Allikah Yeshua

Allikah Yeshua est née au sein d’une tribu nomade matriarcale. Sa grand-mère, une animorphe-araignée, était la cheffe de cette tribu, menant son peuple de village en village, de marché en marché, au fil des saisons de l’année. Tous les nomades voulant rejoindre la communauté étaient les bienvenus. Il n’était pas rare d’y voir d’autres animorphes comme des scarabées ou des scorpions, parfois des nymphes, ou des centaures. C’était un groupe très ouvert d’esprit et tolérant. Les voyages ne se faisaient que la nuit, le jour étant réservé aux commerces, à l’éducation des petits et aux siestes.

La tradition familiale repose sur l’art du tissage et de la couture. C’est dès son plus jeune âge, qu’Allikah fut éduquée par des enseignements aussi théoriques que pratiques. La jeune enfant était douée pour apprendre, mais aussi pour expliquer aux autres comment il fallait faire. La petite Allikah s’était d’ailleurs entichée d’une petite animorphe scorpion, Zahgha, dont les parents suivaient le groupe afin de ne pas voyager seuls. Il fallait les voir, toutes les deux, courant dans le sable, jouant, librement, de toute l'innocence de l’enfance, riant aux blagues et lors de leurs nombreuses chutes dans le sable, traître.

Allikah garde de très beaux souvenirs de cette période. Le commerce était difficile, le groupe était souvent pointé du doigt pour ses différences et sa marginalité mais ils étaient libres, une liberté de vivre leurs vies et d’être eux-mêmes. C’était un groupe en dehors du reste du monde, ne communiquant avec la société que lors des marchés pour commercer, négocier, acheter et vendre.  Allikah avait pour consigne de ne jamais se montrer sous sa forme animale lors des marchés, de rester digne, d’être présentable et polie. Elle s'efforçait toujours de faire honneur à sa grand mère, cette femme si forte, qui prenait la charge du reste du groupe avec endurance et détermination.


En grandissant, Allikah devint une adolescente sage, déterminée à égaler le talent de sa mère et de sa grand-mère dans l’art du tissage et surtout dans celui de la couture. Elle était la seule de son groupe à poursuivre les enseignements dans ces domaines, Zahgha se projetant, elle, comme travailleuse du cuir pour de l’ameublement. Elle restait enfant unique, mais elle considérait sa meilleure amie comme sa propre soeur.

Sa mère était fière d’Allikah, de la voir progresser rapidement, et surtout de la voir prendre conscience de l’importance de la tradition et des valeurs familiales. Pour sûr, elle sera prête à prendre la relève quand son tour viendra. Les créations de la jeune fille étaient parfois proposées lors des marchés, et se vendaient, chose qui la faisait toujours trépigner de joie. Bien sûr, au début, il ne s’agissait que de morceaux simples, comme des étoles, des bonnets de protection au soleil ou des chaussettes.

Allikah n’était, en revanche, pas une grande sportive. Le désert et les oasis étaient des zones bien trop chaudes pour pouvoir faire une quelconque activité sportive. Elle préférait passer des heures, la nuit, à s'entraîner sur son métier à tisser, sous les yeux de ses aînées. Bien installée, avec son amie dans la tente d’à côté à travailler le cuir, elle pouvait rester là des heures, les doigts et les crochets travaillant durement, pendant qu’elle discutait de tout et de rien avec Zahgha.

C’est à l’âge de 14 ans, qu’Allikah dut comprendre ce qu’était la mort, pour de vrai, pour la première fois. C’était sa grand mère, la grande Karmina Yeshua, qui venait de terminer son parcours dans le désert. Comme le veut la tradition, sa mère, Sephora Yeshua, prit la relève et mena le groupe à son tour. Mais l’époque avait changé. Les marchés se faisaient moins accueillant pour le groupe, la méfiance devenait une coutume dans ce grand désert.


Sephora, désormais à la tête du groupe, devait gérer la famille dans une nouvelle adversité. La petite communauté avait même été attaqué, une nuit, en plein voyage, et il avait fallu que chacun se défende pour mettre en échec ces nouveaux bandits du désert. Allikah pu faire la démonstration de sa grande agilité, créant des pièges avec ses toiles pour bloquer les agresseurs. Zahgha n’ayant plus qu’à les piquer avec son dard ou à les pincer. Allikah rigole encore, parfois, en repensant à ce premier combat pour la survie dans le désert.

Il devenait nécessaire aux voyageurs d’être protégé, et Sephora dû recruter des mercenaires, des combattants, enfin, quiconque pouvant présenter des aptitudes aux combats ou ayant l’air menaçant. Ils ne pouvaient pas payer bien cher, le choix n’était pas bien vaste, mais au moins la sécurité était assuré pour tous.

Les mercenaires ne restaient jamais longtemps, ils faisaient le travail, récupérant l’argent et partant vers de nouvelles aventures. Un jour, Sephora recruta un jeune mercenaire, qui n’était pas beaucoup plus vieux que sa fille, quoi 16, 18 ans ? Il n’empêche, ce jeune mercenaire qui ne devait rester que quelques semaines, resta pour le charme et la compagnie d’Allikah. C’était un coup de foudre, immédiat, comme dans les mythes et les grandes histoires d’amour. Elle l’avait trouvé terriblement beau et séduisant, et lui, l’avait trouvé si gracieuse et si fragile.

Il n’en fallait pas plus débuter de longues semaines de flirts, Allikah ne voulant pas précipiter les choses. Et surtout, son père, une nymphe particulièrement acariâtre, tenait le jeune homme à l’oeil. Mais cette amitié naissante devint vite un amour fort, solide et durable. Ils officialisèrent  leur union par une nuit de pleine lune. Ils étaient beaucoup moins nombreux que dans les temps de Karmina, mais ils avaient fait la fête toute la nuit, vivant et festoyant en sachant que la vie à venir ne serait pas facile.


Une première fille naquit de cette union, une petite Basmath, qui faisait le bonheur de ses parents. C’était un bambin vif, joueur, et qui s’accomodait parfaitement à la vie nomade du désert. La seule petite déception pour Sephora et pour Allikah étant que l’enfant n’était pas une animorphe araignée comme elles et comme l’était Karmina. Mais ce n’était pas si grave, c’était un beau bambin en pleine santé.

Une deuxième petite fille vit le jour deux années plus tard. Ils s’accordèrent cette fois sur le prénom de Judith. C’était le prénom de la grand-mère de Sephora, la mère de Karmina. Cet enfant non plus ne sera pas animorphe, une simple humaine, comme son père, et sa soeur. Cette période était particulièrement trouble pour Allikah qui ne comprenait pas. Pourquoi ne pouvait-elle pas faire comme ses ainées ? Donner naissance à une fille, animorphe, qui prendra la relève à son tour ?

C’est lors de sa troisième grossesse qu’elle pu sentir une vive différence. L’enfant ne sera pas un simple humain. La façon dont il avait de se mouvoir en elle, les rêves qu’elle faisait la nuit. Tout lui faisait espérer que c’était bon. Une fille animorphe, enfin. L’enfant vint difficilement au monde, l’accouchement ayant dû être précipité à la dernière minute. Il était sain et sauf, mais affaibli, et il s’agissait d’un garçon. La dernière boutade divine concernant la maternité d’Allikah.

Cette fratrie s’entendait aussi bien que possible, avec les chamailleries habituelles entre les deux sœurs et le petit frère. Ils étaient différents mais complémentaires. La première, une vraie tête de bois, têtue et volontaire, comme son père. Judith, plus douce et sage mais prenant l’exemple de sa grande sœur, et le dernier taciturne et souvent malade.


Mais la vie n’allait pas faire de cadeau à Allikah. Le commerce se faisait de plus en plus difficile durant la croissance des enfants. Si difficile que Basmath pris la décision de partir, dès son adolescence, pour rejoindre l’armée. Son père avait approuvé la chose, Allikah ne l’acceptait pas, mais Basmath n’avait écoutée que son père.

Son propre père avait quitté le groupe, suite à une querelle de famille, laissant tout le monde derrière. Il avait voulu enseigner la magie à Judith, dans le dos de tout le monde. Elle se blessa lors d’un accident, ce qui rendit Joseph fou de colère. La discorde était trop grande entre le mari et le grand-père. Elle eut des nouvelles, quelques mois plus tard, dans un marché. Il avait été pourchassé par des brigands et laissé mort aux portes d’un village. Le corps avait été brûlé dans l’anonymat, adieu, papa.

Allikah était dans le contrôle absolu de ses deux enfants encore avec elle. Judith était sortie bégue de son accident et parfois ralentie. Le petit était souvent malade. Et Joseph ? Disparu, un beau matin. Il était parti pour évaluer si une zone était sécurisée pour le groupe de voyageur. Il n’était jamais revenu. Elle n’avait pas le choix que de combler par une protection acharnée.

Mais l’amour et la protection d’une mère ne peut surpasser la force armée d’Altissia. Un commando pris les voyageurs en traître près d’un village minier. L’attaque avait désordonné le groupe. Zahgha, l’amie de toujours, avait juste eu le temps de montrer à Allikah ou se trouvait sa mère, Sephora, pour l’aider à se cacher. Zahgha allait rester pour combattre. Allikah eu à peine le temps d’aider sa mère à se transformer et à se cacher avant de voir l’horreur. Une explosion, une boule de feu, se dirigeant droit vers Judith qui portait son frère. Un flash de lumière, puis plus rien. Juste le temps de voir les autres voyageurs fuirent la zone, et Zahgha, cette bonne vieille Zahgha, à terre, une lance transperçant son corps.


Allikah était désespérée après la perte successive de son père, de l’amour de sa vie, de ses deux enfants Judith et Isaac, et celle de son amie Zahgha. Sans parler du départ de sa fille Basmath et du vol ou de la destruction des biens de la famille par l’armée d’Altissia.

Il ne lui restait plus que sa mère, âgée, détruite psychologiquement, car elle se sentait responsable de la mort des membres de sa famille. Elles partirent toutes les deux, pour la ville, laissant le désert derrière elles, non sans avoir récupéré les dettes que d’autres commerçants devaient à la famille.

Elles s’installèrent toutes les deux dans un taudis de Caldis. Travaillant de jour comme de nuit afin d’engranger un maximum d’argent. Acceptant n’importe quelle mission, tant que cela pouvait payer et qu’elles étaient en capacité de faire le travail. Suffisamment, jusqu’à ce qu’Allikah entendit parler du commerce qui s’ouvrait dans la ville d’Yggdrasil. Un commerce qui se voulait florissant à en croire les rumeurs.

Allikah ne supportait plus la mendicité de sa vie à Caldis. Elles partirent ensemble, mère et fille jusqu’à Yggdrasil, dans un long voyage semé d’embuche à travers le désert traître puis les marais, tout aussi traîtres. Heureusement, elles avaient accumulés l’argent nécessaire pour s’acheter un local dans le quartier des loisirs, un des moins chers. Il était petit mais suffirait pour fonder un commerce et promettre un couchage sécurisé pour elle et Sephora.

Depuis, Allikah vends ses créations depuis son commerce “Au fil de l’araignée”, Sephora participant comme elle le peut.