"C'est ma femme. Elle est belle, hein ?" - Fiche de Rex

- Léocadie Mandragoras : mère de Rex, 67 ans, intendante et architecte.
- Regino Mandragoras : père de Rex, 66 ans, chef de famille, diplomate.
- Locutus Mandragoras : frère ainé de Rex, jumeau d’Argus, 45 ans, prêtre omniste et relieur.
- Argus Mandragoras : frère ainé de Rex, jumeau de Locutus, 45 ans, gère les carrières de pierre du comté familial.

Rex a eu une enfance des plus paisibles. Une famille aimante bien que souvent absente. Il n'a manqué de rien et n'a jamais douté de l'amour de ses parents, qui, en dehors de quelques disputes, étaient doux et bien incapables de faire du mal à leur progéniture. Dernier né de sa fratrie, les frères de Rex, que l'on surnomme toujours "les jumeaux" sont déjà grands et plongés dans leurs études. Entre ses ainés toujours collés ensemble et ses parents, très amoureux, Rex grandit entre deux duos extrêmement soudés. Bien qu'il ne soit pas délaissé, il a majoritairement grandi comme un enfant unique et a souffert d'une certaine solitude. C'est un enfant sage, "pas compliqué", comme dit Regino, son père. Aux banquets diplomatiques organisés par sa famille, on fait souvent remarquer à Rex qu'il est très réservé en comparaison du reste de sa famille.

En effet, les Mandragoras sont à l'époque réputés à Caldissia pour être de bons vivants. Des nobles généreux prêts à tout pour rester en bonne relation avec les autres grandes familles et conserver la paix dans leurs territoires. La grande carrière de pierre située dans leur comté fait beaucoup d’envieux et attisent de nombreuses convoitises, surtout en temps en guerre, où les reconstructions ne cessent de produire de la demande. Les mauvaises langues les disent trop laxistes, surtout auprès des ouvriers, des paysans et de leurs voisins puissants, qui aimeraient mettre main basse sur leur riche territoire. C'est d'ailleurs source d'inquiétude pour Léocadie, la mère de Rex. Plus anxieuse et méfiante que son mari, elle craint souvent qu'un drame se produise, qu'un complot contre sa famille ne soit pas découvert à temps et tue l'un de ses enfants, ou son bien aimé, ou elle-même. Léocadie pleure souvent, surtout lorsque Rex est déjà parti se coucher. Il a souvent entendu Regino faire tout ce qu'il peut pour la consoler et la rassurer. Rex dit souvent qu'il voudrait devenir militaire pour protéger sa maman, mais son père le rassure en lui disant que ce n'est pas son rôle. Il lui explique que la guerre n'est pas la solution pour garder les "méchants" loin de la maison. Il tente de lui expliquer que souvent, une bonne discussion au calme règle bien des conflits.

Alors, pourquoi est-ce que l'ambiance à la maison est toujours plus grave ? Toujours plus anxiogène ? Pourquoi est-ce que Léocadie ne s'apaise pas malgré toute la bonne volonté de Regino ? Les jumeaux sont loin, font les autruches, et Rex se sent seul et impuissant. Il n'a peut-être que 10 ans, mais le peu d'éducation diplomatique qu'il a déjà eu lui permet déjà de comprendre que leur famille est en danger. Que la guerre n'épargne personne. Que dans leur gentillesse et leur pacifisme, le nom de Mandragoras commence à tomber en désuétude. On les traite de lâches. On leur reproche de ne pas savoir défendre leurs territoires sans appeler à l’aide. De ne jamais répondre lorsque les plus grands seigneurs ont besoin d'alliés pour combattre les altissiens. Leur influence et leur fortune décroit avec les années, tout comme le nombre de leurs alliances. Quelqu'un doit faire quelque chose. Quelqu'un doit sauver cette famille.

A 12 ans, déjà, Rex ne supporte plus ses parents. Il reproche sa mollesse à son père et ses états d'âmes inutiles à sa mère. Les deux sont pris de court par sa brusquerie soudaine. Leur petit dernier a toujours été un enfant si calme. Ils n'ont pas pu imaginer que derrière cette tranquillité de façade, Rex se contient, absorbe toutes leurs angoisses et accumule de la frustration depuis des années. Malgré l'opposition de Léocadie et Regino, l'adolescent a pris sa décision : il va travailler encore plus dur et sauver sa famille et le comté. A ses études diplomatiques s'ajoutent de longues heures d'entrainement à la caserne. Ses parents ne lui ayant très peu appris à manier les armes, Rex donne tout ce qu'il a pour rattraper son retard auprès des militaires. En baignant dans les hormones de l'adolescence, sa silhouette se transforme rapidement, fruit de son travail continu. Il se met à étudier les subtilités de la diplomatie, de la guerre, des lois et de la justice. Bientôt, plus aucune faille ne pourra plus être exploitée pour atteindre les siens. Déjà scribe à ses 16 ans, Rex impressionne ses professeurs par son sérieux et son travail acharné, particulièrement durant ses leçons de droit. Ses camarades l'admirent et le jalousent, prennent son nom de famille pour un argument pour tenter d'abuser de sa prétendue bonhommie. Les intéressés sont immédiatement et brutalement repoussés, servent d'exemple pour tous les autres. Dès le début, Rex place ses limites et insiste pour que les choses se passent selon ses propres termes. Il tient à montrer que rien ne sera bientôt plus pareil dans la manière dont les Mandragoras gèrent leurs conflits.

A 20 ans, Rex se prépare a terminer ses études et participe déjà à la gérance administrative du comté. Les habitants du territoire familial ne voient pas d’un bon œil son travail d’intendance : progressivement, Rex fait remonter les taxes afin de rééquilibrer les finances. A force de cèder à toutes les demandes, ses parents en sont rendus à revendre leurs précieuses pierres à perte. Face à l’augmentation des prix, de premières protestations se font rapidement entendre, mais Rex se charge de les faire taire immédiatement. Ses arguments sont nombreux, à commencer par le fait que la ruine du comté concerne tous ses habitants et que chacun doit travailler plus dur. Mais ces paroles, jointes à une répression de plus en plus dure des oppositions, ne tient pas comme le Mandagoras l’a espéré.

Pourtant, du haut de ses 25 ans, Rex ne tremble pas. Ayant renforcé les armées sur le territoire, Rex n’hésite pas à engager des mercenaires pour faire régner l’ordre. Ses parents s’y opposent avec véhémence, mais cela fait longtemps que leur petit dernier ne les écoute plus. Il a gagné la pleine estime de puissants alliés des comtés voisins, contre lesquels les voix de Léocadie et Régino ne peuvent s’élever. Plusieurs révoltes paysannes éclatent durant les années qui suivent. Inflexible, Rex parvient toujours à provoquer leur essoufflement. En parallèle, la guerre en elysia semble s’essouffler et sa famille regagne en influence, leurs finances se sont depuis grandement améliorées et leurs voisins, abusant jadis de la générosité des chefs de famille, repensent à deux fois avant de demander quelque chose à Léocadie et Regino, craignant les représailles. C’est ce tout ce que Rex voulait. Il estime avoir sauvé sa famille et leur honneur, même si c’est au prix de ses relations avec ses parents, désormais froides. Léocadie ne veut plus le regarder sans trembler et Regino ne lui adresse que peu la parole, sachant bien qu’il se fera reprocher sa mollesse par son fils.

Puis, les nouvelles de la Paix et du surgissement d’Yggdrasil est arrivé jusqu’aux oreilles des Mandragoras. La guerre est finie et de longues reconstructions s’engagent dans tout le royaume de caldissia. Le moment est opportun pour les Mandragoras, qui s’enrichissent encore un peu en vendant leurs matériaux et envoyant leurs architectes dans tout le pays. Pour leur comté, c’est une période d’abondance qui s’annonce, certains croient à une bénédiction d’Omnis, Rex, lui, se galvaude avec tous ses accomplissements. Il a désormais 28 ans et un poste d’émissaire bien installé. Il fait des déplacements réguliers jusqu’ à la capitale, conclut des alliances, fait affaire en prenant tout ce qu’il peut sans fléchir. Tout semble lui réussir. Enfin, presque tout.

Son caractère revêche, sa rigidité, ses manières parfois brutes, son manque de raffinement, et son assurance agaçante de type qui pense avoir tout réussi déplait à de nombreuses personnes, surtout au sein de la noblesse caldissienne. Ses adversaires aiment à se moquer de lui sur un point en particulier : le fait qu’il n’a toujours pas trouvé d’épouse. Tout le monde, sa famille compris, savent que cela est dû à l’attitude orgueilleuse et indélicate du blondin, bien incapable de se remettre en question. Après tout, Rex a accompli tout ce qu’il voulait, alors, pourquoi les gens ne s’en tiennent-ils pas à ça ? Ça l’agace. Suite à tous ses succès, il est le premier à pester auprès de ses frères que « toutes les femmes de caldis devraient se bousculer à ma porte !! ». Pour compenser et quand on ose l’attaquer sur ce sujet, Rex raconte à qui veut bien l’entendre qu’au contraire, il ne fait que multiplier les conquêtes sur son temps libre, mais que ce sont des femmes sans importance (bien sûr, tout cela est entièrement faux). Qu’après tout, il attend la seule, l’unique femme qui trouvera grâce à ses yeux : une combinaison absurde d’innombrables qualités qui l’arrangeront lui plus qu’elle, « la femme parfaite », comme il aime à la dire.

La vérité, c’est que Léocadie et Regino prennent grand soin de garder les propositions de mariage loin de leur petit dernier, tout en espérant que celui-ci ne découvre jamais le pot aux roses. Malheureusement, un commentaire déplacé de plus à l’égard d’une duchesse qui a -selon les dires de Rex- « osé me frapper au visage alors que je lui faisais un simple compliment » fait tomber le déshonneur sur les Mandragoras. Leur réputation en pâtit, d’autant plus qu’il ne s’agit pas exactement d’un évènement isolé.

Tandis que Léocadie et Regino tentent d’arrondir les bords, Rex continue ses affaires et se tourne vers Yggdrasil, la cité millénaire. Il est certain qu’il serait possible d’obtenir de nombreuses alliances en allant là-bas. Peut-être pourrait-il mieux imposer ses méthodes dans la ville d’Eos en pleine crise. En lisant les dernières nouvelles, les attaques contre la Ville Haute, et les crises humanitaires et sociales incessantes qui surviennent en Yggdrasil, Rex est persuadé qu’il est l’homme de la situation. Que tout ça nécessite une politique financière et législative plus rigide. Qu’on a assez fait de pourparlers avec les natifs, qu’il faut désormais se montrer plus durs, sinon, la reine Camélia perdra la vie comme son père. Mais, avant ça, l’évènement qui a changé du tout au tout la vie de Rex (enfin, ça, c’est lui qui le dit, car en vrai il est toujours aussi con) est arrivé.

C’est lors d’un grand banquet comme les Mandragoras en organisent souvent chez eux que Rex a rencontré Aurora. C’est une soirée comme les autres, à l’exception près que d’importants représentants diplomatiques d’Altissia ont été invités. La raison ? Faire se rencontrer de futurs fiancés. Sachant qu’il s’agissait d’un évènement organisé par ses parents, Rex est plutôt récalcitrant. Il est certain qu’au vu de l’opinion de ses parents au sujet de son comportement avec les femmes, ceux-ci allaient le présenter à « une espèce d’idiote vieille et moche ». Puis, il a rencontré Aurora et en est tombé follement amoureux. Enfin, c’est ce qu’il dit et ce qu’il pense. La vérité, c’est qu’il a vu en elle un de ses fantasmes de « femme idéale ». Belle, cultivée, calme et souriante… le fait qu’elle soit aveugle est même un avantage à ses yeux, car cela lui donne un argument supplémentaire pour voir en elle « une pauvre petite chose qu’il faut protéger ». L’alliance conclue grâce à ces fiançailles à plusieurs avantages. Déjà, de rectifier le tir et de laver le déshonneur des deux familles. Ensuite, de se faire bien voir par la couronne, en imitant les fiançailles récentes de Gaston et Camélia, afin de rapprocher encore un peu leurs deux pays. Malgré toutes ces bonnes nouvelles, Rex a quelques réserves envers Aurora. Tout d’abord, il la trouve encore trop imprévisible et parfois rebelle. Il juge qu’elle n’aurait pas dû se mêler de la crise du gardien, car ses actions ont mis de nombreux nobles et un quartier entier dans la mouise. Par ailleurs, il trouve qu’elle sourit trop, qu’elle rit avec beaucoup trop d’hommes qui ne sont pas lui. Rex craint qu’on le traite de cocu et s’en agace souvent. Il demeure contrôlant avec sa fiancée et a très hâte qu’iels puissent enfin se marier afin de vivre sous le même toit et de commencer à fonder une famille (même si ce dernier point l’angoisse énormément mais chut il ne faut pas le dire).

A 31 ans, Rex a finalement été installé comme conseiller du Quartier des Armes d’Yggdrasil. Il n’est plus qu’à quelques semaines d’être uni à Aurora pour la vie. Il ne subit plus les comportements de Léocadie et Regino qui l’agacent tant et a une montagne de travail à accomplir dans la ville millénaire. A ses yeux, tout se présente sous les meilleurs augures. Il est l’homme de la situation, après tout. Rien ne lui a jamais résisté, dans le comté qui l’a vu naître. Alors, pourquoi ce serait différent en Yggdrasil ?