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  • All for Us || ft. Raol <3
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    Le dragon protecteur d'Yggdrasil s'est réveillé. Au milieu du mariage de Gaston et Camélia, souverains d'Altissia et Caldissia, la statue figée depuis un millénaire a quitté son socle pour arpenter le ciel de la cité. De son rugissement puissant, il a fait appel à des monstres sauvages pour encercler Yggdrasil, rendant les entrées et sorties en son sein impossibles. Progressivement, les vivres viennent à manquer et les stocks se vident sans pouvoir se remplir...
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    All for Us avec Gabrol
    Il faisait frais, à Yggdrasil. Le vent soufflait, il décoiffait les crinières, rafraîchissait les corps. C’était le cœur alourdit qu’il marchait, se débarrassant des derniers grains de sable logés dans ses cheveux qui s’envolaient. Le regard assombri, le visage creusé, il était difficile de le reconnaître. Pour dire l’entière vérité, il ne se reconnaissait lui-même plus. Il avait la sensation, face à la glace, que ce n’était plus lui. Que Gabryel de Venomania n’était qu’un vague souvenir, un mythe qu’il s’était raconté toutes ses années. Pourtant, il en souffrait. Le miroir lui renvoyait le reflet d’un étranger. La couleur même de ses pupilles semblait être différente, plus terne. Ce violet pétillant était dorénavant fade, plein de frustration. Il avait passé un mois durant à Caldis, parcourant les dunes et les marchés de sa jeunesse, sans pour autant y retrouver un quelconque réconfort. L’aridité de ses terres n’avaient eu de cesse de le briser. Il aimerait oublier, se forger de nouveaux souvenirs, laisser tout cela loin derrière lui. Il aimerait pouvoir fermer les yeux, sans être hanté par le corps inerte de son père et le cercueil de son grand-père. Mais ses vœux ne s’exauçaient pas et ses prières n’étaient pas entendues. Il était donc contraint de faire avec, sans pour autant pouvoir l’accepter.

    Le Grand Mur lui parût intimidant, lorsqu’il le traversa. Il avait attendu ce jour avec impatience et maintenant qu’il était ici il sentait son estomac se tordre d’angoisse. Il redoutait son retour dans la citée éossienne. Il avait tout laissé en plan, il était parti sans rien ranger, sans regarder en arrière, sans même prévenir ses proches. Une simple lettre avait été envoyée à Raol. On avait pu y lire de brefs informations, écrites rapidement et où l’on pouvait deviner qu’il avait forcé sur la plume, laissant quelques traces d’encre ci et là. Peut-être qu’iel n’y avait même pas prêté la moindre attention. Gabryel se souvenait encore parfaitement de leurs échanges, de son corps, du goût de ses lèvres... Mais après être parti ainsi, voudra-t-iel encore de lui ? Auparavant, il ne se serait jamais posé une telle question, mais tout était tellement flou depuis... eux. Il ne doutait nullement de ce qu’il ressentait, au contraire. Il savait qu’il ne comptait pas passer par chez lui, ni même par la caserne. Après avoir prévenu sa hiérarchie de son retour, il se mit en route des quartiers éossiens. Parce qu’il savait qu’il ne trouverait le repos qu’auprès d’ellui. Et qu’il avait besoin de lui dire toute la vérité. Il voulait lui parler.

    Il avait trouvé un semblant de paix lorsqu’il put écrire à ses proches, sans se soucier de si les lettres seraient interceptées. C’était comme si plus rien de tout cela ne pouvait l’atteindre. Il n’avait eu aucun mal à se renseigner sur là où habitait la grenouille, s’en était terrifiant. Ses pas étaient lourds, il traînait des pieds. Pourtant, il était pressé. Mais il stressait plus qu’il ne voulait l’avouer. Il n’avait pas prévenu lea Zeteki de son retour, ni même qu’il comptait venir lae voir, était-ce une bonne idée ? Il ne le savait pas. Il souffla, laissant un léger nuage de fumée s’échapper de ses narines. Il se mordait l’intérieur des joues, prêt à faire demi-tour au moindre obstacle. Mais la route était dégagée, rien ne semblait vouloir l’arrêter, il lui fallait affronter ce moment. Après lui avoir écrit tant de mots, il devait dorénavant parler. Ce ne serait pas aussi aisé que de manier une plume, mais cela sera plus beau, plus sincère, plus véritable. Ce n’était pas facile pour lui de devoir s’assumer ainsi, mais il avait la sensation qu’il devait le faire, qu’iel méritait cela.

    Dans son petit sac, Gabryel avait ramené quelques babioles. Deux bijoux, semblables au bracelet qu’iel lui avait offert, quelques plantes et mets de Caldis, une fiole dans laquelle il avait glissé des grains de sable, des pierres précieuses, un livre sur l'histoire de Caldissia et d’autres présents plus ou moins inutiles. C’était comme s’il venait se faire pardonner de son absence, alors qu’il savait que ce n’était pas grave, qu’iel comprendrait. Mais il savait que les explications resteront coincées dans sa gorge pendant un moment avant qu’il ne réussisse à formuler la vérité. Il ne l’avait jamais dit. Il n’avait jamais dit mot pour mot “Mon père et mon grand-père sont morts”. Comme s’il redoutait que s’il le disait alors cela signerait définitivement leurs morts. Comme s’il n’y aurait plus aucun retour en arrière possible. Néanmoins, il fallait qu’il le dise et il ne voulait pas que ça soit à qui que ce soit d’autre qu’à Raol. Alors, lorsqu’il se saisit de petites pierres pour les lancer contre sa fenêtre, il adopta un léger sourire attendri. Il voulait lea prendre dans ses bras et tout oublié, l’espace d’une seconde. Lorsqu’après plusieurs jets il put apercevoir la trogne de l’éossien.ne, il afficha un large rictus qui contrastait avec toute la fatigue que renvoyait son expression faciale, et il s’exclama :

    « Bonsoir, Raol. Aurais-tu une place, chez toi ? Il semblerait que je n’ai pas d’endroit où dormir, ce soir. J'ai de quoi payé. »

    Il leva en l'air son petit sac comme preuve. Ses yeux plissés paraissaient espiègles, mais ils étaient en réalité un peu peinés. Il avait bien un endroit où passer la nuit, il n’en avait tout simplement pas l’envie, il n’était pas tout à fait prêt. Il voulait rester ici, auprès d’ellui, à dormir, se câliner, s’embrasser ou se balader, peu importait. Gabryel lea voulait à ses côtés, c’est tout. Ses bras se sont alors ouverts, comme pour l’accueillir et il sentait déjà les larmes le monter, alors qu’il n’avait encore rien dit.

    « Tu m’as manqué Raol. Si tu savais... »

    Il n’en dit pas plus, se contentant de lea regarder le plus tendrement qu’il le pouvait. De sa bouche, cela pouvait sonner ironique, et pourtant il n'en était rien.
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    Confessions Nocturnes
    avec Gabryel la BM



    Raol est rentré un peu plus tôt ce soir. Iel s’affaire dans la petite cuisine qui fait également office d’entrée et de salle à vivre de la petite maison pour préparer le diner en avance, pour une fois. L’hiver est toujours rude pour les grenouilles. Un feu brule dans la cheminée et chauffe la batisse. Et quoi de plus simple et de plus efficace pour se réchauffer qu’un bon bouillon de nouilles fait avec les restes de la semaine. Il leur reste encore quelques sacs de riz, des pots de légumes marinés et des restes de potirons et de chou que la grenouille compte servir avec quelques épices pour l’accompagnement. Un repas très sobre et classique d’hiver, donc.

    La maisonnée est devenue plus calme, ces derniers mois. Enfin, elle n’a jamais été spécialement animée, au vu de ses occupants. La quiétude leur semble pourtant plus chaleureuse, moins vide que jadis. Ziyal et Raol se sont un peu rapprochés, rien que par le fait de prévoir de manger ensemble à tous les repas, sauf en cas d’imprévus. Ziyal, qui se couche tôt le soir, s’occupe du déjeuner tandis que Raol fait les diners. Cette petite routine a grandement amélioré leur vie quotidienne et leur à petit à petit, permis de se parler un peu plus. L’un comme l’autre ne restent pas très loquaces, mais la gêne et la tension désagréable d’il y a un an n’est désormais qu’un souvenir désagréable. Le plus appréciable, c’est que tout ça s’est fait assez naturellement. Aucune des deux grenouilles n’a vraiment eu à se forcer, si ce n’est pour faire des concessions sur leurs plannings respectifs. La communication avec son parent semblait peine perdue à Raol (et elle n’est toujours pas évidente), mais cela aussi a changé.

    Bref, malgré les difficultés habituelles de la grenouille qui a tendance à s’isoler et à se mettre tout le monde à dos… les choses vont mieux. Elles avances un peu. Ziyal sourit un peu plus. Et, mine de rien, Raol ne pensait pas qu’iel pourrait à nouveau voir ça. Iel ne pensait pas que cela lui ferait autant de bien de voir son parent un peu moins morose que d’habitude. Et puis, cette entente lui a permis de se distraire de son inquiètude envahissante au sujet du Général Caldissien.

    L’animorphe avait été prévenu du départ de Gabryel pour Caldissia en avance. Mais quand la lettre annonçant se départ lui parvint, l’Eossien fut immédiatement envahi d’un mauvais pressentiment. D’une inquiétude difficile à oublier de jour comme de nuit au sujet de son amant parti à l’autre bout du continent. Les jours sont passés lentement, les semaines ont parfois vu uns lettre arriver du royaume de l’est, pour ne finalement pas dire grand-chose. Enfin, si. Gabryel a écrit à propos de son pays, des marchés de Caldis, des artistes de rue, des peintres, des joalliers, évidemment, qui lui faisaient penser à la grenouille. Raol se rappelle d’une lettre particulière où son ami avait l’air un peu perdu. Perdu vis-à-vis de sa vocation, de ses origines et de sa famille, comme d’habitude. Même si ces nouvelles et le simple fait que Gabryel pensse à ellui depuis son pays, avaient réchauffé le cœur de lea Zeteki… quelque chose n’allait pas. Mais Raol ne saurait pas qualifier quoi en particulier. Iel pourrait demander au caldissien à son retour.

    Enfin, s’il revient. Il… il va revenir hein ?

    Au milieu de sa cuisine, iel laisse échapper un court soupir et surveille son bouillon d’une expression mélancolique. Gabryel n’est pas du genre à rompre une promesse, mais, les sentiments de la grenouille à l’égard du général la plongent souvent dans des angoisses peu fondées. Iel craint simplement que l’autre ne veuille plus revenir. Choisisse de rester cher lui, loin de toutes les complications propres à la cité d’Eos et aussi à… eh bien, Raol. Leur relation n’est pas exactement… légitime (ou même légale) aux yeux de la majorité. Il y a fort à parier qu’iels auraient de sérieux ennuis en révélant leur liaison au grand jour. Des fois, l’animorphe se dit que Gabryel aurait pu trouver des dizaines d’autres personnes plus moins pénibles de ce point de vue-là. Enfin. N’ayant pas eu de nouvelles de son amant depuis des jours, Raol se fait du mourron et s’imagine le pire, évidemment. En dehors de ses inquiétudes, iel se languit de la présence physique de la nymphe. Leur intimité, évidemment, lui manque, mais surtout, leur proximité. La complicité qu’iels développent depuis des mois qui donne, à chaque fois, de moins en mois envie à Raol de partir.

    L’heure avance doucement. Le pas discret de Ziyal descend l’escalier de pierre étroit qui conduit à sa petite chambre. La grenouille dorée s’attend à voir son parent descendre en disant « oh, ça sent bon ! », comme presque touts les soirs mais… voila que Ziyal est tout ratatiné et longe les murs. Iel s’adresse en chuchotant à son enfant, comme s’il ne fallait surtout pas qu’on les entende.

    « R-Raol… je crois que quelqu’un nous espionne… »

    Alors là.

    Iel s’attendait à tout sauf à ça, le Ralou. En clignant des yeux d’un air confus, iel fixe Ziyal qui se tortille d’un air soucieux.

    « Euuuuh… Comment ça… ? »

    Ziyal invite lea plus jeune à s’abaisser à la hauteur de son visage pour chuchotter à son oreille :

    « Je crois… que quelqu’un tape contre le volet de ma fenêtre… »
    « Hein ? Mais non… c’est surement le vent. Tu es sûr de les avoir bien fermés ? »


    La grenouille la plus âgée semble un peu agacée que son enfant ne lea croie pas. Ziyal affiche une moue preoccupée et tire sur la manche du kimono épais de lea plus jeune en lui faisant signe de monter avec lui dans sa chambre.

    « Roh, mais viens voir … ! »

    Raol s’exécute sans histoires et sans retirer son tablier. Et… effectivement, arrivé en haut, iel peut entendre des petits coups irréguliers contre les volets. Ziyal se cache dans son dos.

    « T-tu vois ?! »

    Ziyal est craintif.ve. Vraiment très craintif.ve. Son enfant ne bronche pas, de son côté, et hausse les épaules, non sans s’efforcer d’être rassurant, en sachant que son parent n’aimerait certainement pas ses blagues de mauvais gouts à base de « oh oui bon c’est les hommes de mains de mon créancier qui viennent me zigouiller, ça ».

    « Ce doit juste être les gamins du quartiers… »

    Iel entreprend d’ouvrir la fenêtre et les volets, prêt.e à envoyer péter les enfants sans trop de ménagement. Raol fait claquer les volets en les ouvrant et s’adresse aux « fauteurs de troubles au dehors ».

    « Eh !! Allez jouer ailleurs bande de petits troudu-- »

    Son regard descend vers le sol puis ses yeux s’écarquillent. Sa bouche est grande ouverte, aussi, ce qui lui donne l’air complètement débile. Gabryel attend là, avec un sac visiblement rempli de choses et s’adresse à lui comme si ne rien était. Ziyal, quand à ellui, est parti se cacher à l’autre bout de sa chambre.

    « Ralou ? Qui est-ce ?! »
    « E-Euuuuuuh… »

    Oui, iel n’a rien trouvé de plus malin à dire.

    N’allons pas nous méprendre : je suis super content de le voir. Mais… Mais comment il sait où j’habite ?! Et aussi, la discrétion, bordel ?! On avait dit « DISCRETS ». D. I. S. C. R. E. T. S.

    Iel n’arrive pas du tout à en vouloir à Gabryel et ne va même pas faire semblant. Sans perdre un instant, Raol referme les volets et la fenêtre et courre pour rejoindre le plancher des vaches, ouvre la porte d'entrée et accoure vers son amant. De plus près, le caldissien a l’air ravi, mais exténué.

    Il ferait mieux de se reposer plutôt que faire des trucs… ce genre de trucs, quoi !! Pas que j’aime pas, hein, c’est super romantique, j’adore, mais bon, vu l’endroit je peux même pas lui sauter au cou ou le galocher copieusement, c’est de la torture.

    « …On avait dit qu’on restait discrets… tu me tues, toi, tu sais. »

    Marmonne-t-iel a vois basse. Mais, l’autre lui tend les bras. Il s’en tape qu'on puisse les apercevoir. Après… la rue est déserte et Ziyal est caché dans sa chambre donc… Raol ne résiste pas et se jette contre la poitrine de Gabryel, inspire profondément et le serre très fort. Il lui a tant manqué. Son odeur lui a manqué. La douceur de sa chevelure, de sa peau, de son regard...

    « …Toi aussi. Tellement. »

    Il leur faut rapidement se détacher pour ne pas trop se faire remarquer. Raol renifle et essuie ses yeux humides à cause des émotions fortes provoquées par ces retrouvailles.

    Gabryel a demandé à entrer mais… bon… Ziyal n’est que très peu au courant de ce qui se passe en Yggdrasil et ne connait pas la tronche des membres de la noblesse. Iel ne reconnaitra pas Gabryel. Mais bon, iel se doutera sans doute que le Général Ouin-Ouin n’est pas eossien.

    « Euh… Mon parent… Ziyal est là. Iel a cru que tu étais un mec chelou qui frappait à sa fenêtre pour faire des trucs zarbes. »

    Iel sourit en coin, sans pouvoir s’empêcher de dévorer le visage du plus grand du regard, avec une adoration absolument pas camouflée.

    « Je ne pense pas qu’iel sache qui t’es et je vais lui expliquer qu’on se connait et tout pour voir s’il veut bien que tu rentres… je peux te demander d’être discret… ? »

    En liant le geste à la parole, Raol, encore tout  sourire, fait signe à Gabryel de ne pas bouger et retourne à l’intérieur de la maison, les joues encore rosies, et remonte à l’étage pour rassurer Ziyal et lui expliquer « tout va bien, que c’est quelqu’un que je connais, il revient tout juste d’un long voyage et il va reste manger, désolé pour l’imprévu, blablabla, est-ce que ça te dérange ». Non sans méfiance, le plus âgé finit par hocher la tête, en annonçant qu’il restera dans sa chambre jusqu’au diner.

    Bon… J’arrive pas à croire que je m’apprête à faire ça comme si ne rien était…

    Mais ce n’est pas comme s’iel pouvait laisser le caldissien trainer des heures devant chez elleux. En s’assurant que la rue est toujours déserte, Raol ouvre à nouveau la porte et fait signe à son ami de se presser pour entrer. Une fois que Gabryel est entré, Raol s’assure qu’iels sont bien seuls en bas et qu’iel n’entend aucun bruit à l’étage pour pousser doucement son amant contre le mur et l’enlacer à nouveau, sans un bruit. Sa voix, a peine audible, se fait entendre afin de lui demander s’iel peur l’embrasser. Une fois que l’autre a consenti, lea Zeteki se hausse sur la pointe des pieds et attire le visage du caldissien contre le sien, embrasse son front, ses lèvres, ses joues, puis à nouveau ses lèvres, plus longuement, plus passionné. Mais pas trop longtemps quand même. Iel ne doit pas oublier où iels se trouvent. En restant encore un peu contre le plus grand, Raol sourit et échappe quelques croassements ravis, que seuls Gabryel pourra entendre. Enfin, iel se sépare et retourne dans sa cuisine. Il lui est difficile de faire comme si ne rien était pour conserver un semblant d'illusion sous le toit familial.

    « Hm, alors, euh, je préparais du bouillon de nouille et euh… bah, installes toi… tu veux… tu veux boire de l’eau… ? Je n’ai pas grand-chose d’autre à t’offrir pour le moment. »

    En remplissant un verre avec la cruche posée sur la petite table de la cuisine, la grenouille se rend compte que le général doit se sentir bien à l’étroit. La maisonnée est à peu près aussi grande que les placards de la demeure du Venomania.

    « Et… euh… alors, ton voyage ? »

    Cela fait vraiment longtemps que Raol n’a pas invité quelqu’un chez ellui. Peu de gens passent chez les Zeteki, en réalité. Iels sont un peu isolés de la communauté depuis des mois, des années, même. Et la Chute n’a pas arrangé les choses. Mais… peut-être que les choses peuvent s’arranger, finalement.  

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    All for Us avec Gabrol
    Être de retour ici lui laissait un goût amer en bouche. Une sorte d’acidité qui le faisait frissonner. Il savait pourtant que peu importaient les mois qu’il aurait passé à se préparer à son retour, il aurait tout de même eu cette désagréable sensation dans le creux de sa poitrine. Son cœur était pris dans un étau, qui se resserrait petit à petit, l’asphyxiant. Mais il y existait toujours un antidote, une façon de survivre, une porte de sortie. Une bouteille d’oxygène. Gabryel l’avait sous les yeux, cellui qui désamorcerait la bombe qui pesait sur son organe vital. Raol n’avait pas changé, le contraire aurait été surprenant, en si peu de temps. Mais le militaire avait la sensation qu’il était parti il y a des années, tant les choses s’étaient enchaînées. Les yeux de la grenouille le fixait avec surprise. Iel ne semblait pas véritablement certain.e de ce qu’iel apercevait. Quand l’éossien.ne se logea dans ses bras, le caldissien respira à nouveau. Il poussa un long soupir, logeant sa main dans la chevelure de saon partenaire. Il s’imprégna d’ellui, de son odeur, de son contact. Lui qui avait peur d’être rejeté à son retour voyait ses angoisses disparaître, collé contre lea plus petit.e. Gaby souriait doucement en murmurant un « Tu avais dit ça, moi, je n’ai jamais rien dis de tel. ». La confession du batracien réchauffa tout son être, à commencer par son âme qui se reposa un peu sur ces quelques mots.

    Et même s’iels étaient obligé.e.s de se détacher, le Général avait tout de même la nette impression qu’iels étaient encore l’un contre l’autre. Comme si une sorte de fil les reliait, leur donnant l’occasion d’être toujours profondément ancré.e.s l’un à l’autre. Gabryel était ému par l’humidité qu’il avait décerné dans les yeux de l’amphibien.ne, affichant une moue attendrie. Il douta un instant, se demandant si cela n’était finalement pas trop tôt pour qu’il vienne chez ellui de la sorte, surtout si son parent était présent. Il ria doucement de l’imagination débordante des Zeteki, s’imaginant les deux à la fenêtre en train de préparer un plan d’attaque. Il ne remarquait pas à quel point pupilles jaunes de saon interlocuteur.rice brillaient pour lui, il était trop préoccupé à détailler son visage, sa tenue. Il hocha la tête de façon positive à la demande de l’éossien.ne et resta un instant au pas de la porte, attendant sagement son retour. Il laissa son dos se reposer contre le mur, tentant de calmer les battements de son cœur. Au moins, il avait un peu de répit, mais il savait que ça ne durerait pas. Il voulait profiter de ces retrouvailles du mieux qu’il le pouvait, jusqu’à la dernière goutte, avant de parler de... son voyage.

    Raol revint quelques temps après, le pressant pour rentrer. Le militaire s’apprêta à ouvrir la bouche, sûrement pour prononcer un remerciement un peu trop théâtral, mais il n’en eut pas le temps. Il sentit la pression du corps de lea Zeteki contre lui, tandis que son dos cogna le mur il afficha un large sourire espiègle, entrouvrant les lèvres, avide d’ellui. Il ne laissa pas la grenouille sans languir plus longtemps, et accéda à sa requête, dans un oui murmuré à son oreille. Les doigts de saon amant.e se refugièrent sur son visage, sa bouche trouvant sa chair, avec un alliage de passion et de tendresse qui donnait un peu le tournis au revenant. Il fut ravi des croassements de l’animorphe, résonnant comme une mélodie à ses oreilles. Une mélodie qui lui chuchotait qu’il avait réussi, qu’il pouvait rendre heureux.se Raol. Gabryel finit par suivre saon ami.e, bien qu’un peu déboussolé, et détailla un peu la maison de l’éossien.ne. Il comprenait soudainement mieux le gouffre qui les séparait. Deux mondes tellement différents. Pourtant, cet endroit lui semblait bien plus chaleureux, bien plus riche, que sa demeure dans la ville-haute. Il s’installa à la petite table étroite de la cuisine, fixant avec une sorte d’émerveillement Raol. Tout cela lui plaisait tellement.

    Iel lui servit un verre, ce qui raisonna en lui étrangement. Iel l’accueillait chez ellui, le traitant comme un invité. Depuis quand n’avait-il pas vécu ça ? La maisonnette était agréable, il y avait cette fameuse sensation “d’habité”. Cette demeure avait vécu, elle retenait des souvenirs, elle avait vu grandir la famille. A Caldis, lorsqu’il était revenu, les choses étaient fades. Sa mère n’était pas friande de décorations. Le salon était terne, maussade. C’était comme si personne n’y avait jamais vécu, en réalité. Il se rappela s’être senti comme un étranger, là-bas. Il balaya ces pensées.

    « Ça sent tellement bon. Ça fait une éternité que je n’ai pas mangé ! »

    Parfois, il étirait son cou pour tenter d’apercevoir l’intérieur de la marmite, humant l’air un peu exagérément. S’il avait réussi à se défaire de ses souvenirs de Caldissia, Raol les ramena brutalement. Il y a eu un silence, pendant un bref instant durant lequel les yeux du caldissien s’étaient voilés. Il engloutit son verre d’eau, sentant sa bouche s’asséchée, et finit par arborer un sourire de façade.

    « Tu connais le Périple ? En bref, c’est une épreuve pour les Caldissiens qui consiste à faire le chemin aller-retour, de Caldissia jusqu’au Lac d’Yggdrasil, il faut remplir une gourde d’eau et faire le chemin du retour sans en boire une goutte, malgré la chaleur du désert. » Il ne cessait de tripoter son verre posé sur la table. « Après avoir fait ça, tous les autres voyages paraissent ridicules à côté. »

    Mais celui-ci n’avait pas eu la même saveur. Il avait été particulièrement pénible. Non pas à cause des conditions météorologiques, mais simplement dû au contexte. Ce n’était pas agréable, loin de là. Bien sûr il y avait eu des complications, une petite tempête de sable notamment, mais il en avait déjà vécu plus d’une, ils étaient préparés. Gabryel s’étira sur sa chaise, sans donner plus d’informations à la grenouille, et reprit la parole :

    « J’aime bien l’ambiance ici. C’est vivant. Chaque espace est occupé, rien n’est vide... » Il se leva, incapable de tenir en place, et se posta derrière Raol, ses mains sur ses hanches, le visage penché vers le plat. « Tu me traites comme un Roi, maintenant ? Tu sais, c'était une blague, de base... »

    Il l’embrassa sur la joue et s’éloigna à nouveau, détaillant les meubles, les décorations, les ustensiles. Dans le même temps, il s’adressa à son tour l’amphibien.ne, comme pour détourner son attention autre part que sur son voyage.

    « J’ai apporté quelques petites choses, pour toi et Ziyal. Jette y un coup d’oeil quand tu en auras envie. » Il sourit, faisant un signe du menton vers son sac posé sur sa chaise. « Ça a été pour toi, au travail ? Désolée de ne pas avoir envoyé de lettres, ces derniers jours, mais je me disais que tu aurais peut-être des choses à me raconter. Non ? »

    Il releva la tête vers ellui, cessant son observation presque scientifique, posant ses yeux lavande sur ellui. Il s’approcha à nouveau, tentant de comprendre ce qu’iel faisait pour ce fameux bouillon. Gabryel n’avait jamais cuisiné. Il ne savait se servir des couteaux que pour se battre, ce qui était un peu ridicule quand on y pensait.

    « Montre-moi, j’aimerais t’aider. »

    Sa douceur était surprenante, loin d’être une habitude chez lui. Mais ce voyage avait épuisé toute sa colère, sa frustration et sa rancœur. Il voulait simplement se reposer, il en avait terriblement besoin. Alors, quitte à avoir l’air d’un enfant, tant pis.
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    Confessions Nocturnes
    avec Gabryel la BM



    Par quelques regards en biais jetés en direction de son amant, Raol vérifie que celui-ci est à l’aise, tout en restant concentré sur sa préparation. Iel se réjouit de chaque réaction du caldissien, chaque regard intrigué et chaque sourire qui s’affichent sur son visage en découvrant l’intérieur de la maisonnée. La grenouille a souvent appréhendé la première fois où Gabryel viendrait enfin lea visiter dans son chez ellui. Iel avait peur que cela soit trop intime, ou juste pas assez pour le général. En voyant la mine apaisée du plus grand, lea Zeteki ne peut que sourire, attendri. Bien qu’il ait l’air fatigué, le noble a les traits qui se détendent. Gabryel a l’air plus naturel, plus authentique. Le batracien se sent chanceux de pouvoir être l’un des seuls à voir son ami ainsi. A la lueur des flammes du foyer et des ombres familières de la salle à vivre, bien loin des fastes habituels de ses quartiers, le Venomania est beau. Quelle idée iel a eu, de demeurer discret, le Ralou. Iel pourrait s’en foutre et aller se blottir contre son amant, se poser sur ses genoux et simplement l’enlacer au coin du feu.

    Peut-être plus tard. Quand Ziyal sera couché.

    En attendant, iel se contente de sourire avec un émerveillement apaisé au général qui se délecte des odeurs de la cuisine.

    « Une éternité ? Un richou qui s’affame, on aura tout vu. »

    La grenouille ricane un peu mais comprend rapidement lorsque l’autre lui parle du Périple. Si ce n’était pas Gabryel, probablement qu’iel n’aurait pas cette réflexion bête que « c’est un peu too much cette coutume » (il faut dire que les eossiens ont aussi leur lot de pèlerinages et de mises à l’épreuves parfois mortelles).

    « Vraiment ? Ça a l’air difficile. Tsss… je vais bien te nourrir pour compenser, moi. Espèce d’inconscient. »

    Rien qu’à s’imaginer sa peau qui se dessèche à cause du soleil, du vent et du sable, la grenouille a l’impression que son épiderme gratte. Son sourire devient plus joueur lorsque l’autre reprend la parole et complimente la chaleur du foyer. Lorsque le plus âgé se rapproche pour l’enlacer, l’amphibien échappe un soupir et ne peut calmer les battements de son cœur. Iel ne peut même pas protester au sujet de la non-discrétion de l’autre. Si les commentaires du général lui vont droit au cœur, il a également raison sur le fait que Raol a bien envie de le gâter. Comme un Roi, oui, peut-être bien.

    Peut-être bien que je voudrais que tous les soirs du reste de notre vie se déroulent ais—EUUUHHFNDJSH. PARDON ?!


    Raol sent son ventre se réchauffer et ses joues s’empourprent légèrement. Les émotions des retrouvailles font toujours de l’effet. Et puis… Au vu du chaos et de l’incertitude qui caractérise parfois la vie en Yggdrasil (et du vécu familial de l’amphibien), quoi de plus normal que de se rattacher à des fantasmes mièvres de mariage idyllique.

    Gabryel change de sujet et attire l’attention de son ami sur les cadeaux qu’il a ramené aux Zeteki. Le visage déjà empourpré de Raol devient un peu plus rosé et la grenouille dorée ne sait plus où se mettre.

    « Mais… t’étais pas obligé. »

    Iel continue de marmonner dans sa barbe, sans parvenir à bouder dans un tel contexte. Toute façon, ça ne sert à rien. Gabryel aime trop lea gâter. Finalement, c’est rassurant que la nymphe soit fidèle à elle-même à ce sujet.

    « Merci. Je- Ziyal sera touché. »

    Cependant, Raol n'ose pas découvrir ce qu'on lui a apporté tout de suite. Maintenant que le général a parlé de ses aventures, c’est le tour de la grenouille qui se contente de hausser les épaules.

    « Tu sais, l’hiver, il fait trop froid pour que je sorte beaucoup. Je me contente d’aller travailler à la forge et le reste du temps, je reste à l’intérieur pour aider. On en a profité pour rapiécer les vêtements de printemps et d’été et réparer nos paniers, mais on a encore beaucoup de travail. A son âge, les mains de Ziyal tremblent un peu et iel ne va plus aussi vite qu’avant. »

    Iel montre un des kimono accrochés au mur, dont les broderies ont été refaites récemment. Avec les années, leurs ouvrages sont devenus plus fins et élégants, mais bien loin de ce que pourrait faire un professionnel, cela dit. Raol ne sait pas trop à quoi Gabryel pourrait aider, en revanche. Tout est déjà presque prêt, il faut simplement attendre encore un peu que le bouillon soit suffisamment mijoté.

    « Baaah… c’est gentil, mais tout est déjà presque prêt. Tu veux gouter ? »

    L’eossien.ne met un peu de bouillon dans sa louche de bois, souffle dessus puis la tend à son ami pour qu’il s’y essaye. Pendant ce temps, iel observe les étagères, à la recherche de quelque mission à donner à son comparse. Gabryel a l’air d’y tenir donc... La grenouille indique donc les conteneurs posés un peu plus haut au plus grand.

    « Tu peux prendre le pot de légumes marinés à l’huile là-bas et les champignons en bas, là. Prends un couteau et coupes les dans la longueur. C’est meilleur si c’est fin. »

    Iel pose une planche et un couteau sur la table et se reconcentre sur sa préparation. Pendant quelques instants, la grenouille observe son amant s’affairer et se demande s’il ne va pas rechigner à se salir les mains avec les légumes pleins d’huile et d’épices. Iel tend l’oreille et se retourne vers l’escalier, dont iel a le temps de voir la tête de son parent dépasser légèrement.

    « Hem… Baba, je te vois… »

    Fait Raol, pas vraiment surpris que son parent, un peu trop curieux, espionne ce qui se passe au rez-de-chaussée. Immédiatement, l’intéressé disparait et son pas se presse jusqu’en haut de l’escalier. Iel ne fait plus un bruit et lea plus jeune se contente de souffler du nez, un peu amusé. Ziyal devra bien venir manger un jour, de toute façon.

    « Je pense qu’on va pouvoir manger. »

    Comme le bouillon lui semble bien, Raol quitte son poste devant le feu et prend des bols et des planches sur les étagères. Lea Zeteki installe les couverts sur la table avec les légumes, les champignons, quelques épices et le riz déjà prêt et chaud dans un panier en bambou. Les nouilles sont également prêtes. Raol commence par préparer le bol de Ziyal comme iel en a l’habitude, du bouillon, des feuilles de chou, des champignons, des nouilles et un œuf dur mariné.

    « Ziyal ! C’est l’heure ! »

    Son parent bouge à l’étage et descend les marches, arrive au rez-de-chaussée en trainant les pieds puis s’installe à sa place habituelle. Iel remercie son enfant pour son bol et ses yeux tombants, de la même couleur que ceux de Raol, fixent un peu Gabryel, avant de le saluer timidement. Pendant, ce temps, l’amphibien verse du bouillon dans les bols restants et indique à son ami ce qu’il peut y mettre avant de lui servir ses nouilles. Ziyal observe l’invité avec réserve, tout en mangeant en silence. Si la ressemblance entre les deux Zeteki peut s’observer dans leurs yeux, leurs traits arrondis et leur chevelure brune (grisonnante pour Ziyal) souple, ce qui les différencie est bien leur couleur de peau, qui tire sur le kaki pour lea plus âgée. Cellui-ci finit d’ailleurs pas prendre la parole en s’adressant au caldissien.

    « Hm… alors, vous êtes un voyageur ? Vous venez de l’Est, c’est bien ça ? »

    Lea presque soixaintenaire plisse les yeux et détaille le général tout en buvant quelques gorgées de son bouillon.

    « Vous êtes très bien habillé… notre humble foyer n’est peut-être pas assez bien pour… hm… »

    Son regard, plein d’embarras, croise celui de Raol, qui ne sait pas trop quoi ajouter à cela. Iel se contente d’envoyer un sourire en coin rassurant à son parent.

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    All for Us avec Gabrol
    Parfois, Gabryel repensait à leurs échanges houleux d’il y a plusieurs mois, lorsqu’iels se détestaient. Il se disait que peut-être les choses étaient plus simples auparavant. Que s’insulter, c’était bien plus facile que de s’aimer. Néanmoins, il était dorénavant certain qu’il n’échangerait cela pour rien au monde. Il tenait à cette relation, avec une sincérité qui le déroutait lui-même, mais qu’il apprenait à apprécier. Il avait toujours cette sensation qu’il ne méritait rien de tout cela, qu’il ne devrait pas sourire de la sorte et qu’à vrai dire il ne devrait même pas être à Yggdrasil. Le soir où son père avait laissé échapper son dernier souffle, l’idée de tout abandonner lui avait traversé l’esprit. Il s’était dit qu’il valait mieux être le pyromane de sa propre vie, comme s’il voulait être celui qui le décider. Il avait songé à ne plus jamais recontacter Raol ou quiconque ici. Il s’était imaginé démissionner, laisser la suite à quelqu’un de sans aucun doute plus fort que lui. La nymphe aurait voulu baisser les bras, poser les armes et simplement disparaître de cette ville. Vivre une vie qui n’était pas la sienne à Caldis lui a parût, pendant un bref instant, étant la solution la plus avantageuse, pour tout le monde. Après tout, à quoi avait-il servi ici ? Il n’avait aucune prise sur son destin. Sa vie était un mur lisse et froid, qui lui était impossible de gravir, alors il s’était dit que le détruire serait une façon plus aisée de mettre fin à ses souffrances.

    Mais qui était-il, pour se plaindre de la sorte ? En regardant autour de lui, il prenait conscience des horreurs qu’ils avaient fait subir à ce peuple. De l’affreuse humiliation qu’ils leurs infligeaient toujours. Personne ne se remettait en question, les Elysians se croyaient maîtres du monde. La toute petite maison de Raol, ces rues mal entretenues, cette peur constante qui rongeait leurs estomacs, ces regards qu’on lui lançait dans la rue, à se demander si le militaire allait encore enfoncer le couteau dans leur plaie... Tout cela lui faisait un mal de chien. Il aurait aimé communiquer sur tout cela, rappeler à la grenouille qu’iel avait tous les droits de l’envoyer balader, de l’insulter, de le détester. Que des babioles et des beaux mots ne répareraient jamais ses erreurs. Que si des gens sont morts, lors du Réveil, c’était sa faute à lui. Ses ordres. Mais en lea regardant, il ne pouvait pas prononcer le moindre mot, les sons restant coincés dans sa bouche. Il agissait alors avec la même hypocrisie, ne révélant rien de ses pensées, affichant ce même rictus angélique. Cependant, la teinte de ses yeux, elle, ne mentait pas.

    Alors Gabryel ricana aux paroles de l’animorphe, accueillant sa gentillesse à bras ouverts. Il savourait ce moment, du mieux qu’il le pouvait, car il redoutait tant de devoir tout lui expliquer. Il lui devait la vérité. L’entière vérité. Il avait beau formuler les phrases dans sa tête, tout était trop emmêlé, tout sonnait trop faux. Comme s’il écrivait un scénario. En attendant, il profita du cramoisie des joues de l’amphibien.ne, de sa respiration qui s’accélérait au moindre contact et de ses sourires qui lui était destinés. Et rien ne pouvait, à cet instant, le rendre plus heureux. Il adorait lea voir marmonner dans sa barbe, ses petites phrases ficelées de sorte à ne pas trop en révéler. L’hybride voulait lui faire ressentir toute l’immensité de ses sentiments. Il rigola doucement et s’exclama de façon théâtrale :

    « Tu ne m’as pas obligé ? Par Omnis, tu ne sais pas ce que ton toi de mes rêves faisait ! Tu mettais un couteau sous ma gorge, me forçant à t’acheter plein de cadeaux ! J’ai pris peur, que veux tu. » L’idiot haussa les épaules et lui sourit. « Tant mieux. »

    La nymphe pourrait l’écouter parler des heures sans que cela ne le dérange. Iel n’avait pas besoin de lui conter les plus fabuleuses des histoires, de simples banalités suffisaient à l’émerveiller. C’était comme si Raol était un arc-en-ciel. Survenu après l’orage, apaisant les nuages, éclairant les terres. Il lea trouvait sublime, aujourd’hui. Et tandis que son regard s’éternisait sur ellui, il finit par s’y détacher, observant les vêtements qu’iel lui désignait. Ce n’était en rien une tenue avec laquelle il était familière, mais elle ne lui déplaisait pas pour autant, il n’en avait simplement jamais porté. Aurait-iel des choses à sa taille ? Ce serait peut-être long et un peu culotté de lui en demander spécialement pour lui... Alors, il garda le silence. Il aurait voulu proposer son aide, mais que pouvait donc bien faire un noble auquel l’on n’avait jamais appris ces genres de choses ? Il n’était même pas sûr d’avoir le temps, avec son travail et toute la paperasse qui l’attendait chez lui et dans ses bureaux.  

    « Je suis content que tout se soit bien passé pour vous, en mon absence. »

    Pour vous, Ziyal, ellui et tous les autres éossien.nes. Il se serait senti bien bête si quelque chose de grave s’était produit, sans qu’il ne puisse rien y faire depuis Caldissia. Rien que d’y penser, il sentait son cœur se serrait. Il aurait été encore bien inutile. Ses pensées se troublaient de plus en plus, tandis qu’il commençait à se sentir soudain très à l’étroit. L’angoisse grimpait en lui, doucement. Mais d’un revers de main, iel balaya ces mauvais sentiments. Ses yeux jaunes posés sur lui comme s’il était la plus belle chose qu’ils pouvaient apercevoir, cette tendresse presque parentale. Gabryel hocha la tête, fermant les yeux pour goûter au bouillon. Il lui sembla que tout son corps se réchauffa et que tous ses soucis pouvaient bien attendre encore un peu.

    « C’est vraiment bon. Je ne pensais pas que tu savais aussi bien cuisiner. »

    Contrairement à lui. L’hybride se mit en place, attrapant les fameux pots. Lorsqu’il saisit le manche du couteau, il ironisa en se disant qu’il s’en était plus servit pour faire du mal que pour couper des aliments. C’en était ridicule. Il souffla et commença son léger travail, appréciant se rendre un petit peu utile. Un large rictus s’afficha lorsqu’il entendit son parent remonter vivement les escaliers. C’était mignon. Il eut fini assez rapidement, étant tout de même habitué à manier un couteau –certes, pas pour les bonnes choses-. Il s’essuya les mains brièvement et s’installa à la suite de Raol sur l’une des chaises en bois. Tout cela lui était tellement étranger. Les derniers repas qu’il avait eu en famille... Étaient catastrophiques. Le caldissien n’attarda pas trop son regard sur Ziyal, pour ne pas lea mettre mal à l’aise, mais il ne put s’empêcher de remarquer la ressemblance entre les deux. C’était presque déroutant. Est-ce que, lui aussi, il ressemblait autant à son père ? Gabryel sourit avec gentillesse, se montrant le plus rassurant qu’il le pouvait et acquiesça aux paroles du plus âgé.e :

    « C’est ça. L’Est n’a cependant pas autant de charme qu’Yggdrasil, à vrai dire. Tout finit par nous y ramener. » Dit-il en lançant un bref regard à saon amant.e. « Une demeure, aussi immense soit-elle, paraîtra toujours bien vide et fade face à une maison aussi chaleureuse, surtout si celle-ci ouvre ses portes aux invités et les nourris, comme votre foyer. »

    Le double sens de ses phrases étaient destinés à la grenouille qui s’était déjà faite la remarque qu’il devait se sentir bien seul, dans une si grande demeure. Sans oublier que, lui, n’ouvrait pas ses portes si facilement. Charmeur, le général dégusta la nourriture en affichant une mine d’ange. Il avait l’impression de ne pas avoir mangé depuis des siècles ! Cela lui faisait un bien immense !

    « J’espère que vous appréciez l’Est car j’ai, en guise de remerciement pour votre hospitalité, quelques affaires provenant de là-bas pour vous et Raol. J’espère qu’elles vous donneront une bonne opinion de cet endroit. Certaines choses vous iront parfaitement au teint, j’en suis sûr. »


    Il sirota un verre d’eau, assoiffé, et reporta son attention sur saon partenaire qui devait se régaler de le voir en faire des tonnes. Enfin, pour Gabryel, c’était assez naturel en réalité. On lui avait enseigné la politesse, la diplomatie, les façons de plaire... Il prit une autre bouchée, tentant de dévier un peu de sa propre vie, histoire d’éviter les situations cocasses où il serait contraint de mentir :

    « J’espère apporter le soleil avec moi, en tout cas ! L’hiver ne doit pas être agréable pour vous. Je suis une nymphe d’eau, et j’avoue largement préférer avoir l’occasion de me baigner sans risquer d’hypothermie. » Il ricana doucement, nostalgique de ses baignades dans les lacs alentours. « Si jamais vous avez besoin de quoique ce soit, n’hésitez pas à en parler à Raol, d’accord ? Iel est un.e bon.ne ami.e, si je peux aider au mieux son parent je le ferai avec plaisir. »

    Un.e ami.e, oui... Bien sûr... Néanmoins, il le pensait réellement. Que ce soit des plantes, des tissus particuliers, de l’aide pour une réparation quelconque, il se promettait d’être là pour elleux. Il avait l’impression de faire tout cela parce qu’il n’en avait pas eu l’occasion, avec les siens, et qu’il souhaitait se rattraper auprès de personnes qui pourraient l’apprécier réellement. Il picora à nouveau dans son repas, se délectant de saveurs qui lui donnaient une sensation de nostalgie, sans pour autant savoir d’où ces souvenirs pouvaient bien lui provenir. Il jeta un regard à Raol, lui offrant un léger sourire, et se concentra à nouveau sur Ziyal, prêt à l’écouter.
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    Voir Gabryel faire l’idiot et le beau, c’est toujours un spectacle des plus amusants et agréables. Raol n’a jamais vraiment réussi à se convaincre qu’iel s’habituerait pas au tempérament du caldissien qui se donne des airs de légèreté, qui semble n’accorder d’importance qu’à des choses futiles. « Comme un gros riche », pourrait dire l’amphibien. Mais, iel sait très bien, qu’en réalité, son compagnon est bien loin d’être réellement si superficiel. Et puis, lea Zeteki a appris a également apprécier la « futilité » (et encore, qui est-iel pour juger de ce qui est futile ou non) de certaines habitudes du grand dadais aux cheveux nacrés. Le fait de se laisser aller, de laisser sa vigilance et sa colère de côté, sont encore difficiles pour la grenouilles, après tout ce qui a pu se passer dans sa vie, surtout familiale. D’ailleurs, pendant longtemps, iel pesait que sa vie ne pourrait jamais tourner autour d’autre chose que ses propres parents. Surveiller les excès, se protéger de la colère imprévisible de l’un. S’occuper de l’autre et s’assurer de sa sécurité… Raol n’a pas envisagé de la place pour le reste pendant bien longtemps. Au point où iel avait même décidé de fermer son cœur à Junya à l’époque. Iel pensait que pour Gabryel, les évènements s’enchaineraient inexorablement de la même manière.  

    Mais… les choses avaient changé et maintenant, Ziyal et Raol arrivent à accueillir quelqu’un dans leur maisonnée. Non sans une certaine émotion, la grenouille dorée réalise que la présence de Gabryel dans leur demeure est le signe qu’un grand pas en avant a été fait. Ce n’est pas anodin. Et Ziyal le réalise peut-être aussi. Un mélange de vertige et de bonheur envahit Raol en voyant son amant et son parent parler ensemble sans trop de difficultés. En les voyant s’échanger des rictus réjouis, iel sent sa poitrine se serrer en diffusant une chaleur agréable dans son ventre. Sans rien faire d’autre que sourire en coin et manger en silence, l’amphibien regarde les deux autres causer. Son parent ne peut s’empêcher de sourire, sensible aux paroles bien formulées de Gabryel qui a l’air très content de lui, au vu des œillades qu’il échange régulièrement avec lea Zeteki doré. L’autre, à la peau kaki, glousse, flatté par les paroles du caldissien.

    « Ohohohoh ! Vous savez flatter les gens vous, hein ! Ralou, tu nous amènes un invité bien charmant… »

    Ziyal se penche vers son repas et continue de manger sans perdre son rictus amusé. Raol glousse et jette un regard complice, un peu narquois vers Gabryel, comme pour lui dire « je savais que tu allais faire ton numéro, mais, continue ».

    « Raol vous l’a peut-être déjà dit, mais nous avons une certaine histoire, avec l’est du continent… enfin, je ne vais pas me mettre à radoter et je… »

    Ses joues s’empourprent en voyant le sac pleins de cadeaux apporté par le général. Ziyal observe Raol, sans savoir ou se mettre en voyant les bijoux, les ouvrages, les etoffes et les plantes de caldissia qui garnissent le paquetage. Lea plus jeune ne sait pas quoi dire non plus mais observe de plus près un des livres, sans cacher sa curiosité.

    « C’est… c’est beaucoup trop… ! Nous ne pouvons pas accepter de tels cadeaux d’une personne comme vous… ! »

    Le plus vieux panique un peu et Raol pose une main rassurante sur son épaule.

    « Oui, euh, Baba, je comprends, mais, euh… c’est Gabryel, il est comme ça. T’inquiètes pas. »

    Ziyal arque un sourcil et pince les lèvres, sans savoir quoi répondre. Puis, iel se tourne vers le général en plissant les yeux.

    « Charmeur et généreux, hm… »

    Oh-oh…

    « Je connais les gens un peu trop charmants et un peu trop généreux… attention, hein… »

    Ses yeux dorés passent de Gabryel à Raol pendant quelques instants. Lea plus jeune se demande si c’est une manière d’avertir la nymphe de ne pas faire de bêtises si jamais il tourne autour de son enfant. Ou juste, de sa famille. Iel ne sait pas trop, mais après un bref silence, Ziyal se remet à sourire, non sans une certaine mélancolie, et observe de plus près les tissus de Caldis en marmonnant quelque chose au sujet d’Akiya, un truc comme « il n’aurait probablement jamais accepté que tout ça rentre chez lui… il aurait tout brulé… ». Raol s’éclaircit la gorge et reporte son attention sur le repas et sur son ami.

    « Merci, vraiment. J’ai... j’ai hâte de lire ça. »

    Iel sourit plus largement, avec une reconnaissance sincère. Akiya aurait piqué une crise dans un tel contexte… et probable qu’un an plus tôt… Raol aurait hurlé aussi et mis toute cette marchandise dehors en insultant tous les étrangers élysians et leur culture. Mais il est temps de penser et parler d’autre chose. Comme de la pluie et du beau temps.

    « Vivement que l’hiver se finisse. Saison de merde. »
    « Ralou ! Nous avons un invité ! »


    Lea plus jeune roule des yeux en attrapant distraitement une petite bourse qui l’interpelle dans la besace de son ami.

    « Oui, bon, j’ai plus 8 ans, Baba… »

    En la manipulant, iel comprend rapidement, au son qu’elle fait, que la poche contient certainement quelques gemmes. Raol sourit à nouveau au général qui a -évidemment- pensé à son interêt spécifique. Cependant, iel s’attendait à trouver des quartz bruts, pas à des pierres précieuses si rares et d’une telle qualité. Lea doré.e porte une main à ses lèvres, non sans jurer de surprise :

    « Oh putain le fluide d’Eos me troue le c-- »
    « Ralou, ton langage !! »


    Outré, Ziyal fronce les sourcils adresse un regard d’excuse à Gabryel.

    « Ces gemmes sont d’une qualité—je… t’es fou. »

    Par le simple regard qu’iel lui adresse, Gabryel comprendra, pourrait presque entendre Raol lui dire « si je pouvais je te roulerais un énorme patin, là, tout de suite ». Ziyal observe les pierres avec un « ooooooh » admiratif.

    « Tu vas pouvoir faire de jolis bijoux avec ça, ma rainette râleuse ! »

    Puis iel se tourne à nouveau vers le caldissien. Raol est lea premier.e à être surpris de voir son parent aussi bavard. Peut-être bien qu’iel se rattrape pour toutes ces années passées seul dans son coin. A vrai dire, iel a rarement vu lea cinquantenaire ainsi, ne savait qu’à peine qu’iel était capable de faire preuve d’autant d’enthousiaste… la grenouille dorée à l’impression de seulement commencer à découvrir qui est réellement Ziyal, ce soir et depuis quelques semaines. Ce dernier montre son petit collier à la nymphe. C’est un vieux bijou, un simple tour de cou avec un joli coquillage rose et orange en spirale, en guise de pendentif.

    « C’est le tout premier bijou que Ralou a fait ! C’est mon porte bonheur. »

    Raol se met à rougir légèrement, non sans un sourire flatté. Iel a envie de prononcer un « roh c’est la honte » à l’autre, mais s’abstient, car c’est quand même mignon comme tout.

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    Gabryel eut un long sourire face aux gloussements de lea kaki. Tandis qu’il écoutait attentivement Ziyal, il eut aussitôt un déferlement de souvenirs trop récents pour être digérés. Il se pinça l’intérieur des joues, discrètement. Il croisa le regard narquois de Raol et finit par se détendre. Il engloutit son plat, jusqu’à la dernière goutte de bouillon, raclant les bords, et leva le menton à la mention de son continent. Il aurait voulu en savoir plus, trouver un nouveau repère dans ces terres qui ne semblaient plus être les siennes. Il n’avait plus que de la colère qui résidait là-bas, de l’amertume, un sentiment d’inachevé, d’échec... Ses doigts s’enroulaient autour de ses mèches nacrées, restant attentif aux paroles de saon interlocuteur.rice malgré ses pensées envahissantes. Il les observa ouvrir le petit sac, découvrant tout ce qu’il avait bien pu réussir à caser. Et il se délecta de leurs visages, de cette curiosité miroitant dans les pupilles de la rainette dorée, de la panique attendrissante de lea plus âgé.e et des explications un peu maladroites de lea cadet.te. Le Venomania afficha un grand rictus, fier de ses trouvailles. Pour lui, ce n’était pas grand-chose, seulement quelques babioles sans véritable importance, mais il savait que pour elleux ça serait beaucoup plus. Et que l’intention derrière serait le cadeau, au final.

    La nymphe leva les deux mains en l’air en signe de paix face à la remarque méfiante de Ziyal, sans pouvoir s’empêcher de pouffer un peu. Iel avait raison de faire attention. Iel tenait à son enfant et ça se sentait. Sebastian aurait réagi comme ça, lui aussi ? Il en doutait fortement. Il aurait probablement envoyé tout cela au feu et aurait sermonné son fils quant aux personnes qu’il invitait... Par ailleurs, la petite remarque du parent Zeteki lui fit garder le silence, préférant faire semblant de ne pas avoir entendu. Akiya... Son parent décédé. Raol lui avait raconté qu’il avait mis fin à ses jours du haut du Grand Mur, sans que personne ne croit à un suicide. Ce qui avait frustré la grenouille, d’autant plus que tous prenaient la défense de lea défunt.e. Au fond, le caldissien ne pouvait pas s’empêcher de comparer cela à sa situation. A la capitale, tout le monde pensait aussi que son père était un héros, un grand noble, riche, prodigieux et bienveillant. Loin de la vérité. Il les prenait tous comme des sujets, des misérables, il se fichait bien du peuple, à vrai dire.

    L’hybride rendit son sourire à saon amant.e, tout en gardant un grain de peine au fond de ses yeux. Mais la joie et la reconnaissance de l’amphibien.ne le guérissait, en un sens. Il se sentait mieux, à ses côtés. A leurs côtés. Gabryel lança un regard à la bourse que tenait l’animorphe entre ses mains, levant les sourcils avec impatience. Il porta son verre à sa bouche et manqua bien de recracher son contenu face à l’insulte plus qu’originale de saon partenaire. Il avala difficilement, non sans tousser, et ria de bon cœur. Cette vulgarité, il ne se l’était jamais permise. Peut-être que ça lui ferait du bien, de tout sortir... Avec une telle violence ! Grâce à Raol, le noble s’était penché un peu sur les gemmes, apprenant à les connaître davantage. Alors, face à ce vendeur à Caldis, il se contenta de le laisser choisir les meilleures pierres, bien qu’il se soit un peu renseigné dessus il semblerait qu’il ait oublié la plupart des noms qu’il avait bien pu lui dire. Le Venomania gloussa un peu, fier de lui, et haussa les épaules comme si tout cela n’était pas grand-chose.

    Puis, il reporta son attention sur Ziyal qui lui présentait son collier, précieusement gardé à son cou comme un porte-bonheur. Un instant, le sourire du militaire s’évapora. Son père n’aurait jamais accepté ça. Rien n’aurait été suffisant pour lui. Son fils était une malédiction, pas un trèfle à quatre feuilles. Presque aussitôt, il sourit à nouveau, détaillant le pâle petit coquillage. Il leva des yeux espiègles vers Raol, et articula à saon parent :

    « Vous devez en être très fier.e ! J’ai aussi un bijou offert par quelqu’un qui m’est cher. Le prendre comme un porte-bonheur est une excellente idée. »

    Il releva doucement sa manche, laissant lea plus âgé.e apercevoir le bracelet que lui avait donné Raol, puis il continua.

    « J’espère bien qu’iel en profitera pour vous en refaire un ! Peut-être qu’il pourra se compléter avec celui que vous avez déjà, non ? » Questionna-t-il en levant le menton vers la grenouille. « Normalement, lea Raol d’aujourd’hui est un peu plus compétent.e que cellui qu’iel était enfant. Je crois... Mh ? »

    Il posa ses yeux violets sur lea concerné.e, lui souriant avec tendresse. Il aimerait tant en savoir plus sur ellui, pouvoir lea connaître véritablement. Il voudrait pouvoir être à ses côtés. Rire, discuter, cuisiner... Apprendre à parler avec Ziyal. Continuer à essayer de réduire le fossé qui les séparait. Le plus grand se pencha un peu, redécouvrant lui-même ce qu’il avait bien pu ramener. Constant que le repas semblait fini pour tout le monde, il se leva et se saisi des ustensiles pour les déposer à laver, laissant un peu de distance entre lui et les deux éossiens pour les laisser s’échanger quelques mots, puis il revint sur ses pas, reprenant la parole avec une pointe de nostalgie dans la voix :

    « Merci pour ce repas, ça faisait bien longtemps que je n’avais pas eu l’occasion d’autant en profiter ! »

    Sans crier, sans tenter de démêler des mensonges, sans violence...

    « La prochaine fois, si vous le voulez, je me chargerai de faire la cuisine pour vous. Je ne vous garantis rien d’exceptionnel, mais j’essayerai. »

    Il aurait bien aimé pouvoir les inviter, tous les deux. Mais la ville-haute regorgeait de rapaces. Et une si grande demeure risquerait de donner des doutes à Ziyal. Il s’assied à nouveau face à elleux et continua :

    « Vous avez un aliment préféré ? Raol raffole des pommes, et vous ? Si c’est les poires, je démissionne ! »

    Gabryel posa son menton dans la paume de sa main, scrutant le parent de saon amant.e avec attention et pouffant doucement. Il aimait profiter de cette légèreté. Mais il savait qu’il allait bientôt devoir dire toute la vérité. En était-il seulement capable ? Comment formuler ça ? Il tentait de canaliser tous ses songes. Il y réfléchirait au moment venu, tant pis.
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    Les paroles de Ziyal font monter le rouge aux joues de la grenouille dorée. Evidemment que son parent va profiter de l’occasion pour sortir ses meilleures anecdotes s’iel en a l’occasion et avec un sourire gaga. Maintenant que Raol y pense… iel n’a pas souvenir d’une telle scène prenant place entre les murs de la demeure familiale. La joie, c’est quelque chose de nouveau, ici. C’est une aubaine que Gabryel puisse en profiter. Il a eu un bon timing.

    Cependant, le changement soudain d’expression du caldissien n’échappe pas à l’amphibien. Alors que lea plus âgé.e lui raconte l’histoire de son collier, Gabryel a cessé de sourire et semble pensif. Il se remet assez vite et attire l’attention de lea Zeteki sur le bracelet de jade à son poignet, avec un commentaire qui le manque pas de réchauffer le ventre de lea doré.e.

    « Oh, mais c’est du jade ! Ralou, tu as vu ? Ton matériau favori ! »

    Ah, oui, sans blague…

    Son visage reposant dans la paume de sa main, l’interessé.e hoche la tête et rigole doucement. Un sourire complice adressé à Gabryel, iel hoche la tête en imaginant utiliser les pierres de caldis pour faire un cadeau à Ziyal.

    « Hm… c’est vrai. Ça fait longtemps, en plus. Il faudrait quelque chose pour aller avec tes kimono, baba. »

    Pour ce qui est de mes compétences… héhé. Je suis un peu rouillé, mais je n’ai jamais été mauvais. Même si, il est vrai que Melchior était tout de même plus minutieux que moi et mes mains moites. Je me demande ce qu’il devient, d’ailleurs.

    Quelques pensées pour son ancien collègue l’éloignent un moment de la conversation des deux autres. Lorsque toutes les écuelles et les plats sont vides, Gabryel les remercie et entreprend de ranger la table, ce qui incite la grenouille dorée à se lever à son tour, pour faire son travail d’hôte.

    « Hé, laisses moi ça. Restes assis. Je voulais faire du thé de toute façon. »

    En versant de l’eau chaude dans une infuseuse de céramique, Raol tend l’oreille. C’est un peu interpellant, d’entendre l’autre annoncer qu’il veut cuisiner pour elleux. En penchant la tête sur le côté, non sans une expression un peu amusée, iel s’interroge.

    « Hm… mais tu m’avais pas dit que tu savais pas cuisiner ? »

    Il a dit que c’était pas lui qui cuisinait, en fait. Cela ne veut pas forcément dire qu’il ne sait pas faire.

    « Enfin… si tu veux, tu pourras venir un peu avant le repas et on s’en occupera ensemble. »

    Faire la cuisine dans son manoir de la ville haute et faire venir Ziyal semble, au contraire, difficilement possible. Lea plus âgé.e rechigne déjà à sortir de la maison, alors monter jusqu’aux beaux quartiers…

    « Ce sera un plaisir de vous avoir à nouveau Gabryel ! Pas vrai Ralou… ? »

    Le sourire malicieux de Ziyal fait faire la moue à son enfant, qui hausse les épaules, surjouant une indifférence peu crédible. Pas que Raol cracherait sur la présence plus régulière de son amant chez ellui.

    L’amphibien jaune égoutte les plantes qui finissent d’infuser dans l’eau chaude et pose des petites tasses sur la table, afin de servir. Pendant ce temps, Gabryel continue de s’intéresser à son parent, qui semble sincèrement touché de tout l’intérêt qu’on lui porte ce soir.

    « Oh, je… »

    Pourtant, même sur une question aussi simple que « quel est votre plat préféré », Ziyal n’arrive pas à trouver de réponse. Ses doigts s’emmêlent tandis que son regarde dévie d’embarras.

    « Mon aliment préféré… je… je ne sais pas… je… hm… »

    Son regard s’humidifie, mélange de frustration et de confusion.

    « Pardon je… je n’ai pas l’habitude qu’on… je ne suis pas… ne vous en faites pas pour moi… »

    Raol s’installe à la table et se rapproche de son parent, dont les mains tremblent sur sa tasse.

    « Baba… tout va bien ? »

    Ziyal se tourne vers lea plus jeune. Ses yeux s’écarquillent dans la direction de son enfant. Lea doré.e déglutit. Iel connait cette expression et se doute de ce qui va venir. Lea kaki reste muet.te un petit moment, son sourire tremble alors que sa main passe dans les longs cheveux de lea plus jeune.

    « …oh… Akiya… tu es revenu… ? Comment était le travail ? » Iel regarde dans la direction de Gabryel. « oh… un invité… ? c’est un collègue à toi ? »

    Raol ferme les yeux. Son visage s’assombrit. Iel se contient, ne veut pas que son ton devienne cassant. Avant, iel pensant que Ziyal le faisait exprès. Maintenant… son avis sur la question est un peu moins tranché.

    « Hm… non, baba. C’est Raol. C’est moi. »
    « Oh… Raol… oui… »

    Un silence lourd s’installe dans la cuisine. Après quelques instants, Ziyal semble un peu moins confus. En revanche, la fatigue commence visiblement à le gagner. Iel finit sa tasse sans rien dire et adresse un sourire rassurant à ses deux interlocuteurs.

    « Ne faites pas cette tête là ! Je suis juste un peu fatigué ! »

    Raol fait la moue, sans arrêter de lancer des regards préoccupés vers son parent.

    « hm… tu veux monter te coucher ? »
    « Je vais prendre congé, oui… c’était très plaisant d’avoir eu quelqu’un au diner en tout cas. »


    Lea plus âgé.e s’incline poliment, souhaite une bonne soirée aux deux autres, puis remonte vers sa chambre. Toujours un peu sous le choc après ce genre d’ « épisode », Raol reste un moment silencieux. Yeux rivés vers son thé, iel ne sais pas vraiment comment enchainer, ni quoi dire à Gabryel sur le moment.

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    All for Us avec Gabrol
    Au moment où Gabryel décida de mettre ses infinis songes de côté, il sentit une partie du poids qui pesait sur ses épaules s’évaporer. Alors, il profita pleinement de ces quelques instants d’éternité. Dans l’éternel de son regard, on pouvait y trouver quelques poussières d’espoir, mêlées à une foi inébranlable. Oui, il y croyait. Il pensait sincèrement que maintenant, tout allait mieux. Ce serait un plaisir de vous revoir, avait dit le parent de la grenouille. Il pouvait être un plaisir à recevoir ? Il n’était donc pas... mal aimé ? Longtemps il a cru que le bien et le mal se décidait à la naissance, que certains ont le cœur pur et d’autres sont simplement corrompus. Son auto-analyse l’avait amené à la conclusion qu’il était mauvais. Une sorte de poison qui se faisait flétrir les plus belles choses aux alentours. Une œillade se perdit. Il rencontra les yeux de saon ami.e. Et pendant une fraction de seconde il crut bien sentir son cœur s’arrêter. Un véritable essaim s’agitait dans son estomac. Il sourit, pinçant l’intérieur de ses joues pour ne pas paraître ridicule. Puis... La gangrène. A nouveau. Les abysses. Des bégaiements, des doigts qui s’emmêlent autant que ses paroles, une trogne perdue. Et un nom émergea des abysses de ses pensées. Akiya.

    Le ton de Raol changea, presque imperceptiblement. Les sourcils froncés, Gaby fit face à la situation. Il avait sous ses yeux une réaction similaire à l’une de son père, peu avant de décéder. Et c’était un peu comme si tout coulait, dorénavant. Le barrage avait cédé. Un instant, il resta focaliser sur la respiration plus lente de saon compagne.on. Il y avait quelque chose, dans ce souffle, qu’il réussirait à reconnaître entre mille autres. Aveugle, sourd ou attaché, il sentirait toujours cette proximité. Ce lien. Cette corde, si fine et fragile, qu’il souhaite préserver à tout prix. Il lea reconnaîtrait, il verrait ses émotions aussi clairement que dans de l’eau. Sans que son esprit n’ait le temps d’émettre la moindre protestation, son corps bougea. Ses larges mains retrouvèrent celle de saon proche. Il les amena à son visage, les embrassa du bout des lèvres et reposa sa joue dessus, l’air perdu, lointain. Le militaire prit une respiration, mais il ne trouva pas assez d’oxygène. Alors, il se décida à parler, à rompre ce silence qui le faisait un peu souffrir.

    « Je suis désolé, d’avoir déclenché ça. »

    Sa bouche s’entrouvrit pour continuer, mais aucun son n’en sortit. Il se rapprocha un peu, suffisamment pour apercevoir les traits du visage plus renfermé de Raol. Il hésita. Mais les yeux de saon ami.e eurent raison de lui.

    « J’ai reconnu cette expression du visage chez ton parent et j’en suis navré. » Il savait qu’il fallait qu’il commence chronologiquement, qu’il dise les choses comme elles lui sont arrivées. « Tu sais, mon père et mon grand-père sont venus à Yggdrasil parce que je ne leur ai plus donné de nouvelles ? En réalité, c’est une partie de la vérité. Je n’ai pas été sincère avec toi et je m’en excuse, mais je n’arrivais pas à être sincère avec moi-même. »

    Il serrait un peu plus fort ses mains, tandis qu’il cherchait ses mots. Il aurait voulu que leurs retrouvailles soient autrement... Il aurait voulu ne pas avoir tant de choses à réfléchir. Il aurait aimé simplement se perdre dans son regard pour le restant de cette journée.

    « Ils sont venus car, comme je t’avais dit, je dois prendre la tête de la famille. Mon grand-père avait cédé sa place de patriarche à mon père, mais... Mon père ne me l’a pas cédé parce qu’il le voulait. Ils souffraient d’une maladie cardiaque. Et mon père devenait vraiment sénile. Comme si... quelque chose l’attaquait de l’intérieur. » Il y eut un moment de silence, de quelques secondes à peine. « Ils sont morts. Mon père est mort après une énième dispute, causée par sa folie. Il a fait un arrêt cardiaque, enfin des convulsions, tout ça... C’est pour cela que je t’avais dit que je devrais retourner chez moi. Peu après avoir enterré mon père, ce fut le décès de mon grand-père qui nous heurta. »

    Il souffla, libéré. Il tremblait, ou peut-être la terre entière tremblait, il n’en savait rien. A son tour il fixa la tasse de thé, réfléchissant à pourquoi tout était tombé aussi vite en morceaux.

    « J’étais... En deuil. » Pour ne pas dire dévaster. « J’ai eu quelques conflits avec ma mère. J’étais très en colère et frustré et... Je crois que je ne la pardonnerai jamais pour le vide qu’elle a laissé ce jour-là. »Un trou béant, au centre de sa poitrine. « Et avec ma sœur aussi. En bref, tout s’est envenimé très vite et... maintenant, je ne sais plus quoi faire. Je suis à la tête d’une famille mais Raol, il n’en reste plus rien. Pas de tasse de thé à partager, pas de repas cordiaux, pas de discussions, pas de larmes... Rien. Mais les choses sont probablement mieux ainsi, pour le peu que tu les as côtoyés tu as pu constater... » Il releva son regard. « Mais pourtant, je pensais à toi. Lorsque je déambulais dans les rues de Caldissia, lorsque je me baignais dans les fleuves, lorsque je regardais le ciel. Ta simple présence dans mon esprit m’a rappelé qu’il y avait encore quelque chose, peut-être à Yggdrasil, peut-être même plus loin. J’avais envie de t’avoir à mes côtés, de te parler, de te voir, de te toucher. Tu étais la seule âme que mon cœur réclamait à cet instant. Je voulais t'offrir tout ce que je pouvais, car "tout" est le minimum, pour toi. »

    Il replaça une mèche de cheveux, qui tombait sur le visage de la grenouille, et il lui dit, ses prunelles enracinées dans les siennes.

    « Tu m’as terriblement manqué. Chaque levé de soleil et chaque levé de lune, ma peine se creusait un peu plus. Et je crois que ce soir, ça n’a jamais été aussi limpide. Et Omnis sait à quel point j’aimais t’écrire des lettres. J’ai... Un peu avant de mourir j-… Il avait su, qu’on se voyait régulièrement. Il savait que c’était différent. Et j’étais tellement en colère. J’étais tellement frustré. J-je crois que j’ai tué mon père, Raol. Si je n’avais rien dit, si j’avais gardé mon calme, si toutes ces fois je ne l’avais pas épuisé, si… »

    Sa phrase s’évapora, une larme roula, puis un sanglot le secoua. Le premier depuis plus d’un mois.
    kyro. 017 ldd

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    Confessions Nocturnes
    avec Gabryel la BM



    Ces scènes ne sont jamais drôles à voir. Raol fait de son mieux pour être doux avec son parent, dans ces moments. Ziyal est sans doute lea plus perdu.e, lorsqu’il commence à voir quelqu’un qui n’est plus là. Lea plus jeune ne peut pas vraiment imaginer. Mais le repos aide. Lea Zeteki voulait juste prendre une moment, en silence, pour digérer ce qui vient de se passer. La grenouille ne pouvait se douter que la scène affecterait Gabryel à ce point. Lorsque le caldissien prend sa main, Raol peut sentir son anxiété. Iel inspire, tout de même soulagé de ce contact avec son amant. Celui-ci s’excuse et iel se contente de secouer la tête. Ce n’est pas sa faute.

    Mais, le malaise de Gabryel semble plus profond. Ses yeux cherchent à croiser le regard de Raol. Il a l’air perdu. L’eossien sent son ventre se serrer en voyant l’apparente confiance de son ami disparaitre en quelques secondes. En même temps, Raol l’avait senti dès son arrivée, que quelque chose n’allait pas.

    Comme souvent avec le général, il a beaucoup à dire d’un coup. L’amphibien se prépare à lui prêter toute son attention. Ellui qui trouvait déjà les histoires de familles du plus grand compliquées, iel constate qu’on ne lui a donné qu’un aperçu. En essayant de bien retenir toutes les informations, Raol ne peut s’empêcher de se sentir mal à l’aise à l’évocation de la sénilité de Vénomania père. « Comme si quelque chose l’attaquait de l’intérieur » sa « folie »... Iel se mord l’intérieur des joues, son regard dérive vers l’escalier qui monte vers chez Ziyal. Non… Ziyal est juste… Comme d’autres eossiens depuis le réveil, iel perd un peu la mémoire. Et il ne va pas bien, iel est fatigué.e. Rien de plus. Ziyal n’est pas fol et ses soucis de mémoire ponctuels ne vont pas lea tuer comme Sebastian… pas vrai ?

    Raol sent que son comparse se met à trembler. Iel se rapproche doucement, sa main passe dans le dos de son ami, caresse son dos. Iel a envie de le serrer dans ses bras, car iel n’a rien à dire qui pourrait vraiment aider. En posant lentement son bras par-dessus l’épaule de Gabryel, la grenouille se lève et attire le caldissien contre ellui. Raol passe une main dans les cheveux du général, l’invitant à reposer sa tête contre sa poitrine tandis qu’iel le cajole.

    Iel est bien placé pour savoir comme la mort d’un proche peut briser une famille. C’est vrai que Raol a dit que la famille de Gabryel avait l’air peu fréquentable. Qu’iel ne comprenait même pas pourquoi l’autre s’y accrochait à ce point. Pourtant, à l’entendre, iel… iel constate que son amant a perdu des habitudes, une routine, ce qui le liait à ses proches. Et pour ça, Gabryel a l’air de se sentir terriblement seul. A un point où penser à Raol était la seule chose qui le gardait ancré dans la réalité.

    Lea Zeteki aimerait sourire à l’envolée lyrique du caldissien aux jolis cheveux à son sujet. Mais ces dernières paroles l’inquiètent plus qu’autre chose. Est-ce que Gabryel se sent abandonné et perdu à ce point ? Iel ne peut pas dire qu’iel ne comprend pas un peu. Mais, pour Raol, le fait de se retrouver isolé.e est une fatalité. Une évidence. Quelque chose qui finira toujours par lui arriver, comme si c’était sa destinée. C’est aussi ce qui l’éloigne de ses pairs, qui fait qu’en général, iel n’essaie même pas de se lier à d’autres personnes. Souvent, quand Raol écoute son amant, iel se rend compte que ce n’est pas normal, de toujours vouloir s’esseuler un peu plus, de repousser jusqu’à dégouter.

    Puis, la voix de Gabryel se brise, avec des mots qui résonnent fort, trop fort. « Je crois que j’ai tué mon père ». Raol serre plus fort son ami dans ses bras, le laisse pleurer tout son saoul s’il le faut. Ses doigts sont mêlés à ceux de Gabryel et iel dépose des bisous sur son crâne. Son corps pèse contre celui de son amant, tente de lui créer un cocon confortable, qui l’isole du reste.

    Après un moment de silence, Raol se demande si ses mots serviront à quelque chose. Son cœur s’est affolé, tout ça lui rappelle beaucoup de mauvais souvenirs. Mais, pour une fois, iel a la sensation que ce qui s’est passé avec Akiya, que ses traumatisme ne sont pas juste des plaies purulentes ou des bagages trop lourds et superflus. Peut-être que son vécu pourrait aider quelqu’un à se sentir moins mal.

    « J’ai… pas les mots pour te dire comme… Je… voir un parent partir, même si c’était la dernière des merdes… Je sais que c’est difficile à gérer. Mais, surtout… c’est pas ta faute. »

    Pour le tact, on repassera. Mais, pour une fois, iel fait réellement de son mieux.

    Evidemment, si la partie « c’était un sale con » permettait de se sentir moins mal et moins coupable, ça se saurait.

    En cherchant ses mots, Raol espère que son interlocuteur ne lui en voudra pas de raconter un peu sa vie.

    « Tu sais… Quand mon père est mort, j’me suis dit que c’était ma faute. J’me le dis encore souvent. »

    Beaucoup trop souvent. Il ne mérite pas que je me sente mal pour lui. Mais, je peux pas faire autrement, quand je vois Ziyal pleurer ou imaginer qu’il est encore là.

    « Surtout quand je vois que Ziyal le pleure encore, alors qu’il lui a fait tellement de mal. »

    Ce qui va suivre… iel n’ose plus en parler à personne depuis longtemps. Car, la dernière fois, personne n’a voulu lea croire. On l’a même engueulé. « Comment tu peux être aussi ingrat.e après ce qu’Akiya a fait pour toi et Ziyal ?! », « Evidemment, un abruti comme toi ne peut pas comprendre tout ce que ton père a apporté à la communauté », « Oui, c’est vrai, il buvait beaucoup, il était torché souvent… mais au fond, il avait bien l'droit de vire. Au moins, est-ce que tu sais seulement comme il en a bavé ? », « Akiya ? Violent ? N’importe quoi… moi aussi mon daron m’a mis des gifles, même que j’suis reconnaissant, au final », « Il n’arrêtait pas de dire à quel point il vous aime, toi et Ziyal. Tu trouves pas ça normal, qu’un parent soit exigent et autoritaire, moi ? »… Akiya avait sans doute retourné le cerveau des uns, dissimulé toute la vérité aux autres. Ca n’a pas dû être très difficile pour lui.

    Mais… Gabryel va me croire, hein ?

    « Et si j’m’en veux, parce que… le soir où il s’est buté, c’est le soir ou j’ai décidé que j’arrêtais de m’occuper de lui ou d’essayer de le sauver. »

    Sa gorge se bloque. Iel a la nausée en se remémorant cette soirée. Akiya était encore complètement torché. Il aurait pu facilement lui taper dessus. S’énerver et perdre le contrôle et blâmer l’alcool.

    « Ce soir-là… je lui ait tourné le dos. Je l’ai laissé se démerder. »

    Raol se rappelle du regard de son père comme s’iel l’avait encore en face d’ellui. Iel se rappelle que… Akiya ne s’est même pas fâché. Il n’a même pas bougé. Ses yeux étaient humides, creux, cernés. Ses bras ballants. Le regard d’un enfant qui se fait gronder, qui se détourne en gémissant, qui laisse couler une larme. C’était malsain. Tellement malaisant.

    C’est pas moi, qui aurait du être son parent.

    « Il a compris que… c’était fini. »

    La grenouille a phasé. Iel a enchainé ses dernières interventions sans le calculer. Iel essaie de revenir à la réalité, de raccrocher à son propos de base.

    « Après ça… tu te sens vraiment comme la pire des merdes. »

    Surtout quand le parent qui te reste commence à avoir envie de mourir tout le temps à son tour.

    On se sent impuissant. Raol voyait bien que même en étant présent, en tenant Ziyal dans les bras jusqu’à ce que ce dernier s’endorme épuisé après avoir trop pleuré, en restant à la maison pour gérer toutes les taches du quotidien, en apportant à son parent de quoi se nourrir, en essayant de faire au mieux pour qu’il ne se délaisse pas au point de mettre en péril son hygiène et sa santé… iel ne pouvait pas changer Ziyal. Iel ne pouvait pas lea secourir, l’extirper de sa dépression. Peut-être qu’iel n’aurait rien pu faire non plus, si son parent avait vraiment voulu se tuer.

    Heureusement, pour Ziyal, ça s’est beaucoup arrangé. Iel a l’air en meilleure santé, mentalement parlant. Ce n’est toujours pas le gros fun de la vie, mais il y a un progrès certain. Raol est content de pouvoir lea voir ainsi. Pour une fois, iel se dit que les choses peuvent changer en bien. Et si à elleux deux, les grenouilles peuvent améliorer les choses, que l’absence d’Akiya s’avère, au final, une libération… peut-être bien que ce n’est pas elles qui ont fait quelque chose de mal à cette famille. Peut-être ont-elles leur tords l’une envers l’autre. Mais à la fin, Raol et Ziyal ont fait le choix de tenir bon ensemble, parce que leurs blessures sont similaires.

    « En parlant de plus en plus avec Ziyal des derniers temps, j’ai réalisé un truc. »

    Oui, ça lui arrive de remettre en question des choses.

    « Pourquoi faut que j’me sente à c’point responsable de la mort d’un daron qui passait sa vie à nous utiliser et à nous tabasser… ? »  

    Son ton est morne. Désabusé. Iel n’a pas eu le choix. Iel n’a pas choisi de grandir dans une famille dysfonctionnelle, avec un parent violent et abusif.

    « Il avait beau dire… c’était ptet pas moi, le connard égoïste. J’lui ait jamais dit de s’tuer, juste d’arrêter ses conneries. J’suis pas responsable de… »


    Iel s'arrête. Soupire, renifle. Laisse passe un court instant de silence.

    Tout ça pour dire…

    « C’est pas ta faute. Ce sera jamais ta faute. »

    J’aurais tellement aimé qu’on me dise ça plus souvent, même si c’est difficile à entendre. Que ça demande de repenser toute sa vie dans l’autre sens. Ça demande un courage que je n’aurais peut-être jamais, d’inverser toute cette culpabilité, pour vivre sa propre vie.

    « Et… tu n’es pas tout seul. Je suis là, d’accord ? »

    Après tout, qu’est-ce que je peux faire de mieux, hein ?

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    All for Us avec Gabrol
    « Ne pleure pas Gabryel ! »


    « Un Venomania ne baisse pas la tête. »

    « Marche droit et souris. »


    « Ne les laisse pas voir la moindre faiblesse, ils te tueront. »

    « Si tu meurs avant d’avoir accomplis la moindre chose, je t’effacerai de l’histoire. »


    « Tu crois vraiment être le fruit d’un amour passionnel ? Je n’ai jamais vu un être aussi stupide. Tu es un crétin. Un bon à rien. La copie d’Orion le grand ? Jamais. Tu es faible, tu pleures, tu t’énerves... Tu n’as rien d’exceptionnel. Je préfère mourir que de te proclamer comme étant la chair de ma chair. La mort sera moins ennuyeuse que tes insoutenables discours préfabriqués. Qu’Omnis ait pitié de moi pour avoir permis la naissance d’une telle abomination. »

    Des paroles qui tournent, s’emmêlent, se fracassent et s’enlacent. A chaque souvenir, son cœur se creusait davantage. Une partie de lui maudissait sa mémoire. Peut-être l’oubli serait-il moins douloureux à supporter. Gabryel était épuisé. Il avait déjà un pied dans l’au-delà. Il ne savait guère ce que lui réserverait Omnis... Serait-il juste ? Compréhensif ? Lui pardonnerait-il ? Quelle forme prendra-t-il ? Aura-t-il droit à une seconde chance, pour réparer toutes ses erreurs ? Toutes ces atrocités commises... Parfois, il se demande à quoi ont servi tous ces morts. Tout ce sang versé n’aura abreuvé ni la flore ni la faune. Il n’aura fait que flétrir les fleurs et fait fuir les animaux. Les tintements des armes, sa voix qui retentissait, la magie qui jaillissait de son corps, ses amis, ses ennemis, le sang. Le corps inerte de son père.

    Dans les bras de Raol, il se sépare de son corps. Son âme erre sur la peau jaunâtre de l’animorphe, sur la longueur de ses mèches, elle plonge dans ses yeux, elle caresse ses lèvres, se laisse engloutir par les mots. Son visage rouge et gonflé lui paraît bien disgracieux, ainsi il garda la tête baissée. Honteux comme un enfant. Il se laisse aller dans ce cocon qui le réconforte, sa tête posée sur l’épaule de la grenouille. Ses yeux étaient clos, mais il écoutait, avec attention. Il ne pouvait empêcher son cœur de serrer, son estomac de se retourner et sa gorge de s’étrangler, mais il restait parfaitement immobile, comme s’il n’était plus vraiment là. Son corps était présent, froid et lourd, mais son esprit était ailleurs, pas très loin mais suffisamment pour poser un filtre embué sur son regard vitreux. Il était là, sans être là. Il entendait, sans comprendre. Il sentait, sans toucher. S’il avait su, il se serait reconnecté, il serait revenu, mais il n’en avait pas conscience. Les mots raisonnaient, mais ne trouvaient pas de sens.

    Ce n’est pas sa faute...

    Est-ce seulement pour préserver sa conscience ? Pour qu’il ne ressente pas ce vide énorme jusqu’à la fin de ses jours ? Mais peut-être qu’au fond, il le voulait. Il voulait payer le prix. Il voulait se punir. Oh il savait bien que son père et son grand-père ne méritaient pas toute cette culpabilité. Pourtant, il ne réussissait pas à se détacher de cet inconfort. La voix de saon partenaire lui paraît lointaine, mais il écoute. Ziyal, Akiya... Iel lui en avait déjà parlé, au sommet du Grand Mur. Ce soir-là restait gravé dans sa mémoire. Ce souvenir fut comme une étincelle, il le réchauffa un peu. Les reniflements, sa voix désabusée, son histoire... Iel avait vécu tant... Il ne pouvait pas affirmer ses propos. C’était trop tôt. Trop frais. Mais, iel était là. Et ça lui apparaissait comme une évidence, dorénavant. Iel avait toujours été là. Il frotta son visage, tentant vainement de sécher ses larmes. Il poussa un long soupir, reprenant une respiration convenable.

    Ainsi, Gabryel releva le visage. Une chose lui apparût soudainement, comme sorti de nulle part. Il aimait Raol. Pas qu’en simple ami.e. Pas comme on aime la présence d’un partenaire lambda. Il l’aime avec une telle force, une telle hargne, qu’il s’en étonne. Il l’aime et il réalise alors bien plus... Il pouvait lea reconnaître, muet, aveugle ou sourd. Il connaissait la chaleur de sa peau. En réalité, il s’était habitué à son âme. Dans d’autres corps, dans d’autres vies, il serait attiré par ellui, il en était certain. Sa poitrine se soulève, ses pupilles se sont dilatées. Il ne savait pas ce que signifiait aimer, au sens brut. Mais il savait que pour rien au monde il ne renoncerait à elleux. Pour elleux, il donnerait tout. Et il voulait tant de choses... Il voulait tout lui dire, ou simplement rester silencieux. Il entoura la grenouille de ses longs bras, tout en enfouissant son visage dans son cou et murmura :

    « Je suis désolé pour nous. Pour toi. Pour moi. Pour ces vies et ces morts... Merci d’être là Raol. Sache qu’à n’importe quelle heure, n’importe quel jour, je serai là si tu en as besoin. »

    Il déposa un baiser chaste sur sa joue, non loin de la commissure de ses lèvres. Il aimerait figer le temps. Rester ainsi des jours... Il voulait prouver qu’iel n’était pas juste une phase, pas une espèce de matière pour combler le vide. Iel était bien plus que ça. Et Gabryel l’aimait, du plus profond de son âme.

    « Tu parles de retrouvailles, pff... Je me suis connu bien plus romantique. » Lance-t-il sur le ton de l’humour, contenant un énième sanglot enfouit dans sa gorge. « Tu sais, ça serait mentir de dire que je les aimais. Ils étaient durs, intransigeants et violents. Mais je crois que l’enfant que j’étais attendais juste qu’on lui dise qu’on était fier de lui. J’ai peur de reproduire le même schéma, avec mon enfant un jour. Je n’ai pas envie d’être ce genre de père, le truc c’est que je ne sais même pas ce que c’est qu’être un bon père. »

    Lorsqu’il ne se souciait pas du passé, c’était le futur qui l’angoissait. Une boucle infernale le menant à ne pas profiter de ce qu’il avait sous les yeux, du moment présent. Il se redressa un peu sur sa chaise, ne séparent cependant pas ses doigts liés à ceux de Raol. En jetant un œil vers les escaliers, il reprit soudainement :

    « Tu penses que Ziyal m’apprécie ? Iel se souviendra de tout ça, du repas etc... ? » Il fit la moue, espérant tout de même ne pas avoir gâché une belle opportunité de se lier aux Zeteki. « Tu veux... sortir ? Ou aller te coucher ? » [/color][/b]

    Il paraissait soucieux, presque gêné. Maintenant, il se sent un peu nu après toute cette scène... Il détestait pleurer. Et il détestait savoir que c’était à cause de son père qu’il n'avait plus pleuré depuis si longtemps.
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    Confessions Nocturnes
    avec Gabryel la BM



    Iel s’est trouvé à la place de Gabryel, par le passé. Raol se souvient bien des jours où il repartait en expédition avec Junya, après plusieurs semaines passées chez ses parents. Ces quelques jours n’étaient agrémentés que d’engeulades, de chantage affectif, de reproches passives agressives… A vingt-trois ans passés, Akiya ne lea frappait plus autant, parce que Raol avait également appris à se battre. « Appris à se battre pour se faire tabasser moins fort », de ses dires. Cela lea faisait rire jaune, à l’époque, à défaut de pouvoir réagir autrement. Mais, son paternel restait plus fort, plus imprévisible. Et puis… si ce n’était pas ellui… Ziyal prenait à sa place. Et ça, même si Ziyal participait à lea faire culpabiliser, se plaignait de son absence, lui reprochait sa vocation… eh bien, au fond, Raol a fini par comprendre et par lui pardonner. Parce que Ziyal essayait juste d’appeler à l’aide, de survivre.

    …J’aurais dû l’emmener avec moi. On aurait du partir de cette cité sans lui depuis si longtemps. Est-ce qu’on lui aurait même manqué… ? Non, à ce stade, tout ce qui lui manquait, c’était sa dose d’alcool du soir et quelqu’un pour nettoyer derrière lui.

    Chaque fois que Raol allait retrouver sa fiancée dans leurs expédition, iel finissait par craquer le premier soir. Comme Gabryel le fait dans ses bras actuellement. La grenouille ne sait pas ses ses paroles résonnent assez aux oreilles du général, si elles le soulagent de sa peine, si elles touchent juste. Mais le caldissien semble se détendre un peu. Tandis qu’il se laisse un peu plus aller et se remet à parler, Raol ne sait pas trop quoi dire. C’est vrai, Gabryel l’a déjà dit. Il s’en veut pour ce qui s’est passé en Yggdrasil et pour se faire pardonner, il veut être aux côtés de Raol.

    Je sais. Mais… mais, nous et ce qui se passe dans la cité depuis des mois… c’est deux choses différentes.

    Bon, évidemment, si Gabryel allait tuer plein d’eossiens sans prévenir du jour au lendemain leur relation ne tiendrait pas un jour de plus. Mais ce n’est pas question de ça. Le général est devenu… obsédé par l’idée de trouver une solution à tout ce merdier par lui-même. Il veut se racheter. Ça va surement au-delà des offenses qu’il a pu faire à Raol par le passé. C’est plus profond. Le fait d’avoir perdu ses repères familiaux et de se rendre compte que ceux-ci n’était pas les bons, ça doit être confusant. Gabryel doit se sentir perdu et chercher un nouveau sens à sa vie. Et donc… chercher une manière de régler la crise en cours, aussi complexe soit-elle, ça doit être sa manière de se dire qu’il peut servir à quelque chose.

    Puis, le Venomania reparle de sa famille, puis des enfants qu’il aura peut-être un jour. Raol a pensé ces mêmes paroles un nombre incalculable de fois. Malgré tous les mauvais traitements, qu’il ait fini par le mépriser viscéralement… lea Zeteki avait aimé son père. Comme un enfant veut naturellement être apprécié par son parent. Surtout quand tout le monde insiste pour lui rappeler à quel point son père est incroyable, se rend utile, comme ses travaux ont pu changer la vie de certaines parties de la cité. C’est inévitable de passer du temps à admirer son père dans ces conditions, d’aspirer à être comme lui, de se sentir honteux quand on échoue et qu’on se prend un énième coup pour ça (et pour bien d’autres raisons beaucoup plus nébuleuses).

    « Ouais, je… je sais. J’ai eu la même. M-mais, t’es pas ton père, toi. »

    Iel se sent hypocrite en prononçant ces paroles. Il n’y a pas un jour ou Raol ne reconnait pas son père en se regardant dans le miroir, ou même dans son comportement. Son impulsivité, sa capacité à foutre sa vie en l’air à tout moment, sa difficulté à se lier aux gens autrement que parce que ces personnes sont aussi seules qu’ellui… c’est pathétique.

    « Personne sait être un bon parent, j’crois. J’imagine que faut juste accepter d’improviser avec ce qu’on a et faire au mieux pour pas être un énorme connard. »

    Pas que Raol prévoie d’être parent. Iel aimerait avoir des enfants, cela dit. Iels en avaient parlé longuement avec Junya avant d’arriver à la conclusion qu’iels voulaient fonder une famille. La grenouille n’avait plus réfléchi à tout ça depuis sa rupture avec son exe. Elle avait un peu bloqué ces pensées-là. Ne serait-ce que l’idée de se mettre avec quelqu’un à nouveau ou d’envisager des relations durables, même amicales, avec d’autres personnes. Il fallait que ses parents, sa famille prennent toute la place, pour qu’iel finisse pas se dire que c’est normal. Qu’il n’y a pas d’autre choix. Qu’iel n’est finalement pas si lâche de refuser le moindre changement à cet égard, car il n’y a pas d’alternatives. Toutefois… les choses finissent par s’arranger. Il n’y a qu’à voir comme Ziyal a l’air plus épanoui depuis quelques mois, même s’il refuse toujours de sortir seul plus d’une heure.

    « Bien sûr qu’iel t’apprécie ! Je t’assure, je l’avais pas vu aussi content depuis un moment. Tu sais, dès qu’il y a des beaux gosses chez ellui, iel est pas compliqué. »

    L’amphibien ricane un peu, mais ne peut s’empêcher de balbutier en ce qui concerne la mémoire de Ziyal. Raol sent ses oreilles bourdonner, d’un coup.

    « I-Iel, il se rappellera, oui… pourquoi est-ce qu’il ne se rappellerait pas ? »

    Quelque chose ne sonne pas juste, dans cette question rhétorique. Raol doute. Iel sait comme son parent a tendance à être dans la lune, mais il y a autre chose, depuis un moment déjà. Iel n’a pas envie d’y penser.

    « Viens. »

    Dit-iel pour passer à autre chose. En tendant sa main vers celle de Gabryel, la grenouille guide le caldissien dans le petit couloir à l’arrière de la cuisine. Après avoir passé une petite porte surmontée d’une arcade arrondie, Raol pousse un rideau brodé de motifs aquatiques et de grenouilles festives et laisse son ami rentrer avec ellui dans sa chambre. La pièce, encore plus petite que la cuisine ne laisse que peu d’espace pour circuler tant les murs et le sol sont décorés de babioles en tout genre. Raol a réalisé quelqies mosaïques avec des émeaux et bouts de verre colorés polis trouvés ça et là. Des quartz aux couleurs chatoyantes sont pendus au plafond et reflètent la lumière de la lune qui filtre à travers la vitre. Un petit bureau surchargé d’outils et de pierres rangées par couleurs dans de petits tiroirs est presque noyé sous l’abondance de décorations et d’affaires de la grenouille. Dans un autre coin, le petit lit peine à trouver sa place et il est lui-même complètement envahi par des vêtements et des livres en vrac. Raol débarrasse rapidement le lit de ses affaires et invite son ami à s’y allonger à ses côtés. Vu sa taille, le général risque d’être un peu à l’étroit. Mais la grenouille veut juste le garder un peu avec lui, le temps de l’enlacer.

    « Tu peux dormir ici, si tu veux. Enfin… je sais que c’est petit ici, par rapport à chez toi, donc… »

    Iel comprendrait que Gabryel préfère rentrer chez lui. Depuis la mort d’Akiya, les revenus de Raol et Ziyal ont chuté et les économies ont rapidement manqué. Depuis, leurs comptes ont toujours été justes et leur statut au sein de la communauté… plus vraiment le même. Autant dire qu’iels ne pouvaient compter que sur eux-même la plupart du temps. Raol ne pense pas trop à la honte que lui inspire leur situation, habituellement. Iel y songe surtout quand Ziyal lui fait part de son envie de s’isoler toujours plus quand iel croises ses anciennes connaissances et ami.e.s, qui lui rappellent qu’iel n’est plus rien depuis la mort de son ex. La présence de Gabryel chez ellui et le souvenir de la grande maison si vide lea fait réaliser qu’iel ne peut l’accueillir de manière aussi « riche ».

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    La réalité, Gabryel avait du mal à l’accepter. Il avait aimé son père, du plus profond de son âme, en tant qu’enfant. Puis il l’avait détesté, haï à un point où la colère et la hargne lui étaient impossibles à cacher. Et aujourd’hui... Il en ait terrifié. Peut-être l’a-t-il toujours été. Malgré tout ce qu’il voulait bien prouver, il lui ressemblait en certains points. Incapable de tenir des relations, plein de colère, de frustration et surtout il se croyait invincible. Il avait évité la mort plus d’une fois, il s’était battu, corps et âme, et rien ne l’avait mis à genoux. Comme son père auparavant. Le défunt n’avait jamais courbé le dos, il ne lâchait jamais des yeux ses ennemis et il croyait en lui. Le militaire restait le fils de son père, alors il avait hérité de certains traits de caractère. Il y avait cette obsession de la perfection, de la gloire, ce vœu de devenir une légende... Son père lui avait incrusté cela au fer rouge. C’était ce qui lui faisait dire qu’il ne valait probablement pas mieux. Il était la seule personne à lui avoir fait autant mal. C’était comme s’il souffrait pour la première fois, face à lui.

    Ses mots, ses gestes, ses coups... Il avait laissé des traces indélébiles. Aujourd’hui, il avait peur de recommencer ce cycle. Il n’est pas son père... Les paroles de Raol ne furent pas entendues. Il était trop tôt. Ça faisait encore trop mal. Gabryel pencha la tête en arrière, effaçant l’humidité sur ses joues et soupirant lourdement. Faire au mieux pour ne pas être un connard. Il lui lança un regard en biais. Il l’avait été, de nombreuses fois, encore aujourd’hui. Peut-être pas envers ellui, mais il méprisait la totalité de cette population. Il agissait par mécanisme, par habitude, en les protégeant, mais il n’était plus sûr de le penser. Était-ce vraiment ce qu’il voulait ? Il avait la sensation qu’il avait besoin de se trouver un ennemi, d’avoir un but, un sens, et ça ne passait que par la violence, la vengeance... C’était tout ce qu’il avait toujours connu. La nymphe ricana avec saon ami.e, affichant un rictus espiègle par la même occasion. C’était étrange. Il ressentait tout et son contraire en sa présence. Avait-il besoin d’un ennemi, ou de quelqu’un à protéger et aimer ? Au vu des balbutions mal à l’aise de la grenouille, le militaire se contenta d’hausser les épaules et n’argumenta pas plus.

    Il regarda un instant sa main tendue vers lui. Qu’avait-il pour que Raol s’intéresse à lui ? Il l’attrapa et se leva, suivant de près l’amphibien à travers la petite maison. Il observa les décorations, les tissus brodés, la légère arche où il manqua de se cogner le front. Puis, un tout autre se monde. Des babioles, ci et là, du sol jusqu’au plafond. Des couleurs toutes mélangées, comme une bouillie d’arc-en-ciel. Un rayon de lune traversa la pièce, laissant à la nymphe l’occasion de voir briller les pierres qui semblaient se nourrirent de cette lumière. Des livres, un peu partout, des vêtements... C’était la chambre de Raol, son univers à ellui. Un peu à l’étroit, le Venomania pris tout de même ses aises en analysant les décorations, touchant du bout des doigts le quartz pendant. La pièce transpirait lea Zeteki. Son odeur y régnait, maîtresse des lieux. Son énergie en elle-même transparaissait aisément. Il aurait pu deviner, même sans sa présence, que c’était son lieu de vie. Il sourit doucement et lui répondit :

    « Je préfère ça à une étendue vaste, mais vide de sens. »

    Il se pencha pour attraper un livre et s’installa sans demander son reste sur le petit lit, les gens étendus, survolant les pages de ce bouquin qui semblait parler des forêts alentours et de ce qu’elles contenaient. Tout en continuant à lire, il s’exclama à nouveau :

    « Tu sais... Si vous avez besoin, Ziyal et toi, je suis là. En héritant du titre de chef de famille, j’ai aussi droit à son trésor. Mon père avait un bien à la Ville-Haute, inhabité dorénavant. Donc si ça ne vous convient pas, même si je trouverai ça dommage d'abandonner les jolis rideaux grenouilles, vous aurez toujours une solution »

    Il savait que le cratère qui séparait leurs deux systèmes de vies n’était pas des plus simples à vivre. Lui vivait sans aucun problème. Il avait sans doute trop, pouvait-on dire. Il écarta un bras pour inviter Raol à se blottir contre lui.

    « Jolie décoration. C’est toi qui as fait tout ça ? »

    Du bout du doigt, il caressa son épaule, un léger sourire aux lèvres. La tempête en lui semblait s’être calmée. Il se sentait bien, ici. Il huma à nouveau les arômes. C’était étrange de se sentir chez soi dans un lieu inconnu. Il tourna une page, non sans difficulté à une main. Il laissa sa tête reposée contre celle de saon ami.e, plus véritablement certain de lire l’alphabet face à lui.

    « Tu sais que tu pourras toujours compter sur moi, mh ? Je serai là pour vous deux, au moindre souci. Alors n’hésites pas à te servir de ce petit joker. »

    Il lui fait un clin d’oeil et se laisse aller contre ellui, puis pris d’une certaine révélation théâtrale il se reprit.

    « Enfin vous deux. Je n’oserai pas embrasser Ziyal quand même. Enfin, il refuserait peut-être pas eheh. »

    L’idiot ricana bêtement, tentant de créer une atmosphère plus légère, plus tranquille pour qu’iels puissent se détendre.
    kyro. 017 ldd

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    Confessions Nocturnes
    avec Gabryel la BM



    « Vide de sens » ? C’est comme ça qu’il voit sa demeure ? C’est pas super rassurant pour sa santé mentale, ça.

    En même temps,  grenouille l’avait bien remarqué. Iel est le premier à trouver la maison de son amant plutôt inhospitalière, même si ses animaux de compagnie semblent s’y plaire. Enfin, Raol ne se plaindra pas de la salle de bain et de la chambre de Gabryel. C’est simplement… que tout ça a l’air si grand pour une seule personne que ça en devient indécent et malaisant. Evidemment, le caldissien veut bien faire en proposant son aide… mais Raol n’ose pas s’imaginer dans une maison de la Ville-Haute avec Ziyal.

    « Ouhla… c’est sympa mais… on est bien ici. Puis, on est plus autant dans le besoin qu’avant ! »

    … attends il a dit quoi ? Il veut embrasser qui ?!

    La grenouille glousse dans un mélange de gêne et de surprise.

    « Pfpfrtrt m’enfin !! T’es con toi, il te les faut tous, espèce de… ! Tu sais bien qu’on se transformera pas en princes.ses pour autant ! »

    Je disais quoi, moi, déjà… ?

    Iel ne se sentirait jamais à sa place dans une si grande baraque. Encore pire si elle appartenait au père de Gabryel. En plus, Ziyal ne supporterait sans doute pas de déménager si loin.

    « Non, euh, pis, tu sais… on est déjà assez isolés de la communauté comme ça. Ce serait… enfin, même si Ziyal ne sort presque plus de la maison, iel serait très mal à l’aise, sans les repères des quartiers eossiens et des racines. »

    Peut-être que Raol ménage trop son parent, parfois. Iel voudrait se faire pardonner, après l’avoir fait culpabiliser pendant longtemps pour sa fatigue permanente, ses pertes de mémoires, sa dépression… Ziyal mérite un peu de bonheur et des repères stables. Raol ne sait pas s’iel fait suffisamment d’efforts… si son parent sera seulement heureux avant la fin de ses jours.

    Je sais que ça dépend pas juste de moi et qu’il y a des choses que je peux juste pas faire, mais… c’est pas emménager dans la Ville Haute ou avoir davantage de biens matériels qui changera quelque chose.  

    « Puis, comme tu dis, on a tout arrangé ensemble ici, avec Ziyal. Ce serait dommage de laisser tout ça ! »

    Iel esquisse un geste de main pour montrer sa décoration, un peu fier d’ellui.

    « La maison n’était vraiment pas accueillante quand on est arrivés. Avant, enfin… y’a 1000 ans, on vivait au pied de l’aqueduc, dans une belle maison, plus grande et… c’est le dernier truc que Ziyal et Akiya ont fait ensemble, avant ma naissance. Ziyal avait dessiné les plans, Akiya l’a construite. »

    A l’époque, le nom de Zeteki avait des connotations positives. Les choses n’avaient pas encore tourné au vinaigre.

    C’est ma naissance qui a tout foutu en l’air, en fait.

    Iel se repose sur la couche, invitant l’autre à s’étendre à ses côtés. Sa voix se fait plus basse, iel veut s’assurer que Ziyal ne l’entende pas. Qu’il ne se remémore pas de mauvais souvenirs. Cette ambiance intime lea pousse à la nostalgie, à d’autres confidences.

    « Malheureusement… après 1000 ans, la maison n’a pas tenu le coup. »

    Iel se rappelle la découverte de cette ruine. Sa réalisation que rien ne serait plus pareil. Qu’iels avaient tout perdu. Que ce qui restait de leur relation était tout ce qu’iels avaient à l’époque. Et Raol a failli la détruire.

    Malgré tout, la grenouille sourit, plutôt émue en constatant le chemin parcouru dans sa relation avec Ziyal, depuis quelques mois.

    « Notre… notre relation n’a pas toujours été si positive, avec Ziyal, tu sais. Et ce n’est pas tout le temps paisible comme ça. »

    Iel soupire, lancé dans sa confidence sans vraiment s’en rendre compte. Iel attire Gabryel dans ses bras, sa tête reposant contre celle du plus grand.

    « Iel a souffert, à cause d’Akiya. Au point où iel avait ce… iel vivait dans cette illusion que son conjoint faisait tout ça par amour. Des fois, iel était carrément dans le déni total dans ce qu’il nous a fait. Et même après sa mort… iel a l’air de vouloir le garder en vie. Parfois, iel le voit alors qu’il n’est plus là. Iel a pas d’autres repères et… »

    Et j’aime pas l’idée que son fantôme pourrait vraiment être là. Il peut même pas aller se baigner avec l’eos comme tout le monde en attendant d’être réincarné en, euh… en tas de caca ?!

    « Je l’ai tellement détesté pour ça. J’me suis senti trahi. Je lui gueulais dessus. Comme lui le faisait avant. »

    La grenouille soupire ferme les yeux en se blottissant contre son ami.

    « Mais, iel avait surtout… besoin que je lui laisse du temps. Je… j’espère qu’il me pardonnera un jour d’avoir été aussi horrible. »

    …Et pas qu’avec ellui.

    Les images du type de ruelle reviennent lea hanter.

    « …Enfin, j’ai été horrible avec beaucoup de gens… encore récemment. »

    …Pourquoi est-ce que je pense à Natsume, d’un coup… ? Ça n’a rien à voir, c’est… urgh. Enfin, ce qui s’est passé entre nous, c’est… peut-être que vu de l’extérieur c’est un peu ma—BREF. Je commence à fatiguer, moi, on dirait.

    « Euh. Pardon, je radote. »

    En même temps la journée à été longue.


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    All for Us avec Gabrol
    Il ne pouvait s’empêcher de teinter ses discussions avec une pointe d’humour, comme s’il s’obligeait à dédramatiser son vécu. Une façon de se protéger, un déni, qu’importe le nom qu’on pouvait donner à ce phénomène. Le fait est qu’il le faisait, parfois sans même s’en rendre compte. C’était devenue une habitude qui s’était attachée à lui de la même manière qu’une sangsue à la jambe. Sauf qu’un jour ou l’autre, une sangsue aussi minuscule soit-elle finie par faire des dégâts. Alors, Gabryel haussa des épaules, un sourire malicieux sur le visage, bien que son regard traduisît une certaine tendresse à l’égard de Raol. Peut-être iel ne se transformera-t-iel pas en prince.sse, mais au fond il n’en avait rien à faire. L’important, c’était que ce soit ellui. Sa voix, ses yeux. Le reste, il s’en accommodait bien. Il se blottit un peu plus contre la grenouille, l’écoutant attentivement bien que ses prunelles se perdaient dans la décoration de son étroite chambre. Ce n’était pas la première fois qu’iel lui parlait des racines comme d’un repère pour elleux. Quelque part, le caldissien trouvait saon partenaire admirable. Iel savait que ce n’était pas d’une maison dont iels avaient besoin, ni même de quelconques biens matériels.

    Lui était bien trop vaniteux, cupide voire tout à fait avide. Le sublime et la quête des grandeurs étaient tatoués en lui. Néanmoins, il comprenait que passer d’un état à l’autre serait sûrement trop perturbant. Lui-même n’était pas sûr de pouvoir véritablement vivre de cette façon. Passer une soirée ou plusieurs, c’était une chose, mais changer toutes ses habitudes, troquer ses privilèges... Il ne pouvait pas. Gabryel sourit à nouveau lorsqu’iel lui fait remarquer la décoration. Ses doigts s’étaient perdus dans la chevelure brune de l’amphibien.ne, jouant avec ses mèches tout en hochant la tête et en acquiesçant. Quitter le nid familial, c’était parfois douloureux. Surtout lorsqu’il était autant chargé de souvenirs. Il en savait quelque chose. En restant ainsi silencieux, le militaire voulait pousser Raol à la confidence. Il sentait qu’iel avait envie –non- besoin, de parler. Alors il se laissa aller un peu plus dans ses bras, tentant vainement de fusionner avec ellui, sentant sa tête reposée sur la sienne, sa poitrine se gonfler d’air. A nouveau, il se fit discret, tendit l’oreille avec une attention toute particulière, caressant la peau de saon amant.e comme pour lui chuchoter : Je suis là et je t’écoute.

    Iel semblait avoir énormément réfléchi sur sa propre personne. Sûrement les événements récents l’avaient-iel pousser à accélérer ce processus. Iel s’en était presque oublié dans ses propres réflexions. Iel parlait des autres, de leur ressenti, de ce qu’iel avait fait de mal... Mais jamais de ce dont iel avait besoin. Car au final, Ziyal n’était pas le seul à devoir guérir. Raol était tout autant impacter, d’une façon sûrement différente mais ça ne changeait rien. Et puis le Venomania n’était pas certain d’une chose. Si son parent lui pardonnerait –si ce n’était pas déjà le cas-, arrivera-t-iel à se pardonner ellui-même ? Au fond, n’était-ce pas là le véritable souci ? Lea Zeteki semblait pris.e à son propre piège. Iel avait beau aimer porter son masque orgueilleux, le caldissien savait que ce n’était pas la vérité. Après tout, iels jouaient tous les deux un rôle face aux autres. C’était peut-être pour cela qu’iels se détestaient au départ, parce qu’iels voyaient leurs propres reflets et c’était trop difficile à appréhender. Gabryel fit glisser ses doigts le long de sa mâchoire, lui offrant quelques gestes doux, avant de lui répondre.

    « Hé, ne t’excuse pas. Ne t’excuse jamais lorsqu’il est question de te confier. Tu peux me répéter les choses autant de fois que tu le veux. Je t’écouterai et te répondrai à chaque fois. »

    Il posa ses lèvres sur son front, comme pour conclure cette promesse silencieuse. Celle d’être présent pour ellui tant qu’iel le voudra bien.

    « Comme tu as dit, ça n’a pas toujours été aussi paisible, mais c’est bien la preuve que les choses évoluent. Ça prend du temps, parfois il y a des pas –voire des bonds- en arrière, mais tu ne penses pas que c’est normal ? Ziyal a souffert, mais toi aussi Raol. Certes, ce n’est pas une excuse, mais dans une telle situation je doute que ce soit possible de rester stoïque. Le fait que tu te sois emporté.e, c’était pour amour envers Ziyal. Ça ne partait pas d’une mauvaise intention. »

    Alors que lui, avec son père, il voulait le faire souffrir à la fin. Il voulait le mettre en colère, le voir peiner. Tenter de savoir si oui ou non il représentait vraiment quelque chose à ses yeux.

    « Je trouve ça admirable que tu te rendes compte de tes erreurs, que tu le verbalises et que tu prennes conscience que tu es allé.e trop loin avec tes proches. C’est déjà un grand pas, peu en sont capables. Mais je pense qu’il n’y a pas que le pardon de Ziyal que tu cherches. Je crois que tu aimerais avoir ta propre rédemption, te pardonner à toi-même les choses que tu as pu faire ou dire. Ne t’oublie pas pour les autres, tu mérites aussi d’être en paix. »

    Quelques baisers perdus sur ses joues, quelques caresses sur ses bras. Il voulait sceller chacun de ses mots, chacune de ses phrases.

    « Tu as, toi aussi, besoin de temps. Je suis certain que tu finiras par être cellui que tu veux être. Laisse-moi juste l’occasion de rester auprès de toi pour te voir grandir, petite fleur. ♪ »

    Il sourit, espiègle. Raol semblait fatiguer. Il était tard... Gabryel, lui, n’avait pas l’envie de dormir. Il ne voulait pas retrouver ses songes. Il continuait de tracer des formes arabesques sur la peau de l’amphibien.ne, soudain devenu silencieux. Néanmoins, le rictus sur son visage prouvait qu’il était apaisé. Son silence n’était pas dû à un malaise, mais il voulait seulement profiter de cet instant, le graver dans sa mémoire du mieux qu’il le pouvait. Il releva le menton pour croiser son regard.

    « Si tu te voyais de la même façon que je te vois... » Il se pencha vers ellui. « Je peux ? »

    Il attendit son accord et posa ses lèvres sur les siennes, échangeant un baiser doux, et lorsqu’iels se séparèrent il ne pouvait guère garder son sérieux plus longtemps.

    « Mais que vois-je ? La grenouille est devenue un.e prince.sse ? Je savais que j’avais bien fait de miser sur les amphibien.nes ! »

    Dit-il en caressant du pouce sa joue.
    kyro. 017 ldd

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    Confessions Nocturnes
    avec Gabryel la BM



    Admirable, Raol ? Iel baisse les yeux, le visage couleur saumon. Non, ce qui aurait été admirable, c’est de ne pas faire d’erreurs… de ne pas être horrible en premier lieu. De ne pas faire souffrir sa propre famille, même si celle-ci lui a fait beaucoup de mal. Mais, ce n’est pas possible, ça, n’est-ce pas… ? C’est absurde de vouloir refaire le passé mais… des fois, le présent est si peu attractif que c’est le seul souhait qu’on arrive à formuler. Pourtant, Gabryel a raison. Même si Raol ne s’en rend pas vraiment compte, les choses changent. Petit à petit. Mais elles évoluent. Et… probablement que la grenouille ne pourrait pas autant apprécier cette perspective si le caldissien n’était pas entré dans sa vie. C’est improbable, quand on y pense, qu’une personne issue d’un des groupes qui lui inspirait le plus de craintes et de dégout a fini par lui faire réaliser que… qu’iel peut peut-être encore évoluer. Qu’iel a le droit de se pardonner, d’avancer, d’aimer à nouveau et de s’entourer de personnes qui lui veulent du bien.

    Sans trouver grand-chose à répondre, Raol écoute son amant parler et lea rassurer, sans le quitter des yeux. Iel n’essaie plus vraiment de dissimuler son expression énamourée à son interlocuteur, se sent soudain sur un petit nuage. Heureux.se que quelqu’un soit si patient avec ellui, qu’il essaie activement de comprendre et l’accepte, l’encourage malgré toutes ses bourdes. Même si le général est d’une mièvrerie qui pourrait faire frissonner certain.e.s de gêne, Raol le trouve adorable et laisse faire, content que son amant se sente libre d’exprimer son affection à sa manière.

    « Moui, pourquoi pas…  j’aime bien les fleurs. »

    Iel ricane bêtement et se laisse attendrir par les paroles suivantes de son ami. Son cœur s’emporte et son ventre se réchauffe quand Gabryel se rapproche pour l’embrasser. Le temps semble en suspens lorsqu’iels échangent ces gestes, ces petits attentions dont elleux seuls ont le secret.

    « Pfffrt arrêêêêteuuuuh ! »

    Glousse l’amphibien sans se débattre alors que Gabryel continue ses facéties. Un.e prince.sse, rien que ça ? Cette image absurde amuse beaucoup Raol et lui fait un peu plaisir aussi. Ce n’est pas si désagréable d’être un peu idéalisé, des fois.

    « J’me pose des questions sur ton acuité visuelle des fois mais… bon, c’est pas grave. C’est bien parce que c’est toi. »

    L’air gaga, Raol embrasse le front du caldissien et se perd quelques instants dans son regard.

    « Est-ce que j’dois comprendre que tu vas rouler des pelles à toutes les grenouilles du coin pour voir si elles se transforment ? Bizarre pour un mec aussi près de son hygiène de trainer dans des mares ! »

    Iel hausse les épaules.

    « M’enfin, tant que t’oublies pas de m’inviter, ça m’gêne pas. »

    L’amphibien émet un rire gras et se serre contre la poitrine du plus grand. Il fait désormais nuit noire au dehors. Quelques petites lumières éclairent encore le duo somnolent occupé à se câliner. Raol ne s’est pas senti aussi bien depuis longtemps et sent le sommeil lea gagner. Avant de sombrer, iel trouve l’énergie de d’entrouvrir les yeux vers son amant et de prononcer quelques mots.

    « Merci d’être là. »

    A ce moment, iel se promet d’être également là pour Gabryel, s’il a besoin d’ellui à nouveau. Se promet d’apprendre à faire d’avantage confiance, s’autoriser à croire en cette relation et au fait que Gabryel ne lea repoussera pas, quand iel lui avouera peut-être, un jour ses sentiments. Dans ce moment idyllique, Raol ne veut plus penser aux détails gênants, aux risques, aux choses qu’il faudra regarder en face un jour. La grenouille ne se rend pas compte que l’idéalisation n’est peut-être pas la manière la plus saine de se projeter, peut-être trop tôt, dans ce couple qui n’en est pas encore un. Que c’est peut-être risquer de tomber de haut quand quelque chose ne marchera pas. Quand iels sortiront de leur bulle.

    Ça ira. Puis, de toute façon, le pire est déjà derrière nous… pas vrai… ?

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