Freya Lorelei [Terminé]

Freya est née il y a plus d’un millénaire dans une famille typiquement éossienne. Si aujourd’hui, ses croyances se reposent davantage sur ce qu’elle ressent que sur ce qu’on lui a inculqué, il n’en demeure pas moins que l’éonisme a façonné dans les grandes lignes sa morale et ses valeurs. Il n’est alors pas surprenant de retrouver ce respect de toutes vies si caractéristique de sa personne dans son éducation.

En osmose avec la nature, son père lui apprit aussi bien à chasser le gibier qu’à soigner la bête blessée, et le soir même leur butin était partagé avec la communauté dans de grands banquets. Freya a de bons souvenirs de ces jours de fêtes où la joie ne cessait de se propager, où on la félicitait de ses prises, où le plaisir d’offrir était la denrée la plus recherchée. Une projection peut être un peu fantasmée de cette enfant à qui tout réussissait.

Dans les faits, Freya était une petite prodige peut être un peu trop satisfaite pour ceux qui restaient dans son ombrage. Beaucoup de rivalités naissaient de ses relations, mais elle s’en nourrissait, la plaisir de se dépasser étant une de ses ivresses. L’une de ces rivalités fut d’ailleurs si intense qu’elle finit par leur union. Mais la compétition empreinte de jalousie entraîne la soif de pouvoir et pour une raison inconnue, son bien-aimé s'imagina pouvoir le trouver vers l'ouest.

C’est à peu près à cette même époque, soit un an avant la Chute, que Freya tomba enceinte. Aujourd’hui, ses souvenirs ne sont que des images floues. Elle n’a plus souvenirs de cet être cher. Pas plus qu'elle n'a de souvenirs d’être mère. Quelque part, elle est consciente de cet oubli puisqu'elle semble chaque fois plus peinée à l'approche d'enfants. Cet élan maternel lui vient sans doute de cette perte inconsciente.

A noter que l’abondance d’efforts, la persévérance, la solidarité envers les plus faibles ne sont certes pas de ses idéaux, mais la caractérise particulièrement bien. Il ne serait donc pas surprenant de retrouver de sa descendance parmi la noblesse Altissienne. Des descendants qui chériraient et honoreraient encore la femme qu'elle a été.

Depuis son réveil, Freya subit pas mal l’oppression des Altissiens et Caldissiens. C’est qu’elle ne comprend pas cette occupation et le droit qu’ils se donnent à régenter leur vie. Aussi, elle a beaucoup de mal à les écouter sans discuter et en devient une cible privilégiée de la milice qui ne manque pas une occasion de la recadrer.

Même un loup apprend à se taire lorsqu’il est battu aux moindres grognements. L’éossienne apprit donc à en faire de même. Mais on ne muselle pas une telle âme sans instiller un fort ressentiment. La flamme de sa révolte se laissa toutefois atrophier par le manque d'adhésion de ses pairs qui pour la plupart se sont révélés admiratifs des avancées apportées.

C’est en voyant une enfant affamée et dont on ôta la pitance pour les sous qu’elle n’avait pas, que s’éveilla sa morale fallacieuse. On avait essayé de lui vanter leur civilité, l’équité qu’amenait la monnaie dans le labeur de chacun ; mais cette mauvaise foi qu'elle leur avait concédée soudainement s’étiolait.

C’est le jour où elle s’affranchit des lois pour suivre sa seule morale et s’essaya à de menus larcins, comme le vol de ce pain qu’elle alla tout de suite partagée avec sa petite affamée. La jeune aigrefin multiplia les délits à la faveur d'autrui comme une toxico recherche sa dose. Ses pieds-de-nez, gratifiants, ne lui seront pas moins insatisfaisants.

Sa colère est à l’image de sa frustration, insistante et pesante. Freya gagne en agressivité jusque dans sa défense. C’est aux prises de la milice, énervée et menacée, qu’elle découvrit pour la première fois depuis son réveil l’existence de sa lycanthropie. Guidée par la colère de deux êtres, elle le vécut comme une consécration plutôt que comme une malédiction.