Carnby - Let it burn

Fermier un jour, fermier toujours. C’est dans une ferme que Carnby est né, c’est sûrement dans cet endroit semblable qu’il s’y éteindra. Accouchement douloureux pour sa mère malgré les anti-douleurs mais cette dernière a tenu bon et ça ne l’a pas empêché de faire naître quelques années après une petite fille, Emily, la seule qu’elle aura.
Situé au milieu de la fratrie, Carnby, en plus de sa benjamine, a un frère, Edward, de quatre ans son aîné qui lui fait la misère depuis son plus jeune âge.
Dans sa famille, ce n’est pas sa mère, qui gère la ferme ; c’est son père, homme doux et tranquille. Carnby lui ressemble d’ailleurs beaucoup et ce n’est pas de n’importe qui qu’il hérite depuis l’enfance de son affection pour les bêtes en tous genres. Sa génitrice, en revanche, fière soldate dans l’armée Caldissienne, est bien moins nonchalante que son mari et se montre moins tendre, plus rigoureuse et sévère. Elle n’hésite pas à apprendre à ses enfants à se défendre dès qu’ils sont en âge de marcher. Edward y prend goût, d’ailleurs, et suit les traces de sa mère plus tard en portant l’armure ; à l’inverse, Carnby est très peu doué dans le maniement des armes et n’aime pas la violence de façon générale. Ce n’est pas grave, il a un autre atout : son espèce, nymphe de feu, qui lui vaut autant de regards admiratifs que apeurés, et attire la jalousie, entre autres, de son aîné qui se venge de ces dons extraordinaires dont il est dépossédé en malmenant celui pour qui il est censé être un modèle. Son rapport avec son frère n’est donc pas très bon mais il est cependant très protecteur envers sa petite sœur qui le lui rend bien : les deux plus jeunes de la famille s’entendent à merveille et sont très liés. A l’adolescence, elle voudra être un peu moins défendue et davantage être écoutée.

La mère Dellombrey, rigide et brute de nature, veut donc que ses enfants suivent la voie de l’épée. Edward s’y engage, ravi, mais Carnby y tourne le dos. Il préfère largement marcher dans les pas de son père qui lui apprend tout ce qu’il sait sur les bêtes de la ferme ; et le brun se révèle à la fois doué pour écouter et pour reproduire les gestes de son paternel. Malgré quelques déboires avec les animaux durant ses jeunes années, il finit par apprendre de ses propres erreurs, gagne en patience mais ne perd rien en motivation. Passer du temps avec les vaches, les chèvres et les chevaux tend à le détendre et il se plaît à une vie rustique sans souci, à prendre soin de ces êtres qui donnent tant. Il était déjà même arrivé qu’on le retrouve endormi dans la paille de la grange au milieu de chats et de chiens errants. Loin d’être idiot, il ne réussit pourtant pas à l’école ; de toute façon, il s’en fiche, il n’aime pas y aller et le système scolaire ne lui convient pas. Il finit au moins les études obligatoires avant qu’on ne le relâche pour qu’il poursuive son travail à la ferme familiale où il se sent bien plus à l’aise. Toutefois, la paille, ça prend feu rapidement et il se voit contraint d’apprendre à maîtriser parfaitement ses pouvoirs pour qu’on le laisse devenir fermier à temps plein. Cela lui prend du temps toutes les semaines, mais il ne souhaiterait pas blesser non plus les animaux.

En grandissant les rapports avec Edward s’améliorent légèrement. Ce dernier veut désormais l’impliquer dans ses plans et lui faire faire les quatre cents coups : loin d’être le genre de Carnby, il accepte à contrecœur dans l’espoir de se rapprocher de son aîné même si ça finit toujours par lui rapporter des ennuis, malchanceux comme il est. Il finit par mettre toutefois un stop aux bêtises du plus âgé quand ça finit par mettre à mal ses tentatives de reprendre la ferme du paternel. Les Dellombrey vivent tranquillement tous les cinq, la mère et le frère partant de temps à autre en guerre, mais ils n’ont pas le malheur de voir l’un d’eux disparaître durant un conflit quelconque avec les Altissiens. Rien n’aurait pu troubler la petite vie de Carnby s’il n’y avait pas eu le retour de cet arbre millénaire qu’on nomme Yggdrasil.

Affectionnant sa petite vie tranquille de fermier, il est très peu intrigué par cette cité, quoique peut-être légèrement curieux mais sans plus. Il laisse les aventureux s’y installer et découvrir cette civilisation antique, mais très peu pour lui. Ses parents ne lui laissent toutefois pas le choix : après la signature de la paix entre Altissiens et Caldissiens, ses parents décident de se faire de l’argent en vendant leur ferme. Cette décision rend très en colère Carnby qui part finalement en direction d’Yggdrasil pour s’éloigner le plus possible de ses géniteurs à qui il en veut terriblement, lui qui espérait reprendre la ferme. Les seules bêtes qu’il peut récupérer sont sa chienne, sa jument, une vache, une chèvre et quelques poules. Préférant s’établir à l’extérieur de la cité, il s’installe aux abords du second Mur et sa ferme démarre lentement mais sûrement. Oscillant entre réussites et grosses galères, les jours ne sont pas toujours simples mais il est tout de même heureux dans ce qu’il fait, fier de son indépendance et de sa routine ; il peut, en plus, perfectionner en liberté ses talents de nymphe qu’il n’a pas pu beaucoup pratiquer dans le foyer familial. En pleine nature, il est heureux, épanoui, tranquille, et envoie de temps à autre des lettres à sa petite sœur : la seule qui compte encore pour lui.

Deux ans plus tard, les monstres commencent à venir autour de la cité. La blessure qu’il a sur sa joue est le résultat d’une lutte qu’il a mené contre quelques-uns d’entre eux alors qu’il protégeait férocement son bétail. Il en gardera une cicatrice à vie, mais ça lui importe peu. Ne venant dans la ville qu’à certaines occasions, il vit un peu comme un ermite, mais ça lui convient bien. Le matin il vend lait et oeufs, l’après-midi il s’occupe de ses bêtes, le soir il bouquine, et la nuit… il rêve. Parfois de sa famille, parfois de formes étranges, mais aussi souvent d’amour. Carnby ne s’ennuie pas, mais ça lui arrive de sentir seul. La maison paraît bien vide certains jours.
Mais il n’a pas le temps de s’y attarder. Le coq chante. Il faut aller travailler.