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  • Toiles d’Araignée et Dents de Requin {Allikah Yeshua & Rosemarie Förstner + PNJ Sephora}
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    Le dragon n'est plus, miracle est arrivé. Yggdrasil a protégé sa cité. Des mois de siège éreintant cessent, la ville millénaire respire à nouveau. Chaque soir, sous la lueur émeraude et bienveillante du grand arbre, les éossiens fêtent et célèbrent ceux tombés au combat. Après tant d'épreuves, la ville semble reprendre vie...
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    C'était une journée pluvieuse. Le genre de pluies diluviennes, impossible de mettre un pied dehors sans être trempé jusqu'à la moelle. Inutile alors de vous préciser que c'était une journée complètement morte pour le commerce d'Allikah. C'est bien simple, sur la fiche récapitulative des comptes et des commandes de la journée, ça donnait zéro + zéro + zéro. Rien du tout, le néant total. Le début d'après-midi ne s'annonçait pas bien mieux. Allikah pouvant entendre Sephora pester depuis l'étage sur cette satanée pluie. Il faut dire que ça lui réveillait ses rhumatismes à la vieille, elle n'allait pas être aimable encore aujourd'hui.

    Le seul avantage à cette tranquillité imposée était que la métamorphe pouvait avancer sur ses travaux en cours. Elle essayait de mettre au point un modèle de robe pour les dames souhaitant montrer leurs atouts féminins. Dit différemment, il fallait que le modèle de la robe soit décolleté, tout en respectant une certaine classé et un certain standing. Elle allait essayer de faire de son mieux, mais la motivation n'était pas bien grande. Elle avait besoin de beaucoup de tissus, d'épingles et de la toile pour arriver à ses fins. Sans parler du choix des couleurs, elle voulait quelque chose de simple mais avec une touche particulière, quelque chose qui montre bien la spécificité de la création. L'avantage des robes ornementées c'est que ça peut rapporter gros. Les populations les plus riches de la ville peuvent se permettre de sortir des sommes élevées juste pour les vêtements ou les accessoires, et évidemment, Allikah voulait vraiment profiter de cette manne financière.

    Alors, bien sur, sa petite échoppe n'était pas au meilleur endroit de la ville pour cela, mais elle avait sa clientèle et le bouche à oreilles fait son petit effet, progressivement. Elles vivaient plutôt bien dans ce local, l'étage permettait de s'isoler de la boutique, si besoin. Et même si les ruelles du quartier des loisirs peuvent être dangereuses la nuit, le jour est plutôt bien fréquenté. Et puis, elles étaient un peu à l'écart de l'artère principale, pas plus mal pour un foyer d'animorphe. Elle n'avait pas envie de vivre encore des conflits, ça suffisait bien comme ça. Inutile d'aller chercher les ennuis en se montrant à la pleine de vue de tous.

    Mais plus les minutes passaient, plus Allikah sombrait progressivement dans la nostalgie de sa vie d'antan. Elle visualisait à nouveau les caravanes, le marchandage, la dignité de cette vie malgré les racontars et les rumeurs. Elle pensait à ses enfants, son mari, sa grand mère, son père. Toute cette vie passée, toutes les pertes. Il fallait se ressaisir absolument. Elle ne pouvait pas se laisser sombrer de la sorte. L'animorphe ne connaissait que trop bien les risques de se laisser aller trop longtemps. Il ne se passe jamais rien de bon ; on rumine le passé sans vivre le présent et sans imaginer le futur. Et ça tombe bien car, à sa grande surprise, elle entend le carillon de la porte d'entrée tinter. Aller, grand sourire, mode commercial activé et surtout, prions pour que la vieille là haut ne râle pas trop fort.

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      Rosemarie n’avait que très peu mis les pieds dans cet endroit d’Yggdrasil. Le quartier des loisirs en vrai, c’était très intimidant pour la petite requine. Les gens lui faisaient peur, les boutiques semblaient, pour la plupart, louche, et la débauche était euh…. Voilà.

      Alors pourquoi est-ce qu’elle avait mis les pieds ici ? En vrai, elle s’était perdue. Autant dans ses propres pensées, que géographiquement. Une rue mène à une autre et une autre et puis on se retrouve dans le quartier des loisirs à se faire regarder de toutes les manières. C’était… Oh qu’elle ne se sentait pas bien.

      Parce qu’en fait, Rosie cherchait un magasin de couture (autre que le sien, évidemment) pour trouver de l’aide. De l’aide pour Judith, de l’aide pour savoir comment faire une telle manche, pour son bras et pour sa jambe. Elle voulait tellement lui faire plaisir, mais en fait, elle ne savait pas comment procéder. C’était la première fois qu’elle faisait un truc du genre et elle était, d’après elle, encore trop inexpérimentée.

      C’est en sillonnant les rues du quartier que ses yeux dorés finirent par se poser sur un magasin « Au fil de l’araignée »…. Huh…. La brunette devait l’admettre, elle aimait bien le nom de cet endroit. Et ça semblait déjà plus…. Accueillant que d’autres. La requine reste longtemps devant la porte à jouer nerveusement avec ses doigts, replacer la même mèche de cheveux dix fois et nevroser pour pas grand chose. L’anxiété de devoir parler avec une personne inconnue la frappait terriblement, en ce moment. Mais c’était ça, ou rester dans la ruelle encore un peu. Et ça, c’était la plus grande des deux anxiétés.

      Au moins, elle avait son masque pour cacher son visage.

      Rosie ouvre la porte du magasin, timidement, n’osant presque pas déranger. La clochette qui sonne au-dessus de sa tête la fait sursauter, alors qu’elle referme doucement a porte pour ne pas faire trop de bruit. Okay…. Premier pas de fait, il ne restait plus qu’à…. À trouver une personne.

      Ses yeux dorés se posent sur une grande dame aux longs cheveux blancs. Elle s’avance doucement vers elle et Rosemarie en conclu que ce devait être la propriétaire. Allez, Rosie, tu peux le faire. C’est pour Judith, ton amie, ce n’est pas le temps de t’enfuir à cause de la simple peur de parler à quelqu’un. Le regard fuyant, Rosie ne peut s’empêcher de gratter la peau de ses doigts (celle autour des ongles).

        « E-euh… B-bonjour Mad-Madame, je…. J’aurais… »


      La belle brune prend une grande respiration pour remettre ses idées en place. Allez, t’es capable. Oh mais la madame est vraiment jolie par contre….. Les joues de la requine rosirent un peu, alors qu’elle se racle doucement la gorge.

        « B-bonjour Madame, je m’appelle R-Rosemarie e-et j’aurais b-besoin… J’aurais besoin d’aide. »



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    Brrrrrrrrr, Allikah frémissait rien qu'à sentir l'humidité et le froid du dehors. Quel temps de chien, se disait-elle. La boutique n'était pas bien grande et le froid rentrait vite, heureusement, la porte se referma rapidement à la suite de la cliente. Elle était trempée, de la tête aux pieds. Elle dégoulinait d'eau de la pluie et en mettait partout sur le parquet en bois de l'échoppe. Allikah était mortifiée de voir ça. Mais c'était quoi comme créature pour ne pas remarquer qu'elle est complètement inondée ? L'animorphe écoutait d'une oreille distraite la requête de cette drôle de jeune personne. Elle voulait de l'aide. C'était pas très précis comme demande pour le moment...

    Forte de vouloir sauver la vie, d'abord de son parquet, puis de la jeune femme qui allait attraper la mort si elle restait ainsi, Allikah se leva sans prononcer un mot et alla chercher deux serviettes dans les stocks. En espérant que Sephora ne décide pas de descendre dire bonjour à la clientèle, sinon, la jeune femme allait être mise à la porte fissa. La vieille n'allait pas trouver ça très respectueux de ruiner la boutique ainsi, même si le client est roi. Elle revenait rapidement vers la brune pour lui tendre les serviettes.

    - Déjà, veuillez vous essuyer Mademoiselle. Vous êtes trempée avec cette pluie, vous allez attraper une pneumonie en restant ainsi.

    C'est en lui donnant les serviettes, qu'elle se rendit compte du port d'un masque de la cliente. Elle n'avait jamais vu ça avant, enfin, pas porté de cette façon là. C'était pour dissimuler quelque chose, Allikah savait bien ce que c'était que de porter des accessoires pour camoufler ce qui ne doit pas être vu. Un masque comme celui-là, c'était tout de même un peu extrême pour Allikah. Mais bon, il s'agissait sans doute d'une créature particulière, vraiment, pour l'occasion.

    La jeune femme se séchait grâce aux serviettes avec une certaine maladresse, elle voulait faire vite pour sembler polie, mais tout cela avait l'effet inverse, elle n'arrivait pas à se sécher convenablement et devait recommencer plusieurs fois. Voyant la situation, Allikah préféra se concentrer à nouveau sur la robe qu'elle concevait sur le mannequin en bois et en tissu. Le décolleté était vraiment pas bon. L'araignée trouvait son modèle kitsch, trop de perles, trop de fils de couleurs différentes. Elle essayait tant bien de mal de trouver des idées pour compenser ça. Refaire, en mieux, en conservant une certaine ligne directrice. Mais rien ne venait. En même temps, juste derrière elle, la cliente se débattait avec les serviettes comme elle pouvait. Allikah se retournait vers cette jeune femme pour constater que la situation était déjà meilleure. Elle semblait ne plus dégouliner de partout. C'était déjà ça. Maintenant, qu'est-ce qu'elle voulait déjà ? Ah oui, de l'aide.

    - Alors, dites-moi jeune fille. Comment puis-je vous aider ? Vous souhaitez une tenue particulière ? Un tissu particulier pour faire votre bonheur peut-être ? Vous avez le coin des réductions sur votre gauche également, il y a de bonnes affaires à saisir !

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      S’essuyer ? Mais pourquoi s’essuy—LA PLUIE. Les yeux dorés de la petite requine s’agrandirent quand elle repense à toute la pluie qui était en train de tomber, et elle qui, comme un poisson dans son élément, restait planté là. Ah mais c’qu’elle était stupide, complètement stupide. En plus, ce n’était pas la première fois qu’elle faisait un truc du genre, même chez elle. Être un animal aquatique, c’était chiant, des fois.

        « J-j-je-o-oh désol-lée….. »


      Bon, ça commençait vraiment mal cet entretien avec cette grande femme intimidante. Avec les serviettes données par cette dernière, Rosie essaye rapidement de s’essuyer pour reprendre le temps perdu par sa stupidité. Mais comme sa mère lui avait souvent dit : on ne fait que perdre du temps en essayant d’en gagner.

      En s’essuyant trop rapidement, Rosemarie croyait être sèche, mais non, l’eau dégoulinait encore de plusieurs parties, ce qui faisait qu’elle devait recommencer encore une fois. Bon… Après quelques coups, elle était véritablement sèche. Son cœur battait à toute allure, elle voulait juste rentrer à la maison…. La grise prend une grande respiration, jouant nerveusement avec ses doigts, alors que la dame blanche reprenait la parole. Celle-ci faisait déjà un meilleur travail qu’elle a présenter ses produits….

        « N-non euh… Dés-solée, p-pas que v-vous… Que les…. Que ça a l’air l-laid, mais je v-venais p-pour euh…. »


      On respire, Rosie, on respire. La petite requine se redresse et reprend la parole après quelques grandes inspirations.

        « E-en fait c’est que je… Je suis m-moi aussi c-couturière et j’ai… J’aurais…. J-je ne sais pas trop comment proc-céder pour f-faire le t-travail demandé, alors je me disais q-que je pourrais a-aller… Demander de l’aide à quelqu’un d-de plus expér-rimenté. »


      Le regard fuyant, Rosie trouvait cette idée, soudainement, terriblement idiote. Si la femme prenait offense à ce qu’elle venait de dire, qu’est-ce qu’elle allait faire ? Et si elle ne faisait que voler le travail de Rosie ? La requine voulait tellement bien faire ça pour son amie, c’était tellement important pour elle… Le sourire qu’elle lui avait fait, l’autre jour, ça avait fait fondre son cœur. Et de ce qu’elle avait l’air de dire, elle était blessée sur tout le bras et toute la jambe, alors voilà.

        « C-c’est pour mon a-amie et je… Je ne v-veux pas r-ruiner son c-cadeau….. »



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    L’animorphe avait encore les yeux rivés sur sa robe en écoutant la jeune femme bégayer timidement sa demande. Elle a l’air en stress total cette pauvrette, se disait Allikah. Se tordant les mains dans tous les sens avant de réussir à ouvrir la parole, elle n’arrive pas vraiment à bien articuler son problème. Elle parle de quelque chose de laid ? Quoi ? Qui est laid ? Qu’est-ce qui est laid ? Ah non hein, personne ne va venir offenser Allikah chez elle. D’ailleurs, la blanche ouvrait la bouche pour la mettre dehors, cette malpropre. Mais elle est coupée dans son élan par ladite jeunette, à la peau grisâtre, soufflant fort, ventilant, tentant de poursuivre son propos comme elle le peut.


    C’est à cet instant, entre les deux passages de Rosemarie, qu’Allikah se sent transporter dans le temps. Ce bégaiement. Cette façon de parler, légèrement chaotique, mais tout de même déterminée à aller jusqu’au bout de sa pensée. Tout ça, c’était sa petite Judith. Abimée par la magie. Celle de son père, ou la sienne, celle qu’elle devait apprendre à apprivoiser, lentement, avec parcimonie. Tous, vous connaissez cette histoire. Le grand-père nymphe, voyant sa petite fille avoir un potentiel magique peu commun dans cette famille, se met en tête de l’entraîner, de lui faire comprendre le monde des arcanes magiques. Combien de temps cet entraînement caché aux yeux de tous avait pu durer ? Allikah ne le savait pas elle-même. Ce flashback dans le temps lui semble une éternité, tellement les détails lui reviennent en tête. Judith. Elle lui manquait tellement. Mais, comme pouvait le dire Karmina, à son époque, « On peut guérir les maladies, mais non le destin ». Il fallait accepter la fatalité. Enfin, c’est ce qu’Allikah pensait ce jour-là, face à Rosemarie qui lui rappelait tellement Judith dans sa façon de s’exprimer.


    Ainsi, après quelques efforts, la jeune femme explique qu’elle souhaite de l’aide pour son travail de couture. Alors comme ça, Mademoiselle est couturière ? Heureusement pour la trempée, Allikah s’était attendrie sur son cas, avec ce petit moment de flottement, de distraction, dédié à sa fille, Judith. Elle en avait même oublié le mot laid, dont elle n’avait pas compris le pourquoi du comment. Dans tous les cas, elle veut de l’aide pour une commande. Ou un travail à faire pour l’une de ses amies. Apparemment il s'agit d'un travail trop technique ou pointu pour la jeune femme. Allikah se demandait bien comment elle allait pouvoir l’aider dans son entreprise. Déjà, elle a son propre travail à accomplir. Ensuite, aider la concurrence n’était pas vraiment dans l’esprit de la commerçante. Oh, certes elle aime aider, c'est son côté altruiste. Mais si c’est pour venir piquer la clientèle, c’était autre chose. Mais cette méfiance naturelle était lentement chassée par un autre sentiment. Son instinct de protection, un peu comme si c’était sa propre fille face à elle, qui lui demandait de l’aide. Il fallait aider cette jeunette. En tout cas et dans un premier temps, lui laisser la chance de détailler son problème.

    - Eh bien, je vous écoute, Mademoiselle. De quel cadeau s’agit-il ?


    Dernière édition par Allikah Yeshua le Mer 22 Juil 2020 - 12:52, édité 1 fois

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      Tellement nerveuse, Rosie n’osait pas regarder la grande dame blanche dans les yeux. Il y avait de quoi de vraiment intimidant à propos d’elle, peut-être simplement sa confiance en elle-même donnait cet effet. Et bon, Rosemarie était intimidée par une mouche donc ce n’était pas très étonnant. Mais la dame semble vouloir, au moins, l’entendre.

        « E-eum…. »


      Rosie joue nerveusement avec ses doigts avant de, finalement, lever ses yeux dorés dans ceux de la vendeuse. Elle était très jolie, en fait… Bon, concentre-toi Rosie, allez.

        « A-alors j’ai… Mon amie Ju… J’ai une a-amie qui m’est t-très chère et elle a des… Euh… D-des grosses blessures sur les br-bras et sur les j-jambes. E-en fait non! Sur u-un bras et une jambe d-du même coté. »


      Elle montre avec sa main, l’étendue des blessures sur son autre bras en faisant un signe timide de l’épaule jusqu’au poignet. Rosie déglutit, ça l’empêchait vraiment de bien respirer, ce masque, mais elle ne voulait pas se faire jeter dehors. Pour une fois qu’elle avait trouvé une couturière et qu’en plus, elle semblait tellement plus… Habituée à tout ça que la requine.

        « Je lui ai dit que je… Q-que je ferais u-une manche pour s-son bras et pour sa jambe. J’ignore juste… J-je ne sais pas c-comment procéder, je suis e-encore nouvelle et je ne veux pas la… L-la décevoir. »


      Rosie replace une mèche noire derrière son oreille en espérant qu’elle avait été assez claire. Le visage enjoué de son amie lui revient en tête, lorsqu’elle lui avait parlé de ce qu’elle pourrait lui faire. Mais faire simplement une manche, la requine ignorait comment les faire tenir… Elle était habituée à faire des vêtements complets, des robes, mais pas qu’une simple partie.

        « J’ignore comment… C-comment les faire tenir, sans qu’elles…. Qu’elles tombent d-d’elles-mêmes. »


      Voilà. L’inexpérimentée se laissait complètement à la merci de la grande dame. Elle espérait vraiment qu’elle voudrait l’aider, il était assez évident qu’elle le pourrait, si elle le voulait. Les joues de Rosie deviennent plus rosées, sous son masque, alors qu’elle sourit et baisse la tête doucement en pensant à Judith, heureuse, avec quelque chose que la brunette lui aurait confectionnée.

        « E-elle est tellement jolie e-et je veux… Je veux l’aider à-à se sentir mieux… »



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    C’était presque un sentiment agréable pour notre couturière, de ressentir cet instinct maternel refaire surface de la sorte. Presque, bien sûr, car il était compliqué d’oublier ses propres enfants. Un peu comme si l’espoir pouvait se permettre de renaitre, lorsque rien ne semble aller mieux. Ce n’était qu’une jeune fille, pas tout à fait comme les autres – se disait elle – mais elle faisait surgir ce fragment du passé par sa propre façon d’être en vie. Cette façon de parler, de se tenir, d’être gênée d’un rien lorsqu’elle demande quelque chose à quelqu’un de plus « adulte ». Elle souriait, vaguement, le regard dans le vide, quelque part derrière Rosemarie.

    Pourtant, elle fait de son mieux pour se concentrer sur la demande. Une manche. Et une jambe de pantalon. En format unique ? Ah, son amie en question a des brulures qu’elle souhaite camoufler de manière élégante sous du tissu. Allikah comprenait mieux la requête maintenant. La jeune fille avait le mérite d’avoir des idées et d’essayer des choses nouvelles. Ce n’était pas très courant dans le monde de la couture aux yeux d’Allikah. Beaucoup de professionnels aiment rester sur des acquis et faire en sorte de vivre avec ce qui fonctionne le mieux. Mais, on ne peut blâmer le commerçant qui lutte pour sa survie. La prise de risque peut être une perte de temps et donc d’argent…

    - Vous souhaitez confectionner une manche, simple et seule ? Et de même pour une jambe de pantalon ? Et cela doit tenir au corps de la personne…


    Allikah ne voyait pas la demande comme complexe en elle-même. Tout simplement, il faudrait sans doute faire plusieurs tentatives pour vérifier que le tissu choisi résiste bien et ne chute pas du membre concerné. MMMMH, l’idée plaisait bien à Allikah. Lui revenait l’idée d’une robe qu’elle avait eu jadis. Les manches étaient reliées au reste de la robe par un anneau sur le dessus de l’épaule. Mais il y avait les brulures de l’amie à prendre en considération. Est-ce qu’elle peut supporter un tissu ferme au contact de sa peau brûlée ?


    - Ma question va être indiscrète envers votre amie, mais je ne pourrais pas travailler sans le savoir. Sa peau est dans quel état ? Est-ce qu’elle supportera un tissu enveloppant son bras de manière ferme, sans avoir mal ?


    Et voilà, il n’en fallait pas plus pour rallumer le génie créatif d'Allikah. Enfin, « génie », fallait voir ce que ça pouvait donner toute cette histoire.

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      Le regard doré de la petite requine s’illumine, alors que la grande dame blanche précise l’idée qu’elle avait en tête. Elle hoche la tête, timidement, en espérant qu’elle allait pouvoir l’aider.

        « O-oui c’est… C’est exact-tement ça. »


      La brunette se frotte le bras en regardant un peu autour, gênée. Il y avait tellement plus de trucs, ici… Tout semblait tellement mieux organisé, mieux cousu, mieux…. Tout était mieux, en fait. La jeune femme retourne son attention sur son ainée en tirant légèrement sur son masque pour pouvoir respirer un peu mieux. C’était, quand même, vraiment étouffant… Et puis vint la question de la dame qui rend Rosemarie un peu plus mal à l’aise. Pas à cause de la question en tant que telle, mais à cause qu’elle ne savait pas vraiment l’étendue des blessures de Judith.

        « E-eum…. Ses brulures étaient assez g-grave, de ce que j’ai vu. E-elle disait que l-le vent leur faisait du mal e-et ça avait l’air e-euh… Assez grave. »


      Les images de la main et du poignet de la blonde lui reviennent en tête et Rosie fronce les sourcils. La brunette ignorait comment Judith s’était fait de telles blessures, mais la simple pensée de celles-ci donnait mal au cœur à l’animorphe. Elle avait tellement dû souffert, la pauvre.

        « P-pour l’instant, elle n’a que des bandages qui coupent le vent, m-mais je… Je voulais lui donner plus. »


      La requine se met à prier, mentalement, pour son amie. Elle espérait vraiment qu’elle pourrait avoir quelque chose en sortant d’ici. La pluie battait encore contre la porte et l’eau dans son masque commençait à l’étouffer, réellement. Mais elle ne voulait pas faire peur à la dame blanche….

        « E-excusez-moi, je vais… J-je dois e-enlever ça, j’étouffe. »


      Délicatement, la jeune femme défait son masque en regardant par terre, n’osant pas vraiment fixer la dame blanche. Elle était déjà mal à l’aise d’enlever son masque dans un magasin, alors qu’en plus elle demandait de l’aide… C’était encore pire. Elle prend quelques grandes respirations. On inspire par le nez, on expire par la bouche. L’anxiété et la peur de se faire renvoyer dans la rue commençaient à s’emparer de l’animorphe. Le regard doré se relève, anxieuse, gênée.

        « P-pardon j-je… Je n’arriv-vais pas à r-respirer… J-je peux le r-remettre si vous.... S-si... »

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    Dans un premier temps, Allikah était plutôt satisfaite d’avoir plutôt bien cerné la demande de la jeune femme. Une manche pour le bras et une sorte de manche aussi pour la jambe. Tout cela pour camoufler des blessures. Ce n’était pas une commande ordinaire, c’est certain. Mais ça ne faisait pas peur à la couturière, elle allait bien trouver une solution. Le fil d’araignée sera d’ailleurs d’une très grande aide pour son côté souple et élastique. Maintenant à voir avec quoi le combiner pour que cela puisse tenir sans tomber et donner un effet naturel à la chose.

    - Pour la manche du bras, que pensez-vous d’un anneau qui pourrait relier le haut de votre amie à la manche ? Avec un système d’accroche simple, comme ça, elle peut mettre ou enlever la manche facilement, selon son envie.

    Allikah aimait bien cette idée, c’était quelque chose qu’elle avait déjà imaginé et qu’elle voulait essayer. L’anneau, si fabriqué avec un métal bien poli et d’une jolie couleur, pourrait aussi être vu comme un accessoire lorsque la manche ne serait pas portée. Par contre, il faudrait trouver une autre idée pour la jambe de pantalon. Ou alors, quelque chose qui s’accrocherait aux sous-vêtements ? C’est plus compliqué tout de suite.

    Sur cette réflexion active qu’Allikah menait dans son imagination, la jeune Rosemarie indique qu’elle suffoque et qu’elle ne peut plus tolérer son masque. Notre animorphe araignée ne fait pas bien attention jusqu’à ce qu’elle détourne la tête pour voir…. Seigneur tout puissant, mais qu’est-ce que c’est que ce dentier ? La pauvre, on devait la surnommer les dents de la mort dans sa jeunesse – se disait Allikah.

    - Non, ça devrait aller ne vous inquiétez pas. J’ai connu des animorphes de toutes les sortes. Des scarabées, des scorpions, des reptiles et j’en passe. Et qu’êtes-vous d’ailleurs mademoiselle ?


    La question pouvait se poser. Entre animorphes, il n’est normalement pas impoli de demander qui l’on est et ce dont on est capable. C’était même nécessaire pour la survie dans le désert. Connaître les forces et les faiblesses du groupe, savoir de qui se méfier, ou au contraire, qui sera complétement inoffensif selon ce que l’on est. Les humains, de manière générale, et le reste des humanoïdes ont une vision fantasmée de ce que sont les animorphes. Juste des bêtes, aptes au travail mais bon en rien. Alors, même si la méfiance était de mise, il fallait aussi savoir se serrer les coudes. Savoir montrer dans l’empathie, entre eux, et de la bonne entente.

    - Enfin, ne voyez pas là de l’impolitesse de ma part. Je suis moi-même animorphe araignée. Tout comme ma mère, que vous devez entendre là-haut. Vous devez mieux comprendre le nom de la boutique désormais.

    La couturière laissait le temps à la jeune femme de répondre. Elle semblait déjà assez mal à l’aise comme ça, alors répondre et justifier de son identité n’était peut-être pas la chose la plus simple pour cette dernière.

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      La requine avait bien écouté son ainée couturière et trouvait que l’idée était très intelligente. Simple, mais pratique. Un anneau qu’elle pourrait attacher. La tête de Rosie se met à travailler, déjà, énormément, alors que cette simple base était lancée. C’était, peut-être la seule aide qu’elle avait besoin. Rosemarie cherchait beaucoup trop loin, pensant à des choses tellement plus compliquées. Mais cette dame l’avait, peut-être, réellement aidée.

      Heureusement, aussi, elle ne semblait pas lui en vouloir pour avoir enlevé son masque. La brunette n’avait pas remarqué de regard déplacé sur sa mâchoire, ni rien de ça. Elle lui demande de quel animal elle retient et Rosie repense à sa mère qui lui avait dit que les animorphes devaient être solidaires. C’était normal, pour eux, de poser la question et elle ne devait pas mal le prendre.

      C’est, aussi, ce que la grande dame blanche lui dit en parlant qu’elle est, elle-même, animorphe araignée. Wow alors c’était ça, les marques rouges ? C’était impressionant. Quand elle mentionne sa mère, en haut, Rosie lève son regard doré et replace une mèche de ses cheveux noirs derrière son oreille.

        « J-je suis… Une anim-morphe grand requin b-blanc…. L-le poisson. »


      Oui, merci Rosie, elle devait savoir ce qu’étais un grand requin blanc. Se traitant d’idiote, intérieurement, la jeune femme baisse les yeux, et regarde autour. Aaaah au fil de l’araignée. Elle venait de comprendre. La requine hoche la tête, doucement, les joues rosées, se demandant combien d’animorphes différents il y avait à Yggdrasil.

        « C-c’est pour ça l-la pluie e-et… L’eau e-et…. »


      Timide, elle n’ose pas la regarder dans les yeux en se mordillant l’intérieur de la lèvre. Tu n’es vraiment pas obligée de tout expliquer, Rosemarie, hein. Elle doit sûrement comprendre. Elle a l’air d’une personne très gentille.

        « Hum… P-par contre, j-j’aime bien votre id-dée d’anneau… I-il faudra que je v-vois comment a-arranger tout ç-ça et si J-Judith aime ça, aussi. »


      Parce que bon, c’était quand même important. Si son amie n’aimait pas le design, ça ne servait à rien de lui en faire une.


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    Comme elle le disait quelques instants auparavant, Allikah avait pu croiser des animorphes de toutes les sortes et de provenances aussi exotiques que surprenantes. Néanmoins, une animorphe grand requin blanc, ça c’était une nouveauté pour notre couturière.

    Il faut dire que du côté de Caldis, il y a bien des sirènes, plutôt bien intégrées à la société, il y a aussi des animorphes aquatiques mais ce sont souvent des sortes de poisson. Elle se souvenait bien d’une de ses clientes qui venait souvent à l’étale du marché jadis, une animorphe rascasse. Elle était magnifique, blanche et rousse. Mais Allikah est à nouveau en train de se perdre dans ses pensées.

    - Eh bien, Mademoiselle, vous êtes la première de votre genre que je rencontre. Ravie de faire votre connaissance, vous pouvez m’appeler Allikah.

    Elle tendait sa main avec sympathie à la jeune fille. Après tout, c’était agréable de voir une autre animorphe faire de la couture et essayer d’en vivre. Peut-être qu’elles pourront collaborer pour l’avenir et ainsi être plus forte. Autant essayer de voir le positif de l’adversité, parfois. En tout cas, la jeune fille était désormais sèche, et Allikah comprenait mieux pourquoi elle était trempée, sans même avoir eu l’air contrariée de la situation.

    Dans le même temps, c’est-à-dire pendant que Rosemarie se présentait à Allikah, Sephora avait décidé de venir voir qui était la cliente qui restait aussi longtemps dans la boutique. Elle descendait les escaliers, non sans mal et non sans râler, et déboulait lorsque la requin blanc prononçait le prénom de l’amie en question : Judith.

    - JUDITH ? Comment ça, JUDITH ?

    Bravo Maman, bien joué – se disait Allikah. Comment faire peur à quelqu’un en quelques instants par Sephora Yeshua, leçon numéro 1. Débouler quelque part en hurlant un prénom. Ou comment se faire passer pour une vieille folle, au choix. Comme vous préférez.

    - Maman, la jeune fille devant toi est une animorphe requin, faisant elle aussi de la couture, et ayant besoin d’aide pour son amie qui, apparemment, s’appelle Judith. Oui, Judith, tu sais c’est un prénom connu en dehors de Caldis.


    Elle parlait à sa mère, mais regardait Rosemarie avec un air d’excuses. Il ne fallait pas en vouloir à une vieille dame âgée et ne pas la juger trop rapidement.

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      La grande et jolie dame blanche s’appelait Allikah. C’était un beau nom, en vrai. Rosie fait un petit sourire, gêné, en poussant une mèche de cheveux derrière son oreille pour la énième fois. Elle se sentait un peu intimidée par elle, mais bon, ça c’était la constante de l’univers avec Rosie.

      Timide, elle serre la main très délicatement de la blanche. La requine était consciente que certaines personnes n’aimaient pas la texture rugueuse et caoutchouteuse de sa peau grise, alors elle n’aimait pas trop avoir de longs contacts physiques. Non en vrai, elle aimait beaucoup les contacts physiques, mais elle avait peur de rendre les autres inconfortables. Voilà, c’était plus près de la réalité.

      Et alors que la petite noiraude se mettait à dire le nom de Judith, une dame plus agée descend les escaliers en criant le nom de son amie. Les yeux dorés de la requine s’agrandissent, alors qu’elle sursaute légèrement en reculant même d’un pas. Est-ce qu’elle avait dit quelque chose qu’il ne fallait pas ? Est-ce que Judith était connue ici ? Est-ce qu’il s’était passé quelque chose ?

      La vendeuse explique la situation à sa mère, pendant que Rosie fait un petit coucou de la main en se penchant respectueusement, aussi. Elle ne savait pas trop s’il fallait qu’elle…. Remette son masque ? C’était beaucoup de stress, tout d’un coup.

        « E-eum… Oui mon amie s’appelle J-Judith. Elle est très gentille. »


      Jouant nerveusement avec une mèche de ses cheveux noirs, Rosie ne sait plus trop si elle doit regarder Allikah ou sa maman. Plus les secondes passaient, plus Rosemarie avait envie de sortir. L’anxiété commençait à la gagner. Mais non, il fallait qu’elle se rappelle qu’elle faisait ça pour Judith, pour son amie. Elle lui avait promis, alors… Il fallait qu’elle tienne le coup.

        « D-donc oui un… U-un anneau pourrait tenir… Est-ce que v-vous croyez que la même chose p-pourrait être fait pour la… Pour la jambe ? »


      Elle essaye de s’imaginer comment elle pourrait faire ça, des choses se mettent à se matérialiser dans sa tête, doucement… Vraiment, ça avait été une bonne idée de chercher de l’aide et elle était contente que Madame Allikah était assez gentille pour l’aider.

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    Bon, Allikah est plutôt rassurée, la jeune requin n'est pas partie en courant suite au passage de Sephora. Oui, il ne s'agissait que d'un passage éclair, la vieille, en voyant la jeune fille n'a fait que marmonner quelques mots pour se diriger vers l'arrière boutique, sans rien dire de plus. Ah, la vieillesse, il y a des jours avec et des jours sans. Et clairement la vieille Sephora n'était pas dans un de ces bons jours. Enfin, elle était partie aussi rapidement qu'elle était arrivée, et selon Allikah elle n'allait pas la revoir avant la fin de la journée. C'était pas plus mal, si c'était pour faire fuir la clientèle comme ça...

    La pauvre jeune femme essayait de son côté, de se justifier sur son amie Judith. Allikah souriait avec gentillesse, tentant de rattraper comme elle le pouvait l'attitude de sa mère.

    - Il faut excuser ma mère, Mademoiselle. Ma fille se nommait également Judith. Eh, elle n'est plus de ce monde. Vous comprendrez donc la surprise de ma mère. Et d'ailleurs, vous, quel est votre prénom ?

    C'est vrai, Allikah s'était présentée et la jeune femme était coupée dans son élan par Séphora. En tout cas, la jeune femme avait de l'idée pour les manches de son amie. Elle se demandait si le système de l'anneau pouvait fonctionner sur les jambes, comme sur les épaules et les bras. Allikah n'en était pas certaine du tout. Tant sur le point du confort, que de l'esthétique et de la création. Autant, elle pouvait très bien visualiser la chose sur l'épaule et donc sur le bras, autant la jambe, ça lui semblait plus complexe. Surtout que ça dépendait aussi des brûlures et des zones concernées.

    - Pour la jambe, je ne sais pas. Il faudrait essayer des choses. Est-ce que le système d'anneau serait aussi efficace que pour le bras ? Les brûlures remontent jusqu'où ? Il faudrait pouvoir voir les brûlures et faire le travail en fonction des zones et de la gravité des blessures, j'imagine...

    En tout cas, Allikah commençait déjà à sortir des tissus pour la manche du bras. Elle avait déjà des idées pour cette jeune Judith. Elle pouvait même faire une manche descendant jusqu'à la main. Une sorte de gant remontant comme une manche jusqu'à l'épaule, et le tout attaché grâce à l'anneau au vêtement recouvrant l'épaule. C'était vraiment une bonne idée, et elle pouvait imaginer pleins de coloris, ou de textiles différents pour donner des effets différents.

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      Tout d’un coup, la jeune femme se sent mal. Terriblement mal d’avoir prononcé le nom de la fille morte d’Allikah. Rosie baisse les yeux, doucement, jouant avec ses mains alors que la dame plus âgée sort de la pièce. Par contre, quand elle lui demande son nom, Rosie relève la tête. Ne s’était-elle pas présentée, en entrant dans le magasin ? Peut-être que non, peut-être… Peut-être qu’elle avait oublié ?

        « O-oh je suis désolée, M-Madame Allikah. J-je m’appelle R-Rosemarie. »


      La grande dame blanche se remet à parler et la requine fuit son regard, intimidée. Elle était très gentille, hein, là n’était pas le problème, mais elle avait une confiance en elle que Rosie n’aurait jamais, d’après elle. Elle lui pose des questions sur les blessures de Judith et les images de son amie lui reviennent en tête.

        « J-je crois…. De ce qu’elle m’a dit, e-elles font toute la jambe. Elle ne v-voulait pas que…. Elle ne v-voulait pas me les montrer. »


      Rosemarie fronce les sourcils, légèrement. Peut-être que c’était encore plus grave que Rosie ne l’avait cru, en fait. Si elle n’avait pas voulu montrer ses blessures…. Était-elle mal à l’aise ? Ou bien ça faisait terriblement mal ? Non, ça ne semblait pas l’empêcher de bouger, alors… Hm…

      Et puis, en remarquant qu’Allikah préparait des tissus pour la requine, Rosie se sentit tout d’un coup rougir énormément, de gêne, tendant le bras légèrement vers l’avant comme pour l’arrêter.

        « M-Madame Allik-kah, vous… V-vous n’avez vraiment pas à-à préparer des t-tissus, vous m’avez déjà b-beaucoup aidée, je…. J-je dev-vrais me débrouiller. »


      Son rythme cardiaque s’accélère alors qu’elle se met à jouer nerveusement avec ses doigts, encore une fois. Elle ne pouvait pas demander ça à la dame blanche, c’était son devoir de procurer ce que Judith avait de besoin.


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    -Rosemarie- en effet, le prénom lui disait bien quelque chose maintenant que l'animorphe se présentait, à nouveau. Allikah n'avait pas vraiment prêté attention à la jeune femme lors de son arrivée, ce qui expliquait cet oubli... Enfin, maintenant, elle allait bien s'en souvenir de son prénom, qu'elle trouvait assez joli d'ailleurs. La pauvre, elle devait se demander dans quel genre de maison elle était tombée, entre la vieille grand-mère gâteuse et la mère sans enfants qui oublie ce qu'on lui dit...

    - Ne vous excusez pas, vous ne pouviez pas le savoir... C'était un fâcheux accident, il faut vivre avec.

    La jeune femme lui explique après cela qu'elle n'a pas pu voir les brûlures de cette fameuse Judith. Tout cela complique bien la tâche pour Allikah. Autant pour le bras, tout cela semble bien clair dans son esprit, mais pour la jambe, c'est plus complexe. En plus, Rosemarie commence à lui faire comprendre qu'elle pouvait faire ça toute seule. Mais notre araignée n'était pas du genre à donner un conseil gratuitement, même si Rosemarie lui rappelait sa fille, et que son amie s'appelait aussi Judith. Que de coïncidences.

    - Non, jeune fille, je vais vous aider. Et vous allez m'aider aussi ! Voyez, je peux vous aider pour la technique pour cette histoire de manche. Et vu que vous êtes jeune, que vous devez sans doute connaître la mode actuelle, vous allez m'aidez avec cette robe ! Celle là, là ! Vous voyez, le décolleté, il est moche comme ça. Alors, aidez moi là dessus...

    C'était le côté matriarcale d'Allikah qui se réveillait, pas vraiment de s'il-vous-plait, ou de « si vous voulez bien ». Rosemarie avait sans doute l'âge d'être sa fille et elle débutait son activité, alors elle allait bien pouvoir l'aider vu les précieux conseils de technique que l'araignée était entrain de lui refiler.

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      Ce qu’Allikah lui dit, ça frappe plus qu’elle ne l’aurait pensé. C’est un accident, il faut apprendre à vivre avec. C’était quelque chose dont la jeune femme avait énormément de difficulté à faire. Vivre avec ses erreurs. Qu’est-ce qu’elle aurait pu faire de différent, qu’est-ce qu’elle aurait pu dire à la place. Mais cette dame plus agée qu’elle, plus sage et clairement, plus mature, venait en quelques mots d’ébranler la petite requine. Elle avait raison, bien sûr….

      Mais la grande blanche tire Rosemarie de ses pensées en lui disant qu’elle allait l’aider. Rosie se fige, quelques secondes, en regardant la robe dont Allikah parlait. Elle voulait de l’aide avec le…. Décolleté ? Sa logique était que Rosie, étant jeune, avait plus de connaissances sur la mode. Oui, il était vrai qu’elle pourrait probablement l’aider un peu, surtout qu’elle avait accepté de lui donner des conseils.

        « J-j-oh-oui-M-Madame! »


      Timidement, Rosemarie s’approche de la robe. C’était tellement un plus beau travail que ce qu’elle était capable de faire…. Mais bon, ce n’était pas le problème, maintenant. La requine examine le buste, zyeutant les couleurs et les tissus, etc.

        « E-eum… Je sais que j’ai vu be-beaucoup de f-filles avec d-des formes de cœur sur… S-sur leur poitrine. »


      Elle fait le symbole sur son propre (petit) décolleté. C’était un style qui vendait beaucoup avec les jeunes femmes. Pas que Rosemarie savait, hein, tout ce qu’elle portait était très…. Modeste.

        « O-ou la f-forme d’un losange, a-aussi, en laissant de la p-place pour la p-poitrine sous un ch-chemisier blanc… U-un peu comme les serveuses d-dans les tavernes, m-mais plus chic…? »


      Elle avait de la difficulté à s’exprimer et ignorait si Allikah trouvait ses idées aidantes ou non. Peut-être qu’elle avait déjà pensé à tout ça, avec sa grande maitrise qu’elle avait démontré… Ce ne serait pas étonnant. Avec ces pensées, Rosie se recroqueville un peu sur elle même, grattant son nez en n’osant pas trop lever ses yeux dorés vers la dame.

        « U-un décolleté tout simp-ple, pourrait bien faire, au-aussi…. »


      Qui aurait cru entendre Rosemarie parler autant de poitrine sans se mettre à rougir comme une tomate.

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