25 octobre 1001 | Une histoire de chiens |
Natsu, Conan et les doggos
C’est drôle comme certaines choses peuvent devenir des routines. Je connais le chemin du monastère eossien par cœur, à présent, aussi bien que celui du temple oroniste. Toujours pieu, je tends cependant à devenir de plus en plus curieux quant à la religion eossienne, sans toutefois oser l’avouer, et surtout me l’avouer à moi-même. Je me dis parfois que je fais une bêtise en m’y intéressant, comme si je pouvais trahir Oros en faisant ça. Que font les dieux, à rester aussi impassible face à nos problèmes, en vérité ? Au moins, l’arbre fait quelque chose, lui. On sent la vie qui l’entoure et qui le relie à ceux à qui il a donné naissance : ces natifs avec leurs marques dans le dos qui s’illuminent au bon vouloir d’Yggdrasil, comme s’il les soutenait à sa façon. Un phénomène à la fois étrange et fascinant. Au contact de Shimomura, néanmoins, j’ai appris énormément de choses. Sur moi, sur les autres, sur les Eossiens eux-mêmes, aussi. J’ai l’impression qu’il est l’un des rares à s’être vraiment intéressé à ma personne, et je me serais attendu à ça de beaucoup de monde mais pas de lui. Et les changements qui s’opèrent en moi en ce moment me bouleversent autant que j’ai le sentiment qu’ils étaient nécessaires et qu’ils sont importants. Je ne veux plus être spectateur de ce qui arrive. Je veux agir. Avoir la sensation de faire quelque chose d’utile. Maîtriser davantage aussi ma forme animale même si j’ai fait d’énormes progrès là-dessus, encore une fois grâce à l’aide du moine. Nous ne manquons pas de bons soigneurs à Altissia, et même parmi ceux qui se sont installés dans la cité. Mais pour une raison qui m’échappe, je me sens plus à l’aise avec Shimomura. J’ai même eu envie aujourd’hui de partager un dessert avec lui. Une simple tarte aux fruits rouges que j’ai réalisé de mes propres mains, mais je me suis dit que cela lui ferait peut-être plaisir. Comme je ne suis plus ni malade, ni blessé… C’est en quelque sorte un prétexte pour aller lui rendre visite. Quand je vais le voir, il y a quelque chose de doux et d’agréable dans ma poitrine. Je me sens apaisé, aussitôt.Accompagné de Smaug, j’ai emballé mon plat dans un chiffon avant de me diriger vers le sanctuaire. Mais voir le Général Altissien dans les parages serait mauvais genre et on aurait peur que je vienne arrêter quelqu’un. Pas peu fier de mieux m’en sortir avec mes transformations, je me cache dans un coin discret pour me transformer en chien, mon baluchon dans la gueule et Smaug à mes côtés. J’ai sorti mon toutou pour aller le promener mais aussi afin qu’il puisse revoir Yû, vraisemblablement son frère de portée. J’ai fini par me faire à la présence du chiot mais ce fut pour le moins étrange, à vrai dire, au départ. Windie avait toujours été la seule chienne à m’accompagner chaque jour mais j’ai fini par faire son ‘deuil’ et à m’accoutumer à la vie sans elle. Au lieu de ça, c’est un petit berger caucasien qui partage ma vie à présent et je ne peux qu’être attendri chaque matin par son adorable bouille qui me ferait oublier tous mes problèmes. Et ce serait bien pratique si c’était le cas.
Camouflé sous mon apparence canine, les moines du sanctuaire sourient de manière touchée par le fait de voir un malamute adulte se promener parmi eux et un chiot berger le suivre avec des pas encore maladroits. À force, on doit d’ailleurs sûrement s’imaginer que Shimomura a plusieurs chiens. Connaissant l’emplacement exact de son bureau, à force, sans même devoir utiliser mon flair, je me retrouve devant sa porte à gratter sur le bois pour qu’il m’ouvre, reconnaissant normalement le bruit caractéristique de mes griffes. Lorsque la porte s’ouvre finalement, Smaug se jette aussitôt sur le moine en s’agitant dans tous les sens. Amusé par son comportement, je n’ai pas remarqué que ma propre queue battait de manière inconsciente. Je me remets sous forme humaine afin de le saluer, plus timide que mon animal.
« Je… Je vous ai ramené quelque chose. »
Je pose le baluchon sur la table pour l’ouvrir et dévoiler le plat que j’ai fait. J’espère secrètement que cela lui fera plaisir. Et accessoirement que ce n’est pas trop mauvais, mais ironiquement, je me débrouille, en dessert. Enfin… C’est plutôt que je m’applique et que j’ai des goûts difficiles.
Mon regard se porte ensuite sur le jeune Yû qui vient nous voir.
« Coucou, toi. J’ai l’impression que tu as encore grandi, c’est dingue ! »
Je m’accroupis afin de caresser la mignonne petite tête du chiot pendant que Smaug tourne autour de lui, ravi de le retrouver et de jouer avec.
Dernière édition par Samaël Enodril le Dim 3 Juil 2022 - 0:53, édité 1 fois