AccueilAccueil  
  • RechercherRechercher  
  • MembresMembres  
  • GroupesGroupes  
  • S'enregistrerS'enregistrer  
  • ConnexionConnexion  
  • eau-de-vie ou eau de chiotte || pv. Raol ♥
    Connexion
    Le dragon protecteur d'Yggdrasil s'est réveillé. Au milieu du mariage de Gaston et Camélia, souverains d'Altissia et Caldissia, la statue figée depuis un millénaire a quitté son socle pour arpenter le ciel de la cité. De son rugissement puissant, il a fait appel à des monstres sauvages pour encercler Yggdrasil, rendant les entrées et sorties en son sein impossibles. Progressivement, les vivres viennent à manquer et les stocks se vident sans pouvoir se remplir...
    Forum Fantasy
    Avatars illustrés
    Pas de minimum de lignes
    Le Deal du moment :
    Pokémon EV06 : où acheter le Bundle Lot ...
    Voir le deal

    more_horiz

    eau-de-vie ou eau de chiotte.
    ft. Gabrol :love:  +

    Le soleil commençait à peine à se coucher lorsque Gabryel entra dans une taverne encore un peu bondée. Accompagné de quelques collègues, il s'était décidé à sortir de la ville-haute même s'il n'en avait honnêtement pas très envie. Il se sentait exténué. Toute la fatigue des mois précédents commençait à l'agripper fermement sans qu'il ne sache comment s'en sortir. Les rares fois où il succombait au sommeil, il dormait mal. Secoué par des mauvais rêves, dérangé par les croassements incessants des corbeaux perchés à sa fenêtre, réveillé par le son des griffes de Bjorn sur le sol... En bref, il était difficile pour lui de se reposer. Lorsque Klaus était là, il pouvait toujours compter sur sa présence pour somnoler plus aisément, mais dorénavant... il était seul. Pour l'instant.

    Lorsqu'on lui a proposé une petite sortie, il n'était tout d'abord pas très enjoué. Son visage creusé par les cernes traduisait clairement le fond de ses pensées. Néanmoins, il a finit par se dire que prendre l'air et changer d'atmosphère pouvait lui faire du bien. Et peut-être, qui sait, rencontrera-t-il quelqu'un sur place ? Il l'espérait secrètement. Peu importe qui. Il voulait simplement une présence appréciable. C'est ainsi qu'il s'est retrouvé à s'asseoir autour d'une table, les tympans agressés par les instruments des musiciens ou les voix fortes de certain.e.s client.e.s. Il n'était pas dans sa meilleure humeur, mais pour ne pas être venu pour rien il se décida à relâcher un peu la pression. Soufflant un bon coup, il entama son premier verre. Le premier de la soirée, mais certainement pas le dernier. Rapidement, son air maussade fut remplacer par un sourire confiant.

    Et plus la soirée avançait, plus ses yeux reflétaient son ivresse. L'alcool pulsait dans ses veines à tel point qu'il en venait à pousser quelques rires pour des raisons que seul lui pourrait expliquer. Ce n'était pas la meilleure idée pour songer à autre chose que ses insomnies ou ses erreurs, mais il était trop tard pour culpabiliser de son idiotie. Il préféra profiter de cette soirée qui lui paraîtra bien loin demain matin. Voilà un moment déjà que le soleil a laissé sa place à la lune. Le ciel était dégagé, les étoiles brillaient, les rayons lunaire éclairaient les avenues et les places. Et alors que la taverne commençait doucement à se vider, Gaby la quitta difficilement lorsque ses collègues rentrèrent chez eux. Se levant maladroitement de son siège, son équilibre étant très hasardeux, il réussit à quitter l'endroit pour se retrouver dans les rues du quartier des loisirs.

    La vue brouillée, le regard injecté de sang, il déambule dans les rues, faisant quelques zigzags ci et là. On l'entend parfois chantonner des airs de son enfance. Certains sont les chants avec lesquels sa mère le berçait étant petit, d'autres sont simplement des mélodies inventées par son esprit alcoolisé. Il titube et se rattrape au mur, se servant de lui comme seul point de repère. Gabryel se retrouve alors à suivre un chemin inconnu. Se retrouvant dans les rues étroites et peu rassurantes du quartier, il jette quelques regards autour de lui et est plus ou moins satisfait de voir que l'endroit semble libre. Un léger sourire idiot sur le visage, il s'avance et trébuche. Tombant de façon ridicule au sol, il rit face à sa bêtise. Il tente tant bien que mal de se traîner jusqu'à une charrette remplie de pailles et s'y installe, fixant le ciel. Sa solitude pèse sur ses épaules, mais il préfère ne pas y songer.

    Il n'attendait rien de spécial, le militaire. Il ne souhaitait pas dormir. Il ne souhaitait pas spécialement que quelqu'un débarque et le voit ainsi. Il voulait juste... laisser le temps s'écouler. Mais le son caractéristique de chaussures sur le sol lui fit rapidement comprendre que quelqu'un était présent. Qui ? Il n'en avait aucun idée. Plus par curiosité qu'autre chose, il se redressa sur sa botte de pailles avec toute la difficulté du monde et sa tête penchant à gauche fit face à une silhouette qu'il reconnaissait malgré l'obscurité. Un rire s'échappa de ses lèvres, mais il garda le silence. Tentant de se lever, il perd l'équilibre et dû se retenir au mur pour ne pas tomber à nouveau. Le dos plié par l'ivresse, il lève néanmoins la tête et fixe de ses yeux améthystes la personne se trouvant à nouveau sur son chemin.

    « Raool ! Quel heureux hasard. ♪ »


    Il ouvrit les bras en grand, mimant un câlin de bienvenu. Si sa remarque en temps normal aurait été sarcastique, elle est en cet instant d'une sincérité pathétique.

    « 'Faut t'ailles dormir p'tite grenouille, il est l'heure de rêver d'moi. »


    A nouveau sa tête pencha, à droite cette fois, et il prit un air curieux avant de venir poser son index sur la joue de l'éossien.ne.

    « T'as l'air *hoquet* fatigué.e. »


    A qui le dis-tu Gabryel...
    kyro. 017 ldd

    more_horiz

    Eau-de-vie ou eau de chiotte


    Avec
    Gabyboitrop



                

    Mais surtout eau de chiotte.

    /!/ TW : ça parle d'alcoolisme et de trucs de dépression pas cools /!/

    Les dernières journées avaient été étrangement plus supportables que d’habitude pour Raol. Probablement que cela était dû au retour des beaux jours et d’un été chaud et humide avec des orages réguliers. Tant que la sécheresse ne pointait pas son nez (et dans une ville aussi végétal qu’Yggdrasil, la chose demeurait rare), les fortes chaleurs seraient des plus agréables à lea Zeteki dont les gênes restaient, finalement, ceux d’un animal originaire des forêts tropicales.

    Tout ça pour dire que, même si Raol ne remontait pas la pente et ne se bougeait toujours pas pour se rendre moins toxique et insupportables aux autres ou pour se la vie plus agréable, ces derniers jours, iel s’était senti.e un peu mieux. Pas heureux.se, mais pas vraiment malheureux.se non plus. Ce qui est inhabituel et plutôt positif après les semaines d’humeur grises passées à trainer sans avoir rien à faire et avec l’impression que son corps pesait aussi lourd que celui d’un éléphant. Probablement que sa déprime ne tarderait pas à revenir, une fois que la grenouille aurait fait le tour des effets positifs de l’été. Pour le moment, iel appréciait simplement de sentir l’odeur des pavés et des arbres encore humides de l’averse du début d’après-midi. Tout cela n’avait pas eu vraiment le temps de refroidir car le soleil était revenu en force. Tout cela avait donné une bonne excuse à Raol pour sortir, aller barbotter sous les gouttes et dans la mare et se faire ensuite sècher  sur un rocher au soleil.

    La réalité l’avait rattrapé lorsque Ziyal lui avait demandé comment s’en allaient ses recherches d’un nouveau travail. Iel lui avait suggéré de se faire engager n’importe ou « mais pas dans une de ces maisons closes, non plus, on est des gens bien comme il faut ne l’oublie pas » (Raol n’allait pas essayer d’expliquer à son parent en quoi iel se foutait de son opinion de vieux con sur la question)… mais Raol n’avait rien fait depuis qu’il avait quitté le magasin de Melchior. Cela va bien qu’iel ne dépensait presque jamais rien pour ellui et avait donc mis une certaine somme de côté au cas où. La grenouille n’avait clairement pas envie de se remettre à travailler et avait donc esquivé la conversation avec son parent en sortant à nouveau pour la soirée et après avoir grignotté quelques fruits.

    Ainsi avaient filé les heures de cette belle journée pour Raol. Maintenant, il commençait à faire nuit et la grenouille cherchait une occupation. Iel avait bien envie de se rendre à la taverne pour, peut-être, rencontrer quelqu’un d’attirant pour passer la nuit, mais c’est en pensant à ça que sa dernière entrevue avec Gabryel lui revint à l’esprit. Lea Zeteki était clairement resté.e sur sa faim, durant le banquet. S’il n’y avait pas eu cette stupide histoire de serum de vérité, de bagarre générale et un certain chien de garde qui l’empêchait d’être seul avec le général, Raol aurait certainement tenté quelque chose. Une approche plus tactile, certainement et s’iel avait eu le conscentement du général qu’iel était plutôt certain.e de ne pas laisser indifférent.e.

    Héhé. Je le savais, qu’il finirait par admettre qu’au fond, même un maniaque comme lui a juste envie de s’amuser avec le baveux gluant du coin. C’est toujours comme ça, avec les gosses de riches bien propres sur elleux.

    Souriant en coin, la grenouille ne s’attendait cependant pas à croiser, comme par hasard, le caldissien dans un boui boui lambda de la ville basse. Les chances étaient minces et ça ne serait probablement pas pour ce soir. Mais au final, maintenant qu’iel avait pensé au général, Raol n’avait plus envie d’aller flirter avec quelqu’un d’autre et sortit dans la nuit.

    En parcourant les rues, la grenouille fut frappée par une réalisation inconfortable. C’était bien beau, de vouloir Gabryel dans son lit, mais, à chaque fois, la place sociale et militaire du général lui revenait en tête. Cela ne calmait malheureusement pas les ardeurs de Raol, mais, cela lea questionnait. Certes, iel savait se défendre, mais, il était aussi possible que la nymphe aquatique n’ait qu’à claquer des doigts pour se débarasser d’ellui puis étouffer l’affaire. Il pouvait aussi très bien menacer sa famille impunèment et… faire tout ce qu’un militaire haut placé qui a tous les droits ou presque pourrait faire car… eh bien, car il peut le faire. Aussi simple que ça. Raol peut aussi très bien décider de tuer le général en lui crachant du poison au fond de la gorge une fois qu’iel sera assez proche cela dit et il sera difficile de lea tracer avec tout le bazar qu’il y a déjà en ville depuis des mois. Mais cette pensée ne lea mit pas plus à l’aise. Le problème, c’est que dans tous les cas, Raol ne pourrait jamais faire confiance à Gabryel. Et iel avait encore moins confiance en ellui-même alors…

    Bordel, qu’est-ce que je fais, moi, encore…

    Tandis qu’iel se massait l’arrête du nez, Raol se rendit compte que ses pas l’avaient mené.e dans une impasse. C’est malin. Iel aperçut un peu plus loin une grosse botte de paille qui avait l’air confortable, surplombée par le ciel nocturne… ce devait être une place agréable à occuper pour réfléchir au vide de sa propre vie et…

    Ah, non, en fait la place est prise, merde, bon bah--- Attends, quoi, c’est une blague ?!

    Une tête couverte d’une chevelure blanche, bouffantes et anormalement longue surgit de la botte de paille et son propriétaire descendit sur le plancher des vaches pour aborder la grenouille qui resta, dans un premier temps, interdite devant cette nouvelle coincidence.

    Raol eut tout de même le temps, dans sa confusion, de remarquer l’élégante brillance des cheveux de Gabryel sous le ciel nocturne et son teint…

    Ah. Non. Il est bourré. Il est complètement bourré.

    Iel serait passé outre l’improbable coïncidence et les remarques stupides du général, mais l’haleine alcoolisée, en revanche, ne plaisait absolument pas à la grenouille qui eut un mouvement de recul instinctif. S’il y a bien une chose qui lui coupe toute envie, c’est les gens saouls. Trop de mauvais souvenirs.

    L’animorphe reprit tout de même contenance. Impossible qu’iel baisse la garde ou se montre mal à l’aise (quoique, c’était déjà arrivé) devant Gabryel dans un tel moment.

    C’est bon. Je contrôle la situation. Ce n’est pas… ce n’est pas Akiya qui est devant moi. Il ne va pas me… se…

    « Me faire de mal » ? « Se tuer » ? Est-ce que c’est vraiment ça, qui préoccupait la grenouille qui ne pouvait s’empêcher de revivre intérieurement certains moments désagréables. Déglutissant une dernière fois sans que ses pupilles ne quittent leur forme allongée méfiante, lea Zeteki finit par s’exprimer pour compenser.

    « C’est pas plutôt vous qui devrez aller dormir ? Vous êtes complètement fait et vous empestez l’alcool. »

    Iel recula une nouvelle fois lorsque l’autre posa par surprise son index sur sa joue, se voulant peut-être séducteur. Du regard, Raol défia Gabryel de ne pas refaire ça sans son autorisation et se remit sur la défensive.

    « Dans mes rêves vous n’étiez pas imbibé d’alcool, si vous voulez tout savoir. Et je ne suis pas fatigué, à vrai dire, jusque-là, je passais une bonne journée. »

    Son ton n’était même pas cassant. A vrai dire, Raol semblait plus préoccupé qu’autre chose, quand on l’entendait parler. Son cœur battait vite, d’une manière nerveuse, presque paniquée. Iel ne savait pas quoi faire. Iel avait cette stupide habitude de se dire qu’il lui faudrait peut-être s’occuper de raccompagner Gabryel chez lui, comme iel avait fait avec Akiya des dizaines de fois car iel craignait que ce.tte dernier.e fasse une grosse connerie si on de lea surveillait pas. Au final, d’ailleurs, c’était ce qui était arrivé. Raol ne se sentait même pas coupable mais… iel n’avait pas envie que le général suive la même…

    Mais qu’est-ce que ça peut me faire ?! Ce type, je le connais même pas ! Au final, s’il veut se foutre en l’air, en quoi ce serait mon problème ?! Ça aiderait bien mes problèmes plus qu’autre chose !!

    ...Mais, pas vraiment, hein ?  

    « Je… je suis pas venu pour m’occuper d’un énième pochetron. J’ai déjà été dans cette situation et je-- j’ai vraiment pas que ça à foutre ! »

    Iel s’emballa, mais n’osa pas bouger. Raol ne savait vraiment pas comment réagir. Ce n’est pas qu’iel se sentait redevable au général. Surement pas. Simplement… oui, la grenouille ne savait simplement plus ce qu’iel faisait là, ce qu’iel attendait et… dans quel pétrin iel s’était encore mis.e.

    more_horiz

    eau-de-vie ou eau de chiotte.
    ft. Gabrol :love:  +

    L'espace d'un instant, on aperçut dans le regard imbibé d'ivresse de Gabryel passer un éclair de lucidité. Très vif, qui disparut aussitôt qu'il était apparut. Il avait constaté le visage étrangement crispé de Raol. En temps normal, cela aurait attiré son attention un peu plus longtemps qu'une demie-seconde, mais malheureusement il n'était actuellement pas en état pour procéder à une analyse du faciès lunatique de la grenouille. Ainsi la faible lueur dans ses pupilles s'enflamma un peu plus, alimentée par l'alcool traversant son corps, tandis qu'il n'accordait que peu d'importance aux mouvements de recul de la rainette dorée.

    Or. C'était par ailleurs la couleur des iris -voire presque de l'orbite total- de saon interlocuteur.rice et il ne put s'empêcher de poser un regard insistant sur lea Zeteki, constatant par ailleurs la fente agacée qui s'était formée dans ses yeux. Pour une raison inconnue, Gaby se souvint de cette information, que l'éossien.ne changeait la forme de ses pupilles en fonction de son humeur. Néanmoins, le général ne s'en inquiéta pas outre mesure. Il ne se soucia pas non plus du regard assassin qu'iel lui lança suite au contact surprenant imposé par le caldissien.

    Ricanant doucement à la remarque -qui ne se voulait pas drôle- de lae natif.ve le Venomania se contenta de hocher bêtement la tête, un long sourire idiot incrusté sur le visage. A la suite des réponses de Raol, l'ivre poussa des gémissements plaintifs, se plaignant des paroles de la grenouille. A vrai dire, il le prenait comme une insulte, mais n'avait guère la force de faire autre chose qu'en rire. Se comportant comme un enfant piquant une crise, il fronçait des sourcils, la bouche penchant vers le bas d'un air boudeur.

    Il passa outre la semi-révélation de Raol, mais ne l'oublia pas pour autant. Il comptait y revenir plus tard, mais en attendant il souhaitait mener les rennes de cette conversation, la menant là où il veut. Mais où voulait-il l'amener ? Loin d'ici ? De ses soucis personnels et bien peu importants comparés à ceux des éossien.ne.s ? Loin de lui-même ? Loin de tout, près de rien. Peut-être voulait-il la mener un peu plus proche de lae Zeteki. Peut-être souhaitait-il uniquement partager une soirée similaire à la précédente. Mais c'était bien naïf. Au vu de son état minable et des réactions passives-agressives de l'amphibien.ne cet échange ne risque pas d'être semblable au dernier.

    S'étirant doucement en lançant un regard en biais à lae plus petit.e que lui, il sourit un peu plus, allongeant ses lèvres en croissant de lune. Gabryel sentait que quelque chose n'allait pas et il voulait détendre l'atmosphère, qu'important ô combien cela serait gênant. Sautillant presque, il se tourna pour piocher dans la charrette une paille dont il mit le bout à la commissure de ses babines. L'air faussement pensif, il finit par demander en se retournant brusquement, le regard plus vivant que jamais.

    « Reste, s'teuplaît. T'sais, quand t'es là, j'ai l'impression que y'a plus rien d'autre ! Ça me demande tellement de concentration de causer avec toi que du coup j'oublie tout. Y'a plus que toi. Toi et tes emmerdantes répliques. »

    Et il affiche un rictus presque admiratif. On pourrait croire voir dans ses yeux des multiples étoiles brillantes tant il dévorait du regard la pauvre rainette. Tout d'un coup, il revient à la réalité. Il se laissa tomber dans la paille, le dos de sa main cachant ses yeux. Gaby déglutit difficilement, tentant de faire du tri dans ses pensées emmêlées.

    « Depuis qu'il a été exécuté, y'a qu'avec toi que j'arrive à décompresser. »

    Erys Dalma, oui. Un traumatisme encore trop pesant. La vision de son corps n'est pas ce qui l'a le plus choqué, c'est plutôt ce qui suivit l'exécution. Voir Camélia fuir la foule, si fragile, si inconsciente... Ne pas savoir quoi faire face à la colère de l'émeute. Devoir reprendre ses habitudes de soldat, être froid, dur, insensible, calme. Tremblotant légèrement en se remémorant tout cela, il se dit que tout a commencer à déraper à partir de là. Ses yeux s'humidifièrent et une très fine larme coula, lentement. Mais il l'essuya aussitôt. Se redressant, le dos couvert de pailles humides, il resta assis mais s'adressa à nouveau à Raol.

    « Qui d'autre avant moi ? »
    Reformulant sa phrase en prenant difficilement conscience qu'elle n'était pas forcément compréhensible, il reprit.
    « De quel autre pochetron t'as dû t'occuper, p'tite grenouille ? D'autres types se sont intéressé.e.s à toi ? J'ai d'la concurrence maintenant ? »

    Il ne préféra pas préciser qu'il ne souhaitait pas qu'iel s'occupe de lui, parce qu'il redoutait que l'autre prenne ça comme un au-revoir et s'en aille. Il ria un peu sur la fin de sa phrase -même si elle sonnait franchement comme une inquiétude dissimulée- et laissa son menton épouser sa paume de main, le coude posé sur son genou.
    kyro. 017 ldd

    more_horiz

    Eau-de-vie ou eau de chiotte


    Avec
    Gabyboitrop



                

    Mais surtout eau de chiotte.

    /!/ TW : ça parle d'alcoolisme et de trucs de dépression pas cools /!/

    Ça sert à rien. Il est trop éméché pour écouter quoique ce soit que je pourrais lui dire.

    Si Gabryel refusait de sortir de son délire, Raol tenta de lui faire comprendre son refus par son langage corporel. Iel croisa les bras sur son torse de manière défensive et regarda ailleurs, espérant que de cette manière, le plus vieux n’essayerait pas de s’approcher d’avantage.

    Peut-être qu’il n’entend plus rien mais il a encore des yeux, non ?

    En déglutissant avec un certain malaise, la grenouille se sentait coincée. Elle n’arrivait pas à se résoudre à simplement partir sans demander son reste. Iel n’aime pas l’idée de laisser une personne qu’iel connaît dans cet état, complètement bourré en pleine nuit. N’importe quoi pourrait arriver et… en fait, Raol était en plein conflit interne. Iel n’arrive pas à se dire que ça ne l’ennuierait pas d’apprendre, dès le lendemain, que le général s’était jeté du haut des remparts car il aurait glissé ou aurait tenté quelque chose de stupide.

    Mais je… je ne veux rien de lui ! Je veux juste… le pécho, oui, certes. Mais sinon… je sais pas. Je sais pas ce que je veux. C’est bien le problème.

    Gabryel avait été la seule personne assez bête pour essayer de lea comprendre, ces derniers mois. Et cela faisait fumer le cerveau de l’animorphe. Iel avait juste envie d’un peu de compagnie quand iel a froid certains soirs et n’arrive pas à dormir sans avoir la gorge qui lea brûle a force de se retenir de pleurer. Et pour ça, autant que ce soit avec quelqu’un qui l’amuse un peu et qui l’attire physiquement. C’était pathétique, stupide, mais c’était vrai.

    L’autre était retourné sur la paille et déblatérait des choses que la grenouille comprenait à peine. Il a l’impression qu’il n’y a plus que Raol quand iels parlent (enfin, « parler » est un grand mot), comme s’il avait besoin de leurs altercations. L’amphibien secoua négativement la tête.

    « Vous faites aucun sens. Je suis pas d’humeur à vous distraire. »

    Ouais. Je sais. C’est plus ou moins ce que j’avais dit la dernière fois, sur les remparts et au final, j’ai pas un mauvais souvenir de cette nuit-là. Ni même de notre dernière entrevue au banquet.

    Ce que dit le général ensuite lea dérangea en revanche beaucoup plus. Pourquoi lui parle-t-il de l’exécution ? Est-ce qu’en tant que général, il n’aurait pas pu l’empêcher ? Raol ne voulait même pas en parler avec un ivrogne qui ne pensait pas à ce qu’il racontait. Iel ne savait pas ce qui lea frappait le plus : que le général se sente réellement mal pour cet évènement ? Qu’il pense peut-être sincèrement que seul.e la grenouille était assez débile pour l’écouter se plaindre ? Est-ce qu’il n’a pas un bouche-trou nommé Evergarden pour ça, justement ?!

    « N’importe quoi. Vous cherchez juste à me pousser à bout pour pas penser à vos propres conneries. »

    Oui, c’est un bel exemple de projection. Car c’est exactement ce que fait Raol avec les gens qu’iel appelle parfois encore ses « amis » avant qu’iels ne lâchent l’affaire. Raol continua à marmonner dans sa barbe absente et se massa les tempes.

    Pourquoi est-ce que je reste là ?

    Et, justement, l’interrogation de Gabryel allait lui permettre de répondre à cette question. Évidemment, lea Zeteki refusait de croire que son interlocuteur était sincère. Il faisait juste le jaloux pour la forme et parce qu’il est comme ça, le général. Il est toxique. Au moins autant que Raol. Jamais ce.te dernier.e n’avait osé parler de tout ça, qu’iel avait du garder de force pour ellui depuis toutes ces années. On ne l’avait jamais cru. Personne ne voulait jamais l’écouter, quand iel se plaignait d’Akiya, qui était trop doué.e pour se faire passer pour une personne formidable aux yeux de tous. Et puis, après tout « non, Akiya n’était pas vraiment comme tous les ivrognes du coin, voyons, il n’aurais jamais décidé de se tuer, c’était un accident »... car iel avait un métier, une famille qui tenait (en apparence) le coup, aidait la communauté.

    « Commencez pas à me faire une scène, vous êtes pas le centre du monde. »

    Encore moins du mien. J’aurais très bien pu aller voir quelqu’un d’autre qui soit sobre.

    La grenouille s’était rapprochée, tentant de capter le regard du général. Quelque part, iel allait lui confier quelque chose de plutôt personnel. Comme une mise en garde. Pour une fois, quelqu’un lui dirait pas qu’iel fait courir des rumeurs horribles au sujet de son parent qui étaient pourtant tout à fait justifiées (et encore, Raol a tendance à minimiser, encore aujourd’hui).

    « Cette personne est morte il y a plus de mille ans, maintenant. Si vous voulez tout savoir, c’était mon parent. Le soir où j’ai arrêté d’essayer de lea traîner jusqu’à chez nous alors qu’iel était complètement bourré, iel a... »

    Sa gorge se serra, l’empêchant d’aller jusqu’au bout. Puis, après quelques longues secondes de silence, iel parvint à reprendre.

    « C’est… iel s’est tué.e. Donc… soyez pas con. Vous avez intérêt à vous démerder et ça sera sans moi. Ou vous pouvez toujours vous foutre en l'air aussi, hein, c'est pas mon soucis. »

    Et à pas crever. J’ai pas envie qu’il crève. Fait chier. Trouves un truc pour déconner et faire passer la pillule. Un truc con.

    « Sinon… sinon, euh... »

    Raol devait trouver quelque chose pour détendre l’ambiance et faire en sorte que Gabryel ne lui pose pas d’autres questions. Iel déglutit, puis fit la première chose qui lui par la tête.

    Iel se redressa et esquissa un geste avec les bras, désignant son corps depuis le visage jusqu’à sa taille, incitant Gabryel à lea regarder de plus près.

    « Si vous crevez, vous pourrez dire au revoir à tout ça ! »

    Oh bordel. Pourquoi j’essaie de le faire marrer, maintenant ?! Je suis vraiment lea dernier.e des abruti.e.s.

    more_horiz

    eau-de-vie ou eau de chiotte.
    ft. Gabrol :love:  +

    Que voulait-il ? Pourquoi s'obstinait-il depuis plusieurs mois ? Comment, malgré tous les refus de Raol, faisait-il pour continuer à y croire ? Mais à croire en quoi ? Il se posait milles et une question auxquelles il n'avait aucune réponse. Gabryel était complètement paumé et son état physique n'améliorait en rien son psyché. Son cœur s'était serré lorsque la grenouille lui avait confié vouloir en finir avec sa vie. Il avait eu beaucoup de mal à le digérer. A vrai dire, ça n'était toujours pas passé. Il ne comprenait pas pourquoi il s'était, semble-t-il, attaché à cet.te éossien.ne. Parfois il se disait que c'était le fait que l'autre l'ait sans cesse rejeté qui lui donnait autant envie de réussir à l'avoir.

    Certains disent qu'avoir ce genre de pensées lorsque l'on a un.e amant.e est horrible. Néanmoins, il ne pouvait s'en empêcher. Premièrement parce qu'il n'était plus vraiment sûr que Klaus soit encore son compagnon et deuxièmement car il en sait plus de Raol que de Klaus. Il s'en sent plus proche. Iel n'est pas acquis.e. Iel est différent.e. Sauvage, indomptable. Iel lui résiste jour après jour. Et Gaby devient fou. Ses paroles, ses gestes, son visage et ses émotions, il a tout analysé chez ellui. Il a tenté de l'aider. Il a voulu lui prouver qu'il était digne. Mais à quoi bon ? Pour avoir quoi, au final ?

    « Vous ne faites aucun sens. » Disait-iel. Mais y a-t-il eu ne serait-ce qu'un instant où leur relation avait un semblant de sens ? Tout était décousu. Décoiffé. Il y avait trop de nœuds. C'était bien trop compliqué. Peut-être qu'au fond le Venomania désirait cette complexité. Il n'en savait trop rien. Sa vision était floue. Il était immobile et pourtant tout bougeait autour de lui, signe bien distinctif qu'il avait clairement abusé des breuvages pour ce soir... L'estomac en compote, il se concentrait sur Raol pour ne pas laisser l'eau-de-vie quitter de force son corps.

    Les piques de Raol firent grimacer l'ivrogne. Il était bien trop sensible, dans cet état. Il prenait tout trop à cœur. Fronçant légèrement les sourcils, il posa son regard froid dans celui de la rainette. Peut-être avait-iel raison... Sûrement, à vrai dire. Oublier ce qu'il était, ce qu'il avait fait ou pas fait, en discutant avec ellui. Pourtant il était persuadé qu'au fond il y avait plus que cela. Pourquoi s'obstinerait-il autant face à une personne ? Certes, sa fierté n'a d'égale que son ego, mais c'est différent. Ici, il n'agit pas uniquement pour lui. Il veut juste... Sa présence, à ellui. Qu'importe si iel lui fait oublier, ou non, qui il est. Il lea veut juste, ellui.

    Alors que la tronche de l'éossien.ne se fit plus sombre, celle de Gabryel se fit plus joyeuse. Iel ne partait pas. C'est tout ce qu'il avait remarqué. Inconscient de la grandeur des propos que lea Zeteki allait lui partager, il affichait un sourire béat. Les paupières tombantes, les yeux à moitié fermés par la fatigue et rougies par l'alcool, il fixait presque avec admiration la grenouille. Comme si iel était le centre de son univers. Comme si iel était la seule chose qui importait à ce moment précis. État d'esprit qui rentrait en contradiction directe avec les paroles sèches de l'animorphe. Phrase qui ne fit cependant pas perdre son rictus idiot au militaire.

    La mine grave de Raol le força à dissimuler sa gaieté. Iel réussit à capter son attention. La respiration du noble se fit plus lente et plus profonde à mesure que l'autre se rapprochait. Iel s'arrêta à bonne distance et commença à se confier. Ses deux améthystes s'écarquillèrent un peu face à la révélation. Iel ne semblait pas attrister, aux premiers abords, pourtant Gabryel était persuadé qu'un tel événement ne pouvait laisser personne indifférent. Et effectivement, la gorge de lae Zeteki se serra, signe que ce n'était pas facile pour ellui d'en parler.

    La suite, un peu plus ironique, fit doucement sourire Gaby. Néanmoins, cette expression taquine disparue. Elle laissa place à quelque chose de plus tendre. Le regard doux il sentit son cœur à nouveau se serrer, comme ce soir-là sur les remparts... Son ventre le chatouillait. Il ne savait guère ce qui lui arrivait, mais il appréciait cela. Il avait eu, à son sens, une chance infinie de tomber sur ellui. Se redressant un peu, il prit par surprise l'animorphe et l'enlaça rapidement. Un bref câlin. Rien d'extraordinaire. Simplement de quoi lui transmettre ce qu'il ressentait à ce moment. Se rappelant la demande de Raol, il se sépara bien vite en faisant un bond en arrière, penaud.

    « Qui est-ce-que ça ennuierait le plus ? Toi ou moi ? »

    Dit-il en lea toisant de haut en bas sans aucune gêne. Il y avait quelque chose entre elleux, c'était à présent une certitude. Gaby n'était pas forcément sûr que la rainette partage cette envie, mais apparemment c'était le cas. Il avait reprit cet air espiègle. Taquin et presque enjoliveur, il fit un clin d'oeil à la grenouille.

    « Je suis sûr que même dans ma tombe tu viendra me retrouver. »

    Tendant la main pour instaurer un contact, il se stoppa au milieu de son action. Il était conscient que cela allait agacer saon accompagnateur.rice nocturne et il n'en avait vraiment pas envie. Il avait peur qu'iel s'en aille. Que ferait-il, seul à nouveau ? Maintenant qu'iel est là, il ne se voit pas finir sa nuit seul. Il était déçu d'être ivre. Très déçu. Mais bon, c'était trop tard et il ne pouvait pas vraiment y faire grand chose.

    « J'ai encore trop de choses à faire ici avant de crever. Camélia a besoin de moi. Elizabeth aussi. Et mes parents seraient telllemmment dégoûtés. Et puis, j'peux pas rendre l'âme avant de t'avoir. »

    Hoquetant à la fin de sa phrase, il ricana bêtement. Camélia, Elizabeth, ses parents. Les seules personnes pour qui il donnerait tout. Si l'on devait faire un podium, il mettrait en première position sa chère sœur, puis Sa Majesté la Reine en seconde position car elle est ce pourquoi il vit dans ce pays -Gaby est très attaché à la famille royale, en bon noble et militaire- et enfin ses parents en troisième position même si honnêtement ils ne méritent pas d'être dans ce classement. Mais le Venomania vit dans le déni et ne comprend pas à quel point ses géniteurs sont en réalité très toxiques. Mais il se disait qu'il semblait quand même avoir une meilleure situation familiale que lae Zeteki. Et en ce qui concerne sa dernière phrase, il ne vaut mieux pas revenir dessus.

    « N'empêche que c'est à moi de dire ça hein ! C'pas moi qui contemplait la vacui... la vacuiti... bref ! »

    Quelques difficultés de prononciation l'empêchèrent de conclure correctement sa phrase. Se levant subitement, il imita le mouvement de la grenouille en dépliant ses bras pour montrer son corps.

    « Si toi tu décides de te crever, t'auras pas tout ça. Et je sais que t'en meurs d'envie. Surtout de ça ! »

    Dit-il en passant sa main dans ses cheveux soyeux. Chevelure dont il est un poil trop fier. Le plus grand baissa un peu la tête pour fixer l'éossien.ne, l'air plus adoucit malgré sa connerie. Un rare éclair de lucidité le frappa alors qu'il prononça cette phrase, presque comme un murmure, l'air tendre :

    « Mais j'imagine que ça ne sera pas pour ce soir, mh ? J'comprends, même si ça ne m'arrange pas vraiment j't'avoue. »

    Il avait envie de contact. Il avait besoin de contact. Cela le rendait dingue de devoir se contenir à ce point pour si peu. Depuis quand voulait-il à ce point les bras de Raol ? L'alcool augmentait-elle à ce point ses ressentiments ? Faisant retomber la pression -plus pour lui même qu'autre chose- il s'exclama :

    « Enfin bref ! J'ai le gosier sec t'vois. J'te paye un jus de pomme ? J'en prendrai bien un moi aussi... Et pis j'ai la dalle... Eh dit dit Raol, tu m'emmèneras chez moi ? Tu sais où c'est hein ? T'façon, tu finiras par y aller souvent, vaut mieux que tu saches où c'est eheh. »

    Et il perdit bêtement l'équilibre, les jambes flageolantes. Se rattrapant au mur de justesse, il se sentait faible. Sans doute le peu d'heures de sommeil qu'il avait ne faisait pas bon ménage avec l'alcool ingéré.

    « J'ai pas envie de rentrer. J'veux pas dormir. J'veux juste un jus de pomme. »

    Caprice ou réel appel à l'aide, personne ne sait. La vérité est que chez lui, il s'y sent seul. Et que ses songes ne sont ces derniers temps que des cauchemars étranges. Ou des rêves de Raol. Et dans les deux cas : faut qu'il se réveille.
    kyro. 017 ldd

    more_horiz

    Eau-de-vie ou eau de chiotte


    Avec
    Gabyboitrop



                

    Mais surtout eau de chiotte.

    /!/ TW : ça parle d'alcoolisme et de trucs de dépression pas cools /!/

    Mais qu’est-ce qu’il a, à me faire des grandes déclarations comme ça ? Ah, oui, il est ivre, ça aide. Mais ça reste pénible, est-ce que je lui fais des longues tirades dramatiques moi, est-ce que je-- ah. Oui, bon d’accord, je suis mélodramatique aussi. Mais. Mais je ne suis pas gênant.e comme lui, là !

    Raol aurait presque continué en pensée sur le chemin de la mauvaise foi en se persuadant qu’au moins, il n’est pas morbide comme l’autre qui l’inciteraient presque à s’enterrer avec lui (c’est pas plutôt les altissiens qui se font enterrer ensemble, d’ailleurs ? Bref.)… car c’est bien la grenouille qui a parlé de la mort en première. Imperturbable, Raol souffla du nez, consterné mais quand même un peu amusé par toute l’énergie que son interlocuteur mettait en œuvre pour garder la face et tenter de flirter quand même dans son état (si l’on peut encore appeler ça « flirter »). C’aurait été vraiment drôle (et un poil flatteur pour Raol, tout de même, on prend ce qu’on peut pour se lustrer l’égo), si l’haleine du général ne puait pas la liqueur à 5 mètres.

    Enfin, 5 mètres, puis très bientôt beaucoup moins, car tandis que lea Zeteki cherchait quelque chose à répondre, l’autre avait investi son espace vital pour l’enlacer. Raol n’eut pas un instant pour comprendre ni réagir au sens d’un tel geste de la part de l’autre. Le fait que le Venomania s’approche ainsi et s’autorise à lea toucher de cette manière l’avait momentanément paralysé.e. Même si le général ne pensait apparemment pas à mal, ça mettait mal à l’aise Raol. Mais pas tant à cause du contact qui avait eu lieu entre elleux et s’était aussitôt terminé.

    Beaucoup de choses se bousculèrent dans la tête de la grenouille durant les quelques secondes qui suivirent. Iel voulait comprendre son malaise, pourquoi iel était resté sans bouger à attendre que ça passe. C’était la première chose qui l’agaçait : pourquoi n’avait-iel pas été capable de bouger… ? Le général aurait très bien pu avoir des intentions bien moins amicales. Raol avait compris, au fond, qu’il s’agissait simplement d’un espèce de réflexe humain que la grande perche aux cheveux de nacre avait peut-être éprouvé de la compassion et agi en conséquence. La grenouille n’a jamais aimé ça, ce genre d’attention. Iel ne sait pas gérer parce qu’iel n’a jamais appris. Iel en a peur, refuse de l’accepter car iel s’est habitué, à la place, au mépris, au rejet et parfois à la violence verbale et physique. C’est comme si son cerveau avait accepté l’idée que le rejet était plus vivable et qu’en face, l’acceptation et le pardon étaient des entités maléfiques.

    Finalement, les rôles s’inversaient une fois de plus. Maintenant, Gabryel s’était remis à fanfaronner et lea Zeteki préférerait vraiment parvenir à l’écouter plutôt qu’écouter ses oreilles bourdonner et son coeur palpiter d'une manière désagréable.

    Arrêtes de paniquer pour rien ! Maintenant tu vas lui rabattre le caquet et le jeter une bonne fois pour toute parce que… bah… enfin… pour pleins de raisons !

    Peut-être aurait-ce été la bonne chose à faire. Peut-être pas. La vérité c’est que Raol n’a aucune idée de ce que cette relation pourrait offrir, au-delà d’un flirt et de quelques nuits en compagnie de... en compagnie de quelqu’un qui a au moins le mérite de lui plaire physiquement et de lea faire marrer de temps à autre. Si seulement ce n’était pas un des militaires caldissiens les plus gradés du coin.

    La grenouille finit par revenir à elle quand l’autre se perdit une énième fois dans ses discours alcoolisés. Il ne se prenait pas pour n’importe qui, le grand monsieur, hein, à dire que la grenouille n’avait que de ça à faire de le suivre jusque dans la mort. Raol ne peut s’empêcher de pouffer nerveusement, pas encore débarrassé de son malaise. Iel espère que ricaner lea remette plus  à l’aise, qu’iel récupère le contrôle… au moins, la grenouille se sent rassurée en constatant que même dans son état actuel, il ne craquerait pas devant les suppliques dissimulées du général.

    « Mais oui, mais oui et je vous suivrais jusqu’au bout du monde et juqu’à Trifouillis-Sur-Fessard pendant qu’vous y êtes. »

    Fit l’amphibien, d’une voix monotone. L’autre continuait tout seul et ses dires lui firent arquer un sourcil. Alors, comme ça, le général ne veut pas crever tout de suite car des gens ont besoin de lui. Ça fait du sens. C’est aussi ça, dont Raol s’est longtemps con vaincu, avant de se livrer à l’excuse plus sombre que « personne n’est indispensable » pour se conforter dans sa dépression. Et des fois, iel revenait à se dire que « non je ne peux pas prendre telle ou telle responsabilité car je dois déjà m’occuper de Ziyal ». C’était comme ça l’arrangeait selon les jours, quoi. La grenouille ne put s’empêcher de comprendre, par expérience. sans que l’autre le dise, ce que sous-entendaient les propos du Venomania. Peut-être que lui aussi se cache derrière un « des gens ont besoin de moi » approximatif pour ne jamais se remettre en question et ne jamais évoluer.

    De toute façon, il fait pas sens. Il fait juste ça pour me rappeler qu’il voudrait me ramener chez lui.

    La grenouille haussa les épaules, un peu dépité, souriant quand même en coin tandis que l’autre se mettait en valeur. Pour le coup, la grenouille était dégoûtée de voir le militaire faire sa scène de parfait ivrogne, mais ne pouvait pas dire qu’il détestait totalement la vue. Au-delà de ça, iel avait envie de secouer l’autre imbécile. Son ton tantôt monocorde se fit plus sec, plus nerveux tandis qu’iel haussait le ton.

    « Hah. Mais j’ai pu envie, là. C’est bête, hein ?! Fallait pas boire. C’est con, si près du but, le grand général se la mettra sur l’oreille ! Bouhouhou. »

    Mimant un enfant dépité essuyant sa larme au coin de l’oeil avec son poing, l’animorphe n’en finissait pas d’essayer de convaincre l’autre d’arrêter ses tentatives.

    Pourquoi il a fallu qu’il se pinte la tronche, hein ? On aurait pu passer une soirée bien plus agréable s’il… bref.

    Raol essayait de trouver un échappatoire mais l’autre devenait de plus en plus collant. Soufflant du nez en sentant l’irritation lea gagner, lea Zeteki tendit tout de même l’oreille en entendant parler de jus de pomme. Ce n’est pas une boisson sucrée et un peu de nourriture solide qui fera passer tout ce que l’autre a avalé et le fera décuver.

    « Ouais, ce que je vais faire, c’est surtout vous mettre sur les bras du premier militaire pourri venu et il devra se démerder pour ramener son chef chez lui ! Eh, vous en donnez, un bel exemple. »

    Ce n’est pas du tout sa place de faire la morale, mais Raol s’en moquait. Iel était énervé.e que l’autre insiste et n’écoute rien et son ton était devenu des plus acerbes. Voilà que Gabryel se plaignait à nouveau.

    Et le voila qui se met à geindre, comme d’habitude !

    « Ah, évidemment, on reconnaît le caldissien : son sport national, c’est de chialer ! Mais jamais vous vous arrêtez, en fait ?! »

    Lâcha finalement la grenouille pour couper la parole à l’autre. Iel détestait cette situation qui lui rappelait celle où il avait envoyé paitre Akiya, refusait d’entendre Gabryel se plaindre là ou ellui ne faisait clairement pas mieux. Iel détestait avoir l’impression d’avoir un miroir devant ellui, de se dire qu’à peu de choses près, iel pourrait encore une fois inverser les places et être à la place du général. La colère montait et remplaçait le malaise. La sensation d’étouffement intense qui ne lea quitte plus depuis des semaines remonte le long de sa gorge. Froid, chaud, glacial, puis brûlant à nouveau, c’est tout ce que Raol est capable de donner sans jamais prendre de décision ferme. Rien ne fait jamais sens pour lui ou pour les autres dans son comportement. Iel ne se comprend pas, ne sait pas ce qu’iel veut, encore moins quand il s’agit de Gabryel.

    Je veux… je veux… J’ai autant envie de lui hurler dessus que de l’embrasser et le mordre, là, tout de suite. Par Eos, ce qu’il m’agace à ne faire aucun sens. Et à me faire réaliser que je suis au moins aussi stupide que lui.

    Sa main attrapa le col du plus grand. Il attira son visage vers le sien, résistant cent fois à l’envie de plaquer Gabryel contre un mur afin de poser, enfin, ses lèvres contre les siennes. Mais l’odeur d’alcool lui refilait la nausée et ça n’aurait pas été franchement sympa d’agir ainsi, niveau consentement. Raol se mordit la lèvre inférieure, effaçant tous les scénarios qui venaient de se multiplier dans son esprit. Son abdomen avait fourmillé de picotements chauds, le temps que son regard se plante dans celui, violet, du général, qui éveillait tant de désirs en ellui. Peut-être est-ce pour ça qu'à nouveau, la grenouille finit par se re-tempérer d'une voix encore irritée.  


    « D’accord, vous allez l’avoir, votre satané jus de pomme, car à force de vous engueuler, j'ai soif. A deux conditions : je veux plus vous entendre geindre comme un gosse de 5 ans et vous vous débrouillerez pour rentrer chez vous. »

    Je n’aiderais pas un ivrogne de plus. C’est fini. Je ne retomberais pas là-dedans. Et je veux bien un juste de pomme aussi. Parce que je peux. VOILA.

    Raol lâcha finalement prise. Avec une lenteur qui tranchait avec sa brusquerie de tantôt, sa prise sur le col du plus grand se desserra. Iel souffla longuement, reprenant petit à petit contenance. Réajustant le haut de sa tunique et sa bague à son doigt. Puis, iel se remit à marcher dans la direction des tavernes les plus proches.

    L’animorphe s’imagina entrer dans un établissement aux côtés du général, d’aller au bar pour demander deux jus de pomme à cette heure si tardive et avec un Gabryel totalement fait qui ne parviendrait peut-être même pas à s’asseoir sans rater le tabouret et se retrouver les fesses par terre. L’image mentale arracha un sourire et un bref rire à la grenouille. En se retournant pour voir si l’autre n’était pas tombé dans le caniveau, Raol regarda son accompagnateur tituber.

    « Par la grâce d’Eos... »

    Jura le batracien en roulant ses gros globes oculaires dorés.

    « Alors, c’est ça, les manières caldisiennes ? »

    Un nouveau sarcasme. Mais plus spontané que les précèdent. Il s’accompagnait d’un sourire en coin plus blagueur. La situation est d’un tel ridicule que même Raol a du mal à ne pas avoir l’air un peu narquois.e en regardant tout ça avec un peu de recul. La grenouille rentra lea première dans la première taverne venue. L’endroit n’était pas trop animé, mais iel doutait d’y trouver du jus de pomme.

    more_horiz

    eau-de-vie ou eau de chiotte.
    ft. Gabrol :love:  +

    Faisant la moue comme un enfant capricieux, Gabryel fronçait bêtement des sourcils toujours avachit contre le mur humide. Il avait écouté d'une oreille distraite les réponses tranchantes de la grenouille. En réalité, il n'y a pas trop fait attention. Il déblatérait sans s'arrêter et ne prêtait aucune importance aux répliques de Raol. Il se fichait éperdument des soufflements de nez agacés de la rainette, de sa grimace qui traduisait toute son irritation ou encore de son imitation d'un enfant pleurnicheur -ce qui fit d'ailleurs pouffer Gaby, pour ne rien arranger-.

    Les phrases xénophobes ne l'atteignaient pas. Tout du moins, elles ne l'atteignaient plus. A force, il en prend l'habitude, en plus avec lea Zeteki. Il se contente de hocher la tête de façon provocatrice pour approuver les propos hostiles de l'animorphe. L'idée d'être au final refiler à un de ses collègues de l'amusait pas vraiment. Ce n'est pas le fait d'être ivre devant lui, juste le fait d'être dégagé ainsi par l'éossien.ne qui le dérangeait.

    Au fond, Gabryel se rendait compte de son égoïsme à ce moment. Simplement, même si son état était déplorable, il voulait rester avec Raol. Même si cela ne réveillait pas de tendres souvenirs au.à la concerné.e. Lorsque les doigts de ce.tte dernier.ère se renfermèrent sur son col, le plaquant par la même occasion contre le mur sur lequel il était déjà adossé, le caldissien ne put s'empêcher de sourire en s'imaginant un baiser langoureux -et très certainement parfumé par l'alcool-. Néanmoins, il ne bougea pas et se contenta de plonger ses yeux améthystes dans ceux dorés de saon interlocuteur.rice.

    L'autre lui envoyait des éclairs par le regard. Iel le transperçait de long en large. Lorsque leurs visages ne furent plus qu'à quelques centimètres de distance, Gaby fronça les sourcils. Il y a cru. Il a cru que lea Zeteki allait l'embrasser. Et quand il remarqua que ce ne fut pas le cas... il fut presque déçu. Non. Pas presque. Il fut déçu. Il ne savait pas trop ce qu'il attendait de Raol, ce qu'il voulait avec ellui, mais il ne pouvait s'empêcher de sentir cette attirance pour ellui, quoiqu'il en dise.

    A l'entente de l'approbation de la rainette, le Venomania se retint une nouvelle fois de l'enlacer et se contenta d'un long sourire candide. Les conditions ne lui semblaient pas dures à respecter -enfin, c'est ce qu'il croyait naïvement-. Titubant maladroitement pour suivre l'éossien.ne, il était tiré en arrière par l'ivresse mais combattait pour mettre un pied devant l'autre. Le sarcasme de Raol lui arracha un rire. Le général faisait preuve de beaucoup d'autodérision en son for intérieur -ce qui, pour le coup, est assez rare-.

    L'air espiègle de la grenouille n'arrangeait en rien le sentiment étrange qui croissait au creux de sa poitrine. La taverne dans laquelle iel est rentré.e n'est pas très bondée, il y a encore un peu d'agitation mais cela se voit qu'il commence à être tard. Certain.e.s partent pour suivre le même trajet que Gabryel, d'autres discutent de sujets un peu trop politique pour une heure aussi tardive et on peut même en voir certain.e.s se câliner ou s'embrasser dans les coins les plus reculés. Une ambiance bien connue des ivrognes.

    Le militaire ne cru jamais entrer de la sorte aux côtés de la rainette dans un tel endroit. La situation est assez coquasse pour le coup. Il ne peut s'empêcher de pouffer un peu et de jeter des regards en coin à Raol. De simples regards qui en disaient pourtant beaucoup. S'avançant du mieux qu'il pu vers le vieux monsieur qui s'occupait de l'endroit, celui à la chevelure ivoire rassembla toutes ses forces pour articuler de façon correcte. Et étrangement... ça marchait. 'Faut dire qu'il a l'habitude de ce genre de chose -faire semblant d'être à peu près sobre face aux serveurs pour qu'ils ne le vire pas-.

    « Bonsoir, vous avez du jus de pomme ? Je vous en prends deux verres s'il vous plaît. »

    Poli et calme, il affichait une autre version de lui. Plus discret, plus effacé, plus simpliste. Les traits fatigués du monsieur se tendirent de surprise -il s'attendait très certainement à une commande d'alcool- mais il hocha la tête. Baillant un peu, une main devant la bouche, Gaby revint vers Raol en souriant et lui montra du bout du doigt une table où il s'empressa de s'asseoir. Un coude sur le bois, le menton dans la paume de sa main, il fixait la rainette d'une façon assez indéchiffrable.

    Les manières caldissiennes... Iel n'y connaît donc vraiment rien à notre pays ? Ce n'est pas étonnant cela dit, nous non plus on ne sait rien d'elleux.


    « Un jour, je te monterai les vraies manières caldissiennes. »

    Au même instant, le vieil homme à la longue barbe blanche déposa les choppes remplies de jus de pomme sur la table.

    « Et voilà pour vous mon Général ! »

    Un petit merci à peine murmuré s'échappa des lèvres de Gabryel tendit qu'il jeta des regards autour de lui. Rapidement il remarqua quelques signes qui ne trompaient pas : le tavernier était un caldissien. Voilà donc d'où venait cette appellation. Bizarrement, l'homme lui disait quelque chose mais il n'arrivait pas à se souvenir quoi.

    Saisissant la boisson, il bu quelques gorgées malgré les gargouillements étranges de son ventre qui n'annonçaient rien de bon. Au fond, ça lui faisait du bien de boire quelque chose de sain. Repensant un peu à son pays, il se dit qu'au final il se plaît assez bien ici mais que rien ne vaut la chaleur et la beauté de Caldis.

    « Si tu pouvais aller à Caldis, tu le ferais ? Omnis sois loué, il nous a offert grâce à sa magie une végétation incroyable et des structures splendides. Nos vitraux te plairaient sûrement ! Et puis l'Hélios aussi est magnifique... On baptise les enfants lorsqu'ils naissent en les plongeant dedans, si seulement je pouvais me souvenir de ce moment ! »

    Il pouvait en parler des heures, de Caldissia. Mais il se doutai que ça n'intéressait que très peu Raol ainsi il changea rapidement de sujet en buvant une nouvelle gorgée de jus de pomme.

    « Bref... Ça c'est arrangé avec Mel.. Melchi... bref ton ancien collègue ? »

    Gabryel se souvenait de ce détail. A vrai dire, il n'oubliait pas grand chose des paroles de Raol. Il espérait que tout ce sois arrangé, mais il ne prenait pas conscience que les choses sont plus compliquées qu'il ne peut l'imaginer. Un sourcil levé, interrogateur, il tentait un peu maladroitement d'en apprendre plus sur Raol. Par simple curiosité, sans doute...

    Et parce qu'iel me plaît vachement quand même.
    kyro. 017 ldd

    more_horiz

    Eau-de-vie ou eau de chiotte


    Avec
    Gabyboitrop



                

    Mais surtout eau de chiotte.

    /!/ TW : ça parle d'alcoolisme et de trucs de dépression pas cools /!/

    Qu’est-ce qui est en train de se passer là, en fait ?

    La grenouille avait à nouveau le regard dans le vague tandis qu’il entrait dans une taverne aux côtés du général. La situation lui semblait improbablement. A une heure pareille, personne ne ferait attention à elleux ou à leur improbable duo. Raol se foutait bien des ragots en temps normal, mais iel aurait l’air bien débile si Melchior ou Natsume le voyaient traîner avec un caldissien, qui plus est un militaire. Il faudrait qu’iel ait des arguments pour justifier sa mauvaise foi et l’inconstance de tous ses raisonnements, après.

    Eh. Ça va, c’est juste pour s’amuser une nuit ou deux. Puis, moi, je sais me défendre, hein, mais eux c’est une autre histoire.

    Faisant taire sa mauvaise conscience une fois de plus pour éviter de penser qu’iel ne détestait peut-être pas tant la compagnie du général, le batracien rejoignit son accompagnateur ivre jusqu’au bar et ne se fit pas remarquer. Iel ne protesta pas et s’assit avec le général, se contentant d’avoir son verre devant ellui sans échanger ni mot ni regards avec le vieux tavernier ou les autres personnes présentes.

    Qu’est-ce que je fabrique…

    S’iel était là, assis.e en face du général de manière peu formelle, juste pour discuter, ce n’était pas car iel se forçait. Non, Raol avait voulu être là. Iel avait décidé de suivre l’autre malgré le malaise que son haleine alcoolisée lui inspirait. Etait-ce par conditionnement ? Car iel avait tellement docilement craqué devant Akiya qu’iel ne posait même plus de questions lorsqu’iel se retrouvait face à quelqu’un de complètement cuit comme Gabryel. Si c’était ça, c’était effrayant. Probablement que lea Zeteki réfléchissait aussi trop en se disant que s’iel n’avait pas peur et que le malaise semblait se dissiper, c’est que ses émotions lui jouaient des tours.

    Ah, quel plaisir, d’avoir été abusé émotionnellement pendant des années… on en devient incapable de faire confiance à la moindre chose qu’on peut ressentir. Oh, et c’est impossible de croire les paroles de qui que ce soit, ni nos propres pensées, évidemment.

    Vigilant.e et la main légèrement crispée sur le verre, la grenouille ne savait plus quoi dire, ni même renchérir avec une vanne stupide au sujet des manières caldisiennes. L’animorphe avait la langue bien pendue pour dire des choses horribles et se défendre avec du piquant, mais maintenant, il fallait avoir une conversation ordinaire. Enfin, c’est par-là que les choses semblaient s’en aller. Raol ne savait vraiment plus quoi dire et pourtant, iel avait envie de parler avec Gabryel mais… de quoi ? Que partagent-iels à part leur détestation d’elleux-même ? Certes, c’est un début, mais depuis les 3 derniers RPs, iels commençaient à avoir fait le tour de la question.

    Au moins, Gabryel a plus l’habitude de causer, lui. Il commença à lui parler de Caldis avec une passion non dissimulée et… lea Zeteki cligna des yeux, penchant la tête sur le côté, fixant son interlocuteur avec curiosité. Ses pupilles trahirent son intérêt en quittant leur forme la plus allongée et iel se sentit se détendre, son coeur battant néanmoins un peu plus vite. Le militaire était soudain sincère. Passionné, aussi, comme à chaque fois qu’il parle de son pays. Raol a toujours aimé les voyages, même s’iel se garde d’en parler à qui que ce soit, de peur qu’on lui confirme que, oui, ce serait certainement plus sain pour ellui de prendre de la distance et de reprendre les expéditions et de retrouver ainsi une vocation qu’iel avait abandonné pour ne pas fâcher sa famille.

    « Je… euh... »

    Raol chercha ses mots en decidant de répondre aux interrogations de Gabryel. Iel ne pouvait pas le faire avec autant d’éloquence. Son absence de certitudes et de confiance devenaient de nouveau évident, mais, cette fois, iel n’essayait pas de trop compenser.

    « Je n’en sais rien. Mais, ça a l’air… enfin, de la façon dont vous en parlez, ça n’a pas l’air si naze que ça. »

    Raol grimaça et se concentra sur son verre, quittant un instant le regard de Gabryel qu’iel avait peut-être fixé trop longtemps. Se fixer dans le blanc des yeux (enfin, le doré, pour Raol), ce soir, ce n’était peut-être pas une bonne idée. Quoique. Raol releva les yeux après avoir bu quelques gorgées. Iel ne savait pas faire la causette, mais en revanche, iel savait draguer comme un.e gros.se lourd.e… mais ce n’est pas Gabryel qui dira « non ».

    « Z'êtes vachement plus attirant quand vous êtes sincère. »

    Peut-être que Raol devrait suivre cet exemple. Iel esquissa un sourire en coin et reposa son verre, penchant son visage acceuilli dans le creux de sa main afin de continuer d’observer l’autre avec une étincelle enjoleuse dans le regard. Son vis-à-vis reprit à nouveau les rennes de la conversation et finalement, ce n’était pas pour déplaire à la grenouille, même si le sujet abordé gâchait quand même pas mal l’ambiance.

    « Nan. Ça s’arrangera pas, il a décidé de me virer et il est buté comme une mule, ce gobelin, aucune chance qu’il ne me reprenne. Il prend peut-être des mois à prendre des décisions, mais quand c’est fait, il ne change pas d’avis. »

    Bon, il est fidèle à ses choix et les assume, surtout. Fut un temps ou c’est un truc qui me plaisait beaucoup, chez lui.

    Maintenant, Raol enviait à Mell ce qu’iel n’avait pas le courage de faire pour ellui-même. Se respecter. Assumer les consèquences de son comportement méprisable. Non, la grenouille n’a pas envie d’arrêter de se comporter comme un adolescents de plus pénibles du haut de ses 32 ans.

    « Mais bon, toute façon, la joallerie c’est même pas mon travail. J’ai choisi de faire ça avant la chute car j’avais pas le choix. En fait, je suis gemmologue, moi, à la base. Je passais mon temps dehors à la recherche de pierres et des gemmes, avec ma mentor et ma fiancée. »

    La sincérité de Gabryel poussait Raol a fait de même, à parler de ce qu’iel aime, de celleux qu’iel a aimé.e.s. De ce qui suffisait à son bonheur.

    En réalité... j’avais le choix. Je pouvais tout simplement envoyer chier les vieux à nouveau et juste repartir avec Junya pour construire notre vie ailleurs. Si j’étais parti.e avec elle… rien ne m’aurais manqué à Yggdrasil. Sûrement pas Akiya et Ziyal. Puis, la Chute aurait eu lieu quand même, pendant que j’aurais été au dehors, avec Junya et peut-être nos enfants.

    Nostalgique en repensant à celle qui fut autrefois sa fiancée, la grenouille reprit une gorgée de son jus de pomme. Son arôme favori lui mettait du baume au cœur, mais iel restait amer.e et plein.e de remords.

    « C’est marrant, d’ailleurs. Si j’avais refusé, je serais pas là aujourd’hui. J’aurais été plus-- »

    J’aurais été plus heureux.se.

    La grenouille s’interrompit puis déglutit en réalisant, une fois de plus, qu’iel avait fait une terrible erreur, par le passé. Que ses souffrances actuelles étaient uniquement la faute de sa propre lâcheté, et pas la faut du reste du monde. Le sort ne s’acharne pas contre ellui comme iel aime tant à le penser, iel aime juste chercher la merde pour se conforter dans sa propre prison mentale.

    « B-bref. Z’êtes sûr que y’a pas des restes de sérum de verité dans votre truc, là ? Je sais même pas pourquoi je vous raconte ma vie. Z'êtes le général, après tout, les tracas de la foutue grenouille à côté de vos années de conquêtes, c'est quoi, hein ? »

    Vous en avez probablement rien à foutre. Les riches sont à mille lieues de pouvoir comprendre tout ça. Mais c’est pas grave. Tant pis s’il pige que dalle. Ce qui est bien, avec lui, c’est qu’il est trop mal placé pour me faire la morale.

    Bah, oui, parce que ce serait quand même dommage, que quelqu’un dise à Raol qu’il faudrait qu’iel se bouge le cul, à son âge, pour faire des vrais choix au lieu de rester dans son trou.

    more_horiz

    eau-de-vie ou eau de chiotte.
    ft. Gabrol :love:  +

    Le menton logé au creux de sa main, Gabryel lorgnait inlassablement le visage grincheux de Raol comme s'iel était la seule chose qui existait en ce monde. L'alcool lui montait au cerveau au point de n'être même plus conscient du malaise que peut engendrer ce regard insistant. Néanmoins, le voilà en train de sourire comme un sot en entendant les paroles de saon interlocuteur.rice qui semblait plus ou moins curieux.se en ce qui concerne Caldis. Et au fond, le militaire était plutôt satisfait de voir qu'il arrivait à vendre son pays comme il se doit. 'Faut dire qu'il est tellement persuader que Caldissia est le plus beau des pays que forcément ça fait effet...

    La réponse de Raol le surpris et il ne pu s'empêcher de rougir bêtement en se grattant la tête. Il était certain que l'attirance qu'il ressentait pour la grenouille était réciproque. Parfois, il en doutait. Mais dorénavant il avait bien du mal à s'imaginer le contraire au vu de la tension entre eux. Gaby ouvrit la bouche pour répondre à cette avance d'une façon plus ou moins similaire, mais il fut devancé puisque la rainette continua en lui répondant finalement.

    Et... c'est étrange, mais le Venomania ne sait pas forcément quoi répondre. Lea Zeteki a l'air bien pessimiste quant à cette histoire, mais il connaît mieux son collègue que lui. Le gobelin n'avait pas l'air d'être une mauvaise personne -il avait même l'air plutôt simplet- alors s'il a prit cette décision ce n'était certainement pas pour rien... cependant le général ne pouvait s'empêcher de penser que s'iel le voulait vraiment iel pouvait à nouveau travailler à ces côtés. Ou travailler tout court. Mais le noble a bien du mal à comprendre pourquoi Raol n'insistait pas auprès du gobelin.

    Et la suite de son discours répondit à cette question. Iel n'était pas joaillier.ère de base, mais plutôt gemmologue. Intrigué, Gabryel se fit plus attentif et fronça un peu des sourcils. Il s'imaginait difficilement la rainette gambader en extérieur, tout sourire, pour récupérer diverses pierres. La vérité est que le caldissien n'a vu que les mauvais côtés de l'animorphe. Lea grincheux.se, méprisable, énervant.e, pessimiste et tranchant.e éossien.ne. Rien de très glorieux. Et pourtant il s'était intéressé à ellui et lui-même ne sait toujours pas trop pourquoi. Sans doute est-ce le fait d'être surpris, d'être enfin confronté... Il ne sait pas trop.

    Une information bien précise lui fit cligner des yeux. Raol avait une fiancée. Et Gabryel sourit. Alors même ellui avait connu l'amour, le vrai. Le général, lui pourtant si riche et si noble, n'avait jamais rien qu'effleuré cette possibilité. L'amour lui était inconnu. Il pensait aimer Klaus, tout du moins il avait tenté de s'en persuader. Mais ça avait eu l'effet inverse. Imitant l'amphibien.ne la nymphe but elle aussi quelques gorgées de jus de pomme tout en gardant ses yeux améthystes fixés sur ellui.

    Iel regrettait. Cela se sentait à des kilomètres. Et bizarrement le général ne pouvait s'empêcher d'avoir la gorge serrée. Y-a-t-il des choses qu'il regrette, lui aussi ? … Klaus, sans doute. Il aurait aimé agir différemment. Faire du mal à autrui n'est pas sa passion contrairement à ce qu'on peut croire. Il regrettait parfois d'être venu ici, à Yggdrasil, puisqu'il n'avait rien trouvé de bon ici. Il regrettait d'être alcoolisé, actuellement. Il y avait sans doute d'autres choses, mais son esprit est bien trop étourdit pour faire le tri.

    Lorsque Raol conclu, Gabryel soupira silencieusement. Oui, il est le général. Mais les années de conquêtes dont parle la grenouille ne sont guère des bons souvenirs. Elles ne lui rappellent que les malheurs, les morts, une guerre sans but. Une guerre de plus de mille années dont personne ne connaissait la raison. Il n'avait lui non plus pas forcément choisi d'être là où il est aujourd'hui. Il s'était contenté d'agir comme tout le monde voulait qu'il agisse. Pour rendre fière sa famille. Pour que son père n'ait pas fait tout ce qu'il a bien pu faire pour rien. Pour que sa mère pose un regard sur lui, une fois.

    « Les tracas de la foutue grenouille m'intéressent. Puisque la foutue grenouille m'intéresse. »

    Plongeant sur la table, il coucha sa tête, n'ayant plus forcément la force de soutenir son propre poids.

    « Si je suis général, c'est simplement parce que c'est une tradition familiale d'être dans l'armée... Je ne l'ai pas forcément choisi. J'aurais pu faire autre chose, mais j'avais peur de décevoir. Parce que... parce que j'sais pas, j'ai toujours voulu être meilleur, en tout, tout le temps. Qui sait, peut-être que si j'avais agis différemment je serais en train de chercher des pierres à l'extérieur moi aussi. »

    Il ria doucement tout en cachant son visage. Il serrait les poings, Gaby. Car il sait que même s'il aurait voulu faire autrement il ne l'aurait pas fait. Être l'élite est son seul but. Être plus intelligent, plus fort, plus incroyable... Être plus confiant qu'il ne l'est déjà. Être soldat, puis lieutenant, puis capitaine et enfin général. C'était son schéma de vie. Il a réussit. Mais maintenant, comment peut-il faire pour s'améliorer ? Que peut-il devenir de plus ? Il a simplement peur de partir sans n'avoir rien fait. De mourir inconnu. De n'être rien ni personne.

    « M'enfin, on peut refaire le monde avec des si. »

    Et il releva le visage. Un joli sourire triste sur le visage, les yeux plongés dans ceux de la grenouille.

    « T'as qu'à re-devenir gemmologue, nan ? Rien t'empêche de te barrer à l'extérieur. Tu seras loin de tout ce qui t'emmerde. Loin de nous. »

    Une légère pointe amer qui n'était franchement pas indispensable. Continuant sur un ton plus humoristique, il enchaîna :

    « Si c'est ton parent qui te pose problème, j'peux m'occuper d'ellui. J'suis sûr qu'iel m'adorerait. »

    Un long rictus sur le visage, fier de sa connerie, il s'imaginait en réalité très mal devoir s'occuper d'un vieux dont il ne connaît rien. Il a déjà bien du mal à s'occuper de lui-même... Mais ça ne l'empêchait pas de faire le malin et de hausser les sourcils en rythme.
    kyro. 017 ldd

    more_horiz

    Eau-de-vie ou eau de chiotte


    Avec
    Gabyboitrop



                

    Mais surtout eau de chiotte.

    /!/ CW : ça parle d'alcoolisme et de trucs de dépression pas cools /!/

    NB : je précise que ce post n'a pas pour but de mettre toutes les personnes ayant des comportements alcooliques dans le même sac et n'a pas vocation à emettre un jugement sur le sujet. L'avis de Raol sur l'alcoolisme est extrèmement tranché et violent en raison de son vécu et de son refus de comprendre la chose en profondeur.


    Tiens, il s’enfuit même pas. Hohoho. Je dois vraiment l’interesser pour qu’il écoute toutes mes conneries sans rien dire. Huh. Sauf si c’est un truc de général. Ce peut toujours être un truc de général.

    Raol avait du mal à admettre même en son for intérieur que l’effet qu’il produisait sur le caldissien n’était pas surjoué par ce dernier. Si cela doit être attribué à une méfiance trop prononcée ou à a manie qu’à Raol d’éviter tout ce qui pourrait lui faire passer un moment de complicité agréable avec une autre personne, on ne sait pas trop. Mais quand la grenouille n’y réfléchissait pas des heures, elle arrivait à profiter du moment. Tout cela n’était encore qu’un jeu pour les deux énergumènes. Lea Zeteki en premier.e ne pouvait pas s’empêcher de jubiler un peu intérieurement en découvrant de nouvelles réactions chez Gabryel. A vrai dire, cela faisait un petit moment que Raol n’avait pas trouvé ce genre d’écoute chez quelqu’un d’autre. Natsume écoutait bien aussi, c’est vrai, mais les deux eossiens n’allaient jamais bien loin quand il s’agissait de se raconter leur vie. Leurs interactions se déroulaient toujours dans la gêne que provoquait leurs réserves excessives et probablement une certaine malaisante du côté du Shimomura.

    Après, on pourrait avancer que Garbyel n’était qu’un futur coup d’un soir comme un autre. Et ce n’était pas pour dire « non-han il n’est pas comme les autres-han », mais, quand Raol y pensait, sa relation avec Gabryel était vraiment sortie de nulle part. Actuellement, l’animorphe ne pouvait pas assurer qu’iel détestait toujours autant le général… s’iel l’avait déjà réellement détesté, en fait. Il est certain que l’attitude d’enfant gâté du caldissien qui avait pété dans la soie toute sa vie avait l’air méprisable à Raol, que certains des propos qu’il avait eux faisait encore grincer les dents de la grenouille. Et puis, le Venomania avait clairement un côté manipulateur et toxique. Pour le coup, Raol jugeait savoir se défendre et était déjà ultra vigilant.e, guettant au tournant la moindre entourloupe. Probablement ne devait iel pas donner sa confiance à l’homme au regard nacré et enjoleur dans l’immédiat… et surtout, un jour, il faudra bien que la grenouille fasse confiance à ses propres jugements, quand ceux-ci ne consistent pas en « les étrangers sont des cons qui puent ».

    Mais je sais même pas ce que me dit mon jugement, là, moi… ! Hm… de prendre du bon temps… ? Peut-être ? Huuuuuuhhhh. Et après je vais encore chouiner dans mon coin car je me serais gourré.e.

    Oui, en fait, quoi qu’iel fasse iel se sentira perdant.e, rabaissé.e ou utilisé.e, en fait. La preuve, même si se confier un peu avait été agréable Roal ne pouvait s’empêcher de ridiculiser ses propres soucis et essayer d’avoir l’air détaché.e. Mais, même ça, ça avait l’air de plaire à son interlocuteur. Et cette constation réchauffa un peu la poitrine de l’animorphe au sang froid. Mieux, même, iel gloussa de bon cœur. Ce fut bref, mais ce n’était pas un de ses rires dédaigneux, plutôt une sorte de croassement rigolard. Oui, la foutue grenouille croasse, maintenant.

    D’accord. C’est plaisant. Encore plus quand je me dis qu’avec le déroulement de notre première rencontre, c’est encore plus drôle de nous retrouver ici ce soir.

    Gabryel reprit naturellement la parole et la grenouille se fit plus attentive en recommençant à sirotter son jus. Iel ne s’attendait pas à entendre le riche caldissien checker ses privilèges. Ou du moins, faire un pas dans cette direction. Peut-être était-ce l’alcool qui le rendait bavard ainsi, mais l’amphibien n’avait pas l’impression de se faire baratiner. L’autre n’attendait pas son approbation ou sa pitié, pour une fois. Il lui exposait juste sa réalité et le fait qu’il n’en était pas satisfait.

    Peur de décevoir s’il avait fait ce qu’il voulait, hein… ? Pourquoi est-ce que ça sonne familier.

    Raol n’arrivait toujours pas à plaindre le général vu les avantages et les désavantages que leurs positions respectives leur donnaient. Mais, le reste du discours de la grande asperge touchait un peu l’eossien.ne, qui était lea premier.e surpris.e d’avoir encore de l’empathie en ellui. Evidemment, qu’iel en avait. Mais, habituellement, iel refuse de s’ouvrir à toute forme de compassion qu’iel pourrait éprouver.

    On pourrait refaire bien des choses avec des  « si ».

    Pour sa part, la grenouille en faisait toujours une obsession, de peur de regarder dans son présent ou de se projeter au-delà. Souvent, Raol se disait qu’avec ses frustrations et ses erreurs passée, il était inutile d’essayer d’avancer, car iel ne retrouverait jamais les choses comme elles étaient avant. C’était stupide, c’était juste une manière pour ellui de ne pas faire d’efforts actuellement. Iel déglutit.

    « M’ouais. J’sais pas si vous tiendriez plus de 15 minutes dans une grotte qui grouille d’insectes chelous et de limaces. »

    Non, vraiment, si lui accepte de sortir de son palace pour salir ses petits doigts blancs en creusant la pierre, alors je suis le cardinal d’altissia.

    Repartir dehors, c’est vrai que cela titillait Raol depuis de longs mois. Et qu’iel se rendait dans des coins plus hostiles dès que l’occasion se présentait. Et la rainette adorait ça, probablement plus que tout au monde. Probablement plus que sa supposée loyauté envers Eos, qu’iel aime tant invoquer pour se détourner de son propre désir.

    « Euh… bah, euh... »

    Raol ne pensait pas être si destabilisé par la suggestion de Gabryel, qui ne faisait que nommer ce qu’iel l’obsède depuis trop longtemps.

    Je suis pas transparent.e à ce point, quand même ?! On ne se connaît à peine… enfin, j’imagine qu’on ne peut vraiment plus dire qu’on est des inconnus, maintenant. Ou même… est-ce qu’on est vraiment ennemis… ? ...oh bordel… est-ce que je ‘en vais vraiment vers ce genre de raisonnements ?!

    Iel déglutit, secoué par ses propres pensées. Son teint doré avait probablement un peu tiré sur le blanc cassé, l’espace d’un instant. Mais l’autre détendit à nouveau l’ambiance en parlant de Ziyal. Écarquillant les yeux, la grenouille pris un instant avant de se remettre à glousser, plus longtemps que la première fois. Iel pouffa même après avoir pris une gorgée de son jus de pomme, manquant de tout cracher sur la table. Après s'être essuyé la bouche, Raol tenta de reprendre sans trop s'esclaffer :

    « Ahaha ! Z’êtes un marrant, vous ! Vous tiendriez pas 1h avec Ziyal ! J’m’en occupe depuis je sais plus combien de temps et vous avez vu dans quel état je suis ? »

    Le pire, c’est que ça lea faisait rire. Iel ne parlait que très peu à coeur ouvert des aspects négatifs de sa relation avec son parent restant, alors, ça lea défoulait.

    « Non, vraiment, même vous, j’vous souhaite pas de faire l’infirmière pour un alcolo qui chouinerait que vous n’êtes rien de tout ce qu’iel aurait voulu dans sa vie. Que voulez-vous, Ziyal voulait un enfant sage, sérieux, mesuré, parfait et qui se serait marié avec la personne de son choix… vous voyez bien que c’est quand même assez éloigné de mon portrait ! »

    La grenouille eut un rire plus amer. Iel se plaignait et cassait du sucre sur le dos de son parent sans vergogne, disait des choses qu’iel n’avait jamais osé lui dire en face (chose qu’iel devrait sans doute faire un jour)… et ne voulait pas penser aux aspects plus complexe de la situation, ou à sa propre responsabilité.

    « ’Fin bon. J’peux pas dire que j’ai pas un peu fait exprès d’être tout ce qu’il voulait pas. »

    J’avais pas envie de les décevoir, Ziyal et Akiya, hein. Surtout que ça signifiait me faire engueuler à chaque fois. Mais… c’était pas moi.

    « Tss… le pire, c’est que même vu comme ça, j’espère encore qu’iel change. J’attends qu’iel finisse par se débrouiller seul pour pas avoir de remords si je repars. Ziyal me pousse à bout, mais, quand iel pleure car je l’ai laissé.e seul.e plus de 24 heures… iel me fait trop pitié. Depuis que Akiya s’est tué, iel est perdu.e. »

    Honnêtement, je crois pas qu’il y ait quoique ce soit que je puisse faire. Que qui que ce soit puisse faire quelque chose. Qu’on puisse lea soigner.

    La grenouille lâcha un long soupir. Son ton était devenu neutre. Iel s’était tant habitué à cette situation qu’iel n’avait même plus envie de pleurer sur son sort. Sa gorge se serrait tout de même, car Raol n’était pas fait.e de pierre non plus. Iel n’attendait pas que son interlocuteur lea prenne en pitié non plus. Mais… ce que la grenouille venait de raconter était plutôt intime. Iel n’en parlait pas à beaucoup de monde, à part à Natsume, de temps en temps, mais c’est car le magimorphe avait une compréhension de la situation plus évidente, de par sa relation compliquée avec sa mère.

    « Arhem, bref… ceci étant… »

    Pinçant les lèvres en cherchant une manière de détourner la conversation, la grenouille décida de se jeter à l’eau.

    « Z’avez qu’à venir avec moi, la prochaine fois que j’irais me promener à l’extérieur. Par contre, venez sobre, ce serait con de rater encore une occasion, hein ? »

    Son sourire en coin narquois et séducteur revint sur ses lèvres. Iel cligna des yeux en fixant les iris nacrés du plus grand puis remua les sourcils d’une manière assez suggestive et lourde, au cas où iel avait été trop subtil.e.

    Comme si j’avais déjà été subtil.e.

    more_horiz

    eau-de-vie ou eau de chiotte.
    ft. Gabrol :love:  +

    Raol, c'est quelqu'un de bien spécial. Gabryel n'a pas le souvenir d'avoir un jour rencontré quelqu'un de similaire à ellui. Et peut-être qu'au fond c'est pour cette raison qu'il s'intéresse tant à la personne qu'iel peut bien être, parce qu'il n'a jamais eu l'occasion de côtoyer ce genre de personnage. Ainsi ça lui plaisait et ça lui plaît encore de faire face à la nouveauté. Il a, du plus loin qu'il se souvienne, toujours eu besoin de changement. Si le temps s'écoule de la même façon et que tous les jours sont les mêmes, il va bien vite s'ennuyer. Gaby il se lasse vite des choses et des gens, oui. Avec lea Zeteki, il n'a pas à redouter la routine ça c'est certain. Un jour iel l'insulte, le lendemain iel se livre un peu, le surlendemain iel se montre taquin.e... Même si ça le fait tourner un peu en rond, au fond il apprécie cela.

    La grenouille se mit à glousser. Un léger croassement qui sonna comme une jolie mélodie aux oreilles de la nymphe. Il ne l'a jamais vu ainsi et il ne peut s'empêcher de rire un peu, le regard doux, l'air un peu ailleurs. Cela lui faisait étrangement plaisir de voir que la rainette appréciait -ou tu moins le semblais?- un minimum sa présence. Il faut bien avouer qu'iels étaient à des kilomètres de ça, lors de leurs premiers échanges. Les yeux du général, rougies par l'alcool, ne quittaient plus vraiment le visage de l'éossien.ne. Il se posait maintenant des questions bien étranges comme : « quel peut bien être son repas favori ? Sa couleur préférée ? Préférait-il le sucré ou le salé ? » en bref, même si ce sont des banalités, il avait l'impression de ne connaître rien d'ellui. Rien de positif. Parce qu'au fond, son humour ringard et ses manières douteuses ne suffiront pas toujours à lui faire plaisir, non ? Il sait qu'iel aime le jus de pomme, certes... mais il se voit mal lui en proposer à chaque rencontre, ça deviendrait redondant.

    Il avait envie de lui plaire comme il avait envie de plaire à tous et toutes. Sans doute pour avoir cet espèce de trophée mental pour être satisfait de lui-même. Il avait besoin des autres pour être heureux. Il avait besoin de leur amitié, leur admiration. Il voulait qu'on le voit et le reconnaisse. Il avait toujours cet objectif presque un peu enfantin de devenir quelqu'un qui marquera les esprits. Quelqu'un dont on se souviendra. Sombrer dans l'oubli serait bien un de ses plus grands cauchemars.

    La remarque moqueuse -mais juste- de Raol lui fit prendre un faux air boudeur. Iel n'a pas tort cela dit, Gabryel ne tiendrait pas quinze minutes dans un endroit qu'il considère sale. En soit, les animaux il s'en fiche un peu. Le Venomania a toujours aimé les animaux -bien qu'il ai un gros faible pour les animaux marins de part son espèce- mais il avoue que certains lui plaisent plus que d'autres et que l'idée de dormir entouré de rats par exemple n'est pas ce qui lui plaît le plus hein... Un peu idiot quand on sait que le militaire a fait pire lors de ses années de guerre. Bizarrement sur le champ de bataille il réussissait à faire abstraction de tout. Peut-être est-ce le fait de se dire qu'il jouait sa vie, ça fait relativiser.

    Lae Zeteki sembla pris.e au dépourvu et Gaby se demanda l'espèce d'un instant s'il n'avait pas dit une bêtise -car ça ne serait pas la première fois après tout-. Puis après une gorgée de jus de pomme, voilà que l'autre éclata de rire ce qui eu l'effet de faire un peu bondir le général sur sa chaise. Néanmoins, la phrase qui sonnait comme une blague fit froncer des sourcils le caldissien. Il trouvait cela un peu triste de réussir à en rire. Il en venait à se demander si lui oserait rire avec autant de clarté sur une telle situation ? Enfin, il avait tout de même du mal à s'imaginer sa famille devenir ainsi. Ils font tous bien trop attention à leur image.

    Mais bon, l'alcool l'attrapa par le col une nouvelle fois pour le faire rire aussi de la situation que lui décrivait Raol. C'est clair que la grenouille est loin de ce que son parent aurait voulu... Enfin, ça dépend sous quel jour on le voit. Dans son magasin, iel semblait concentré.e et sérieux.se... Mais il se voyait mal lui répondre cela, parce qu'après tout iels ne se connaissent pas plus que cela. Il ne l'a vu que peu de fois dans de telles circonstances. Les autres fois étaient plus... électriques. Gabryel gardait le silence, écoutait attentivement la rainette. Il aurait pu faire ça des heures, à vrai dire. La situation familiale de la grenouille était bien compliquée et au fond il sait très bien qu'il ne peut rien y changer -même si l'envie ne manquait pas-. Il comprenait néanmoins ce sentiment d'espoir. Gaby sait que si un de ses parents devenait ainsi il resterait à ses côtés jusqu'à la fin de sa vie, à espérer encore et encore, à répondre à toutes ses attentes... Mais contrairement à Raol, il n'aurait même pas le courage de s'en plaindre et il trouverait la situation normale.

    Il en a connu, des gens qui changent de bord suite à la mort d'un.e proche. Lors de la guerre, surtout. Il a vu plus d'un de ses collègues se jeter au front sans ne se poser aucune question, trop torturé par le décès d'autrui. D'autres furent détruit par l'alcool. Certain.e.s se laissaient mourir jour après jour. Le général -qui fut aussi capitaine à cette époque- ne pouvait rien y faire. Il les regardait se faire souffrir, les uns après les autres. Il savait que le temps faisait les choses pour certain.e.s, mais pour d'autre la solution résidait dans leur propre mort. Constat bien triste. Ce n'étaient pas des souvenirs extrêmement joyeux, 'faut dire qu'il garde encore cette image bien ancrée dans son esprit d'un de ses collègues mourir entre ses bras, complètement méconnaissable. Ainsi, il poussa en même temps que la rainette un long soupir.

    Il allait répondre quelque chose, mais Raol détourna d'ellui-même la conversation et lui proposa quelque chose de bien spécial. Son rictus narquois était à nouveau présent, ce qui lui fit plaisir. Même si la proposition lui semblait géniale, il se demandait tout de même comment iel allait pouvoir l'en informer. Parce que bon, la grenouille ne mettra pas une patte dans la ville-haute -et encore moins chez lui, non?- et quoiqu'on en dise le général avait un boulot qui lui prenait la plupart de son temps. Il s'imaginait mal l'éossien.ne se pointer à la zone d'entraînement des militaires pour venir scander qu'iel veut voir le Venomania.

    Gaby se pencha un peu sur la table, la tête légèrement penchée sur le côté et afficha un long sourire cotonneux, une lueur vraiment douce au fond des yeux. Il ne souhaitait pas garder le silence par rapport à la déclaration présente parce que cela lui semblait tout de même important et que son esprit alcoolique ne pouvait s'empêcher de sentir un peu de culpabilité quant à son état actuel. Néanmoins, il commença tout d'abord à afficher sa joie.

    « Sérieux ?! Tu viendras me prévenir comment ? A la ville-haute ? Dans les bureaux du quartier des armes ? » Il reprit un peu son souffle et continu d'une voix plus légère. « Pour Ziyal, tu arrives à insulter un général de l'armée, donc tu devrais peut-être réussir à lui dire ce que tu ressens, non ? »


    Il fit un bisou dans l'air en fermant un peu les yeux et en pouffant par la même occasion. Puis il jeta un coup d’œil vers la porte.

    « J'suis en train de te faire perdre ton temps. 'Faut que je songe à rentrer moi aussi... »


    Soufflant, déjà exténué en pensant au chemin qu'il doit faire, il revint coucher sa tête sur la table après avoir bu rapidement ce qui lui restait de jus. En tout cas, Raol l'a empêché de broyer du noir tout seul dans sa charrette et rien que pour ça il lea remercie en son for intérieur.
    kyro. 017 ldd

    more_horiz

    Eau-de-vie ou eau de chiotte


    Avec
    Gabyboitrop



                

    Mais surtout eau de chiotte.

    /!/ CW : ça parle d'alcoolisme et de trucs de dépression pas cools /!/

    Finalement, Raol n’avait plus vraiment l’impression d’avoir perdu sa soirée. Les dernières heures (c’est que le temps s’était écoulé bien vite) avaient initialement ravivé des souvenirs bien sombres chez lui, mais le fait de s’ouvrir un peu à Gabryel avait rapidement changé la donne. Derrière toutes ses performances forcées pour se faire passer pour ce qu’il n’est pas, le caldissien était capable d’une bienveillance sincère. La grenouille ne s’autorisait pas encore à y croire mais iel devait bien avouer que tout ça lui avait fait plus de bien que de mal. Iel se sentait stupide d’avoir parlé de ses parents mais il fallait que tout ça sorte. L’avantage, avec la nymphe, c’est que contrairement aux eossien.ne.s, iel ne connaît rien du tout de sa vie, peu de choses de sa culture et ne sera pas partial comme pourrait l’être un.e de ses concitoyen.ne.s ayant connu Akiya sous le bon jour qu’iel montrait toujours. Raol l’avait toujours amer. Personne ne l’avait jamais cru au sujet de son parent. Personne n’aurait pu croire qu’une personne qui a l’air « si aimable et intelligente » de l’extérieur faisait du mal à son propre enfant et à saon partenaire une fois chez ellui. Ne pas parler dans le vide ou à des murs avait été sacrèment libérateur après ces derniers mois à ruminer.

    Tout de même… pourquoi ce type est là comme ça pour moi ?

    Lea Zeteki avait l’impression de ne pas savoir grand-chose sur Gabryel, de son côté, si ce n’est qu’il n’est pas aussi mauvais et stupide que ça.

    Pour un caldissien, en tout cas. A partir de là, on ne peut pas faire grand chose pour lui.

    Iel avait envie, peut-être, d’en savoir plus, malgré tout. Mais le général ne se livrerait pas facilement. Probablement pas sous un mauvais jour, en tout cas. De toute façon, leur prochaine entrevue, s’il y en avait une, promettait d’être riche en découvertes intéressantes.

    Très intéressantes. Héhé.

    C’est qu’iel souriait comme un.e gros.se beauf et ne s’en cachait pas, en plus. Enfin, il fallait que Gabryel dise oui à sa proposition, déjà. Il ne tarda pas à manifester son enthousiasme, se demandant comment Raol allait l’avertir. L’amphibien fronça les sourcils avec un sourire en coin.

    Que… mais qu’est-ce qu’il s’imagine ? Que je vais venir le cueillir à dos de dragon arc-en-ciel devant tous ses copains et demander la bénédiction de ses parents au passage, peut-être ?

    « Bah non. J’vais vous envoyer une lettre. »

    Et j’y mettrais les formes. C’est amusant et ça ne peut pas nuire.

    Par contre, iel aurait bien aimé continuer de parler de leur future relation épistolaire sans penser à Ziyal dans un moment pareil.

    Ah, super, niveau cassage d’ambiance, il est fort, lui. Pourtant, de nous deux, c’est moi qui avais des parents dans le bâtiment.

    Enfin, il lui avait quand même envoyé un baiser pour détendre l’ambiance. C’était rigolo et s’il ne l’attrapa pas au vol, Raol se prit tout de même au jeu. Iel se leva pour aller aux côté du général, se penchant par-dessus la table en fixant le plus grand pour attirer son attention tandis qu’iel se rapprochait. Iel reprit, en imitant un peu la voix doucereuse de son vis-à-vis.

    « Ça, c’est facile, quand le général est dingue de moi. »

    Bon, d’accord, j’exagère un peu. Mais bon, qu’il ose prétendre que ce n’est pas un peu vrai. J’aime bien l’idée que ce soit un peu vrai, mais assez faux pour que ça reste un jeu, moi, en tout cas.

    Après ça, Raol jugea en avoir assez fait pour la soirée et se reposa contre le bord de la table. L’autre avait raison, iel n’allait pas s’éterniser.

    « Ouais, il se fait tard. Vous endormez pas dans un caniveau, hein. »

    La grenouille tapotta l’épaule du général sans vraiment penser son geste amical à l’avance. En retirant sa main, iel se redressa sur ses pieds pour partir.

    Hm… mais avant ça, y’a un truc que j’ai envie de faire depuis un bail.

    Raol laissa glisser sa main vers une mèche de cheveux du caldissien, s’assurant au passage de son consentement avant de mêler ses doigts à sa chevelure, appréciant leur texture en réalisant qu’ils étaient aussi doux qu’iel l’avait imaginé.

    C’est dégueulasse d’avoir des cheveux pareils. Le monde est injuste, de toute façon.

    Finissant de replacer la mèche derrière l’oreille du général, la grenouille ne s’éternisa pas plus que ça. Envoyant un dernier sourire à son interlocuteur, iel retira finalement sa main.

    « Bonne nuit, alors. Et à la revoyure ! »

    Iel commença à s’éloigner mais avant de sortir, l’animorphe s’adressa au premier soldat caldissien présent dans le bar qui avait l’air sobre et lui suggéra sans se donner la peine d’être aimable : « ramenez votre général chez lui ». Sur ces mots, iel s’eclipsa pour de bon, jettant quand même un nouveau regard dans la direction de Gabryel qu’il laissait tout seul à sa table.

    Hehe. J’ai hâte de pouvoir lui écrire cette lettre.

    more_horiz
    privacy_tip Permission de ce forum:
    Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum