Nordalh Svent [Terminé]

- Il était là… À me regarder d’un regard si rageur, si… Haineux. C’est pourquoi je l’ai épargné ce jour-là…

Le vieux mercenaire sourit simplement en coin.

- Qui aurait cru…

Il leva les yeux quelques secondes, se remémorant cette fameuse nuit.

- C’était une nuit froide, terriblement froide. On devait aller récolter un certain montant d’un forgeron qui ne payait pas pour son alcool et sa drogue… Alors on s’est présenté chez lui pour aller retrouver le tout. Jamais on aurait cru tomber sur ça… Le forgeron était complètement défoncé et la dernière chose qu’on voulait est arrivé. Il s’est mis à être agressif et à faire le con. Il a décoché une droite sur ma gueule, j’étais encore qu’un simple mercenaire à cette époque.. Bordel qu’il frappait fort, t’aurais dû voir le mec, un géant, un vrai monstre, on ne le croirait pas humain. Alors bref… La suite tu t’en doute. On lui a mis la raclée de sa vie, mais sa femme, une foutu belle femme, se mit de la partie et s’est armée d’un couteau pour nous en empêcher… Alors tu comprends…




- Je vous interdit de vous approche de lui !

Hurle-t-elle couteau à la main.

Son souffle est chancelant, énervée, inquiète et anxieuse. Évidemment son mari venait tout juste de lui mettre la main dessus alors qu’elle l’avait sermonné pour être encore complètement sur… On ne sait quelle substance encore cette fois. Maries-toi avaient-ils dit, fais des enfants avaient-ils dit, tu seras heureuse avaient-ils dit. Son regard d’un bleu tirant vers le gris foudroyait les 5 hommes qui avaient osé pénétré dans sa demeure. Malheureusement, son mari n’en était pas plus ravi et dans son état actuel, se foutait bien de sa femme…

De ce fait, le géant forgeron se jeta sur l’un des hommes, lui donnant plusieurs coups puissants et fracassants, laissant un certain effroi a plusieurs des malotrus présents. Rapidement, ça se mit à dégénérer et ce monstre était beaucoup trop dangereux. Alors les mercenaires dégainèrent leurs armes pour finalement tenter de simplement éliminer ce fou furieux. Alors que le coup se dirigeait au flanc du forgeron, sa magnifique femme se mit devant, cherchant à prendre le coup pour lui d’un amour inconditionnel… Elle tomba au sol après le coup qui lui serait fatal. Elle réussit à ramper maladroitement au sol, cherchant à se retirer de cette espace maudite, où son mari se faisait assassiner.

Les mercenaires, tous à bout de souffle, fixèrent le corps de ce géant s’effondrer alors qu’ils venaient de perdre la vie ayant comme dernière image le regard apeuré d’un jeune homme qui venait de commettre son premier meurtre.

Le chef du groupe soupira grandement, laissant un regard indifférent vers la femme qui agonisait de sa blessure.

- Achevez-la qu’elle cesse de souffrir… Souffla-t-il.

C’est alors que la pauvre mère entendit une chose qui la fit d’avantage paniquer. Alors qu’un homme s’approchait, arme en main pour finir sa souffrance, de petits pas se firent entendre, se rendant à toute vitesse dans l’entrée de la demeure ou le massacre avait lieu.

C’est ainsi que Nordalh, 5 ans à peine, se dressa entre sa mère et Marcus, jeune mercenaire à cette époque. Il hurla de tous ses poumons, comme un chien enragé, comme un démon sortit tout droit des abysses. Sa haine, rage, sa peine marqua l’entièreté des hommes sur place, tous estomaqués de voir un si petit bonhomme n’avoir aucune peur, aucun sens du danger, ne cherchant qu’à protéger sa mère sur le seuil de la mort. Mère qui ne pourra refermer son étreinte chaude et réconfortante une dernière fois sur son fils unique, sur l’amour de sa vie. À la place, alors que sa vision s’embrouillait davantage, elle ne vit qu’un petit bout d’homme à la tête foncé hurler devant la menace. Sa main se tendit, cherchant à toucher une dernière fois son enfant, mais la force n’y était plus, la lourdeur de la mort était trop pesante. C’est ainsi qu’elle laissa retomber sa main, tombant dans un sommeil éternel.

Le chef de Marcus soupira, tous croyaient devoir avoir du sang d’enfant sur les mains…

- On l’emmène. Ordonna le chef…

Les gars, soulagés, s’exécutèrent, agrippant de force le pauvre bonhomme. Évidemment, ils le firent taire d’un bon coup à la tête, autrement, il aurait hurlé tout le long du voyage…



- Vous auriez dû le tuer… Prononce la jeune recrue, apeuré, alors que son regard fixe la porte et que le bruit à l’extérieur se fait de plus en plus bruyant.

- Je n’étais pas endurcit à cette époque et ça restait un gamin… Ensuite eh bien, vu sa carrure, déjà jeune, on lui montra l’art de la forge, comme son père faisait ! Il avait ça dans le sang le p’tit… Si seulement ça n’avait été que son seul talent… À l’époque le groupe du Corbeau était composé que d’une dizaine de membres. On n’était pas aussi puissant qu’aujourd’hui…

Il eut un faible rictus un bref moment.

- Pas assez puissant il faut croire... Bref ! Ça prit du temps l’amadouer, mais peu à peu, en vieillissant et en restant avec nous, il nous avait adopté comme sa nouvelle famille. Et un bon jour, il trempa ses mains dans le sang... A cause d’un p’tit nouveau qui voulait faire son fier. Il n’avait que 14 ans, mais avait déjà la carrure d’un homme et une force… Que je n’avais jamais vu au paravent.




- Alors ! Tu crois que le p’tit con qui répare nos affaires peut vraiment me foutre une raclée ?!

Dit-il arrogant et bien trop sûr de lui.

Nordalh frappait durement contre une lame émoussée, alors qu’il la réparait. Évidemment, qu’on se moque de lui de la sorte venait créer une rage hors norme en lui, mais il avait appris avec le temps, appris le silence. Il ne disait donc rien alors que l’autre fanfaron se moquait de lui. Les autres mercenaires n’appréciaient pas trop la situation. Après tout, Nordalh faisait partit de la bande depuis bien plus longtemps que lui et s’était avéré d’une utilité incroyable. Son corps déjà forgé par le dur travail ne faisait que se lancer dans sa génétique hors norme. Il avait tout de son père, une carrure forte et puissante, un visage carré et sévère, mais un regard bleuté qui tirait vers le gris, aussi beau que ceux de sa mère…

- Toute façon c’est qu’un p’tit orphelin de merde. Moi sa mère je lui aurais fait du plaisir au lieu de la tu…

Un marteau de forgeron alla se percuter contre le mur de brique derrière, laissant de lourd dommage pour un simple marteau. Le jeune homme fixa l’arrogant, s’approchant lentement de lui, les poings serrés, sa mâchoire grinçait sous la pression à laquelle ses dents étaient soumises. Le jeune fendant sourit en coin, s’approchant à son tour, sûr de lui.

- Ah ouais ?! T’en veux ?!

Il n’eut pas le temps de continuer qu’un coup de poing au foie le percuta, coupant respiration et forçant son corps à se pencher vers l’avant alors qu’il ne comprend pas encore comment un peu frapper si fort. Un autre coup de poing en « uppercut » suivit, venant fracturer le nez du nouveau mercenaire. Il tomba durement au sol, dépourvu de ses moyens sous la douleur, il ne fait que ressentir une ombre se poser sur lui. L’adolescent prit place pardessus lui, en position montée complète, puis le frappa d’un coup de poing, suivi d’un coup de coude, de l’autre poing et d’un autre et d’un autre… Les hommes se levèrent tous, mais aucun ne broncha devant la fureur de Nordalh. Certains dévièrent le regard alors que l’homme n’émettait plus de sons de douleur ou de panique. Tout ce qu’on entendait était le son des poings du jeune forgeron qui fracassait davantage le crâne et la mâchoire de l’homme. Au bout d’un moment, alors qu’il était défiguré, méconnaissable mais surtout mort, notre jeune ami se leva, sans rien dire de plus, laissant un corps inerte avoir quelques spasmes au sol. Il fit demi-tour, retournant à sa forge réparer l’arme sur laquelle il travaillait…

C’est ainsi que le premier meurtre du forgeron se fit.




- Après quoi tu comprends, on l’a réellement initié ! Il était fort… Bordel… Trop fort. Mais un jour… À ses 25 ans… Tout changea pour de bon.

Un bruit d’homme hurlant sous la douleur se fit entendre de l’autre côté de la porte. Peu à peu ce fameux groupe du corbeau se faisait décimé. Le petit nouveau regarda son Chef, Marcus, paniqué.

- Qu’est-ce qui est arrivé pour qu’il soit ici à tous nous descendre ?!

Marcus garda le silence quelques secondes, écoutant ses hommes se faire meurtrir et massacrer de l’autre côté.

- Mon devoir…

Il inspira longuement.

- Un jour… On devait retrouver une esclave d’un seigneur d’Altissia… On l’a retrouvé, mais les gars voulaient jouer avec avant de la rapporter… Elle était d’une beauté… Sans pareil… Khaelia … Bref, Nordalh était devenu chef de groupe et les gars n’ont pas écouté son ordre. Il nous a donc trahit ce soir-là.



- Aller Nord.. ! Fait pas chier parce que t’es devenu chef depuis peu on veut juste s’amuser un peu.. !

Le géant foudroya l’homme devant lui. D’une voix digne d’un blizzard, aussi froide que la pire des tempêtes, il se répéta.

- Non.

- Fais chier  ! On le fait quand même !

Les hommes n’écoutèrent pas leur nouveau chef, se laissant bercer par l’idée de s’amuser avec une simple esclave. Pauvre fille qui pleurait à chaude larme, craignant encore le pire une fois de plus… Sa peau légèrement basanée, la rendait un plus exotique ici, pays de neige et de froid, clairement, sa peau avait eu la chance d’épouser les rayons du soleil. Toutefois, ce soir ce serait de nouvelle fiançailles…

Alors qu’elle ferma durement les yeux, s’apprêtant au pire, encerclé. Un liquide chaud lui éclaboussa au visage, la laissant en sursaut. Les hommes dégainèrent aussitôt, criant : Traitre !!!

En cette forêt bien éloigné de la ville, ils ne pourraient être retrouvé rapidement. Nordalh reprit son énorme hache d’un seul coup vif, laissant davantage de sang s’écouler dans la neige. La magnifique et exotique Khaelia ouvrit les yeux, avant de s’apercevoir avec horreur un homme au sol, convulsant de sa blessure fatale à son cou. Elle essuya rapidement le liquide de son visage, se rendant compte que c’était le sang de la victime devant elle. Terrorisée elle s’écrasa au sol, dans la neige, contre un arbre, lorgnant se macabre mais impressionnant spectacle qui se déroulait sous ses yeux.

Un après l’autre les hommes s’écroulèrent sous la puissance hors norme de cet homme. Toutefois, pendant l’attaque, un des hommes réussit à atteindre son œil gauche. Malheureusement pour lui, se ne fût absolument pas suffisant pour ralentir le monstre qui massacra son escouade entière. Une fois terminé, il s’approcha lentement de la femme, elle paniquait à chaque pas, croyant qu’elle allait y passer à son tour.. ! Mais une grosse main se tendit en sa direction. Après un long moment d’hésitation elle la prit… Ils reprirent la route vers la forêt s’exilant…



Les années coulèrent… Au début tendus, les fugitifs trouvèrent refuge dans le territoire le plus éloignée de la capital, un endroit où ils croyaient qu’ils ne seraient jamais retrouvés… Ce fût le cas ! Pour quelques années !

Nordalh avait déposé les armes, reprenant du travail manuel le seul dans lequel il excellait, la forge ! Il ne faisait plus d’armes, aidant surtout les fermiers avec leurs outils. Malgré une vie modeste, il vivait bien !  Digne d’un conte de fée, lui et Khaelia tombèrent amoureux. Évidemment, elle tomba en amour avec son sauveur. Malgré ses tendances colériques, il finit par se calmer et devenir un homme serein au fil des ans. Elle lui donna deux magnifique filles, heureusement, aucune ne d’elle retenait de lui, excepté pour ses yeux et de son caractère combatif ! Elles étaient délicates, mais forte au travail. Il était un homme comblé à croire que son passé était derrière lui ! À croire…



- Eh puis j’ai finalement su où il était caché…




- Merci Nordalh !! Dit le fermier lui envoyant la main, bien heureux

- Sans problème !

Notre géant renvoya le geste, souriant en coin. Il avait aidé ce pauvre fermier toute la journée, les récoltes étaient pour bientôt, mais son fils s’était blessé alors qu’il travaillait sur la ferme, le temps de son rétablissement, notre grand forgeron allait lui donner un petit coup de main. Il rentra dans chez lui, un faible sourire aux lèvres, heureux de retrouver ses filles et sa femme dans peu de temps.

Il se gratta la tête, sa plus vieille, Élysa,  agée de 16 ans, commençait un peu trop à trainer avec Thom.. Le fils du quatrième voisin. Ce foutu Thom était mieux de garder ses mains pour lui ! Clairement il allait devoir en parler à Élysa, mais pas trop brusquement… Sinon elle le bouderait… Eh ouais, il se faisait mener par ses deux filles…

Alors qu’il était en train d’y penser, il arriva chez lui, personne dehors, probablement que Khaelia avait demandé de l’aide pour la cuisine. Il entra donc, laissant entendre d’une voix forte et portante remplit de bonne humeur.

- Je suis rentré !

Mais ce ne fût pas les voix tant espérer qui lui répondu.

- Ça fait un bail Nordalh… T’es pas mal plus gris…

Le géant se figea un instant… Réalisant rapidement à qui cette voix appartenait… C’était l’un de ses anciens collègues mercenaires. Il se retourna lentement vers la voix, voyant les trois femmes de sa vie pleurant en silence, tous une lame sous la gorge.

- Papa… Gémit sa plus jeune Freya…

Nordalh leva les yeux vers les 5 hommes, sachant très bien ce qui se passait…

- Désolé Nordalh, tu connais notre code d'honneur, œil pour œil.. Dent pour dent…




- Ils étaient supposé le tuer après, question de lui faire ressentir c’était quoi perdre les membres de sa famille…

Marcus, leva un regard désolé vers la porte.

- C’était une obligation… Le code du Corbeau….

La porte s’ouvrit dans un fracas surhumain, ne laissant qu’une silhouette énorme dans le cadre de la porte. Sa respiration était longue et profonde, son regard unique était rempli de colère, ses joues étaient souillées du sang de ses précédentes victimes et de ses propres larmes, alors qu’il fixait l’auteur de ce drame… Marcus n’eut le temps de rien dire que la jeune recrue alla se jeter sur le monstre… Son coup fût si violent qu’il en fût mort sur le coup…

- Je vois que tu as repris la forge des armes….

Nordalh ne dit rien, seule sa respiration fébrile se faisait entendre.

- Je suis désolé… Tu aurais dû les rejoindre… Mais clairement, ta colère sera ta propre malédiction…

Encore du silence…

- C’est ironique, la première fois que je t’ai vu, tu avais ce même regard… Et 38 ans plus tard, ce sera le dernier regard que je verrais. Je suis bien trop vieux pour t’affronter… Fais ce que tu as à faire Nordalh.

Lentement, d’un pas lourd d’émotion et d’intensité, il s’approcha de son ancien chef, confrère, « père ».

- Tu m’as tout pris… Murmura le géant entre ses dents. Mon père… Ma mère… Ma vie… Ma femme… Il frémit... Mes filles…

- Tu es un traitre… Certes, tu auras détruit notre nom et notre groupe à jamais, mais tu garderas à jamais le poids des conséquences de tes actes…

Il ne dit rien de plus, ne laissant qu’un cri de haine et de pleure alors qu’il abattit Marcus qui tendait les bras, attendant le coup final… Il relâcha son arme encore planté dans sa victime. Pour finalement hurler une nouvelle fois, ne faisant qu’un long témoignage de sa déchirure, de sa nouvelle réalité… Il tourna le dos à sa dernière victime puis repartis…




Les années passèrent… Malheureusement, ce n’était pas dans sa nature de se laisser mourir. Notre géant retrouva la capital d’Altissia, Altis.. Il avait réussi à reprendre du service comme forgeron, s’ouvrant sa petite shop. Était est-ce sa fin ? Il en avait aucune idée. Sa vie n’avait plus aucun sens autre que de fabriquer des armes. On dit que dans les bas fond d’Altis, il y a un forgeron hors pair, qu’on peut entendre les bruits de son marteau martelé son chagrin et son passé. Nul ne sait d’où il vient, un grand gaillard de la sorte ça passe pas inaperçu. Pourtant, il réussit à se faire petit. Certains disent qu’il n’y a pas mieux que lui pour recréer les armes digne d’Altissia, d’autre dise que c’est un descendant d’Oros, d’autre un vagabond sans histoire, mais tous s’entendent sur un seul point, ses armes sont d’une qualité inégalée. Personne n’a encore comprit que son passé, son chagrin, sa haine passent à travers sa forge…

Personne ne sait plus rien de toi Nordalh, tu es une pauvre âme errante, attendant ton heure… Quelle opportunités s’ouvriront à toi ?