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  • Fouilles abusives | Feat Sam
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    Le dragon n'est plus, miracle est arrivé. Yggdrasil a protégé sa cité. Des mois de siège éreintant cessent, la ville millénaire respire à nouveau. Chaque soir, sous la lueur émeraude et bienveillante du grand arbre, les éossiens fêtent et célèbrent ceux tombés au combat. Après tant d'épreuves, la ville semble reprendre vie...
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    Alyss Yawilea Elvyara

    Le soleil était haut dans le ciel, aucune brise ne venait froisser les feuilles de l’Arbre, l’ambiance était lourde et chaude. Sans même un regard vers le ciel, l’Elfe pouvait présentir la venue prochaine d’un orage, ce temps lourd, cet air toujours plus chaud.. La pluie viendrait bientôt d’abattre sur la ville afin de retrouver l’équilibre de température. C’était lors de ces journées qu’il était préférable de rester à l’ombre des hautes demeures de la haute ville ou abritée derrière les grandes branches des arbres. Alyss aurait bien préféré rester dans sa demeure, ayant peut être même profité quelques temps de l’eau fraîche du bassin de sa protégée, Délia, celle ci ne lui aurait sans doute pas voulu. Toutefois ce doux songe de paresse s’était vite envolée lorsque l’Elfe s’était souvenue du rôle qui lui avait été attribué aujourd’hui. Elle devait aller patrouiller en compagnie de son alter ego Altissien dans les quartiers eossiens dont ils étaient en charge. Des fouilles avaient ordonnées dans ces modestes habitations eossiennes et en tant que Capitaine, Alyss devait y participer. Non pas que cela la dérangeait, elle ne voyait pas l’intérêt de vérifier chaque maison, d’autant plus que des lieutenants étaient sans doute passés avec eux.

    Mais les ordres étaient les ordres et Alyss allait donc se forcer à quitter la fraîcheur de son bureau pour aller s’aventurer dans la fournaise qu’était Yggdrasil. Non seulement à cause du temps mais de l’ambiance générale, depuis la mort des deux souverains tous étaient à cran, les voisins suspectant les leurs, la haine pouvait être perceptibles entre les Caldissiens et les Altissiens et l’illusion de paix installées entre les deux peuples se brisait toujours plus chaque jour passé depuis le drame. Certains prenaient du plaisir à alimenter les tensions mais l’Elfe n’en faisait certainement pas parti. Elle avait pu voir les ravages de la guerre, et à chaque battement de ses yeux elle pouvait revoir les corps inertes de personnes coupables du seul crime de s’être trouvées sur le champ de bataille. Les autres ne pouvaient pas comprendre la guerre sans l’avoir vue, même leur imagination ne pouvait atteindre la réalité. Il était donc vital de maintenir la paix.

    Alyss se rendit compte au box de sa jument, elle la regarda d’un regard tendre, Olympe lui rappelait tant sa mère dans ses traits et sa façon d’être. Après l’avoir câlinée et lui avoir donné quelques friandises, Alyss entreprit de la panser puis de la seller. Tout en ajustant les lanières de cuir de la selle l’Elfe pensait à un détail plutôt drôle. Elle serait accompagnée de Samaël, qui, à sa connaissance ne possédait pas de monture, et était constamment accompagné de sa chienne, s’appelant Windie d’après les souvenirs de la jeune femme. Alyss avait été attendrie en remarquant l’amour que le jeune homme portait à sa fidèle compagne, peut être même semblable à l’affection que portait Alyss à sa jument. Toutefois l’attendrissement de l’Elfe avait été quelque peu réduit lorsqu’elle s’était rendue compte que Samaël portait visiblement plus de respect à sa chienne qu’à un Eossien. Parfait pour le capitaine de ces quartiers..

    Alyss ne savait pas trop que penser de Samaël, ils avaient rarement échangés lors de leurs missions ensemble et l’Elfe n’avait jamais vraiment réussi ou cherché à discerner le jeune homme. Espérons juste qu’il n’essayerait pas d’humilier un Eossien lors des fouilles de certaines habitations. Alyss avait récemment entendu parler d’une bataille de légumes s’étant déroulée au marché et avait cru comprendre que le capitaine Altissien n’y était pas pour rien. L’elfe se demandait comment l’on pouvait avoir l’impudence de faire cela alors qu’en tant que Capitaine, l’homme représentait l’armée et les Altissiens. Enfin, cela était fait et rien ne pouvait être changé, toutefois, Alyss pouvait être certaine qu’elle ne laisserait aucun évènement semblable se produire lorsqu’elle était présente.

    Après avoir fini de seller Olympe, Alyss monta aisément sur la selle et se mit en route après quelques ajustement de ses étriers. Elle fit marcher d’un pas lent sa jument, cela ne servait à rien de les épuiser toutes les deux plus que nécessaire, Alyss ayant déjà beaucoup trop chaud sous sa lourde cape bleue nuit marquée du blason de sa famille. Celle ci fut bientôt enlevée et attachée à la selle d’Olympe, laissant les bras d’une blancheur éclatante de l’Elfe à la lueur du soleil. Seuls quelques détails présents sur son corps contrastaient avec la blancheur de sa peau. Les pigments noirs du renard tatoué sur son bras étaient plus visibles que jamais sur son bras droit et la longue cicatrice nacrée barrant son avant bras était exposée à la vue de tous. Rares étaient ceux connaissant l’histoire de cette marque sur sa peau, Alyss voulant protéger Lysia des questions trop indiscrètes et cette cicatrice évoquait un lien direct avec la nature de son amie. Toutefois, l’Elfe avait pris la décision de ne pas la cacher, elle était juste, là, sur son bras.

    Alyss arriva bientôt à l’entrée des quartiers eossiens et sauta à terre afin de se désalter quelque peu avant d’aller faire boire Olympe à une source proche. Samaël ne devrait sans doute pas tarder à arriver, ils s’étaient donné rendez vous la veille à l’entrée des quartiers, Alyss l’attendit donc patiemment, tout en observant les différentes habitations eossiennes.
    Ft Sam

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    24 mars
    1001
    Fouilles abusives
    avec Alylyss
    J'ai parfois du mal à me dire que j'arrivais à me réveiller naturellement très tôt le matin, il y a quelques années. Mais depuis que je suis Capitaine, mon corps demande davantage d'heures de sommeil. Je ne me lève plus vers six heures du matin mais deux heures plus tard ! Mais bon, en contrepartie, je dors plus tard aussi. Je passe davantage de temps à la taverne qu'avant, et j'ai également plus de responsabilités depuis que l'on m'a assigné aux quartiers éossiens en compagnie d'Alyss Elvyara, la Caldissienne de même grade que moi. Sérieuse et appliquée dans ce qu'elle fait, j'étais surpris l'an dernier de voir comme elle prenait son travail à cœur. Dommage, cela m'aurait fait une occasion de me moquer un peu de nos voisins mais je sais que ce n'est plus l'heure des conflits. Nous avons fait la trêve, après tout, et je ne vais pas m'en plaindre. Je me porte bien sans guerre aussi, pour ma part. Mais bon, la perte d'Adélaïde reste une grande perte pour nous. Je l'aimais bien, notre impératrice. C'était une femme respectable et sage qui ne méritait certainement pas la mort qui lui a été donnée. Brrr... Si je tenais les responsables de ce meurtre ! Je lui dirais ma façon de penser, moi. Je perds espoir des fois qu'on ne retrouve jamais le ou les coupables, mais j'aime à penser aussi qu'on finira par rendre justice à nos dirigeants assassinés.

    Enfin bref. La journée a commencé il y a quelques heures pour moi mais j'ai profité de ma pause pour rentrer faire le ménage à mon domicile avant que l'heure du rendez-vous avec Alyss n'approche. Windie sur les talons, avec son enthousiasme habituelle, je crois que ma chienne aime bien ma collègue de travail. Enfin... En même temps, Windie aime presque tout le monde, alors c'est facile, vous me direz, mais ça a tout de suite accroché avec l'elfe. D'ailleurs, la voilà qui m'attend aux côtés de sa jument à l'entrée des quartiers dont nous avons la charge. Je m'empresse de la saluer amicalement.

    « Belle journée, n'est-ce pas ? »

    Salutations un peu bateau, mais en même temps, je ne la connais pas si bien que ça, la Elvyara. Je suis surtout familier avec son cousin qui a une sacré réputation au sein de notre caserne. Alyss, en comparaison, semble plus sage et moins fêtarde. Enfin... En apparence, en tout cas.

    « Dommage qu'on doive la passer à fouiller des établissements... Enfin, avec un peu de chance, ça sera vite terminé. »

    J'engage la conversation l'air de rien pendant que Windie vient saluer la Caldissienne et son cheval en battant de la queue. Je n'aime pas trop les fouilles. Même si je sais que parmi les Eossiens se cachent peut-être les meurtriers d'Adélaïde, j'ai une sorte de sensation étrange dans ma poitrine quand je vois les visages des Eossiens apeurés voyant que nous les accusations. Comme un pincement que je tente de refouler. On m'a suffisamment dit que les sentiments n'avaient pas de place quand on était à l'armée, car la pitié pourrait parasiter notre pensée et l'ennemi serait capable de s'en servir pour nous achever. La guerre est certes finie, mais les séquelles restent, et si je grimace parfois en voyant de pauvres gens sans défense quand on fouille leur demeure, j'essaye de ne pas faire ressortir mon empathie naturelle.

    « C'est pas drôle, les fouilles, m'enfin, quand faut y aller... C'est celle-là, la première maison qu'on doit visiter ? »

    Je désigne une des demeures que nous apercevons à quelques mètres près de nous, dont nous nous rapprochons au fur et à mesure que nous marchons. J'ai un petit peu chaud sous mon armure mais la végétation autour des maisons crée un peu d'ombres rafraîchissantes. J'ai bien fait de faire couper un peu les poils de Windie récemment !
    Mais le soleil éclatant ne me permet pas d'oublier la sombre histoire qui nous a conduit à nous montrer plus méfiants les uns des autres, et me la rappeler me tire quelques frissons.

    « Y'a pas mal de monde qui semblent penser que ce sont les Eossiens qui ont fait le coup, pour euh... Pour l'assassinat d'Hincmar et Adélaïde... Cela semble évident mais je ne sais pas trop quoi en penser. »

    C'est quelque chose dont je souhaite discuter avec ma camarade depuis un bout de temps. Le cœur sur la main, je me doute qu'elle ne doit pas autant soupçonner les natifs de l'arbre autant que moi. Mais il est très vrai, de mon point de vue, que la mort des deux souverains est trop louche et soudaine pour qu'elle ait été l'œuvre d'un Caldissien ou d'un Altissian, alors que les dirigeants étaient plutôt populaires dans leurs pays respectifs et qu'ils étaient assez robustes pour survivre jusque là. Mais paf, passée une année sur Yggdrasil, leur vie fut fauchée. Autant dire que ça me rend perplexe, toute cette affaire.
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