[quete]C'est bon les livres ? [ft judith]

Des livres, des tonnes de livres. Des rangées à n'en plus finir, plus hautes que la plupart des maisons qu'elle a pu voir dans sa vie. La petite étrangère erre presque en touriste dans l'académie. Tout est si différent de ce qu'elle a connu dans une vie antérieure. Judith marche, la tête en l'air, se retournant de temps à autre. C'est tout aussi beau à l'intérieur qu'à l'extérieur. Ca parait presque irréel une bâtisse pareille. Elle lâche même un petit "woah" en voyant les rayons du soleil sortir à travers les vitraux. Judith en oublie presque pourquoi elle est venue à la base. Une "quête" comme ils aiment l'appeler ici. En réalité, il s'agit plutôt d'un vieil homme qui quémande de l'aide et cette aide, elle est là. Klaus a de l'argent mais la métisse compte bien être la plus indépendante possible. Autant le faire en étant utile, et aimable. Et puis...elle a besoin de s'occuper l'esprit sinon elle ne ferait que ressasser ce qui est arrivé. Quatre ans quand-même... En quatre ans les choses ont l'air d'avoir bien changés. Reste à voir si c'est pour le mi-

Ah bah la tête de linotte. A force de reculer en marche arrière, elle vient de rentrer en collision avec quelqu'un. Instantanément, la jeune invocation se retourne, clairement en stress.

E-ex-excucu-cu-

Mais la vue de l'homme en question arrive à lui couper la parole net. Un homme oui, grand, bien plus qu'elle pour sûr. Tout de sombre vêtu et le visage couvert d'un masque. Son allure est morose mais sa tenue reste étonnement extravagante. Une espèce de mélange sinistre qui -disons le- fait peur à la petite dont l'oeil se met à avoir des spasmes. Judith reste plantée là, hébétée pour qu'un coup, elle se reprenne dans un sursaut. L'ex-morte baisse la tête, par honte comme par politesse.

P-pap-papa-j-je-ch-je che-je chercha-


Non c'est peine perdue. L'inconnu l'intimide trop pour que les mots puissent sortir. Seulement elle ne peut pas errer éternellement à la recherche des manuscrits. Alors elle prends son courage à deux mains, ça et une petite lettre qu'elle lui montre. La lettre d'annonce de monsieur Niouff (ces noms altissiens quand-même...) et sa requête. Peut-être qu'il pourrait l'aider? S'il comprends ce qu'elle essaye de dire ...Peut-être? Elle a l'impression de trop en demander.

La petite fronce un sourcil, confuse le temps d'une seconde avant de comprendre. Elle n'a pas réussi à se faire comprendre, bégaiements qui ont joués des tours. Evidemment que c'est pas son père et, franchement, encore heureux. Elle le suit du regard, sans que ses yeux n'aillent fuir ailleurs. Pas de pas en arrière non plus, elle se tient droite malgré l'anxiété que lui inspire ce type. Cela dit, il a l'air plutôt calme, pas aussi froid qu'elle ne l'aurait craint. En plus, coup de chance, il cherche la même chose et propose de s'entre-aider. Mais pas le temps d'hocher la tête qu'elle sursaute. La main du masqué qui s'est posée sur son épaule. L'oeil de la petite déraille dans un spasme long d'une seconde. Ses épaules se braquent et le reste de son corps finit par suivre. Son oeil qui ne tremble pas croise ceux de l'homme qui, pour une raison inconnue, reste figé comme elle (enfin presque comme elle). Voilà qu'il reprends la parole, se présente. Volf, heh, allez savoir si c'est à cause de l'impression qu'il donne mais ce nom, elle va s'en souvenir. Il lui explique aussi la raison de sa présence. Il faut dire qu'il fallait bien une explication en béton pour justifier un type comme lui dans un endroit pareil...Même si on peut dire pareil pour l'invocation. Honnêtement? Elle aurait bien rit de son histoire s'il n'était pas aussi...intimidant.

Et puis, venant d'un peu nulle part, il plonge une main dans sa poche pour en sortir...un..un bonbon? Et il la lui propose? ...Quoi? Judith est confuse et son visage ne le cache pas. Un sourcil se fronce à nouveau tandis que l'autre se lève. Ses yeux regardent le bonbon puis Volf une à deux fois. Méfiante, c'est le mot. Elle ne dit rien, ne sachant pas vraiment comment aborder "ça". Elle a vraiment l'impression de se faire infantiliser. C'est plus une gamine, surtout depuis sa mort. Elle entre-ouvre la bouche, mais sa nature bègue reprends le dessus.

neeeeeee...ne-non me-non mer-ci.

Huh, les longueurs reviennent, c'est pas bon signe ça. Elle baisse les yeux un instant avant de pointer son index sur elle-même.

J-ju-uuu-Judith.

Elle déglutit. Elle a du mal même avec son propre nom. Pendant quelques secondes, elle a malgré tout pu lui rendre un petit sourire amical. Allez, c'est la moindre des choses. Il est effrayant mais jusqu'ici, il a l'air étonnement "gentil". Elle reste comme ça avant de se reprendre, presque dans un sursaut. La charrette, elle l'a remarqué. Judith se met à la pointer.

Cha-la cha-la charet-t-t-t-. Pe-peut l'uuutilissser?

Et sans attendre, elle se met à grimper sur les étagères avec une facilité assez étonnante. Ses réflexes d'acrobates n'ont pas disparu à sa mort et c'est tant mieux. Il y a juste ses bandages qui lui retirent certaines sensations. Un peu déstabilisant mais pas de quoi l'arrêter. Elle se tourne vers l'homme. C'est drôle, pour une fois c'est elle qui regarde quelqu'un de haut.

V-vo-vous me di-dites qu-quoi cher-quoi chercher. Jeee pr-trouve et v-vo-met-t-ez sur la cha-sur la charette? Dit-elle avec un petit sourire. Un petit élan de confiance, espérant pouvoir être utile, et ne pas paraître comme un boulet.

Et ils sont partit dans leur labeur. C'est un peu monotone mais au moins ça se fait vite. Judith se complaît dans son petit rôle. Pour une fois que ses acrobaties servent. Elle qui rendait sa mère folle quand elle suivait l’aînée. Et ce Volf restait tranquille, lui montrait la marche à suivre sans broncher. En vrai, ça lui fait du bien, qu'on lui fasse confiance, même pour si peu. Même lorsqu'elle devait grimper jusqu'aux étages les plus haut, elle ne bronchait pas et se baladait avec une certaine aisance. Chaque fois qu'elle prends un livre, elle le dépose dans ses poches à l'intérieur de sa cape. Même après la mort, elle lui est toujours aussi utile. Vint ensuite l'instant où elle descendait pour lui déposer un énième ouvrage qu'elle le voit...jouer avec les bonbons? Elle ne dit rien, n'insiste pas dans le regard ou quoique ce soit et continue dans leur lancée. Intérieurement, ça la turlupine malgré tout. Il est étrange mais, pas de façon aussi négative qu'elle l'aurait cru. Et, comme pour briser le silence, Volf vient lui poser une question. Par réflexe, elle se tourne et le regarde d'en haut.

Huh?

Travailler ici? Bouffon? Oh ça explique alors. Le genre d'explications qui, dans sa tête, remet les choses à plat. Elle s'est peut-être méfié de trop. Et puis il s'empare des bonbons qu'il empilait pour jongler avec. Une main accrochée à l'étagère et l'autre un peu ballante, Judith observe le petit spectacle. Ça va paraître enfantin mais, ça l'amuse un peu, la mets même légèrement plus l'aise. Cela dit, elle se demande quand-même pourquoi il semble insister à porter le masque. Peut-être par excentricité, ou pour la même raison qu'elle garde ses bandages... Elle n'a pas le temps de lui répondre qu'il reprends. Il reconnait qu'il parait étrange et s'excuse? Judith est...surprise. Elle baisse les yeux, bouche entre-ouverte, se sentant coupable d'une certaine manière. Elle déglutit avant de, finalement, se laisser glisser pour retourner au sol avec lui. La métisse se tient devant lui, tête baissée. Il est temps de se forcer à faire des phrases longues.

J-j-je...n-no-non c'es-c'est... Elle hausse les épaules croisant ses doigts entre eux. J-j'éta-j'étais no-nono-nomade. L'hab-l'habi-l'habit-tutu-tude de voir la gué-guégué-guerre. D-du-dur de f-f-f-faire co-con-confiance.


Elle lève les yeux vers les siens avant de les baisser à nouveau, un peu honteuse.

C'-c-c-m-moi qu-qui- Elle inspire un bon coup. J'ai m-m-mal ju-j-jugé jeee-e c-cr-crois.

Elle relève la tête pour le regarder. Le masque l'intimide encore mais, quelque-chose lui dit qu'il n'avait pas mauvais fond, même s'il n'avait pas l'air de s'aider. Et elle regarde le bonbon qu'il tends une fois de plus. Elle souffle du nez, laissant même échapper un léger sourire, un sourire timide mais, d'une certaine manière, chaleureux.

P-p-pour me fa-f-aire p-pardonner. Et elle prends doucement le bonbon, bonbon qu'elle range dans une de ces poches. Elle le mangera une fois le labeur fini. Elle se tient un bras, un peu nerveuse avant de souffler du nez.

M-moi au-aussi je d-d-dois pa-papa-paraitre bi-z-z-z-bizzare. Dit-elle en sortant les livres de sa cape pour les déposer dans la charrette. Ils ne doivent plus leur rester beaucoup alors bon, discuter un peu, ça ne peut pas faire de mal. N'empêche, elle peut vraiment croiser bien des gens différent dans cette ville.

V-v-vous ve-venez d-ic-d'ici? Elle se doute que non, mais bon.

Elle le regarde alors qu'il finit par lui répondre. Sa réaction juste avant ses mots paraissent un peu...comment dire... Comme quand elle-même se fait extirper de ses pensées? Oui ce serait la bonne façon de le dire. Il se dévoile un peu en réponse sa curiosité. Pas attaché à la patrie? Pas de distinction entre les gens? C'est...plaisant, à savoir. La métisse ne pensait pas tomber sur quelqu'un qui, comme elle, se contre-fiche des appartenances. La fille en cape le suit alors qu'il pousse la charrette plus loin. Le regarde la petite se posa sur les étagères. C'est vrai qu'ils ne leur restaient plus grand chose à récupérer tiens. Et puis, d'un coup, Volf pose ses mains sur ses épaules, la faisant sursauter. Paranoïa oblige, elle s'attendait à mal mais, au final, il tapote pour lâcher une plaisanterie dans un rire. Judith sourit nerveusement et souffle du nez. Mieux encore, elle rit, légèrement, discrètement.

C'est un peu méchant de penser ça mais, il n'a pas vraiment tort. Malgré tout, elle se surprends à bien l'apprécier au final. Elle n'a vraiment jamais vu quelqu'un comme lui et pourtant, des saltimbanques, elle en a vu. Difficile pour elle de le déchiffrer mais, il y a comme une étrange dualité chez lui. Il dégage une aura menaçante et pourtant, il parait sincère dans ses actions. C'est assez déconcertant. Elle se gratte l'arrière de la tête alors qu'il s'éloigne pour attraper un livre...qu'elle ne reconnait pas. Après, elle en a attrapé tellement; difficile de tous les distinguer. Elle s'en doutait mais voilà qu'il aborde le cas de la magie. Il apprends donc? Il lui demande des astuces et, voilà qu'il mentionne la conjuration. Huh, ce serait mentir de dire qu'elle s'y connait mais, la conjuration, elle connait, plus qu'elle ne l'aurait voulu.

...

Le sourire de Judith disparaît instantanément, remplacé par un air grave. Elle baisse la tête, un de ses yeux recommence à avoir des spasmes mais rien de flagrant.

...No-non.

Sa main valide vient prendre celle couverte de bandages et elle l'observe. Bien des souvenirs reviennent, la plupart floue et le reste beaucoup trop limpide. Elle se rappelle d'une visage ridé, sévère. Cet homme elle ne le reconnait pas totalement. Impossible de savoir si c'était un membre de la famille ou un voyageur. La seule chose de certaine, c'est qu'il lui inspirait une peur, profonde, viscérale. Sa main recouverte tremble quelques secondes avant de se calmer. Elle ne sait même pas pourquoi cela vient d'arriver. Ce souvenir, il était si important que ça? Elle serre le poing, son esprit prisonnier quelques secondes de ses derniers instants, juste avant sa mort. Est-ce qu'elle devrait lui dire? La décision est difficile...

Je...

Elle déglutit, encore hésitante sur ses mots.

Je co-je con-connais un co-concon-conj-juuuu-conjurateur.

Toujours a regarder sa main, elle rouvre le poing avant de laisser son bras tomber, ses yeux revenant vers le bouffon.

Po-pourr-pourrait to-touj-toujours lui-lui deman-demander... Dit-elle en haussant les épaules.

Maintenant qu'elle y pense... Ses parents lui ont toujours interdit de s'approcher de la magie. Elle a le souvenir du vieil homme. Qu'on lui disait qu'elle avait du potentiel, beaucoup de potentiel. Mais comment faire confiance à une mémoire dont on est même plus certaine? Surtout quand elle sait d'où viennent ses bégaiements. Seulement, elle côtoie maintenant son invocateur et sa nouvelle condition -et position- vont sûrement l'embarquer dans de sacrés pétrins. Peut-être qu'il serait temps de...

...Un jo-un jo-jour je pou-poupou-pourrais essay-yyy-er aus-ss-si, j'imag-gine...

Un jour.

Elle le regarde, le visage neutre, préférant se renfermer. Ce n'est pas contre lui, c'est juste qu'elle a déjà bien assez faite subir ses états d'âmes à Iris. Elle s'est déjà bien assez sentie mal en laissant tout ça exploser la première fois. Et puis aussi bien lui qu'elle ont mieux à faire que l'entendre raconter sa vie. Peut-être qu'un jour, le fardeau sur sa conscience partira. Peut-être que, justement, c'est ce qui l'empêche de trouver le repos. Enfin bref... L'étrange bouffon lui demande naturellement qui est le conjurateur dont elle faisait mention. Hm, tant pis, ce sera le problème de Klaus, pas le sien. Le temps de sa brève réflexion, Volf venait de trouver le dernier livre, visiblement à portée de main. Elle ne dit rien, baissant juste légèrement les yeux avant de revenir sur lui.

K-klauklau-... Oh non que son nom était compliqué à prononcer pour elle...

Judith ferme, les yeux et serre les poings, concentrée.

Kla-aus Heeee-ver-ga-ga-rede-

Elle inspire profondément.

Ev-ver-gar-de-den.

Elle rouvre les yeux, relâchent les poings. Ce n'est pas grand chose mais c'est mieux que rien. Elle commençait à devenir effacée, morose, mais c'était sans compter ses nouveaux mots. Une petite plaisanterie dans le vent. Si elle était d'humeur sur l'instant, elle aurait souffler du nez, peut-être même rit. Elle ne réagit pas mais, elle apprécie ses efforts. Il continue, lui dit qu'elle peut y arriver, mieux que lui même. Une fois de plus resurgit les souvenirs, son handicap, ce qu'on lui disait, les interdictions. ...Mais c'était de son vivant tout ça. Peut-être qu'elle pourrait prendre le risque... C'est plus une enfant, et c'est une invocation maintenant. Plus vite elle découvrira ses pouvoirs, plus vite elle pourra trouver un moyen de libérer de sa condition.

Mais Judith n'eut pas le temps de pousser la réflexion plus loin que cela. Volf en rajouta une couche, faisant apparaître une fleur qu'elle n'avait jamais vu. Elle contemple, yeux écarquillés, lèvres entre-ouverte, surprise. D'aussi près, elle peut apprécier la forme, la couleur et l'odeur. Elle dégage quelque-chose de si vibrant, vivant et coloré. Et puis elle voit la fleur s'élever alors que Volf approche sa main d'elle. Ses yeux cuivrés suivent le mouvement pour voir et sentir la fleur glisser dans ses cheveux. Bouche bée, elle pose très doucement sa main sur son scalpe pour frôler la fleur, sans pour autant la toucher. Elle reste là, hébétée, flattée et, honnêtement, touchée par le geste. Ses joues rosissent légèrement. C'est drôle la vitesse avec laquelle son moral est tombé, tout ça pour revenir. Timide mais heureuse d'une certaine manière, elle suit l'homme masqué, le laissant parler à la bibliothécaire. Lui au moins peut aligner les mots correctement après tout.

De retour dehors, elle n'avait presque pas attendu Volf pour marcher en direction de la maison du client. Seulement, lui s'est arrêté. Ça l'a suffisamment surprise pour stopper ses pas et se retourner. Ah...il s'en va. Elle n'aurait pas cru ça mais, quelque-part, elle est un peu déçue de dire au-revoir aussi vite. Il n'était pas désagréable, au contraire. Elle venait même d'apprécier son...originalité. Sur ses mots, Judith hoche la tête, préférant éviter d'énièmes bégaiements. Alors qu'il s'en allait, d'un signe de la main, Judith le lui en rendit un plus grand.

A-au r-au re-vo-au revoir !

M-er- Il est déjà partit. -ci...

Tant pis. Elle soupire mais pas plus gênée que ça. Si ça se trouve, ils se reverront. Et, sans broncher, elle rassemble les livres et s'en va jusqu'à la demeure de monsieur Niouff, non sans oublier de mentionner la participation du bouffon. Quand elle le retrouvera, elle lui donnera sa part de la récompense. C'est la moindre des choses. Même après la sortie à l'académie, Judith avait gardé la tulipe toute la journée. Elle aimait bien ça finalement. Oh et le bonbon, elle l'a gardé, si un jour elle en aurait besoin...Peut-être.