Des vieux souvenirs et de la bagarre
Aprentissage de Makaio
◊ Petit flash back des belles années au monastère de Théodule ◊

Année 980 – Monastère d’Altissia

Je n’en peux plus de voir cet abruti de Martin Hildawagner fanfaronner au milieu des terrain d’entraînement. Avec ses cheveux blonds trop bien coiffés et ses mouvements incertains, je ne sais pas l’attention de qui il pense capter mais il n’aura sûrement pas la mienne. Enfin, si, malheureusement. Mais il s’attire surtout mon mépris car ses cris de babouin écervelé m’empêchent de me concentrer sur mon parchemin. Je serre les dents tandis que les autres ricanent comme des abrutis en le voyant faire tournoyer sa lance… est-ce que c’est vraiment utile, en combat réel, tout ça ? Je ne crois pas.

C’est cruel et Oros me le pardonne, mais j’espère qu’il se fera assommer ou tuer et que cela lui donnera une leçon concernant le maniement de son foutu cure-dent. Certes, pour ma part, j’ai les bras trop minces pour réussir à soulever une lance en métal et il en sera sûrement ainsi encore longtemps. Il n’y a bien que les rapières et les bâtons qui sont à peu près maniables pour moi. De toute manière ce n’est pas ma priorité. Ma priorité, c’est d’apprendre ce foutu sort de protection en paix et un fois fait je pourrais… hm. Je pourrais peut-être faire ravaler son arrogance à cet abruti d’Hildawagner. Ce dernier aime bien se foutre de moi de loin, sachant très bien que je l’entends me narguer. « Ohlala, le maillon faible ici, on sait qui c’est de toute façon »… c’est drôlement gonflé, venant de quelqu’un qui est peut-être sérieux, mais ne donne que le minimum nécessaire dans ses études religieuses et passe le reste du temps à se la péter. Entre nous, mes recherches donnent de bien meilleurs résultats. Il me fait ricaner. Dommage qu’avec la pression de sa famille, il ne puisse pas se faire éjecter tout simplement du monastère. Mais même sans ça, je sais qu’il ne restera pas longtemps et qu’il est prévu qu’il parte dans peu de temps pour se former en vue de rejoindre l’armée mais, cela m’embêterait s’en aille sans que j’ai pu lui rendre la monnaie de sa pièce pour ce qu’il m’a fait subir.

Je continue de réciter mes formules de plus en plus fluidement dans mon coin. Il me faut me boucher les oreilles pour les apprendre sans que les cris du Hildawagner me dérangent. La chose n’est pas très efficace car… qu’est-ce qu’il peut beugler, ce con. Je finis par me déboucher les oreilles afin de jeter un œil vers Martin et sa bande. Il sont deux à essayer d’imiter le rasibus blond en grimpant sur leurs lances comme s’il s’agissait de leurs… bref. Charmant. Je viens de la campagne donc j’ai vu des choses bien plus dégoûtantes mais ça reste désagréable à regarder. Je ne sais pas s’ils ont conscience d’à quel point ils ont l’air stupides. Ils me tapent sur le système, je crois que je vais renoncer à l’idée de rester dans le coin, finalement, au risque de perdre des neurones. Je--

« Roooh, alors, Griffe-le-moche il assume plus de profiter du spectacle… »

Entendis-je dans mon dos. Évidemment, ce n’est pas comme si Martin-le-foutu-blondin s’adressait directement à moi, je ne mérite pas de sollicitude à ses yeux. Cela lui ferait trop plaisir que je l’ignore, tout comme le fait que je m’énerve. Je tente de garder mon calme en me retournant. Le regard noir que je lance dans leur direction les fait rire, l’un d’eux feint même un évanouissement de peur.

« T’as trop peur de venir me le dire en face, Hildawagner ? »

Lâchais-je sèchement, après quelques secondes à tourner ma langue dans ma bouche. Bah, oui, je ne suis pas très très sûr de moi, en lançant cette provocation. C’est qu’à trois contre un, ils peuvent me faire passer un très mauvais moment, quand même. Un ange passe après ma dernière intervention et les trois abrutis m’observent avec des yeux ronds. Martin laisse ses « amis » en arrière et prend sa lance en m’approchant.

« Peur ? De toi ? Rapelles-moi combien tu faisais la dernière fois que tu t’es mesuré ? »

Sur le coup, je ne peux qu’étouffer un rire narquois.

« Et toi, alors ? C’est pas trop dur de même pas dépasser le gobelin d’une tête ? »

Est-ce qu’il s’est regardé, cet humain qui dépasse à peine le mètre 60 à presque 20 ans ?! Tout le monde le sait qu’il complexe et n’assume pas, ici. Je sais que je suis le premier à voir envie d’être plus grand mais… bah, moi, au moins, je n’incite pas à tout le monde de ne rien dire juste pour me faire plaisir. Dans tous les cas, c’est avec un plaisir non dissimulé que je vois le petit blond rougir d’embarras et de colère en face de moi.

« Oses le redire ?! »

Sa main tremble de frustration sur sa lance. Je devrais surveiller ça car je sens qu’il aimerait bien m’assommer avec dans les secondes qui suivent. Je me contente de détendre les doigts et me remémore la formule que je viens d’apprendre mentalement. Je sens que la magie parcoure ma poitrine et descend le long de mon bras. Alors que martin est en train de s’énerver en face de moi, j’affiche un sourire des plus irritants et plonge mon regard dans le sien.

« J’ai dit ce que j’ai dit. Mon petit frère le nain te regarderait de haut. »

En vrai, pas vraiment, mais bon, quitte à en remettre une couche. Martin s’énerve pour de bon et brandit sa lance pour me menacer.

« Je ne suis pas. UN. NAIN. »

Oh, eh bien, j’ai l’impression que c’est un sujet de conversation un peu sensible. Je me concentre encore d’avantage et agit au plus vite par la suite. Le blondin leva le manche de sa lance, bien décidé à me frapper avec. Alors que ses bras s’abattent dans ma direction, je tends la main d’un geste plus vif, prononçant rapidement la formule de mon sort. Le Hildawagner qui voulait me cogner se cogne les bras puis le visage contre la barrière translucide que je viens de faire apparaître. Le blond recule et dégringole jusqu’à se retrouver les fesses par terre. L’air totalement ahuri, il porte une main à son nez qui saigne puis ses sbires le rejoignent. Il grogne de douleur et son regard aurait facilement pu me tuer si la chose était possible.

« Oh, ne pleures pas, tu ne t’es rien cassé. Chochotte, va. »

Le blond saute sur ses pieds puis se jette sur moi. Oups, la barrière s’est déjà dissipée et je n’avais pas prévu ça. Je n’ai pas le temps de lancer un autre Makaio, le premier m’ayant déjà laissé un peu groggy. Mais voila, maintenant, j’ai une furie sur moi qui me secoue comme un poirier et me hurle des trucs incompréhensibles sous le coup de la colère. Il me met du sang partout avec son nez, ce con !! En voyant mes robes se salir je riposte et tente de lui mordre le bras et la main pour l’éloigner, mais nous ne sommes séparés que lorsque notre supérieur, monsieur Siegfried, le prêtre supérieur nous demande mollement d’arrêter de nous bagarrer « car ce n’est pas très bien de se bagarrer quand même ». Finalement, ce sont nos camarades qui nous éloignent l’un de l’autre. J’ai eu l’air bête quand Helmut, qui est toujours trop grand, ma soulevé et que j’ai battu des pieds dans le vide, feulant comme un chat des rues. Finalement, nous avons juste eu droit à un sacré serment de la part de la moniale supérieure responsable du monastère et à quelques travaux d’intérêt général que nous avons fait chacun de notre côté. Je m’en fiche, au moins, j’aurais finalement appris mon sort de protection et cette altercation n’aura pas été totalement improductive.