Crêpage de chignon saveur altissienne
Avec Olaf, Martin et Helmut
◊ Théodule fait la bagarre ! ◊

◊ CW : comportements toxiques (Helmut est un creep épisode 345), agressions verbales ◊

« On aurait pu se retrouver directement sur place, non ? »

Olaf lève les yeux au ciel en entendant la voix de crécelle vaniteuse de son grand frère. Martin, aux côtés du nain aux cheveux noirs, souffle du nez et se gratte la moustache pour ne pas s’en mêler.

« Bah casses-toi et reprends ton fric si t’es pas content ! »

Il connait le délire de Théodule et ses jérémiades à base de « gngngn je veux bien faire affaire avec vous mais bon, j’ai pas envie de me coltiner une réputation de pochetron si je vous aide à monter votre boui boui ». Entre autres choses irritantes, il n’arrêtait pas de rappeler le montant de ses parts dans l’affaire. Martin et Olaf ont été réticents, mais Théodule a réussi à les convaincre qu’investir dans cette taverne l’intéresse réellement. Peut-être que c’est aussi sa manière à lui d’encourager son petit frère dans ses projets. Olaf souhaite depuis longtemps avoir son propre établissement avec une scène pour des spectacles (Théodule n’a pas bien compris ce que c’était des « concours de reine » et n’a qu’à moitié écouté, à vrai dire, mais bon), bref, pourquoi pas.

Tandis que le trio de nabots marche en direction de leur établissement Olaf se rend compte que son ami blond à moustache se tend. Le nain au grand nez regarde autour de lui nerveusement puis se met à grogner, ce qui attire directement l’attention du gobelin. Théodule cesse de limer ses ongle l’espace de quelques secondes et arque un sourcil.

« Un soucis ? »

Martin marmonne à son tour et Olaf pince les lèvres. Il lance un regard en coin vers son ami humain.

« C’est moi où j’ai vu ton ex nous matter depuis la ruelle derrière ? »

Théodule se tend à son tour et sent l’agacement le gagner. Il n’est pas devenu copain comme cochon avec Martin du jour au lendemain, loin de là. En dehors des affaires et des soirs où ils picolent un peu trop, les deux ne se parlent quasiment pas et c’est probablement pour le mieux. Mais bon. Dans tous les cas, les histoires d’ex horribles, ça le met en colère. Surtout quand, au-delà de ça, il déteste l’ex en question à la base.

Et en plus il est cardinal, le Edenweiss, faut se le farcir régulièrement quand y’a des rassemblements religieux. Je le plains un peu, le Martin, je compatis… enfin, lui dites pas, hein !

« Ignores-le, il fait ça car il veut que je réagisse et que je m’énerve sur lui. »

Siffle Martin entre ses dents. Le gobelin plisse les yeux et se retourne (tout sauf discrètement).

« Tu veux que j’aille lui bouffer la main une deuxième fois ? »

Les deux autres nabots se regardent avec perplexité.

« Hein ? »

Le gobelin hausse les épaules et observe ses ongles bien faits.

« Eh bien, oui, rien qu’à se souvenir de moi, il va fuir en courant… tu ne te rappelles pas, à l’époque, il en avait chouiné pendant des jours. »

Pour le coup, Martin ne put s’empêcher de sourire en coin. Etrangement, se souvenir d’Helmut dans une position humiliante, ça soulage.

Les deux Von Griffon sont tout sauf furtifs en jetant des coups d’œil insistants vers l’arrière. A force, ils espèrent juste que le cardinal cesse de faire comme si ne rien était et finisse par se montrer. Helmut dû comprendre que son comportement était étrange et se montra alors, feignant une sincère surprise en progressant d’un pas rapide vers le trio.

« Oh, mais c’est toi, Martin ! Je n’étais pas sûr ! Quel hasard de se croiser par ici… ! »

Martin ne s’embarrasse même pas de se retourner ou de répondre et progresse vers la fontaine sur la petite place où ils se sont arrêtés comme si ne rien était. Théodule et Olaf, pour leur part, croisent les bras en parfait synchronisation et offrent au cardinal oroniste leurs plus beaux regards noirs.

« Mon cul, oui, connard, tu nous suivais. »

Sans surprise, l’Edenweiss reste impassible. Il garde son sourire innocent sur le visage et remonte ses lunettes en observant le gobelin et le nain du haut de son mètre 90. Quelques mètres plus loin, Martin sent que l’atmosphère se tend encore d’avantage et s’adresse donc aux deux Von Griffon, espérant que cette scène prenne fin.

« Laissez, ignorez-le. »

Le simple fait d’entendre la voix du blond à moustache constitua aux yeux du cardinal une raison suffisante pour s’autoriser à lui adresser à nouveau la parole, en espérant une réaction.

« Je savais que tes fréquentations avaient changé mais… pas à ce point. »

Cette fois, Théodule se redresse sur ses talonnettes et défie le plus grand de son regard hautain.

« Est-ce que tu sais seulement à qui tu t’adresses ? »

Au sortir d’un très long soupir exaspéré, Helmut baisse les yeux vers le gobelin, non sans masquer son ennui et un certain dégout.

« A qui ai-je affaire ? Vous êtes les nouveaux toutous de Martin ? »

Un silence passe et les sourcils du Edenweiss se soulèvent légèrement de surprise. En se penchant légèrement, il scrute Théodule de plus près puis sourit narquoisement.

« Non, non, je te reconnais. Grif- »

Ah, non, pitié, je veux pas entendre ce vieux nom tout pourri.

« C’est Von Griffon, maintenant. »

Peu habitué à se faire couper la parole, le curé écarquille les yeux, se tait un instant, puis se met à rire grassement pour se moquer de la confiance débordante de son interlocuteur. Quand il eut fini, son ton ne perdit rien de son arrogance. Autant dire qu’arrivé à ce stade, Helmut a commencé à parler tout seul.

« Oh, formidable, c’est vrai qu’on a graaaaaand besoin d’un gobelin de plus avec des grands rêves d’ascension sociale… Bravo, hein, mais ça ne durera pas. »

Ce n’est qu’une provocation infantile, mais cela touche quand même le point faible du chef de quartier. Il serre les poings, attend que l’orage passe, car il sait que mordre à l’hameçon ne serait pas la décision la plus avisée.

« Le moindre faux pas et tu dégringoleras. Ta place est à patauger dans la boue des campagnes de Calvaro, donc, ce n’est peut-être pas si mal. »

Qu’on me retienne, je vais l’égorger. Tant qu’à le mordre à nouveau, autant que ce soit pour ne plus jamais le voir ouvrir sa grande gueule à nouveau !

Même si le gobelin tremble de colère, il ne bouge pas. Il est concentré pour ne pas céder à son irritation en public. Donc, évidemment, Helmut s’autorise à en remettre une couche.

« Hm ? Ben quoi ? Tu ne me mords pas ? Oh, mais oui, c’est vrai que tu as une réputation à tenir. Ce serait vraiment très bête, que ton altercation avec le Cardinal t’attire des ennuis. Voire te détruise. »

En effet, le gobelin à très envie de sauter à la gorge du plus grand ou de lui foutre sa talonnette bien fort au bon endroit. Ses phalanges se serrent et blanchissent, ses dents sont si serrées que sa mâchoire menace de s’engourdir.

« Mais qu’il est casse-bonbons… Théo, on va pas abimer nos manucures pour lui, hein. »

La présence d’Olaf à ses côtés parvient à rendre le gobelin plus calme (du moins, en apparence, car dans sa tête, il a déjà arraché 12 fois la tête du Edenweiss pour la faire frire dans de l’huile bouillante et donner sa cervelle à manger aux cochons). Finalement, Théodule laisse retomber ses épaules, détend son visage et affiche un sourire de façade calme, confiant.

« C’est bien vrai. »

Il hausse les épaules, sourit avec complicité à son petit frère, puis regarde à nouveau le cardinal.

« Si tu as tellement envie qu’un « sous-race » comme moi te fasse manger le pavé, tu peux juste le dire. »

Car il ne s’agit que de ça, après tout. Il ne cherche rien d’autre que de nous faire céder à la provocation devant Martin. Il a certainement très envie de nous humilier en public pour conserver sa crédibilité. Bah, oui, ce sera facile, hein, de dire que ce n’est que cet abruti de gobelin impulsif et son frangin le nain sans cervelle qui l’ont agressé… qui viendra le contredire, vu d’où il vient ? Diantre… la vie de ce stupide cardinal doit vraiment être chiante. Bien fait pour sa gueule.

« Qu’est-ce que tu diras à ta maman, hein ? Qu’un vilain gobelin t’a fait bobo ? Comme ce jour-là ? »

Olaf ricana aux côtés de son grand frère, comme pour l’encourager. Théodule finit par briser le contact visuel, puis glousse à son tour, régalé par le manque de répondant d’Helmut.

« Tu es tellement pathétique. Ça ne change pas. »

Martin se rapproche de ses deux accompagnateurs, sa main sur sa lance rangée dans son dos. Il sait que la réaction de son ex pourrait être excessive. Aussi, il se sent mal de se laisser défendre. A sa vue, Helmut changea soudainement d’attitude, son visage et son sourire redeviennent faussement innocents.

« Martin ! J’ai vraiment cru que tu allais continuer de m’ignorer ! »

Le blondin inspire profondément, peu enclin à répondre. Il ne doit aucune réponse à Helmut, mais dans son malaise, il déjà trop laissé ses deux comparses prendre à sa place.

« Laisse mes potes tranquilles. »

Martin pose sa main sur l’épaule d’Olaf et fait signe à Théodule qu’il est temps de partir. Alors que le trio entame de s’éloigner, le cardinal décide de l’ouvrir une dernière fois.

« C’est une jolie manière de dire que tu as trouvé des nouveaux larbins. Je te conn-- »

Il n’a pas le temps de terminer. En se retournant, le gobelin lui a envoyé sa cape dans la figure puis s’éloigne comme si ne rien était. Un lourd silence investit la place tandis que le trio s’éloigne et que le cardinal, pour sa part, ne bouge pas, mais forme un rictus vicieux, ses yeux rivés sur les deux Von Griffon et Martin. Après un petit moment, Théodule retrousse les narines et toussotte.

Ça sent le brûlé… qu’est-ce que—

Ses yeux descendent vers le bas de sa cape.

« Aaaaaaaaaaaaaaaaah ! »


Olaf et Martin regardent, confus, le chef de quartier retirer sa cape à toute vitesse et piétiner les zones envahies par des flammes blanches. De l’autre côté de la place, Helmut regarde la scène les mains dans le dos en souriant.

« Espèce de sale raclure d’humain de sac à foutre… »

PERSONNE NE TOUCHE A MA CAPE. Cette fois, trop, c’est trop !!

Les doigts aux ongles longs du gobelin se tendent. Une lueur blanche translucide se rassemble autour de son poignet.

« Ça, tu vas me le payer ! »


Helmut pose une main contre son cœur, feignant d’être outré par les accusations du Von Griffon.

« Comment, mais quoi ? Mais enfin… Je n’ai rien fait… »

Mais la lueur sadique qui bondit dans les yeux du Edenweiss ne trompent pas le gobelin, certain que le curé se délecte de l’avoir enfin mis hors de lui.

Théodule lève sa main vers le ciel, criant son incantation sans plus penser à sa réputation ou au scandale que pourrait provoquer cette altercation. Tout ça pour une cape. Enfin, non, il y a plus qu’une cape derrière cette bagarre. Mais bon.

« Luscio !! »

Le sort de magie blanche se matérialise en un rayon incurvé, qui s’abat en direction du cardinal. Ce dernier à eu le temps de se positionner pour se protéger avec sa magie de feu. Les deux sortilèges virevoltent ensemble un instant, pour se rencontrent, explosant en une onde de choc orangée contre les pavés. En voyant que les dégâts pourraient s’étendre vers des passants qui n’ont rien à voir avec leurs bagarres d’égo, Théodule fait de son mieux pour élever un petit bouclier de magie blanche et contenir la petite explosion, mais sent son visage lui faire mal en recevant des eclats et des restes de l'onde. Des tuiles volent, la poussière s’élève au-dessus du petit cratère résultant de la rencontre de leurs incantations respectives.

Helmut ne camoufle pas une certaine surprise et frotte sa main endolorie, puis passe l’autre sur son front endommagé après avoir reçu l’éclat d’un pavé. Il se redresse et laisse la rumeur et les éclats de voix envahir l’air, dirigés vers Théodule dont le regard furieux continue de le fusiller.

« Finalement, tu as toujours le sang chaud. C’est trop facile, avec vous, les gobelins. »

Théodule grogne puis, sans prévenir, se met à vociférer. Olaf doit le retenir pour qu’il ne saute pas directement à la gorge du Edenweiss.

« TA GUEULE !! BARRES-TOI DE MON QUARTIER !! »

Helmut lève les mains et montre ses paumes, en, signe de reddition, sans pour autant perdre son expression provocatrice.

« Fort bien, fort bien… il faut montrer le bon exemple, donc tu t’en sors pour cette fois. »

Il lui adresse un clin d’œil et affiche à nouveau son sourire faussement angélique. Il finit par se redresser puis recule en adressant un dernier signe de la main à Martin.

« Au revoir, Martin. Je sais que tu penses toujours à moi, donc… je me contenterais de ça ! »

Evidemment, trou du cul. Les connards comme toi c’est difficile de les oublier, tant on se charge de les tuer tous les jours en pensée !!

Olaf relâche petit à petit sa prise sur les poignets de son frère, lorsqu’il sent ce dernier se détendre, une fois qu’Helmut est hors de leur champ de vision. Le trio soupire à l’unisson de soulagement. Puis, le gobelin fait mine de se ressaisir malgré le malaise qui lui a inspiré cette situation et l’épuisement temporaire dû à l’utilisation de sa magie. Pour garder la face, il s’adresse à la petite foule qui s’est rassemblée autour de la scène de crise.

« Il n’y a plus rien à voir, ici. Je me chargerais de faire réparer les dégâts. »

Bon, ça, va, ce ne sont que quelques pavés, on ne va pas pleurer. Mais bon, ça les calmera de voir que j’assume au moins ça. J’imagine.

Le gobelin tourne enfin les talons et s’éloigne rapidement. Il se retourne seulement pour s’adresser à Olaf et Martin.

« Bon, vous bougez, vous deux ?! Je vous rappelle qu’on a rendez-vous et qu’on est déjà en retard ! »

Pas par notre faute ! Bon sang de bonsoir… pas Oros, pourquoi j’ai la gorge sérrée et envie de chialer à cause de ce foutu cardinal ?!

Olaf et Martin arrivent à la hauteur du chef de quartier.

« Théo, ralentis, bordel ! »

Il retient son frère et le fait s’asseoir de force sur le bord d’une fontaine.

« Me touches pas !! »

Réagit brutalement le gobelin qui sent soudain un gout métallique au fond de sa gorge. Il porte une main vers son visage et la retrouve couverte de sang. Il déglutit, mal à l’aise devant cette vision. S’est-il vraiment présenté ainsi devant les habitants de son quartier… ?

« Tu pisses le sang du nez et tu t’es ouvert l’arcade, abruti. »

Olaf sort un mouchoir de sa poche, le mouille dans la fontaine et le porte contre le visage de son grand frère. Celui-ci le repousse à nouveau et se saisit du tissu.

« Je peux le faire moi-même !! »

Le nain soupir avec exaspération, résistant à gueuler sur l’autre Von Griffon qui commence franchement à l’agacer. Martin lui fait signe de s’apaiser et donc, Olaf détend ses épaules.

« Eh, oh, ça nous fait chier autant que toi mais on te parle pas comme à un larbin pour autant, donc, tu vas te calmer ! »

Théodule ouvre la bouche pour rétorquer puis serre les dents, reconnaissant ses tords.

« …D’accord. »

Il baisse les yeux en tamponnant son arcane avec le mouchoir désormais taché de rouge.

Quelle honte. Je suis toujours incapable de me contrôler devant ce genre d’abrutis. Alors que si je veux atteindre mes objectifs, j’en croiserais des pires que lui.

« Je… j’ai pas reussi à me retenir. J’ai honte. C’est pas digne d’un chef de quartier. »

Olaf et Martin se regardent et haussent les épaules.

« Bof. Il l’a bien cherché. »
« Ouaip. »


Les deux militaires affichent à l’unisson un sourire narquois. Théodule ne peut s’empêcher de les imiter, même s’il n’est pas vraiment fier.

Après un petit moment, le gobelin se lève après s’être assuré que son visage était un peu plus propre. En gardant le mouchoir contre son front, il se retourne vers ses deux potes… enfin, collaborateurs. Mais un peu potes quand même.

« Bon… chers associés… on a une affaire à conclure, non ? »

Quoi, qu’ils me fassent pas répéter ! Promis, je vais faire des efforts, car ce sont pas mes larbins, mais mes égals… mais bon, faut pas pousser non plus.

Olaf tapote l’épaule de son frère, et le trio s’en va enfin vers sa destination, bien prêts à marchander pour acquérir cette fichue auberge et faire fleurir leur future affaire commune.