Les mini-éclaireurs - Quête évenementielle
/!/ CW : Mumut malmène des enfants et fout des coups de pression alors qu'y ont rien demandé. C'est rien de graphique ou de violent au sens physique mais ça reste pas joli, voila :V /!/


J’ai prédit qu’il ferait beau aujourd’hui. La météo a toujours fait partie de mes passions, à vrai dire. Bon, je dois dire que le soleil qui tape ainsi en plein été me fascine beaucoup moins, en revanche. Dix minutes de marche sous ce caniar et je suis déjà en train de suer comme un bœuf. Quelle idée d’avoir fait ces robes aussi lourdes et d’être sorti avec toute ma panoplie armure et épée, aussi. La mode altissienne a encore fort à apprendre pour s’adapter au climat d’Yggdrasil. Mais bon… au moins, quand les gens me reconnaissent à ma tenue, ils ne viennent pas inopportuner. Entre la chaleur étouffante et supporter la présence de n’importe qui à moins de 5 mètres… oui, je préfére la chaleur étouffante.

Les gens de la ville haute sont occupés à se mettre à l’ombre pour prendre le thé, de toute manière. Ils bavassent et sourient de manière insupportable et leur gloussements me donnent envie de les étrangler par moments. Mais ce ne serait pas très bon pour ma street crédibilité, que de cèder à ma nature impulsive aujourd’hui… je voudrais juste trouver un coin tranquille pour lire et noter mes dernières découvertes ; être loin des cloches du monastère, des rires mondains de la ville haute, du boucan du quartier des affaires et des loisirs… je crois que je vais retourner me percher sur les murs, là-haut, au moins, c’est assez isolé et il y a une belle vue. Il me faudra juste trouver un coin d’ombre, sinon, je vais rentrer avec une insolation carabinée.

Ma descente vers les murs se passe bien, si l’on ignore l’existence d’autres personnes dans les endroits où… où on est censés trouver d’autres personnes. Je m’apprête à trouver le passage vers les hauteurs quand j’entends des gazouillements insupportables à une dizaine de mètres. Saletés de gamins qui courent sans regarder devant eux et qui se foncent dans les passants, moi compris. J’en retiens un par le poignet, fais mes gros yeux les plus méchants et souffle du nez en m’adressant au sale gosse que j’ai arrêté dans sa course et qui me regarde avec des grands yeux. Par Oros, que c’est stupide à cet âge.

« Regardes ou tu vas. »


Fis-je d’un ton glacial. Petit con. Sa bande de copains voient qu’il s’est arrêté et le rejoignent, m’observent en chuchottant entre eux. Avant que le gamin que j’ai attrapé réponde ou ne réagisse, l’un de ses amis  croit malin de me balancer un cailloux en pleine face, puis entreprend de courir vers une ruelle adjacente en beuglant :

« Mini-Eclaireurs, dispersiooooon ! »

J’ai l’air bête mais cette courte scène me laisse totalement décontenancé. Le gamin s’est libéré de ma prise et s’est mis à courir avec les autres en ricanant. A cet age, ils ont des cervelles de poissons rouges et il m’a sûrement déjà oublié. Je grogne et observe la scène de loin, le regard mauvais. Puis  au moment ou le dernier va gagner la ruelle, je le vois courir avec un bâton enflammé, scandant à tout va :

« On va mettre du feu partout ! Yahaaaaa ! »

...ou quelque idiotie dans ce genre-là. Je regarde autour de moi… évidemment, personne ne fait attention à cette bande d’idiots en bas-âge. Je n’ai pas envie de me retrouver au milieu d’un incendie accidentel et de ruiner mon après-midi, donc je rejoins le petit passage étroit en quelques enjambées. Là, les enfants s’affairent devant une motte de paille. Ils ont tous mis de vieux haillons noirs en guise de capes sur lesquels ils ont dessiné à la peinture des insignes… je ne sais même pas ce qu’ils représentent, un dirait une sorte de « S » fantaisiste et anguleux c’est… mais quel rapport avec es éclaireurs, nom de d-- ?! Je ne comprend pas bien ce qu’ils racontent, mais je les entend réciter des choses comme :

« Vous êtes prêts ? On dit que le tas de foin, c’est la maison de ce troufignon de vieux Bebert ! »
« C’est moi qui met le feu !! »
« Hé, Louka, t’as dit que tu laissais faire Gisette ! »
« Roh, ta bouche, Uriel ! De toute façon, c’est moi Cervus, c’est moi qui met le feu ! »
« J’ai dit que c’était moi Cervus en première !! »
« Non c’est moi !! »
« Puis toute façon Cervus il fait des eclairs toi t’as juste un bâton tout pourri. »

Oh, ça y est, j’ai envie de leur coudre la bouche pour ne plus les entendre. Voilà qu’il se chamaillent et que le chef auto-proclamé agite sa torche dans tous les sens. Ah, saleté ! Je me rapproche et d’un geste, je fais disparaître la flamme. Ou, plutôt, je l’ai faite dériver jusque dans une petite flaque grâce à ma magie. Les 3 morveux, un grand roux, un petit brun et une blondine à couettes, m’ont l’air fort déçus et m’offrent des regards blasés maintenant qu’ils ont compris que j’ai interrompu leurs jeux stupides.

« Hé ! Notre flamme ! L’affreux Patapouf il a pris la flamme des mini-éclaireurs ! »

Et c’est parti… Je lève les yeux au ciel et pose mes mains sur mes hanches, les laissant me montrer du doigts comme si j’étais l’incarnation de tous les malheurs du monde.

« Oh, gros con, va ! »
« Salaud !! »


Je déteste tellement les enfants. Je sais, c’est évident, il n’y a pas un jour qui passe sans que je pense en long et en travers à quel point je les abhorre. Évidemment ils n’ont que 10 secondes de concentration et passent déjà autre chose sur l’initiative de la plus petite du groupe.

« Hé, Uriel, c’est quoi un « salaud » ? »
« Roh, tais-toi, t’es trop petite ! »
« C’est toi qui est trop petit, bouffon !! »


Je me masse les tempes et élève finalement le ton pour les interrompre. Voila qu’ils me regardent de nouveaux avec ces yeux ronds. Ah, non seulement c’est absolument insupportable, mais c’est malaisant !

« C’est fini oui ?! Où sont vos parents ? Savent-ils que vous jouez avec le feu et que vous vous déguisez en criminels ?! »

« C’est celui qu’y dit qu’y est gros patapouf qui pue ! »

Le plus âgé (le même qui m’a foncé dedans tantôt), celui dont la tête est décorée d'une grosse tignasse rousse. Je croise les bras et ses yeux noirs m’envoient des éclairs. Il grogne en voyant que je me réagis pas et continue sur ma lancée, juste avant d’être coupé à nouveau.

« Et puis les éclaireurs c’est pas des criminels ! C’est des héros ! Mon papa il a dit que--- »

Ses camarades plaquent une main contre la bouche du petit rouquin qui me parle maintenant de son paternel et de ses potentielles orientations politiques. On en apprend tous les jours.

« Chuuuuuuut ! Faut pas le dire ! »

Ils ont visiblement conscience qu’il n’ont pas trop interêt à parler des convictions de leur famille au sujet des évènement récents. On a dû leur dire que cela leur ferait des ennuis. Et je confirme. Des ennuis, ils vont en avoir.

« Ce sont des criminels. »


Répondis-je, la voix toujours aussi froide et les sourcils froncés dans une expression colérique.

« Ils ont blessé beaucoup de gens et ils finiront aux géoles comme tous les malandrins de leur espèce. »


Si deux des gamins baissent les yeux avec des « oh... » coupables, le rouquin de tout à l’heure, lui, a l’air exaspéré par mes paroles. Il se dresse et s’avance vers moi.

« C’est pas vrai ! C’est pas des méchants ! Ils veulent aider les éossiens et tous les gens qui sont pas bien traités par les militaires méchants ! »

Je soupire, passe une main dans mes cheveux et observe un instant de silence. Enfin, je me baisse pour être à la hauteur du morveux qui me fait les gros yeux. Je n’aime pas son regard arrogant. A peine 10 ans et déjà si prétentieux...

« C’est que tu dois être comme eux alors… c’est ton père, qui t’as elevé ainsi ? Ah, je me demande ce qu’en penseraient certains soldats. Je vais leur dire, que ton papa chéri a envie d’aider les éclaireurs… tu veux qu’il finisse comme eux ? Enfermé tout seul dans une prison ? »


Le visage du petit rouquin se décompose. C’est trop facile. Bon, certes, ce sont des enfants. Ce n’est pas difficile de les faire flancher. Derrière, je vois la petite a couettes qui observe la scène et trouve le courage de répliquer.

« C’est vrai… ? Les éclaireurs ils vont aller en prison ? »

Je me redresse et hoche la tête, l’observant de haut à son tour.

« Oui. C’est comme ça. Ça s’appelle des conséquences. »


Je prends un malin plaisir à leur faire un sermon dégoulinant de condescendance. Après tout, c’est mon travail. Les enfants chuchottent entre eux mais je crois que je leur ait coupé l’envie de jouer. Parfait. Ils n’ont plus l’air d’humeur à me crier dans les oreilles, maintenant, je vais pouvoir regarder les murs dans la bonne humeur. Enfin, presque. Ils m’ont quand même bien fait perdre mon temps. Avant de partir, je tire la cape du petit roux afin de la lui retirer et de la laisser tomber à ses pieds dans une flaque entre deux pavés. Le tissu déjà abîmé s’imprègne d’eau boueuse sous son regard dépité.

« Retirez ces capes et rentrez chez vous, maintenant. »


Je n’attends pas qu’ils m’obéissent et s’exécutent. Je me contente de rebrousser chemin vers le passage qui mène au sommet des grands murs. La montée va encore me faire souffler comme un bœuf mais je sais que cela en vaudra la peine.

En arrivant au sommet et tandis que je cherche un coin d’ombre ou m’installer au calme, je repense au petit rouquin et me crispe. Ce fichu regard qu’il m’a adressé… il a failli me faire perdre mon calme. Il m’a rappelé des choses.


Alexander a, une fois de plus, balancé tous ses livres et carnets d’étude par terre. Il est incontrôlable et stupide, incapable de se concentrer ou de contenir la moindre pulsion. Je ne peux pas le faire étudier normalement et il déconcentre toujours sa petite sœur quand elle est studieuse. Mais maintenant que je lui fais faire son étude seul avec moi, il passe son temps à réclamer Irina, à crier et à faire des caprices. Il me hait et me craint mais c’est le cadet de mes soucis. Maintenant que j’y pense, j’aurais déjà du voir qu’il n’était qu’un animal qui passait son temps à feuler sans avoir le courage de mordre. C’était écrit d’avance.

Voilà qu’il me fixe d’un air furieux. Je déteste ce regard, ces yeux aux iris allongés… ces yeux qu’on a dit si semblables aux miens, quand il est né. Quand j’y repense, je me sens mal à l’aise.

Je viens de lui dire qu’il n’étudiera plus jamais avec sa sœur à nouveau car il est impossible à gérer et qu’il n’est qu’un poids mort pour elle, qu’elle était déjà lassée de lui et ne lui pardonnera jamais s’il continue de ruiner ainsi sa vie. Oh, oui, j’ai évidemment exagéré. Irina ne s’est jamais plainte de lui. Elle l’aime, son grand frère. Quelle hérésie. Comment peut-on aimer cet espèce de boule de nerf imprévisible qui ne pense qu’à crier, se débattre, frapper et mordre tout ce qu’il voit ? Il n’est pas comme ça avec sa sœur, évidemment.  Mais on ne peut rien faire de lui dans son état actuel.

Et donc, il est là, en train d’essayer d’ouvrir la porte de la salle d’étude. Quand je m’approche, il me fixe à nouveau, comme s’il comptait me sauter à la gorge. Je crois que ça a toujours été son rêve depuis tout petit, de m’égorger. Je vous le dit : il était perdu dès le début.

« Je t’interdis de me regarder comme ça. »


Fais-je sans perdre le contrôle de moi-même. Il peut me fixer autant qu’il le voudra, au final, c’est lui qui perdra.

« Je fais ce que je veux ! Je veux sortir !! »

Je laisse passer un silence, demeure impassible.

« Oh, tu vas sortir. Et tu vas retourner dans ta chambre. Tu ne verras pas Irina pendant encore deux semaines. »


Il a lâché la porte et s’approche de moi. Il serre les poings si fort que ses phallanges blanchissent. Croit-il me faire peur ? Il est chanceux que je lui laisse un dernier essai pour éviter d’être puni une fois de plus.

« Alors ? »


Son regard turquoise intense crépite de plus en plus fort. Il ne dit plus rien. Et c’est là que je les aies vues. Ces pupilles. Ces lames verticales qui barraient ses iris inhumains. Il s’est mis à grogner. Comme un animal. J’avais déjà remarqué ses pupilles inhabituellement allongées il y a quelques temps. Mais, tout ça allait prendre une proportion tout autre, qui n’allait pas me laisser d’autre choix que de l’expulser de la maison.

Je n’ai pas vu la lumière décliner dans la salle d’étude tout de suite. C’était négligeable, à côté de la transformation dégoutante que ce sale gosse effectuait devant moi. D’abbord, des crocs qui surgirent de ses lèvres et ensuite… ses pattes griffues ont tranché l’air, ainsi que mon avant-bras. Il a profité de ma surprise pour se jeter sur moi en feulant. Mais ce n’est qu’un chaton qui ne contrôlait pas ses pouvoirs. En le tenant à distance quelques minutes, il cessa de gesticuler et abandonna vite en partant se cacher dans un coin de la pièce. Mais il n’a jamais cessé de me fixer. Avec ces yeux.



Des fois je me demande s’il est encore en vie. S’il m’observe encore depuis l’ombre crasseuse où il est certainement tombé.

Pfff… balivernes. Je ne crois pas une seule secondes qu’il a survécu.

Et ça ne me fait ni chaud, ni froid.






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Helmut se fout de ton avis et méprise ton existence en #333399