est d'ailleurs cet objectif qui l'a poussé vers sa vocation et qui continue de le motiver même aujourd'hui. De ce fait, il lui arrive de s'en écarter ou de faire des entorses aux principes si il estime que cela irait à l'encontre de l'intérêt général. Dans le fond, il a une réelle affection et un attachement sincère envers ceux-ci et veut les respecter, mais il ne peut s'empêcher de penser, surtout dans des circonstances pareilles, que ce n'est peut-être pas en gardant la tête uniquement dans la théologie que l'on fait progresser les choses.
    Quelles sont ses attentes et son avis sur l'Artefact ? : Natsume espère sincèrement que, si il existe, l'Artefact ne sera jamais trouvé. Si il avait, fut un temps, pu caresser l'espoir qu'il soit utilisé pour satisfaire chaque camp et permettre aux éossiens d'être laissés en paix, il a maintenant peur que ce ne soit le début d'une grande catastrophe. Par son attachement religieux, pourtant, il ne peut nier qu'une part de lui est sincèrement convaincue qu'il existe et qu'il pourrait éventuellement amener la fin des conflits, mais Natsume est bien trop pessimiste quant à ce que feraient, à ses yeux, altissiens et caldissiens, pour ne pas laisser son pessimisme prendre le dessus. Ainsi, il pense que, même si il venait à être trouvé, il susciterait soit trop de convoitise et ramènerait la guerre entre les pays, ou il serait mal utilisé. Autant dire qu'il ne préfère pas trop y réfléchir, fondamentalement.

    Quelle est son opinion au sujet d'Altissia ? : Si il n'a de mots doux à dire ni au sujet de l'empire, ni au sujet du royaume de l'est, il doit avouer avoir davantage de répulsion envers le premier. Au delà de la simple, et déjà bien grande, rancune qu'il ressent à l'égard du traitement que réserve le pays des neiges aux siens, il y a en plus de cela quelque chose qui le tracasse profondément quant aux idéologies altissiennes. Peu appréciateur de ce qu'il voit comme de l'élitisme, de l'arrogance et de l'impérialisme, il se méfie bien plus de l'empire que du royaume. De plus, l'importance qu'ils donnent à l'armée entre en conflit direct avec son anti-militarisme forcené et ses espoirs de voir un jour les élysians quitter la ville. En règle générale, il se méfie davantage des représentants d'Altissia et ne cache son aversion qu'avec beaucoup de difficulté.
    Quelle est son opinion au sujet de Caldissia ? : Sans grande surprise, il ne ressent pas de grande affection pour le royaume, ne serait-ce qu'au vu de leur hégémonie partagée avec Altissia sur les siens. Pour Natsume, les caldissiens sont des personnes condescendantes, dénuées d'empathie et bien trop indolentes pour être un jour amenées à accomplir quoi que ce soit qui aille dans le sens du "bien-être général". Oh, n'allez pas lui demander de définir ce que cela veut dire, parce qu'il n'en a lui-même pas vraiment l'idée, si ce n'est que cela doit être quelque chose qui se rapproche de "ce qui est bien". D'un autre côté, il respecte leur attachement au savoir et au perfectionnement de soi, ce qui le rend plus apte à tolérer les caldissiens que les altissiens. Il n'empêche toutefois qu'il aimerait bien les voir partir eux aussi.
    Quelle est son opinion au sujet des Eossiens ? : Si Natsume reste quelqu'un d'assez austère même en temps normal, les éossiens sont probablement ceux qu'il respecte et traite le mieux. Leur situation commune a créé chez lui un besoin assez impérieux de les aider et de les soulager comme il le peut, frustré par sa propre impuissance. Si il n'est pas du genre à se mêler aux autres en temps normal, ils sont ce qui reste de stable à ses yeux et de ce fait, il s'y raccroche comme à des figures rassurantes. Enfin, sans jamais le dire, évidemment. Il sent bien, toutefois, que ce sentiment d'appartenance ne sera probablement pas éternel et qu'il est entièrement construit. De ce fait, il se montre très agressif et acerbe envers ceux qui se sont assimilés aux altissiens et aux caldissiens, qui lui rappellent impitoyablement la réalité de la complexité de la situation.
    >> ET VOUS ?

    Une petite présentation ? : J'aime bien l'histoire médiévale, cuisiner/pâtisser, le café, le piment et les RPG classiques. En général, vous me verrez sur la CB à une heure probablement trop tardive.
    Âge : 23 quelque chose.
    Votre/Vos pronom(s) : Ce que vous voulez, tant que vous ne vous prenez pas la tête : V "Machin" passe très bien au besoin, aussi !
    Disponibilité : Très, très souvent.
    Comment nous avez-vous connu ? : Une très bonne question.
    Un commentaire ? : Mangez des pommes.
    Auriez-vous un souci à faire remarquer ? : Des tas !
    Double compte de : Omnis.

    Segnif(er)


    Dernière édition par Natsume Shimomura le Jeu 14 Mai 2020 - 2:45, édité 2 fois

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    HISTOIRE
    Miyu Miyano ; Magimorphe dragonne, Mère de Nagisa/Natsume 48 ans.
    Nagisa Miyano ; Humaine, fille de Miyu, soeur aînée de Natsume, 30 ans.
    Kazuo Shimomura ; Magimorphe dragon, géniteur de Nagisa/Natsume, fils de Namiko, 47 ans.
    Namiko Shimomura ; Magimorphe dragon, grand mère paternelle de Natsume/Nagisa, mère de Kazuo, 72 ans.

    Daichi Shimomura ; Magimorphe dragon, cousin de Natsume/Nagisa, 37 ans.
    Kaguya Shimomura ; Humaine, épouse de Daichi, 35 ans, portée disparue
    Keita Shimomura ; Magimorphe dragon, fils aîné de Daichi/Kaguya, 10 ans.
    Ran Shimomura ; Humaine, fille aînée de Daichi/Kaguya, 6 ans.
    Takumi Shimomura ; Humain, fils de Daichi/Kaguya, 4 ans
    Sakuya Shimomura ; Magimorphe dragonne, fille cadette de Daichi/Kaguya, 2 ans (portée disparue)


    Je n'ai pas de souvenirs très précis de ma petite-enfance. Des bribes, ici et là, peut-être. Des réminiscences dont je ne parviens pas exactement à définir le sens et qui flottent, distraitement, vaguement, dans ma mémoire.
    La sensation la plus précise dont je puisse me rappeler est celle de chaleur. Douce, entêtante, tranquille, lovée dans ma poitrine, m'entourant avec tendresse, comme une couverture d'amour. Probablement s'agit-il d'un amas de moments raccommodés par ma conscience, mais j'aime penser que le visage que je voyais au dessus de moi était celui, rassurant et lumineux, de ma mère. Ses traits étaient moins fins, à l'époque. Ses joues étaient plus rondes, son regard plus joyeux, ses mains plus fermes. Je sais qu'elle était jeune, quand je suis né. Probablement trop, même, pour avoir la maturité nécessaire à l'éducation de deux enfants. Sûrement ne pensait-elle pas à mal ; on lui avait suffisamment dit que l'amour suffisait pour qu'elle s'y accroche sincèrement, avec toute la meilleure volonté du monde. Cela ne me surprendrait pas non plus que cela ait expliqué, plus tard, cette tendance systématique à se blâmer pour tout ce qui pouvait arriver. Mais je digresse.
    Je n'étais pas le premier, toutefois. Ma mère avait déjà mis au monde ma sœur aînée il y a trois ans de ça, alors qu'elle sortait tout juste de l'adolescence. Une jeune fille, encore. De temps à autre, quand j'y repense, la colère me remonte aux tripes. Mon géniteur lui avait si bien ficelé l'esprit pour qu'ils aient des enfants au plus vite, en dépit de tout, qu'elle avait refoulé autant que possible ses propres angoisses. Sans doute lui avait-il promis monts et merveilles, l'avait-il fait culpabiliser de vouloir interrompre sa grossesse, lui avait-il dit qu'il était la seul à l'écouter et l'accepter quand, après une dispute, il l'avait aliéné de sa propre famille. En y repensant, le procédé avait été méticuleux : l'éloigner ses proches, l'isoler, et finalement, la coincer.

    Ma mère, Miyu Miyano, n'avait pourtant rien de spectaculaire. Sa famille non plus. Ils n'étaient pas des notables quelconque, mais son père était un moine et un guérisseur dont la disponibilité lui attirait au moins un peu de reconnaissance ; sa mère, quant à elle, une érudite qui ne rechignait jamais à apprendre la magie à quiconque se montrait assez patient pour l'écouter déblatérer. Cadette de trois enfants, elle avait eu beaucoup de mal à se trouver une place, entre un frère aîné brillant et une sœur aux talents de guerrière remarquables. Un père trop exigeant et une mère trop excentrique et distante ne lui ont sûrement jamais vraiment permis de se construire de défenses solides face à ceux qui lui promettaient toute l'attention du monde.
    Kazuo Shimomura ne voulait, après tout, que des enfants. Des dragons, plus particulièrement. Sa famille, qui s'enorgueillissait de leur espèce, comptaient toutefois de moins en moins de magimorphes dans leurs rangs ; et par là, de moins en moins de crédibilité. La richesse, dont ils disposaient en quantité, ne suffisait pas à tenir leur petite position symbolique. Du moins, elle ne suffisait plus : une fois les nombreux "dons à la communauté" terminés, ils n'avaient plus grand moyen de pression. Alors si je devais résumer ça dans les grandes lignes, je dirais qu'ils ont fait ce que toutes les familles gaussées dans leur ego font quand elles ont besoin de sauver les apparences : absolument tout, sans le moindre regard pour les personnes qu'elles détruisent au passage. Ma mère était une conséquence négligeable, ma sœur, qui était née humaine, un échec, et moi, une déception. Il eut par conséquent vite fait de la quitter, ne revenant qu’occasionnellement pour "voir" si j'allais éventuellement "convenir" à ses attentes, sans pour autant jamais se retenir d'un commentaire mesquin ou deux.

    Mon enfance s'est passée dans ma chambre. Elle était petite, mais contrairement à ma sœur qui devait dormir dans celle de ma mère, j'avais au moins mon propre espace. Notre maison n'était toutefois pas bien large. Les gains de ma mère en tant qu'architecte auraient pu lui permettre une vie aisée, mais elle était si occupée à nous éduquer qu'elle n'avait que peu le temps de terminer ses commandes et par conséquent, sa réputation en pâtit tant qu'elle eut de plus en plus de mal à en obtenir. Ce n'était pas mon géniteur qui allait l'aider : elle devait, après tout, « assumer ses responsabilités ». Et sa famille, voyant mon état fragile, ne voulaient pas perdre davantage de temps pour un enfant qui n'atteignait pas leurs espérances.
    Les sage-femmes avaient prédit à ma mère que je ne survivrais pas mon premier été ; quand bien même leur prédiction se révéla fausse au final, je restais d'une constitution particulièrement faible. Des défenses immunitaires inexistantes et des poumons affaiblis me condamnaient à rester protégé entre quatre murs. Une santé douteuse n'est pas chose rare pour un magimorphe, mais la mienne semblait me condamner à une mort précoce. Ou quelque chose du genre. Je l'ai vite appris, même si je ne comprenais pas vraiment ce que cela voulait dire.

    --

    Les fleurs de belladone devaient être mes favorites.
    Le jardin de ma maison d'enfance n'était pas bien grand. Il n'était pas très beau, aussi, quand j'y pense. Ma mère n'avait jamais été jardinière et de toute façon, elle n'avait pas le temps de s'en occuper outre mesure. Pourtant, ce n'était pas ça qui m'empêchait de m'aventurer dès lors que la température ne se faisait plus très froide, ou que ma sœur, probablement agacée d'avoir encore à me surveiller, ne m'arrête pas lorsque je m'y glissais furtivement. Les grandes rues de la cité m'étaient proscrites, alors je me satisfaisais de ces bols d'air frais quotidiens, entre les grandes pousses et les plantes que je pouvais voir germer dès lors que le printemps me permettait de sortir.

    Je passais beaucoup de temps dans ce jardin, mais tant que je pouvais regarder les insectes remuer dans la terre, les coccinelles passer entre les fleurs, et les animaux s'y aventurer de temps à autre, j'étais le plus heureux des enfants. Je pouvais grapiller des informations à ma mère sur des plantes, quand elle se souvenait à peu près ce que son père lui avait enseigné il y a bien longtemps ; pivot, camomille, nigelle... J'écoutais avec attention, les yeux grands ouverts en silence alors qu'elle tentait de me faire comprendre les choses dans des mots que je pouvais saisir. J'étais tout jeune, quand a commencé cette affection. Je pense que, peut-être, ma mère essayait de compenser mon enfance lacunaire comme elle le pouvait. Là où ma sœur pouvait sortir jouer dans les rues et rejoindre les bancs de l'école communautaire, je devais me contenter de ce que je trouvais dans la maison. Alors de ce fait, tout était prétexte à inventivité et créativité ; mais puisque j'étais bien incapable de tenir en place plus de cinq minutes, mes créations étaient vite abandonnées. Je trouvais plus d'attrait, étrangement, dans ces plantes qui ne bougeaient pas et qui, dans leur calme, me semblaient appartenir à un tout autre monde que le mien. Je me souviens, une fois, avoir dit à ma mère que j'aurais voulu être un camélia : elles, au moins, pouvaient vivre une fois l'hiver venu. Je ne les voyais que lorsqu'elles commençaient à faner. Elles s'ouvraient lorsque les portes se refermaient.

    Les animaux, également, eurent vite fait d'attirer mon attention. De temps à autre, quelques rares voyageurs s'aventuraient près de moi, mais ils ne restaient jamais longtemps. Bien souvent, je faisais peur aux écureuils et aux rongeurs ; mais de toute façon, vu ma pauvre motricité et ma maladresse toute naturelle, j'étais bien incapable d'être assez discret pour ne pas me faire repérer. Alors avec le temps, j'apprenais à tempérer mes pas, à me faire silencieux, discret comme je pouvais l'être pour un enfant de mon âge, que ce soit pour chiper un morceau de pain tout juste sorti du four quand je devais encore attendre (mais ma mère ne trouvait jamais l'énergie de ronchonner), ou pour écouter en silence entre les couloirs lorsque je revenais du jardin.

    « Non mais, vraiment, la pauvre.... »

    Certains jours, maman avait des invités. Des voisins, des amis, des anciens clients qui venaient lui rendre visite, trouvant toujours oreille attentive en sa personne. La plupart du temps, timide et craintif comme je l'étais, peu habitué au monde extérieur et à ses représentants, je m'esquivais dans le jardin ou à l'étage supérieur. Je suppose que cela ne surprenait personne, dans le fond ; je ne vois pas qui aurait pu vouloir me trouver, de toute façon. Mais, de temps à autre, poussé par la curiosité, je me cachais derrières les murs pour écouter, surtout quand maman s'absentait brièvement. C'était, la plupart du temps, le moment où ils se mettaient à dire des choses vraiment intéressantes : je ne devais pas avoir plus de cinq ou six ans, quand j'ai commencé à le comprendre.

    « Avec ce petit, en plus... Ce n'est pas peine de lui avoir dit de laisser tomber, tout de même.
    - Oui, à la première épidémie, il... 
    - Et ce qu'il coûte à la communauté, en plus... Sais-tu combien de temps le moine Thomas passe par semaine, à lui préparer ses remèdes... ?
    - Et ses crises... Tu te rappelles, du caprice qu'il a fait au marché, la dernière fois ? Pour un rien, en plus...
    - Vraiment... Elle aurait dû se rendre compte, quand elle est tombée enceinte, que...
    - Que veux-tu que je te dise, Augustine... Une irresponsable. Elle est bien gentille, mais au bout d'un moment... Tu sais qu'elle lui envoie encore des lettres... ?
    - Mais je te le dis, la pauvre croit encore qu'il va revenir...»

    De temps à autre, mon pied glissait. De temps à autre, quand ma poitrine se comprimait un peu trop fort, je faisais un bruit de trop, et les voix se taisaient. Leurs regards se portaient vers moi ; leurs bouches se fermaient et je crois que, durant une seconde, une lueur de crainte passait dans le creux de leurs yeux. Pas de moi, bien sûr. Je n'étais rien qu'un gamin maigrelet, presque muet, inutile, et globalement vu comme une machine à faire des crises dès lors que je me retrouvais dans une foule. Je ne pouvais pas le remarquer, à l'époque, mais je pense qu'il s'agissait de peur pour eux-mêmes, et pour leur réputation.
    Les sourires étaient souvent les mêmes. Crispés. Fixes. Effrayants. Mes muscles se bloquaient et je les regardais là, à me fixer, à s'avancer avec ces sourires sucrés, pleins de miel. Quelque chose en moi devait déjà le détester ; le duvet de me bras se hérissait tout naturellement alors qu'ils me considéraient, leurs yeux me fixant de haut, avec un sentiment que je ne reconnaissais pas encore.

    « Oh, Natsume. Que tu as grandi, mon petit ! Tu permets que je t'embrasse ? »

    La main de la vieille femme se rapprochait de ma tête, probablement pour esquisser une caresse, ou quelque chose du genre. Je ne m'en souviens plus trop.
    Je me souviens davantage de mes crocs plantés dans sa paume. Du fait que, pour une fois, ma sœur semblait m'avoir en affection, pendant les semaines qui suivirent. Et, par dessus tout, de ce besoin absolu de méfiance, inscrit au fer rouge dans ma tête.

    --

    Très vite, je me suis montré incroyablement curieux. Quelque chose qui n'était probablement pas étranger au fait que mes sorties étaient rares et que je profitais de ces moindres instants pour emmagasiner le plus grand nombre possible d'informations, mais tout de même. Lorsque ma mère se permettait de m'emmener au marché ou que ma sœur, exaspérée, finissait par céder et me guider dehors lors de sorties plus ou moins autorisées, mes yeux se posaient automatiquement sur la multitude de choses que je pouvais y voir. Les questions fusaient ; sur les couleurs, les formes, les causes, les conséquences, les étrangetés que j'arrivais à distinguer. C'était par ailleurs l'un des rares moments où je devenais bavard, ouvrant de grands yeux vers tout ce qui saisissait mon attention. En soi, d'ailleurs, il était déjà arrivé plus d'une fois que, distrait par un papillon où un chat, je ne m'égare dans la ville.
    Mon attention ne semblait jamais satisfaite. Je lisais les panneaux, les recettes, par-dessus les livres qui pouvaient passer, de temps à autre, devant mes yeux. Tout ce qui tombait devant mes yeux était dévoré avec l'appétit d'un ogre. Petit à petit, j'égalais le niveau scolaire de mes camarades et rétrécissait le retard que j'avais emmagasiné par rapport à eux, qui travaillaient plus régulièrement et sous l'égide d'un moine.  
    Le Moine Thomas m'avait pris en affection ; je ne sais pas vraiment pourquoi, pour être honnête. Lorsque j'étais enfant, il n'était que ce gentil monsieur qui venait m'apporter mes médicaments chaque semaine, ceux qui permettaient de dégager ma poitrine de cette cage de bronze qui semblait l'enserrer. Je savais qu'il était chargé de faire la classe à une partie des enfants de mon quartier, mais il ne pouvait laisser que des consignes à ma mère ; il aurait après tout été mal vu que je bénéficie d'un quelconque traitement de faveur. Lors de ses passages, il lui arrivait souvent de discuter avec maman autour d'une tisane, surtout parce qu'elle ne pouvait pas s'empêcher de le remercier abondamment à chaque fois. Le pauvre homme, tout gêné, finissait alors souvent par accepter la troisième part de tarte, même s'il devenait évident à quiconque ne s'appelait pas Miyu que son estomac risquait d'exploser.

    Dans ces moments, je ne me gênais pas pour laisser mes yeux curieux se poser sur les épais livres qu'il gardait toujours dans sa sacoche et qu'il me laissait feuilleter pendant qu'il était occupé à discuter. Sans doute se disait-il que ce serait déjà ça de pris pour mon éducation, même si je n'y comprenais pas grand chose. Et en effet, ces vieux écrits de théologie et de magie blanche étaient bien trop complexes pour un enfant de mon âge. Au début.
    De plus en plus, à force de chigner le sens des phrases dans les vieilles encyclopédies que maman avait hérité de sa mère, je commençais à saisir, même difficilement, ce qui passait devant mon regard. Peu inquiété par la difficulté de la tâche, je trouvais même plaisir à relever le défi un peu plus à chaque fois. Je n'avais que ça à faire, il est vrai, mais j'aurais pu trouver autre chose : et ma sœur, pour tout dire, ne saisissait vraiment pas ce que je pouvais trouver de passionnant à lire de vieux dictionnaires. Elle ne manquait pas de se moquer un peu, d'ailleurs, quand j'employais des mots d'un registre bien trop soutenu pour un enfant, sans doute aussi un peu, mais je ne l'ai réalisé que bien plus tard, car elle complexait de plus en plus. Il ne s'agissait toutefois pas simplement de lire ; mais d'imaginer. De me demander à quoi ressemblait le sommet des montagnes, comment serait l'odeur des pins une fois la pluie passée, quelle serait la couleur des plantes que je ne pouvais que rêver de voir un jour... J'essayais de combler les vides comme je le pouvais.

    Lorsque je ne comprenais pas, je tentais alors de résumer le plu simplement possible, avec mes propres mots. Le résultat était souvent brouillon, car mon écriture était bien sale, mais cela avait le mérite de me permettre de lire par moi-même ensuite. J'accumulais tant de petits papiers que, petit à petit, je ne faisais plus attention à où je les mettais. Dans ma chambre, dans la pièce à vivre...  Je crois me souvenir que le moine Thomas était tombé sur un de mes graffitis, un jour. J'étais occupé à dessiner quelques calculs sur mon ardoise, le regard vague, pendant qu'il décodait avec curiosité ce que j'avais laissé traîner là.

    « Natsume... C'est toi, qui a écrit ça... ? »

    Sur le moment, je n'avais pas vraiment réagi. Je n'étais pas habitué à l'attention, autre que celle de ma mère et celle, plus rare, de ma sœur, alors je tendais à toujours mettre un temps pour comprendre que l'on me parlait. Il pouvait arriver que je n'entende simplement pas, trop plongé dans mes pensées, ou qu'une forme de trouble du processus auditif me retarde, mais la plupart du temps, il s'agissait surtout d'une histoire de temps. Sans relever le menton, je m'étais contenté de hocher de la tête.

    « … C'est pas beau, Nagisa l'a dit. »

    Et je n'allais pas le nier, d'aussi mauvaise foi que je puisse être. Je crois que je n'avais pas plus de huit ans. J'avais déjà intégré, à mes yeux, le fait que j'étais rarement capable de grand chose. On me l'avait dit assez souvent pour que je le comprenne : il valait mieux que je reste à ma place et que j'écoute, en silence, car les autres étaient déjà bien assez gentils de m'accorder du temps. Pour autant, le moine Thomas n'alla pas dans le sens de mes propos. Son expression de surprise laissa place à une mine pensive, comme s'il y réfléchissait à quelque chose en observant mes figurations.

    « Non, non, juste... Juste... »

    Il prit une pause. Il n'y avait rien d'exceptionnel dans ses gribouillis ; je ne réinventais pas le monde et je ne présentais pas non plus un génie spectaculaire. J'aurais du mal à dire ce qui pouvait bien lui passer par la tête, dans les faits. Peut-être qu'il avait pitié, peut-être qu'il se disait que ce serait dommage de me laisser comme ça.... Je n'en sais trop rien. Je n'ai jamais vraiment compris. Toujours est-il que ce soir-là, je le sentis bizarrement plus impliqué. Je me souviens de la mine douce sur son visage alors qu'il relevait son regard vers moi, des lueurs de gentillesse dans le regard.

    « … Dis-moi, ça te ferait plaisir, que je te rapporte d'autres livres... ? »

    J'avais pris une pause. Ma craie s'était arrêtée, exceptionnellement, dans ses gribouillages. Je l'examinais avec attention, avec un regard peut-être un peu trop perçant pour un enfant, comme si j'avais besoin de m'assurer au préalable du fait qu'il ne s'agissait pas d'une plaisanterie. Hésitant, et peut être un peu craintif, comme si je redoutais de répondre, j'avais finalement fini par répondre d'un simple hochement de tête.

    Il tint parole. Bien plus que je ne l'aurais cru, d'ailleurs ; la première fois qu'il déposa sa sacoche sur la table de la salle à manger, je crus être en train de rêver. De vieux bouquins épais, visiblement usés mais conservés avec attention, m'attendaient à chacune de ses visites hebdomadaires. Ils étaient si riches que les premières semaines, je n'ai pas eu le temps de faire grand chose d'autre. Pour la première fois, je ne cherchais plus d'excuses pour sortir : j'étais parfaitement satisfait de m'asseoir à mon bureau pour lire jusqu'à tard le soir, même éclairé uniquement par la faible lueur des bougies.
    Lorsqu'il m'avait demandé si le travail ne me faisait pas peur, il ne m'avait pas menti. Moi qui passait mes journées dans une relative oisiveté auparavant, j'apprenais petit à petit la discipline nécessaire pour mener à bien les attendus de mon professeur. Rigoureux sans être sévère, il me laissait le champ libre et prenait le temps de corriger mes erreurs, du moment que je ne cherchais jamais à tricher. De temps à autre, l'ego me faisait mentir pour dissimuler mes lacunes, mais il avait vite fait de les repérer et de me corriger, tant et si bien que devant la honte que je ressentais à m'être montré si présomptueux, j'évitais de recommencer devant lui. Quand bien même je l'aurais nié, peut-être cherchais-je aussi son attention, à cette figure de calme et de sagesse, dans ma vie.

    Ma mère, quant à elle, s'inquiétait peu de mes abus en la matière. Je pense qu'elle était déjà satisfaite de me voir si énergique et que, bien que je n'aime pas y penser, elle ne s'y intéressait pas énormément. Plongé dans mes ouvrages et dans mes travaux scolaires que je m'efforçais de perfectionner, je faisais moins attention à son état, à ses lenteurs, à son regard de plus en plus distant, à sa fatigue évidente. Même ma sœur, que l'entrée dans l'adolescence avait rendue plus virulente à mon propos, semblait me regarder un peu plus. Je ne compris pas tout de suite le mépris grandissant qu'elle me réservait, mais avec l'âge, il m'est devenu évident qu'elle jalousait le fait que quelqu'un me soutienne, même un peu, alors qu'elle avait toujours dû se débrouiller seule et s'occuper de moi. Je savais bien que les journées n'étaient pas toujours roses pour elle à l'école, que ses professeurs semblaient promettre à un métier purement manuel de par ses résultats, mais... Probablement étais-je trop jeune et immature pour m'en rendre compte, alors je me contentais de répondre à ses mesquineries, voire à sa méchanceté parfois, par d'autant plus de violence. Pendant qu'elle cachait (ou détruisait mes affaires), je répliquais avec d'autant plus de méchanceté en enterrant ses jouets dans le jardin, en déposant quelques insectes grouillants sur son oreiller au matin... Tout un tas de farces qui, de temps à autre, allaient trop loin. Devant tout ça, notre mère ne réagit que très peu ; il fallut que le moine Thomas ne me rappelle à l'ordre une seule fois pour que je finisse par serrer les dents et que je me calme enfin à son égard. Elle, de son côté, s'éloigna juste de moi.
    Je crois, quelque part, que ce ne fut jamais vraiment réparé. Lentement, nos chemins se séparaient ; mais nous n'avions jamais désiré les lier auparavant. Il ne s'agissait pourtant que des premières fractures.

    --

    J'ai toujours sincèrement haï ma famille paternelle.
    Ou du moins, c'est ce que j'aimerais dire. C'est ce que j'aimerais me vanter de dire, mais dans les faits, ça n'en a pas toujours été ainsi. Pendant longtemps, face à leur mépris et leurs regards de condescendance, j'essayais malgré tout de paraître au mieux. De relever la tête, de ne pas pleurer lorsqu'on me jugeait presque avec dégoût, d'essayer de corriger tout ce qui, dans mon esprit, aurait pu être la cause du traitement rude de la fois précédente. Les visites de mon géniteur et de ma grand-mère paternelle suscitaient ainsi toujours chez moi une tension naturelle, détestant leurs regards lourds de sens et leur déception palpable. Ma constitution avait beau se faire moins fragile, je crois qu'ils n'ont jamais vraiment digéré le « temps perdu ». Je n'étais pas ce qu'ils attendaient, mais cela ne les empêchait pas de garder un œil sur moi, ne serait-ce que pour ne pas « trop » perdre la face. Je contrôlais encore à peine ma transformation ; tant et si bien que beaucoup supputaient que je n'en n'aurais jamais vraiment été capable un jour.

    Leur venue, toutefois, ne me faisait jamais du bien. Je devenais souvent d'une humeur exécrable la veille, tendue comme une règle de bois la journée et épuisé une fois la nuit venue. Mais puisque ma mère voulait que je sois présent, j'ignorais mes propres émotions comme je le pouvais, ravalant les frissons de malaise qui remontaient mon échine à chacun de leurs commentaires. Rien n'était assez bien, de toute façon. Je ne l'ai pas compris avant longtemps ; alors j'imputais chacun de mes échecs à ma propre incompétence. Ce n'était pas une idée si insensée que ça, pour moi, que je sois seul responsable. J'alternais entre m'en convaincre ou le nier. Je me disais, comme un enfant de mon âge n'aurait jamais dû le faire, que je le faisais pour maman. Elle qui semblait si tenir à ce que je « ne me coupe pas de ma famille » paraissait tellement inquiète que je n'avais pas le cœur à la décevoir. Je me disais, somme toute très naïvement, qu'un jour, je ferais sans doute mieux qu'avant, et que la situation s'améliorerait.
    Puis je croisais le regard de haine que mon géniteur posait sur moi, et cette pensée mourrait immédiatement.
    Et j'entendais maman pleurer, le soir. Je l'entendais jusqu'à ce qu'elle s'endorme, jusqu'à ce que la fatigue ne finisse par l'emporter vers le sommeil. Alors, au bout d'un moment, la déception que je ressentais laissa place à une colère sourde, logée dans le fond de ma poitrine. Mais, ne voulant pas causer d'ennuis, je restais silencieux.

    --

    L'entrée dans l'adolescence ne fut pas exactement simple. Vers l'âge de mes douze ans, on estima que j'étais enfin capable de rejoindre les bancs de l'école. J'avais pris assez de force pour pouvoir sortir davantage, et le moine Thomas avait su convaincre ses collègues que « ce serait tout de même du gâchis ».
    La transition fut... Difficile, pour tout dire. J'étais tellement habitué à mon confort d'organisation et à ma propre discipline que me plier soudainement à tout un ensemble de principes auxquels je n'étais pas du tout habitué fut plus qu'ardu. Il n'était pas rare, d'ailleurs, que mon regard divague durant la leçon sur tout autre chose ; je fus plus d'une fois rappelé à l'ordre, mais rien à faire. C'était plus fort que moi. Puisque le simple fait de me priver de moments de déconnexion semblait faire chuter mes notes, mes instructeurs finirent par lâcher l'affaire : après tout, mes résultats étaient suffisamment bons pour qu'ils ne perdent pas de temps en râlant à chaque instant. De toute façon, j'avais plus ou moins la protection de leur supérieur, alors en bon fayot, je ne me gênais pas trop pour en profiter.

    Mes relations avec mes camarades se passèrent, sans aucune surprise, mal. Après avoir passé mon enfance enfermée et n'avoir commencé à côtoyer mes semblables qu'à un âge avancé, j'eus, en plus de la réputation de faiblard, celle du premier de la classe insupportable et orgueilleux. Car face aux railleries, je n'avais bien que cette parade. Progressivement, je me renfermais en me disant que s'ils semblaient m'avoir à ce point en horreur, c'était assurément parce que j'étais bien plus intelligent et qu'ils étaient tout simplement jaloux : une façon de penser simpliste, mais qui m'aidait à peu près à supporter la chose sur le moment. Petit à petit, et puisque je ne pouvais pas rivaliser physiquement, j'apprenais à user d'un sarcasme et d'une médisance de plus en plus forte : j'avais remarqué qu'une fois humilié devant tous leurs camarades, même les brutes les plus idiotes finissaient par apprendre à me ficher la paix. Oh, certains tentaient bien le coup, mais je me faisais de plus en plus mesquin, cherchant les zones d'insécurité pour les utiliser. Comme excuse, je répondais qu'ils le cherchaient ; mais petit à petit, mon comportement m'aliénait de plus en plus des autres. Je n'avais pas la sensation de pouvoir les comprendre, de toute façon : j'avais perpétuellement cette impression de décalage, comme s'ils parlaient un langage que je ne saisissais pas et que je ne pourrais jamais vraiment maîtriser.
    Alors tant pis, me disais-je alors que je rejetais de plus en plus machinalement et sèchement les personnes qui tentaient de venir vers moi, et que je comblais la solitude par de longues soirées passées avec mes livres. Il s'agissait bien des seuls qui ne me jetaient pas de sales regards, après tout, avec les plantes de mon jardin dont je prenais un grand soin. Dans mes cours, j'étais capable d'atteindre toutes les espérances, voir de les dépasser : un élément auquel je me raccrochais presque maladivement, piquant de véritables crises dans mon coin quand il m'arrivait de faire des erreurs, parfois de simple inattention.

    « Natsume... Tu ne penses pas que c'est un peu exagéré... ?
    - Mais j'aurais pu avoir une note parfaite ! J'aurais pu le dépasser, et...
    - ... Et est-ce vraiment ça, l'objectif ? »

    Sur le moment, je m'étais tu. Du haut de mes quatorze ans, mon ego avait été si piqué que je m'étais mis à détourner la tête, gêné. Encore assis, les genoux sur le banc, dans le jardin de ma maison, j'ignorais volontairement le regard lourd de sens de mon cousin.
    Daichi, Shimomura de son nom, était peut-être la seule personne, hormis le Moine Thomas et ma mère, à qui j'accordais plus ou moins mon confiance. Notre lien de parenté n'avait pour ainsi dire aucun rapport avec ça : j'étais même davantage méfiant de lui qu'autre chose, quand nous nous sommes connus. Ce grand dragon de sept ans mon aîné aurait tout aussi bien pu être aussi malsain que le reste de ma famille paternelle, mais j'avais vite compris qu'il y avait bien une justification à son éloignement de cette dernière. Je mentirais si je disais que je n'avais pas également ressenti une forte admiration pour lui, trouvant dans son détachement et dans son apparente aisance à se débarrasser de ces casse-pieds un exemple à suivre. Bien vite, je l'eus pris en modèle. Alors, automatiquement, ses paroles me touchaient bien davantage que celles de ma sœur, par exemple. Sur le moment, je n'avais pas répondu, choisissant plutôt d'ignorer la conversation avec une ardeur presque admirable.
    Lentement mais sûrement, toutefois, ses paroles faisaient leur chemin en moi.

    --

    Je savais que j'avais toujours eu un peu de retard, mais celui de ma marque me préoccupait plus que nécessaire. Et dans le fond, ce n'était pas le seul problème.
    En dépit du malaise général de mon adolescence, j'étais bien content de pouvoir me concentrer sur mes études, mais l'âge que je prenais signifiait que je devrais bientôt faire un choix pour me spécialiser. Je ne pouvais pas vraiment passer ma vie dans les livres sans faire quoi que ce soit d'autre : j'avais bien compris que ce serait apparemment une forme d'égoïsme trop poussée. Pour autant, rien ne tirait vraiment mon attention. J'avais beau avoir commencé un lent apprentissage de la magie sous l'égide du moine Thomas, je me trouvais bien vite incertain lorsque venait le moment d'envisager d'en faire tout mon futur. J'appréciais le fait de pouvoir la manipuler et de m'en servir, mais l'idée de me contenter de me perfectionner ne me contentait plus. Bien malgré moi, les propos de Daichi me remontaient en tête : et si un jour, par un miracle inopiné, je devenais capable d'être le meilleur, qu'est-ce qui m'attendrait, après... ? Le vide de cette réponse me mettait mal à l'aise.

    « … Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée. »

    Là où d'autres voyaient déjà leur tâche de naissance dorsale se former et s'approcher d'une signification quelconque, la mienne semblait désespérément vide de sens. Une vague ondulation sans symbole visible, me tirant à chaque fois un soupir désabusé ; j'étais tout de même plus mature que tous ces triples crétins qui ne trouvaient rien de mieux que s'intéresser à des choses aussi stupides que les soirées à la taverne ou papillonner des yeux comme des imbéciles amourachés, tout de même ! Je ne remarquais même pas la méchanceté gratuite dont je faisais preuve, ainsi que cette puérile forme de condescendance et d'arrogance dans laquelle je me confortais pour éviter de me poser trop de questions. J'étais trop sûr de moi, et trop arrogant, dans un bête mécanisme de défense né de trop d'années passées à ce qu'on me regarde de haut, pour me rendre compte que mes complexes grandissants allaient probablement me faire avoir des ennuis, un jour.

    « Tu doutes de moi ? »

    Le coup d’œil que je jetais à Daichi en terminant de vérifier mes affaires était plus un avertissement qu'autre chose, comme pour lui signifier qu'il n'avait pas intérêt à donner ceci comme réponse.

    « Je dis juste que je comprends que tu aies envie de claquer le bec d'Adeline, mais tout de même, c'est... »

    Mon cousin avait fait de son mieux, le pauvre. Je le voyais chercher ses mots, hésiter, une légère grimace au coin des lèvres. Mais pourtant, ce manque d'assurance ne faisait que me rasséréner dans ma propre certitude que j'avais pris une décision courageuse (et donc par conséquent forcément plus intelligente que toutes les autres). Il devait marcher sur une corde raide. Je n'en avait même pas parlé à maman, bien conscient qu'elle s'inquiétait pour rien, comme le faisait actuellement Daichi.

    « Enfin, l'Adultat est une vieille tradition, ce n'est pas pour rien si l'on a arrêté d'envoyer des adolescents dans la forêt, tout de même... 
    - C'est simplement que les autres étaient bien trop nuls. »

    Et sur le moment, j'avais clos le sujet. Daichi lui-même devait se douter qu'il n'obtiendrait rien de moi dans cet état, de toute façon ; je ne saurais pas dire s'il n'aurait pas été plus dangereux qu'il tente quelque chose. Sur le moment, je n'étais obsédé que par une chose : prouver aux autres qu'ils avaient tort.

    --

    Sans la moindre surprise, ce fut un désastre.
    On avait pourtant tenté de me prévenir ; le moine Thomas, plus qu'inquiet, avait même manqué de me l'interdire, mais ses congénères lui avaient tant mis la pression qu'il avait finalement concédé à se taire. Le faire lui permettait au moins de me dire où je devrais aller ; la forêt du Cerf Blanc était un choix peu original, mais qui avait le mérite de ne pas trop m'handicaper. Puisque je commençais enfin à maîtriser ma seconde forme, je me disais, très naïvement, que je n'aurais pas de problèmes à manger.

    Je dus vite renoncer à cette idée quand, me retrouvant la gueule devant un pauvre lapin terrorisé, je n'arrivais tout simplement pas à le tuer. La première nuit, car elle fut courte, avait eu la bêtise de me faire penser que ce serait simple. Très vite, dès lors que vient le froid et dès lors que la faim commençait à me tarauder le ventre, je commençais à re-calculer de nouveau mes manières d'agir. Bien sûr, je n'aurais jamais avoué que je m'étais probablement mis dans une mouise noire, certainement pas maintenant. Il me fallait encore un peu de temps pour que mon ego relâche sa pression sur mon cerveau. Cela aurait voulu dire, dans ma tête, concéder face à ce qu'on m'avait toujours dit : l'idée m'était plus insupportable encore que le grognement fréquent de mon ventre. J'étais prêt, emmuré dans ma bêtise, à aller au bout de mon idée.

    Et j'aurais probablement été dévoré par un ours visiblement agressif si une silhouette draconique n'avait pas d'un seul coup surgi des buissons pour le prendre à la gueule et, grâce à une puissante magie de feu, le faire détaler au plus vite.
    Sur le moment, je n'arrivais pas vraiment à réagir. Le cœur battant, les yeux écarquillés et le corps encore glacé sous le coup de l'effroi, je sentais encore mon sang taper dans mes oreilles quand le reptile d'argent se tourna vers moi. Son regard avait beau perdre de sa virulence pour laisser passer une inquiétude et une tendresse plus rassurante, j'étais encore paralysé par la peur. Mes grands discours, devant la réalité, n'avaient pas servi à grand chose. Je réalisais, un peu tardivement, que peut-être, juste peut-être, j'avais encore beaucoup à apprendre.

    Sonné, j'avais laissé Daichi nous manœuvrer jusqu'au dessous d'un arbre, encore plus que patraque. Mon silence devait le mettre mal à l'aise, mais je le sentais hésitant, comme dansant autour du sujet. Finalement, ce fut une grimace qui étira son visage alors qu'il tentait de se montrer le plus méticuleux possible.

    « … Je suis désolé. Je sais que tu voulais te débrouiller seul, mais, je... »

    Il aurait pu dire beaucoup de choses. Comme d'habitude, toutefois, mon cousin restait le même, cherchant à pondérer ses mots de crainte de dire n'importe quoi. Un peu comme moi, le plus vieux avait toujours eu beaucoup de mal à dire les choses sans tomber dans une honnêteté brusque et parfois blessante, alors je pouvais reconnaître à son ton qu'il faisait de son mieux. Inutile, toutefois. Mon ego était déjà brisé en morceaux, de toute façon.

    « … J'ai fait n'importe quoi. »

    Sur le moment, je ne trouvais que l'envie de glousser, même si c'était jaune. Daichi esquissa un sourire maladroit, plus que gêné.

    « L'on peut dire ça, oui.
    - Oh, je t'en prie, ne prends pas des gants de soie avec moi. »

    Dans un soupir, je laissais ma tête s'écraser dans ma paume. Vraiment, je n'étais pas fier de moi.

    « Tu veux en parler... ?
    - Non. »

    Ou du moins, ce fut ma réponse immédiate, instinctive. L'humiliation était trop fraîche, encore. Même là, elle me nouait encore la gorge, de telle sorte qu'il fallut plusieurs secondes pour que je finisse enfin par reprendre la parole, hochant de la tête de droite à gauche comme si j'avais encore du mal à saisir mes propres actions.

    « C'est ridicule. Je ne sais pas pourquoi j'ai...
    - ... Probablement que le fait que je sois ici est aussi un peu une raison. »

    Il marquait un point, même si je n'aimais plus vraiment me dire que je n'avais pas tort, bizarrement. Cela m'agaçait, aussi. La sensation était étrange, mais pas nouvelle : je l'avais déjà ressentie quand il m'avait mis en garde. Elle m'avait même motivé davantage, puérilement. Me disant que je n'étais plus à ça près, je finis par le marmonner, la tête positionnée sur mes genoux.

    « Tu m'énerves, tu sais. »

    Daichi ne comprit pas tout de suite, croyant au départ à une vague plaisanterie amicale comme j'en faisais beaucoup ; au lieu de ça, toutefois, il eut vite fait de voir que mon expression était sérieuse. Je ne mentais pas, mais aucune vraie animosité ne passait se dessiner sur mon visage.

    « Tu... Tu fais toujours tout bien, et en plus de ça, tu aides toujours ceux qui ont besoin.
    - Natsume, je ne...- »

    Je sentais qu'il voulait m'interrompre, me dire que j'avais tort, mais... Mais sur le coup, je n'avais pas envie de l'entendre. Je voulais juste lui dire ce qui me passait par la tête depuis un certain moment maintenant. Lentement, les rouages tournaient dans ma tête. J'eus comme l'impression de sentir un poids dans mon ventre, mais qui était là depuis si longtemps que j'en avais oublié sa présence. Et là, enfin, je pouvais lui donner un nom.

    « … J'aimerais bien savoir t'aider comme tu m'aides, moi. »

    Sur le moment, j'avais marmonné. Je n'avais pas réfléchi d'avantage à ce que je disais.
    Il me fallut deux jours pour remarquer, après mon retour, que la vague informe dans mon dos avait enfin pris la forme d'un serpent, enroulé autour d'une branche fleurie. J'eus vite fait de prétexter qu'elle avait toujours été là, l'histoire me gênant plus que de raison.

    --

    Le retour ne fut pas simple. Mais j'avais fini par comprendre, toutefois, qu'il n'existait pas de solution facile à des problèmes compliqués et que, si je voulais gagner un quelconque respect de la part des autres, il allait peut-être falloir que je commencer par assumer mes idioties.
    Alors, platement, le lendemain, je m'étais excusé publiquement aux moines que j'avais embarqué dans mon excès d'arrogance : si certains semblaient plus dubitatifs qu'autre chose, voire vexés que je n'ai pas été jusqu'au bout, je crois que je pu distinguer une étincelle de fierté dans le regard du moine Thomas. J'étais passé au delà des moqueries : et je me rendis vite compte que lorsque je ne cherchais pas à me dérober de mes erreurs, même les crétins ne voyaient plus d'intérêt à me provoquer, puisque je n'y réagissais pas. L'accident, dans les faits, fut vite oublié. Je n'étais après tout pas le premier adolescent complexé à faire une idiotie : quand bien même l'on jasa encore sur le fait que j'étais décidément un aimant à problèmes et « qu'il était temps que je grandisse un peu ». Ou du moins, c'est ainsi que ma sœur me parla, après m'avoir collé la gifle de ma vie. Que, pour une fois, j'avais peut-être, juste un peu, mérité. Les Shimomuras ne cachaient plus leur honte pour ma personne, mais cela eut pour effet, étrangement, de me soulager d'un poids. Après ça, ils m'ignoraient avec tant d'énergie que, pour une fois, j'avais l'esprit libre.

    J'eus besoin de prendre un temps, ne serait-ce que pour réfléchir dans mon coin. Prendre des décisions à la-va-vite ne m'allait visiblement pas, alors j'essayais de mûrir le projet qui se dessinait de plus en plus dans ma tête.
    Il s'écoula à peu près un mois avant que je ne finisse par me présenter aux portes du monastère pour débuter mon Initiation. Surpris au départ de me voir, le moine Thomas ne laissa pour autant rien transparaître ; je fus accueilli comme tout autre, et traité avec pas plus de privilèges que mes compagnons. J'avais de toute façon pris ma décision.

    La vie de novice m'apprit l'humilité, moi qui en manquait. Elle m'apprit également à ne pas nécessairement chercher la reconnaissance directe dans toutes mes actions. Si elle fut rude par moments, je ne me suis pas souvent plaint. J'étais plus qu'heureux de pouvoir faire quelque chose et d'avoir la sensation d'être véritablement utile pour venir geindre sur quoi que ce soit, hormis peut-être sur les manières excessives de nos plus réactionnaires. Mais là encore, je leur étais tellement reconnaissant que je ne me permettais pas de le penser trop longtemps.
    J'étais de toute façon dans mon élément, à étudier la magie, la philosophie de la magie et la théologie. Je crois qu'après ce temps d'adaptation, je commençais enfin à me sentir mieux. Très lentement, je m'ouvrais un peu plus, sans pour autant non plus me mettre me révéler : je faisais simplement un pas dans le direction inverse de ces dix-sept dernières années. Un pas lent, mais le premier de beaucoup.

    Les années passèrent à une vitesse folle. Une, puis deux, puis trois, puis quatre. Le quartier de mon enfance avait changé, les gens aussi. Ma sœur avait trouvé son bonheur en rentrant dans la patrouille de garde de la ville, ma mère pouvait commencer à souffler, sans avoir à nous supporter du bout de ses bras... Et moi, je me sentais mieux.
    Lorsqu'arriva l'Interrogation, je pu y aller la tête légère. Même durant le bain rituel et une nuit entière de jeûne, j'avais toujours l'esprit clair : et lorsque l'on me demanda ce qui me motivait vraiment à entrer dans le clergé, je n'eus pas beaucoup d'hésitation. Je voulais simplement offrir à d'autres la chance que l'on m'avait donné, que ce soit en m'éduquant ou en passant au delà de mes erreurs idiotes pour m'aider à progresser.
    Visiblement, cela suffit, car je n'eus pas à repasser. J'avais vingt et un an, et j'étais Moine ; moi, le gamin qui aurait dû mourir il y a plus de dix ans, celui à qui l'on ne prédisait au mieux qu'un avenir de fauteur de troubles prétentieux et égocentrique.

    --

    Mon premier acte en tant que membre du clergé fut d'officier la cérémonie d'enterrement du moine Thomas.
    Il devait l'avoir senti venir, puisqu'il avait pris la peine de demander à ce que je puisse, exceptionnellement, m'en charger. Normalement, un jeune moine comme moi n'aurait pas dû se voir confier la tâche de se charger de l'enterrement d'un Supérieur, mais il semblait que le vieil homme ait tant insisté que peu osèrent vraiment s'y opposer, de crainte que son âme, réincarnée en quoi que ce soit, ne vienne les maudire. Bien que mes mains tremblaient tout le long, je ne me voyais pas de refuser. Aussi sonné que je sois par la peine, toutefois, je voulais au moins lui accorder ce souhait, à ce vieil homme qui m'avait tant offert. Pour une fois, d'ailleurs, je me retrouvais à espérer, alors même que je n'étais pas forcément convaincu par tous nos principes théologiques, que son âme s'en aille rejoindre Yggdrasil et le reste de l'Éos. Pendant quelques jours, je prenais le temps d'effectuer une prière pour la réincarnation de son esprit, m'efforçant de calmer mon deuil à chaque fois que mes yeux se posaient sur la bibliothèque qu'il m'avait légué.

    Il y eut d'autres cérémonies. Le mariage de Daichi, notamment, que j'eus l'honneur d'officier quelques jours plus tard à peine ; la naissance de son premier fils, Keita, puis de sa fille, Ran du deuxième fils, Takumi, de la dernière, Sakuya. Puis, en tant que moine, ce fut comme si je voyais dans les détails l'évolution de la vie de la cité. Les enfants passaient par l'école que nous tenions, nous soignions les malades, écoutions les peines, tentions d'aider ceux qui voulaient vraiment être accompagnés... Une utilité, en somme, que je recherchais désespérément et qui me comblait. Toujours aussi peu expressif, je me mettais malgré tout, bien discrètement, à sourire, juste un peu plus.

    Je crois que je souriais, quand j'observais les papillons venir se recueillir contre les camélias de mon jardin.
    Et puis, soudainement, mes yeux se fermèrent.
    Je crois que je me suis endormi à ce moment-là, la tête lovée dans les fleurs, l'esprit tranquille.

    --

    /!\ : C'est un tout petit peu dur, on parle de légère violence et généralement, de traumatisme.

    Le première chose que j'entendis furent des cris. Ceux, glaçants, de ma mère. D'un dragon en train de hurler à la mort.
    Mon corps était encore engourdi. Sonné, lourd. Pesant. Bouger mes membres me parut comme un miracle, mais le son de sa voix me tira de la transe dans laquelle je semblais bloqué. Déboulant dans la pièce à vivre, je me retrouvais bientôt à quelques mètres de maman, coincée devant les lances d'hommes et de femmes en armure. L'une d'entre elles s'étaient d'ailleurs figée dans sa patte ; l'autre traversait son flanc. Je devinais sans mal qu'elle avait dû se débattre et que, apeurés par sa transformation, plus impressionnante que la mienne par ailleurs, ils avaient cru bon d'attaquer avant d'être attaqués. Je ne savais pas qui étaient ces personnes, mais je m'en fichais.
    Seul l'effroi me retournait le ventre. L'horreur et la nausée, violente, secouant mes tripes jusqu'à la tête. La sensation glacée ne dura qu'un temps. Bientôt, ce fut une rage brûlante qui prit sa place, venant agiter mes muscles d'une fureur presque animale. Je ne me souviens plus trop de mon action immédiate : je crois que je me suis jeté sur l'un d'entre eux, la gueule déjà transformée, usant de tout mon poids pour l’aplatir et en mordre un à l’omoplate. Les épaulières, face à mes crocs, ne tinrent pas longtemps. Et moi qui était si devenu si pacifiste, si peu combatif avec le temps et la sagesse venant, je lui aurais bien arraché l'épaule si j'en avais eu le temps.

    Je n'avais pas fait attention à mes défenses, attaquant de toute manière davantage par colère et par rage qu'avec une véritable stratégie. Il ne fut pas si surprenant, alors, qu'un mage me prit par surprise avec un sort de feu. Si je l'esquivais de justesse, la brûlure s'étendit toutefois à ma patte avant ; devant la douleur, je me souviens être tombé à genoux, tenant mon poignet comme pour tenter d'étouffer la sensation insupportable de la chair endommagée. Les soldats n'eurent pas besoin de nous intimider davantage : et puisqu'ils me permirent de soigner ma mère tant que je me tenais tranquille, je ne fis aucune tentative pour me débattre. C'était un cauchemar. Tout le long, j'avais l'impression d'halluciner. Même alors que je tentais de mettre fin au saignement, que j'écoutais la voix pleine de peur de ma mère, que je sentais la crainte venir faire monter la nausée dans ma gorge à chaque fois que je reconnaissais les cris de panique de nos voisins. Mes mains tremblaient. J'espérais, d'une seconde à l'autre, que j'allais me réveiller.

    L'on nous parqua ensuite plus ou moins comme des bêtes à recenser. Dans la foule, je pus commencer à chercher des visages familiers, mais tous ceux que je trouvais étaient bien trop sonnés pour répondre à la moindre de mes questions. Aucun d'entre nous ne semblait avoir la moindre idée de ce qui se passait.
    Quand, enfin, je pu distinguer celui de Daichi, il me semblait plus pâle encore que d'habitude. Blanc comme un cadavre, il était si affolé que j'eus du mal à le reconnaître.

    « … S-Sakuya ! Natsume, est-ce que tu as vu Sakuya ?! »

    Sur le moment, je m'étais dit, très naïvement, que la petite fille et sa mère devaient simplement être à un autre endroit de la ville.
    Il nous faudra plus d'un mois avant d'admettre que, comme beaucoup d'autres, nous ne les retrouverions probablement jamais.

    --

    Ma cérémonie de promotion s'est passée dans le silence le plus complet.
    Inhabituel, pour un passage vers le rang de Moine Supérieur, normalement accompagné de festivité.   Avoir été élu à l'age des vingt-sept ans aurait sûrement dû me remplir de fierté, mais je n'avais pas le cœur à ça : et honnêtement, personne ne l'avait.

    Au début, je crois que nous avons tous pensé à une plaisanterie. Après tout, qui ne rirait pas un peu, lorsque l'on lui dit que mille ans se sont écoulés ? Que le monde qu'ils connaissaient n'existe plus depuis longtemps ? Pendant un long moment, je refusais d'y croire. Les premiers jours, j'entrais dans un déni si intense qu'il fallut que ma sœur me rappelle à l'ordre pour que, difficilement, je me rappelle que mon rôle exigeait que je me reprenne. Il fallait que j'accepte l'insupportable : le monde dans lequel je croyais enfin avoir trouvé ma place et mon utilité avait disparu.
    Il ne restait plus rien. Plus rien que cette ville, que je me retrouvais à maudire discrètement, car elle nous avait à mes yeux davantage condamné que protégé. Car elle nous avait livré à des envahisseurs s'arrogeant de nos maisons, de nos constructions, nous reléguant dans un quartier dans lequel nous n'aurions jamais vécu autrement. J'accueillis l'arrivée d'Altissia et de Caldissia avec un mépris intense, palpable, mais que j'essayais de dissimuler sous des tonnes de miel. J'avais, sur le moment, autre chose à faire. Alors je serrais les dents, comme tout le monde ; et de toute façon, qu'aurais-je pu faire d'autre ?

    L'état de ma mère m'occupa pendant les six premiers mois. Revenu vivre chez elle pendant un temps, je dus au départ l'assister autant que je pouvais : les coups qu'elle avait subi, ainsi que le choc traumatique du réveil l'avaient plongé dans un état de semi-catatonie. Devenue silencieuse, celle que j'entendais rire même lorsque la situation se faisait grave se murait dans un mutisme extrêmement sélectif. S'opposant systématiquement au début à toutes nos tentatives de l'approcher, il fallut la moitié d'une année pour qu'elle accepte enfin la présence d'une moniale connue ; en échange d'une partie de ce que je recevais en salaire, cette dernière s'en occupait du mieux qu'elle le pouvait. Son état me troubla longtemps, le creux que je pouvais voir dans son regard me perturbant tant qu'il suivit bon nombre de mes cauchemars.

    Ma sœur, et son tempérament avait rendu ça prévisible, s'était battue comme un monstre enragé lors du Réveil : il lui en avait coûté une lame dans la jambe. Elle eut moins de chance que notre mère. Le coup avait touché un nerf, et il y avait fort à parier qu'elle ne marcherait plus jamais sans une canne. L'âme en peine et ne supportant pas tant sa situation que celle de maman, elle se renferma si soudainement et si brusquement que je ne dus pas la voir plus de trois fois par mois. Nous n'avions jamais été extrêmement proches, mais malgré tout, cette nouvelle coupure fut douloureuse.
    Daichi, toutefois, n'était pas là pour m'écouter. Je n'aurais jamais osé aller le voir, de toute façon : il avait déjà assez à supporter, le pauvre. La disparition de son épouse et de sa dernière fille l'avait suffisamment marqué comme ça. Par ailleurs, pour l'aider, et également car nous avions plus ou moins été parqués ensemble, je me suis installé dans une des pièces de sa maison. Sans doute qu'avec les enfants, il aurait besoin d'aide.

    Alors, durant ces derniers mois, j'ai tenté de gérer seul. De rester avec mes pensées, de faire le point, d'essayer d'apporter quelque chose, même minime, aux éossiens qui en avaient désespérément besoin... Mais plus le temps passait, plus je me rendais compte que j'étais d'une bien maigre consolation, si ce n'est aucune. De ce fait, je ne ressentis aucune forme de pitié, quand l'impératrice d'Altissia et le souverain de Caldissia périrent : l'information passa par une oreille pour sortir par l'autre. Mon attention était davantage portée sur les regards mauvais dorénavant posés sur nous, lourds de suspicion et qui, progressivement, faisaient résonner dans le creux de mon ventre une colère de plus en plus sourde.

    Alors maintenant, dans mon jardin, il pousse un peu de belladone. Je ne la fais pas disparaître. Je la regarde, de temps à autre, distraitement, furtivement. Et je me demande si, un jour, mes mains finiront par s'en saisir.


    Dernière édition par Natsume Shimomura le Ven 22 Mai 2020 - 15:25, édité 4 fois

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    Bravo, tu es validé.e !
    Bon. Tu sais déjà tout ce que je pense de Natsume, à force, je crois, c'est pas caché du tout. J'ai pris plaisir à le (re)découvrir à travers de cette fiche et comme tu sais, j'ai hâte de le voir dans le contexte du forum. Bref, comme les petites clarifications ont été faites, je te valide bien sûr et je m'en vais t'ajouter ta couleur. Pour le reste, tu connais le chemin :huhu:

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