Yggdrasil, c'était un rêve. Une nouvelle découverte à explorer, à connaître, à résoudre. Cette cité légendaire dont il n'avait entendu parler que dans les livres d'histoire et qui renaissait de ses cendres ne pouvait qu'être extraordinaire à voir, et idyllique à y vivre. Bien qu'il ait entendu par le passé les récits de son père et ceux de son parrain qui dépeignaient la ville d'une façon un peu moins romancée, rien n'aurait pu ternir l'image que Soren s'en était faite, et encore moins éteindre la lueur dans son regard qui trahissait son envie et son excitation. La réalité, il y a fait face à peine quelques jours après son arrivée. Des tremblements venant du sol, un dragon, des gens qui courent partout, et lui au milieu qui a tenté de survivre et ensuite de se raccrocher à un groupe après avoir été sauvé in extremis d'une mort par brûlure vive.
C'est un rescapé qui a pourtant encore très nettement ces souvenirs-là, l'étreignant parfois le soir avant de dormir. Les attaques de monstres qui se sont répétés depuis lui ont fait tourné le dos à son désir de vivre plus indépendamment et il est finalement revenu chez son père la queue entre les jambes, mais avec au moins l'assurance qu'il ne serait jamais trop éloigné de quelqu'un apte à le protéger en cas de besoin. La honte de son inutilité au moment de l'apparition du dragon fut assez grande toutefois pour lui donner envie de ne plus recommencer de folies. Ce dont il a besoin, désormais, c'est d'apprendre à se défendre.
Si je pouvais me transformer en chien ou en loup, ce serait plus simple...
Mais il ne porte pas en lui cette fameuse capacité qui se transmet chez les Donovan de génération en génération et qui est leur fierté. Là, au moins, il aurait eu quelque chose à faire et aurait pu demander directement de l'aide à son père. Le jeune bleu doit néanmoins se contenter d'une magimorphose qu'il n'a pas choisi et qui lui fait plus peur qu'autre chose, ainsi que de petits bras maigres qui supportent à peine le poids d'une épée en bois. Désespoir pour celui qui ne demande qu'à devenir plus fort pour palier à toutes les faiblesses qu'il possède.
Heureusement, son père a une grande maison ainsi qu'un jardin. C'est au sein de ce dernier que Soren a mis un mannequin pour s'entraîner au combat. Il manque toutefois d'énormément de précision, et rate souvent ses coups même sur un objet immobile. Et il a beau faire mine de se concentrer, ses coups partent dans les airs à de nombreuses reprises et il est parfois même emporté par son propre poids, pourtant pas bien lourd.
Même qu'un nouveau coup porté cette fois sur le mannequin atteint bien sa cible et frappe la tête de celui-ci. Mais ce faisant, la poupée de paille et de bois se dévisse légèrement et tourne sur elle-même. Elle donne -accidentellement- avec ses bras un coup sur la joue de Soren qui le fait chuter.
« Ouch ! »
Le jeune Donovan tombe dans l'herbe, faisant tomber au passage son arme factice. Ses traits se déforment en une grimace de douleur. Sa main frotte sa joue endolorie. Pour sûr, ce n'était pas agréable.
Un soupir de dépit lui échappe.
« Ça sert à rien, j'y arrive pas... »
Il se parle davantage à lui-même comme pour confirmer ce qu'il pense et croit savoir. Il envie les autres membres de sa famille qui comporte beaucoup de valeureux combattants. Mais il faut croire qu'il n'en fait pas partie.