30 mars 1001 | Classe verte (et rouge) |
avec Natsumeossien
Je cligne des yeux, peut-être un peu réellement surpris qu'il me parle de ce que je sais pourtant être personnel. Vu qu'il ne m'aime pas, je m'attendais juste à ce qu'il me dise d'aller voir ailleurs avec un ton assez sec, mais il n'en est rien. S'il a l'air de se forcer à parler de ses soucis de santé, c'est avec un sérieux déstabilisant que je l'écoute tout de même. Je ne siffle pas pour ne pas qu'il croit que je me manque, mais de l'asthme... C'est chaud. On a déjà eu des enfants asthmatiques à l'orphelinat, avec tous ceux que j'ai pu voir passer, mais ce n'était pas des cas dont je m'occupais moi-même, n'étant pas affublé à ça. C'était Blaise, qui s'y connaissait en médecine, alors quand quelqu'un avait un problème, c'est vers lui qu'on allait. Il a bien tenté de m'apprendre quelques trucs, mais mes pensées étaient souvent ailleurs. Je n'avais pas envie qu'il croit pouvoir me guider jusqu'au bout dans la voie de la médecine pour prendre sa succession quand j'étais davantage intéressé par le chemin de la chevalerie depuis tout petit. Cela ne me fait pas vraiment rire, les problèmes de santé. J'ai eu la chance de ne pas avoir de mon côté, mais cela a handicapé bon nombre de mes camarades dans les batailles, que ce soit pour des handicaps physiques comme la perte d'un membre ou des choses plus insidieuses. En général, on ne les laissait pas aller au combat dans ces conditions quand ils se sentaient mal, mais très souvent, ils ne voulaient pas qu'on les prenne en pitié et se jetaient donc d'eux-mêmes à la guerre. J'ai simplement eu de la chance, pour ma part, de ne pas avoir de constitution fragile ou quoi que ce soit. Comme des problèmes aux poumons, par exemple, car ça doit être sacrément embêtant dans la vie de tous les jours. Mais... Je comprends bien mieux à présent ses difficultés et sa réticence pour rentrer dans le jeu. Cela se voyait, qu'il faisait ça pour leur faire plaisir, de toute façon.Je ne m'attendais pas trop à sa question, néanmoins. Je pensais qu'il allait se contenter de m'ignorer pour le reste de l'heure. Ou même de la journée. Pourtant, je crois avoir attiré sa curiosité, si je comprends bien, même si je ne m'y attendais pas tellement. Curieux, je reste un moment silencieux et immobile, décernant dans sa voix plus que morne un semblant d'intérêt.
« Euh... Euuuh... C'est comme un grand éléphant, mais-... Ah euh du coup vous connaissez peut-être pas les éléphants non plus, c'est un truc de Caldissia, ça. »
Décrire un mammouth à un Eossien... Comment on fait ça ? À Altissia, il est évident que les habitants savent ce que c'est. Ils sont plutôt connus dans la région et comptent parmi nos fiertés des montagnes. Mais il est vrai qu'il y doit y avoir pas mal de créatures de chez nous que les Eossiens ne connaissent pas. Cela me fait bizarre de me dire... Mais après tout, ils ont pioncé pendant sacrément longtemps. Je fais des mouvements de bras en espérant que ça soit assez parlant, mais c'est tellement spécifique dans ma tête que j'ai l'impression d'être très brouillon dans mes explications.
« C'est une bête énoooorme ! Elle fait bien euh... trois ou quatre mètres et pèse très lourd ! Elle a des poils bruns et une longue trompe euh enfin un long nez et... et... Attends, j'vais te faire un dessin. »
J'ose prendre une des craies qui traînent par terre pour pouvoir commencer à dessiner sur le sol. Je suis loin d'être un artiste, mais je pense qu'il visualisera mieux avec quelques traits pour qu'il s'y retrouve.
« Voilà, là t'as le nez, et puis les oreilles, et... Et là ce sont ses défenses ! C'est des trucs en ivoire qui sont super balèzes. Et puis on monte dessus, comme ça... »
Je fais un petit bonhomme sur le dos du monstre poilus tout en poursuivant mes explications avec un sourire qui s'élargit de plus en plus au fur et à mesure que je laisse parler ma sincérité et mon naturel, des souvenirs joyeux se frayant un passage dans mon cerveau.
« C'est très gentil, quand on les apprivoise, mais qu'est-ce que c'est fort ! Une fois, on a ouvert leur enclos pour faire une course et-... »
Sans m'en rendre compte, je suis passé au tutoiement un peu trop naturellement. Je ne sais pas d'où vient cette manie mais je devrais probablement arrêté avant que ça ne dérange quelqu'un. Parti dans mes délires en repensant à ma terre natale, j'allai amené une petite anecdote sur le tapis avant de me rendre compte que le Shimomura ne m'a rien demandé et qu'il s'en fiche probablement. Plus modestement, je lâche finalement ma craie pour qu'un des enfants puissent la récupérer. J'en aperçois quelques uns qui s'amusent à rajouter à mon brouillon quelques couleurs surnaturelles pour le rendre plus joyeux.
« Euh... Enfin bref. C'est un mammouth. »
Peu à peu, quelques enfants éliminés se sont mis à nous entourer pour voir les dessins. Je n'ai rien fait de bien exceptionnel, mais je constate à leurs regards curieux qu'ils sont vraiment fascinés par ce qu'ils voient. Pour ma part, je leur laisse la place volontiers pour arrêter de la prendre, affichant une expression plus calme.