Risque de chutes de lapins chocolatés Avec Gabryel de Venomania |
C'est très la cata.
C’était une journée comme les autres et c’était l’heure d’arroser les fleurs devant la boutique. Il faisait bon et l’air n’était pas trop sec (Raol prévoyait un peu de pluie le lendemain), donc la grenouille avait laissé ouverte la boutique pendant une heure creuse. Melchior venait de partir faire des livraisons et ne reviendrait probablement que dans deux heures ou plus. Si lea Zeteki était de bien bonne humeur et chantonnait à voix basse en arrosant ses géraniums, iel n’avait pu s’empêcher d’entendre quelques bruits sourds quelques rues plus loin. Naïvement, la grenouille se dit que des travaux devaient être en cours aux alentours des canaux, comme cela arrive souvent… ou alors, peut-être que deux cariolles s’étaient percutées et avaient créé un carambolage. Dans tous les cas, loin d’ellui l’idée d’imagine que tout ce pataquès pouvait être dû à une histoire d’invasion de lapins en chocolat devenu hors de contrôle. Faut dire que Raol n’était pas très fête et avait totalement oublié cette histoire de chasse aux chocolats… quoique, peut-être que Mell, ce gourmand, lui en avait parlé tandis qu’iel n’écoutait que d’une oreille distraite. Parlant du loup, lea joallier.e entendit alors un pas pressé familier et la voix hésitante de son collègue en train de dévaler la rue commerçante à toute vitesse.
Bah. Il a déjà fini ses livraisons ?
Raol regarda son collaborateur courir jusqu’a ellui et reprendre son souffle, visiblement paniqué.
« Bah, quoi, il y a un soucis ? »
Demanda lea Zeteki en posant son arrosoir sur un rebord de fenêtre. Devant ellui, le gobelin violet était devenu tout rouge, avait le souffle court et devait se tenir pour ne pas tomber tant il avait couru.
« C-c’est la cata dans l’quartier ! Y’a des lapins partout. »
Haussant les sourcils d’un air peu impressionné, l’amphibien retourna à ses plantes, jugeant que ça ne devait pas être bien important.
« Eh bien, oui, c’est la journée des lapins en chocolat, non… ? C’est toi qui disait hier que... »
« Non, mais, t-t’as pas compris !! Je te dis que-- »
Avant même que Melchior ne puisse finir sa phrase, un autre bruit sourd se fit entendre et la patronne de la boutique en face de la leur sortir en catastrophe de son magasin, chassée de son propre commerce par un banc de lapins en chocolat bougeant en tout sens. Les lapins s'éparpillèrent à toute vitesse dans la rue, complètement paniqués et visiblement décidés à mettre le bazar partout où ils pourraient aller.
Mais, quoi ?!
N’eut à peine le temps de penser Raol avant d’échanger un regard avec son collaborateur, puis vers la porte et les fenêtres de leur magasin encore ouvertes.
« Oh, merde ! Viiiiite ! »
Cria Mell en se précipitant à l’intérieur pour fermer les fenêtre. La grenouille lui emboita le pas au plus vite, mais les deux joalliers furent trop lent, si bien que leur magasin fut envahi à son tour par des chocolats vivants sautant en tout sens. Melchior prit rapidement un balais dans l’arrière boutique pour chasser les fauteurs de trouble à grands cris de « phhst, phhst, ouste, dehors sales bêtes ! ». Au passage, il dû taper une ou deux fois Raol qui était dans l’axe de son balais tandis qu’iel essayait d’expulsés leurs « visiteurs ». Tout en pestant, la grenouille tenta de planquer le plus de gemmes possibles pour que la catastrophe ne prenne pas des tournures encore plus absurdes. Au bout d’une petite douzaine de minutes, les deux commerçant.e.s furent débarassés des lapins, mais la boutique était sans dessus dessous.
« Ah… ils sont partis… Ils… qu’est-ce qu’on a perdu ? »
Fit le gobelin qui tomba les fesses sur le sol après avoir enfin fermé les fenêtres. Raol qu iétait également étalé par terre balaya les étagères renversées tout autour d’elleux puis son teint doré tourna alors au blanc cassé en constatant l’absence de certaines gemmes censées se trouver vers l’entrée.
« OH PUTAIN ! »
Se mit à beugler Raol en écarquillant les yeux et en sautant sur ses pieds pour fouiller dans les cailloux éparpillés sur le sol.
« Dis-moi que tu avais rangé les gemmes de puissance. »
« Qu-quoi ? Euh… »
Melchior aida saon collègue à chercher, se tut un instant, puis percuta le fond du problème.
« …Oh. Oh non. »
Les deux échangèrent un regard médusé puis un nouveau choc se fit entendre au dehors. Les deux bijoutier.e.s sortirent en catastrophe et furent pétrifiés de ce qui apparut alors devant leur yeux, à une dizaine de mètres plus loin.
Oh, par l’Arbre Sacré, c’est exactement ce que je craignais…
Un lapin en chocolat de la taille d’une petite maison était en train chercher un moyen de sortir de la rue étroite, en tenant une gemme que lea Zeteki reconnut sans mal. La gemme de puissance avait visiblement fait grossir la créature enchantée… et si d’autres gemmes leur avaient échappé, alors ce ne serait pas le dernier qui ferait des dégâts. Tout était sans dessus dessous et si personne n’agissait, la situation ne ferait qu’empirer. Aussi, comme Raol n’est pas vraiment du genre à se montrer prudent.e, alors iel n’hésita pas longtemps avant de foncer vers le lapin géant.
« Je vais chercher la gemme, essaie de trouver les autres et de les cacher ou… au pire, casses-les ! »
Bouhouhou. Mes belles gemmes de puissance.
Ce n’est pas comme s’ils avaient vraiment le choix pour le moment. L’anirmorphe arriva en quelques bonds sur la tête du lapin et attrapa la gemme dans la bouche de ce dernier qui protestait déjà en s’agitant encore plus, reversant d’autres étalages au passage.
« Donnes moi ça sale bestiole de mon cu-- !! »
S’iel parvint à attraper la gemme, le lapin sauta sur son moment d’inattention ruer vers l’avant juste avant de rétrécir, et envoya donc l’éossien en l’air, qui lâcha un « aaaahhhhh » strident accompagné d’autres mots ni audibles ni très polis. Sa chute fut (heureusement ou malheureusement, barrez la mention inutile) amortie par une voilure et un étalage de foulards. Le propriétaire s’agaça encore plus car son échoppe avait été jusqu’à ce moment été épargnée. Raol n’y prêta pas grande attention, se contentant de grogner en se remettant sur ses pieds tandis que melchior s’avança jusqu’à lui.
« Euh… tu t’es cassé quelque chose ? »
« Grâce à l’Eos… non. »
Fit la grenouille en regardant les lapins continuer de fouiller partout. Iel garda sa gemme déjà usée dans son kimono cas-où et s’occupa de vérifier si d’autres pierres magiques étaient encore bazardées dans la rue. C’est alors que Melchior, qui n’avait pas toujours pas lâché son balais, eut l’air d’avoir une révélation.
« Ah ! Les soldats ! Il faut leur dire pour les pierres, ils pourront nous aider. »
Raol se retourna dans la direction ou pointait l’index du gobelin puis fut envahi d’un frisson fort désagréable.
Mais pourquoi LUI, ici ?!
Mell était déjà parti vers le Général Ouin Ouin au pas de course pour lui demander de l’aide. Lea Zeteki le retint par le bras et tenta de le convaincre de ne pas aller demander de l’aide au Venomania qui… bon, bah, voila, c’est pas comme s’iels étaient vraiment parti d’un bon pied, la dernière fois.
« On a pas besoin, d’eux, c’est- »
« Roh, arrêtes ! C’pas l'moment d’faire de l’orgeuil mal placé ! »
Et le voila parti…
la grenouille grimaça en voyant Melchior combler les quelques mètres de distance entre eux et le gradé accompagnés de quelques uns de ses subbordonés.
« Monsieur le militaiiiiiiire ! »
Raol se sentit obligé de suivre Mell en camouflant à moitié son profil d’une main, comme si cela allait éviter à Venomania de lea reconnaître. C’est qu’il n’avait pas très envie que ce fichu Général aille emmerder Melchior, car, bon, euh, quand même, c’est Melchior, quoi. Même si les deux ne sont plus en aussi bon termes désormais, Raol n’a pas envie qui lui arrive quelque chose.
« Euh, alors, euh, c’est un peu embarassant, mais les lapin nous ont dévalisé nos gemmes de puissance et, euh… eh bien... »
Comme pour démontrer le propos du gobelin violet, il y eut un fracas à l’autre bout de la rue et cette fois, ce n’était pas un, mais deux lapins qui avaient quintuplé de taille.
« Aaaaaah ! C’est pas vrai ! »
Encore caché derrière sa main, Raol se pinça l’arrête du nez et lâcha un très long soupir.
« Raol, mais qu’est-ce qu’on va faire ?! C’est la me-meeeeerde ! »
Finalement, la grenouille cessa de se cacher et tenta de calmer le gobelin qui l’avait chopé par le col et commencé à lea secouer comme un prunier.
« Ah, c’est pas le moment de paniquer ! Il faut aller leur prendre les gemmes et les briser, on a pas le choix ! »
A bon entendeur.
Sans jeter un oeil vers la nymphe aux cheveux nacrés dont Raol n’avait absolument pas envie de croiser le regard, lea Zeteki espérait tout de même que les choses seraient rapidement réglées.
En même temps, qui a eu l’idée de cette stupide fête et surtout… qui a pu foirer son sort d’enchantement à ce point ?!