« Alors, je suis flatté, je ne dis pas... »

L'arrête du nez pincée, je reste un instant sans rien dire. Lorsque l'on m'avait parlé d'un « petit souci », je ne pensais pas que ce serait quelque chose d'aussi, enfin... Hm... Pas que ce soit « peu important », mais... Disons que...

« … Mais pourquoi est-ce que c'est moi, que vous appelez pour ça ? »

Mes yeux s'éloignent de la carcasse de mouton visiblement dévorée. En relevant le regard vers les quelques soldats qui m'ont accompagné, j'ai du mal à saisir, d'une part, la raison exacte de ma présence ici. Je ne suis plus militaire, même si je ne sais pas encore si c'est temporaire, alors ce qui a trait à la sécurité et aux accidents de ce genre n'est normalement pas du tout de mon domaine. Quand on m'avait mentionné « un problème dans les zones d'élevage », j'imaginais des problèmes de voisinage ou ce genre de choses, qui nécessiteraient que je passe du baume sur la plaie, pas... Pas une affaire d'insécurité liée à une créature quelconque.  En plus de ça, les quelques soldats qui m'ont accompagné ont l'air tout aussi perdus, voir même un peu plus. J'ai la sensation que j'ai affaire à des jeunes...

« Eh bien, nous voulions voir le général Nukéma, mais nous ne savions pas si le message était arrivé, alors... »

J'imagine que ma réputation m'a précédé. Pour autant, même si je ne comprends pas bien leur raisonnement et que je fronce les sourcils d'un air dubitatif, c'est surtout la première partie de leur phrase qui m'intrigue. Mes sourcils se haussent.

« Le général... ? »

Il me faut quelques secondes pour comprendre. Sur l'instant, j'ai l'impression d'avoir avalé quelque chose de très piment, car mon expressions se fend d'une grimace et d'une expression mortifiée.
… Oh bon sang, je l'ai oublié ! La boulette !
J'imagine qu'avec toutes ces personnes à saluer, j'en ai oublié... Le général de notre armée sur Yggdrasil, et mon ancien collègue. Aïe. La loose. Surtout que nous allons être amenés à nous voir très, très souvent ; autant dire que ce n'est pas ma plus grande fierté, soudainement, et que je commence à chercher dans ma tête des excuses quant à mon retard. Cela fait quinze jours que j'aurais dû montrer ma tête, mais... Mais bon. J'étais occupé à, euh, la paperasse, enfin, les papiers, et...
... Et quelques cuites avec Samaël qui auraient peut-être dû attendre.
Ergh. Bon. Je garderais ça pour plus tard ; c'est avec cette pensée que je me retourne, presque guilleret et satisfait.
… Mais merde, à la fin !

« … Mais c'est ce vieux Layos ! Alors, gros matou, on ne passe pas me dire bonjour à mon arrivée ? »

Je ne sais pas exactement quand est-ce qu'il est arrivé, mais je fais de mon mieux pour prétendre que je ne suis pas du tout surpris... Tiens, d'ailleurs, qu'est-ce qu'il fait là... ?