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  • Fouilles abusives | ft. Natsu | Terminé
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    Le dragon n'est plus, miracle est arrivé. Yggdrasil a protégé sa cité. Des mois de siège éreintant cessent, la ville millénaire respire à nouveau. Chaque soir, sous la lueur émeraude et bienveillante du grand arbre, les éossiens fêtent et célèbrent ceux tombés au combat. Après tant d'épreuves, la ville semble reprendre vie...
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    ft. Natsume Shimomura [Avril 1001]


    Fouilles abusives

    « Hope is a dangerous thing for a woman like me to have. »


    Attendre que le soleil daigne se coucher tous les soirs pour pouvoir enfin sortir de la maison est une torture quotidienne dont Lysia aurait bien aimé se passer. Si encore elle pouvait profiter de la beauté du paysage pour apaiser ses nerfs à vif, mais même un coup d'oeil par la fenêtre risquerait de l'exposer aux rayons de l'astre de feu. Fallait-il que la maison de la jeune vampire et de ses colocataires soit exposée au soleil jusqu'à ses dernières lueurs ? Les ombres de la ville auraient pu lui procurer quelques précieuses minutes supplémentaires à l'extérieur, mais avec une telle luminosité, franchir le pas de la porte comportait trop de dangers pour ne serait-ce qu'y penser. Lysia est donc assise dans le salon, trépignant d'impatience et relativement anxieuse de rejoindre sa taverne. La journée, ses employés sont suffisamment indépendants pour assurer un service de qualité en continu, mais lorsque la fin de journée arrive, il n'est pas rare que l'intervention de la jeune vampire soit nécessaire. Les travailleurs du jour ont tendance à sortir pour oublier leur dur labeur, et entre tensions entre Caldissiens, Aldissiens et Eossiens et tout simplement les personnes qui boivent un peu trop, des disputes se créent rapidement. Bien sûr, les employés pourraient les régler avec aisance, mais Lysia s'est toujours sentie mal de leur imposer le mauvais comportement de ses clients. Ils ont signé un contrat pour servir boissons et nourriture ; pas pour faire preuve de diplomatie. Et malgré sa petite carrure, son statut de patronne de la taverne et son regard insistant suffisent généralement à apaiser la crise. Et puis à quoi servirait-elle sinon, à arriver ainsi en début de soirée, après toute l'agitation de la journée ? Au moins, elle se sentait un temps soit peu utile.

    Enfin, le soleil disparaît et laisse place à la faible lueur de l'astre nocturne. Aussitôt, Lysia attrape son manteau en fourrure et se dirige d'un pas pressé vers l'extérieur. Il y a quelque chose de sacré à sortir après avoir passé la journée enfermée dans une maison. Chaque soir, la vampire a son petit rituel : la première bouffée d'air qu'elle prend pour emplir ses poumons qui ne fonctionnent plus ; les premières foulées sur les pavés de la ville, sensation familière qui lui éclaircie les pensées ; et enfin, les premières conversations échangées avec les habitants de son quartier, les premiers  « bonjour ! » qui revigorent son esprit. Avec le temps, la vampire a appris à apprécier la nuit. Lorsque le soleil se couche, les bruits sont totalement différents. Lysia a remarqué que les individus qui sortent ont tendance à parler plus doucement, plus calmement ; comme si nuit rimait avec silence, même à seulement dix-neuf heures. Les agitations de la journée laissent place à de nombreuses animations ; aux musiciens qui se cachent dans l'ombre et aux groupes de jeunes adultes qui se retrouvent pour célébrer des anniversaires. Même en tant que vampire, Lysia s'est toujours sentie en sécurité dans les rues d'Yggdrasil, à l'inverse de ce qu'elle ressentait dans la capitale Caldissienne. Le manque de luminosité ne lui inspire pas la peur, et elle peut se déplacer à découvert sans regarder par-dessus son épaule toutes les minutes. Bien évidemment, la jeune femme regrette à chaque instant de sa vie les joies diurnes, mais Yggdrasil lui permet de vivre plus facilement sa condition, c'est certain.

    Sa taverne, le Twilight, se situe comme tous les autres lieux de divertissement dans le quartier des loisirs. Ainsi, la distance entre l'établissement et sa maison est relativement courte, mais suffisante pour calmer son anxiété. Ses pensées lui laissent rarement un moment de répit, et bien évidemment, la journée lui sert à imaginer tout ce qui pourrait mal tourner en son absence. Un incendie, une mutinerie - peu importe, elle s'attend toujours au pire. Pourtant, il ne lui est jamais arrivé une quelconque catastrophe, à peine un employé malade un matin d'hiver, mais rien d'insurmontable. Mais lui faut son petit trajet quotidien pour lui assurer que tout va bien ; pas de fumée au loin, ni d'employés dans les rues. Lysia sent aussitôt son corps se détendre, mais l'espoir est de bien courte durée : assis devant la taverne, elle reconnaît deux Lieutenants qui semblent l'attendre avec impatience. Les muscles de la jeune vampire se contractent automatiquement sous la tension.

    _ Puis-je vous aider, messieurs ? Du moins estime-t-elle qu'ils appartiennent à cette catégorie, mais elle serait heureuse de se corriger à tout moment.

    Elle espère que la légère hésitation dans sa voix ne trahit pas sa nervosité, car qu'aurait-elle à craindre de toute façon ? Sa taverne est et a toujours été dans les règles ; elle paie son loyer et ne sert que des produits conformes aux règles. Ils ne trouveront rien d'incriminant dans sa taverne, alors s'ils sont là, peut-être, c'est parce qu'elle a caché sa condition de vampire, et dans ce cas -

    _ Nous avons ordre de fouiller votre taverne, répond un des Lieutenants sur un ton quelque peu condescendant. Vos employés nous ont dit de vous attendre car nous avons besoin de votre... autorisation pour entrer.
    _ Pas comme si vous aviez le choix, mais c'est la réglementation, vous comprenez.

    Lysia doit se retenir pour ne pas lever les yeux au ciel et elle se contente d'acquiescer, soulagée de ne pas avoir de comptes à rendre sur sa propre personne. Sans se délaisser de sa méfiance, elle leur fait signe d'entrer et s'empresse de notifier ses employés et les clients. Déjà, elle peut voir sa clientèle si fidèle d'ordinaire abandonner ses boissons pour s'éclipser discrètement. Peu de personnes ici ont des choses graves à cacher, mais tout le monde a son propre jardin secret qui serait mieux s'il restait ainsi. La jeune femme soupire, dépitée. Voilà une soirée de salaire complètement gâchée. Pour occuper son temps, elle se place derrière le comptoir faiblement éclairé par quelques bougies. Même si sa vision nocturne l'aide grandement, elle n'a pas vraiment besoin d'y voir pour savoir où sont placés verres et différents alcools : elle connaît sa taverne par cœur et retrouve avec une aisance exemplaire ses habitudes de serveuse. De loin, elle observe les Lieutenants fouiller sa propriété avec un manque de délicatesse qui l'agace, mais elle sait mieux que de les provoquer. Enfin, quand ils semblent avoir terminé, ils viennent s'asseoir derrière son comptoir, satisfaits.

    _ Je dois dire, cette taverne est impeccable. On n'a rien trouvé, on pourra vous déclarer aux autorités sans rien avoir à signaler. Vous bossez là depuis longtemps ?

    Oh non, pitié, ne me faites pas la conversation, pense Lysia, le nez froncé, peu habituée à parler.

    _ Depuis plusieurs mois, oui.

    Sa réponse est sèche, imprécise. Peut-être que si elle feint ne pas être intéressée, ils partiront et elle pourra retrouver ses clients ? Mais voilà que le deuxième Lieutenant, certainement plus âgé que le premier, les oreilles légèrement pointues, lui offre un sourire qui montre toutes ses dents.

    _ Et sinon, vous comptez nous offrir un verre ? On a bien travaillé, là.

    Le sourire toujours aux lèvres, Lysia peut sentir toute la supériorité qu'il tente de placer dans sa voix. Aussitôt elle le déteste, et cela n'a rien à voir avec son dédain habituel pour les figures d'autorité. Voilà un Elfe qui sait utiliser son statut, et la jeune vampire comprend bien que si elle ne cède pas, elle peut se retrouver à devoir fermer sa taverne à tout instant. Elle leur sert un verre, mais c'est sans cacher un soupir énervé.

    _ Ah bah ça c'est de la qualité ! Sinon, moi c'est Manu et lui, c'est Gilles. Vous vous appelez comment vous ?
    _ Lysia.

    Elle peut voir dans le regard du prénommé Manu que sa réponse courte ne lui convient pas, mais elle ne compte pas se soucier des sentiments d'un Lieutenant qui boit dans sa taverne gratuitement. Après plusieurs minutes, elle constate que les deux Lieutenants ne sont pas prêts de partir et c'est avec désespoir qu'elle continue de leur faire la conversation, étant prête à accueillir toute forme de distraction extérieure pour échapper à ce supplice.



    Dernière édition par Lysia Thalys le Sam 22 Aoû 2020 - 12:25, édité 4 fois

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    Fouilles abusives


    Ou un manque criant de conscience du danger
    J'ai mis du temps à me remettre au jardinage depuis le Réveil, sans surprises. J'avais autre chose à faire, il faut dire, entre les offices à exécuter à la chaîne à cause des disparitions (enfin, des enterrements spirituels, par conséquent), Daichi et ses enfants, maman... Bref, peu de temps libre. Et je ne vais pas me plaindre, car je suis loin d'être parmi ceux qui ont le plus souffert de cette période de transition, mais pour autant, je mentirais si je n'avais pas été frustré de ne pas pouvoir m'adonner un peu plus à mes passe-temps de mon côté. Petit à petit, les choses se sont calmées, même si je n'irais pas dire non plus que la situation s'est améliorée. Disons simplement que j'ai enfin pu commencer à planter quelques graines et organiser le jardin de Daichi ; et que, par conséquent, mon humeur s'en est retrouvée sensiblement améliorée.

    Un sourire satisfait aux lèvres alors que je jette un dernier coup d'oeil au panier que j'ai emporté avec moi en sortant dehors, je ne peux pas m'empêcher d'afficher l'air stupide de quelqu'un qui est un peu trop fier de lui. Au delà de mon goût pour le jardinage, je dois dire que c'est satisfaisant, de produire quelque chose après des mois de... De rien. De rien du tout. Et je n'aime pas trop y penser, car mon sourire se fane. Mon expression se renferme. J'ai l'impression que cela fait longtemps que je n'avais pas pu des fleurs éclore, mais en vérité, c'est le cas, et y penser trop longtemps refait germer dans mon ventre une sensation plus que désagréable.
    Pressant d'un seul coup bien plus le pas, j'essaie de me dire qu'au moins, j'aurais fait quelque chose d'utile avec mes portions supplémentaires. Puisque je n'aime pas particulièrement le café, il m'est souvent difficile de jauger de la qualité de mes grains ; bien plus que pour les tisanes ou le thé, dont je maîtrise bien plus la récolte. Pour autant, j'aime aussi avoir un avis extérieur et Daichi... Daichi n'est pas d'une très grande aide. J'ai beau l'aimer, il n'a aucune objectivité et me féliciterait même si je venais poser une bouse de vache dans sa tasse, je crois. En passant à l'occasion dans une auberge, toutefois, j'avais fait la connaissance d'une personne, Lysia, avec laquelle je pouvais assez aisément discuter de tout ça ; les choses avaient fait qu'au final, je me retrouvais à lui faire une petite livraison chaque semaine. L'on pourrait trouver ça étrange, venant de moi qui ait d'ordinaire tant de mal à discuter avec les autres ou même à former un lien, mais... Je ne sais pas. Je ne saurais pas définir ce qui, dans son comportement, me mettait autant à l'aise, mais disons que lorsque je passais rapidement au détour d'une journée, j'avais la satisfaction de savoir que je pourrais me mettre dans mon coin sans que l'on ne vienne me déranger, ce qui n'était pas négligeable. J'ai toujours été tellement mal à l'aise dans les lieux bondés de monde, que... Enfin. Bref. C'est bien ridicule, quand je le dis comme ça.

    Toujours est-il que lorsque je rentre dans l'auberge, je m'attends à la base à l'espèce de petite routine que nous avons développé à ce sujet. Prenant le temps d'ouvrir doucement la porte pour ne pas faire trop de bruit, je cligne toutefois des yeux en remarquant qu'il n'y a personne.
    … Tiens.... ? La nuit, tout de même, c'est étrange...
    Curieux, je fronce les sourcils, avant de jeter un vague regard aux deux énergumènes en armure présents. Je suis naturellement méfiant avec les militaires, alors mes épaules se haussent par réflexe, mais je ne dis rien sur l'instant. Peut-être que ce sont des amis de Lysia... ? Je n'ose pas trop m'avancer. Et comme d'habitude, c'est sûrement moi qui me fait des idées, alors j'arbore ma plus belle mine joyeuse (forcément forcée et donc très crispée), un sourire assez peu naturel aux lèvres.

    « Bonsoir ! »

    Comme si de rien n'était et en ignorant assez royalement les deux clampins (comment ça, je suis un peu méprisant) qui se trouvaient juste là, je choisis donc de me rapprocher de Lysia pour venir poser le panier de mélanges à côté d'elle. Bien que mon regard ne se pose pas sur son visage – après tout, parler aux autres en les regardant dans les yeux me terrifie -, je suis toutefois assez enjoué, pour une fois. Il faut dire que j'avais hâte de lui montrer tout ça, alors j'en oublie un peu les politesses, mais ce n'est pas si unusuel venant de ma part ; la petite conversation, ça m'est aussi obscur que... Que la couleur du café, oui.

    « J'ai essayé de varier un peu pour les graines de café, tu me diras ce que tu préfères. Et pour le thé, j'ai pris un mélange de thé blanc et de pêche que j'aime beaucoup, notamment. »

    En finissant de déballer, toutefois, j'ai la sensation que quelque chose cloche. Bon, je m'imagine sûrement des choses, mais... En relevant un peu la tête vers la jeune femme, je cligne des yeux, légèrement incertain.

    « … T-tout va bien, d'ailleurs ? Mes excuses, j'en oublie le plus important. »

    C'est que dans les faits, si j'avais deux neurones, je me demanderais peut-être pourquoi deux soldats armés sont actuellements seuls dans l'auberge, et pourquoi un silence assez long semble s'être imposé dans la pièce depuis que je suis rentré, mais... Eh bien, cela demanderait que j'y ai réfléchi.

    ft. Lysia Thalys
    Avril 1001

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    ft. Natsume Shimomura [Avril 1001]


    Fouilles abusives

    « Goddamn, man child, you act like a kid even though you stand six foot two. »


    Pendant un long moment, les deux Lieutenants sont trop occupés à siroter leurs bières pour poursuivre leur conversation avec Lysia (même si une conversation requiert plusieurs interlocuteurs, et que la jeune vampire jusque là s'est contentée d'échanger quelques mots qui lui font déjà l'effet de l'acide sur ses lèvres). La taverne est incroyablement silencieuse, si ce n'est pour les quelques clients qui se sont mis à parler à voix basse et pour le bruit des verres qui s'entrechoquent dans les mains des employés. Lysia a laissé tomber son sourire forcé, mettant sur le compte de la fatigue le peu d'énergie qu'elle met à leur resservir des verres. Après tout, la nuit est tombée depuis un moment maintenant, et les deux soldats ne sont pas censés savoir qu'elle a passé sa journée à dormir pour ne pas croiser le sourire moqueur du soleil. Pourtant, même feindre l'épuisement n'est pas suffisant pour les faire partir. Voilà qu'ils se remettent à parler, de vive voix, comme si la taverne leur était réservée et qu'ils en possédaient tous les droits. Petit à petit, Lysia observe ses derniers clients se faire la malle, et sa mine dépitée doit se lire sur son visage puisque le prénommé Manu se retourne vers elle en fronçant les sourcils.

    _ Vous avez l'air bien pensive ma p'tite Dame, vous avez quelque chose à nous faire partager ?

    Parce que, bien évidemment, fallait-il qu'ils se souviennent de la raison de leur venue à ce moment-là. La vampire doit se retenir de lever les yeux au ciel et à la place, elle leur offre un énième sourire qui n'atteint pas complètement sa destination.

    _ Seulement que tout le monde commence à partir, je me demande s'il ne serait pas temps de fermer, y a des soirs comme ça, vous savez...

    Elle espère que ces simples mots seront suffisants pour leur donner l'idée de quitter la taverne, mais le haussement d'épaules que lui sert Gilles lui donne aussitôt envie de se rouler en boule dans un coin. Leurs verres sont encore à moitié pleins, ce qui veut dire qu'ils sont là pour encore un bon moment. Si ce n'est pas de l'abus, quand même. User de leur autorité pour soutirer des produits aux habitants... Lysia ne serait pas étonnée d'entendre que ce n'est pas la première fois qu'ils font ça. Peut-être peut-elle leur soutirer des informations, ne serait-ce que connaître leurs supérieurs, pour pouvoir les reporter... Déterminée, la jeune vampire s'apprête à parler lorsque la porte de la taverne s'ouvre. Doucement, avec une telle précaution que seule une personne dans cette ville a cette habitude : Natsume, l'Eossien qui lui apporte du café et du thé à l'occasion pour lui faire goûter en échange d'un avis totalement objectif. Les deux partenaires ne font pas ça depuis très longtemps, mais Lysia s'est rapidement prise d'affection pour le jeune homme - pourtant plus âgé qu'elle de quelques années (ou d'un millénaire entier, si on réfléchit bien). Mais il y a quelque chose dans son comportement qui l'attendrie et la fascine ; de sa passion pour le jardinage à ses nombreuses mimiques qui lui sont si propres. Il y a juste son café qui, parfois, laisse un peu à désirer, mais rien d'impardonnable. Le voir ce soir ne l'enchante pas vraiment cependant ; elle connaît le rapport qu'ont les Eossiens avec les figures d'autorité Caldissiennes et Altissiennes, et elle aurait bien aimé lui épargner la scène comique qui se déroule dans sa taverne.

    _ C'est qui, celui-là ? s'insurge Gilles, le nez légèrement rosi par l'alcool. Si vous recevez de nouvelles marchandises, nous avons ordre de les fouiller.

    La politesse, bien évidemment, semble être un concept bien étranger pour ces deux énergumènes qui prétendent détenir l'autorité suprême. A nouveau, Lysia s'empêche de soupirer et se tourne vers Natsume, un sourire désolé sur les lèvres.

    _ Bonsoir Natsume ! Merci pour le thé et le café, j'ai hâte de voir ce que tu as concocté cette fois-ci ! Malheureusement, comme tu peux le voir, nous avons de la... visite, ce soir. Ces deux Lieutenants sont là pour fouiller la taverne au cas-où nous cacherions des choses. Est-ce que tu veux bien les laisser regarder ce que tu as apporté ?

    Son ton, au départ complètement amer à la mention des deux soldats, s'adoucit instantanément lorsqu'elle s'adresse directement au jeune magimorphe. Elle a peur d'une réaction trop brutale des deux idiots qui s'activent à finir leurs bières susceptible d'effrayer Natsume. Elle ne se pardonnerait pas un quelconque malaise de sa part. Elle espère aussi que, comme pour les boissons, ils ne se serviront pas dans la récole de l'Eossien, dans ce cas, Lysia n'est pas certaine de continuer à garder son calme bien longtemps.

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    Fouilles abusives


    Ou un manque criant de conscience du danger
    ... Visiblement, ce ne sont pas les couteaux les plus affutés du tiroir qui ont décidé de visiter la taverne de Lysia pour le soir. Remarquez, j'ai tendance à penser que les militaires sont davantage des cuillères. Ces deux-là ne m'ont pas l'air d'échapper à la règle, surtout avec leurs nez rosis par l'alcool et l'odeur de liqueur que je peux sentir jusqu'à ici. Je ne sais pas pourquoi, mais la senteur me met mal à l'aise, depuis quelques temps. Elle suscite chez moi une réaction de malaise, puis de rejet, qui fait me tendre mes épaules de manière quasi instinctive. Mes sourcils se froncent, mes yeux se feintent un peu, me sentant à deux doigts de me mettre à grogner du fait de la méfiance, mais je me tiens. J'ai appris, quelque part, à ne pas réagir à leur mépris. D'une part, ça ne servirait à rien, et d'autre part... Eh bien.. Il me suffit de jeter un coup d'oeil autour de moi pour me rappeler que je ne suis pas seul, et que si ils réagissent mal, il est probable que Lysia en paie le prix. Je ne peux pas jouer au plus malin comme je le ferais peut-être si j'étais en solitaire. En les entendant beugler, toutefois, je ne peux pas m'empêcher de me mordre l'intérieur de la joue pour tenir un commentaire sarcastique.
    Si ils pouvaient visiter leur propre c-...
    … Yggdrasil m'entend, je ne terminerai pas cette pensée.

    « Hmh-hm. »

    Je hoche vaguement de la tête, exaspéré et déjà fatigué. Je ne vois pas trop pourquoi ils ont besoin de fouiller un panier plein d'herbes, mais... Bon. L'excitation du pouvoir, je suppose. L'oeil torve, j'essaie pourtant de rester impassible et neutre alors qu'ils se mettent à mettre leurs grosses pattes dans ce que j'ai ramené, ne pouvant pas m'empêcher de me dire que tout de même, ce serait bien le meilleur moment pour leur mettre un coup de pied aux fesses. Comprenez moi, ça serait drôle, tout de même : ils tomberaient comme des massues au sol, vu la dose d'alcool qu'ils ont ingéré. Mais non. Je ne peux pas faire le même cirque qu'au marché. En silence, je pose donc le panier, quelque peu dubitatif.

    « Pourquoi vous ramenez des feuilles à la p'tite dame si tard, dites voir ? C'est un peu bizarre, ça. »

    La question me fait cligner des yeux somme toute assez bêtement. C'est qu'elle est très bête, aussi, cette question, alors on m'excusera d'être plus que perplexe devant ce qui me paraît être... Je n'en sais trop rien. Et la manière qu'il a de parler de Lysia me déplaît assez, je dois dire, alors je fronce les sourcils, ne voyant en outre pas vraiment ce qu'il y a d'étrange là-dedans.

    « Hé, oh, t'as perdu ta langue ? »

    L'autre m'aboie presque dessus, mais sur le coup, il ne me tire qu'un vague regard en biais. Comprenez, et ce n'est pas pour sonner dramatique ou quoi que ce soit, mais j'ai presque l'habitude qu'on me crie dessus, alors sur l'instant, j'ai avant tout le réflexe de me tendre et de le fixer avec l'expresion la plus neutre que je maîtrise. Je sens que la tension est montée d'un cran, et que mon comportement les dérange, même si je ne comprends pas vraiment pourquoi. C'est habituel, quelque part, mais je ne réalise pas que certaines de mes particularités dans la manière d'être et de réagir tendent à déplaire car elles passent, comme dans ce cas-là, pour du mépris.

    « … C'est de la tisane, je ne vois pas ce que vous pourriez trouver. »


    Mon ton est plat. Pour moi, c'est une simple constatation, mais je réalise vite que ce n'était pas la bonne chose à dire, car bien vite, la figure d'un des deux soldats se met à rougir jusqu'à devenir carmin, alors qu'il reprend la parole pour éructer d'un ton pâteux.

    « Comment tu parles, toi ! Puis, qu'est-ce qu'on en sait, hein, avec les... Les adorateurs d'arbre dans vot' genre... 
    - Ouais ! Puis, c'est bien votre truc, d'empoisonner, non ? »


    Je peux sentir leur regard sur mes robes de moine, que, je le sens, je vais bien finir par devoir dissimuler au moins partiellement, si ça se continue. Je ne sais pas trop ce que le premier insinue, mais dans tous les cas, il est clair que je devrais me sentir insulté. Ou quelque chose du genre ; voyez-vous, je ne sais pas traduire la langue des poivrots écervelés. Je comprends mieux la seconde allusion, toutefois, et...  
    Oh, pas besoin, le cerveau est déjà noyé dans l'alcool, visiblement !
    Et sur le coup, je n'ai pas pu m'empêcher de lever les yeux au ciel. Un réflexe. Une mauvaise habitude qu'il va bien falloir que j'apprenne à tempérer, mais... Cette fois-ci, ça ne passera pas, car aussitôt qu'ils l'ont vu, aussitôt se saisissent-ils du panier pour... Ouvrir les paquets, et « fouiller » avec la plus grande délicatess (non, absolument pas, c'est un saccage). Sur l'instant, je ne fais que cligner des yeux, avant de rouler les yeux, presque dépité. Qu'est-ce que je peux y faire, de toute façon... ?

    ft. Lysia Thalys
    Avril 1001

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    ft. Natsume Shimomura [Avril 1001]


    Fouilles abusives

    « Everybody waiting for the fall of man, everybody praying for the end of times. »


    Lysia observe avec méfiance les deux soldats qui, aussitôt leurs bières terminées, s'empressent de s'accaparer la récolte de Natsume pour fouiller sa réserve. La vampire se rend compte à quel point ils empestent l'alcool et elle sent sa colère monter lorsqu'elle comprend que l'odeur rend l'Eossien mal à l'aise. Prise d'un élan de culpabilité, Lysia se retient de ne pas poser sa main sur les épaules de Natsume - un geste qu'elle a toujours associé au confort, transmis par ses parents, mais elle sait d'expérience qu'une telle réaction ne plairait pas à son ami. Le pauvre doit déjà subir les remarques désobligeantes des soldats qui ne doivent pas, de base, lui inspirer confiance, alors avec autant d'alcool dans le sang... si seulement Lysia avait pu le prévenir avant, elle aurait tout fait pour l'empêcher de venir ; malheureusement elle n'a eu vent de leur présence que peu de temps avant et il lui avait été impossible de notifier l'Eossien. Elle espère qu'avec un peu de chance les deux Lieutenants finiront par se lasser et les laisser tranquilles, mais malheureusement le comportement de Natsume ne semble pas les convenir. Intrigués par ce panier remplit de plantes - comme si Lysia faisait un trafic d'herbes illégales -, ils ne semblent pas disposés à retourner à leurs boissons. La jeune femme se demande si le statut d'Eossien de Natsume n'est pas en cause dans l'histoire, puisque s'ils ont été relativement lourds avec elle, ils n'ont montré aucun signe d'agacement ni même de méchanceté, et ce malgré son manque de conversation. Si c'est le cas...

    Lysia a vu juste : Natsume les dérange, autant par son comportement que par son statut, et ce constat lui donne envie de les chasser de sa taverne. Abuser de son service, ça elle peut le supporter, mais leur condescendance d'Altissien ou de Caldissien, peu importe, c'est une toute autre affaire. Depuis la mort des gouverneurs il est évident que la tension est montée d'un cran dans la Cité, mais Lysia n'a jamais pensé une seule seconde les Eossiens responsables et, au pire, s'ils l'étaient, ce serait à raison. La vampire n'a jamais cautionné le meurtre, mais elle pourrait certainement fermer un œil là-dessus. En tout cas, il ne faut pas être sorti des racines d'Yggdrasil pour savoir que Natsume n'a rien à voir là-dedans, que c'est juste un moine qui tente de vivre sa vie après un réveil brutal et qui, de temps à autres, vient montrer ses feuilles de thé à Lysia. Alors malgré le fait que Natsume apparaisse légèrement insolent pour eux - avec un joli roulement des yeux qui échappe une grimace à Lysia -, elle ne laissera pas les deux soldats malmener son ami et ses plantes. Mais si elle veut agir, elle doit pouvoir le faire sans insubordination à son tour, ou elle et Natsume finiront par se retrouver emmenés, et la taverne pourrait en payer le prix fort. La vampire n'est pas prête à laisser tomber son établissement qu'elle chérit plus que tout.

    _ Eh bah, ça a l'air d'être d'la qualité tout ça. On va p't'être en prendre un peu pour nos réserves, et tu diras rien p'tit, d'accord ?
    _ Non.

    Aussitôt ces paroles prononcées, Lysia sent ses joues se colorer sous l'effet de la gêne. Mais très rapidement ce sentiment laisse place à une douce colère qui lui donne la confiance pour adapter une posture plus assurée. Elle aurait dû s'imposer il y a bien longtemps, deux soldats ne font pas la loi, et elle est certaine que leurs supérieurs n'apprécieront pas leur comportement. Si ce n'est pas le cas et que Lysia doit leur rendre des comptes... eh bien soit. Les Caldissiens et Altissiens ont suffisamment abusé des Eossiens et Natsume ne sera certainement pas leur prochaine victime. Pas sous son toit, dans sa taverne. Elle sent sa volonté défaillir lorsqu'elle croise le regard furieux d'un des deux lieutenants, et elle sait que sa voix tremble légèrement lorsqu'elle reprend la parole.

    _ Ecoutez messieurs, vous voyez bien que ni ma taverne, ni mon ami ici n'ont quoi que ce soit à cacher. Vous avez bien profité de mes boissons, mais la tisane, c'est hors de portée. Il travaille pour m'amener ça, vous comprenez ? D'ailleurs, travailler, c'est un peu ce que vous devriez être en train de faire, là.

    Le silence qui suit n'a rien de plaisant ; il est imprégné des tensions qui remontent bien au-delà d'une simple querelle entre une tavernière et des soldats, mais qui concernent tous les non-dits et la méfiance qui règne sur la Cité depuis la mort des gouverneurs. Lysia ne défaille pas pour autant, regardant tour à tour les deux soldats dans les yeux. Si elle sent l'anxiété en elle augmenter, se répandre dans son corps de manière terriblement désagréable, elle ne compte pas laisser ces deux idiots gagner. Enfin, après ce qui semble de très longues minutes, elle voit Gilles hausser des épaules.

    _ Ok, ok. Vous avez bien raison, on a d'autres endroits à fouiller, plutôt que d'traîner avec cette population pas trop fréquentable. Bien évidemment, ses yeux se portent sur Natsume à ces paroles, et Lysia a juste envie de le frapper. Enfin pensez pas que c'est fini. On vérifiera votre taverne plus souvent, votre commerce il est louche j'le sens.

    La vampire s'accorde un joli roulement des yeux qui n'échappe pas au soldat, mais il ne dit rien, prend ses affaires et se diriger vers la porte de sortie. Une fois hors de sa vue, Lysia s'accorde un soupire de soulagement qui doit s'entendre dans toute la taverne. Elle s'apprête à se tourner vers Natsume pour s'excuser, mais elle se rend compte que Manu, le second soldat, est toujours adossé au bar, le regard vide. Lorsqu'elle s'approche de lui, elle constate avec dégoût qu'il est tellement alcoolisé qu'il a à peine suivi le reste de la conversation. En fait, à bien y regarder, il semble sur le point de s'endormir.

    _ Mais c'est pas vrai, quel abruti ! Hm Natsume, tu veux bien m'aider à le transporter s'il te plaît ? Il y a une salle avec un matelas derrière, on va pouvoir le mettre là en attendant qu'il décuve un peu puisque son pote est parti...

    A ces mots, Lysia se place sous les épaules du lieutenant pour le soulever. Au final, elle se rend compte qu'avec sa force de vampire, il lui serait aisé de le transporter seule jusqu'à la réserve. Mais n'étant pas vraiment dévoilée, pas même à Natsume, elle n'est pas certaine de vouloir montrer cette partie d'elle. Pourtant, elle se souvient à quel point l'Eossien n'avait pas supporté l'odeur de l'alcool un peu plus tôt.

    _ Enfin... en vrai t'en fais pas, je peux le porter seule. Mais viens, on pourra goûter ton thé, comme ça. En tout cas, je suis vraiment désolée. Je ne savais pas qu'ils devaient venir ce soir... si j'avais su j'aurais reporté notre commerce... est-ce que tout va bien ?



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    Fouilles abusives


    Ou un manque criant de conscience du danger
    Au bout d'un moment, on s'y habitue, voyez-vous. On finit par remarquer les signes, les petits détails, les éléments qui font que vous pouvez savoir à l'avance qu'il vaut mieux serrer les dents et attendre que ça se passe. Je sais que ce n'est pas un bon comportement, mais quand je ne suis pas seul... Je ne peux pas impliquer les autres dans mes bêtises. C'est une chose de mordre quand je sais que personne ne sera impliqué ; c'en est une autre quand, en plus, l'établissement d'une personne que j'apprécie est concerné. Quand bien même je meurs d'envie de lâcher un bon coup de queue dans les pattes de l'autre crétin lorsqu'il me parle. « P'tit »... Mais je suis persuadé que je suis plus vieux que ce demeuré, en plus ! Devant son quasi chantage, je ne fais que rouler des yeux. Pas comme si je pouvais vraiment protester, alors j'apprécierais d'en finir rapidement. Bon sang, mais ils se sont donnés le mot, les militaires, pour être encore plus insupportables que d'habitude... ? Remarquez, quand ils ne sont pas occupés à piller des villages civils, ils doivent s'ennuyer. Et non, je ne me rends pas compte de l'amertume qui s'installe peu à peu dans ma tête, puisqu'elle est gonflée par une frustration de plus en plus grande. Tout au plus, j'en arrive à une constation qui me fait grincer des dents.
    C'est toujours la même chose, de toute façon. Et ça ne changera pas.

    Alors que j'allais soupirer et regarder ailleurs le temps que ça se termine, toutefois, je suis surpris par la réaction de Lysia, à laquelle je ne m'attendais pas. Étonné, je reste immobile l'espace d'un instant. Qu'est-ce qu'elle... ? Malgré moi, je m'inquiète. Je ne veux pas qu'elle se mette en danger pour des histoires pareilles. Je peux sentir la tension grandir chez les soldats, et je crains que ça ne lui retombe dessus. Je me serais presque mis à lui dire que tout va bien et de ne pas s'en mêler, mais... Je n'aime pas parler par dessus les autres. Je ne veux pas être paternaliste.
    Je ne peux pas nier que je l'admire, sur le coup. Son calme malgré son hésitation que je peux sentir m'impressionne, surtout sa capacité à alterner entre arguments, sous-entendus à peine dissimulés et diplomatie de langue de bois nécessaire pour faire passer la pilule. Si je reste inflexible et neutre par mesure de sécurité (et aussi car il s'agit de mon expression « normale », quoi qu'on en dise), toutefois, j'examine attentivement l'échange. Si ces deux-là tentent quoi que ce soit vers la tenancière, toutefois, je crois que je n'aurais pas grand regret à montrer les crocs. Après le fiasco de la place des vignes, de toute façon, je ne suis plus à ça près.

    Pour autant, je crois qu'il n'y en aura pas le besoin. Quand bien même le regard médisant du soldat sur moi me fait juste afficher une expression désintéressée (sincèrement, qu'est-ce qu'ils ont, à me tenir le chou ?!), il semble que ce dernier et son acolyte vont s'en aller, alors je garde le silence. Ses dernières paroles me font froncer les sourcils, appréciant peu le sous-entendu, mais je suppose que l'on ne peut pas y faire grand chose pour le moment. Que nous l'acceptions ou non, nous sommes pour l'instant complètement impuissants. Alors j'attend, jusqu'à ce que... Jusqu'à ce que je me rende compte, lorsque Lysia s'exclame, que l'autre andouille est trop alcoolisé pour partir et qu'il s'est endormi comme un loire.
    Oh, mais ce n'est pas vrai...
    En hochant de la tête, je fais signe à Lysia que je peux l'aider, même si j'ai l'impression que la jeune femme a plus de force que moi. Quand bien même elle me dit qu'elle peut se débrouiller seule, je n'ai pas l'intention de lui laisser (à nouveau) tout le travail.

    « J'arrive. Tiens-le, je vais prendre ses pieds. »

    Et je m'exécute bien vite, quand bien même je n'ai pas l'habitude de faire ça. Enfin, si, mais davantage avec des patients, pas des... Enfin. Des poivrots. Je plains un peu la caldissienne de devoir gérer ça, en soi, tant cela m'a l'air pénible alors que je ne suis là que depuis une demie-heure à peine. Devant ses excuses, alors que nous terminons de déplacer l'autre idiot, mon premier réflexe est de cligner des yeux, surpris. Je ne vois pas vraiment pourquoi elle s'excuse : à mes yeux, c'est plutôt de ma faute. Je me dis que si je n'avais pas été là, ces enquiquineurs auraient été moins casse-pieds. Ou quelque chose du genre. Dans tous les cas, je reprends la parole avec hésitation alors que nous nous redirigeons vers un coin plus tranquille.

    « O-oui, oui, tout va bien, ne t'inquiètes pas pour moi. Tu devrais plutôt faire attention à toi. Si ils continuer de t'embêter par la suite... Je suis désolé pour ça. »

    La culpabilité vient me lancer dans la poitrine, mais je l'ignore comme je peux. En regardant le panier de produits que j'ai rapporté, toutefois, je me rappelle alors de quelque chose que j'ai oublié de dire. Gêné, je ne relève pas le regard vers elle, mais je ne laisse pas de côté le principal.

    « … Merci, pour tout à l'heure, tout de même. »

    Elle aurait très bien pu ne pas s'en mêler. Beaucoup le font. Détournent le regard, font comme si ils ne voyaient rien, ignorent voir pire, insinuent que l'on exagère, et tout le reste. Je sais bien que beaucoup sont impuissants et veulent juste survivre, ce que je peux comprendre, mais... Je ne suis pas un saint. Cela m'agace, et je suis donc reconnaissant à la tenancière de ne pas avoir agi autrement. Alors que je pose tranquillement le panier près de nous, une grimace étire légèrement mes traits.

    « De toute façon, cela me change les idées, de venir ici. En ce moment, au sanctuaire, ce n'est pas... Enfin. L'ambiance est pesante. »

    Je n'irai pas développer ; je n'en vois pas l'utilité, puisque c'est probablement assez clair comme ça. Et je ne veux pas peser les épaules de Lysia avec ces histoires. J'ai intégré, bien malgré moi, le fait que nous devrions « arrêter de nous plaindre tout le temps ». Ne voulant du coup pas m'attarder là-dessus, j'esquisse un sourire un peu forcé pour en revenir à un sujet plus simple.

    « E-enfin. Tu me diras ce que tu en penses, je crois que tu vas apprécier le thé blanc, j'ai profité de l'arrivée des fruits de printemps pour le parfumer. »

    D'accord, j'ai la discrétion d'un éléphant, mais... C'est toujours ça de tenté.

    ft. Lysia Thalys
    Avril 1001

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    ft. Natsume Shimomura [Avril 1001]


    Fouilles abusives

    « lyrics to come I have no idea »


    Lysia est reconnaissante envers l'Eossien de l'aider à porter l'idiot endormi, pour la simple raison qu'elle n'a pas vraiment envie de montrer à ses quelques clients restants qu'elle est capable de soulever un homme de presque deux fois sa taille et son poids pour le transporter sur une certaine distance. Une fois plus tranquilles, Lysia fait signe à Natsume de s'installer confortablement sur un siège. Elle n'a pas l'intention de retenir le magimorphe s'il n'en a pas l'envie, mais leurs conversations sont toujours intéressantes et la jeune vampire compte bien laisser cet indicent de côté pour retrouver leur routine. Lorsque le moine s'excuse, c'est au tour de la jeune femme de cligner des yeux, surprise. Il ne peut quand même pas penser que c'est de sa faute si les deux Lieutenants sont allés trop loin ? Au contraire, sans l'arrivée de Natsume, Lysia les aurait certainement laissés faire jusqu'au bout, et elle se rend compte maintenant à quel point ce n'était pas la chose à faire. Même si ces derniers inspirent la peur, les habitants d'Yggdrasil ont des droits et se faire subtilement voler n'en fait certainement pas partie. Tenir une taverne n'équivaut pas vraiment à rouler sur l'or et Lysia ne peut pas vraiment se permettre de distribuer des boissons gratuites à tous les coins de rue. Surtout à ceux qui ne le méritent pas. Trop étonnée pour répondre de suite à l'excuse du moine, Lysia sent ses joues rougir légèrement lorsqu'il la remercie. Elle n'a pas fait ça pour qu'il se sente obligé de lui devoir quelque chose, elle l'a fait simplement parce que ça lui semblait juste. Elle se contente simplement de hocher la tête, même s'il ne la regarde pas. Les mots n'ont jamais été ses alliés, ce n'est pas étonnant qu'ils la fuient dans une telle situation.

    Elle en sait gré à son camarade d'avancer son panier vers elle, ainsi elle peut commencer à fouiller à l'intérieur, avec plus de délicatesse que les deux derniers abrutis. Cela la rassure d'avoir quelque chose à faire, d'avoir les mains occupés et les yeux rivés sur les herbes de thé. Natsume ne croise que très rarement son regard, ce qu'elle accepte et comprend tout à fait, elle se permet donc de faire la même avec lui. Elle sait qu'à son tour il ne lui en voudra pas de cacher sa gêne dans les plantes plutôt que de risquer le regarder et perdre tous ses moyens. C'est peut-être la conversation la plus longue qu'elle a eue ces dernières semaines, Alyss exceptée. On ne retrouve pas des années de gestes sociaux perdues en quelques minutes. Cela ne l'empêche pas d'écouter attentivement le moine et elle sent son cœur - enfin, métaphoriquement - se serrer lorsqu'elle l'entend parler de l'atmosphère qui règne au sanctuaire. Bien évidemment, les choses n'ont pu que se dégrader avec tout ce qui se passe en ce moment. La mort de l'anachorète Eossien pèse encore dans les esprits de chacun, et Lysia ne peut qu'à peine imaginer la souffrance que doit ressentir Natsume qui est en plus religieux. Elle voudrait pouvoir lui enlever toute cette douleur, mais elle sait que c'est une chose impossible. Les événements la peinent suffisamment elle-même pour savoir que pour le moment, l'exécution de l'anachorète est une plaie ouverte qui ne peut pas cicatriser.

    Lysia devine aisément que la moine essaie de changer de sujet pour ne pas l'importuner avec ses problèmes, mais c'est mal connaître la vampire de penser qu'elle passera à autre chose. Bien évidemment, si le souhait de Natsume est de ne pas en parler, elle ne forcera pas, mais elle a appris avec le temps que certaines personnes ont besoin d'un petit coup de pouce pour se dévoiler. Elle lui rend son sourire malgré tout et s'éclipse un instant pour revenir avec deux tasses d'eau bouillante. Le thé blanc sent incroyablement bon et elle a hâte de le goûter. L'odeur de l'infusion la berce un instant.

    _ Il sent très bon, je suis sûre qu'il va être excellent. Tu as vraiment le don pour concocter les meilleurs thés !

    Elle espère que le compliment, à défaut de le gêner, le détendra un petit peu. Ce n'est sûrement pas bon d'avoir les épaules aussi tendues, et Lysia met un point d'honneur à ce que ses clients ne quittent pas sa taverne tant qu'ils n'ont pas trouvé le réconfort souhaité. Si Natsume n'est pas vraiment un client, il n'en reste pas moins une personne à qui elle tient, et son confort est donc primordial.

    _ En tout cas ne t'inquiète pas pour tout à l'heure. Ce n'était pas de ta faute pour les deux soldats, j'aurais fini par faire une erreur à un moment qui m'aurait coûtée la même menace. On ne peut pas vraiment gagner, contre ces gens-là. Mais j'ai mes limites, et je refuse qu'ils te parlent comme ça et prennent dans tes affaires alors que tu as durement travaillé pour me les amener. Les Caldissiens et les Altissiens ne prennent pas suffisamment la défense des Eossiens, c'est une honte qu'on en arrive-là.

    Son ton se fait beaucoup plus dur qu'elle ne l'aurait voulu, les sourcils froncés et le regard perdu dans le vide. Très vite, elle se rend compte que Natsume n'est certainement pas venu ici pour l'entendre s'énerver contre chacun et chacune, et ses traits s'adoucissent aussitôt. Elle lui offre un regard désolé avant de boire une gorgée de thé, qui lui brûle la gorge certes, mais qui la calme instantanément. Quand on prend l'habitude de ne boire que du sang, toute boisson qui diverge du goût métallique est la bienvenue.  

    _ En tout cas tu es libre de venir te changer les idées ici quand tu veux. S'il y a trop de monde, tu peux venir t'éclipser dans ce petit placard si tu veux, ce n'est pas très grand mais c'est calme et si je ne suis pas là, mes employés t'apporteront de quoi boire et manger. Et si... eh bien, si tu as envie de parler, n'hésite pas, je suis là. Je me doute que ces derniers jours n'ont pas été faciles pour toi. Enfin, je m'adapte. Je ne suis pas très douée pour discuter, mais voilà, tu es chez-toi ici aussi.

    Comme précédemment, elle sent ses joues la brûler légèrement, gênée d'avoir parlé aussi longtemps et d'avoir osé parler ainsi au moine. Après tout, Natsume l'a dit lui-même, il vient ici pour se changer les idées, et Lysia est certainement la dernière personne à qui il voudrait se confier, à qui quiconque souhaiterait se confier. Les deux partenaires ont établi une relation de commerce, et rien jusqu'à maintenant n'indiquait qu'ils étaient devenus amis, ou même plus que de simples connaissances. De quel droit se mêle-t-elle de ses problèmes ? Et puis, lui offrir de venir passer du temps dans cette taverne miteuse ? L'Eossien a certainement des endroits plus tranquilles à fréquenter, c'était vraiment stupide de la part de la vampire de lui dire ça. Il va la trouver ridicule, c'est sûr.


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    Fouilles abusives


    Ou un manque criant de conscience du danger
    Je détourne quelque peu le regard devant ses compliments. Sur le thé, je sais que je me débrouille à peu près bien ; le café, en revanche, c'est... C'est difficile, disons, surtout car j'ai du mal à me passionner pour ce que je n'aime pas. Avec moi, les choses sont soient absolues ou ne sont pas, et cela s'étend à mes intérêts. Mais je suis content si elle est satisfaite, en tous cas. Je ne fais pas vraiment ça par intérêt pécunier, en soi ; je ne suis pas à plaindre au niveau financier et je ne gagnerais pas assez pour m'apporter un apport conséquent, c'est plutôt... Eh bien. Je me satisfais de l'idée que ce que je produits peut faire plaisir à d'autres. J'en aurais bien trop pour moi-même seul, de toute façon, alors autant partager autant que je peux. La motivation de m'améliorer, en plus de ça, fonctionne assez bien chez moi.
    Pour autant, quand elle reparle des deux... Crétins de tout à l'heure, disons, je suis surpris d'entendre qu'elle aurait peut-être fini par exploser. Moi qui la pense si calme et si tranquille, j'ai parfois du mal à l'imaginer plus tempétueuse, mais en même temps... Je l'admire assez pour ça aussi. Je me dis, en oubliant au passage beaucoup d'occasions, que je n'ai pas cette capacité. Je ne peux toutefois pas m'empêcher de rougir d'embarras et de flatterie en même temps quand elle m'assure ne pas apprécier qu'on me parle ainsi. Un comportement qui me gêne car je ne veux pas lui provoquer de problèmes, mais qui, il me faut l'avouer, me fait plaisir à entendre. C'est... Assez rare, en vérité, ce genre de choses. Généralement, on a plus tendance à m'accuser d'être responsable qu'autre chose, et j'ai une pensée amère en repensant à l'autre crétin de capitaine pignouf. Je prends donc ce comportement bienveillant en silence, hochant presque timidement de la tête pour lui faire signe que j'ai compris. Ironiquement, j'ai du coup un peu honte d'avoir été si... Eh bien, disons de les avoir laissé marcher ainsi sur ma fierté. Et face à sa dernière proposition, mon visage passe à l'écarlate. Oh, Yggdrasil, c'est bien trop d'attention pour ma personne...

    « T-tu es bien trop gentille, tu sais. »

    Mon regard se baisse alors que je balbutie comme un enfant timide, ne sachant définitivement pas où me mettre face à tout ça. Je ne veux pas être un boulet ou qu'elle me donne de l'attention car je suis pathétique, même si je vais finir par m'en persuader, à force. Nerveusement, mes doigts se serrent légèrement sur le tissu couvrant ma cuisse pour essayer de me distraire de mon angoisse sociale par une sensation à peu près différente.

    « Ce ne sera pas... Pas de refus, je crois. Le sanctuaire n'est pas désagréable, mais de temps à autre, j'ai besoin d'aller ailleurs, et... Ta taverne est réconfortante, je crois. Je sais que je n'y risque rien. »

    C'est une impression, bien sûr, mais... Elle m'accompagne souvent quand je passe très rapidement pour manger à midi, avant de repartir. Je ne reste jamais longtemps, évitant autant que possible les moments de fréquentation pour que mes oreilles ne se mettent pas à bourdonner péniblement. J'ai toujours peur que ma sensibilité énerve les autres, alors par défaut, je tends à refuser que l'on me traite différemment, même si ce n'est pas grand chose. Ces temps-ci, toutefois, comme elle le dit... Brièvement, des images repassent par ma tête, et je sens mes muscles se tendre, ne serait-ce qu'inconsciemment.

    « Moi... Non, moi, ç-ça va. Ce sont juste les autres qui... »

    Je ne termine pas ma phrase sur l'instant. Je pourrais citer beaucoup de monde. Les adolescents, les enfants à qui j'enseigne et qui me haranguent de questions sans vraiment oser dire le fond de leurs pensées et de leurs craintes en cours, les novices que je vois marmonner d'un air inquiet au sanctuaire, les autres moines qui se disputent de plus en plus... Et les autres moines supérieurs qui, Yggdrasil, me font honte à ne pas oser faire quoi que ce soit. Puis, tout simplement, l'ambiance que je sens dans nos quartiers à chaque fois que j'y passe ; elle est lourde, pesante, et j'ai du mal à détourner le regard quand j'en vois s'énerver contre les soldats qui nous fixent avec méfiance. Mon regard se fait distant, durant quelques secondes, se perdant dans un point invisible. Je n'ose pas finir ma phrase. Je n'ose, tout simplement, pas parler de ces choses : j'ai trop peur de commettre une erreur, et je crois, sans surprises, que je n'ai pas digéré ce qui s'est passé. La blessure est encore fraîche.
    Pourtant... En relevant le regard, une question me taraude, ne serait-ce qu'inconsciemment.

    « Mais... Toi qui veux toujours être à l'écoute pour tout le monde, est-ce que quelqu'un l'est pour toi ? »

    C'est venu tout naturellement. Pendant une seconde, j'ai eu la sensation de voir ce que faisait ma mère, quand les visages défilaient chez nous et qu'elle prenait la peine de s'occuper de tous ceux qui venaient conter leurs malheurs, sans que jamais personne ne s'intéresse à ses yeux cernés. Encore aujourd'hui, j'ai cette hantise de traiter quelqu'un ainsi. Mais l'instant d'après, je me rends compte d'à quel point c'est indiscret, et mes yeux s'écarquillent, gêné comme tout.

    « P-pardon, je... ! Excuse-moi, c'était très indiscret, je ne voulais pas... »

    Embarrassé, je me force à boire ma tasse, même si cela me brûle un peu. Oh, mais quelle andouille... !

    ft. Lysia Thalys
    Avril 1001




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    Natsu grogne et fixe des fleurs en #8A4B08

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    ft. Natsume Shimomura [Avril 1001]


    Fouilles abusives

    « The devil's in the details, but you got a friend in me. »


    Lysia appréhende la réponse de Natsume, le regard rivé sur le soldat endormi plutôt que sur le visage du magimorphe. Elle n'a pas envie qu'il se sente mal à l'aise et la prenne en pitié. La vampire sait qu'il n'est pas du genre à s'énerver ou se moquer, mais l'idée qu'il se force à lui répondre positivement pour ne pas la froisser lui tient en horreur. Pourtant, ses paroles n'ont rien de forcées. Quand Natsume la qualifie de "trop gentille", Lysia se retourne vers lui, perplexe. Peut-être qu'en extérieur, sa proposition tient de ça, mais en y réfléchissant bien, la vampire n'est pas certaine que la gentillesse ait été sa seule motivation. Peut-être qu'une part d'elle souhaite tout faire pour que l'Eossien se sente bien et ne la déserte pas. Est-ce de la gentillesse ou de l'égoïsme ? La rouquine préfère ne pas s'attarder sur la question et se contente de sourire timidement. En tout cas, elle est au moins heureuse de constater que Natsume n'est pas agacé par ses mots. Si sa gêne est palpable, Lysia sait que ça n'a rien à voir avec le fait de la prendre en pitié. Il semble sincèrement touché par sa proposition, qu'il accepte sans grande hésitation. Lysia se fait une note mentale d'avertir ses employés de toujours le laisser venir quand il le désire. Elle est encore plus ravie d'entendre que la taverne lui procure une sensation de sécurité. C'est tout ce qu'elle a toujours souhaité, et entendre ça de la part de Natsume, qui ne semble pas être à l'aise dans beaucoup de lieux publics, lui réchauffe le cœur. Métaphoriquement.

    « Alors tu seras toujours le bienvenu ici. »

    Un nouveau sourire, plus chaleureux cette fois-ci. Lysia sent toute tension quitter son corps, rassurée par les mots du moine Eossien. Lorsqu'il reprend la parole, la vampire met un moment à se rappeler qu'elle lui a dit être là s'il a un jour besoin de se confier. Elle le sent encore réticent, elle préfère donc ne pas pousser. Elle se contente d'hocher la tête, pleine de compréhension. Il n'a pas besoin d'entrer dans les détails ; toute personne un minimum sensée peut se faire une idée des tensions qui règnent un peu partout. Lysia ne se promène que rarement dans les rues d'Yggdrasil, et la nuit elles sont toujours plus ou moins calmes, mais ses colocataires lui font souvent part de ce qui se passe, et elle ne peut que compatir profondément avec Natsume. En plus, vivre ça, tous les jours... devoir supporter la douleur des autres en plus de la sienne. Avoir l'impression d'être coincé dans un enfer qui n'a, pour le moment, pas d'issue. Lysia voudrait le protéger, lui et tous les Eossiens. Mais comme elle ne peut pas, elle se contente de prendre sa main et de la serrer doucement pour lui assurer son soutien, avant de rapidement la retirer pour ne pas le mettre mal à l'aise. Elle s'apprête à lui répondre, incertaine de ce qu'elle peut dire pour le rassurer, mais le moine la devance avec une autre question qu'elle met un moment à assimiler. La vampire écarquille les yeux, troublée.

    « Euh, je, euh - »

    Il faut dire qu'elle n'a pas l'habitude qu'on lui pose ce genre de question, la Lysia. En tant que patronne d'une taverne, faisant le plus souvent office de serveuse, il est rare que ses clients s'intéressent à elle. Peu de personnes savent vraiment qu'elle est la propriétaire du lieu, et sa petite taille ne fait pas d'elle une employée que tout le monde remarque. Donc, pour le coup, personne ne s'attarde sur ses états d'âme. Pourtant, elle en écoute, des clients ivres qui racontent leur vie de long, en large, et en travers ! Mais cette partie du métier ne l'a jamais dérangée. Sa curiosité est nourrie par les nombreux ragots qu'elle peut entendre, et en général elle n'a pas à répondre aux monologues. Acquiescer et montrer un semblant d'intérêt suffit. Et en dehors de la taverne, Lysia n'a pas vraiment d'amis à qui se confier. Pourtant... pourtant il y a bien quelqu'un. Lorsqu'elle voit Natsume se confondre en excuses, Lysia s'empresse de le rassurer avec un sourire.

    « Oh non, ne t'inquiète pas ! Ce n'est pas indiscret, ne t'en fais pas. On est-on est amis, tu sais. Enfin je te considère comme mon ami. Et c'est-c'est gentil de me demander ça. »

    Elle préfère ne pas lui laisser le temps de réfléchir à leur relation, au risque qu'il ne la voie pas comme une amie. Elle espère qu'il laissera couler si jamais ce n'est pas réciproque.

    « Mais oui, il y a-il y a bien quelqu'un, qui est là pour moi. »

    La vampire sent ses joues la réchauffer alors que de nombreuses images d'une jolie Elfe viennent accaparer son esprit. Elle se rappelle de toutes ces nuits passées dehors à ses côtés, son emménagement dans la grande maison, quelques pas de danse échangés et une promesse lancée au rythme des mélodies du quartier.

    « Elles'appelleAlyss. »

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    Fouilles abusives


    Ou un manque criant de conscience du danger
    Au moins, l'on dirait que je n'ai pas fait une trop grosse bêtise. Je n'avais pas envie de plonger la conversation dans un marasme intenable comme je peux le faire d'habitude à force de toujours en rassurer une couche. Je suis toutefois touché lorsqu'elle m'explique qu'elle me considère comme un ami, mais aussi un peu surpris : il faut dire que ce n'est pas quelque chose dont j'ai été beaucoup, enfin... Vous voyez bien. La plupart du temps, les gens avaient assez honte de moi ; ce n'était pas bien glamour, d'être « ami » avec le gamin bizarre qui ne disait jamais rien. Alors ses propos me touchent, bien malgré moi, et j'esquisse un sourire aussi doux que timide, flatté.
    Je suis curieux, toutefois, quand elle me confirme qu'elle a effectivement quelqu'un pour l'épauler quand elle en a le besoin. Tiens donc... Une nouvelle qui me fait plaisir, un peu soulagé aussi je l'avoue que la tavernière ne soit pas seule avec ses pensées et les troubles qu'elle peut avoir de temps à autre. Sa gêne, néanmoins, me rend confus ; est-ce que c'est quelque chose de privé... ? Je sens à la manière qu'elle a de formuler très rapidement sa phrase que le sujet est un peu sensible. Malheureusement (ou heureusement), je n'ai pas le nez pour ces choses, surtout quand ce n'est pas explicitement dit, alors je ne vois pas exactement le sous-texte de sa façon de parler. Cela ne m'empêche pas, toutefois, de lui sourire avec affection et jovialité, plus que content pour elle.

    « Oh, mais c'est très bien, si tu as une amie comme celle-ci ! Me voilà rassuré. »

    J'ai la conscience plus tranquille de lui parler, même si je n'ai pas envie de lui donner une sorte de rôle de déversoir. Je suis plus content qu'autre chose de pouvoir partager avec elle, surtout si cela la rend heureuse. Et elle a vraiment l'air satisfaite, d'ailleurs, de telle sorte que je ne peux pas m'empêcher d'être curieux – peut-être un trop, car j'ai l'impression que quelque chose m'échappe, sans savoir exactement quoi.

    « Mais, c'est nouveau ? Tu as l'air très contente, en tous cas, ça fait plaisir à voir, que ça te rende aussi heureuse. »

    Honnêtement, je ne le suis souhaite que ça. En ce moment, cela ferait du bien à tout le monde, d'avoir quelqu'un à qui se confier.

    ft. Lysia Thalys
    Avril 1001




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    Natsu grogne et fixe des fleurs en #8A4B08

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    ft. Natsume Shimomura [Avril 1001]


    Fouilles abusives

    « And just like a folk song our love will be passed on. »


    C'est la première fois que Lysia s'autorise à parler d'Alyss à quelqu'un d'autre, et cela la panique bien plus que ce qu'elle ne l'aurait pensé. Non pas qu'elle ait un quelconque problème à parler de sa relation avec la jolie Elfe, mais elles n'en sont encore qu'au début, à la phase de découverte, à ces premiers instants timides où la seule vue de l'autre suffit à rosir le visage entier. D'ailleurs, Lysia est persuadée que si sa carnation de morte-vivante le lui permettait, elle serait déjà aussi rouge que l'uniforme du soldat étalé sur son matelas. Comprenez, la vampire vit sa première histoire d'amour, et avoir vingt-quatre ans ne l'empêche pas de réagir parfois comme une adolescente de quinze ans face au prince charmant. Elle a toujours été très réservée, sur les gardes concernant ses sentiments ; ouvrir autant son cœur la terrifie et l'exalte à la fois et elle a parfois bien du mal à gérer cet afflux d'émotions. Mais l'admettre à voix haute, mettre des mots sur ce qui se passe, rend le tout bien trop réel. Et si cela donne un côté réel aux bonnes choses, aux sourires qui font briller les yeux et aux matins passés dans les bras l'une de l'autre, ça met aussi en exergue tout ce qui pourrait ne pas fonctionner. Lysia apparente Alyss à une étoile filante : toujours en mouvement, d'une beauté sans pareille pour ceux qui la regardent le soir dans le ciel, mais aussi inatteignable, là un moment et disparue la seconde d'après, ne laissant derrière elle qu'une légère trace pour prouver qu'elle a bien existé. Et Lysia, qu'est-ce qu'elle est ? Une planète lointaine, perdue parmi tant d'autres, qui brille à peine et ne se démarque ni par ses anneaux, ni par sa taille. Elle se dit parfois qu'elle n'a pas de quoi rivaliser avec la jolie Elfe, et que bientôt celle-ci finira par se lasser d'elle.

    Elle n'a pas le temps de se perdre plus dans ses pensées que Natsume lui donne l'opportunité de revenir à elle, laissant dans un coin de son esprit toutes ses interrogations. L'Eossien semble réellement content pour elle, et son affection la touche sincèrement. Même s'il ne semble pas avoir compris le sous-entendu que les mots de Lysia suggéraient. La vampire ne compte pas s'éterniser sur le sujet et est ravie de confirmer les propos de Natsume, après tout elle trouve que la conversation a déjà bien trop tourné autour d'elle et elle n'a pas envie d'importuner le moine avec ses histoires de cœur, mais voilà que ce dernier se montre curieux, pressant légèrement le sujet. Rien d'intrusif, Lysia pourrait laisser tomber sans problème sans risquer de braquer son ami, mais elle se rend compte qu'une part d'elle a envie de lui en parler. De lui faire comprendre l'étendue de sa relation avec Alyss. En fait, en y pensant bien, Lysia réalise qu'elle fait confiance à Natsume. C'est une chose qui lui arrive si rarement que le constat la rend perplexe un instant. Depuis longtemps la jeune mort-vivante n'a plus accordé sa confiance, et à part Alyss, personne jusqu'alors a suffisamment percé sa carapace pour l'obtenir. Cette pensée lui arrache un sourire.

    « Oh, m-merci Natsume, c'est très gentil. Oui je... je suis très heureuse. Parce que, parce que... »

    Lysia est à court de mots. Elle ne sait pas comment formuler ce qu'elle s'apprête à dire. Comment doit-elle qualifier Alyss, après tout ? Les jeunes femmes n'ont pas pris le temps de parler de ça. Est-ce qu'elle est sa petite amie, sa copine, sa partenaire ? Quel mot peuvent bien utiliser les jeunes gens de nos jours ?

    « Eh bien Alyss, tu vois, c'est euh... ma copine... enfin, on est... ensemble, quoi... »

    Ô pitié, faites qu'il comprenne cette fois-ci. Lysia n'aurait certainement pas le courage d'expliquer plus explicitement le lien qui s'est formé entre elle et Alyss. Gênée et nerveuse, la vampire se met à fixer un point invisible dans le fond de la pièce, préférant éviter le regard du jeune Eossien. Elle espère ne pas le mettre mal à l'aise, peut-être qu'elle aurait dû s'en tenir à l'amitié, finalement. Lysia attend sa réponse avec inquiétude, et elle se rend compte que le soldat endormi commence doucement à s'éveiller, et il faut qu'elle pense à dire à Natsume de ne pas traîner s'il veut éviter de se retrouver à nouveau face à cette désagréable personne.

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    Fouilles abusives


    Ou un manque criant de conscience du danger
    Je suis sincèrement content pour elle, même si je ne me rends pas vraiment compte de ce qu'elle essayait de me faire comprendre à la base. Je suis juste satisfait d'entendre que quelqu'un prend soin d'elle et qu'elle peut se permettre de se confier si on la comprend. C'est assez rare ; souvent, ceux qui viennent me voir en confession n'ont pas ces oreilles attentives et compassionnées qui leur manquent réellement. Mais je ne m'interroge pas plus que ça, tant et si bien que lorsqu'elle précise son propos, je reste un instant interdit, clignant des yeux bêtement. Oh. Je n'avais pas compris ça comme ça, mais cela ne me fait pas plus tiquer. Il faut dire que j'officie toutes les semaines des mariages entre personnes de genres semblables ; mais... J'ai cru comprendre que chez les caldissiens et les altissiens, c'était peut-être plus compliqué. Je n'irais pas dire qu'il n'y a pas des formes de discrimination par chez nous (contrairement à ce que beaucoup pensent, nous ne sommes pas des enfants purs et dénués de soucis), mais... J'ai la sensation que c'est un peu plus appuyé chez les élysians. Alors je me contente de sourire maladroitement, un peu gêné qu'elle ait eu à me préciser la chose car je ne comprenais pas.

    « Oh, euh... Eh bien tant mieux. Félicitations ? »

    Maladroitement, j'essaie de lui faire comprendre que je suis content pour elle. Il faut dire que je n'y connais pas grand chose, à tout ça, alors souvent, ma réaction est un peu « par défaut ». Lysia a l'air heureuse, et je ne sens pas chez elle quelque chose qui pourrait me pousser à m'inquiéter. Pour autant, je ne sais pas si je dois poser des questions ou non ; comprenez, les attendus sociaux là-dessus me... Enfin. Je ne sais pas ce qui est acceptable ou non. Ni ce que je dois faire. Et vu qu'il m'est déjà arrivé qu'on me reproche de ne pas avoir eu la « bonne » réaction, je suis un peu nerveux.

    « Si tu l'aimes ainsi, ce doit être une personne très bien. »

    J'ai tendance à calquer la manière de se comporter de ma mère quand je suis perdu, mais dans ce cas-là, je trouve que ça marche plutôt bien. Je... Je suis flatté, quelque part, qu'elle choisisse de m'en parler alors que j'estime que je ne suis pas bien spécial et que je n'ai pas une énorme place dans sa vie. Mais je veux qu'elle se sente à l'aise, si possible, si jamais elle veut parler de ce genre de choses ; ce qui la rend heureuse est après tout assez important.

    « Je ne vais pas tarder à y aller, mais... Tu veux m'en parler davantage ?»

    Plus à l'aise, je souris doucement. Je ne vais pas tarder à y aller, mais... Ce qui devait au départ être une soirée ma foi difficile est devenu plus agréable que ce que j'aurais cru. Cela fait du bien, je crois, de se sentir soutenu, et je veux que la brune le soit tout autant qu'elle m'a permis de l'être tout à l'heure par son geste. Car, après tout, je mentirais si je disais qu'elle ne compte pas un peu pour moi.

    ft. Lysia Thalys
    Avril 1001



    Lalal :

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    Natsu grogne et fixe des fleurs en #8A4B08

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    ft. Natsume Shimomura [Avril 1001]


    Fouilles abusives

    « And just like a folk song our love will be passed on. »


    Lysia aurait certainement pu (et dû) s'inquiéter du fait qu'Alyss et elle appartiennent au même genre, et que cette disposition peut en rendre certains mal à l'aise, voire pire, mais ce n'est pas une pensée qui lui a un jour traversé l'esprit. Même cloîtrée dans sa campagne Caldissienne, la vampire a toujours été élevée dans un environnement ouvert d'esprit, et toute petite elle allait passer ses après-midi chez sa voisine qui était mariée à une femme. Voir ainsi des personnes de même genre ensemble ne l'a jamais dérangée, et lorsque ses sentiments se sont développés pour la jolie Elfe, elle n'a pas été surprise. Si son seul béguin avait été pour Matthew des années plus tôt, Lysia se savait déjà sensible au charme des personnes de son genre, scellant ainsi sa sexualité et elle n'y a jamais repensé ou attaché beaucoup d'importance. Après tout, si c'est comme ça qu'elle fonctionne, pourquoi se prendre la tête ? Elle sait pourtant que ce n'est pas une chose facile pour tout le monde, que beaucoup luttent contre des sentiments qu'ils ne souhaiteraient pas avoir ou ne comprennent pas l'intérêt d'être avec une personne du même genre : c'est, disons-le franchement, un peu plus compliqué pour avoir des enfants, et Lysia sait bien que cette question finira par poser problème pour Alyss qui est censée assurer une descendance pour sa maison ; mais de toute façon, même si la rouquine avait été un homme, le sujet aurait été tout aussi sensible. Un vampire ne peut pas enfanter, peu importe le fonctionnement de son corps. Lysia juge ainsi sa condition un peu plus problématique que sa sexualité, pour le coup.

    Elle s'amuse de voir les yeux de Natsume s'illuminer lorsqu'il comprend ce dont elle parle. Apparemment, l'Eossien n'est pas rendu mal à l'aise par cette révélation, il semble juste un peu nerveux, de ne pas avoir compris plus tôt et de ne pas savoir réagir dans l'immédiat certainement. Lysia ne peut pas lui en vouloir ; elle aurait du mal à trouver une réaction appropriée si les rôles étaient inversés. Mais son sourire, même s'il est maladroit, tout comme ses mots, la rassure. Elle peut voir que l'annonce l'enchante, et Lysia se demande bêtement si un jour ce ne sera pas lui qui officialisera leur mariage. La jeune vampire secoue légèrement la tête, préférant chasser cette pensée de son esprit. Voilà qu'elle pense déjà au mariage ! Il faudrait peut-être déjà commencer par quelques années de vie commune avant de prévoir un tel événement. Mais l'idée ne lui est pas désagréable pour autant. Un jour, peut-être. Si Alyss le désire également, bien évidemment. Lysia n'obligerait jamais l'Elfe à faire quoi que ce soit contre son gré.  

    « C'est une personne formidable, » atteste-t-elle pour répondre à Natsume, la voix timide.

    Mais il n'a pas besoin d'en savoir plus. Déjà, parce que ce n'est pas son rôle, et si Lysia le considère comme son ami, elle n'a pas envie de l'embêter plus qu'elle ne l'a déjà fait. Le fait qu'il l'ait écouté et qu'il soit heureux pour elle est déjà immense et la jeune vampire n'a pas de problème à s'en contenter. Mais quelque part, elle a aussi envie de garder toutes ces nouvelles choses pour elle-même pour le moment. Peut-être que si elle préserve encore le secret, il ne se brisera jamais, tout comme sa relation avec Alyss. La vampire se contente de lui rendre son sourire, tellement brillant, du style à en faire rire ses yeux.

    « C'est très gentil Natsume et je t'en remercie. Pour le moment... c'est tout nouveau et il n'y a rien de bien intéressant à raconter, mais tout se passe bien, ne t'en fais pas. Tu seras le premier à savoir s'il y a une quelconque évolution. Tu es... tu es d'ailleurs le premier à savoir, tout court. »

    Son sourire se transforme en une moue gênée, mais elle espère que le moine peut discerner dans ces mots toute la confiance qu'elle lui porte. C'est à ce moment-là que le soldat décide de se réveiller un peu plus amplement, ses deux orbites ouverts, confus, et Lysia s'empresse de pousser Natsume vers la sortie.

    « Allez file, il faut que je m'occupe de lui et tu as assez côtoyé ces brutes pour la journée ! Mon collègue golem est arrivé de toute façon, il ne fera pas le fier je peux te le dire. En tout cas... merci d'être passé. Ton thé est excellent, comme d'habitude et... je suis contente d'avoir pu discuter avec toi. N'hésite pas à repasser, quand tu veux, même si je viens rarement la journée. Tu auras toujours ta place ici. »

    Un nouveau sourire, sincère, chaleureux, de ceux qui témoignent d'une profonde affection pour la personne qui le reçoit. Et tout ce que ce sourire transmet, Lysia le ressent au plus profond de son âme. Elle a déjà hâte de pouvoir reparler à Natsume de tout et de rien. En espérant que la prochaine fois, des soldats ne reviennent pas les importuner...

    Spoiler :


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