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  • Der Griffon und Die Spinne {Théodule Von Griffon & Allikah Yeshua}
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    Le dragon n'est plus, miracle est arrivé. Yggdrasil a protégé sa cité. Des mois de siège éreintant cessent, la ville millénaire respire à nouveau. Chaque soir, sous la lueur émeraude et bienveillante du grand arbre, les éossiens fêtent et célèbrent ceux tombés au combat. Après tant d'épreuves, la ville semble reprendre vie...
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    Encore une longue journée de labeur pour la famille Yeshua. Tisser, tricoter, coudre, coller, tresser, imaginer, accessoiriser, réparer, bref tout ce qu'il fallait pour honorer les commandes en temps voulu. Ce n'était pas toujours évident, de tenir les délais. Ce n'était pas quelque chose d'habituel pour ces nomades du désert. Ils fabriquaient et vendaient lors des marchés. La négociation était âpre, mais c'était bien tout. Tandis que désormais, il fallait répondre aux sollicitations, des choses sur-mesures, avec des demandes extravagantes et parfois exotiques. Mais il fallait croire que la destinée n'avait pas vraiment envie de filer un coup de main à Allikah.

    Quelques coups contre la porte de l'échoppe, qui s'ouvre pour laisser place au service des missives. Une missive pour Madame Yeshua, qu'il dit le Monsieur. Priorité urgente, selon ce qui est écrit sur le rouleau. Et avec une mention confidentielle. La totale. C'était pas loin du dossier classé secret, vu comment le bonhomme lui parlait et lui tendait le document. Tout un protocole, tout ça pour une pauvre couturière se disait Allikah. Alors, bien sur, elle avait pris le document et avait souhaité une bonne journée à ce bon Monsieur, se demandant bien ce que cela pouvait être.

    Et ça, pour une surprise, c'était une surprise. En retournant le papier, elle pouvait voir l'expéditeur. Enfin l'organisme expéditeur plutôt. La guilde des marchands. Certes, elle se souvenait bien s'être inscrite lors de son arrivée ici, dans cette petite ruelle. Elle pensait qu'elle ferait une bonne affaire avec cette guilde, on lui promettait une réduction sur certains produits. Allikah n'avait pas encore pu vérifier et profiter de cette fameuse offre, à vrai dire, elle avait clairement oublié l'existence de la guilde. Sans trop d'attention, elle déchira l'enveloppe du rouleau afin de lire le contenu de cette missive si urgente et si confidentielle.

    Elle avait d'abord lu ça en diagonale, vite fait. Mais la mention, soulignée, écrite en rouge, en bas du document, avec l'adresse de la guilde, la date de ce jour et l'heure lui avait avait collé des frissons. Qu'est-ce que c'était que cette convocation ? Qu'est-ce qu'elle avait fait de mal ? Parcourant à nouveau le parchemin, elle poussa un soulagement, même si elle n'avait pas compris ; pourquoi elle ? En résumé et en bref, la guilde des marchands venait de retrouver, comme par magie, une tapisserie, aussi mystérieuse que vieille, dans des stocks oubliés. De par son métier de tisseuse et de couturière, Madame Yeshua doit se présenter pour estimation de la-dite tapisserie.

    Ils ne manquent pas d'air quand même dans cette guilde des marchands. Convoquer les gens pour le jour même. Comme si elle n'avait que ça à faire. En plus, le bâtiment de la guilde se trouvait dans le quartier des affaires, pas la porte juste à côté pour Allikah. Et toute cette histoire semblait tellement tiré par les cheveux. Des stocks oubliés ? Qu'est-ce que c'est encore que cette organisation des tréfonds ? M'enfin bon, c'était une convocation, alors pas le choix. Elle avait laissé l'échoppe à grand-mère Sephora. Cette dernière était R-A-V-I-E. Si un client avait la malchance de se pointer, c'était cuit pour son porte-feuille. Voilà quelles étaient les pensées de notre animorphe araignée en rentrant dans le grand bâtiment marron de la guilde, convocation à la main.

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    Der Griffon und Die Spinne
    Avec Allikah Yeshua
    ◊ Théodule va observer des vieux objets poussièreux avec l'araignée gipsy ◊
    ◊ HRP : J'espère que mon post te laissera assez de matière et de place pour répondre ! Sans ça, n'hésites pas à me demander de modifier/alléger un peu °W° ◊

    Ouille.

    Pourquoi l’oreiller m’a l’air si dur,  ce matin… ? Ah. Parce que je me suis encore endormi sur mon bureau.

    J’émerge péniblement et masse ma joue douloureuse, sur laquelle l’encre du parchemin à certainement dû laisser un tatouage définitif. Pas très très glamour, vous en conviendrez. Je renifle et essuie un filet de bave au coin de mes lèvres. Je me demande l’heure qu’il est et depuis combien de temps je me suis endormi. A la vie de la lumière blanchâtre, légèrement bleutée de l’aube, j’estime que huit heures ne sont pas encore passées. Ce genre de réveil à la suite d’une nui blanche passée sur mes comptes et les demandes diverses du quartier est habituel, pour moi et j’ai pris l’habitude de ne pas m’y appesantir plus que ça. On se fait, à ce rythme… de toute façon, il faut bien.

    Après m’être étiré en poussant un « gggnnniiiiiiih » bruyant mais fort agréable, mon dos craque légèrement et je me lève de ma chaise, prêt à aller prendre quelque chose à boire et à manger au rez-de-chaussée. Un bon thé… peut-être finalement goûter ce café qu’un client caldissien m’a offert en compensation. Avant de descendre, je jette un coup d’œil par la fenêtre et ne peux m’empêcher de chercher Aëden du regard dans le petit jardin. Le jeune animorphe (enfin, je crois qu’il en est un) est toujours là. Je lui ouvre la porte de la maison, de temps en temps, mais il n’est pas encore rentré…. N’a-t-il jamais froid ? Bref.

    Alors que je réajuste mes robes, j’attends que mon petit déjeuner cuise sur le feu qui n’avait pas céssé de brûler pendant la nuit. Une grosse pile de parchemins, des lettres et des demandes diverses qu’il me faudra lire au plus vite. Une fois que je peux me sustenter, je me m’attèle au tri à la lecture des missives. Je mets de côté les doléances destinées au chef de quartier de côté, je m’en occuperais après les affaires. D’autres missives concernent des paiements de clients, que certains font déposer à la guilde directement et parlant de la guilde, justement… je vois que mon expertise d’antiquaire est demandée pour… ooooh. Voilà  qui est intéressant. Je ne peux retenir un sourire de requin affamé en voyant de quoi il s’agit. La guilde a apparement ressorti tout un stock de vieux objets, certains d’une certaine valeur, si j’en crois leur dire d’un de leurs dépots oublié. Ce sont des choses qui arrivent, depuis la fin de la guerre, ce n’est pas si rare. Des gens ne reviennent pas chercher leurs objets car… bah, parce qu’ils sont morts, quoi.

    Ohohoh. Voilà, je ne tiens plus en place, maintenant, je m’imagine une véritable caverne au trésor, en pensant aux objets de ce dépôt et vous savez ce que dit : premier arrivé, premier servi, héhéhé ! Oubliant totalement ma fatigue et avalant le reste de mon repas à toute vitesse, je monte rapidement passer des vêtements plus présentables que mes robes traditionnelles de travail, hésitant quelques longues minutes sur la cape que je pourrait bien porter. J’opte pour une noire avec un col en fourrure blanche des plus élégantes… bref, après cette petite parenthèse fashion, me voila parti pour la guilde au trot. J’espère que personne n’a sauté sur l’occasion avant moi.

    Quand j’arrive, je vois que la guilde est déjà animée même au matin, ce qui n’a rien d’anormal : les bonnes affaires n’attendent pas. Je me dirige tout de suite vers le guichet et constate rapidement que je ne suis pas seul. Argh. J’espère que tout le monde n’est pas là pour la même chose que moi. Je me balance d’un pied sur l’autre et tripote la fourrure de mon col et mes bagues, trépignant d’impatience. Quand c’est enfin mon tour, je vibre d’excitation en tendant ma convocation au monsieur.

    « Ah, M. Von Griffon, mon collègue vous attendait. »

    Le type m’indiqua le chemin à suivre vers un couloir du bâtiment. Avant de m’y engouffrer, je croise l’homme dont le type du guichet m’avait parlé avec une dame dont le visage ne me revient pas. Je ne connais pas encore tout le monde dans ce quartier, après tout. Je prends un petit moment pour observer le visage au teint blafard de l’inconnue et graver ses traints dans sa mémoire… enfin, je ne peux retenir que les parties de son visage qui ne sont pas camouflées par des vêtements. Cela fait, je m’adresse à mes deux interlocuteurs.

    « Bonjour, je suis M. Von Griffon. Je viens pour l’expertise. »


    Avec mon sourire des affaires, je me tourne vers la dame à mes côtés et la salue en lui tendant une main pour serrer la sienne.

    « Je ne crois pas avoir le plaisir de vous connaître, madame… ? »

    Je marque une courte pause le temps de la laisser répondre.

    « Vous êtes là pour la même chose que moi ? »

    Si oui, cela promet d’être intéressant. J’aime bien les défis. Surtout quand il y a de l’argent à se faire à la sortie. Une fois les présentations faites, notre guide ne tarde pas plus et nous conduit vers le fameux dépôt… c’est un sacré bazar là-dedans et j’éternue lorsque de la poussière s’élève au moins mouvement. Le maître des lieux attire d’abord notre attention vers une grande tapisserie que je commence à observer attentivement. Curieux de ce que mon accompagnatrice peut connaître à tout ça, j’ai envie de la laisser parler la première.

    « Qu’est-ce que vous en pensez ? »

    Lui demandais-je, histoire de mesurer à qui j’ai affaire.





    Dernière édition par Théodule Von Griffon le Lun 20 Juil 2020 - 0:22, édité 1 fois

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    Mais quelle peuplade dans cette guilde des marchands ! Allikah ne savait pas vraiment à quoi s'attendre en entrant dans le bâtiment. Des gens bien habillés, pour la plupart, attendant à des guichets, regardant des panneaux d'informations ou discutant par petits groupes. Il y avait beaucoup de bruits, et notre araignée n'avait pas l'habitude d'une foule dans un espace aussi réduit. En laissant traîner ses oreilles, Allikah se rendait compte que les conversations n'étaient pas aussi cordiales qu'il semblait. Beaucoup de négociations en cours, des tractations, des grosses sommes mentionnées comme si ce n'était presque rien en échange de produits exotiques. Écoutant tout cela, elle ne pouvait pas s'empêcher de penser à sa mère, heureusement qu'elle l'a laissé à l'échoppe. Note à elle-même pour plus tard : ne jamais emmener maman ici. En attendant, elle essayait de passer à travers les groupes de marchands pour se diriger vers un comptoir, étant donné que personne ne s'était intéressé à elle, pour le moment. Le comptoir était tenu par une vieil homme à l'air charmant. Elle s'imaginait que cela devait être un ancien commerçant désormais attaché à la guilde pour ses vieux jours, le charisme et la gouaille, sans doute. Elle déposa délicatement sa convocation sur son pupitre.

    - Bonjour Madame Yeshua – disait-il en lisant son nom sur la convocation, avec un grand sourire – bienvenue à la guilde des marchands. C'est votre première visite, je le sais car j'ai moi-même écrit ce courrier et votre nom ne me disait rien du tout...

    Il la regardait avec un drôle d'air. Ce bon monsieur avait du voir au visage d'Allikah qu'elle n'était pas une simple humaine, mais une créature particulière. Comme tout commerçant qui se respecte, il n'avait pas laissé le doute planer très longtemps sur son visage et semblait vouloir passer à autre chose.

    - Je suis ici depuis toujours, je connais tout le monde ou presque, vous savez – il disait ça avec une certaine bonhomie, sans doute pour se montrer courtois et compenser l'aspect rigide de la convocation, maintenant qu'elle était là – mais je suis ravi de voir que vous êtes venue pour notre grande expertise. Suivez moi, ma chère Dame Yeshua.


    Et le voilà en route pour l'opposé du bâtiment, traversant un grand couloir aux murs sombres. Allikah se maudissait pour son choix de chaussures. Mais quelle idée de mettre des talons comme ceux-là. Elle devait marcher lentement afin de ne pas souffrir le martyr, ou pire, de se vautrer sur les tapis. Elle portait, avec toute la dignité qu'il lui était possible d'avoir à la vue de la souffrance de ses pieds, une robe rouge et noire, corsetée à la taille, avec des manches dans un style kimono, larges et fluides. La voilette, nécessaire pour camoufler les points de son visage, était accrochée à un petit chapeau, lui même fixé dans sa chevelure. Sac à main, make-up, et gants pour compléter la tenue. Bien sur, elle avait tout fait elle-même, avec l'aide de Mamy.

    Tiens, tiens. Au détour du couloir, un inconnu aborde le Monsieur et Allikah. C'est un gobelin. Elle le sent, alors qu'il n'a même pas encore ouvert la bouche. Il est bien trop frêle pour être un nain. C'est compliqué de cerner un gobelin. Ils sont souvent, et de manière injuste, jugés comme des scélérats, une race qui ne peut inspirer la confiance. De l'époque où ils étaient nomades dans le désert, il arrivait de voir des gobelins fréquenter le groupe. Et la plupart ne posait pas de problèmes. En revanche, les cas les plus teigneux ne l'étaient pas qu'à moitié. D'ailleurs, ils ne sont pas encore dans la salle des stocks que celui-ci veut déjà entretenir une discussion avec elle. Un bavard, rien de bien surprenant pour un gobelin.

    - Bonjour, Madame Yeshua. Couturière et tisseuse. Enchantée de vous rencontrer Monsieur Van Griffon.

    Elle laissait quelques instants passer. Juste quelques secondes, que le gobelin se souvienne qu'elle est enchantée de le rencontrer, si si, vraiment. Les gobelins ont un amour propre qu'il faut savoir entretenir, et lui, vu sa tenue et sa façon de lui parler n'est pas un petit rigolo en son genre. Enfin, c'est ce qu'Allikah se disait, en tout cas.

    - Je suis également ici pour l'estimation de la tapisserie. Je ne sais pas si je vais être d'une grande aide. Mais je peux toujours regarder et donner mon humble opinion.

    C'est vrai, Allikah en avait vu des choses dans sa vie. Mais de là, à donner une estimation pour une œuvre ancienne. Déjà, estimer la date de création de la chose, ça sera bien. La valeur, ensuite, si c'est estimable déjà... Ce qui n'est pas toujours possible pour des tapisseries anciennes. Et la conservation ? Si c'était dans un stock à l'humidité, Allikah ne donnait pas cher de l'était du tissu...

    Ils arrivaient enfin devant la fameuse toile.

    OH.




    Rien que ça alors ?

    Allikah était bouche bée. Ce n'était pas UNE tapisserie. C'était six tapisseries gigantesques. La suite d'une histoire, sans doute, ou de thèmes. Plus de deux mètres de hauteur. Peut-être même 3 pour certaines qui semblaient ramasser sur le bas. Et près de deux mètres de largeur. Peut-être un peu moins, un peu plus, selon. Comment on pouvait oublier ça dans des stocks ? Comment c'était possible ça ? Le fond, commun à toutes, d'un rouge magnifique détonnait dans la salle. Des gens se massaient déjà autour des tapisseries pour regarder les détails, ou essayer de comprendre l'histoire narrée dans ces archives historiques.

    Allikah se sentait minuscule face à tout ça.


    • HRP : Peut-être allez vous trouver mon allusion concernant les 6 tapisseries rouges et gigantesques datant du Moyen-Âge. Bien sur, j'imagine ici la version Yggdrasil, je pense que ça peut-être fun ?!

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    Der Griffon und Die Spinne
    Avec Allikah Yeshua
    ◊ Théodule va observer des vieux objets poussièreux avec l'araignée gipsy ◊
    ◊  Le gif avec le son c'est plus rigolo ◊

    Je me demande d’abord pourquoi la dame ne répond pas à ma question, puis je comprends que son attention est captivée par autre chose. En suivant son regard, j’écarquille les yeux à mon tour en voyant que les tapisseries se sont multipliées. Et elles ne sont pas petites, en plus, le type n’avait juste pas déplié la première donc je n’avais pas été spécialement impressionné au départ. Mais en réalité, c’est impressionnant ! Je comprends mieux que ma collègue reste sans voix en regardant cet ensemble de tapisseries. J’émets moi-même un sifflement en me rapprochant pour admirer la finesse du détail. Je ne suis pas couturier mais… enfin, je peux reconnaître un ouvrage aussi complexe.

    Évidemment, les objets en question ont subit quelques avaries avec le temps. En les laissant pourrir je ne sais combien de temps dans un dépôt, c’est normal… mais elles aurait pu plus mal s’en sortir.

    « Je peux… ? »

    Demandais-je à notre hote avant de toucher une des tapisseries pour y épousseter un peu de poussière. Je découvre sous cette couche des couleurs plus vives, encore plus belles. Et je ne parle même pas de tous les détails, de grandes fresques végétales couvertes de petits animaux et de nymphes dansantes aux visages franchement ridicules par moments, mais cela n’enlève rien à la beauté de l’œuvre en général. Je suis assez bluffé, mais je reste quand même intrigué que de telles choses soient restées… en bien, au placard.  En fait, ça m’énerve un peu, qu’un incapable mal informé ait pu les laisser pourrir au fond des réserves de la guilde. Même si finalement, je suis parmi les premiers à l’estimer, donc ça m’arrange… mais bon, si je ne fais pas de drame pour rien, alors, je ne m’appelle plus Théodule Von Griffon.

    « Je me demande quel genre d’innocent à jugé bon de laisser tout ça dans un dépôt… Un peu d’humidité et elles auraient été irrécupérables. »

    Dis-je d’un ton des plus mielleux, sans me cacher d’un certain agacement. J’envoie un regard en coin de reproche aux types de la guilde. Je sais qu’on ressort régulièrement des objets de valeur des dépôts pour des ventes, mais là, c’est quand même un peu gros ! On parle de 6 tapisseries dont la hauteur fait presque 2 fois ma taille ! Quel genre de tocard oublie tout ça ?! Je continue mon observation et revient aux côtés de ma collègue du jour. Mains derrière le dos, je m’adresse à elle, tapotant du doigt sur mon menton.

    « La collection est complète, c’est une aubaine. Une fois nettoyées et rapiécées, la haute noblesse se l’arrachera. Enfin, pas littéralement, j’espère. Mais le bénéfice risque d’être… délicieux. »


    Ka-tching !

    Mon sourire de requin s’allonge, révélant quelques une de mes dents pointues bien taillées. Je me baisse pour montrer à Madame Yeshua les endroits endommagés et demande à un des subalternes de la guilde de le noter  dans son inventaire. Après tout, elle m’a dit qu’elle était couturière, donc j’imagine que c’est pour ça qu’on l’a faite venir. Elle a l’air d’avoir de l’expérience en la matière.

    « De quoi avez vous besoin pour remettre en état un tel ouvrage ? Ces tapisseries semblent être un peu vieilles, donc si certains matériaux semble complexes à trouver, je pourrais faire jouer de mes contacts au quartier des affaires. »

    Je pense un peu à voix haute tout en analysant ce que j’ai sous les yeux. Cela me semble normal de faire quelques démarches dans cette histoire. De collaborer avec Madame Yeshua avant de m’approprier le succès de cet entreprise, tout de même.

    « Je suis prêt à prendre en charge certains frais, s’il le faut. Après tout, c’est dans notre interêt commun, qu’en dites-vous ?  »

    Il est hors de questions que je lui fasse la charité, évidemment. Si je dépense plus que je ne gagne au final, il faudra trouver un autre arrangement.



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    Le souffle coupé, Allikah ne pouvait qu'admirer un tel travail. Un chef d’œuvre de son temps, c'était une certitude. La composition était aussi magnifique que gigantesque et grandiose. Honnêtement, elle ne savait même pas par où commencer une quelconque étude de la chose. Tout cela lui semblait  bien impressionnant. Quand ? Où ? Comment ? Notre animorphe couturière souhaitait aborder la chose avec pragmatisme. On lui demandait d'estimer la chose, il fallait commencer par savoir la date de création. Et le procédé de fabrication. Et pour qui ? Elle hochait la tête, pour elle-même, au fur et à mesure du fil de sa pensée et de son questionnement personnel. C'était une façon de se rassurer. Tournant la tête dans différentes directions, Allikah pouvait déjà analyser que ce travail avait été le fruit de plusieurs collaborations. Le détail n'était pas aussi soigné sur toutes les tapisseries. Il était temps de sortir son petit carnet et de commencer à noter ce qui lui venait progressivement.

    C'est à ce moment, qu'elle remarque que Monsieur Von Griffon n'est pas là pour perdre son temps. Il commence déjà à montrer les signes d'érosion de la tapisserie se situant en face d'eux. En effet, c'est abîmé, c'est regrettable mais peut-être pas irrattrapable. D'ailleurs, il s'adresse à elle pour parler réfection. Ce n'était pas ce qui était indiqué sur sa convocation, enfin, pas qu'elle sache. Elle se tourne vers lui pour lui répondre, remarquant son large sourire carnassier.

    - Mais, Monsieur Von Griffon. Il y a méprise. Je n'ai pas été convoquée pour une réparation ou une réfection de la tapisserie. Il était indiqué sur le parchemin que je devais me présenter pour une estimation. J'imagine monétaire. Mais comment voulez-vous donner un prix à tout cela, d'un seul coup d’œil ?

    La voix d'Allikah pouvait trahir sa surprise. Surprise de voir une œuvre comme celle-là et surprise de voir l'affolante confiance en lui de Monsieur Von Griffon. Il touchait la toile comme si de rien n'était, parlait plutôt méchamment aux salariés de la guilde et la prenait maintenant pour une éventuelle sous-fifre.  Enfin, elle n'allait pas s'agacer de cela, une méprise est possible et elle ne voulait pas faire mauvaise impression aux gens de la guilde des marchands, on ne sait jamais, l'image de son commerce pouvait être en jeux. En tout cas, elle voulait vite passer à autre chose avec ce gobelin, histoire que ce petit loupé ne crée par un long moment de silence gênant.

    - Ce sont des armoiries sur toutes les tapisseries, toujours les mêmes. Je ne suis pas assez bien calée sur ce sujet. Monsieur Von Griffon, vous me semblez de la noblesse, peut-être pourriez vous nous indiquer quelle est la famille concernée par ses armoiries ?

    Elle pensait sincèrement qu'il faisait partie de la noblesse. Son nom de famille, sa prestance, la façon de communiquer avec les gens... En tout cas, Monsieur Von Griffon avait raison sur un point, si la tapisserie doit être reprise ça sera sans doute à grand frais. Le tissu est très solide, et les couleurs devaient être chatoyantes lors de la création. Des pigments sans doute d'une grande rareté pour obtenir ces nuances. Et qui allait payer ça ? Sur quels deniers ? Mais si la tapisserie appartient à une famille, il lui reviendra sans doute la propriété de la chose. Ou pas ?

    La première tapisserie était une œuvre représentant la faune et la flore dans un paysage qui semblait être une prairie à la vue des arbres sur la toile. Mais la seconde interpellait Allikah de manière bien plus spécifique. Une riche Dame se tient au centre, une servante tenant une boite à bijoux pour elle, à ses côtés. Et dans la main de cette noble Dame, une broche. Une BROCHE EN FORME D’ARAIGNÉE. Mais non, pas de n'importe quelle araignée. Le bijou est blanc avec des points rouges. Du quartz, travaillé en sertissage clos avec des petits grenats. Elle le sait, car elle connaît cette broche. Au temps jadis, elle appelait ce bijou « la couronne de Mamy Karmina », sur le ton de la blague. Il était passé ou ce truc d'ailleurs ? Sephora l'avait gardé après la mort de sa mère, considérant vraiment le bijou comme une couronne représentant la dignité familiale. Mais tout cela remontait à l’adolescence d'Allikah... Reste à savoir ce qu'en avait fait la vieille.


    • HRP : Le dernier paragraphe n'est pas forcément "important" dans cette scène, mais je compte l'utiliser pour une prochaine histoire avec Allikah !

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    Der Griffon und Die Spinne
    Avec Allikah Yeshua
    ◊ Théodule va observer des vieux objets poussièreux avec l'araignée gipsy ◊
    ◊  Le gif avec le son c'est plus rigolo ◊

    Je fronce les sourcils dans une certaine confusion. Si la couturière, comme elle s’était présentée n’est pas là pour évaluer la nécessité des retouches, pourquoi aurait-elle été convoquée… oh. Pour l’expertise aussi. C’est logique. Mais on ne me dit pas tout à moi, aussi ! Si je n’ai pas tous les détails, comment est-ce que je peux deviner que-- bref ? Ne commençons pas à faire une fixette et à nous énerver sur des détails. Après un instant de silence qui suivit les explications de la femme au teint blafard, je me redresse et réajuste mon col par réflexe. Je n’aime pas quand des détaisl m’échappent.

    « Au temps pour moi. Je n’étais pas au courant. »

    Bah, quoi, c’est pas ma faute ! C’est vrai. Hem. Pour revenir à ce qu’elle disait et qui me fait tiquer sur le moment… je ne prétendais pas donner un prix immédiatement. Je ne peux m’empêcher d’arquer un sourcil, réajustant mes lunettes sur mon nez en fixant ma « collègue ». Me prends-t-elle pour un amateur ? Que je sache, je ne l’avais jamais vue dans le coin avant aujourd’hui. J’apprécie qu’elle veuille respecter les convenances, mais elle ne m’apprendra pas mon métier !

    « Même si on annonçait une fourchette de prix maintenant, elle ne serait pas définitive. Ne vous en faites pas. »

    Je prononce ma dernière phrase avec un sourire des plus mielleux. Je ne compte pas évaluer le prix tout de suite. Il s’agit cependant de bien prendre en compte tout ce qui reste a faire au niveau des rénovations. Mon interlocutrice laisse de côté le sujet des rénovations pour le moment et continue d’expertiser la toile. Je plisse les yeux lorsqu’elle remarque de nouveaux détails. Je l’ai peut-être sous-estimée en pensant qu’elle n’était que couturière. Son œil reste affûté et je reporte donc mon attention sur les armoiries dont elle parle. Je ne saurais dire à quelle famille elles appartiennent précisément, évidemment. Mais c’est surtout car ce ne sont pas des armoiries altissiennes.

    « Vu la forme alternative du blason et l’omniprésence du bleu et de motifs végétaux, je crois pouvoir assurer que ce sont des armoiries caldisiennes. Je ne connais malheureusement pas bien la noblesse de ce pays. »

    Il faudra bien que j’en apprenne plus dans les prochaines années, comme je serais amené à collaborer avec nos voisins à un moment à un autre. Je ne suis pas le seul à devoir s’adapter à ce changement de grande envergure depuis quelques années dans la noblesse altisiennes… sans vouloir me jeter des fleurs, je fais tout de même parti des plus conciliants ! Je me demande si Madame Yeshua en sait plus à ce sujet… je ne saurais dire quelle est sa classe sociale ni d’où elle vient, après tout, tout le monde se mélange ici et certains roturiers sont aussi riches que moi. Pfff.

    « Il faudra que je fasse mes recherches… mais si l’information a circulé, la famille rappliquera peut-être à un moment où à un autre. »

    Dis-je platement, sans dissimuler une certaine déception. Bah, oui, quoi, je n’aime pas l’idée qu’une telle aubaine et tant d’argent me passent sous le nez sans que j’ai pu y toucher.

    « Enfin, s’ils veulent de ce bien. »

    Moi, j’espère que non, quand même… bon, je ne souhaite pas qu’ils soient morts, hein. Mais bon. Ca m'arrangerait.

    Je pensais que mon interlocutrice allait me répondre, mais visiblement, j’ai parlé un peu dans le vide l’espace de quelques instant. Je ne m’en formalise pas mais je me demande ce que la Yeshua a vu sur la tapisserie qui l’a ainsi fascinée.

    « Hm… un problème ? Vous avez trouvé quelque chose qui nous permettrait d'en savoir plus ? »

    Curieux, je me penche vers les détails qui ont l'air de l'interesser, sans trop voir ce qui la captive.



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    Notre commerçante animorphe araignée était toujours en pleine fixette sur le bijou, apparaissant de manière bien distincte sur la tapisserie, pendant que Monsieur Van Griffon parlait. Il s'excusait ou quelque chose comme ça. Ce n'était pas la première fois qu'on prenait de haut la simple couturière, ancienne nomade du désert. Et sans doute pas la dernière fois non plus, alors, il était inutile de lui en tenir rigueur. Si Allikah devait s'offusquer à chaque fois qu'un homme commet ce genre d'impair, elle serait outrée en permanence. Ah, l'époque de la vie matriarcale du désert lui semble bien lointaine maintenant. Les femmes étaient respectées au même titre que les hommes et même plus, la hiérarchie n'était pas comme ici, en ville. Enfin, ce drôle de personnage avait la totale, gobelin, noble, hautain et guindé.

    Par contre, son sang se glace rapidement à l'écouter parler des armoiries sur la tapisserie. Il pense que ce sont des armoiries caldissiennes. Et il ne connaît pas bien « ce pays », dit-il avec son ton de nabot à moustache. OOOH, Allikah se redresse d'un coup d'un seul, elle ne contrôle pas ce mouvement qui est clairement sanguin. Alors comme ça, il vient d'Altissia ce petit skrskrskrskrsrrr.
    Allikah avait bien envie de lui dire tout le bien (enfin le mal) qu'elle pense de cette région jusqu'à ce qu'elle se souvienne que ce n'était pas vraiment le lieu ni le moment pour un tel coup d'éclat.

    - Vous venez des montagnes d'Altissia Monsieur Von Griffon ?

    Bon, elle avait vraiment fait de son mieux pour rester courtoise, mais sa rancune était tenace contre Altissia. Oh oui, bien sur, ce ne sont pas les civils qui décident de la guère ou de la paix, des massacres ou des cérémonies de commémoration, mais tout de même. Elle avait toujours un sentiment de haine en elle envers Altissia, dans sa globalité, dans ce qu'elle imaginait être ce royaume. Bien sur, lorsqu'elle avait de la clientèle, elle évitait de questionner les gens sur leurs origines, ça évitait les incidents diplomatiques. Elle ne discutait pas de tout cela, tout simplement. Mais Monsieur Von Griffon venait d'entamer une pente glissante auprès d'Allikah, sans qu'il puisse s'en rendre compte. Il ne peut sans doute pas imaginer le massacre causé par l'armée d'Altissia. Elle devait tempérer ses émotions. Ce n'était pas facile, mais de toute façon qu'est-ce qu'elle pouvait faire d'autre, là, devant cette tapisserie ? Rien que de blablater avec cet inconnu d'Altissia.

    - Je ne connais pas non plus les armoiries, pourtant, je viens de la province de Caldis. Je pense qu'il serait bien embêtant d'avoir la famille sur le dos. Juridiquement parlant, si le bien était ici, je ne sais pas dans quelle mesure ils peuvent prétendre à obtenir la propriété d'un tel bien historique. Avez vous des connaissances juridique pour défendre la guilde dans ce cas de figure ?

    C'est vrai. Il serait un peu fort de voir la famille rappliquer après cette trouvaille et les savoir repartir avec ce bien précieux. C'est une carte postale du passé. Ce bien mérite une place dans un musée. Et le travail à accomplir dessus est monumental. Monsieur Von Griffon doutait de la volonté de la famille à récupérer la tapisserie. C'était aussi une possibilité vu le temps qu'il faudra passer en rénovation de la toile. Enfin, Monsieur Von Griffon l'avait bien vu se concentrer sur le bijou et il n'avait pas manqué de la questionner à ce sujet. Il avait l’œil ce gobelin.

    - Quelque chose d'intéressant, je ne sais pas. Mais quelque chose qui soutient votre théorie sur l'origine caldissienne de la toile. Le bijou que vous voyez sur la toile, avec la noble dame. C'est une broche. Une broche appartenant à ma famille, voyez-vous.

    Enfin, si il était bien encore quelque part avec Sephora. Si la vieille ne l'avait pas marchandé pour obtenir quelque chose de vitale durant la période d'errance post-drame.

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    Der Griffon und Die Spinne
    Avec Allikah Yeshua
    ◊ Théodule va observer des vieux objets poussièreux avec l'araignée gipsy ◊
    ◊  Le gif avec le son c'est plus rigolo ◊

    Ma collaboratrice devina sans mal mes origines. Je ne suis pas du genre à les cacher, après tout, même en Yggdrasil ou la cohabitation est parfois tendue. Cependant, je suis un homme d’affaire avant tout. Caldissien.ne, altissien.ne, eossien.ne... je me fiche un peu d’où viennent les gens avec qui je fais mon commerce. Cela n’est pas forcèment bien vu par tout le monde, mais il faut penser au futur aussi : dans quelques années, je serais surement bien content d’avoir des « alliés » (ou du moins, des gens qui ne veulent pas ma peau) dans les autres pays d’Elysia pour me sauver d’un mauvais pas. Je sais qu’il s’agira d’un atout commercial et politique non négligeable pour la suite de ma carrière. Après tout, qui a déjà cru que j’étais du genre à perdre mon temps avec des causes perdues ?

    « En effet. Plus précisément, je viens de la capitale. »

    Comme d’habitude, je passe sous silence mes origines de bouseux. Hors de question que je me rappelle mon village de naissance d’éleveurs de porcs ! Berk !

    Mon interlocutrice m’avoue à son tour qu’elle vient du royaume de caldissia. Je ne prononce aucune remarque qui pourrait être mauvaise pour nos affaire suite à l’acquisition de cette information et me contente de me concentrer sur le blabla juridique qui s’en suit. Je rapote mon menton en réfléchissant. Techniquement… si une tapisserie d’une telle valeur est ici, c’est que la famille en question ne l’a peut-être pas cherchée, pas récemment, du moins. Je demande depuis combien de temps ce bien était entreposé aux employés de la guilde et ils vont alors vérifier leurs registres d’inventaires… probablement aurais-je du faire ça en premier, mais avec les dépôts, les registres sont parfois approximatifs, avec tous ces objets qui entrent et sortent. Il suffit qu’une personne peu scrupuleuse s’en soit chargé et nous voila sans informations. On ne peut jamais s’y fier intégralement, surtout si tout ça remonte. Je ne crois pas que cela fasse des dizaines d’années que la tapisserie pourrisse dans des dépôts : elle serait dans un plus mauvais état.

    « Il faudra que j’aille re-vérifier les textes, mais… cela m’étonne beaucoup qu’un tel bien ait été oublié. Je crois qu’il faudra surtout nous méfier des gens qui pourraient se faire passer pour quelqu’un d’autre afin de se l’approprier. Si ce bien a été donné et entreposé et pas juste déposé… alors, il devrait y avoir des papiers pour le confirmer. Si nous avons ces preuves, alors ils ne pourront pas grand-chose. A moins d’y mettre un certain prix. »

    Je ne m’avancerais pas, mais, dans tous les cas, je fais signe à nouveau aux employés pour qu’il se renseignent sur cette fameuse paperasse. J’imagine que cela va être un enfer de fouiller mais s’il le faut, j’y mettrais mon grain de sel.

    Je reporte mon attention sur les propos de la Yeshua, toujours pensive. Ce qu’elle me raconte me fait arquer un sourcil puis émettre un sifflement à la vue de la broche en forme d’araignée.

    « Oh, vraiment ? Vous pensez que l’artisan ou… un des propriétaires originels pourrait être de votre famille, alors ? »


    Le mystère s’épaissit mais peut-être que madame Yeshua a plus de réponses à donner qu’elle ne le pense elle-même.

    Tandis que je continue de tergiverser, un des employés revient avec le registre et le pose sur une table à l’entrée. Il commence à feuilleter puis m’interpelle en trouvant les informations correspondant au dépôt de la tapisserie. Heureusement, c’est assez complet. Il tourne ensuite les pages pour me montrer que la tapisserie a été transportée entre caldis et yggdrasil… je ne sais pas trop pourquoi, mais je ne vais pas me plaindre, vu que cela va plutôt dans mon sens. On m’indique par la suite les dates de dépôt.

    « Hm, donc cela fait tout de même une quinzaine d’années que la tapisserie a été déposée dans une guilde de caldissia, puis rapportée ici récemment… mais elle est peut-être plus ancienne encore. »

    Ça veut dire qu’elle a de la valeur. Peut-être plus que ce que je pensais. Héhé.

    Je fais signe à la dame aux teint blafard de venir voir le registre avec moi.

    « Est-ce que… le nom du registre ou le sceau vous disent quelque chose ? »




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    Le gobelin venait bien de la région d’Altissia, et de la capitale, même. La déduction de notre animorphe avait été la bonne. Bon, il fallait admettre que ça n’avait pas été bien complexe. Le gobelin n’étant pas un natif éossien, il ne restait pas d’autres choix. Peut-être que le ton d’Allikah était un peu plus désagréable qu’elle ne l’avait espérer. En effet, Monsieur Von Griffon reste plutôt flou sur sa provenance. Il ne fait que confirmer, pas de détails superflus. Étrange pour un noble. Surtout lui, qui semblait plutôt bavard pour extrapoler certaines choses. Mais bon, il n’était pas à l’heure de se méfier ou de se poser des questions superflues. Surtout sur ce genre de sujet. Imaginons que Monsieur Van Griffon soit un fils de militaire, ou un frère de militaire, ou qu’il était lui-même militaire par le passé. Allikah aurait alors envie de lui crever les yeux et de le jeter dans la rivière, bien arrimé dans un sac avec une pierre. Il fallait donc sourire, et surtout passer à autre chose. Heureusement, il y avait tellement à dire sur la toile que l’occasion ne manquait pas de changer de sujet et d’enterrer les origines de tout le monde dans une sorte d’oubli et d’hypocrisie profitable à tous.

    - Je vous fais confiance sur le juridique Monsieur Von Griffon. Je ne suis pas une spécialiste. En tout cas, vu l’œuvre, nous devrions avoir un bon de commande et un certificat de l’artiste ayant fait le dessin initial de la toile… Mais si ces documents ne sont pas avec le registre…


    C’était mal barré pour les retrouver – enfin ça, elle se l’était dit pour elle-même. Elle ne voulait pas remettre en question le professionnalisme de la guilde. Et puis, si les documents ne sont pas là, tout est imaginable. Destruction, perte, oubli… Autant de possibilités que l’imagination puisse le permettre. Mais, voilà que Monsieur Von Griffon semble bien curieux au sujet de la broche en forme d’araignée. Il faut dire que le bijou détonne par rapport au reste de la toile. Une broche blanche avec des grenats, comme ça, innocemment représentée dans une boite à bijoux… Allikah ne savait pas encore vraiment quoi penser de cette illustration. La noble Dame, une animorphe ? C’était peu probable, sa famille a toujours été nomade, à ce qu’elle savait, et humble. Monsieur Von Griffon sous-entendait que l’artisan joaillier pouvait être de sa famille. C’était peu probable également. Le sertissage des bijoux nécessite des équipements fixes, complétement inadéquats avec la vie des voyageurs. Alors quoi ? Un cadeau de la famille Yeshua ? Ou était-ce un cadeau pour la famille Yeshua dans les temps jadis ? Est-ce que Sephora en savait quelque chose ? Aucune idée à tout cela. Karmina portait ce bijou avec fierté, c’est tout ce dont se remémorait Allikah, pour le moment. Dans tous les cas, elle ne voulait pas laisser entendre sa situation à son interlocuteur. Ni même à quiconque dans cette guilde. On ne sait jamais. Les gens, vis-à-vis des animorphes, c’est un peu la loterie. Un coup ça passe, le suivant ça casse avec pertes et fracas.

    - Honnêtement, je n’en ai aucune idée mon bon Monsieur. Est-ce que la broche était un cadeau de ma famille vers cette famille ? Ou bien l’inverse ? Ou une petite surprise de la part du tisserand ayant créé la toile ?

    Sur ces échanges, un jeune garçon de la guilde arrive avec un registre aussi poussiéreux que lourd. Heureusement, Monsieur Von Griffon prend son courage à deux mains et commence l’étude de la chose et arrive à comprendre que la toile n’est là que depuis une quinzaine d’années. Oui, ça semble être une période bien courte vu l’ancienneté de la toile. En tout cas, il semblerait qu’ils n’aient pas plus d’informations à l’heure actuelle. Ce qui est bien embêtant pour une quelconque estimation.

    - Elle est bien plus ancienne, certainement. Nous pouvons même imaginer que les armoiries sont celles d’une famille disparue. Enfin, dont la lignée s’est éteinte. On ne laisse pas une œuvre d’art comme celle-ci dans un coffre pour le plaisir.

    Allikah s’approche à la demande de Monsieur Von Griffon afin d’observer le sceau apparaissant sur le registre. Le nom ne disait absolument rien à Allikah. Il était griffonné à la va-vite. Le sceau ? Pas bien mieux.


    - N’est-ce pas un sceau elfique cela Monsieur Von Griffon ?

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    Der Griffon und Die Spinne
    Avec Allikah Yeshua
    ◊ Théodule va observer des vieux objets poussièreux avec l'araignée gipsy ◊
    ◊  Le gif avec le son c'est plus rigolo ◊

    Tout comme ma collaboratrice, j’espère très fort que les papiers ne se sont pas égarés. Avec un transport depuis Caldissia ou des changements, du remue-ménage dans la paperasse est vite arrivé. Et dans ces cas-là je ne pourrais même pas traiter les gens d’incapable, ha, la vie est bien mal faite ! Le registre est assez irréprochable en grande partie, je dois dire. Je pourrais passer des heures à regarder ces lignes bien organisées mais ce n’est pas le moment de rêvasser, je n’ai pas envie de passer des heures sur cette histoire de provenance de la tapisserie.

    Hélas, madame Yeshua n’a pas plus d’indices à son sujet. Elle ne sait même pas vraiment pourquoi une broche qui lui est familière se retrouverait là. C’est curieux. Je ne crois pas qu’elle me dissimule la réalité, mais c’est un drôle de mystère. Je ne suis pas là pour ça à la base mais je suis tout de même curieux à l’idée d’en apprendre plus. Ce sera sûrement pour plus tard, néanmoins, nous pourrons y revenir après avoir examiné le registre, sans doute.

    Je pense que mon interlocutrice à raison. Ils seraient venu chercher leur bien avant de la laisser dans une caisse. Je suis méfiant et je ne peux m’empêcher d’avoir des doutes, cependant. D’expérience, on n’a jamais tord de surveiller un peu ses arrières.

    « Je suis d’accord, mais, enfin, vous savez, en tant qu’antiquaire, j’en croise, des gens qui n’ont pas l’œil pour considérer combien d’heure une telle œuvre a pu prendre à réaliser… vous seriez surprise. Il y a tant de personnes se considérant « nobles » qui jettent par la fenêtre des objets ô combien magnifiques qui en deviennent par la suite irrécupérables. »

    Ah, ça, je me garderais bien de l’admettre à voix haute car ce serait mauvais pour mes affaires, mais j’ai quand même un minimum d’estime pour les artistes et les artisans. Collectionner les œuvre d’art et les admirer me passionne réellement, au-delà du côté mercantile de la chose. Je suis prêt à y mettre des prix honnêtes. Tout le monde n’en fait pas autant et franchement, cela m’attriste toujours un peu de voir des patrimoines ruinés par quelques vandales.

    Je tique lorsque la dame le parle d’un sceau elfique. Un sceau elfique me rappelle toujours celui des Von Sievert, même s’il n’a rien a voir. C’est pénible, je ne devrais pas avoir des frissons désagréable dans le dos en repensant à tout ça. Bref, ce sceau elfique ne m’est pas familier. De toute façon, je ne vois pas bien ce que la famille de Balthazar serait allée faire à chercher un tapisserie. Ce sont des gens sans goût.

    « Je- je crois bien que oui. Mais, je ne vois pas en quoi cela nous avance. Le nom ne me dit rien non plus, mais... »

    Je m’adresse à nos hôtes.

    « Vous savez si cette personne est encore à Yggdrasil ? »

    Elle pourrait nous en apprendre plus sur cette affaire, mais dans tous les cas, nous ne pourrons sûrement pas suivre cette piste tout de suite.

    « Oh, je… je ne sais plus, c’est… c’est Barnabé Trave du dépot qui s’est occupé de ranger l'objet, apparemment. »

    Oh ! J’imagine que ce monsieur au nom audacieux est un employé de la guilde.

    « Vous pensez qu’il est là aujourd’hui ? J’aimerais lui poser quelques questions sur… la personne ayant déposé les tapisseries à la guilde. »


    Un des employés s’exécuta et Théodule reporta son attention vers l’objet d’art autour duquel le mystère ne cessait de s’épaissir. Cela m’embêterait, de ne pas en savoir plus, car cela pourrait grandement influencer sur la valeur de l’œuvre en question.

    « Tsss, avec tant de mystères je vais finir par m’imaginer que la tapisserie est ensorcelée… »

    Je plaisante et je ne suis pas supersticieux, m’enfin, c’est arrivé. Des mages malicieux qui enchantaient des objets pour embêter les propriétaires, ce genre de choses… ce n’est pas très malin, je vous le dit ! Enfin, au moins, la tapisserie ne porte aucune trace qui pourrait laisser penser à des enchantements… je ne crois pas.

    Cela dit, ce n’est pas l’avis du nouveau protagoniste qui entre le dépôt : le fameux Monsieur Barnabé Trave. Celui-ci blanchit en voyant la tapisserie et commence à bégayer.

    « Bonjour Monsieur Trave je suis-- »
    « Oh-- oh noooon ! C’est la tapisserie… la tapisserie MAUDIiiiiIIIiiiIIte ! »
    « ...hein ? Comment ça, « maudite » ? »

    Il n’est pas obligé de le dire de manière si dramatique. Je pose mes mains sur les hanches et regarde derrière moi… rien n’a changé sur notre fresque cousue.

    « Le… le voyageur qui a déposé cette tapisserie m’a mis en garde… je l’avais caché, car… si elle est sortie de sa boite avant 100 ans, alors… quelque chose de terrible pourrait arriver ! »

    Il y a un silence, je cligne des yeux puis regarde vers Madame Yeshua avant d’éclater de rire, portant une main devant ma bouche.

    « Pfffff ! Alors là ! Une tapisserie maudite ? Ben voyons ! »

    Moi, j’ai surtout l’impression que quelqu’un cherche à nous décourager… non ?  

    Lis mouah :




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    Cette tapisserie est bien mystérieuse, et apparemment, elle n’est pas encore prête à dévoiler tous ses secrets. Le registre ne donne pas beaucoup d’informations intéressantes. Pour faire un bref récapitulatif des éléments compris jusqu’à maintenant, nous savons que : c’est une tapisserie ancienne, narration d’une suite d’histoire, récupérée d’une famille noble de Caldis, et probablement d’une famille elfique pour être plus spécifique. Malheureusement, cela n’aide pas vraiment à en savoir plus sur sa provenance exacte et sur sa création.

    En tout cas, Allikah voulait étudier le tissu de cette tapisserie. Peut-être qu’en analysant la méthode de fabrication, de coloration ou de dessin, elle pourrait mieux comprendre la chose. L’avantage d’avoir été nomade dans sa vie, c’est qu’on a vu de nombreuses choses, des façons de travailler différentes, et des matériaux différents. Alors, bien sûr, elle n’est pas spécialiste en art elfique, mais elle saura tout de même dire si le créateur de la toile est elfique ou non. Pendant que Monsieur Von Griffon discute au sujet de l’origine de la toile et du manque de considération de la noblesse pour son propre patrimoine, Allikah s’assoit devant une des toiles pour étudier un morceau déchiré. C’était parfait pour mieux voir et mieux comprendre le processus de fabrication.

    - La toile est vraiment abimée. Je ne sais pas comment nous pourrons récupérer certains endroits. En plus, cette toile a été créé avec une machine à tisser mais aussi avec de la magie. Mais le temps a passé et la magie disparait, je crois.

    Allikah n’était pas une magicienne du tout. Elle savait faire quelques enchantements mineurs pour ses tissus, histoire d’amener une plus grande résistance au vêtement, mais voilà tout. Rien de sensationnel. Mais la magie en cours sur cette tapisserie, c’était autre chose. Il fallait que Monsieur Van Griffon se rapproche et touche mieux le tissu, il allait sentir cette magie, c’est évident.

    - Touchez ce morceau-là Monsieur Van Griffon, sans vos gants. Vous allez mieux comprendre, je pense.

    Oui, il fallait qu’il sente cette drôle d'émanation magique, histoire qu’elle ne passe pas pour folle devant tout le monde en parlant de magie dans un morceau de tissu. Pendant que Monsieur Von Griffon retirait ses gants afin de toucher la tapisserie, on lui annonçait que l’homme ayant rangé ce bien était présent à la guilde aujourd’hui ! En voilà une bonne nouvelle ! Il fallait l’amener tout de suite ! Enfin bref, peut-être allaient-ils enfin apprendre quelque chose de réellement intéressant au sujet de cette vieillerie ?

    - Oh—oh noooon ! C’est la tapisserie… la tapisserie MAUDIiiiiiIIIiiiitte ! »

    Voilà, ce que disait ce brave Monsieur pendant qu’Allikah et le griffon avaient leurs mains sur le tissu. Heureusement, le gobelin ne manque pas d’air et questionne directement ce Monsieur Trave sur cette histoire. Ah, il ne fallait pas la sortir du coffre avant 100 ans sinon quelque chose de terrible allait arriver ? Bon, honnêtement, Allikah avait eu suffisamment de choses atroces dans sa vie pour ne pas vraiment être effrayée par ce charabia. Quoi de pire pourrait-il lui arriver ? Mourir ? Elle ne peut plus voir ses enfants, ni son mari, alors, pour ce que ça changerait… Enfin, c’était un tout autre débat. Et apparemment, le griffon trouvait, lui, la situation particulièrement drôle. Il s’esclaffait comme jamais à l’annonce de ce mauvais sort. Bon, en tout cas, ils avaient touchés la toile à pleine main, donc si elle était maudite, c’est sûr qu’ils étaient bons pour manger la malédiction.

    - Je ne sais pas si nous pouvons rigoler de la chose. Je veux dire, je sentais de la magie, mais était-ce lié à cette histoire de malédiction ?

    L’animorphe n’en menait tout de même pas large. Car les histoires de malédiction, ça ne plaisante pas. Mais si c’est bien lié à la magie du tissu, franchement, c’était presque éteint, donc est-ce qu’il y avait bien lieu de s’en inquiéter ?

    - Peut-être avez-vous des connaissances en magie Monsieur Von Griffon ? Pour ma part, je ne connais pas suffisamment bien ce domaine pour certifier l’absence ou la présence de malédiction, magique ou non.


    Apparemment le négociant ne rigolait plus vraiment et commençait à prendre la chose au sérieux. Fallait-il vider le bâtiment ou bien ? En tout cas, Allikah se redressait et était prête à se tirer en cas de nécessité. La magie est dangereuse, elle en sait bien quelque chose, sa fille Judith en a fait les frais. Mais tout de même, cette histoire de coffre, pendant 100 ans, ça sonnait… comment dire… un peu tiré par les cheveux ?

    Et puis, ça serait quoi la terrible malédiction d’une tapisserie ? Tout le monde meurt ? Tout le monde se fait aspirer par la tapisserie ? Allikah connaissait des malédictions de textiles comme celui du tissu prenant feu une fois qu’il est porté, ou qu’il disparait du porteur au moment inopportun. Mais quelque chose sur une tapisserie ? Aucune idée, c’est vraiment un mystère de truc !

    - Qu’es-ce qui va se passer selon vous, Monsieur Von Griffon ? On va tous prendre feu ? Ou on va tous perdre nos deniers ?


    Bon Allikah essayait de blaguer pour détendre l’atmosphère, comme elle le pouvait. Peut-être que la blague sur l’argent n’allait pas faire rire le gobelin…  

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    Der Griffon und Die Spinne
    Avec Allikah Yeshua
    ◊ Théodule va observer des vieux objets poussièreux avec l'araignée gipsy ◊
    ◊  Le gif avec le son c'est plus rigolo ◊

    C’est de mieux en mieux cette histoire… Par là, je veux dire qu’à chaque fois que nous cherchons des informations, l’affaire devient plus complexe et insolvable. Je ne sais même pas si nous arriverons à estimer les tapisseries un jour, si ça continue comme ça ! Mais, tout de même une histoire de malédiction me semble un peu grosse… enfin, il est certain que s’il est possible d’enchanter et de piéger des objets, il est aussi possible de les maudire. Tout de même, cela fait des années que je vois des tas d’antiquités et d’objets artisanaux passer entre mes mains et à part quelques mauvaises blagues de la part de types avares et mal intentionnés, jamais je ne me suis retrouvé maudit. Donc, je me permets d’être perplexe quand Monsieur Trave nous dit que la tapisserie est maudite.. elle est passé entre tellement de mains que la chose serait connue de plus d’une personne et on ne nous l’aurait pas montrée !

    Je ne suis pas fin connaisseur en malédictions mais dans tous les ouvrages que j’ai pu lire, il semblerait que le sujet maudit en soit averti d’une manière ou d’une autre. Plusieurs configurations sont possible, mais la manière la plus évidente de relever la présence d’une malédiction est l’apparition d’une marque sur le corps de la ou des personnes visées. Cela dit, je repense au fait que comme me l’a montré Madame Yeshua, la magie utilisée pour coudre ce bel ouvrage était palpable… est-ce que la chose est faisable avec de la magie plus sombre également ? Je n’en sais pas grand-chose mais qu’est-ce que cela change, finalement ?

    Effectivement, ce ne serait pas très drôle d’être maudits et j’aimerais mieux éviter, j’ai encore de belles années devant moi. Mais bon, c’est qu’il avait l’air si bête, ce Monsieur Trave, à paniquer pour si peu ! J’ai fini par m’arrêter de rire pour reprendre la parole et répondre à ma collaboratrice du jour.

    « Je ne crois pas que la tapisserie nous ait maudits, nous nous en serions aperçus avant et… cela se verrait, d’une manière ou d’une autre : dans un changement physique, d’humeur ou par une marque inhabituelle déposé quelque part sur nos corps… Mais personne ne se déshabillera ici pour vérifier ! »

    Berk. Sûrement pas moi. Enfin… je ne suis pas trop superstitieux. J’ai peut-être tendance à sous-estimer la magie noire après toutes mes années d’études de la magie blanche au monastère. Mais, eh, une malédiction, ça ne passe pas inaperçu…

    « Et puis, j’imagine que dans une guilde avec des dépôts aussi remplis, les objets sont vérifiés ou bénis régulièrement pour éloigner les mauvais sorts, non ? »

    Cela me paraîtrait évident. Et puis, avec tous les objets artisanaux que je croise dans mon métier, si une personne aurait du déjà être maudite ici, ce devait être moi ! Eh ben non, tout vas bien, tout bi-- quoi ?

    Je me tourne vers madame Yeshua dont l’air est plus grave que le mien. Ce qu’elle vient de dire me fait pâlir malgré moi. Mourir, que mes enfants (que je n’aurais sans doute pas hahaha… hah.) soient maudit jusqu’à la 15e génération, me transformer en torche humaine, encore… tout cela me fait lever les yeux au ciel. Mais perdre mes sous ?! Oh, non, je ne suis pas d’accord ! Je ne retournerais pas dans la rue ou dans ce fichu village de ploucs !

    « Ah ! Vous pensez ? Peut-être bien qu’il nous faudrait un spécialiste… vous avez ça, ici ? »

    Les employés ont l’air aux fraises, ce coup-ci. Ils se regardent d’un air gênés.

    « En plus, si celle tapisserie est maudite et qu’elle est revendue ainsi, cela risque de mal se passer pour la guilde. »

    Un objet maudit, ça ne vaut plus rien… malédiction (c’est le cas le dire) !

    Évidemment, c’est là que M. Trave se rebiqua.

    « Il est sans doute trop tard de toute façon... »

    Il a l’air prêt à écrire ses derniers vœux et son testament… heh. Le mien est écrit depuis bien longtemps, il ne faut pas déconner avec ces choses là !

    « Mais, enfin, par « chose terrible », qu’est-ce qu’il voulait dire votre… votre marchand, là ? »
    « ...je… je ne sais pas... »


    Voilà qui nous avance assez peu.

    « Quelque chose comme… la fin du monde, j’imagine ! »

    Alors… certes, ce serait fâcheux. Mais je ne crois pas. J’observe notre ami parano d’un air blasé. On est pas sortis de l’auberge. Ça commence ça vraiment m’énerver. Pour les affaires, je devrais peut-être me contrôler, mais je trouve tout ça ridicule.

    « Oh, alors, nous n’avons qu’à revenir demain, après la fin du monde et on en reparlera ! »

    Je soupire et me tourne encore une fois vers la dame au teint pâle et me gratte la nuque.

    « Il semblerait que-- »

    Je m’interrompt parce qu’il me semble avoir entendu un sifflement venant de la tapisserie jusqu’au creux de mon oreille. Je frisonne car c’est assez désagréable.

    « Vous avez entendu ? »

    Le sifflement repris et d’un coup, les lampes a huile et les éclairages du dépôt furent éteintes et nous fûmes plongés dans le noir.

    « Ah. »

    Un rire sinistre s’échappa de la tapisserie. Bon, d’accord, on dirait qu’elle est maudite. Est-ce qu’on va tous mourir, alors ? Hah. Même pas peur.

    « Qu’est-ce que c’est ? Qu’est-ce que vous voulez ? »


    Le rire repris de plus belle. On dirait que la tapisserie se fiche de nous. L’entité négative qu’elle contient à l’air de s’amuser mais ce n’est pas mon cas, je veux simplement en finir avec cette histoire. Si cette entité veut qu’on lui sacrifie un chaton… bon, ça ne me plaît guère mais c’est toujours mieux que me sacrifier moi, non... ? Le rire cesse et une voix résonne dans le noir.

    « Pour nous apaiser, nous réclamons que chaque personne qui nous ont vu offre une chose qui lui est précieuse... »


    Kwé ?! Ah non, hein !! C’est pas juste !

    « Rallumez la lumière, déjà !! »

    Je sens quelque chose qui me frappe au visage. Est-ce que la tapisserie vient de me giffler ?! Heureusement, il fait noir et personne n’a vu.

    « Taisez-vous, mortel ! Si vous ne vous exécutez pas, nous vous hanterons le restant de vos jours ! »

    Une bougie est rallumée par magie dans un coin du dépôt, nous donnant une meilleure visibilité. Je fulmine et croise les bras… « quelque chose qui m’es précieux »… je n’ai pas envie de leur donner un de mes biens matériels… et puis, ça ne veut rien dire.

    « Pfff… Vous parlez d’une aubaine. »

    Je suppose qu’il va falloir faire ce qu’on nous demande pour être tranquilles.

    Lis mouah :




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    Cette tapisserie est un réel mystère, apparemment ! Personne ne peut donner d'informations sur son origine, sur sa création, sur le pourquoi du comment de sa présence dans les stocks de la guilde ! C'est incroyable cette histoire tout de même... Ils doivent bien s'amuser ceux qui travaillent à la guilde si c'est tous les jours ainsi. Et maintenant, cette histoire de malédiction sur la tapisserie. Le Monsieur qui hurlait à l'angoisse de mourir de la-dite malédiction est incapable d'en dire plus. Il sait qu'elle est maudite, et c'est tout. Enfin, nous en sommes là sur cette histoire de tapisserie ancienne à estimer.

    Une malédiction, si elle est réelle, c'est du sérieux, on blague pas trop avec ça. Pour protéger la création d'un malheur, les tisserands de l'oeuvre ont du réaliser un rituel pour appeler les puissances divines à déclencher une punition à quiconque oserait vouloir s'approprier l'objet. S'approprier, ou le détruire, ou le voler ou le dévoiler trop tôt au reste du monde, toutes les options peuvent être imaginées. Allikah ne se sentait pas vraiment courageuse face aux forces de la magie. Ce sont des forces souvent incontrôlables et destructrices, elle n'aime pas ça et préfère les éviter autant que possible. Les autres personnes dans la pièce n'ont pas l'air beaucoup plus rassurées qu'Allikah. C'est encore moins rassurant tout ça finalement.

    Imaginons, la malédiction pourrait être terrible, du genre... oui, la fin du monde... comme le souligne le Monsieur. Bon, au moins, la fin du monde, c'est qu'elle concerne... tout le monde, justement. Pas d'inégalité de traitement dans l'art de la cruauté, tout le monde y passe et on en parle plus. En tout cas, le Monsieu Von Griffon semble prendre la situation plutôt à la légère, dans un premier temps. Il pense que la tapisserie ne maudit personne, Allikah croit comprendre que le gobelin sous-entend que le Monsieur Trave est juste un simple d'esprit ou un imbécile. C'est vrai que ce monsieur là n'a pas vraiment l'air de confiance, enfin, il hurle de peur quoi.

    Le gobelin énumère un nombre incroyable de pensées sur la toile et sur les possibilités de la malédiction. Pendant tout ce temps, Allikah n'en mène vraiment pas large. Elle se sent même assez faiblarde et manque de tomber à la renverse lorsqu'un sifflement se fait entendre, de nul part. C'était vraiment flippant pour le coup. L'animorphe araignée aimerait tellement partir de là, partir et courir jusqu'à sa boutique. Mais elle est tétanisée par la peur. Une peur complètement ancrée en elle maintenant. Et en plus, elle a toujours mal aux pieds à cause de ses chaussures. Vraiment, c'est pas la grande forme ni la grande joie. Elle aurait vraiment du brûler la convocation et rester chez elle avec Sephora. Au moins elle aurait avancée sur ses commandes.

    Et le pire était donc à venir. La lumière s'éteint, un rire glacial se fait entendre dans la salle et résonne quelques secondes. ARGH. C'est quoi ce délire là au juste ?! Allikah suffoque dans son corset, elle tente de reculer pour s'éloigner au maximum de la tapisserie de malheur. Elle heurte des gens, écrase le pied de quelqu'un avec son talon – aie ça devait faire mal – elle manque de choir en se faisant pousser d'un côté, ce qui lui fait faire un faux mouvement du bras, celui qui tient le sac à main. Et en parlant du sac, elle sent bien qu'elle a heurté quelque chose durant le vol du sac. Pas de chance, vu la hauteur, c'était peut être la tête de Monsieur Von Griffon. Tant pis, personne ne voit rien, et il faut dire que l'incident se passe au bon moment. L'esprit vengeur de la tapisserie était entrain de sermonner le gobelin. Donc au pire, il pourra se targuer d'avoir été giflé par un esprit malin. Enfin, si ils sortent en envie de cet endroit, bien sur.

    La couturière n'écoute pas vraiment la « discussion » entre le marchand et l'esprit de la tapisserie. Elle est prise dans son angoisse et ne pense qu'à quitter cette pièce étouffante. OUF. Finalement, une petite bougie s'allume dans un coin de la salle. Allikah pousse un soufflement de soulagement, apparemment partagé par le reste de l'audience. Elle peut juste entendre les dernières paroles du gobelin. Il ne peut pas lâcher un bien précieux. Voilà ce que veut l'esprit ? Quelque chose de précieux ? Allikah ne sait plus où donner de la tête. Elle lutte depuis de longues minutes pour ne pas se transformer en araignée et se cacher dans un trou. Mais elle ne peut plus vraiment le faire maintenant que la lumière est rallumée.

    - Monsieur Von Griffon, qu'est-ce... qu'est-ce qu'on va faire ?

    C'est vrai quoi ? Qu'est-ce qu'ils vont faire maintenant ? Dresser un autel et déposer des biens précieux ? Et puis, ça veut dire quoi précieux finalement ? Hein ? Quelle angoisse.

    - Il n'y a pas un prêtre dans la salle ? Ou un magicien digne de ce nom ?

    Oui, c'était clairement un appel au secours. Quelqu'un, quelque chose pour dégager cet esprit de cette toile. Et que chacun retourne chez soit, qu'on en parle plus.

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    Der Griffon und Die Spinne
    Avec Allikah Yeshua
    ◊ Théodule va observer des vieux objets poussièreux avec l'araignée gipsy ◊
    ◊  Le gif avec le son c'est plus rigolo ◊

    Ah, en fait, c’est du sérieux. Ah. Ahahah. Merde alors.

    J’avoue, je me sens un peu bête là. Penaud, j’ai envie de me cacher dans un trou de souris. Cette entité n’a pas hésité à me frapper au visage, en plus, c’est vous dire qu’ont est plus là pour déconner ! Enfin, j’étais on ne peut plus concerné en venant ici à la base, simplement, toute cette situation a tourné exactement comme je ne le voulais pas. Je me masse l’arrête du nez nerveusement. Je déteste quand il s’avère que j’ai eu tord. Après, il faut faire des excuse, admettre qu’on a fait n’importe quoi… bref, c’est terrible, cette vie ! Mais,  là, je crois que je dois assumer.

    « Bah, euh, je connais la magie blanche mais je ne sais pas exorciser des gens ou des objets, moi... »

    Je dois me contrôler pour ne pas bafouiller et garder la face devant les questions de Madame Yeshua. Elle n’a pas l’air rassurée, la pauvre… enfin, pas que je m’inquiète pour elle, c’est juste que la tête qu’elle tire me rappelle mes bêtises et leurs consèquences… je suis bien trop scrupuleux, des fois, c’est pour ça que je n’avance pas aussi bien que je le voudrais dans ma vie et mes projets ! Tss ! Enfin, bref, où est-ce qu’on en était… ah, oui, cette tapisserie nous parle encore d’abandonner des trucs précieux. Je me penche vers ma voisine pour lui dire, à mi-voix :

    « Pffff… on a pas le choix, il faut négocier. D’expérience, il n’y a pas une entité qui n’est pas sensible à quelques pots de vin et de la flatterie... »

    Bah, quoi, c’est pas vrai ? Bien sûr que j’ai raison, sinon, je ne m’apelle plus Théodule Von Griffon ! Je m’éclaircis la gorge et m’incline tout en m’apprêtant à m’adresser à notre « interlocutrice » faite de tissus et de fils multicolores bien cousins.

    « Illustre et vénérable… euh… tapisserie… ? Je vois que j’ai offensé votre grandeur et je tiens à me faire pardonner ! »

    ...mais comment ? Il ne faut pas abuser, non plus. Hmph ? Je regarde la pierre précieuse sur mon anneau, à côté de ma chevalière. Ah, qu’est-ce qu’il ne faut pas faire.

    « Si je vous donne ma bague, est-ce que cela vous appaiserait ? Elle est d’une grande valeur matérielle et sentimentale ! »

    Écoutez… moi, je pense que tout le monde est radin quand il peut l’être. Même les tapisseries qui parlent. Elle a cessé de s’énerver et semble considérer mon offre, mais elle ne dit rien. Je me sens comme fixé et porte instinctivement une main vers ma broche qu’elle désigne alors.

    « Que… ah, non, pas ma broche ! »

    Pas question, elle est trop importante c’est… d’où elle me vient, ça ne vous regarde pas, mais quand je dis que j’y tiens vraiment, ce n’est pas des paroles en l’air ! Sans scrupules, je me tourne vers Madame Yeshua et les autres personnes présentes.

    « D-donnez lui quelque chose aussi, vous ! »

    Non, je ne suis pas très aimable mais… bah, comprenez, j’y tiens à cette broche !

    Lis mouah :




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