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  • No More Captain {PV Faust
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    Le dragon n'est plus, miracle est arrivé. Yggdrasil a protégé sa cité. Des mois de siège éreintant cessent, la ville millénaire respire à nouveau. Chaque soir, sous la lueur émeraude et bienveillante du grand arbre, les éossiens fêtent et célèbrent ceux tombés au combat. Après tant d'épreuves, la ville semble reprendre vie...
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    10 octobre
    1001
    no more captain
    avec Fosutu
    Il y a encore un peu de monde dans les rues mais c'est bientôt l'heure où chacun rentrera chez soi, hormis les quelques derniers fêtards qui prennent leur temps dans les tavernes et autres auberges à boire jusqu'à ce qu'ils n'aient plus toute leur tête. Je regarde d'un air amusé les fenêtres où se dégagent encore de la lumière et de la musique joyeuse, couplée aux rires des lurons qui dansent main dans la main sans forcément se connaître. Je crois que les Altissiens et les Caldissiens ont vraiment pris leurs marques les uns avec les autres et oublient peu à peu que des siècles de batailles les ont férocement séparés. Tant mieux, me dis-je, tandis que je poursuis ma marche dans les rues jusqu'au Quartier des Armes. Je ne tiens pas à ce que de nouveaux conflits sanglants éclatent même si cela nous un peu tous bizarre, je crois, alors que nous étions habitués à ce que les attaques puissent arriver d'un moment à l'autre. Cela m'ennuierait pourtant que je doive à nouveau me battre contre des personnes avec qui j'ai appris à bien m'entendre depuis ces derniers mois.

    Heureusement, cela n'empêche pas notre terrain d'entraînement d'être très occupé la journée. Les jeunes recrues, aux côtés des vétérans, n'ont pas perdu leur volonté d'apprendre à se battre et s'activent avec ardeur à montrer ce qu'ils valent. Ce soir, comme tous les autres soirs, nous devons pourtant bien les forcer à les faire partir du terrain pour les ménager. Il faut bien qu'ils se reposent, aussi, de temps à autre. En tant que Capitaine, toutefois, même si ce n'est pas mon quartier, j'avoue que je viens parfois en pleine nuit pour profiter d'un instant de paix seul à seul avec le mannequin en bois qui se fait frapper tous les jours (mais tient quand même bon). Il y a cependant, depuis quelques temps, une pensée qui me traverse, réduisant la vitesse de mes pas.
    Comment c'était, avant ?
    Qu'y avait-il avant que l'on ne débarque pour tout raser et reconstruire ce qui nous plaît comme si nous habitions les lieux depuis longtemps ? Je ne me demandais pas forcément ce que nous avions dû détruire pour se faire une place sur des lieux où nous n'étions jamais passés, mais depuis récemment, de temps à autre... Cela me trouble l'esprit. Me provoque même quelques vertiges quand je laisse mon imagination faire le travail et qu'il prend la liberté d'inventer. Des écoles, des habitations, des centres de soin... Je crois que j'avais peur auparavant de me poser la question. Et je crois que je l'ai toujours, cette peur. Car d'entre la suivraient inévitablement. La peur d'avoir provoqué indirectement la mort d'innocents. La peur d'avoir démoli ce qui était si cher aux yeux des natifs. La peur de les avoir blessé. Blessé. Blessé les Eossiens.

    J'aurais sans doute laissé ce soudain creux dans l'estomac un petit moment si je ne m'étais pas rappelé de ma présence près de la caserne militaire. Faust m'a demandé de venir le rejoindre. Un rendez-vous important, d'après ce que j'ai compris. Mais cela semblait grave. Je suis un peu inquiet de ce qu'il va m'annoncer, pour être honnête. Lorsque quelque chose trouble le Donovan, c'est rarement à prendre à la légère. Dans le silence nocturne, que le hululement de chouettes arrive à peine à perturber, je m'approche des bureaux administratifs où seuls quelques privilégiés peuvent demeurer. Toquant à la porte pour annoncer ma présence, je ne me fais pas prier lorsque l'on m'autorise à entrer.

    « Que me vaut le plaisir, Monsieur l'Ambassadeur ? »

    Avec une démarche nonchalante, je m'approche de mon mentor, une expression détendue sur le visage pour ne pas penser à une potentielle nouvelle qu'il pourrait m'annoncer.

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    Je n'aime rien de tout ça. Je sais que je me répète, ces dernières semaines, mais... C'est une pensée qui m'obsède. J'ai vu les têtes défiler et les mines s'assombrir, les murmures passer à travers les couloirs, les regards incertains se suivre et se ressembler. Depuis l'incendie de la Ville-Haute, la tension est montée de plusieurs crans de tout à coup ; et les changements ont suivi. Brutaux, soudains, parfois confus. Tout à l'image, en somme, d'une panique générale en haut de la hiérarchie. Rien qui ne me surprend. Nous avons un enfant sur le trône, et une tripotée d'incompétents aux dents longues pour l'aider. Depuis les dernières révélations sur la mort de Dalma, en plus...
    Mais jusque là, ça ne me touchait pas personnellement. Ou du moins, si je le vivais du fait de ma position... Je ne m'inquiétais pas pour moi-même. Je sais me débrouiller. Je sais me débrouiller, et mon poste m'épargne du pire, on va dire, tout comme mon nom qui fait office de protection suffisante pour qu'on me laisse relativement tranquille, moi comme mes enfants. Je ne suis rien de plus qu'un porte-étendard glorifié. En revanche...

    Les lèvres pincées, j'ai du mal à sourire alors que Samaël finit par rejoindre le bureau qui m'a été attribué le temps de la reconstruction. Je ne le fais pas venir par plaisir, cette fois, même si j'aurais largement préféré passer une soirée à m'amuser avec mon ancien élève. Je ne cherche pas à fausser un sourire comme je pourrais le faire d'ordinaire ; il devinerait bien vite que quelque chose cloche, même si je suis très bon acteur.

    « … Assieds-toi. »

    Mon ton n'est pas grave, mais il est plat. Je sais qu'il va vite comprendre que quelque chose me tracasse, alors je préfère en venir aux faits, plutôt que de traîner avec des banalités. J'aimerais toutefois qu'il évite de s'angoisser inutilement, alors je reprends rapidement la parole dès lors qu'il est assis.

    « Ne t'inquiètes pas. Je ne vais rien t'annoncer de grave. »

    Du moins, de tragique. Pas de décès ou de renvoi, ou autres informations difficiles à encaisser. Au contraire, l'on pourrait voir ça comme quelque chose de positif, mais... Mais de mon côté, j'admets être plus réservé. J'aurais aimé que cela arrive autrement, car mon enthousiasme est bien maigre. J'aurais aimé le fêter, le dire avec un grand sourire. Mais je n'y arriverais pas, je le sais. Et je ne... Il faut que je lui parle. Tant pis si je dois commettre quelques petites infractions. Nerveusement, mes doigts s'agitent sur ma plume tandis que je m'incline sur mon fauteuil. Mon regard se pose sur mon bureau sans s'y fixer, comme vague.

    « Pour dire vrai... Je ne te reçois pas en tant qu'ambassadeur. Tout le contraire, même ; et je ne suis pas vraiment supposé te parler de tout ça maintenant, mais... »

    Mon expression forme une discrète grimace avant de redevenir neutre. Je pose un regard sérieux sur le capitaine. Autant être direct.

    « Rien de ce que je vais te dire n'aura été dit, d'accord ? »

    J'ai confiance à ce sujet là-dessus : Samaël sait être discret quand il le veut, ou quand il a conscience qu'il faut l'être.

    « Dans une semaine, je vais te convoquer officiellement. Je vais te remettre cette lettre. »

    Je tire un tiroir dont je sors une enveloppe soigneusement tenue, élégamment ornée de dorures en demi-cercles. Au centre se trouve un sceau d'un rouge vif, et qu'il reconnaîtra sans mal : il s'agit de celui de notre empereur. Privilège si rare qu'il ne peut pas être qu'autre chose que le signe d'une décision importante. Mon expression, toutefois, est fermée alors que je parle.

    « Tu découvriras que tu as été nommé pour être le nouveau général représentant de notre armée sur Yggdrasil. Ensuite, je devrais annoncer la nouvelle et préparer ta cérémonie d'intronisation. »

    J'aurais aimé faire cette annonce autrement. Plus tard. D'ici quelques années, avec le sourire, en tapant fièrement dans son dos, en préparant déjà la manière dont nous fêterions ça. Mais ce n'est pas le cas. Je ne suis pas enthousiaste. Je suis...

    « … Je te dis ça car je suis inquiet. Tu... La situation dans laquelle tu arrives est épineuse. Tu as été choisi de par ton expérience avec les éossiens, et on va attendre de toi que tu prennes en charge le problème des éclaireurs. Tu comprends le souci... ? »

    On l'envoie faire le sale travail, littéralement. On l'envoie dans une situation extrêmement épineuse et tendue, au moment le plus compliqué. Alors je ne peux pas dire que je sois particulièrement ravi.

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    10 octobre
    1001
    no more captain
    avec Fosutu
    Mon visage reprend une tournure plus sérieuse lorsqu'il prend la parole à son tour. Comme demandé, je m'assois, calme en apparence mais perplexe et inquiet de ce qu'il va me révéler. Tout de suite, j'imagine le pire. Et si mon lien avec un Eossien s'était dévoilé au grand jour ? Ai-je commis une faute ? Est-ce que je n'ai pas été assez actif dans mon Quartier ?.. La perspective d'être démis de mes fonctions me fait paniquer, alors qu'on pourra dire que j'ai vécu bien pire. Mais je conserve une certaine fierté d'avoir atteint mon grade actuel et j'aurais souhaité avoir au moins ça pour moi. Fébrile, c'est en silence que je l'écoute mais s'il n'est pas là pour m'annoncer quelque chose de dramatique, alors je peux me permettre de me détendre. Cela me rend toutefois d'autant plus curieux d'en savoir davantage sur la raison de son appel. Il n'a cependant pas un don pour rassurer les autres, lui. On dirait qu'il va me révéler des choses très confidentielles. Ou qu'il n'est pas supposé dire. Une partie de moi est flattée qu'il m'accorde une telle confiance mais l'autre moitié craint ce que je vais entendre. Et je n'ai pour toute réponse qu'une lettre qu'il me tend avec le sceau impérial que seul Gaston peut honorer personnellement. Mes yeux s'ouvrent en grand lorsque j'aperçois le symbole Altissien de la famille royale, sentant tout à coup mon cœur battre la chamade. Cela pourrait être une très bonne comme une très mauvaise nouvelle. Muet, je me contente d'écouter la suite, immobile mais impatient malgré le mystère qu'il laisse planer. Et si je ne comprends pas tout de suite ce qu'il me dit, avec un ton des plus calmes, je me fige un instant, contemplant la lettre dans ma main.

    Qu-... QUOI ?! Moi... Général ?.. C'est...

    Un rêve qui se réalise. Des doigts qui tremblent légèrement autour de cette enveloppe où mon destin se joue. Ma poitrine que je peux entendre taper au creux de ma cage thoracique comme si les sons autour étaient réduits. Moi, Général... A la tête de l'armée Altissienne ? Au même titre que Gabryel ? Au même titre que Layos avant moi ?.. Je peine effectivement à y croire. Et je devrais être heureux. Très heureux, même, d'avoir eu cette honneur d'être choisi. D'avoir eu ce privilège que l'on m'accorde un tel statut alors que je n'ai pensé qu'à ça depuis mon enfance. Pourtant, je ne dis rien. Je ne souris pas. Je suis encore un peu sous le choc, tout en laissant néanmoins mon interlocuteur poursuivre. Exprimer ses doutes. Son... inquiétude à mon égard. Il me parle d'un souci. Les Eclaireurs, oui... Mais sur le moment, je peine à comprendre ce que cela implique.

    « Je... euh... Whouahou... C'est beaucoup de choses... d'un coup. »

    Heureusement que je suis assis, d'ailleurs, car je serais sûrement tombé par terre, sinon. Allez, Sam, reprends-toi un peu.

    « Général... en charge des Eclaireurs ?.. »

    Je me cale au fond de la chaise, bien ancré contre le dossier pour être sûr que je ne suis pas en plein sommeil. C'est d'ailleurs un peu comme si je venais de me réveiller, alors que je prends à peine conscience de ce qui arrive actuellement.

    « Le souci... Quel souci ?.. Je... Je ne comprends pas bien... »

    M'éclaircissant la gorge pour reprendre un peu de contenance, je ne peux pas m'empêcher de regarder la lettre avec des étoiles dans les yeux, en dépit du sujet grave que Faust désirait aussi aborder. Tout ce que mon cerveau a réussi à retenir était la nouvelle de ma... promotion que je n'espérais pas tout de suite mais sur laquelle j'ai tant rêvassé. Alors, forcément, sur mon petit nuage, je ne réalise pas vraiment les conséquences et ce que cela va engendrer.

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    J'étais contre. Je ne lui dirai pas car je ne veux pas briser sa confiance en lui, mais... Il n'était pas encore prêt, à mes yeux, à cette promotion. Il lui manquait encore un peu d'expérience, un peu de maturité en terme de relationnel et de psychologie, et... Je ne saurais pas dire quoi. Un petit quelque chose qu'il finira bien par développer, mais qui était tout de même important. Ce temps-là ne sera pas pris, et j'en suis le premier embêté. Une ascension éclair peut être un véritable cadeau empoisonné, si l'on a pas des filets de sécurité bien rodés ; et même si Samaël a le soutien de ma famille... Je ne reste pas très à l'aise avec cette jetée dans les flammes.
    Mais je m'attendais à sa réaction. Neutre, je ne dis rien alors qu'il comprend la nouvelle. Je dois tout de même retenir un soupir. Sans surprise, il a d'abord et avant tout des étoiles dans les yeux. Il tend à oublier tout le reste dans ces cas de figure. Cela... Fait partie de ces manquements que j'aurais aimé voir corrigés avant qu'il n'arrive à cette place, car je m'attendais à ce qu'il y arrive un jour. Mais pas... Pas maintenant. Pas comme ça.

    Je reprends un ton calme alors que je parle de nouveau, essayant de recadrer la situation pour bien lui faire comprendre la complexité et la dangerosité de la chose. Je ne veux pas qu'il y aille la tête pleine d'étoiles, sans regarder autour de lui. Sans réaliser le travail d'équilibriste qu'on lui demande.

    « Tu es nommé Général après l'incendie de la Ville-Haute, alors que l'armée est massivement réorganisée. Beaucoup ont été évincés et remplacés. L'armée a encore en tête l'humiliation de la dernière fois, et les nobles sont sur les crocs qu'un des leurs ait été aussi aisément capturé. »

    Et Oros seul sait ce que j'entends... Je crois que pour une fois, les diplomates comme les militaires ont trouvé un terrain d'entente pour se plaindre. Ils ne digéreront pas la dernière fois sans une revanche, au moins, et cela ne me rassure pas du tout. L'escalade me paraît devenue inévitable. Une escalade qui n'est pas apaisée par le trône, qui tente de remettre ses pions en place afin de mieux contrôler la situation, mais rien y fait. Ce ne serait pas aussi simple, et la panique évidente de notre gouvernement ne fait qu'empirer la situation. Mon regard s'assombrit alors que mes yeux se fixent sur le sceau de la lettre que je lui ai donné.

    « La crédibilité de la couronne est limité, une partie de la population pourrait se retourner contre nous. Et pour couronner le tout, une bonne partie des éossiens est définitivement retournée en notre défaveur. »

    Je ne vois pas comment il aurait pu en être autrement, d'ailleurs. N'est-ce donc pas passé par la tête de ces imbéciles, qu'exécuter un de leurs représentants les plus symboliques, et ce sans grande preuve, était l'action la plus idiote à réaliser ? Que lorsque tout cela se saurait, nous aurions à faire avec la rancune de notre propre population, en plus de celle que nous avons mis sous notre autorité par la force... ? Tout cela me semble stupide. C'est un contre-sens total. Je ne comprends pas. Je ne comprends pas, mais je dois faire parvenir ces décisions imbéciles qui ne font qu'amener plus d'huile sur les flammes. Mais, contrairement à mon vis-à-vis, j'ai de quoi me récupérer si jamais les choses venaient à tourner au vinaigre. Samaël, en revanche... La mine grise, je repose sur lui un regard sérieux.

    « Tu es nommé pour faire la chasse aux éclaireurs et rétablir la crédibilité de l'autorité altissienne. Les nobles seront frustrés que tu aies été promu à un poste qu'ils auraient voulu récupérer, et ils t'auront à l'oeil du fait de ce qui s'est passé lors de l'incendie. L'armée sera injustement exigeante avec toi. Les diplomates surveilleront tes faits et tes paroles. »

    Je me rends compte que tout cela est dur à entendre. Mais je ne peux pas sucrer les faits pour le laisser aux pays des rêves : il faut aussi qu'il se rende compte du contexte dans lequel il est nommé. Certains choisiraient de refuser, et ce serait tout à leur honneur ; malheureusement... Si il refuse, cette occasion ne se représentera sûrement pas. Je n'ai pas de certitude à lui donner. Je peux juste lui exprimer la réalité : qu'on le place sur une corde raide, et que les crocs sont bien aiguisés en bas.

    « Les éossiens te détesteront, et tu deviendras garant de la sécurité des altissiens dans la cité. Tu pourrais tout aussi bien devenir leur héros que la cause de tous leurs problèmes. »

    Ces choses-là vont vite. On chute d'autant plus haut que l'on ne s'envole en hauteur ; et j'aimerais éviter qu'il ne fasse une descente trop brutale.

    « Cette promotion... N'est pas sans risques. »

    Cette fois-ci, je prends des pincettes. Je ne veux pas briser son humeur, juste... Le réveiller un peu.

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    10 octobre
    1001
    no more captain
    avec Fosutu
    Son inquiétude est palpable. Elle me touche réellement en dépit du sujet qui se veut grave. Ses paroles ne tombent pas dans l'oreille d'un sourd mais il ne s'agit rien de nouveau. Bien sûr, le grade de Général ne s'obtient pas aussi facilement. Les contraintes qui l'accompagnent sont aussi nombreuses que ses avantages. Mais ça ne m'a jamais effrayé et surtout ça ne m'a jamais dévié de ce que je souhaitais faire. Ce n'est pas tout rose, ce qu'il me révèle, mais il veut juste m'avertir ; ne pas me laisser avec des illusions qui finiraient, au bout du compte, par se faner. Les doigts encore tremblants, je serre la précieuse lettre comme si j'avais peur qu'elle s'envole. C'est sûrement naïf et égocentrique, mais malgré tout ce qu'il me raconte, je ne peux pas écarter cette petite boule de joie et de fierté qui scintille dans un coin de mon esprit. Être détesté des Eossiens et des Altissiens ? Ce n'est pas vraiment ce qui me fait peur. On ne peut pas dire que les enfants bâtards soient appréciés dans mon pays natal et il est clair que les natifs ne me portent pas dans leur cœur (enfin... sauf exception). On ne pourrait pas dire que ça change grand chose. Que je m'attendais à ce que tout se résolve d'un coup. Je sais que ça ne sera pas aussi simple. Que les tensions sont plus vives que jamais depuis l'incendie et les révélations encore fraîches qui ont suivi. C'est le prix à payer pour notre arrogance et notre soif de pouvoir. Depuis ma rencontre avec Shimomura... J'ai pitié pour ces Eossiens. Sans savoir comment, j'ai l'impression d'en être plus proche, de pouvoir les comprendre un peu mieux ; même s'ils me rejettent toujours. Ce n'est pas une acceptation complète que je recherche non plus. Quant aux Eclaireurs... C'est un autre souci. Une partie de moi voudrait les attraper pour honorer la promesse de la missive, mais une autre a l'impression que ce serait injuste de faire ça. Un chien et un loup se battent en moi.

    « De grands honneurs engagent de grandes responsabilités, hm ?.. »

    Un rictus caustique et détaché, je lui souris plus doucement, mon regard adouci trahissant l'affection que j'éprouve pour lui.

    « J'entends ce que tu dis. Et cela compte pour moi que tu aies été jusqu'à me convoquer en avance pour me mettre en garde. »

    Sincèrement, et je voulais au moins lui dire ça. Je ne veux pas qu'il croit que je ne l'ai pas écouté. J'ai simplement conscience des risques. Pour dire vrai, je n'espérais pas moins. Cela aurait été bizarre, n'est-ce pas ? Plus on monte dans les échelons, plus on a de risques d'être critiqué. Et je ne m'attendais pas à ce que les regards des Eossiens de mon Quartier changent du jour au lendemain.

    « Mais je sais dans quoi je me suis engagé, en continuant sur cette voie. »

    De grandes épreuves m'attendent. Mais j'y suis préparé. Je leur ferai face comme je l'ai toujours fait jusqu'à présent.

    « J'avais un objectif à atteindre, et... Il est sous mes yeux. Cela ne me fait pas peur d'être surveillé ou jugé constamment. »

    Être jugé, surveillé, méprisé... N'est-ce pas le lot de beaucoup dans l'armée ? En acceptant cette offre inestimable, je m'engage dans une voie encore moins évidente, mais... Tellement gratifiante pour celui que j'ai toujours rêvé de devenir. Être Général, un rêve... Qui n'en sera bientôt plus un. Je me permets même de partager un peu de mon optimisme avec lui. Je ne sais pas si Faust a parlé avec beaucoup d'Eossiens, mais je veux croire que rien n'est encore perdu. Que nous pouvons encore faire quelque chose.

    « J'ai l'espoir que ça s'arrange, avec les Eossiens, tu sais ?.. On ignore ce que l'avenir nous réserve... J'ai envie de voir ses bons côtés. »

    C'est sans doute futile et beaucoup trop idyllique. Je cherche sans doute à atteindre quelque chose qui m'échappe, mais si j'ai pu faire un premier pas, je suis convaincu que d'autres pourraient suivre mes traces. Ou du moins... j'y aspire. Et pour le moment, je n'ai que ça à quoi me raccrocher pour ne pas retomber dans mes travers.

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    Autant parler à un sourd, j'en ai bien conscience. Samaël est... Optimiste, et entêté lorsqu'il est persuadé du bien fondé de quelque chose. C'est une qualité, mais un défaut également. Il croit ce dans quoi il s'engage : ou du moins, il s'efforce d'y croire. Si une part de moi trouve cela admirable, une autre part de moi ne peut pas s'empêcher de se demander si son envie maladive d'être utile à son pays ne lui obfusque pas la vision.
    Et je peux comprendre qu'il soit aveuglé, même partiellement, par la promotion qui lui est offerte. Sans doute que cela m'alarme davantage car... Car pour moi, il n'était pas tant surprenant que je devienne général. Oh, bien sûr, j'étais bon militaire, mais comme des centaines d'autres ; ce qui fit la différence fut mon nom et cette règle injuste dont j'ai profité et dont je ne tenterais pas de nier l'existence. Et même si Samaël n'est pas né roturier... Sa condition particulière fait qu'il fut plus difficile pour lui d'y arriver. Ou du moins, ce chemin-là n'était pas tout tracé. Alors quand il me parle d'honneur et de rêves... Je n'arrive pas à soupirer. Je le fais intérieurement. Comment pourrais-je le blamer... ? Je ne sais pas ce que ça fait. J'ai bien vu comme il a pu souffrir d'être déconsidéré.

    La mine neutre, je ne réponds pas immédiatement. Au moins, il m'a écouté, je suppose... Même si il m'a l'air de sous-estimer tout cela au profit de ses espoirs. Le regard un peu terne, je ne peux pas m'empêcher de grimacer caustiquement face à ce qu'il dit sur les éossiens.

    « Il faudrait qu'ils aient perdu la tête pour voir en nous autre chose que des menaces. »

    Je sais qu'il connait mieux le sujet que moi, j'imagine, mais... Je ne sais pas. Je sais que si je m'étais retrouvé dans leur situation, j'aurais sans doute rejoint l'insurgence, oui ; mais les choses ne sont pas ainsi.
    Je me pousse un peu sur ma chaise pour fixer le plafond en silence. Oros... Il va me donner une attaque un jour, je vous le jure. Même si il s'est assagi depuis l'époque où il était encore sous mon aile, il me fait parfois encore penser à cet adolescent impétueux et casse-cou qui m'a quelque peu forcé à redevenir créatif dans mes méthodes de sanction, à l'époque. Enfin... Cela ne m'empêchera pas de l'aider comme je le peux, ou du moins, de surveiller ses arrières si je peux le faire. Mais il est important qu'il n'oublie pas de le faire. Dans un soupir, je finis par reprendre la parole.

    « Juste... Fais gaffe. Ne baisse pas ta garde, et encore moins maintenant. Une promotion pareille à cet âge, ça n'attire pas que du bon. »

    Tous les regards ne sont pas forcément admiratifs et toutes les paroles ne sont pas des félicitations. Mais je ne vais pas appuyer longtemps là-dessus : ce serait tourner en rond, et j'ai horreur de ça. Si il a décidé d'accepter, alors je ne vois pas ce que je pourrais dire d'autre. Ce n'est pas ma décision à prendre, après tout. Mais...

    « … J'envie ton optimisme, des fois. »

    Un sourire désabusé aux lèvres, je finis toutefois par tendre la main pour qu'il me rende la lettre et que je la range discrètement dans mon tiroir, comme si je ne lui avais jamais montré. Je choisis de repartir sur un sujet plus léger, même si mon ton n'est pas aussi enthousiaste que je l'aurais aimé. Il reste toutefois plus agréable.

    « Enfin... Tiens ta langue jusqu'à la semaine prochaine : personne ne doit le savoir. Je m'occuperais de préparer de quoi fêter ça, ne t'inquiètes pas. »

    J'arrive malgré tout à esquisser un petit sourire. Ce serait déjà ça de positif.

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    10 octobre
    1001
    no more captain
    avec Fosutu
    Avec un regard entendu comme quoi j'avais bien compris que cette entrevue devait rester secrète pour de nombreuses raisons, je lui rends la lettre, encore troublé par l'annonce de ce soir. Je vais devoir jouer une belle comédie, le jour où on me déclarera officiellement Général. Si je peux concevoir les inquiétudes de Faust, le fait qu'il fasse une telle tronche pour un événement pareil me fait un peu de peine. J'aimerais que nous ayons de nouveau des raisons de rire, boire et faire la fête ensemble. Je lui en avais longtemps parlé de ce rêve, après tout.

    « Je t'ai connu plus enthousiaste face à ce genre d'annonces... »

    Mais je ne lui en tiens pas rigueur, bien sûr. Je sais pourquoi il n'arrive pas à être complètement heureux devant moi. Nos instants de complicité me manquent juste. Une expression douce et sereine sur le visage, je ne veux pas lui donner l'impression que je me fiche de ses conseils. J'aimerais pouvoir le rassurer, même un peu, pour qu'il comprenne mon point de vue.

    « J'ai... rencontré des Eossiens. »

    Aux yeux de Faust, qui a bien plus de bouteilles que moi, j'imagine que ça doit sembler bizarre et vain, d'espérer un peu plus de douceur dans ce monde. Il n'essaye pas de m'encourager là-dedans, d'ailleurs, m'avouant avec sincérité qu'il garde un peu moins d'optimisme que moi sur ce que peuvent penser les natifs de nous. Et je comprends son point de vue. Après tout, il n'a pas tort. J'imagine que pour beaucoup d'entre eux, nous sommes des êtres hostiles venus pour voler leurs biens. Je ne peux pas dire qu'ils auraient... totalement faux là-dessus. C'est parfois l'impression que j'ai, aussi. Moi, j'ai préféré rester dans le Quartier Eossien mais quiconque en avait l'opportunité a largement préféré s'installer dans les coins aujourd'hui luxueux après avoir déménagé tous les occupants originels au même endroit. Pourtant, ma rencontre avec Shimomura a prouvé, comme celle avec Gabryel, que nous n'étions peut-être pas si différents que ce qu'on pourrait croire. Après tout, cela reste nos ancêtres ou un truc comme ça... non ?

    « Il est vrai que beaucoup nous considèrent comme des personnes malveillantes, mais... Certains... préfèrent ne pas juger uniquement là-dessus. »

    Je ne saurais dire si mon 'optimisme' vient de mon manque d'expérience ou mon caractère. C'est commun, les gens qui sont assez naïfs pour croire en quelque chose avant que l'on ne vienne détruire la confiance qu'ils avaient en eux en prouvant qu'ils avaient tort. J'ai un peu compris ce que cela faisait lorsque j'ai su qu'on nous avait dupé avec l'histoire de la mort du religieux Eossien. C'était trop gros, trop précipité, trop facile. Des sonnettes résonnaient en moi mais je n'ai pas voulu les entendre jusqu'à ce que la vérité éclate au grand jour le soir de l'incendie. On nous avait raconté des mensonges. Malgré tout, je ne peux m'empêcher d'être heureux et fier que l'on m'ait choisi pour succéder à Layos. Est-ce mal de ma part de me réjouir d'une telle chose alors que des doutes subsistent toujours et que des questions restent sans réponse ?..

    « Je ne veux pas être pessimiste. Pour moi, si l'Arbre est réapparu d'un coup, comme ça, ce n'est sûrement pas un hasard. »

    Je ne crois pas aux hasards. Mais ça, ça vient des romans chevaleresques dont mon enfance a été bercée. Rien n'est laissé sans raison, dans les livres, tous les protagonistes suivent simplement leur destin. Bon, évidemment, je ne suis pas un protagoniste, ça n'a rien à voir. Mais j'ai trouvé ça étrange que Yggdrasil réapparaissent subitement, alors qu'il avait conservé et protégé les Eossiens à son bord pendant tout ce temps. Après cette dispute légendaire entre Oronistes et Omnistes qui furent nos ancêtres, est-ce qu'il est temps pour nous de nous réconcilier ?..

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    Je soupire presque face à sa remarque, mais ne répond pas. Je ne vais pas lui mentir quand il connait déjà la raison de mon comportement. La suite ne me rassure pas. Je le trouve naïf, et en même temps... Loin du problème principal. Le souci n'est pas que les éossiens nous jugent ou nous considèrent comme malveillants : le souci est qu'ils n'ont pas de raisons de faire autre chose. Et je veux bien croire qu'il a pu avoir quelques bons exemples, mais... Des exceptions ne font pas une règle. Ses dernières paroles, en revanche, ne font qu'assombrir mon expression.

    « Je ne sauterais pas aux conclusions quant au fait que l'arbre réveillé soit une bonne chose. »

    Le fait que je ne sois pas un ardent religieux doit sûrement participer à cette pensée. Je ne vois pas cela comme des miracles : juste comme des successions d'évènements, neutres, qui ne prennent du sens que par leurs effets tangibles et non ceux que l'on pourrait espérer du fait de nos croyances. Enfin... Je suis sûrement influencé par ça car je n'ai pas été élevé dans une cave, mais... Disons que j'attends de voir. Toutefois, par rapport à ça...

    « Et le souci n'est pas qu'ils se méfient de nous : le souci est qu'ils n'ont aucune raison de faire le contraire. »

    Je dois admettre que je suis un peu... Désabusé, oui. J'ai l'impression qu'il se force à se montrer optimiste, qu'il cherche à se peindre un tableau qui ne sera pas aussi désagréable à regarder que la réalité. Après, si ça se trouve, je suis juste aigri... Ce qui est tout à fait possible, ehe. Bah... Tout ça ne sert à rien, de toute façon. Chacun sa façon de penser et ça sera très bien, n'est-ce pas... ?
    Dans un soupir, je finis par me relever, n'ayant pas forcément envie de rester là à tourner autour du pot pendant des jours. Lassé, je saisis une pile de documents que je pose négligemment sur mon bureau, remettant petit à petit ma tête dans mes travaux.

    « Mais bon... Vaut mieux toi à la tête de tout ça qu'un autre de ces empaffés. »

    Je parle à haute voix alors que je commence à les relire. Ce sera toujours ça de plus rassurant pour moi, me direz-vous.

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    10 octobre
    1001
    no more captain
    avec Fosutu
    Je perçois une lumière dont je suis le seul à me soucier. On me trouvera sans doute naïf de croire qu'une connexion entre nos peuples peut exister. Pourtant, même si c'était il y a longtemps, ils n'en formaient qu'un, autrefois. Unis sous la même bannière, il n'était pas question de guerre ou de conflit ; si je n'ai jamais connu cet Âge d'Or, rien ne m'empêche d'y rêver. Faust a l'air si détaché et dépité... J'aurais souhaité que mon optimisme et mon idéal soient contagieux et l'atteignent, mais impossible de lui transmettre mes visions d'un avenir plus radieux et prospère.

    « Si tu le dis... »

    Je souris tout de même un peu devant ce que je crois être un compliment, avant de me redresser avec lenteur. Je me doute que Faust y croit. Qu'il pense que je ne vais pas être si mal dans ce rôle. Mais je me demande à présent si les espoirs et les attentes que je porte en moi ne vont pas me porter préjudice. J'ai dit que j'assumerai d'être surveillé, mais à quel prix ? Je ne me rends peut-être pas encore tout à fait compte de ce que cela implique ; en même temps, j'imagine que je ne peux pas savoir avant d'en faire l'expérience. Mais je suis prêt à tenter le pari. Après tout, j'ai bossé pour en arriver là. J'ai clamé haut et fort à qui voulait l'entendre que j'atteindrai cette place, et... voilà. Je ne peux pas reculer maintenant. Impossible. Je peux au moins essayer d'être fier de ce que je fais, et de ce que je ferai plus tard.

    « On verra bien, si ce poste me sied autant que j'aimais à le dire. »

    Après tout, le rêver est une chose. Le vivre en est une autre ; surtout avec le contexte actuel et les mises en garde qu'il m'a confié. Mais déjà, ce n'est pas un hasard si le Donovan a décidé de me faire part de cette nouvelle avant la jour officiel. Il voulait que je sache ce qui m'attendait. Que je me prépare, peut-être, aussi. Mais étrangement, j'ai l'esprit tranquille. Parce qu'il y a une chose qui me rassure. Qui me fait sourire. Quelque chose qui m'aide à me faire retomber sur les pieds quand le sol se dérobe. Une main à laquelle j'ai pu me raccrocher lorsque les prises commençaient à manquer. Savoir mon passé ne l'a jamais empêché de croire en moi.

    « Peu importe ce qui arrive, j'espère pouvoir continuer à compter sur toi, Faust. »

    Je tapote amicalement l'épaule de mon ancien mentor, esquissant une mine plus confiante. Mon cœur bat encore fort des annonces que j'ai entendu ce soir, mais je pense que je devrais profiter d'un peu de cette allégresse avant que les choses sérieuses ne commencent et que les réponses futures éclaircissent ma vue sur qui je dois croire.

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    Je m'en veux un peu de ne pas être plus positif que ça, mais il me faudra un peu de temps, j'imagine. Il n'a au moins pas l'air de s'en vexer plus que ça, ce qui est... Eh bien, tant mieux, même si j'admets que je suis parfois perplexe quant au fait que je peux un peu faire ce que je veux sans qu'il ne s'en offusque. Hochant vaguement de la tête, je me prépare toutefois à passer une soirée en compagnie de ma paperasse pour me vider l'esprit, bien que j'aimerais qu'il en soit autrement.
    Son dernier commentaire me tire toutefois un regard en biais. Roulant des yeux autant que possible et esquissant une expression à moitié agacée, je ne peux pas m'empêcher de ronchonner.

    « Si ce n'était pas le cas, je ne serais pas en train de te parler. »

    Tsss... On prend des petits risques, et ça se permet de faire le malin en face. Le laissant me tapoter l'épaule, je ne vais toutefois pas passer ma journée à râler même si ce n'est pas l'envie qui m'en manquerait, des fois. Dans un soupir, mon regard finit par se porter vers la fenêtre de mon bureau temporaire. Demain sera un autre jour, tout ça, mais... Contrairement à mon vis-à-vis, je ne peux pas dire que je l'attends avec autant d'impatience. J'espère juste que je me trompe.

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