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  • Aëly Rietvield
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    Le dragon n'est plus, miracle est arrivé. Yggdrasil a protégé sa cité. Des mois de siège éreintant cessent, la ville millénaire respire à nouveau. Chaque soir, sous la lueur émeraude et bienveillante du grand arbre, les éossiens fêtent et célèbrent ceux tombés au combat. Après tant d'épreuves, la ville semble reprendre vie...
    Forum Fantasy
    Avatars illustrés
    Pas de minimum de lignes

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    feat. Riza Hawkeye
    Full Metal Alchimist
    Aëly Rietvield
    >> INFOS
    ✘ Naissance : 23 Février 965.
    ✘ Prénom(s) : Aëly.
    ✘ Surnom(s) : Le Moineau, pour des raisons évidentes. Si elle affectionne ce surnom, elle arracherait la tête de quiconque souhaiterait lui en donner un autre.
    ✘ Nom de famille : Rietvield.
    ✘ Espèce : Animorphe moineau.
    ✘ Profession : Conseillère du Quartier des Affaires depuis peu.
    ✘ Origine : Aëly a grandi dans la capitale Altissienne, Altis. Elle n’a rien connu d’autre jusqu’à son emménagement à Yggdrasil.
    36 ans
    Altissia
    Féminin
    Roturière
    Prodige
    Poisse
    >> Construction

    Classe(s) : Bête des rues.
    Bonus & Malus choisis :
    x Prodige : Depuis toute petite, Aëly a toujours eu des facilités pour apprendre et user de son cerveau. A l'école, elle n'a jamais failli dans aucune matière et elle a toujours été passionnée par les sciences. Parfois, elle réfléchit si vite que ses paroles deviennent incompréhensibles voire imbuvables pour la plupart, puisque, bien évidemment, elle ne fait pas l'effort de s'adapter à ses interlocuteurs.

    x Poisse : Globalement, dans sa vie, Aëly n'a jamais vraiment eu de chance. Même avec ses capacités intellectuelles, elle a toujours été dans les derniers à gravir les échelons au sein du gouvernement, et son histoire familiale témoigne d'une certaine malchance au cours de sa vie. Cette poisse se retrouve dans tous les éléments de sa vie, si bien qu'en général, elle évite de se lancer seule dans des missions au risque de tomber sur les mauvaises personnes. Il ne faut pas vraiment compter sur elle si vous avez pour objectif de réussir dans la vie.

    Spécialité magique : Alchimie.
    Guilde : /
    >> PHYSIQUE
    ✘ Couleur de peau : Blanche, très pâle, à tel point que certains lui ont déjà demandé si elle n'était pas une vampire. Ayant toujours vécu à Altissia, sa peau ne s'est jamais habituée aux vifs rayons du soleil et depuis son arrivée à Yggdrasil, Aëly tend à avoir la peau toujours rougie, voire parfois complètement brûlée.

    ✘ Traits faciaux : La jeune animorphe a un visage globalement sévère et fermé, des traits coupés au couteau qui ne font que renforcer son expression toujours sérieuse. Ses yeux un peu tirés en amande occupent la plus grande partie de son visage et sont d'une couleur qui alterne entre l'ambré et le brun en fonction de la luminosité, une nuance qui n'est pas sans rappeler le pelage de sa forme animale. Même si elle n'a que trente-six ans, Aëly possède déjà plusieurs rides, notamment sur le haut du front, qui témoignent du temps qu'elle passe à froncer les sourcils. La contrariété est très souvent son expression favorite.

    ✘ Chevelure : Une longue cascade de cheveux blonds indomptables qu'elle garde le plus souvent attachés en un chignon ou en queue de cheval. Une longue mèche taillée en dégradé vient cacher son front pour couvrir un épis qui lui a toujours valu de nombreuses batailles. Aëly prend rarement soin de ses cheveux ce qui leur confère une texture particulièrement cassante et abîmée. Elle refuse pourtant catégoriquement de les couper.

    ✘ Taille : Si ce n'était pas pour pour son don d'animorphe, le surnom de Moineau aurait certainement pu convenir à la jeune femme de par sa petite taille qui ne dépasse qu'à peine les 1m52. En tant que moineau, elle atteint à peine les 18cm attribués en général à son espèce.

    ✘ Carrure : Si elle est de petite taille, Aëly n'en est pas frêle et fine pour autant. Toujours en train de se dépenser, Aëly possède ainsi un corps très musclé, parfois un peu trop. Il n'y a pas un seul endroit de son corps qui n'a pas été durement travaillé par de longues heures de musculation. De plus, depuis qu'elle a un bon salaire, l'animorphe ne se prive plus sur la nourriture, ce qui fait qu'elle est bien loin d'être mince.

    ✘ Style vestimentaire : Elle est toujours vêtue d'habits serrés et uniformes qui couvrent l'ensemble de son corps. Habituée au froid d'Altis, son arrivée à Yggdrasil l'a forcée à acheter des vêtements un peu plus amples et à manches courtes pour pour ne pas souffrir de la chaleur, mais globalement le style reste le même, très serré et surtout qui ne laisse place à aucune couleur. Aëly préfère se fondre dans la masse en portant des nuances de gris et de noir, même au cœur de l'été. Elle possède une bague ronde et argentée à l'index droit mais c'est la seule forme de bijoux qu'elle porte.

    ✘ Particularités liées à l'espèce : Aëly a une voix chantante, parfois un peu trop aiguë qui rappelle le chant des oiseaux au matin. Elle a aussi une ouïe un peu plus exacerbée que la moyenne, mais c'est tout ce qui lui reste de son animal une fois son apparence humaine retrouvée. Elle a même une vue particulièrement mauvaise qui fait qu'elle ne voit pas très bien à distance.  

    ✘ Forme de la marque : /

    ✘ Autres détails : Aëly a une cicatrice au niveau du sourcil droit qui le divise en deux, mais ce que l'on remarque le plus chez-elle, c'est l'absence d'une phalange à son petit-doigt de la main gauche. Rien qui, en soi, ne l'handicape, mais elle évite de mettre ses mains en avant.  

    ✘ Santé : L'animorphe a toujours eu une santé relativement bonne, n'échappant pas aux petites maladies hivernales d'Altissia mais n'ayant jamais eu de problèmes plus graves. Elle est cependant intolérante à de nombreux aliments ce qui l'oblige très souvent à préparer ses propres repas et à éviter toute nourriture inconnue. Elle supporte également très mal la chaleur, préférant de loin les montagnes enneigées d'Altis.

    >> MENTAL
    Vive d’esprit
    Têtue
    Calme
    Loyauté douteuse
    Pragmatique
    Solitaire
    Travailleuse
    Sans filtre
    Patiente

    Aime : Le calme ; les montagnes ; les chiffres ; les statistiques ; les sciences ; les animaux surtout lorsqu'elle est sous sa forme animale ; le sport et les randonnées, les courses ; lire ; apprendre ; faire de l'alchimie ; réfléchir et inventer ; trouver des solutions ; dessiner ; passer du temps en tant que moineau, que ce soit pour espionner ou simplement se reposer ; chantonner ; les hauteurs ; se promener au quartier des Loisirs pour observer les nouveaux talents ; l'orage ; le violet ; l'odeur de la forêt. En résumé, Aëly aime tout ce qui n'est pas doté de parole.
    Aspirations : On peut dire qu'Aëly a atteint l'un de ses buts ultimes en devant conseillère du quartier des Affaires, mais elle ne serait pas contre gravir encore les échelons pour avoir un poids encore plus important sur les affaires d'Etat. Elle n'aspire pour l'instant qu'à la vengeance, mais elle est suffisamment patiente pour tenir encore plusieurs années s'il le faut. A côté, dans un objectif plus personnel, Aëly a une soif d'apprendre et de comprendre l'univers insatiable et elle met un point d'honneur à apprendre une nouvelle chose chaque jour pour un jour en savoir le plus possible.
    N'aime pas : Les autres ; le bruit ; la chaleur ; procrastiner et les gens qui procrastinent ; les enfants ; les personnes hautaines ; les riches ; les vampires qui, globalement, lui font peur ; les conversations futiles ; Oros et sa religion ; être à court d'idées ; n'avoir rien à faire ; le rouge ; travailler en équipe, même si c'est un peu compliqué désormais ; avoir à rendre des comptes ; ne pas être écoutée.
    Craintes : Aëly craint un jour de voir la flamme de la vengeance qui la maintient en vie s'essouffler. Sans cette flamme, elle ne sait pas vraiment qui elle est ni que faire de sa vie et elle serait vite perdue dans un monde qu'elle ne comprend pas toujours. Elle a peur aussi un jour de rencontrer des personnes qui lui montreraient que la vie peut être faite de bonnes choses, parce qu'elle est à peu près sûre que cela mènerait à un effondrement de tout ce qu'elle connaît.

    Personnalité détaillée
    Aëly s'est toujours sentie en décalage avec les autres. Enfermée dans un monde qui lui est propre, constitué de chiffres et de logique, elle n'a jamais vraiment su s'en défaire pour rejoindre le monde des personnes un peu plus typiques. Personne ne sait si cette manière de fonctionner vient de son enfance, élevée à la dur par un père pragmatique et autoritaire, ou si la jeune animorphe a toujours été vouée à ne fonctionner que par cette logique qu'elle juge irréfutable. Pour elle, le monde ne se divise qu'en faits scientifiques et rien ne peut déroger à cette règle, si bien que très souvent, les émotions de ses pairs lui ont toujours semblé incompréhensibles. Elle n'a jamais ainsi traité ses propres ressentis, laissant de côté les besoins sociaux primitifs et l'amusement pour se concentrer essentiellement à l'étude et à la lecture. Aujourd'hui encore, elle ne vit que pour son travail et les sciences, même si elle a appris avec le temps à traiter les émotions comme un défi, associant chaque sentiment à un comportement bien précis, à une expression qui se dessine sur le visage. Cela fait d'elle un conseillère particulièrement douée puisqu'elle sait à peu près régler les conflits en portant une attention particulière aux parties. Elle n'utilise pas cette capacité en dehors de son travail cependant et cela la rend presque incapable de créer des relations stables et durables. De toute façon, elle n'en a pas vraiment envie. Les conversations avec les autres ne l'intéressent pas, ou très peu. Elle n'a que faire des discussions sur le temps et si elle ne peut pas parler chiffres ou logique, elle ne voit pas l'intérêt de perdre du temps à gâcher sa salive.

    Aëly n'est donc pas très aimable, d'un côté parce qu'elle s'en fiche, mais aussi parce qu'elle a peur de créer une relation qui la remettrait en question et l'éloignerait de son objectif de vengeance. De plus, elle se considère comme une sorte d'espionne, à utiliser son animorphie pour écouter des conversations secrètes, et elle ne voudrait pas que quelqu'un la découvre. Elle préfère donc se taire et rester en solitaire. En plus, ses collègues sont souvent très ennuyés lorsqu'elle se met à parler, soit parce qu'elle ne parle que de sciences, soit parce que son franc-parler lui vaut des remarques tout à fait désobligeantes. Mais elle ne comprend pas la nécessité de mentir ou d'arrondir les angles pour faire plaisir aux autres ; si on lui demande si elle trouve une coupe de cheveux jolie, et que ce n'est pas le cas, pourquoi irait-elle mentir ? Très souvent ses conversations tournent en disputes, voire en frustrations, et peu de personnes ont réussi à percer sa carapace.

    La jeune animorphe reste capable d'aimer, puisqu'elle a aimé son petit frère plus que sa propre vie, mais c'est sûrement cette expérience qui l'a rendue aussi intransigeante et antipathique. Elle sait pourtant que ses barrières peuvent s'effondrer à tout moment, ce qui la terrifie. Depuis son arrivée sur Yggdrasil, Aëly a été confrontée à de nombreux événements auxquels elle n'a pas trouvé de réponses - les Eossiens, les Sirènes et tout simplement l'histoire de la Cité - et sa détresse s'est faite de plus en plus prononcée depuis. La malchance semble la suivre quotidiennement, puisqu'elle semble tomber sans cesse sur des cas qui lui rappellent à quel point le monde dans lequel elle vit est incompréhensible, ce qui l'énerve au plus au point. Elle a ainsi depuis longtemps abandonné les explorations d'Yggdrasil pour se concentrer à nouveau complètement sur son travail de conseillère, et ses collègues lui donnent plus souvent des papiers à remplir que de missions à effectuer pour éviter tout contact avec la population. A son travail, l'animorphe est également très souvent réprimandée par ses supérieurs pour insubordination, et c'est cette désobéissance presque constante qui a fait qu'elle a eu beaucoup de mal à gravir les échelons. Elle ne s'est plus vraiment rebellée depuis ses vingt-cinq ans, mais personne n'a oublié à quel point elle peut être insupportable quand elle s'y met.

    Elle apprécie quand même tout ce qui touche à la musique, et si elle ne joue d'aucun instrument, elle se met très souvent à chanter des mélodies de son enfance, que ce soit chez-elle ou au travail, voire même dans la rue. La musique lui a toujours procuré une sensation de bien-être et de réconfort, au même titre que la vue des montages d'Altis, mais c'est au moins une chose qui a pu la suivre jusqu'à Yggdrasil. Il n'est pas rare de la voir se promener au Quartier des Loisirs lors de son temps libre pour profiter des talents de la Cité.
    Alignement
    Quelle est son opinion religieuse ? : Aëly est croyante de la manière dont ceux qui ont été forcés le sont. Son père était un fervent religieux, l'Orinisme était donc une part de sa vie considérable, mais étrangement, seuls les côtés durs avaient leur place au sein de la famille. La jeune animorphe a appris à ne pas tomber dans les excès et à travailler chaque heure de la journée, tout en respectant le rituel de la Tempérance chaque année, mais jamais elle n'a pu profiter des bons côtés de la religion. Ainsi, Aëly a vite appris à la détester, même si, aujourd'hui encore, elle doit se faire violence pour ne pas se repentir à chaque fois qu'elle fait une action qui va à l'encontre de l'idéologie d'Oros.

    Quelles sont ses attentes et son avis sur l'Artefact ? : Aëly est plutôt sceptique quant à l'existence de l'Artefact qu'elle associe à un mythe ridicule. De ce fait, elle ne s'en préoccupe pas plus que ça, surtout que la jeune femme a souvent besoin de preuves pour considérer une chose, ce qui n'est pas le cas à l'heure actuelle. Si la légende vient cependant à se confirmer un jour, elle y repensera, mais pour le moment la question ne se pose pas.

    Quelle est son opinion au sujet d'Altissia ? : Altissia est, bien évidemment, son lieu favoris, et notamment sa capitale qui a été le berceau de sa naissance. Elle aime les paysages enneigés qui ont toujours réussi à la rassurer, et à une époque, elle aurait donné sa vie pour son gouvernement. Son opinion a considérablement changé lorsque son frère est mort à cause de l'armée, et aujourd'hui elle ne cherche qu'à renverser le gouvernement. L'assassinat de Hincmar et d'Adélaïde ne lui est apparu que comme le juste retour des choses.

    Quelle est son opinion au sujet de Caldissia ? : Aëly ne porte pas plus les Caldissiens dans son cœur. Si elle n'a rien contre ses habitants en soi, c'est aussi un gouvernement qu'elle rejette, responsable au même titre d'une guerre qui a fait couler le sang pendant bien trop longtemps. Et puis, même si elle ne l'avouera jamais, la rivalité naturelle avec Altissia l'oblige à les détester avec un peu plus de passion.

    Quelle est son opinion au sujet des Eossiens ? : Elle n'a pas une grande opinion sur les Eossiens, en toute honnêteté. Aëly les prend surtout en pitié, un peuple qu'elle considère comme des dommages collatéraux d'une guerre qui n'est pas la leur. Elle ne leur est ainsi ni hostile ni réellement sympathique, en vérité de par leur Réveil inexplicable ils ont tendance à lui faire un peu peur. Aëly déteste tout ce qu'elle ne comprend pas, et le mystère qui les entoure la rend incroyablement mal à l'aise.

    >> ET VOUS ?

    Une petite présentation ? : Toujours la même. :v
    Âge : 21 ans.
    Votre/Vos pronom(s) : Elle.
    Disponibilité : Variable. o/
    Comment nous avez-vous connu ? : Par le dieu rouge !
    Un commentaire ? : /
    Auriez-vous un souci à faire remarquer ? : /
    Double compte de : Lysia Thalys & Elyas A. Maresh.

    Lyly/Chou

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    HISTOIRE

    i.
    « From the second that I was born it seems I had a loaded gun and then I shot, shot, shot a hole through everything I loved. »


    /!\ TW pour maltraitance envers des enfants, les paragraphes un peu graphiques seront précisés par l'intermédiaire d'un /!\.

    Je suis née le 23 Février 965 juste après l'heure du repas. Approximativement, ça fait 434 mois et 13 209 jours, et beaucoup plus encore de minutes. Je sais que la météo était capricieuse ce jour-là, avoisinant les -4°C. Une tempête de neige était en préparation. Rien de bien terrifiant cependant, nous habitants et habitantes d'Altissia, on a plus que l'habitude des humeurs du temps et la neige nous est plus familière qu'étrangère. Malgré la guerre, Altissia se portait plutôt bien économiquement parlant et la capitale n'avait pas eu de terribles problèmes depuis un moment. Mes parents, Léopold Rietvield, trente-quatre ans et huit semaines, et Danielle Rietvield, vingt-huit ans et demi tout juste, venaient juste d'emménager dans leur nouvelle maison. Une bénédiction, vous pensez, lorsque l'on attend un enfant ? Oh, ça l'aurait été, si seulement la maison avait été plus grande que la précédente, et non plus plus petite. Voilà donc dans quelles conditions je suis venue à la vie, soi-disant sous la bénédiction d'Oros : dans une maison trop petite pour avoir une chambre, au sein d'un couple qui ne s'aimerait pas pour tout l'or du monde. Oh, vous pensez que je ne l'ai jamais remarqué ? Les regards de haine échangés au détour d'un repas, les absences nocturnes de ma mère qui ont fait que j'ai longtemps douté et que je doute encore de mon vrai père ? Disons que je trouve ça relativement étrange d'être une animorphe alors que personne d'autre ne l'est. Il ne m'a pas fallu longtemps pour comprendre que quelque chose n'allait pas.

    Malgré la pauvreté et la relation non-existante entre mes parents, j'aurais aimé pouvoir vous dire que mon enfance a malgré tout été heureuse. Qu'ils ont réussi à mettre leurs différends de côté pour m'offrir l'amour qu'ils ne se portaient pas et que j'allais toujours me coucher le ventre plein et avec une couverture sur les épaules. Oh oui, j'aurais bien voulu vous dire tout cela. Malheureusement, la vérité en a été toute autre...

    Mon père était prêtre au sanctuaire proche de notre maison. Un métier que je ne trouve personnellement pas fascinant, et qui rapporte bien peu de revenus, mais qui était pour lui toute sa vie. Bien plus important que sa femme et certainement plus important que sa petite fille. Non, ce n'est pas vrai. Sa fille aurait être toute aussi importante, si seulement elle avait pu suivre ses traces. Si elle n'avait pas été cet étrange bébé à la fois précoce et totalement inapte à la société. Une enfant qui, dès son plus jeune âge, préférait la compagnie des mathématiques à celle de ses camarades de classe, qui n'invitait jamais personne pour se consacrer à la lecture sans se sentir seule une seconde. La solidarité est un pan important de l'Orinisme, mais je ne me préoccupais des autres que lorsque j'y voyais mon intérêt ; c'est-à-dire à peu près jamais. J'étais même relativement désagréable envers mes pairs, et sans l'amour de mes parents, je ne pouvais pas apprendre à le retourner. Si je travaillais beaucoup, c'était souvent sur des sujets peu pertinents pour mon père - est-ce que vous saviez que le têtard naît avec une petite queue qui lui permet de nager, pour la perdre lorsque ses pattes se développent ? - et par conséquent il me voyait comme une enfant paresseuse et désobéissante. En somme, je faisais honte à sa religion. Et je ne pense même pas avoir besoin de vous parler de mon amour pour les bonbons ; non pas que nous en avions beaucoup à la maison, mais je ne ratais jamais une occasion d'en manger. De plus, j'avais énormément de mal à me concentrer sur mes prières, m'adresser ainsi à un Dieu inconnu me paraissait complètement dérisoire et je les sautais la plupart du temps. Autant vous dire que si vous avez un père religieux, ce n'est peut-être pas le meilleur moyen d'entrer dans ses bonnes grâces.

    /!\ Je ne peux pas vous dire à quel moment précis les grosses punitions ont commencé. Je ne devais pas avoir plus de quatre ou cinq ans, un âge qui lui semblait suffisamment avancé pour comprendre ce que j'attendais de lui. Bien évidemment, je ne comprenais pas, mais pour mon géniteur, c'était simplement une envie de me rebeller qu'il fallait tempérer. Personne ne lui a jamais dit qu'un enfant de cinq ans, ça ne désobéit pas sans raison derrière. Certainement pas ma mère, qui passait plus de temps en-dehors de la maison qu'avec nous. Les punitions au départ étaient simples et en accord avec mes bêtises : des lignes pour avoir mal orthographié un mot ; un repas en moins pour avoir mangé une sucrerie ; l'interdiction de dormir si je n'avais pas terminé mes devoirs. J'évitais le plus possible de me retrouver dans ces situations, mais parfois la tentation était plus forte que moi. Peut-être que je me rebellais bien, en fin de compte. A la manière d'un enfant qui cherchait l'attention de son parent, qui voulait un câlin et non pas réciter une prière. La première fois que j'ai compris ma douleur fut pour un incident qui n'était, pour le coup, absolument pas de mon ressort. Enfin, pas autant que mon père le croyait. J'avais six ans, quatre-vingt huit jours et quelques heures à mon compteur quand je me suis transformée en moineau pour la première fois. Je courrais dans le jardin quand, pour prévenir une chute, je me suis retrouvée à voler dans le ciel. Je me souviens de ces quelques secondes comme les plus belles de ma vie. Je me souviens de celles qui ont suivi comme des pires. Mon père est entré dans une colère noire quand je suis redevenue humaine, et la force de son poing contre mon visage est la seule chose dont je me souviens de ce moment-là. Je pense qu'à ce moment-là il a compris qu'il n'était pas vraiment mon père, et si le coup était surtout dirigé contre ma mère, mon sourcil fendu en deux s'en souvient encore.

    Je n'ai plus jamais cherché à me transformer en sa présence. Mais être un petit oiseau était devenu ma seule forme de liberté et j'essayais de maîtriser mes transformations à chaque fois qu'il avait le dos tourné. Croyez-moi, ça n'a pas été simple. Je me souviens d'un incident particulièrement douloureux la veille de mes sept ans qui m'a coûtée la phalange de mon petit doigt gauche. Je n'irai pas dans les détails pour ne pas vous horrifier, mais si je peux vous donner un conseil, c'est de ne pas essayer de vous transformer quand vous êtes en train de de courir près des montagnes Altissiennes. Une mauvaise chute peut être fatale, et à l’occurrence elle l'a été pour mon petit doigt. Être une animorphe me paraissait si naturel que je n'en ai jamais questionné la source. J'avais étudié l'histoire d'Elysia et je savais que notre espèce datait du commencement lui-même, et comme j'avais la preuve de son existence, je n'avais pas à la remettre en cause comme je questionnais Oros. Autant vous dire que je n'ai jamais mentionné à mon père ces questionnement sur son Dieu, de peur de perdre un autre doigt, un peu plus intentionnellement cette fois-ci.

    J'aurais pu continuer à vivre raisonnablement bien, entre les études, les punitions de mon père de plus en plus ingénieuses et mes quelques heures de liberté à voler dans les airs, mais ma vie s'est transformée en véritable tragédie lorsque ma mère est rentrée un matin avec un bébé dans les bras. Inutile de vous le dire, je ne savais même pas qu'elle était enceinte. Mais peut-être que j'aurais dû m'inquiéter de ne pas la voir pendant huit-mois et dix-sept jours, mais à ce stade de ma vie, ma mère n'avait qu'une présence fantomatique dans mon esprit. Ce petit bébé, appelé Max Rietvield, deux kilos et demi, né un 14 Mai à en fin de matinée, ressemblait comme deux gouttes d'eau à mon père - autant qu'un adulte et un bébé puissent se ressembler, du moins. Au début je pensais en être jalouse, puis je me suis rapidement rendue compte que ne pas être la fille de mon père était plus une bénédiction qu'une malédiction. Je ne pensais pas l'apprécier pour autant, mais c'est là que j'ai eu tort. Je suis complètement tombée sous le charme de mon petit frère, si bien que je passais tout mon temps avec lui. Le désir de le protéger se renforçait de jour en jour, et je craignais qu'il ne subisse les sévices de mon père à son tour. Je n'avais pas encore huit ans que déjà j'avais juré de le protéger au péril de ma vie.

    Une promesse qui, aux premiers abords, aurait pu sembler un peu dramatique. Qui l'a longtemps été, en toute honnêteté. Mon père le laissait tranquille. Max était plus doué socialement que moi et il appréciait sincèrement l'Oronisme au point d'accompagner très souvent mon père au sanctuaire ; de quoi le rendre fier. A côté, j'avais plus de temps à passer en moineau et c'était mieux comme ça. Ma mère avait disparu quelques mois après la naissance de mon frère et, jusqu'à ce jour, je ne l'ai plus jamais revue. Malheureusement, Max constituait une bouche à nourrir supplémentaire, et sans les revenus de ma mère, les temps ont été difficiles pendant très longtemps. Je me suis mise à voler de la nourriture à partir de mes neuf ans, un délit facilité par mes transformations en moineau. J'ai aussi appris à espionner les autres, plus par intérêt scientifique que par curiosité maladive. Je voulais savoir comment ils vivaient, si tout ce qui nous arrivait était normal et, surtout, pour en apprendre plus sur le monde. Je n'appréciais pas la compagnie des autres, encore moins leur parler, mais leur façon de fonctionner me fascinait. Je n'ai jamais été prise en train d'espionner et je n'ai jamais été arrêtée pour vol non plus. J'aime me dire qu'à ce moment-là j'ai presque sauvé ma famille de la famine, mais mon père m'enfermait dans ma chambre sans manger à chaque fois que je rentrais avec de la nourriture volée, alors c'était assez compliqué à admettre.

    La danse a duré des années. A ce stade, j'étais habituée aux mauvaises humeurs de mon père et à ses punitions. J'avais épié suffisamment de famille pour savoir que ce n'était pas vraiment normal, mais qu'aurais-je pu y faire de toute façon ? J'entendais assez d'histoires effrayantes sur les orphelinats et familles d'accueil pour savoir que ce n'était pas vraiment une solution. Heureusement, mon frère était protégé ; c'était comme si soudainement mon père avait appris à aimer. Parfois, j'en étais jalouse, je le reconnais. Mais Max et moi nous entendions à merveille et son amour me suffisait amplement. Il ne s'énervait jamais contre notre père mais il me glissait toujours un bout de pain à chaque fois que je me faisais punir, ou il l'emmenait se calmer au sanctuaire pour que je puisse m'éclipser par la fenêtre et m'envoler quelques heures, le cœur plus léger. C'était la seule personne qui ne s'ennuyait pas de mes conversations, même quand je passais des heures à parler des dernières avancées scientifiques et médicales. Il ne me jugeait pas quand je lui récitais des faits aléatoires sortis de mes bouquins. Et j'aimais l'entendre parler. A travers lui, la religion ne me paraissait pas si mauvaise, et je trouvais sa dévotion adorable.

    A la sortie de l'école, mon père m'a offert deux choix (ce qui était beaucoup plus que je ne l'aurais espéré) : rentrer officiellement dans la religion, ou rejoindre le gouvernement pour devenir scribe. Je n'allais pas insulter une religion qui n'était plus vraiment la mienne en m'y consacrant, et ainsi, à seize ans, je devins scribe. J'avais cependant décidé de rester à la maison, au grand désarroi de mon père, pour veiller sur mon frère. Il n'avait encore que dix ans et je sentais sa patience s'envoler avec l'âge. Si Max restait son enfant préféré, il restait un enfant qui parfois faisait des bêtises. Je n'allais pas laisser les choses s'aggraver. Ce fut une période compliquée, je ne vais pas vous le cacher. Entre la fatigue des trajets jusqu'à l'académie, l'apprentissage et surveiller mon frère, j'avais un peu du mal à suivre. J'avais beau avoir de très bonnes notes et comprendre facilement les cours, parfois on ne peut pas tout gérer. En plus, côtoyer mes professeurs et camarades à l'école ça pouvait passer, mais être scribe demandait un peu plus d’interactions sociales que prévu et ça se passait rarement très bien. Avant mes vingt ans, j'avais déjà pris des avertissements pour insubordination. Pourtant, je ne vois toujours pas ce qu'il y a de désobligeant à corriger les erreurs de mes professeurs en cours - mais apparemment ce n'était pas très bien perçu.

    A vingt-deux ans, je passais enfin diplomate, le rang juste au-dessus de scribe. Avec deux années de retard sur mes camarades, alors que pourtant j'excellais dans mes devoirs. Mais bon, encore le côté social... le métier me plaisait cependant déjà plus que scribe. J'étais coincée dans un bureau, mais ça ne me dérangeait pas étant donné que j'étais au calme. J'étais douée pour remplir les dossiers juridiques et administratifs et je n'avais pas à faire semblant devant d'autres vivants. En plus, la petite bourse que je recevais chaque mois me permettait enfin d'avoir mon propre logement. Rien de bien luxueux, mais la situation avec mon père se dégradait tellement que je ne pouvais plus continuer à vivre avec lui. Le jour où il a arraché une de mes plumes de moineau fut le jour où je suis partie, laissant à regret mon petit frère que je ne pouvais récupérer. Mais les choses allaient encore bien entre eux, alors je pensais qu'il serait en sécurité...

    /!\ Je pense que je me souviendrai de ce jour toute ma vie. En général, les souvenirs de mon enfance m'apparaissent flous, emmêlés. Je n'oublierai jamais tous les faits scientifiques que j'ai appris - saviez-vous qu'en altitude, la température diminue de 6,4°C chaque kilomètre ? -, mais les souvenirs peuvent s'effriter avec l'âge. Celui-ci, par contre, je pourrais encore vous dire tout ce qui s'est passé avec une clarté effrayante. Je n'irai pas dans les détails, parce que je ne souhaite à personne de savoir ce que j'ai vécu ce jour-là. Nous étions en plein milieu du mois de Novembre, je rentrais tout juste d'une difficile journée, épuisée, pour trouver mon frère - mon petit frère, Max, à peine seize ans -, étalé sur les escaliers qui menaient à mon appartement. Il était déjà venu plusieurs fois et connaissait naturellement mon adresse. Au début, je le pensais ivre, revenu d'une soirée entre amis qui ne lui permettait pas de rentrer chez son père sans se perdre. Je m'apprêtais à rire, je me vois encore m'approcher de lui, le sourire aux lèvres, une remarque cinglante prête à le moquer. Mais ça, c'était avant de remarquer le sang, son bras droit disposé en un angle qui ne me semblait pas naturel. Je pensais avoir connu la peur, avant. J'avais tort. Je me souviens l'avoir soulevé jusque mon salon, malgré les 17cm qui séparaient nos tailles, malgré tout mon être qui tremblait de la tête aux pieds. J'ai soigné ses plaies, attendu qu'il se réveille et qu'il m'explique. Bien évidemment, mon père n'avait pas supporté qu'il choisisse de rentrer dans l'armée pour abandonner la religion. Je n'ai pas besoin de vous dire ce qui s'est passé.

    A partir de là, Max est venu vivre avec moi. Nous n'avions peut-être pas toujours à manger ou de quoi nous réchauffer, mais c'était peut-être la période la plus heureuse de ma vie. Ni lui ni moi n'avions prévu de reparler à notre père et j'espère aujourd'hui que la vieillesse l'a adouci, même si j'en doute. J'étais épuisée, affamée, mais heureuse. Max avait trouvé un petit boulot dans une épicerie non-loin de l'Académie ce qui nous a permis de passer plusieurs mois un peu plus aisés. Il fallait juste que l'on tienne jusqu'à que je devienne émissaire, que je gagne un meilleur salaire. Ma fatigue et mon manque de communication envers mes supérieurs, comme d'habitude, a retardé ma promotion encore une fois, mais pas tellement cette fois-ci. J'ai pu devenir émissaire à un peu moins de vingt-sept ans, ce qui relevait d'un exploit quand on considère le nombre de fois où je me suis embrouillée avec mes coéquipiers. A partir de là, Max et moi avons pu changer de logement, avoir plus de place et surtout plus de revenus pour mieux manger et se chauffer. Max était un Oroniste pur et dur - il ne se laissait pas prendre par les plaisirs de la vie, ou très peu, mais personnellement, je ne me retenais pas. Et tant pis si parfois j'étais prise de violentes crises de panique qui me retrouvaient à prier toute la nuit. Certaines habitudes sont difficiles à tuer, mais je comptais bien essayer.

    Et puis, un matin, je me lève, et je constate que Max est parti. Il a rejoint l'armée, comme il le voulait depuis tant d'années. Un simple au revoir laissé sur un vieux papier. Si seulement ça n'avait pas été un adieu.

    ii.
    « Everything is temporary, everything will slide, love will never die.
    Birds fly in different directions, I hope to see you again.
    »

    /!\ TW cadavres, descriptions de nécromancie et de parties du corps un peu amochées. /!\

    Une année c'est aussi douze mois, cinquante-deux semaines, 365 jours, 8766 heures et 525 960 minutes. Le temps est le même pour tout le monde, pourtant j'ai appris à mes dépends qu'il ne passe pas de la même manière pour tous. J'ai trouvé cette année sans Max cruellement longue. Un an. Un an s'est écoulé avant que je revoie Max pour la première fois. Avant que je revoie son cadavre, pour la première fois.

    Vous voyez, en période de guerre, l'armée ne fait pas vraiment dans la finesse. Ils ne vous préviennent pas par lettre que votre frère est décédé, ils ne notifient même pas de sa mort dans les journaux (trop de morts, vous comprenez). Alors un jour, vous vous apprêtez à aller travailler, et vous vous retrouvez avec le cadavre de votre frère devant votre porte. Pas directement devant la porte, bien évidemment, mais l'annonce de la nouvelle est si brutale, si inhumaine, que c'est tout comme. Je n'avais jamais vu de morts, avant. J'aurais préféré ne jamais en voir. C'est une vision qui ne vous quitte jamais vraiment, qui s'infiltre dans vos pensées même des années après, sans raison. Qui domine vos cauchemars et qui vous hante chaque fois que vous essayez de fermer les yeux. Max était si beau, avant. Blond, grand, des yeux d'un bleu profond qui rappelaient les plus belles rivières d'Altissia. La guerre l'avait bien amoché ; un œil en moins, et toutes ces cicatrices...

    Je n'ai pas accepté sa mort. Je sais ce que vous allez dire : que pour une fille aussi rationnelle que moi, la mort devrait être naturelle et faire partie du cours de la vie. Mais je pense qu'à cet instant-là, j'étais incapable de réfléchir correctement. Même loin de lui pendant un an, je savais que mon petit frère était vivant quelque part, et qu'il reviendrait à la maison. On s'échangeait souvent des lettres qui me poussaient à me lever chaque matin. J'étais inquiète, mais je vivais. Je pense que quand j'ai vu le corps de mon frère, une partie de moi s'en est allée avec lui. J'ai donc fait quelque chose de complètement désespéré, d'illégal et de dangereux. J'ai fait appel à un magicien doué en nécromancie que je connaissais d'affaires sordides, je l'ai payé tout l'argent que je possédais, et je lui ai demandé de ramener mon petit frère à la vie. L'erreur la plus terrible de ma vie, et pourtant sur l'instant, elle me semblait si judicieuse...

    Je pensais que la vision de son corps sans vie serait la chose la plus horrible que je verrais de toute ma vie. Personne ne m'avait prévenue que ramener un mort à la vie, ça avait des conséquences terribles. J'avais à peine entendu parler d'histoires de nécromancie et je n'avais jamais rencontré de nécromates moi-même. Je les imaginais comme les invocations, au physique à peu près intact. Comme j'avais tort... mon frère était devenu... je ne peux même pas décrire l'horreur qui s'était élevée devant moi à la fin du rituel. Un teint blafard, un œil qui ne guérirait jamais, des cicatrices hideuses et bouffies. Et un regard si meurtrier qu'il aurait pu me tuer sur place et je l'aurais laissé faire, paralysée. Mais surtout, ce que je n'oublierai jamais, c'était sa façon de se mouvoir, loin d'être naturelle, presque comme un zombie. Mais en même temps, à quoi aurais-je dû m'attendre ? Il y a bien des raisons pour lesquelles cette magie est interdite. Mon frère me regardait avec insistance, et je pense sincèrement qu'il se demandait quelle était la meilleure manière de m'étrangler.

    « Aëly, Aëly ma chère Aëly, regarde ce que tu as fait, regarde ce que tu as fait de moi, tu n'aurais jamais dû, je te hais, je te hais, je te hais. »

    Jamais auparavant mon petit frère n'avait élevé la voix, encore moins à mon encontre. Max était une âme vivante et douce, jamais en colère pour trois sous, qui ne s'énervait même pas contre les injustices de la vie. Mais à ce moment-là, dans cette pièce sombre, j'aurais pu le croire capable d'anéantir toute une armée. Sa haine envers moi était si vive qu'elle m'étouffait presque. Je pouvais sentir le magicien à côté de moi s'agiter, comme s'il ne s'attendait pas à une telle réaction. En même temps, il m'avait demandée une dizaine de fois si le mort aurait voulu être ressuscité, et j'avais dit oui autant de fois, persuadée qu'il l'aurait souhaité... mais je ne pouvais pas savoir que ses cicatrices ne guériraient pas et qu'il ressemblerait à ça... si ? Peut-être. Peut-être que la personne logique que j'étais aurait dû se renseigner. Une faille, dans toutes ses années à me concentrer sur les preuves de tout. J'avais plongé la tête la première dans ce rituel sans même me renseigner. J'avais déjà pleuré au cours de mes vingt-sept dernières années, mais jamais à ce point. Je pleurais tellement que je discernais à peine la silhouette de mon frère.

    « Je suis désolée, je suis désolée, je pensais, je pensais que...
    _ Tu pensais, ma chère sœur, et c'est bien le problème. Tu penses, mais tu ne penses qu'à toi. Jamais aux autres. Jamais. »

    Il avait raison, et je n'avais rien à lui répondre. Je ne pouvais pas lui dire que je pensais aux autres sans cesse, mais que je ne les comprenais pas, qu'ils me terrifiaient et que je préférais ne pas les côtoyer parce que j'étais toujours étrange pour eux, la bête de foire ou la fille impertinente et insolente. Je ne pouvais pas lui dire que je l'aimais plus que tout, et qu'égoïstement je ne me voyais pas vivre sans lui. Que je lui en voulais d'être parti à l'armée, et que revivre, rester auprès de moi était le seul moyen de le pardonner. Qu'à ce même moment, malgré sa colère et sa douleur, j'aurais recommencé le rituel, encore et encore, pour le garder à mes côtés.

    « Vous, là. Vous avez pu me ramener à la vie, est-ce que vous pouvez inverser le sort ? Faire en sorte que mon âme s'en aille à jamais ? »

    Le magicien, resté en retrait jusqu'à maintenant, semblait terrifié. Mais doucement, malgré la peur dans ses yeux, je l'ai vu hocher la tête. Je pense que l'idée d'effacer ce qui avait été une erreur de sa part le soulageait bien plus qu'il ne le laissait paraître. Je me souviens avoir essayé de l'arrêter en le frappant au visage, mais il était bien trop grand et fort pour moi. Je lui ai à peine arraché une émotion.

    « Non, non, non, Max je t'en prie, reste avec moi, s'il te plaît, reste avec moi, je peux pas-je peux pas vivre sans toi, s'il te plaît... »

    J'étais assise sur le sol, des sanglots incontrôlables me parsemaient le corps. Je n'avais jamais ressenti autant de douleur de toute ma vie. Elle était physiquement, émotionnelle, mentale. Je ne respirais plus. J'aurais aimé ne plus jamais respirer. J'ai senti au bout d'un moment la chaleur d'un corps contre le mien, et je savais rien qu'à sa façon de me soulever le menton que c'était mon frère. Son œil me regardait avec une intensité bouleversante, ses traits s'étaient adoucis. Des perles salées menaçaient de s'échapper de sa pupille.

    « Aëly, ma sœur, mon petit Moineau... tu peux, tu peux vivre sans moi, d'accord ? Tu vas vivre une vie merveilleuse, ma chère sœur. Et quand ton temps sera venu, pas avant de très nombreuses années, au moins 18 262 jours, tu me rejoindras, et on vivra ensemble éternellement, mais pas avant. »

    18 262 jours. 50 ans. Il avait appris à convertir les années en jours pour moi, pour pouvoir suivre mes discussions et me comprendre. Cinquante années à vivre sans lui. Cela me paraissait le bout du monde. Je m'en sentais incapable. Et pourtant... j'avais la promesse de le retrouver un jour. Je continuais de pleurer pendant que le magicien effectuait le rituel inverse. Je me retrouvais à nouveau devant le cadavre inerte de mon frère, seule dans le silence. J'aurais pu rester là pendant des heures. Je ne voulais pas le quitter.

    L'année qui a suivi fut essentiellement une année de mutisme de ma part. J'étais incapable de me lever le matin, de m'alimenter, si bien que mes supérieurs ont accepté de me donner des congés pour me remettre de la mort de mon frère. Ma petite entreprise de nécromancie était passée inaperçue, seul le magicien qui avait fait le rituel savait ce qui s'était déroulé ce soir-là, mais étrangement, mon histoire l'avait ému - et mon argent aussi. Il ne dirait rien. Parfois, je me dis que j'aurais préféré qu'il me dénonce, peut-être que la prison m'aurait insufflée un semblant de volonté de vivre. Petit à petit, la léthargie a laissé place à la colère. Si mon frère était mort, c'était à cause du gouvernement, de l'armée qui avaient laissé un gamin de vingt ans combattre une guerre qui durait depuis trop longtemps. Depuis ce moment, je sais que mon objectif dans la vie est de venger mon frère. Gravir les échelons, infiltrer le gouvernement et le renverser de l'intérieur, quitte à y perdre la vie. Quitte à y mettre cinquante ans pour honorer la promesse de mon frère. La vengeance, quand elle vous consume, est tellement puissante qu'elle peut durer des années sans s'essouffler. Je comptais bien l'utiliser.

    Je suis donc retournée au travail, et la résurrection d'Yggdrasil m'est apparue comme un signe du ciel. Non seulement je pouvais déménager, quitter Altis où tous mes souvenirs menaçaient de me faire tomber chaque jour ; mais je pouvais aussi travailler sur ma vengeance avec une ferveur beaucoup plus accrue. Les Eossiens pourraient consister en des alliés dans le futur, et peut-être que même certains Caldissiens pourront m'aider dans ma quête. Yggdrasil était l'endroit parfois pour faire imploser mon gouvernement. La Paix n'avait été qu'une illusion et je me réjouissais de l'assassinat des deux gouverneurs. Enfin, à trente-cinq ans, après des années de dur labeur, d'espionnage et d'efforts pour être un peu plus sociable, je devenais Conseillère du Quartier des Affaires d'Yggdrasil. Je commençais enfin à avoir un poids politique important pour atteindre mon objectif.

    Et que la guerre commence.

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    Bravo, tu es validé.e !
    Oh, j'ai eu un gros coup de coeur pour Aëly et j'ai très, trèèèès hâte de la voir évoluer sur le forum. Je n'ai malheureusement rien à te reprocher (zut) C:

    Je te valide donc sans plus attendre, et je m'occupe de tes affaires sous peu. Tu peux commencer à RP, ect ; tu connais, à force.

    En attendant, bon jeu avec Aëly :love:

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