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  • Les petits poissons dans l'eau {Howl
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    Le dragon protecteur d'Yggdrasil s'est réveillé. Au milieu des fiançailles de Gaston et Camélia, souverains d'Altissia et Caldissia, la statue figée depuis un millénaire a quitté son socle pour arpenter le ciel de la cité. De son rugissement puissant, il a fait appel à des monstres sauvages pour encercler Yggdrasil, rendant les entrées et sorties en son sein impossibles. Progressivement, les vivres viennent à manquer et les stocks se vident sans pouvoir se remplir...
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    2 participants

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    >> Les petits poissons dans l'eau
    Pas la meilleure idée du siècle
    C'était, en soi, une bien mauvaise idée.
    J'aurais dû le voir venir, mais j'étais curieuse. Lorsque l'on m'avait parlé de la cave aux cristaux, je m'étais dit qu'au delà du fait que cela devait attirer moult voyageurs aux poches trop garnies, il pouvait être intéressant d'y jeter un œil ou de tenter d'aller explorer les zones les moins visitées. Que ce soit pour y trouver quelques trésors ou juste... Pour voir. Oui, c'est ça. Juste pour voir. Et peut-être, éventuellement, parce que j'en ai envie et que l'environnement d'Yggdrasil en général soulève quelques interrogations chez moi.

    « Hé, Adélard, t'es sûr de ton - »

    Mes mots se terminent dans un echo alors que j'inspecte les grands murs de pierres. Les reflets des cristaux dans l'eau sont assez jolis, je ne peux pas dire, même si je n'ai pas d'adoration particulière sur l'esthétisme. Mais ce n'est pas vraiment ce qui m'intéresse sur le moment, pour être parfaitement honnête : car le silence qui m'accompagne depuis quelques instants ne me dit rien qui vaille. Je n'entends même pas une respiration ou une vibration, et si mes oreilles gigotent dans l'espoir d'entendre un quelconque autre son, cela ne donne aucun résultat. Je n'ai même pas besoin de me retourner pour deviner ce qui s'est passé.

    « Espèce de sale petit... »

    Je termine dans un juron particulièrement vulgaire et frustré, les traits tirés dans une expression agacé et coléreuse. Cette sale fouine d'Adélard m'avait vendu un passage discret et quasiment inexploré ; et même si la promesse pouvait être suspicieuse en soi, j'avais suffisamment fait affaire avec lui pour me dire que les chances étaient moindres, et qu'au pire des cas, je pourrais toujours lui faire sa fête à la sortie.
    Enfin, ça, c'était la théorie. Car en me retournant et en jetant de grands coups d'oeil autour de moi, je n'en suis plus si sûre. Mes oreilles, qui me permettent pourtant toujours d'avoir une idée de ce qui m'entoure, ont bien du mal à me permettre de distinguer des sons précis : le bruit de l'eau est trop fort pour que le reste puisse passer au travers. Mon nez se retrousse un peu quand je renifle et cherche un indice odorant quelconque : mais seule l'odeur du sel et, éventuellement, celle du poisson me remonte aux narines. Ma queue bat nerveusement l'air. Un nœud désagréable se forme dans mon ventre et je me retrouve à tourner de la tête de manière nerveuse, cherchant le chemin par lequel j'étais arrivée tout à l'heure. Une fois que je l'ai trouvé, je retourne sur mes pas, mais m'arrête d'un coup net au bout d'un moment.

    « Oh mais merde -... ! »

    Je jure. Le chemin se termine en une étendue d'eau qui n'était pas là lorsque j'étais arrivée : il faut dire que nous avons marché un bon moment. La marée, entre temps, a pu remonter. Mais je ne me préoccupe déjà plus de ça : car mes jambes, bien malgré moi, se mettent à trembler quand je comprends qu'il faudrait que je plonge dans l'eau pour quitter les lieux, si je ne trouve pas d'autre chemin. J'aurais pu éventuellement attendre le lendemain, mais... Vu la vitesse à laquelle l'eau est montée, si elle continuait de le faire...
    Oh merde. Merde. Merde.
    Des frissons de malaise remontent le long de ma colonne vertébrale. Je ne sais pas nager. Si je plonge là-dedans et que je n'ai plus pied, je vais me noyer à coup sûr. Et si je reste là, l'eau pourrait bien venir d'elle-même me chercher. Je pourrais presque sentir ma température descendre d'un coup, et le creux qui pèse d'un coup dans mes tripes n'a rien de rassurant.

    « … Hé ? Hé, y'a quelqu'un ? Sérieux... ? »

    Je commence même à balbutier, les oreilles baissées et la queue enroulée autour de ma jambe, comme pour tenter de me rassurer inconsciemment. Mais quelle idée de... Pourquoi est-ce que je suis venue ici, en plus ? Juste pour des questions à la noix ?!
    avec Howl
    Septembre 1001

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    les petits poissons dans l'eau
    Les vagues sont agitées. Le lac d’Yggdrasil n’est pas très calme, aujourd’hui. Ce soir, la marée sera haute. C’est ce que le père de Howl lui a dit cet après-midi quand la sirène avait fini de pratiquer sa musique avant d’aller chercher dans les eaux aux abords de la cité quelques pierres rares qu’ils pourraient vendre. Mais bien sûr, la montée des eaux n’est pas quelque chose qui effraie les espèces marines comme la sienne. C’est même avec plaisir que l’adolescent se glisse dans l’eau pour prendre son autre forme et plonger dans les courants du lac.
    Il a quelque chose qu’il a remarqué il n’y a pas très longtemps. L’eau du côté de la cave aux cristaux est plus salée que le reste. Le fond du lac est lui aussi salé, mais l’eau de la cave est pareille à une eau de mer. Howl trouve juste cela amusant, mais il espère aussi que cela va l’amener à faire de nouvelles découvertes, maintenant qu’il a pris conscience de la différence d’hydrogène. D’autres perles, peut-être ? Ces dernières se sont faites moins communes, depuis quelques temps, ce qui inquiète un peu Howl qui doit nager de plus en plus loin dans l’étendue aqueuse qui borde la ville. Peut-être verra-t-il également son amie Rosemarie ?
    Mais s’il découvre quelques tessons d’une belle couleur, il ignore s’ils ont réellement de la valeur. Il soupire. Au moins, les remous de l’eau lui font du bien et le détendent. Il a l’impression qu’il n’y a aucune pression, quand il nage. Aucune responsabilité. Personne n’attend rien de lui. C’est sûr que ce n’est pas ici que les Altissiens et Caldissiens vont le plus fouiner. Ou en tout cas, il sent moins leur présence.

    Au bout d’une heure, après avoir exploré le lac, il constate qu’un banc de poissons vient dans sa direction. Ces derniers semblent fuir quelque chose. Et cela vient de la caverne aux cristaux. Alors sans tarder, Howl s’y dirige, même s’il sait déjà pourquoi ses amis sont perturbés. Il doit y avoir un peu de remous à cause de la marée qui monte. Et les ultrasons qu’il perçoit des animaux marins lui parlent d’une présence dans la cave qui ne devrait pas être ici. Sa vitesse double. Il est vrai que l’eau monte à une vitesse plutôt impressionnante, et il vaut mieux savoir bien nager ou respirer sous l’H2O. Lorsqu’il remonte sa tête à la surface, il cherche des yeux l’être dont la présence pourrait être en danger. Son regard se pose sur une silhouette dans un coin, humanoïde. Poilue. Des oreilles et une queue de félin. Howl s’en rapproche de quelques battements de nageoires.

    « Hé !… Qu’est-ce que tu fais ici ? »

    La demande est sûrement un peu trop brusque. Ce n’était pas forcément un reproche, pourtant, il est simplement étonné qu’une jeune fille soit là, alors qu’elle ne semble pas vraiment à l’aise à sa place actuelle. Ses yeux vairons et son corps tremblant trahissent sa peur.

    « L’eau va continuer de monter, tu sais ? Tu ne peux pas nager ? »

    Question bête, puisque les chats n’aiment pas l’eau dans les contes populaires. Celle-ci pourrait toutefois faire exception et Howl oublie bien souvent que trop peu de personnes savent en réalité comment ne pas se noyer.

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    >> Les petits poissons dans l'eau
    Pas la meilleure idée du siècle
    Il n'y avait pas grand espoir pour que quelqu'un d'autre soit présent dans la grotte à l'heure actuelle : après tout, qui diable se baladerait dans une caverne sombre et remplie d'eau ? Il faudrait être bien stupide, ou être un poisson.
    Et justement, un poisson, c'est ce qui surgit d'un coup à la surface. Enfin, un humain. Pas vraiment. Mais vous voyez l'idée : je m'immobilise d'un coup en voyant le visage d'un jeune adolescent, sûrement pas beaucoup plus jeune que je ne le suis, remonter et me dévisager avec insistance. Interdite, hésitant entre être soulagée ou se demander ce que diable quelqu'un pourrait faire ici, mes questions dans ma bouche lorsque j'apperçois des nageoires et des écailles, me retirant mon interrogation quant à la raison de sa présence ici.
    Ah. Une sirène. C'est... C'est pas juste un coup de chance, là, c'est presque inespéré.

    J'avais déjà vu quelques sirènes, en soi. Ayant vécu aux abords d'Altis et de ses petites villes rurales dans différentes familles adoptives, il m'était arrivé de me retrouver dans des villages côtiers : mais je dois dire que les sirènes altissiennes étaient un peu, enfin... Différentes, si je puis dire. Plus grosses et surtout, beaucoup plus... Pointues. Assez pointues pour que je ne tente pas de leur voler du poisson, malgré mon goût pour ce dernier, et assez pour que j'en ai eu une peur bleue ; celle-ci, en revanche, a l'air bien moins intimidante.
    Mais peu importe. Peu importe, puisque ma priorité est bien ailleurs. Comme cette eau sombre, vicieuse et traître qui monte de plus en plus et me colle des frissons d'horreur rien qu'à imaginer sa profondeur. Et face aux questions de l'autre, je n'ai pas beaucoup de raisons de me calmer, car le rappel que l'eau ne va certainement pas descendre fait accélérer mon rythme cardiaque et trépigner sur place, un creux froid dans la poitrine.

    « Mais je sais ! Je ne peux pas... Je ne sais pas nager ! »

    Mon ton est un mélange d'agacement et de panique alors que mon regard se focalise sur l'eau près de mes pieds. J'ai toujours évité l'eau. Sa simple vue faisait remonter des frissons de malaise dans mon ventre, comme si mon instinct me prenait par les tripes pour m'avertir du danger afin que j'en reste bien loin. Et contrairement aux caldissiens, nous n'avons jamais eu aucune de grand goût pour la baignade, surtout pour se jeter dans les cours glacés des rivières altissiennes. Enfin, pour autre chose que se laver, j'entends.
    Mais toujours est-il que c'est un fait. Je ne sais pas nager. Je sais à peine flotter : car bien souvent, la panique me prend au ventre et je me retrouve à gesticuler si fortement que j'en perds l'équilibre. Et ici, je sens bien que c'est ce qui se passera si je rentre dedans. Et après... Et après... Je n'arrive même pas à y penser proprement, la gorge nouée par la peur.
    avec Howl
    Septembre 1001

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    les petits poissons dans l'eau

    La caverne, finalement, ne paraît plus si grande quand l'eau la remplit peu à peu. La féline s'exprime assez vivement sur la raison qui fait qu'elle a bien du mal à tremper ses pattes. Elle ne sait pas nager. Aux yeux de Howl, cela paraît ridicule, vu que c'est naturel pour son espèce et qu'il peut respirer sous l'eau. Mais la fille en face, bien évidemment, n'a pas vraiment l'air d'appartenir à une catégorie d'animaux marins. Ce n'est plus l'heure, pourtant, des observations de ce genre. L'eau va bientôt atteindre une hauteur critique au sein de la cave et l'adolescente -puisqu'elle fait jeune- n'a pas d'autres destins que la noyade pour l'heure. Howl n'a pas le choix. La réflexion dans les moments de panique n'est pas vraiment son fort, mais il ne voit, pour sa part, qu'une solution à cet instant. Il monte sur la berge où se trouve la fille aux yeux vairons pour la prendre par les poignets.

    « Retiens ta respiration et accroche-toi ! »

    Sans lui laisser le temps de protester, il replonge sous l'eau, faisant attention à ne pas lâcher la parfaite inconnue qu'il embarque de manière improvisée. Il espère juste qu'elle lui fera assez confiance sur le coup pour ne pas faire de bêtises, même s'il sait que ce n'est pas forcément aisé de ne pas se méfier de quelqu'un que l'on rencontre à peine. Dans les courants aquatiques, toutefois, il n'y a pas plus agile et rapide qu'une sirène. Comme il ne sait pas combien de temps elle pourra retenir son souffle, Howl se dirige vers le chemin le plus court et qui mène le plus vite à une surface où elle pourra respirer.
    En quelques secondes, il sort de la caverne pour atteindre le lac d'Yggdrasil et ce n'est qu'au moment où il atteint les eaux douces de ce dernier qu'il sort enfin sa tête de l'eau et celle de son invitée avec. Il dépose d'ailleurs cette dernière sur le rivage de galet alors que ce sont à présent les arbres de la forêt qui les entourent.

    « Ça va ? Tu as tenu le coup ? Quelle idée d'aller près de l'eau quand on ne sait pas nager... »

    Il ne comprend pas vraiment le principe des humanoïdes qui aiment aller dans la direction du danger. Enfin... Quoique c'est un peu hypocrite de sa part vu qu'il fait exactement pareil, mais ça, il ne veut pas l'avouer. Il ne voit juste pas ce qu'un chat faisait ici alors qu'elle n'était visiblement pas ravie d'être là.

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    >> Les petits poissons dans l'eau
    Pas la meilleure idée du siècle
    Toute logique que j'aurais pu avoir a disparu. Je ne pense plus de manière raisonnable, voir je ne pense plus tout court : je suis simplement pétrifiée par la vision de l'eau autour de moi, que j'ai l'impression de voir se rapprocher de seconde en seconde alors qu'il n'en est rien. Je ne fais quasiment plus attention au nouveau venu, tant je suis obsédée par les profondeurs aqueuses : c'est pourquoi je ne réagis pas tout de suite lorsqu'il monte sur la berge, me contentant de sursauter brusquement lorsqu'il saisit mes poignets.
    Mais... Mais non ! Mais lâche-moi, toi !
    La panique me fait me tendre d'un coup net, et si ma force serait normalement bien suffisante pour l'éloigner, mon état de peur me fait temporairement perdre mon équilibre et tomber vers l'avant.

    Tout droit dans l'eau. Mon corps tombe comme un vieux sac de pommes de terres : je ferme les yeux par réflexe, et ne doit le fait de ne pas avoir bu la tasse qu'à la chance. Pétrifiée, je sens que mon corps va vite, mais je n'ose pas ouvrir un seul œil, des nœuds glacés dans la poitrine en imaginant que cela dure trop longtemps et que je vienne à manquer d'air. Et lorsque finalement, je sens que j'ai quitté l'eau pour me retrouvée poussée contre du sable et des galets durs, mon premier réflexe est d'expirer et d'inspirer pour récupérer ma respiration.

    Hagarde, haletante et le regard vague, je rampe un peu au sol pendant quelques secondes, le cœur battant et la poitrine brûlante d'avoir manqué d'air. Les frissons qui me secouent ne sont pas seulement dus à la froideur de l'eau, quand bien même être trempée et à l'air libre actuellement ne me fait clairement pas du bien. Et sur l'instant, face à la question qui m'arrive aux oreilles, je n'ai qu'une pensée.

    « Putain... D'eau de - »

    En disant cela, d'ailleurs, j'en recrache un peu. Oros, c'est indigne. De quoi est-ce que j'ai l'air, exactement... Encore sonnée, je ne réponds pas tout de suite à ses interrogations qui m'ont l'air à la fois inquiètes et... Disons qui se mêlent de ce qui ne le regardent pas, oui, clairement. J'aurais bien une réplique acerbe à sortir, mais d'une part, je ne suis pas assez énergique pour la faire, et d'autre part... J'ai plus de colère contre une autre personne, actuellement.

    « Cet... Mon empaffé de 'guide' ne m'avait pas prévenu. Il s'est tiré avant que j'ai pu le remarquer. »

    Je bous presque sur place, quand j'y pense, le regard dur et les griffes bien sorties, laissant des traces dans la terre. Si je chope cette espèce de sale petit rat, je vais l'éplucher comme une carotte. Une arnaque, c'est une chose : tenter de me tuer, c'est... Grr. Quand j'en aurai fini avec lui, même sa mère n'en voudra plus. Enfin... Je pourrais le faire une fois qe j'aurais fait autre chose, en soi. Et parlant de ça...

    « … Merci, je suppose. »

    Je détourne un peu le regard vers l'adolescent qui m'a sauvé la peau, ressentant un mélange de gêne, d'embarras et de reconnaissance qui me fait arborer une mine un peu moins agressive que celle que j'avais la seconde d'avant en pensant à ma vengeance. Même si je le trouve malpoli (et que je ne me rends pas compte d'à quel point c'est hypocrite), j'imagine qu'il a bon fond.
    avec Howl
    Septembre 1001

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    les petits poissons dans l'eau

    Laissant ses écailles briller à travers les miroitements du soleil sur l’eau, il la laisse reprendre son souffle et ses esprits après qu’il l’ait traîné d’un bout à l’autre pour une nage improvisée. Il admet qu’il y a des méthodes plus douces qu’il aurait pu envisager mais il a surtout agi dans le feu de l’action, alors si elle est compréhensive, elle ne lui en tiendra pas rigueur. En revanche, il saura, ça, qu’elle n’aime pas l’eau, vu son langage fleuri. Et qu’elle n’aime pas non plus la personne qui l’a conduite dans la caverne. Si elle parle de guide, ça signifie qu’elle n’habite pas vraiment à côté, où elle n’en aurait pas eu besoin. En tout cas, il n’aimerait pas être la place de ‘l’autre empaffé’, vu comment elle parle. Sûrement qu’il passera un sale quart d’heure s’ils se recroisent par inadvertance. Mais pour l’avoir conduite dans cette grotte en sachant qu’elle ne savait pas nager, c’est qu’il a voulu sa mort. Faisant onduler ses nageoires sur la berge, il est surpris par ses remerciements mais cela ne lui déplaît pas : il lui a quand même sauvé la vie, du coup. C’est qu’elle est moins bête que ce qu’il aurait cru.

    « De toute façon, quand on ne sait pas nager, la cave n’a aucun intérêt, je trouve. Sa beauté se révèle sous ses eaux. Alors je ne sais pas ce que tu t’attendais à trouver. »

    Elle a manqué de se noyer. Il devrait se montrer moins détaché. Plus compatissant. Mais il ne croit pas avoir aperçu une telle crinière dans les quartiers éossiens, alors dans le doute, il conserve un soupçon de méfiance, bien qu’elle n’ait rien fait qui puisse l’énerver.

    « C’est la nuit, que ça vaut le coup d’œil, en plus. »

    Howl n’hésite pas à étaler ses connaissances, quand il en a. La cave aux cristaux est un de ses endroits favoris, et on le sait tout de suite, quand on apprend à le connaître. C’est un endroit reposant, éclairé seulement par les cristaux qui en font son nom. Des pierres de toutes les couleurs qui s’illuminent le soir pour baigner les eaux salées de la grotte d’une douce lumière, plutôt agréable à observer. C’est tranquille. Il y a de l’eau partout, bien sûr, mais pour une sirène, c’est le paradis.

    « Mais tu n’as pas l’air de beaucoup connaître le coin, n’est-ce pas ? »

    L’adolescent aux cheveux vert pâle la détaille brièvement. Elle aussi, a une queue, mais d’un autre genre. Touffue, comme celle d’un chat, accompagnée par des oreilles du même aspect et une apparence générale qui ne laisse pas de place au doute sur une espèce féline dont elle pourrait être l’animorphe. Cela donne presque envie à Howl de douter cette fourrure. Elle a l’air douce. Cela change de ses écailles, à vrai dire.

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    >> Les petits poissons dans l'eau
    Pas la meilleure idée du siècle
    Ce que je m’attendais à trouver… ? Je n’en sais rien, en vrai. Ou du moins, je n’avais pas d’attentes particulières : juste un éventail de questions et d’interrogations plus spirituelles qu’autre chose, aussi futile cela puisse paraître. J’étais curieuse, surtout. Au-delà de l’éventuelle facilité avec laquelle j’aurais pu détrousser des nigauds aux poches trop garnies, je voulais voir ce qu’il y avait de si intéressant ici pour qu’on m’en parle avec tant de flatteries. Mais j’admets ne pas avoir envie de répondre, vu la manière qu’en a de parler la sirène : je ne saurais pas dire quoi, mais j’ai l’impression qu’il fait la tronche. Ou quelque chose du genre. Je ne suis pas fine pour voir ça. En soi, je m’en fiche même un peu. Alors si il veut vraiment que je réponde à sa question non avouée, il va avoir intérêt à le demander directement, ou je vais juste me gratter les fesses.

    Mais la dernière, en tous cas, est plus directe. Enfin, non. Je ne suis pas née de la dernière pluie : il est assez évident qu'il veut savoir que je ne suis pas ici, ce qui me ferait douter de ses origines si je n'avais pas un minimum d'intelligence.
    Ah, alors le tatouage dans son dos...
    Un éossien, donc. Pas étonnant qu'il soit sur ses gardes, même si j'ai connu plus brave méthode de poser des questions. Je ne réponds pas à la dernière en premier, d'ailleurs : au lieu de cela, je hausse les sourcils en revenant sur son affirmation de tout à l'heure.

    « Ah oui... ? Et pourquoi ? De l'eau, c'est de l'eau, non ? Surtout dans une cave. »

    J'ai du mal à comprendre, alors ma question est sincère. Je prends des cheveux dans mes mains pour les comprimer et les essorer, en grommelant un peu, me promettant de les couper bientôt. Il faut dire que ma propre expérience avec les profondeurs aqueuses, c'est celle de fermer hermétiquement les yeux en espérant que cela se finisse aussi vite que possible. J'arrive à prendre des bains car il faut bien être propre, mais c'est tout : le lac, par exemple, je n'irai pas y mettre les pieds. Alors je suis à la fois perplexe et curieuse.
    Mais bon... J'imagine que je peux au moins ne pas ignorer son interrogation, alors après m'être étiré fortement pour me rappeler que tous mes muscles sont bien actifs et que je ne me suis pas brisée un os, je finis par y répondre.

    « Mais non, pas vraiment. J'm'arrête jamais vraiment longtemps dans un coin. Et je suis pas arrivée y'a si longtemps. J'imagine que t'es né ici, toi ? »

    Pas que je compte rester éternellement, en plus de ça. Enfin, je n'en sais rien. On verra bien si je trouve quelque chose d'intéressant, ou si je finis par me lasser et retourne à Altis. Mais pour le moment, je n'ai pas décidé.
    avec Howl
    Septembre 1001

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    les petits poissons dans l'eau

    Il ne va pas essayer de lui faire comprendre ce qu’il trouve de différent de regarder les cristaux à travers l’eau plutôt que de les admirer directement sous cette dernière. Il est encore très orgueilleux de son espèce et n’hésite pas à se vanter de nager et respirer là où d’autres ne peuvent pas ; à l’image de cette féline qui n’aurait pas fait long feu s’il ne l’avait pas tiré d’affaire. Elle n’a au moins pas l’audace de faire comme si elle n’avait pas eu besoin de son aide. Au contraire, pour une envahisseuse, elle semble moins hautaine que les congénères que Howl a pu rencontrer. Elle n’a peut-être même rien à voir si, comme elle dit, cela ne fait pas longtemps qu’elle est là.

    « Pas étonnant que tu n'aies pas connu plus tôt la cave, alors. »

    En se hissant non loin de l’animorphe sur la berge, ses nageoires jouent un peu avec l’eau du lac, soulevant des gouttes afin de les faire briller sous le soleil.

    « Je suis ce que vous appelez un 'Eossien'. Je suis né dans ces eaux et j'y ai grandi. Alors je les connais par cœur. »

    Là aussi, il en tire une certaine arrogance. À force d’arpenter ces courants et d’en faire le tour, bien qu’en mille ans il y ait eu quelques modifications, il pourrait sans problème nager les yeux fermés, et possède sous l’eau une vitesse difficilement égalable.

    « Appelle-moi la prochaine fois que tu veux faire une virée aquatique. Cela t'évitera de te noyer. »

    Peu prompt à aider des Altissiens ou des Caldissiens en temps normal, il ne peut nier que ça l’embêterait pas mal de devoir ramasser derrière lui s’il y a des personnes qui ne font pas attention, surtout s’il s’agit de quelqu’un qu’il a déjà secouru. Et de manière générale, il préfère éviter les noyades si elles peuvent ne pas avoir lieu. Une de ses peurs est qu’il aille un soir à la caverne et qu’il y ait un cadavre à ramasser.
    Se couchant à moitié sur les galets, il laisse le soleil réchauffer sa peau et ses écailles. C’est assez bizarre d’être accompagné, mais il se montre un peu curieux de son interlocutrice qui a au moins le mérite d’être directe. Il observe sa queue et ses oreilles qui dégagent une certaine sensation de douceur : rien à voir avec ses nageoires, même s’il les adore.

    « Tu es un chat en fait ? »

    Certains auraient pu mal interpréter la question, mais s’il est clair que la demoiselle est une animorphe, il voudrait savoir à quelle espèce elle renvoie. Pas que ça lui importe énormément, à vrai dire, mais il aimerait bien savoir. Peut-être aussi histoire d’en apprendre un peu plus sur cette drôle d’hybride qui a l’air un peu perdue.

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    >> Les petits poissons dans l'eau
    Pas la meilleure idée du siècle
    Bah tiens. Je l'aurais pas deviné, que c'était un éossien : il me prend un peu pour une andouille, l'autre... Mais bon. Il est complètement inoffensif. Quand bien même le voir gonfler de la poitrine me fait esquisser une mou dissimulant tout juste le mélange de désabus et d'amusement qui me parcoure. Enfin, en un sens, je n'en connais pas beaucoup, des éossiens. Vois-même pas du tout, parce que, bah... Parce qu'ils vivent dans le quartier éossien, grossièrement, et parce que je ne suis pas assez voyeuriste pour aller les voir comme si j'observais des animaux en cage. Même si bon, pour être tout à fait honnête... Enfin. Vous voyez. La différence me paraît maigre, parfois.
    Mais bon. La sirène en face de moi est plus serviable que ce que j'aurais cru, malgré les airs qu'elle semble vouloir se donner. J'hésite à le remercier, mais je me dis que ça pourrait être gênant. Au pire, je pourrais toujours lui ramener un truc ou deux et me casser sans demander mon reste, on sera quittes. Et ma fierté sera sauve.

    Je le regarde vaguement remonter sur les galets sans commentaire, ne voyant pas l'intérêt d'en faire. Mais sa question, en revanche, me fait fortement hausser des sourcils. Je me vexerais presque sur l'instant, roulant des yeux sans me retenir, ma queue battant l'air.

    « J'suis autant un chat que t'es un poisson. »

    Une moue mi-amusée, mi-blasée sur le visage, je crois ne pas avoir besoin d'être plus claire quant à pourquoi ce pourrait être vaguement vexant, mais je n'ai pas envie de trop pousser là-dessus. Je ne suis pas assez stupide pour ne pas me rendre compte qu'il est vraiment curieux, en revanche, et qu'au pire, il ne fait pas attention à ce qu'il dit.
    Alors je me redresse un peu, m'étirant pour préparer mes muscles.

    « Vous n'avez pas de panthère des neiges par chez vous, j'imagine... ? »

    Question rhétorique. Je sais qu'il existe des animaux des glaces dans les climats chauds, par exemple, mais je les plains chaque jour. Je suppose qu'il n'en a jamais vu – un peu aussi car j'ai l'envie de me vanter et de ne pas passer pour une idiote toute la journée. Un rictus arrogant aux lèvres, je m'étire à nouveau : et cette fois, mes membres s'allongent. Ma tête s'abaisse, mes crocs s'allongent, mon corps change.
    Hm. Cela faisait longtemps que je n'avais pas adopté ma forme féline, je dois le dire : ou du moins, j'ai évité de le faire, puisque ces crétins de soldats étaient un peu sur la défensive, ces derniers temps. Mais alors que je fais quelques pas et enfonce mes pattes devenues lourdes sur la plage de galet, je tourne un peu autour de la sirène avant de venir poser mes pattes avant sur le sol et faire le dos rond. Urf, j'étais presque rouillée. Finalement, je m'étire pour m'étaler par terre.
    avec Howl
    Septembre 1001

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    les petits poissons dans l'eau
    La sirène se permet de sourire. Elle a de la répartie. En effet, sa formulation a été plus maladroite qu'il ne pensait. Mais au fond, ils se ressemblent un peu : ils ont tous les deux des caractéristiques non humaines qui font partie de leur apparence. Lui poisson, elle chat, il est aisé -pour ceux qui ne comprennent pas la dualité de deux espèces-, de faire l'amalgame avec leur homologue quand c'est en fait plus compliqué que ça. Alors Howl accepte de se reprendre, comprenant qu'il n'a pas, lui, à utiliser ces termes lorsqu'il subit les mêmes. La voyant s'étirer, il ne s'attendait pas à ce qu'elle évoque un animal dont il ne connaît le nom que par des livres d'images. Sans pouvoir affirmer de sûr qu'il y a des panthères des neiges chez les Eossiens, ces derniers sont si nombreux qu'il se dit qu'il y en a forcément parmi eux. Ou du moins, qu'il y en a eu. Les Altissiens et Caldissiens ne sont-ils pas leurs descendants, après tout ?

    « Probablement que si. Mais sans doute moins que chez vous. Je n'en ai jamais vu en vrai. »

    La curiosité le pique. Il regrette de ne pas avoir découvert plus de choses au cours de sa vie, même s'il est encore bien jeune. Que ce soit les chats, lions, ou tous leurs cousins, ce groupe fascine un peu Howl qui craque facilement devant les boules de poils ronronnantes. S'il n'a rien contre les chiens, il les trouve beaucoup moins élégants et majestueux.
    Comme si elle lisait dans ses pensées, l'adolescente aux yeux vairons se transforme sous ses yeux ébahis en une magnifique panthère blanche. Muet, il la fixe en murmurant quelques paroles impressionnées. Puis, il sourit doucement, émerveillé par la grâce de ses mouvements pourtant très naturels. Ses pattes et sa queue sont si grosses et touffues, pense-t-il. Son pelage semble aussi duveteux que du coton. Il rêverait de pouvoir le toucher. Celui aux cheveux verts se contente toutefois d'admirer la créature des montagnes. Un petit gloussement, nullement méchant, lui échappe.

    « En revanche, je sais que les grands félins aiment l'eau, d'ordinaire. »

    Et quand il se souvient de la tête paniquée de la jeune fille, cela l'amuse un peu. Il se rapproche quand même d'elle afin de mieux voir ses grosses pattes. Sous cette apparence, elle ressemble juste à une grosse peluche. Au moins, si elle avait voulu l'attaquer, elle l'aurait fait. Le potentiel d'une menace semble définitivement écarté.

    « Au fait, moi c'est Howl. Et toi, tu t'appelles comment ? »

    Encore une fois, c'est sa curiosité qui parle. Il s'autorise à se détendre auprès de la féline, écartant un peu le fait qu'elle reste une Altissienne. Méfiant au début, ses défenses se sont toutefois abaissées au contact de l'autre qui n'est, après tout, pas si différente de lui.

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    >> Les petits poissons dans l'eau
    Pas la meilleure idée du siècle
    En soi, cela ne me surprend pas. Mais nous sommes supposés descendre d'eux, non... ? Est-ce que toutes les espèces des climats froids et des climats chauds seraient parties plus facilement ? J'imagine que je n'ai pas de moyen de le savoir. Les fois où j'allais à l'école, j'écoutais un peu plus quand ça parlait d'histoire : mais souvent, cela se limitait à nous expliquer en quoi altissia était le plus grand empire au monde, que nos soldats étaient des héros incroyables, et toutes ces anneries. Le peu qu'on apprenait des éossiens, ou du moins de leur légende, c'était qu'une partie, « la plus intelligente », d'entre eux, avaient quitté l'arbre pour rejoindre nos montagnes. Mais les détails, ça...
    Enfin. Son commentaire sur l'eau me fait tiquer. Je reprends forme humaine après quelques secondes, les oreilles tournées vers le côté et la queue battant l'air.

    « O-oui, bon, euh... Vous mangez pas des verres de terre, que je sache, hein. »

    C'est moyen. Très moyen. J'en ai conscience, mais avec mes joues rougies et mon regard un peu indigné, je ne trompe personne hormis moi-même et mon ego, qu'il faut bien sauver pour ma survie. Je profite donc qu'il me demande mon nom pour sauter sur l'occasion et changer de sujet.

    « … Astrid. »

    Vrai que, je ne lui avais pas demandé le sien. Je n'ai pas l'habitude, en soi. Mais maintenant que j'y pense, je ne lui ai jamais demandé ce qu'il faisait là non plus.

    « Mais pourquoi tu traînes dans la cave, déjà ? Tu dois la connaître, à force. »

    Enfin... C'est un peu stupide, comme question, mais ça m'intrigue vraiment. Quel est l'intérêt de la cave, pour les natifs ? Je sais qu'elle était encore fermée jusqu'à récemment, alors cela m'intrigue d'autant plus.
    avec Howl
    Septembre 1001

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    les petits poissons dans l'eau
    Loin de lui l'idée de se moquer de l'embarras de la jeune fille mais la réaction de cette dernière le fait un peu glousser d'amusement. Il ne va pas dire, en outre, qu'il n'a jamais vu un de ses semblables manger des vers de terre. Plutôt raffinées, les sirènes ont toutefois dans leurs rangs quelques improbabilités comme toutes les espèces. La féline accepte au moins de lui donner son nom en échange du sien lorsqu'elle reprend forme humaine et c'est déjà une certaine avancée de pouvoir référer son interlocutrice par une appellation autre que 'le chat'. Sa question le surprend toutefois, car pour lui cela relève d'un fait purement évident.

    « Je connais le goût des fraises, pourtant ça ne m'empêche pas de continuer d'en manger. »

    Vont-ils se parler sous cette forme toute la journée ? Cela semble devenir habituel de passer par des exemples détournés. À ses yeux, il ne devrait pas avoir à expliquer en quoi cette grotte est spéciale, car tout le monde devrait l'admirer ; mais en un sens, ça l'arrange s'il est l'un des seuls à pouvoir en profiter. Son regard se pose sur le lac au fond duquel gît la fameuse caverne qui lui est chère. La sirène se montre plus posée, plus pensive également.

    « La grotte... C'est au moins un endroit qui m'a tout de suite été familier et qui n'a pas été saccagé par les envahisseurs. Elle a conservé sa beauté d'antan en dépit des années, comme si elle aussi avait été figée dans le temps. »

    Comme l'Arbre, finalement, qui n'a jamais perdu de sa superbe malgré le millénaire qui a suivi sa Chute. Les habitations à ses racines ont changé, toutefois. Elles sont devenues plus modernes. Et surtout, elles ont changé de propriétaires. Howl ne les reconnaît plus quand bien même elles ont conservé des bases qui leur sont propres. Selon lui, néanmoins, elles ont été souillées et salies par le passage des Altissiens et Caldissiens qui exploitent depuis les ressources de leur terre bien-aimée pour leurs besoins futiles et capricieux.

    « Ce n'est pas encore un endroit connu, alors j'y suis tranquille la plupart du temps. Elle a quelque chose de nostalgique. »

    L'hybride s'y sent chez lui. Isolé de tout. Déjà, peu la connaissent, et encore moins y parviennent. Son avantage à être à l'aise dans l'eau lui permet cependant de pouvoir en profiter même quand la marée est haute et qu'elle se trouve immergée. Il y a des impressions de déjà-vu, comme des réminiscences parfois. Cette sensation de familiarité, au moins, arrive à l'apaiser quand il est troublé.

    « Mais j'imagine que toi, tu n'es pas prête d'y retourner. »

    La blague fut facile et elle est bon enfant. Astrid est... différente. À la manière de Rosemarie, elle ne partage pas vraiment les caractéristiques habituelles qu'il a reconnu chez les autres Altissiens. Il y en a véritablement qui n'ont pas oublié que les natifs étaient comme eux, après tout.

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    A question bête, réponse bête. Astrid écarquille un peu les yeux, mouchée, tournant la tête sur le côté d'un air vexé pendant que sa queue bat l'air avec insistance. Oui, en effet, ce n'est pas faux. Hors de question de l'admettre comme ça, en revanche, elle se sentirait trop idiote.
    Pourtant, elle peut saisir ce que la sirène lui explique. Silencieuse, l'expression calme, elle grimace un peu malgré elle. Le terme d'envahisseur ne la dérange pas ; il faudrait après tout avoir des problèmes avec soi-même pour ne pas supporter d'entendre la vérité. Pourtant... Pourtant, il est vrai que cette caverne aurait sûrement été abîmée, si elle avait découverte avant. Sans doute ne devait-elle son salut qu'au fait que les éossiens, déjà chauffés à blanc, auraient mal supportés qu'elle soit endommagée par les altissiens et caldissiens après l'exécution de leur représentant religieux. Astrid peut le saisir. Il doit y avoir quelque chose de réconfortant dans le fait de retrouver un souvenir agréable dans ce qui existe toujours. Elle aimerait néanmoins avoir l'occasion de s'en faire une idée.

    Devant la question de la sirène qui, elle s'en doute, doit se moquer un peu de lui, Astrid ne répond toutefois pas immédiatement. Ce n'est pas si simple.

    « J'sais pas. Peut-être. J'aimerais jamais l'eau, mais... »

    C'était presque phobique, chez elle ; pour de bonnes raisons, d'ailleurs. Car ordinairement, les panthères des neiges sont d'excellentes nageurs. Mais elle, elle se rappelait surtout de cette vieille menace de sa mère qui lui avait toujours fait éviter les courants d'eaux en sa compagnie. Néanmoins, quelque chose continue de la travailler. Elle appuie sa tête sur un de ses bras, devenue pensive.

    « … Ça serait idiot de limiter mes horizons car j'ai peur. »

    C'était ce qui l'avait fait venir ici, aussi. Elle n'avait nulle part où aller, alors... Pourquoi pas partout ?

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    les petits poissons dans l'eau
    C'est difficile de vraiment en vouloir à Astrid, dans le sens où il l'aurait normalement fait parce qu'elle est Altissienne. Mais comme pour Rosemarie, il n'a pas foncièrement envie de la détester ; elle semble, à l'instar de la requine, aussi perdue et éloignée du conflit. En plus, puisqu'il l'a sorti d'affaire, il ne peut pas vraiment lui jeter des pierres pour la faire couler, à présent. Il n'a pas envie de s'énerver. Pas aujourd'hui. L'animorphe est une adolescente, elle aussi. Ce n'est pas une adulte pleine de défauts comme le sont en général les adultes ; enfin, les Altissiens et Caldissiens, plutôt. C'est curieux de sa part néanmoins qu'elle cherche tout de même à combattre ses phobies. Du moins, si ce n'est pas si étrange que ça et que Howl le respecte, il se contente de hausser les épaules.

    « Ce serait aussi idiot de se faire peur tout seul juste pour s'ouvrir des horizons. »

    De son point de vue, les gens n'ont pas non plus à se forcer pour vraiment atteindre leurs objectifs : ils peuvent aussi les contourner. Mais il ne serait pas très bien placé pour parler de peur. La sirène aussi, a peur. Constamment. Même quand elle fait genre et qu'elle jette des légumes pourris sur les Elysians. Alors il peut comprendre. Astrid a probablement envie de dépasser cette peur. D'être libre de la surmonter afin que de nouvelles possibilités s'offrent à elle. Mais c'est loin d'être simple d'affronter quelque chose comme ça en solitaire.
    Les yeux mauves du troubadour passent sur l'eau qui s'est calmée. A croire que ses rencontres dans la caverne, même s'il n'aime pas y voir d'autres personnes que les Eossiens, ne se déroulent pas si mal, après tout. Il pense avec une certaine fierté que c'est parce que la grotte est si belle qu'elle provoque quelque chose de positif même chez leurs envahisseurs.
    C'est dommage de ne pas pouvoir en profiter simplement parce qu'on a peur de l'eau...
    La natation, en outre, est bien pratique à tous les niveaux.
    La sirène se tourne vers le félin.

    « T'aimerais apprendre à nager ? »

    Si elle ne sait pas nager alors qu'on a à peu près le même âge, se dit-il, c'est que jamais personne n'a pu lui apprendre. Cela ne le dérangerait pas, de lui apprendre deux ou trois trucs.

    « Je peux te montrer, si tu veux. »

    Même si les sirènes peuvent naturellement respirer sous l'eau et que les risques sont différents, Howl nage plutôt assez bien pour enseigner ce qu'il peut. Comme ça, Astrid n'aura plus peur de l'eau et ses horizons ne seront plus si limités, pense-t-il.

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    Est-ce si grave que ça, de se faire peur... ? Astrid n'est pas sûre. Elle a tendance à se dire que si elle a peur, c'est qu'elle n'a pas complètement perdu les pédales et qu'elle veut encore vivre. Et que la peur, c'est aussi ce qui permet de connaître ses limites. Elle avait déjà constaté qu'il était plus efficace, du temps où elle avait sa petite bande, qu'il était souvent plus efficace de laisser les gamins les plus turbulents et arrogants aller se frotter à la réalité pour que la peur qu'ils ressentent les rende par la suite bien plus efficaces. Pas pour autant, cela dit, qu'elle aime être effrayée. Elle voudrait ne pas l'être, mais... L'épisode d'aujourd'hui, déjà, lui a rappelé que ce n'était pas possible.
    Si elle s'attendait à ce que leur conversation s'arrête là, d'ailleurs, elle est étonnée de la question puis de la proposition que lui fait la sirène juste après. Embarrassée et flattée en même temps qu'on veuille perdre du temps à essayer de lui apprendre quelque chose, la couleur de ses joues passe au rouge et ses yeux s’écarquillent sur le coup de la surprise.

    « Euh, m-mais, e-euh... Y'a pas besoin de, je veux dire, c'est pas obligatoire que... »

    Elle bafouille, bredouille, perd le fil. Astrid n'a pas vraiment l'habitude des actes désintéressés tournés vers elle-même. On a jamais vraiment pris le temps de l'aider non plus, d'ailleurs ; les quelques rares astuces qu'elle avait appris des autres l'avait été par l'observation. Elle est donc sincèrement perdue face à l'offre qui lui est faite, laissant au passage filer le masque de la dure du coin.

    « Mais je... P-pourquoi pas, ouais, ça s'essaie. »

    Elle n'est pas très digne, et elle en a même conscience, sur l'instant. Mais en même temps... Elle aimerait essayer. Juste pour voir.

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    les petits poissons dans l'eau
    Sa proposition la prend au dépourvu. Elle est gênée. Tente de faire comme si ce n'était pas nécessaire. Howl esquisse un sourire amusé. Il reconnaît quelqu'un qui aurait envie mais qui n'ose pas. Les traits d'Astrid s'adoucissent un peu, perdent de leur rigueur. La panthère accepte finalement, mais peut-être qu'elle n'hésitait pas tant que ça ; qu'elle était juste surprise par la question. En effet, ils se connaissent à peine alors ça a pu lui sembler brusque, se dit la sirène. Mais cette dernière se relève sur ses deux jambes et prend doucement les mains de l'adolescente pour l'emmener lentement mais sûrement dans l'eau.

    « C'est pas simple quand on a peur. Tu vas peut-être galérer, si ça te terrifie. »

    Il s'arrête lorsque le niveau de l'eau atteint son bassin. Le courant est calme : idéal pour une petite leçon de natation. Même s'il ne pourra pas tout lui apprendre dès le début, il peut au moins enseigner les bases afin d'éviter le plus possible qu'elle se noie, la prochaine fois.

    « Mais t'inquiète pas : tant que t'as de l'air dans le corps, tu peux flotter, même si tu sais pas nager. »

    Ses mains lâchent les siennes afin qu'il puisse les poser à la surface de l'eau.

    « Allonge-toi sur le dos comme si tu dormais. Moi, je vais mettre mes mains en-dessous, comme ça, pour pas que tu coules. Puis tu vas regarder vers le ciel. »

    Howl s'imagine bien que ça ne va pas être une partie de plaisir pour la féline d'affronter un élément qui la terrifie et qui a manqué de la tuer. C'est son rôle de montrer aux autres que l'eau ne doit pas être vue comme une ennemie mais plutôt comme une alliée. Si elle oublie comme nager la prochaine fois, au moins, elle saura qu'elle peut flotter.

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