Fouilles abusives et débats stériles

Quête en solo
ft. Melchior et Ziyal



            

/!/ TW : un peu de xenophobie et de violence verbale, ça reste globalement "léger" mais autant prévenir :V /!/

« Et les voila qui repassent... »

Marmonna la grenouille en mangeant son repas dans l’arrière boutique avec Ziyal, les yeux rivés vers l'extérieur. L’autre Zeteki à l'expression toujours préoccupée eut l'air inquiet.e en suivant le regard doré agacé de sa progéniture. Iel remit une mèche grisonnante derrière son oreille et ses yeux ambrés, plus foncés que ceux de Raol, clignèrent lentement lorsqu'iel tenta d'apaiser l'ambiance tendue qui s'installait dans l'arrière boutique.

« Ce sont juste des soldats… tu ne vas pas commencer à t’énerver à chaque fois… »


Et pourquoi pas ?

Raol se retint de soupirer avec exaspération devant son parent qui se faisait déjà assez d’angoisses ces derniers temps. N’empêche que des inquiétudes, iel en a aussi et ça tendait à l’énerver, qu’alors qu’iel a désormais 30 ans passés, que Ziyal lui dise encore comment se comporter face à des types armés qui ont tous les droits.  

Après tout ce n’est pas comme si on nous rapellait régulièrement que leurs vies sont, implicitement, plus importantes que les nôtres.

« Ils font des inspections tous les deux ou trois jours depuis 2 semaines dans le coin. C’est insupportable et ça nous interrompt dans notre travail. »

Fit platement lea trentenaire qui se sentait quand même obligé de défendre son bout de gras. A ses côté, Ziyal, qui mangeait des biscottes au miel avec des crudités eut l’air ennuyé.e.

« En même temps, il faut les comprendre… leurs souverains sont morts de la manière la plus violente, alors, ils ne veulent pas mettre en danger d’autres personnes si les coupables courrent toujours. »

Pfff… Ce que Ziyal peut-être loin, des fois.

Des fois, Raol en a marre, de la mollesse de lea plus âgée. En même temps, Ziyal n’a clairement pas l’énergie de s’occuper de tout ce bazar ou de supporter sa progéniture dans ses provocations stupides et risquées des militaires altissiens et caldissiens. Cependant, lea plus jeune en a marre de se laisser marcher sur les pieds, juste car sa famille le lui a demandé gentiment. Iel ne comprend pas l’interêt de courber l’échine, surtout quand certains des soldats elysians profitent clairement de leur influence sur les eossien.ne.s.

La porte du magasin s’ouvrit et Raol entendit Melchior saluer « messieurs dames les militaires belle journée aujourd’hui, n’est-ce pas ». Iel grogna et vit Ziyal tendre ses épaules maigres, l’avertissant d’un regard de ne pas faire n’importe quoi en lea voyant se lever pour aller dans la boutique.

« Raol… ne sois pas trop... »

Pas trop quoi ? Pas trop fier de m’écraser devant ces types qui nous emmerdent tous les jours et commencent à nous faire perdre des clients ?!

Lea plus jeune soupira sans répondre et sortit de l’arrière boutique, s’appuyant contre le comptoir en observant la scène en train de se jouer entre son collaborateur et les deux lieutenants.

« Que peut-on faire pour vous aujourd’hui ? Vous avez trouvé quelque chose ? »


Et en plus il les encourage… Offres-leur le thé, pendant que tu y es !

Raol serra le poing sur le plan de travail et plissa les yeux. Les deux soldats n’avaient pas l’air d’être là pour discuter tranquillement avec Melchior ou même leur annoncer une bonne nouvelle. D’ailleurs, ils souriaient presque mesquinement en échangeant un regard.

« On doit refaire une fouille dans la rue, vous serez assez aimables de... »
« Vous n’avez pas déjà tout vu avant-hier ? »

Ziyal se leva dans l’arrière boutique pour regarder sa progéniture sortir de derrière le comptoir afin de s’approcher dangereusement des deux militaires. L’une était une grande dame, une humaine, probablement, aux cheveux ras et blonds et l’autre un nain costaud à la moustache brune défiant la gravité. Raol les trouvait tout aussi ridicules l’un.e que l’autre, dans leurs armures trop brillantes et-- une idée lui traversa l’esprit en observant les plastrons de plus près : ces gens étaient des gradés… peut-être que leur promotion récente leur faisait faire du zèle.

« Raol, arrêtes... »


Fit Ziyal qui avait passé la tête par l’entrebâillement de la porte, au bord de la manique.

« D’où vient votre ordre ? J’aimerais juste savoir pour quelle raison vous avez besoin de venir déranger si souvent des gens en plein travail, mettre leurs échoppes sans dessus dessous et leur faire perdre du temps et de la clientèle. »

Pour le coup, le collaborateur gobelin violet de Raol n’ajouta rien et se contenta de croiser les bras sur sa poitrine. Melchior ne semblait pas vouloir s’opposer aux dires de saon collègue, car il trouvait aussi très pénible de devoir ranger la boutique une fois supplémentaire par jour à cause du zèle des deux lieutenants. S’il ne voulait pas d’ennuis, le gobelin ne pouvait pas nier que cette situation commençait à être un peu grosse et aussi quelque peu étrange.

« Les ordres, ce sont les ordres. Vous avez pas besoin d’en savoir plus. »

Fit l’humaine en se dressant bien droite pour mieux surplomber l’animorphe impertinent.e. Raol avait fortement envie de lui renvoyer son sourire suffisant et Mell n’était pas vraiment à l’aise de lea sentir s’énerver un peu plus à chaque seconde qui passait. Cependant, probablement car iel se trouvait en public, lea Zeteki parvint à garder son calme en reprenant la parole.

« Oh, bien sûr, bien sûr… je suis juste un peu intrigué par la récurrence de ces fouilles. Par ailleurs, elles ne nous avantagent pas. La dernière fois, nous avons perdu du matériel dans le processus… que ce soit des créations ou des matériaux. Vous savez à combien s’élèvent nos dépenses en cristaux et en métaux… ? Enfin, votre supérieur doit être au courant, comme j’ai déjà rempli une plainte pas plus tard qu’hier. »


Melchior plissa les yeux et regarda l’animorphe, attirant son attention en tirant sur la manche de sa tunique.

« Tu as fait ça ? »

Chuchota le gobelin d’un air un peu inquisiteur, agacé que saon collaborateur.ice ne l’ait pas prévenu. Raol ne répondit rien et se contenta d’envoyer un regard ferme au plus jeune, comme pour lui dire de lea laisser faire pour le moment car pour le coup, Raol bluffait. Iel n’avait pas eu le moyen ni le temps de faire une chose pareille. Et par ailleurs, iel était certain.e que sa plainte n’aurait pas été reçue, vu son absence de confiance totale en des institutions qui ne seraient pas dirigées par d’autres eossien.ne.s. Mais pour le moment, Raol mentait juste comme un arracheur de dents pour voir si cela faisait réagir leurs visiteurs.

« Enfin, j’espère juste que les dommages encourus seront compensés, d’une manière ou d’une autre. Vous avez prévu de-- »

Sans l’avertir d’avance, le nain moustachu fit un pas vers la grenouille impertinente et tenta de l’intimider en posant ses poings sur ses hanches et une main sur le pomeau de son épée.

« Écoutes, gros malin, ton bluff à 3 sicams, tu peux le ranger car y’a pas de plainte qui tienne. Vous êtes des commerçants et de surcroît des eossiens. Nous, on est des gradés de l’armée caldissienne et altisienne. Alors, votre boulot, c’est d’obéir et de nous laisser fouiller. Jusqu’à ce qu’on soit sûrs que vous cachez rien, du genre… du poison ou d’autres trucs louches. »

Raol recula d’un pas jusqu’au plan de travail, agacé du manque de sens d’espace personnel du soldat moustachu. Iel grogna et fusilla les deux d’un regard doré plus féroce que tantôt.

Oh, du poison, ici, il y en a… dans mes glandes. Mais même si j’aurais bien aimé, ce n’est pas mon poison qui a tué vos chers souverains.


Ziyal s’était de nouveau caché.e dans l’arrière boutique, plutôt apeurée par les derniers mots du caldissien. Melchior grimaçait aussi et après un silence pesant, lea gemmologue reprit la parole.

« Mais vous le savez, qu’on cache rien, par l’Eos ! Vous avez déjà cherché partout comme des bourrins ! »

Se défendit Raol qui perdait clairement son calme depuis que les deux autres avaient osé prononcer le mot « eossien ».

« Hé, tu vas baisser d’un ton, le globuleux. »

Fit la plus grande en prenant l’eossien.ne et son mètre 65 par le col. Melchior s’éloigna d’un pas et se pétrifia sur place, observant saon collègue en restant hypervigilant. Le gobelin craignait qu’une certaine scène d’empoisonnement se reproduise ici et maintenant et mette tout le monde dans une merde encore plus sombre que tantôt. Néanmoins, Raol s’en rendait tout autant compte que son collègue et serra les dents après avoir aperçu Ziyal du coin de l’oeil.

Mais quelle bande de sales races !


Raol se sentir commencer à trembler de colère et de frustration. C’est ellui qui devrait être en train de les étrangler tous les deux. Ils savaient quel genre d’influence iels avaient en s’invitant dans un commerce en pleine journée, face à des eossien.ne.s non-humain dont la situation est déjà assez pénibles ces temps-ci. Après quelques longues secondes où Raol eut le temps de tuer une bonne quinzaine de fois les deux lieutenants dans sa tête, le brun à la grande moustache prit la parole et posa une main amicale sur le bras de sa comparse.

« C’est bon, Vandam, on peut bien s’arranger, non ? »

La nommée « Vandam » lâcha finalement l’animoprhe dont la peau qui avait commencé à suinter en souriant narquoisement.

« Hm… t’as raison, Jetteli… on est pas si méchants et bourrins que ça, hein. »

Oh, quoi, ça vous a piqué, qu’on ose vous dire que vous avez la même finesse qu’un troupeau de cocatrices en période d'accouplement ?

En remettant son col et en se redressant, Raol ravala sa salive en tentant de garder son calme. Les yeux toujours fixés sur les deux énergumènes en armure, iel attendait de voir à quel genre d'arrangement les militaires faisaient allusion.

« Ouais, bref… disons qu’on pourrait fermer les yeux sur la fouille et sur votre insolence. Si vous nous refilez quelques trucs gratuitement. »
« Plaît-il ? »


Pour le coup, même Melchior avait commencé à envoyer des éclairs avec les yeux à l’encontre des deux militaires. Raol ellui-même n’en revenait pas de constater une telle impudence et une telle absence de respect pour leur ouvrage.

Car, ça m’étonneraient qu’ils en aient l’utilité, de nos créations. Tu parles, ils iront juste les revendre sur le marché noir pour se faire des sous sur notre dos ces…

« ...Vous vous foutez de notre gueule ?! Est-ce que vous savez quel travail mon collaborateur met, dans ne serais-ce qu’un seul des bijoux que vous voyez ici, ce qu’il m'en coûte de bien tailler une gemme magique sans la briser pour faire un charme de la taille du petit pois qui vous sert apparement de cerveau ?! »

Melchior fut surpris de voir la grenouille dorée prendre spontanément sa défense en s’avançant un peu plus. Cela dit, le gobelin aurait aimé que Raol ne commence pas directement à hausser le ton en insultant l’intelligence supposée des soldats. Avant qu’une autre personne ne puisse réagir, ce fut Ziyal qui sortit de l’arrière boutique et s’approcha de l’autre amphibien.

« C’est… c’est ! Excusez Raol… iel ne sait pas ce qu’iel raconte ! Enfin, excuses-toi, ces personnes se montrent encore arrangeantes avec vous alors il vaudrait mieux que... »

Non, mais, vraiment ?! Et pourquoi pas me mettre à quatre pattes en leur disant « merci » avant de lécher le caca sur leur semelles, aussi ?!

Raol s’efforça d’inspirer profondément afin de s’adresser avec un peu plus de self control à son parent qui, de son avis, se mêlait de choses qui ne lea regardait absolument pas.

« Ziyal, restes en dehors de ça, s’il te plaît. »

La fermeté du ton de Raol eut l’ait de choquer momentanément Ziyal qui recula de nouveau. Aux côté de saon collaborateur.ice, Mell commençait aussi à perdre patience. D’un côté, il n’avait absolument pas envie d’encourager Raol a faire d’autres grosses conneries, mais de l’autre, le gobelin refusait de laisser son travail et sa passion se faire insulter plus longtemps.

« J’ajouterais, aussi... »

Raol cligna des yeux et fixa Melchior à son tour, plutôt surpris.e que le violet soit de son côté vu comme leur relation se dégrade ces temps-ci. La chose lui ferait presque chaud au coeur, mais, en même temps, au-delà de leurs mésententes, il semble normal de se supporter quand on partage un établissement.

« ...que c’pas dans les habitudes de la maison de s’attirer des ennuis avec des pot d’vin. »


Le gobelin croisa les bras et se redressa, bien qu’il avait du mal à se grandir et à inspirer le respect.

« Donc, ouais, j’suis d’accord avec maon collègue. On a l’droit de savoir d’où vient votre ordre avant d’vous laisser retourner not’ magasin ! »

Les lieutenants Vandam et Jetteli furent obligés de fermer leur clapet sur le moment, mais le répondant des deux eossiens n’avait pas raté de les agacer. Les deux se regardèrent avant de se remettre à vociférer.

« Pour qui vous vous prenez, vous deux ?! Va falloir vous le dire dans votre vieil accent de bouseux à la con, que vous avez pas d’autres choix que de nous obeïr ? »

Raol ne put retenir un gloussement hautain en voyant les deux énergumène commencer à perdre la face. Iel s’appuya contre le comptoir et fit tourner sa bague sur son doigt en reprenant son ton le plus mielleux.

« Oh, oui, ce serait bien bête que pour une fois, ce soit vous qui fassiez un petit effort pour vous hisser à notre niveau... »

Puis, iel se tourna vers Melchior, sans perdre son sourire en coin.

« Et puis… pour qui on se prend, déjà ? A ton avis, Mell, pour qui on se prend ? »

A ses côtés, le gobelin comprit où la grenouille dorée voulait en venir et fit mine de se mettre à réfléchir intensément avec un « hmmmmm » totalement surjoué, index sur le menton et yeux tournés vers le ciel.

« Ah, oui ! Pour les propriétaire légaux de cet établissement ! »
« Ça vous en bouche un coin, nan ? »


Rajouta Mell en adressant un clin d’oeil au lieutenant à la moustache touffue. Les deux militaires se mirent à grogner et l’humaine aux cheveux ras posa sa main contre la dague à sa taille. Ses yeux lançaient des éclairs à l’encontre des deux joallier.e.s qui devinrent passablement nerveux.ses en s’imaginant avec une lame sous la gorge. Mais c’est alors que Mell eut un éclair de génie et se mit à vociférer à qui voudrait bien l’entendre.

« ALORS EUH ‘TTENTION, HEIN !! SI VOUS M-MENACEZ AVEC VOT' TRUC J’CRIE T-TRES F-FORT !! »


Raol sursauta brusquement en entendant le gobelin se mettre à hurler si fort qu’avec les fenêtres et la porte ouverte, les commerçants d’en face et d’à côté avaient du être alertés également. Des passantes s’étaient même arrêtés momentanément en essayant de voir ce qui se passant dans la bijouterie. Mell reprit son inspiration, posa ses mains sur ses hanches, puis donna un coup de coude à saon collègue pour lea prendre à parti.

« Hé, en plus, on pourrait l’dire à vos s-supérieurs ! Raol iel connaît l’général caldissien, d’abbord, alors faites gaffes !! »
« CROAHH ? Mais qu’est-ce que-- !!! »


Raol n’eut pas le temps de s’insurger car Mell lui donna un nouveau coup de coude, plus fort, pour lui intimer de se taire, pour une fois, afin que le bluff ait quelque chance de fonctionner. Après avoir croassé d’un air des plus horrifié, la grenouille s’efforça d’obtempérer sans rien ajouter de plus. Les deux lieutenants échangèrent un regard malaisé. Avant qu’ils ne puisse se défendre ou s’inventer une excuse, Raol reprit la parole.

« Bon. Alors, qu’est-ce que ce sera ? On a tous assez perdu de temps, non ? »

Le large sourire mielleux de l’amphibien et son regard brillant n’eut pas l’air de mettre plus à leur aise les deux militaires. Finalement, ce fut Vandam qui reprit la parole, sans cesser de gueuler en postillonnant sur les gemmes.

« Bande sales… ! On va vous l’montrer, notre ordre, la prochaine fois, et z’avez intérêt à avoir de quoi payer ! »
« Ou-ouais, comme elle a dit, d’abbord !! »


Rajouta Jetteli avant de s’en aller sur les talons de sa collègue altissienne. Évidemment, le nain ne se passa pas de donner un grand coup de pied dans la porte pour la forme afin de se « venger » en partant. La chose fit lever les yeux au plafond les deux eossien.ne.s qui purent enfin se détendre un peu.

« Pfff… quelle bande d’abrutis... »


Marmonna Raol, faisant volte-face afin d’aller vérifier que rien n’avait été abîme après que la porte ait claqué violemment. Melchior partit s’asseoir pour s’éventer avec un parchemin et faire sa descente d’adrénaline au calme. Ziyal sortit de l’arrière boutique et revint vers sa progéniture qui rouvrait la porte et en profitait pour s’aérer l’esprit, tout en regardant les deux militaires s’éloigner, non sans un large sourire satisfait.

« Raol… tu es content.e de ce que tu as fait ? »


...Plutôt, oui ? Qu’est-ce qu’iel a encore, personne n’a été bléssé et tout va bien ! Ces types étaient dans l’illégalité, en plus, par l’Arbre Sacré !

« …Ecoutes, ce n’est pas ta boutique et ce n’est pas à toi de décider comment on la gère. »
« Mais es-tu toujours obligé d’agresser les gens de la sorte ?! Tu pourrais au moins faire comme Melchior et être un tant soit peu diplomate ! »


Oh, non, c’est reparti… comme si le soucis, c’était que je suis désagréable.

Mell voulait visiblement rester en dehors de ça et n’ajouta rien, ce qui arrangea bien Raol, finalement. Iel n’avait aucune envie de se justifier pour une fois que les choses allaient en leur faveur.

« Oui, oui, bien sûr... la prochaine fois qu’on menacera de me dégainer une dague sous le nez, j'essaierais de faire de la diplomatie, ça apaisera les esprits à coup sûr... »

Agacée et véxée comme un pou de l'ironie que l'autre mettait dans ses paroles, lea Zeteki plus âgée grogna et regagna l’arrière boutique. Soupirant avec un certain soulagement, Raol s’approcha de l’estrade sur laquelle se trouvait le plan de travail. Melchior était assis sur le rebord, encore un peu essoufflé. La grenouille dorée ne sur pas vraiment quoi dire sur le moment et se contenta de se détendre légèrement en s’appuyant sur le côté du comptoir, regardant son collaborateur avec un léger début de sourire reconnaissant.

« Euh… c’est, euh… on est, euh, je sais que... »

Raol s’apprêtait à aborder le fait que leurs relations n’étaient plus vraiment ce qu’elles étaient avant la Chute mais s’abstint avant d’en faire trop. A la place, iel s’éclaircit la gorge et reprit la parole.

« Euh. Merci. »

Mell se redressa et posa ses yeux sombres sur le visage de lea gemmologue, soupirant sans trop oser sourire. Il se massa la nuque et soupira un long coup.

« B-bah… on allait pas les laisser foutre en l’air not' boulot et not' magasin. »


Haussant les épaules et ne sachant pas quoi dire de plus, le gobelin retourna vers les gemmes qu’il avait éparpillées sur son plan de  travail avant que Vandam et Jetteli n’arrivent. Alors que les deux eossien.ne.s allaient se remettre doucement au travail, la patronne de la cordonnerie d’à côté frappa à la porte pour s’assurer que tout allait bien dans la bijouterie. Raol laissa Melchior expliquer la situation tout en voyant le commerçant d’en face les rejoindre, pour se plaindre comme son autre voisine d’avoir eu droit au même type de manipulation de la part des deux soldats. Pendant que les commerçants débattaient des mesures qu’iels pourraient prendre pour se plaindre de cette fumisterie aux autorités compétentes, Raol mit quelque fois son grain de sel sans oublier d’emettre ses réserves et de préciser que de telles démarches ne serviraient probablement pas à grand-chose. Mais Melchior, lui, était aussi motivé que les autres et voulait interroger avec elleux le reste de la rue pour s’entendre sur leur problème commun.

Pendant qu’iels rédigeaient ensemble une lettre à l’adresse du chef de quartier, Ziyal sortit de l’arrière boutique avec ses affaires, prête à rentrer à la maison comme elle l’avait prévu.

« Tu as besoin que je te raccompagne ? »


Raol quitta momentanément le groupe pour donner l’occasion à la plus âgée de l’accompagner au moins jusqu’aux portes du quartier eossien. Ziyal secoua la tête négativement et avait toujours l’air quelque peu véxée pour leur échange animé de tantôt.

« Ne t’en fais pas pour moi, je sais encore me débrouiller seul.e. »

Oui, certes, mais ces dernières semaines ce n'était pas si évident...

« Comme tu voudras. »

Raol soupira, culpabilisé.e malgré lui à cause des regards agacés que continuait de lui lancer Ziyal. Son, parent finit par quitter la boutique et lea Zeteki retourna donc avec le reste de ses collègues qui discutaient de manière drôlement animée. Melchior avait terminé de rédiger la lettre et proposa d’aller faire le tour des autres boutiques pour les interroger et peut-être obtenir des signatures. Pour sa part, la grenouille dorée resta à garder le magasin, n’ayant pas plus envie que ça de se mêler d'avantage à cette histoire. Ce n’était pas pour faire lea rabat-joie, mais iel n’y croyait pas vraiment, quitte à avoir l’air bête si l’idée de ses collègues étaient finalement couronnée de succès.

Si on veut commencer à être traités de manière plus ou moins juste, ce n'est pas une lettre qui les fera changer d'avis. Il faut faire justice par nos propres moyens.

Quand la boutique fut enfin vide, lea Zeteki regarda son collègue partir. Melchior avait le sourire aux lèvres. Raol se demanda pourquoi iel avait cet espèce de pincement dans la poitrine en repensant que de tels sourires lui étant adressés avant la chute ne risquaient plus de l’être aujourd’hui. Pas de la part de Mell, en tout cas et c’est bien le problème, d’autant plus qu’iel restait confus et incapable d’essayer de comprendre en quoi iel y était pour quelque chose, dans le fait que son collaborateur limitait au maximum leurs interactions. Cette nuit-là, il n'avait fait que tuer un altissien stupide et ivrogne de plus, pour ellui, ça n'avait aucune espèce d'importance et iel était certain que tout eossien.ne qui se respecte en avait déjà rêvé. Enfin. Sa gorge s’était sérrée et lui faisait tout d’un coup un peu mal, donc Raol décida de se remettre illico au travail. Mine de rien, tout ça lui avait bien fait perdre deux bonnes heures de travail et la grenouille avait quelques charmes à terminer avant la fin de la journée.