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  • A cover is not the book [PV Dragonatsu]
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    Le dragon n'est plus, miracle est arrivé. Yggdrasil a protégé sa cité. Des mois de siège éreintant cessent, la ville millénaire respire à nouveau. Chaque soir, sous la lueur émeraude et bienveillante du grand arbre, les éossiens fêtent et célèbrent ceux tombés au combat. Après tant d'épreuves, la ville semble reprendre vie...
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    15 mai
    1001
    A cover
    is not the book
    « Viens, ma belle ! »

    Ma chienne, distraite par des insectes, revient pour suivre mes traces lorsque je l'appelle. C'est une petite balade en pleine nature qui nous attend, au-delà des murs de la cité. Près de la grande rivière, je voulais profiter d'un terrain naturel et calme pour m'entraîner un peu et changer d'air, loin des bruits de la ville et de l'espace réservé à l'armée. Rester un peu seul ne me fera pas de mal. Au moins, ici, l'endroit est calme et tranquille. Les seuls sons que je perçois sont ceux de la nature, comprenant entre autre le chant des oiseaux et l'écoulement de l'eau. C'est un cadre apaisant qui réussit à me détendre. Descendant les falaises, je m'aventure en terrain rocailleux et humide. Windie sur les talons, je me suis dit qu'une petite baignade en plus, si elle le voulait, pourrait lui faire du bien.
    M'installant dans un coin près de la rivière, je commence à m'entraîner en donnant des coups dans le vent. Je tente de maîtriser mes mouvements pour qu'ils soient plus vifs, contrôlant ma lame qui fend l'air avec précision. Je pense que j'avais besoin de faire un peu le vide dans mon esprit, aussi. Je ne sais pas pourquoi j'ai repensé au moine, me demandant parfois si notre expédition en mission était bien réelle. Ce que nous avons traversé ensemble ce jour-là... C'était un peu étrange, non ?.. Et pourtant, pour une fois, c'était tout à fait cordial. Y'a-t-il vraiment... une amélioration ? Nous ne nous sommes pas foutus sur la gueule de toute la journée et nous avons même réussi à avoir des discussions calmes, sans animosité dans l'air. Je peine encore à y croire. Ce n'était pas... désagréable, en soit. Ça change, en tout cas. Ça change...

    « … Windie ? »

    Mon esprit perdu ailleurs, bien loin de ce monde, revient sur terre. J'observe ma compagne de toujours qui grogne après quelque chose que je ne discerne pas. Puis, tout à coup, j'entends un grondement. Vivement, je me retourne pour distinguer une silhouette brune à travers les arbres qui se rapproche, s'agrandissant au fur et à mesure qu'elle se découvre derrière les branchages. Bientôt, un grizzli apparaît sous mes yeux et me grogne dessus, visiblement mécontent que je me trouve sur son territoire. En protectrice, Windie se place devant moi pour me protéger. Je ne comptais pas me battre. Je comptais m'en aller pour le laisser tranquille. Mais il fut bien plus rapide que ce que je ne pensais. Si je désire m'enfuir, il ne me laisse pas le choix. À grande foulée, il approche vers moi. Par réflexe, mon bouclier est brandi pour me défendre. Devrais-je courir pour rejoindre la ville ?.. Non, je n'aurais pas le temps. Il faut que je combatte ce monstre.Le gros ours s'arrête presque en face de nous mais balance ses grosses pattes pour nous blesser. Impossible de juste m'excuser auprès de lui comme j'ai pu le faire avec les quelques créatures magiques que j'ai rencontré avec Shimomura l'autre fois. Je vois dans son regard et je sens dans ses gestes une colère que je sais ne pas pouvoir apaiser. Mais si je m'enfuis, il saura me rattraper. Alors mon seul choix est de contre-attaquer. Avec Windie, en plus, je ne peux pas risquer de prendre du temps pour trouver une cachette.

    « Je n'ai pas peur de toi ! »

    Un nouveau grognement s'échappe de sa gueule. J'esquive facilement une première offensive, lançant un coup d'épée pour le blesser à une épaule. Je reste plus vif, mais la bête est puissante. Pendant plusieurs minutes, un duel s'installe entre nous. Mais je me retrouve en mauvaise posture bien plus vite que ce que je pensais. Il est puissant. Bien plus que moi, je crois. En même temps, savoir mon alliée près de moi qui se bat pour me protéger ne m'aide pas à me concentrer et je dois veiller à ce qu'elle ne soit pas mortellement blessée. Depuis quelques temps, je la vois qui se fatigue de plus en plus rapidement. Elle se fait âgée, je le sais. Je l'ai remarqué. J'ai fait attention dernièrement à veiller sur elle pour qu'elle ne se surmène pas, mais je ne m'attendais pas à ce que nous soyons confrontés à un animal dangereux aujourd'hui. Alors la relative aisance que je croyais ressentir au début est remplacée par une inquiétude.

    Je ne sais pas ce qui m'a fait défaut. Je croyais pourtant maîtriser la situation. Mais la bête au regard noir et aux griffes acérées me regarde avec une colère profonde que j'ai provoqué. Ce n'est pourtant pas le premier ours que j'affronte. Une chose, toutefois, diffère de d'habitude. Celui-ci est plus gros et plus fort que ceux qui se trouvent dans les montagnes d'Altissia. J'ai eu moins le temps, ces temps-ci, de m'entraîner dans une nature aussi sauvage. Je cherchais ma dose d'adrénaline. Je l'ai trouvé. Mais à quel prix ?.. Si j'ai réussi à blesser ce grizzli, je ne suis pas parvenu à le fatiguer assez pour qu'il reste tranquille. C'est plutôt moi, au contraire, qui commence à perdre en endurance. Et je ne suis pas le seul. Près de moi, Windie est bien moins blessée mais halète également. L'ours porte son regard sur moi, grognant en approchant ses crocs redoutables sur moi. Je réussis à sauter sur une pierre en hauteur pour ne pas qu'il m'atteigne, mais manque de glisser dans la rivière tumultueuse en-dessous de moi. S'il comptait porter un puissant nouveau coup de patte, il est arrêté dans sa démarche par mon amie qui saute sur son dos afin de lui mordre une oreille. Elle se fait néanmoins dégager d'un coup aisé et roule sur le côté, de moins en moins en forme. En s'en rendant compte, d'ailleurs, notre prédateur porte son dévolu sur elle en courant à grandes foulées afin de lui porter un coup qui pourrait lui être fatal.

    « Windie ! »

    Je ne réfléchis pas. Je n'ai pas le temps de le faire. Mon corps parle pour moi et mes jambes se précipitent vers ma compagne. Cette dernière a bien du mal à se relever. Elle ne pourra pas échapper assez vite à la nouvelle offensive qui arrive.
    Me mettant dos à l'animal, j'ai à peine le temps de me placer entre Windie et le coup de griffes qui arrive et que je me prends de plein fouet. Mon armure ne résiste pas au choc et je sens la griffure déchirer ma chair. Face à la douleur, un râle m'échappe, avant que je ne m'écroule au sol.

    « Enfuis-toi... »

    Les quelques mots que le chevalier arrive à sortir avant de sombrer dans l'inconscience ne tombent pas dans l'oreille d'une sourde. Mais Windie ne partira pas sans l'Enodril. L'ours, dans sa lancée, a arraché une partie de son armure dont il tente de se déloger les griffes. Ce bref instant de répit permet à la chienne de puiser dans ses dernières forces pour porter l'humain et de s'enfuir hors de portée de la créature. Elle courre à en perdre haleine, le militaire sur son dos. Vite, partir le plus loin possible, loin du danger. N'importe où qui soit moins risqué que près de la rivière où les attend l'ursidé. Mais elle sent qu'elle ne pourra pas aller bien loin dans son état en gardant le châtain sur son dos. De l'aide. Elle doit trouver de l'aide. Mais rapidement, car le sang du capitaine coule sur son pelage. Sa blessure est grave. Windie craint le pire. Les siennes sont peu profondes en comparaison. Elle est plus vieille mais plus solide, en raison de son espèce qu'elle a toujours embrassé. Elle doit pourtant faire le choix de laisser Samaël le temps qu'elle trouve de l'aide. Cherchant un coin un peu reculé à l'abri des regards, dans le creux d'une grosse roche, elle dépose son précieux fardeau en plaçant quelques branches au-dessus pour le couvrir brièvement. Elle reviendra vite. Elle reviendra avec de l'aide. Mais qui pourrait les aider ?..

    … Une odeur ! Windie sent quelque chose. Près d'ici, dans la forêt. Un parfum, en plus, familier. Alors elle accoure sans vraiment y penser davantage, le cœur empli d'espoir. Faites qu'il puisse les sauver, prie-t-elle. Là, dans la forêt qu'elle traverse, elle aperçoit Natsume Shimomura, le moine qu'elle a déjà pu rencontrer. Pas sous sa véritable forme, mais elle a senti chez lui, dès le début, une âme charitable. Dans sa direction, elle aboie pour d'abord attirer son attention. Elle doit avoir mauvaise allure, avec l'odeur poisseuse sur elle et sa fourrure salie par l'effort et le combat. Elle ne peut pas parler. Elle ne peut pas reprendre sa forme humaine maintenant. Cela le rendrait sans doute confus. Elle ne sait même pas s'il la reconnaîtra. Tant pis. Elle doit essayer. Sans lui demander son avis, elle tente de l'attirer là où se trouve Sam, tirant sur les plis de sa robe de mage et le poussant du bout du museau dans le dos.

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    A cover is not the book


    et un livre n'est pas son titre
    /!\ Rien de bien « gore », mais on évoque du sang et tout, alors un peu de précautions.

    J'aurais pu être ailleurs, ce jour-là. J'aurais pu rester auprès de Keita, qui n'avait cesse de réclamer de l'attention, partir aider mes camarades, m'occuper des enseignements des novices de ce matin, passer la journée à l'hôpital pour gérer des suivis de soin... Tout un tas d'activités qui aurait pu m'éviter de passer par la forêt ce jour-là ; j'avais finalement décidé, poussé par la curiosité, de voir si je pouvais retrouver le tunnel et la cave que j'avais découvert la semaine dernière, en la compagnie de... Enfin. De l'autre, là. J'avais très soigneusement évité de repenser à notre altercation, encore mis mal à l'aise pour une raison à laquelle je ne souhaitais pas vraiment réfléchir. Les pieds foulant vaguement la terre, mes yeux suivaient toutefois le sentier en se rappelant l'avoir parcouru à la course ; malgré tout, j'y revenais en dépit de moi-même. Quelque chose me tracassait, mais je préférais chasser la pensée en reportant mon regard vers l'avant. Je ne devais plus être bien loin, à ce moment.

    Et, soudainement, l'odeur du sang dans mes narines. Une flagrance métallique et âcre, me faisant m'immobiliser et grimacer sur le coup. Elle est si rapide et si intense que je me suis brièvement arrêté pour me pincer le nez, dans l'espoir de diminuer la force de l'effluve, mais elle est si intense que j'en suis désarçonné, m'arrêtant pour regarder autour de moi et en trouver la source. Si je crois au départ que je suis malencontreusement tombé sur le cadavre d'un animal, je me rends compte que j'ai tort lorsqu'une silhouette canine apparaît enfin dans mon champ de vision. Un animal blessé à l'air paniqué, qui s'empresse de tirer sur mes robes comme pour m'attirer quelque part. Si j'ouvre de grands yeux devant le sang sur son pelage et les coups qu'elle semble avoir pris, un nœud dans la poitrine, c'est autre chose qui attire mon attention.
    Mais, c'est le chien de... ?

    Dans le fond, ce n'est qu'une chienne parmi tant d'autres, mais j'ai appris à reconnaître son odeur, à force. Elle est incroyablement semblable à celle de son maître.
    Il me faut pas longtemps pour faire le lien ; la pauvre semble blessée, paniquée et ensanglantée, cherchant à me tirer quelque part, ou plutôt vers quelqu'un. Alerté, je me contente de hocher de la tête, le regard plus grave.

    « Je te suis. »

    Fort heureusement, le chemin n'est pas long, et lorsque mon regard se pose sur le corps ensanglanté et gisant au sol, vaguement caché par quelques branches, mes yeux s'écarquillent sous le coup du choc. Je n'ai pas besoin de le regarder longuement pour savoir que la situation est critique ; la sensation du sang chaud sur ma paume me tord le ventre dans un nœud désagréable. Le rythme cardiaque accéléré, j'arrive, heureusement, à me focaliser sur la tâche à venir : mon métier m'aide à mettre de côté la crainte et l'incertitude liées à la panique, les reléguant dans un coin de ma tête. Prenant son pouls rapidement, je souffle toutefois de soulagement, même si il est trop lent à mon goût. Reportant mon regard sur la chienne, j'ose espérer qu'elle me comprendra, mais elle a l'air assez intelligente pour ça.

    « Nous n'aurons pas le temps de rentrer dans la ville. Je dois le transporter quelque part avant de m'en occuper ; aide-moi à le monter sur mon dos, et reste-y pour l'y tenir. »

    Quand j'en ai la confirmation, je n'attends pas mille ans (ahaha) pour prendre ma forme draconique et positionner le militaire sur mon dos, tentant de ne pas être trop brusque pour ne pas empirer la situation, mais l'empressement me rend moins doux que je le serais en temps normal. Je connais une petite cabane de pêcheur non loin d'ici, normalement abandonnée, mais qui sert de relais aux voyageurs du coin ; alors, embarquant par la même occasion la chienne pour ne pas qu'elle ait à courir dans son état, je fais le chemin jusque là à la course, tentant tant bien que mal de ne pas perdre de précieuses secondes.
    Bon sang, il a vraiment décidé de m'en faire voir de toutes les couleurs !

    Arrivé à destination, j'ouvre la porte avec fracas, tenant Enodril sur mes épaules comme je le peux, même si il est normalement un peu trop lourd pour moi. L'adrénaline fait des miracles, heureusement. La cabane est austère, mais cela fera l'affaire pour aujourd'hui. Déposant l'altissien sur le lit, je me presse pour essayer d'avoir une idée d'à quoi j'ai l'affaire. Me concentrant comme je le peux, j'essaie de focaliser mon attention et ma magie sur sa blessure et l'état de son corps. La lumière qui s'échappait déjà de mes mains n'est que le reflet d'une magie moindre, mais je ne ne retiens pas une grimace en découvrant l'importance de la blessure. Au moins, j'ai gagné quelques minutes avec ce sort, même si... Même si je vais devoir employer les grands moyens.
    Oh, par l'éos, ce sera un miracle si il survit !
    J'ai déjà une idée de ce qu'il me faudra utiliser, et si ça ne m'enchante pas, je n'ai pas grand choix. Expirant lourdemment alors que je me retrousse les manches, je dois me retourner durant quelques secondes vers la chienne.

    « Je dois utiliser un sort avancé. Ça risque de me... De me sonner pour quelques heures. Avant ça, laisse-moi rapidement m'occuper de toi. Il y a des chances qu'entre temps, tu perdes trop de sang. Ce sera juste l'occasion d'une seconde. »

    Je ne sais pas trop si elle comprend, mais... Je crois que si l'autre survit, il m'en voudrait d'avoir laissé son amie se vider de son sang, alors je veux faire les choses dans l'ordre.

    ft. Samaël Enodril
    le 15 mai 1001



    Dernière édition par Natsume Shimomura le Ven 21 Aoû 2020 - 23:49, édité 1 fois

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    Natsu grogne et fixe des fleurs en #8A4B08

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    15 mai
    1001
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    is not the book
    Il ne faut pas longtemps à Natsume pour la suivre. Elle le savait. Elle peut lui faire confiance. Pourtant elle est bien consciente qu'il l'a reconnu et qu'il a sans doute une petite idée de la raison qui l'a amené jusqu'à lui. Alors, sans tarder, elle le conduit comme elle le peut jusqu'à l'endroit où elle a laissé le chevalier. Au loin, les cris de l'ours se font entendre mais ils perdent de plus en plus en intensité. Windie a l'espoir qu'ils finissent, un moment, par disparaître totalement. Elle n'a jamais vu Natsume utiliser de la magie de soin mais elle sait qu'il possède de l'affinité avec la magie en général. Le cœur battant, ils arrivent sur le lieu où se trouve le corps de l'Enodril et elle laisse le moine l'examiner, même si l'anxiété grandit en elle. Docilement, elle suit ses instructions à la lettre et attend qu'il se transforme en dragon pour l'aider à faire tenir Samaël sur son dos. Windie est folle d'inquiétude, mais elle place tous ses espoirs chez le Shimomura. Prier Omnis, elle le sait, ne sera pas suffisant. Il est impossible de savoir si le religieux a deviné pour son espèce et sa véritable nature, mais il lui parle comme s'il savait qu'elle pourrait le comprendre. Elle fait donc de son mieux pour maintenant le militaire en place jusqu'à ce qu'ils arrivent à destination. Le châtain à mèches lisses est déposé sur le lit et Windie admire la faible lueur qui s'échappe des mains de l'Eossien. Pas de doute, elle avait visé juste : il pourra le soigner. Même si cela ne sera pas simple, lui affirme-t-il. Mais aux yeux de la chienne, peu importe. Elle est même prête à l'aider et à briser son secret pour le soutenir.

    Lorsqu'il lui demande à ce qu'il la soigne d'abord, elle est toutefois avant tout réticente. Elle hésite. Ses yeux scrutent avec attention le sang qui coule de l'Altissien. Il y en a. Il y en a trop. Elle a peur. Elle pleurniche sous sa forme de chien en poussant des petits gémissements plaintifs, laissant brièvement les plaies qu'elle aperçoit sur le corps de l'humain. Mais elle sait qu'elle ne tiendra pas non plus longtemps si elle ne se fait pas soigner en première. Et s'il y a une chose qu'elle ne veut pas, c'est briser le cœur de l'Enodril en disparaissant maintenant. À contrecœur, elle accepte sa proposition et s'approche pour se faire traiter. La magie qui parcoure les doigts de Natsume pour venir se poser sur ses blessures est chaude, douce, à l'image de celui qui s'en sert. En peu de temps, la douleur qui la transperçait se calme progressivement, remplacée par une sensation d'apaisement qui l'entoure toute entière. Cela la rassure le traitement dont bénéficiera le soldat quand ça sera son tour. Lorsque le Shimomura a d'ailleurs fini avec elle, il prend une pause avant de s'attaquer à la troisième personne, allongée sur le lit. Windie, remise, se relève péniblement pour se rapprocher jusqu'à son chevet. Au moment où Natsume commence le sort, c'est celui qu'elle choisit également pour changer de forme. Elle quitte son apparence canine pour se transformer en une femme aux cheveux châtain clair d'une cinquantaine d'années. Windie devient, ou plutôt redevient, Lyra. Lyra Enodril.
    La Caldissienne regarde son fils d'un air attristé et anxieuse. Mais elle n'a pas le temps pour ça. Prenant une expression plus sérieuse et déterminée, elle pose ses mains au même endroit que ceux du moine.

    « Laissez-moi vous aider. J'ai quelques connaissances en magie de soin. »

    Cela fait longtemps qu'elle n'a pas eu à s'en servir, mais elle n'a rien perdu de la théorie. Se concentrant au maximum, elle tente de canaliser le flux de sa magie pour qu'il se calque sur celui du natif. Elle aimerait éviter qu'il ne s'épuise trop en les aidant. Si elle peut être utile à quelque chose... Elle s'en veut déjà au quotidien de ne pas avoir été là pour Samaël. De ne pas avoir été là pour son enfant. Aujourd'hui, il a mis sa vie en péril pour elle, en ignorant leur véritable lien.

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    et un livre n'est pas son titre
    L'urgence me fait prendre des précautions. Je n'ai pas envie de finir avec un cadavre de chien sur les bras, alors même si je sens qu'elle n'est pas bien d'accord, je m'occupe quand même (légèrement) de ses blessures. Ce ne sera pas parfait, mais ça lui évitera au moins d'être dans un état catastrophique d'ici une heure. Pour autant, je ne m'attendais pas à ce que la chienne que je croyais traiter ne se transforme sous mes yeux en une femme adulte.
    Que... ?
    Stupéfait, ma concentration se défait pendant quelques secondes, en même temps que mes yeux s'écarquillent sous le coup du choc. Ma bouche s'ouvre et si j'aimerais dire quelque chose, sentir ma magie faiblir une seconde me suffit pour me faire reprendre ma contenance et me concentrer sur ce que je fais. Si je commence à viser à côté maintenant, je n'ose imaginer après.

    Lorsque j'en ai fini avec elle, toutefois, je ne perds pas de temps à lui poser de questions, que ce soit sur son identité ou la raison de son apparition soudaine ; je me contente de hocher de la tête quand elle m'indique vouloir m'aider. Les questions viendront plus tard. Alors tandis que je souffle pour me débarrasser de la tension de mes muscles, je ferme les yeux. Ma voix est plate, directe. Je n'ai pas le temps de prendre des pincettes.

    « Concentrez-vous sur moi. Si vous sentez que vous faiblissez, rompez le contact ; je n'aurais pas assez de force pour soigner deux personnes. »

    L'aide d'une seconde personne (ou plutôt une source d'énergie) devrait au moins me permettre de ne pas tourner de l'oeil, mais... Enfin. Je préfère prendre des précautions ; j'ai l'impression que mon accompagnatrice s'inquiète plus de la vie de l'altissien que de la sienne et je n'ai pas envie de tester sa fibre sacrificielle.
    Une fois que je peux sentir la magie de la plus vieille, et que j'arrive à me lier au corps de l'altissien par le biais de la mienne, j'écarte le reste de mes pensées pour me focaliser sur ce que je dois faire. Les sourcils froncés, j'expire lentement. La blessure est profonde et l'hémorragie me fait clairement peur ; je pourrais lui donner de mon sang, mais pour l'instant, il faut surtout que j'arrête le saignement. Puisant en moi pour sentir ma magie passer dans mes veines jusque dans celles de mon patient, je me rends compte que le reste de mes sens s'anesthésient petit à petit. Je me focalise comme je le peux sur les plaies et sur les saignements que je peux sentir, prenant de temps à autre le temps d'éponger et de comprimer les écoulements. La tâche s'annonce ardue, mais je renonce pas, me contentant d'essayer de puiser la magie jusqu'au fond de moi-même. Je sens, en plus de ça, qu'il n'a pas encore lâché prise.
    Allez, faites un effort ; vous n'allez pas lâcher maintenant, tout de même.



    La lumière dans mes mains se réduit doucement. Ma tête tourne. Mes yeux sont lourds, et lorsque je me reconcentre enfin sur la réalité, une vague aussi brusque que soudaine de nausée me remonte dans la gorge. Autour de moi, ma vision est floue, et si mes doigts tremblent, encore poisseux de sang, j'arrive à m'accrocher au bord du lit pour ne pas tomber. Mon équilibre est pourtant bien fragile ; j'ai l'impression de peser cent fois mon poids et d'être aussi léger qu'une plume. Mais au vu de la quantité de magie que j'ai utilisé, toutefois, et de la difficulté de la tâche, ce n'est pas étonnant. Je suis même surpris de ne pas avoir tourné de l'oeil. Jusque là, j'avais retenu ma fatigue pour parvenir à mon objectif, mais maintenant... Maintenant, je peux me laisser aller.

    « C'est bon. »

    Ma voix est tremblante alors que j'essaie de me redresser, mais c'est peine perdue. Tout ce que j'arrive à faire, c'est m'adosser contre le côté du lit, relevant la tête pour fixer le plafond, la respiration lente et lourde. Yggdrasil, cela faisait longtemps que je n'avais pas fait autant d'effort : d'ordinaire, je suis secondé par d'autres mages blancs, alors c'est bien moins usant personnellement. Là... Je n'ai eu qu'une aide partielle. Jetant un autre coup d'oeil à mon patient encore endormi, je peux avoir l'esprit tranquille. La blessure n'est pas entièrement guérie : il faudra encore qu'elle cicatrise un peu (et je pourrais m'en occuper plus tard, mais l'esthétisme n'était pas la priorité, comprenez) mais elle ne saigne plus. Il est sorti d'affaire. Cette pensée me soulage et me fait expirer lourdement, fermant les yeux pour essayer de regagner mes sens. Après quelques secondes, toutefois, ma tête se tourne vers celle à qui je parlais, que j'observe sans un mot. Sans une question, sans un jugement, sans une parole. J'attends de voir ; je lui laisse le choix de parler ou non. Moi, de mon côté, j'ai la conscience tranquille.

    ft. Samaël Enodril
    le 15 mai 1001

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    Natsu grogne et fixe des fleurs en #8A4B08

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    15 mai
    1001
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    Elle le sent très surpris, mais sans lui poser de questions, le moine écoute quand même et prend en compte le peu qu'elle puisse partager dans son état. Ce n'est clairement pas une mage accomplie comme lui, mais ses capacités, elle l'espère, suffiront peut-être pour ne pas qu'il s'épuise totalement. Ensemble, en suivant attentivement les instructions du religieux, Lyra et lui partagent leur magie et leur énergie pour se concentrer sur le soldat au milieu. Heureusement, la volonté de la Caldissienne pour sauver son enfant est suffisamment grande pour que le Shimomura puisse puiser là-dedans afin d'alimenter son sort de soin. Cela prend plusieurs minutes et beaucoup d'efforts des deux côtés, mais ils arrivent finalement à refermer un peu les plaies. Les blessures devront cicatriser, mais le sang ne coulera plus.

    Lorsqu'ils ont terminé, ils rompent le contact et Natsume lui indique qu'ils peuvent souffler. Ce que Lyra fait également de son côté, mais ses pensées restent concentrés sur son fils inconscient qui, au moins, a une chance de se réveiller. La peur qui envahissait l'animorphe mère était toutefois si intense qu'elle se permet de se détendre et de se laisser aller. Sans attendre, elle se rapproche du militaire et l'enveloppe doucement dans ses bras pour le bercer, comme elle n'a jamais pu le faire en trente ans. Elle ne retient même pas les larmes qui prennent possession de son visage aux traits vieillissants et fatigués. Au moins, elle est soulagée. Immensément soulagée par ce sauvetage in extremis. Et elle n'oublie pas, bien sûr, à qui elle le doit. Gardant l'Altissien contre elle, son regard humide se tourne toutefois vers l'éoniste.

    « Merci... Merci du fond du cœur. Vous nous avez sauvé tous les deux. »

    Elle ne saurait pas exprimer sa gratitude, mais elle est sincère. Après tout, elle a manqué aujourd'hui de voir la prunelle de ses yeux disparaître sans qu'elle ne puisse rien faire. S'ils ne l'avaient pas soigné à temps, il serait mort. Quelque part, elle serait morte avec lui. Samaël est devenu sa raison de vivre.

    « Je suis désolée de vous avoir mis ce poids sur vos épaules. Quand je vous ai aperçu, je... Je savais que vous pouviez nous aider et... Je n'ai pas réfléchi plus que ça. »

    Elle a honte. Elle est gênée. Parce qu'elle savait. Elle savait qu'il ne les laisserait pas tomber. Que si elle lui demandait, il leur porterait secours. Il a une bonne âme et ça elle l'a tout de suite vu. Ce jour-là au marché, ce fut d'ailleurs la seule à le voir.

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    A cover is not the book


    et un livre n'est pas son titre
    Je ne sais pas qui elle est, je ne sais pas comment tout ça est arrivé, mais... Soyons honnête, pour le moment, ce n'est pas ma préoccupation principale. Je suis juste... Soulagé. Cela faisait un moment que je n'avais pas eu une peur bleue pareille durant un soin ; j'ai vraiment failli croire, à quelques occasions, que c'était trop tard. Mais plus que ça, j'étais inquiet. Je ne le réalise que maintenant, mais j'y ai mis beaucoup de moi-même. Il n'est pas anormal que je ne souhaite pas qu'une personne meurre : ce n'est pas mon métier pour rien, mais... Dans ce cas-là, ça avait quelque chose de personnel, je le sais. Cela m'intrigue et me rend perplexe en même temps. Je ne sais pas vraiment si ça a une importance. Allons donc, est-ce que je commencerais à ressentir un vague semblant de positivité pour ce type... ?
    En relevant le regard, je cligne des yeux en la voyant le serrer et le bercer contre lui. Son geste, sa manière de le regarder... C'est tout comme... Comme...
    ... Comme sa mère ?
    Je pourrais me tromper. Et peut-être que je me trompe ; en dépit de la ressemblance, ce pourrait être une tante, une cousine, une sœur très âgée... Mais je ne sais pas, c'était la première pensée de mon esprit. Son étreinte a quelque chose de maternel. Pendant une seconde, j'ai eu l'impression de voir la manière dont ma propre génitrice me tenait contre elle lorsque je ne me sentais pas bien. Je n'ose pas le dire, toutefois. Tout ça... Tout ça, ce ne sont pas mes affaires. Ou du moins, c'est l'excuse assez lâche que j'utilise pour justifier de ne pas admettre que cela m'intrigue un peu.

    Face à ses remerciements, je reste silencieux. Vu son état, j'ai peur d'empirer la situation, mais elle a l'air d'aller... D'aller bien, malgré la crainte qui a dû la traverser. Alors après quelques secondes, je me contente de hocher négativement de la tête, calme. Ma tête tourne encore et je ne tenterai pas de me lever maintenant, mais j'arrive à faire des phrases à peu près correctes.

    « Ne vous inquiétez pas. C'est... J'ai prêté serment, après tout. »

    Ce n'est pas juste une question d'honneur : c'est juste... Comme ça. Je ne laisse pas mourir les gens au bord de la route. Même si je le détestais encore comme il y a deux mois, j'aurais fait la même chose. J'ose croire que quiconque avec un semblant d'âme aurait fait la même chose, devant une situation pareille. Et d'ailleurs, en parlant de ça...

    « … Que s'est-il passé ? »

    Ma voix est un peu lente, mais... Tout de même. Vu les blessures que j'ai vu, je parie sur une créature magique, ou sur un animal : pas sur une personne. J'essaie toutefois tant bien que mal d'avoir une idée de ce à quoi j'ai affaire, tant quant à aujourd'hui que quant à... Enfin. La personne à qui je parle et dont j'ignore le prénom, mais dont je peux presque aisément deviner le nom.

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    Il n'y a pas que le serment. Elle le sait. Bien sûr qu'il se doit de soigner, s'il a juré. Mais Lyra était certaine de pouvoir lui faire confiance. Le moine avait été traitée de manière assez injuste par Samaël, et Lyra en a encore honte aujourd'hui. Elle se sent responsable du comportement du militaire. Si elle s'était occupée de lui comme elle aurait dû le faire... Elle est sûre que ça se serait passé différemment. Que Sam aurait agi différemment. Peut-être auraient-ils pu bien s'entendre, même. Elle a failli à son devoir, et elle le regrette très amèrement maintenant. L'Eossien, pourtant, est intelligent. Autre chose le motivait à leur venir en aide. Et légitimement, il se demande comment cela a pu se produire. Alors Lyra baisse un peu la tête avant de lui répondre.

    « Nous sommes allés sur le territoire d'un ours énorme sans le savoir. Cela a provoqué sa colère et il nous a attaqué, mais nous ne faisions rien de mal. »

    Elle ne rentrera pas dans les détails puisque c'est inutile et qu'il n'a besoin de savoir que l'essentiel, mais pour elle... Ils n'avaient surtout pas eu de chance. Ce n'était rien, de vouloir s'entraîner en pleine nature. Dans les montagnes altissiennes, il n'y avait jamais eu de problèmes. Mais c'est un territoire qu'ils connaissent davantage. Ce n'est pas leur territoire natal, ici. Ils le jugent mal. C'est un miracle qu'ils aient fini par se sortir des griffes de la bête. Ils n'ont juste pas eu de chance, se dit la Caldissienne. Surtout le soldat, à ses yeux, qu'elle reporte d'ailleurs sur lui. Délicatement, une de ses mains vient chasser une mèche sur ses paupières closes. Un sourire tendre se dessine sur ses lèvres, mais il ne les éclaire qu'à peine.

    « Il m'a protégé... Il n'a pas hésité une seule seconde avant de s'interposer pour me sauver, alors qu'il risquait sa vie. »

    C'est sa mère, alors l'avis qu'elle a de lui est biaisée de toute manière. Mais ça ne l'empêche pas de vouloir faire ressortir ses bons côtés quand elle le peut. Une frustration demeure en elle quand elle sent que sa progéniture ne permet pas une ouverture plus sincère de ses sentiments envers autrui. Envers ceux qui ne méritent pas de se faire maltraité comme l'a pu être l'éoniste vers qui elle focalise de nouveau son attention.

    « Je suis navrée pour tous les problèmes qu'il vous a causé. Il n'a pas un mauvais fond, je peux le jurer sur Omnis. Mais je... Je n'ai pas été là... »

    Elle marque une pause entre deux sanglots. Sa main vient caresser une joue de l'endormi qu'elle regarde et admire comme si c'était la première fois.

    « Sa propre mère n'a pas été là pour le guider quand il en avait le plus besoin. »

    Sa voix se brise. Les mots lui coûtent à sortir car elle doit avouer une vérité qu'elle n'a jamais pu confier à personne. Pourquoi à lui ? Nul ne le sait. Les moines doivent et savent écouter. Sans doute fait-elle une nouvelle fois confiance à son mutisme. À qui pourrait-il dire tout ça, de toute façon ? Tout le monde a oublié Lyra. Même sa propre descendance.

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    Je reste silencieux alors qu'elle s'explique. Je devine sa peine et sa peur, alors je ne veux pas la brusquer inutilement ; mais ce qu'elle dit au sujet d'un ours fait sens. Je peux comprendre, quelque part, et je ne retiens pas une grimace en y pensant. J'ai... Enfin. J'ai failli vivre la même chose et j'ai déjà vu des cadavres ramenés hors de la forêt ; on m'en avait longtemps éloigné, même lorsque j'étais novice. Les moines et moines supérieurs n'aimaient pas que nous découvrions de telles horreurs. Inconsciemment, je frissonne un peu en imaginant le carnage qu'une telle bête aurait pu provoquer si elle avait eu l'occasion de le faire.
    Cela ne m'étonne pas tant que ça, qu'il se soit interposé pour la protéger. C'est... Relativement dans le caractère du personnage, de ce que j'avais cru comprendre. D'une part, pas besoin d'être voyant pour comprendre qu'il tenait beaucoup à elle, et d'autre part... Je l'ai déjà vu faire la même chose d'autre fois. Je n'affiche donc pas d'expression surprise, me contentant de la laisser parler. Tout ceci explique plutôt bien la situation, au moins. Mais ils ont eu beaucoup de chance que je passe par là, effectivement. Je pense qu'il serait mort avant d'arriver à la ville, et... La pensée me met mal à l'aise. Fort heureusement, son amie a eu le bon réflexe.

    ... Omnis ?
    Si j'avais tiqué sur ses excuses, c'est surtout la formule dont elle fait usage qui m'interroge. Que je sache, je n'ai jamais vu ni entendu d'altissien.ne louer Omnis, alors je commence à douter des origines de celle qui se trouve en face de moi. Mais pour être honnête, je m'en fiche. Je comprends juste qu'il y a quelque chose de plus complexe dans cette histoire qu'en apparence, et ce qu'elle dit ne fait que confirmer ce que je pense. Oh, par l'Eos, je sens que j'ai mis les pieds dans quelque chose d'aussi personnel que de noueux, ce qui me fait grimacer. D'une manière très égoïste, j'aurais aimé qu'elle ne me dise pas autant de choses pour ne pas être indirectement mêlé à tout ça, mais... Mais je ne peux pas la blamer d'avoir besoin de se confier. La pauvre a l'air épuisée, tant physiquement que mentalement. Par pudeur, je ne prends pas la parole, la laisse parler et sangloter tant qu'elle en a besoin. J'ai comme la sensation qu'elle n'a pas souvent l'occasion de le faire.

    Mais c'est bien ce que je pensais : c'est sa mère, et elle se sent coupable. Coupable d'une absence dont, je devine, les raisons doivent être troubles, du peu que j'arrive à saisir. Entre ce que j'entends là et son « par Omnis » de tout à l'heure, je crois que le tableau commence à se dessiner, et je me surprends à ressentir un peu de compassion pour cette femme éplorée et usée par la tristesse que je vois devant moi. Alors même si ses propos m'ont un peu donnés envie de soupirer... Je me contente de hocher négativement de la tête, ne voulant pas me montrer trop brutal. Mais je ne peux pas la laisser se blâmer ainsi pour les erreurs de sa progéniture.

    « … Je crois qu'un adulte de trente ans est responsable de ses propres actions, en négatives comme en positives. Vous n'avez pas à vous excuser. »

    Aussi étrange que cela peut paraître pour un moine, je n'ai pas l'excuse facile. Ou du moins, je n'accepte pas les excuses quant à un comportement ; en revanche, le changement et les efforts ont valeur à mes yeux. Et j'ai par ailleurs l'impression qu'Enodril tente de plus en plus la deuxième option, alors qu'il se roulait dans la première jusqu'à présent. Mais... Je vois que dans son état, elle est incapable d'admettre ça. Alors je préfère la rassurer elle ; de toute façon, l'autre ne m'entend pas, alors je peux me permettre...

    « Je sais bien, que ce n'est pas le pire. Loin de là. »

    Désabusé, je soupire un peu. L'admission ne me coûte rien face à la vieille femme ; bien sûr, je ne lui dirais jamais en face, à l'autre. Sa tête gonflerait de six fois sa taille et il recommencerait à jouer au paon susceptible, et j'aimerais éviter que ce soit le cas, merci. Stabilisant un peu ma tête à cause de la migraine, je ne garde qu'un œil ouvert alors que je le regarde, la voix dénuée de jugement, mais se voulant quand même comme un conseil.

    « … Mais il n'est pas encore trop tard pour essayer d'être là. »

    Je ferme les yeux pour reposer ma tête contre le bois de la structure du lit. Je ne dis pas qu'elle doit être là pour lui. Qu'elle doit corriger son comportement ou compasser une culpabilité évidente par un besoin de tout supporter ; simplement... Je mentirais si je disais que je n'avais pas déjà vu ce genre de situations auparavant, dans mon métier. Et d'expérience, il vaut peut-être mieux dire la vérité avant que ce ne soit plus possible : un sous-entendu que je fais de manière évidente, mais qui, je l'estime, est peut-être nécessaire. Tout comme le fils... La mère a peut-être aussi besoin que l'on soit honnête avec elle.

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    Elle ne sait pas pourquoi il se montre patient et à l'écoute, mais elle mentirait en disant que ça ne lui fait pas du bien. Elle n'a pas eu vraiment beaucoup de contacts avec d'autres personnes, et encore, elle devait rester sous sa forme animale. Être simplement... un chien de compagnie. C'était la vie qu'elle avait choisi de mener, mais ça ne voulait pas dire que ça avait été simple tous les jours. Elle ne s'était autorisée à reprendre sa forme humaine que la nuit, quand elle était certaine que le soldat était endormie. Comme maintenant. Quand bien même Natsume semble certain, lui, qu'elle n'a pas à s'en vouloir pour son comportement, Lyra ne peut pas s'empêcher de s'en vouloir un peu quand même. Oui, il est vrai, l'Enodril peut faire preuve de jugeote et il devait être capable de penser par lui-même, mais... Elle le sait également naïf et facilement impressionnable quand on lui donne une friandise métaphorique. Et pour endoctriner les gens, il en faut, des récompenses. Jusque là, Samaël s'est d'ailleurs montré très docile et prêt à servir sa nation. Il arrive toutefois à la rassurer, confirmant ce qu'elle veut espérer de tout son cœur : qu'il y a quelque chose à sauver chez lui. Que tout n'est pas perdu. Et elle peut la voir, sa gentillesse, sa douceur, sa générosité. Avec elle, il l'a toujours été. Devant son regard, ce n'était pourtant qu'un animal. Elle l'a accompagné dans tous ses états, que ce soit ses colères, ses joies, ses peines... Elle le sait sensible et influençable. Cela lui a fait peur à de nombreuses reprises, mais elle n'a jamais voulu quitter son chevet. Elle voulait prier pour que Sam change toutefois de comportement envers les autres, car ce dernier n'a pas toujours été exemplaire, et elle le sait. Quelle ne fut pas sa gêne, quand il a rencontré Natsume au marché... Elle était terrorisée que cela marque le début d'une descente chez son fils. Et pourtant, timidement, il songe à tendre parfois une main hésitante, mais bien là. Intérieurement, Lyra remercie le moine pour sa franchise mais surtout pour les paroles rassurantes qu'il use volontairement. Comme un guide, il la conseille un peu, tente de l'apaiser, de lui donner des pistes. Hélas, Lyra doit soupirer face à ses sous-entendus, qu'elle comprend tout à fait mais ne peut accepter, ou du moins les satisfaire complètement. Il a besoin de savoir pourquoi.

    « Mon véritable nom est Lyra. »

    Elle a marqué une pause, profitant d'un instant de silence pour, enfin, se présenter à l'autre. Il ignorait son véritable nom, après tout. Windie est devenue si familière qu'elle a eu l'habitude, mais elle n'a jamais oublié ses origines. Et c'est ce qu'elle veut aborder aujourd'hui avec le religieux.

    « Je suis Caldissienne. Son père était Altissien. Une union comme la nôtre était très mal vue. »

    Un bref soupire lui échappe malgré elle. Cela ravive des souvenirs qui remontent à plusieurs années, mais restent tout de même douloureux. Elle se rappelle du bonheur qu'elle a vécu mais également de la peur et du mépris qu'elle s'est reçue tout au long de son mariage avec Ikaël.

    « Mon mari est mort. On m'a arraché mon fils. J'ai dû fuir. Pendant ce temps, on lui a appris à me détester. Alors Lyra a disparu aussi. Désormais, il n'y a plus que Windie. »

    Le but n'est pas de l'embêter longtemps avec ses histoires personnelles. Elle veut simplement qu'il comprenne un peu mieux sa situation et les obstacles qui font qu'elle ne peut pas vraiment être aussi présente pour le capitaine qu'elle le voudrait.

    « Je ne pourrais jamais me présenter devant lui ainsi. Alors je ne sais pas si je pourrais l'aider ou lui être utile. »

    Ce ne serait sans doute pas une bonne idée de lui dévoiler la vérité maintenant après qu'elle lui ait menti pendant si longtemps. Oui, bien sûr, elle rêverait de se comporter comme une véritable mère auprès de lui et de lui donner des conseils, de le diriger vers un bon chemin, mais elle se dit que c'est impossible, à son échelle, de changer la donne.

    « À cet égard, vous êtes de toute façon bien plus efficace que moi. »

    Son regard, moins rougi, se pose sur le Shimomura avec douceur. Un léger sourire étire les rides de ses pommettes. Ce n'est pas le rôle du natif de faire ça, évidemment, mais elle a remarqué qu'il savait impacter son entourage (du moins Sam) et qu'il n'y avait pas vraiment d'indifférence dans l'air.

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    Je ne... Je n'ai pas très envie d'être mêlé, même indirectement, à tout ça, je dois l'avouer. Mais en même temps... J'ai peut-être trop pitié de cette pauvre femme pour ne pas la laisser parler. Dans le fond, ce n'est pas bien différent des confessions que l'on me fait, et qui sont parfois aussi tragique que l'histoire que j'entends actuellement. Mais plus elle parle, et plus le comportement excessif et compensatoire du militaire commence à faire sens dans mon esprit ; pas que je lui pardonne plus pour cette raison, attention. Cela confirme toutefois l'impression que j'ai eu comme quoi il essayait toujours de surjouer une assurance et un comportement qui pouvait, de temps à autre, se trahir comme ne pas être vraiment le sien. Pour autant, je n'ai pas envie de savoir ça. J'estime que d'une part, ce n'est pas mes histoires mais aussi, d'une manière plus empathie, qu'il est cruel qe je sois au courant de ça et que le principal concerné ne le soit pas. Même si elle ne le fait pas exprès, celle qui se présente comme caldissienne ne me met pas dans une situation aisée ; je ne vais évidemment pas la dénoncer, mais... Je n'aime pas mentir par omission. Surtout quand je me rends compte que c'est quelque chose d'aussi intime et personnel. Plus les secondes passent, et plus je suis mal à l'aise.
    Bon sang, qu'est-ce que c'est que cette histoire...

    Si je ressens de la compassion pour la femme qui me parle, je ne peux pas m'empêcher une grimace. Tout ceci me semble excessivement cruel, et en plus de ça, je sais que ce n'est pas quelque chose qui se résoud en une traite. Mais j'arrive à comprendre pourquoi elle pense qu'il vaut mieux se résoudre à s'embourber dans la situation actuelle ; sans doute est-ce plus rassurant. Elle désire sans douter conserver le peu qu'elle a. En revanche... Je ne suis pas sûr de voir ça d'un œil très bienveillant. Inconsciemment, je me suis tendu. Son comportement me rappelle, même si je ne devrais pas calquer, celui qu'avait ma mère avec moi avant qu'elle ne devienne incapable de se débrouiller par elle-même.
    Mais si j'allais faire une remarque, elle me prend de court quand elle insinue que je suis efficace pour « aider » l'altissien. Désarçonné et confus, je fronce les sourcils tout en la dévisageant, peu sûr de comprendre, voir même de partager son avis. Je ne vois pas de quoi elle parle. N'a-t-elle pas suivi toutes les fois où nous nous sommes continuellement disputés... ? Nous n'avons même pas une relation positive ; à chaque fois que nous sommes forcés de nous supporter, chacun de nous meure d'envie de fuir dans la direction opposée. Ce n'est pas parce que c'est moins pire qu'avant que... Inconsciemment, je suis entré dans un déni interne on ne peut plus brutal, comme si l'idée qu'un quelconque lien ait été esquissé avec l'autre me mettait mal à l'aise. Dubitatif mais ne voulant pas vraiment débattre, je me contente de hocher vaguement des épaules.

    « Si vous le dites. »

    Je n'y crois pas ; ou du moins, je n'ai pas envie d'y croire. Quand bien même je me rappelle qu'effectivement, le comportement de l'autre change, petit à petit, bien que je ne sois pas encore assez à l'aise pour abaisser mes défenses et admettre que ce n'est pas qu'une façade. Le sourire de la plus âgée m'embarrasse donc, et j'essaie de ne pas y penser outre mesure. Mais... Malgré tout, je ne crois pas être le seul, dans le déni ; et c'est en jetant un coup d'oeil à l'endormi que je suis pris, d'un seul coup, d'une véritable pitié pour ce type. Mais pas pour l'histoire que je viens d'entendre, véritablement : plutôt pour quelque chose que je peux voir arriver, et dont je ne connais que trop bien les conséquences désastreuses.

    « … Il le saura, au jour de votre mort. Mais ce jour-là, plus personne ne pourra lui donner les réponses qu'il désirerait. C'est cruel. »

    Un animorphe reprend sa forme humaine à sa mort. C'est ce qui l'attend, si elle persiste dans cette voie. Mes mots sont peut-être un peu durs, mais j'espère, dans un coin de mon esprit, qu'elle réalise pleinement ce que son choix signifie. Je connais bien la sensation de solitude, de terreur et de peine qui accompagne le fait de s'interroger et d'être laissé dans le flou, dans un moment on ne peut plus douloureux. Ma mère croyait me protéger en m'épargnant de vérités disgracieuses ; elle ne m'a donné en cadeau que des questions, une solitude terrible, et le regret de ne jamais avoir pu le faire avant. Je ne souhaite ça à personne. Mais je ne suis pas sûr que la femme en face de moi le réalise pleinement.
    Péniblement, je me redresse en m'appuyant sur le lit, puis sur la petite table mal poncée au centre de la pièce. Saisissant ma sacoche, j'en tire une petite fiole de potion contre les maux de tête, que j'ingère distraitement, avant de m'allonger au sol, ma besace me servant d'oreiller.

    « Je ne dirai rien. »

    Je peux au moins lui promettre ça. Même si elle ne me laisse indirectement pas vraiment le choix... Je ne la blâme pas. Quand bien même je reste persuadé que tout ceci est bien la pire façon de gérer cette situation.

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    Le moine n'a pas l'air très convaincu. Lyra n'essaye pas de le convaincre. Elle dit simplement ce qu'elle pense. Peu importe comment et pourquoi, mais elle a bien vu et senti le trouble chez l'Altissien depuis quelques temps par rapport à lui-même. Ce n'est pas un soutien qu'elle est venue chercher. Elle avait besoin, sans doute malgré elle, d'une oreille attentive à qui elle pourrait parler sans être jugée en retour, même si le Shimomura semble désapprouver son comportement et ses choix quant aux secrets qu'elle veut emporter dans sa tombe. La mère du militaire ne lui en veut pas. Elle estime, d'une manière égocentrique, qu'il ne peut peut-être pas tout à fait comprendre par quoi elle est passée, même si elle a bien saisi que les Eossiens en ont assez bavé de leur côté. Le laissant s'allonger dans un coin, elle n'esquisse qu'un sourire paisible à son encontre face à sa promesse.

    « Je le sais. »

    Elle se rend compte que ce n'est pas quelque chose de facile, ce qu'elle lui demande implicitement. Mais elle savait pouvoir compter sur lui pour garder ce genre de confession.

    « Je lui donnerais des réponses, si seulement il se posait des questions. »

    Quelles réponses pourraient-elles lui donner, se dit Lyra. Quand il était très jeune et qu'il se questionnait parfois, quand il se demandait pourquoi ses parents biologiques l'avaient abandonné, elle aurait pu lui dire. Elle aurait pu reprendre forme humaine et tout lui avouer. Mais pour quoi faire ? Qu'est-ce qui se serait passé ? N'aurait-il pas été encore plus troublé ? Et pourquoi l'aurait-il cru ? Entre les Altissiens qui l'ont regardé grandir et une étrangère qui lui ment, à qui ferait-il confiance ? Alors quitte à ne jamais avouer la vérité à son fils, elle préfère garder la chance de rester à ses côtés pour veiller sur lui. Et lorsque sentira la mort arriver... Elle s'en ira. Mais Lyra n'a pas réfléchi à tout ça. Elle ne s'est pas posée les questions nécessaires, préférant profiter de l'instant présent sans songer à autre chose, à l'avenir qui l'attend.

    « Mais j'ai bien vu que quelque chose avait changé chez lui, à votre contact. »

    Pour l'avoir suivi durant toute sa vie, même parfois de loin, elle a pu observer les changements, mais surtout visualiser les rencontres qui l'ont transformé. S'occuper des enfants de l'orphelinat l'a rendu plus responsable envers les plus jeunes, s'entraîner sous la tutelle de Faust l'a fait devenir plus fort et docile, devenir le parrain de ses enfants lui a donné un peu de cette affection qu'il recherchait... Et Natsume, quelque part, semble lui faire ouvrir les yeux sur quelque chose de nouveau.

    « Vous, vous avez l'honnêteté qu'il lui faudrait. »

    Cela ne lui fait pas plaisir de devoir se cacher. De devoir vivre dans l'ombre d'un animal. Elle n'a pourtant pas eu le choix. Le Shimomura, pour sa part, a au moins choisi de ne pas se plier face au mauvais caractère du soldat. Et ce ne fut pas en vain.
    Soldat qui décide de se réveiller à ce moment-là. Un mouvement dans le lit surprend Lyra et elle redevient la fidèle chienne que Samaël a toujours connu. Ce dernier se réveille lentement, sûrement, péniblement. Mais au moins, il se redresse. Cligne des yeux. Sort de son inconscience comme s'il avait passé une nuit complète.

    « Qu'est-ce que... Windie ! »

    Il se relève d'un mouvement brusque, cherchant dans tous les sens son amie. Elle se trouve là, à ses côtés, battant de la queue pour exprimer son soulagement. Lui aussi, est soulagé.

    « Ma belle, tu es là... J'ai eu si peur... »

    L'Enodril lui sourit en caressant sa tête et son encolure. Il sent toutefois une odeur particulière dans la pièce. S'il ne l'avait pas tout de suite remarqué, son cœur rate un battement dans sa poitrine quand il l'aperçoit, surpris de le trouver ici.

    « Vous... »

    Ses chemins avec le moine ne font que se croiser depuis des jours. Est-ce un signe d'Oros ? Ou simplement une incroyable coïncidence ?..
    La douleur le rappelle à la réalité et il se souvient tout à coup de ce qui est arrivé. Il s'est écroulé, et après... Le noir complet. Les brûlures sur son corps lui permettent d'assembler le puzzle et il devine aisément ce qui est arrivé par la suite et le lien que le religieux a avec cette histoire.

    « Vous nous avez sauvé... N'est-ce pas ?.. »

    Ses blessures ne sont pas intactes, mais elles lui font moins mal et elles ne saignent plus. Le moine les a soigné. L'Altissien reste interdit à cette pensée. Il ne comprend pas. Attend-il quelque chose d'eux en échange ?..

    « … Pourquoi ? Je n'ai pas été... Nous ne sommes même pas amis. Vous n'aviez aucune raison... »

    Une lueur stupéfaite et troublée passe dans son regard doré. Il n'a pas été la personne la plus sympathique avec lui. Sam ne sait pas si l'autre aurait été capable de les laisser mourir, mais il se demande s'il y a une raison derrière son initiative.

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    Je ne saurais dire ce que je pense de la personne en face de moi. J'ai pitié, mais en même temps... En même temps, je ne vais pas faire comme si j'étais d'accord. Et je comprends bien que mon avis ne la fera pas changer ; je m'y attendais, mais je voulais au moins être honnête avec elle. La tête posée dans un coin, je me contente de fermer les yeux en la laissant parler. Toute cette histoire me met profondément mal à l'aise et je me garde de faire un commentaire. J'ai la sensation qu'elle s'est convaincue toute seule de ce qu'elle raconte, et ce ne serait pas si étonnant que ça, si cela fait si longtemps qu'elle est dans cette situation. Mais je ne suis pas sûr, au contraire, que l'autre se posera beaucoup de questions directement : du peu que j'ai vu du personnage, il est incroyablement doué pour ignorer l'évidence tant qu'on ne la lui met pas devant le visage sans lui permettre de se défiler. Mais, encore une fois, ça ne me regarde pas. Et j'aimerais que cela reste ainsi.
    Voilà pourquoi je me tends face à ses derniers propos. Je n'ai pas... Je n'aime pas la façon qu'elle a de m'impliquer dans tout ça. Je ne sais pas si ce qu'elle dit est vrai, mais... Dans tous les cas, j'ai quelque peu la sensation qu'elle calque ce qu'elle aimerait sur ce qu'elle voit, ou croit voir. Je ne crois pas, personnellement, que mon « honnêteté » a tant d'importance que ça. Je n'ai pas vraiment envie de prendre un rôle de 'professeur' ou quelque chose du genre. Je ne vois pas vraiment l'intérêt de lui tenir la main jusqu'à ce qu'il marche ; j'estime que si il tient à faire des efforts, il les fera par lui-même. Sinon, quel intérêt ? Quelle sincérité ? Quelle différence entre écouter aveuglement une institution et quelqu'un d'autre ? Je ne pense pas que ce soit aussi simple, et au contraire, même, je pense que ce serait pire. Mais... Je n'en veux pas spécifiquement à mon interlocutrice d'espérer quelque chose d'aisé. Je suppose que l'espoir lui manque, parfois, alors je me contente de soupirer sans un mot. Inutile d'alourdir sa conscience.

    Par ailleurs, je sens que l'autre se réveille ; et celle à qui je parlais disparaît, remplacée par l'apparence d'une chienne que, je le sais, je n'arriverais plus à caresser ni à considérer de la même façon. Mais je resterai muet, probablement par respect, même si je sais par avance que cela m'en coûtera. Par l'éos, dans quelle affaire ai-je été embarqué...
    Je le laisse réaliser ce qu'il se passe autour de lui, me relevant péniblement alors qu'il semble revenir parmi les vivants. Je n'ai qu'à jeter un bref coup d'oeil pour m'apercevoir que sa motricité n'a pas été trop atteinte, ce qui me permet de souffler quant à de potentielles cicatrices. Alors pendant qu'il se rassure pour son « chien de compagnie » (Yggdrasil, cela m'invoque un malaise certain, maintenant), je marche lourdement jusqu'à la table où se trouve un petit sceau d'eau. La surface aqueuse n'est pas la plus pure, mais cela suffira pour le moment : j'y plonge mes mains et l'avant de mes bras pour me débarrasser du sang séché et poisseux sur ma peau. Alors lorsqu'il m'interpelle, si je ne me retourne pas, j'esquisse un rictus sec quand il me demande si je l'ai bien soigné, lui et l'animorphe. Leur sang couvre encore mon épiderme, donc la réponse m'apparaît comme évidente, mais je crois plutôt qu'il s'agit d'une question rhétorique. Je n'y réponds donc pas tout de suite, le laissant arriver à ce qui l'intriguait réellement.

    Devant sa question qui m'intrigue, je me retourne partiellement, les sourcils froncés et l'expression neutre au possible. Ce qu'il dit est pour moi un non-sens.

    « Je n'ai pas besoin de raison. »

    Ma voix est plate, mais je ne comprends pas vraiment pourquoi il trouve ça si étrange que ça. Certes, nous ne sommes pas amis et je n'ai pas d'investissement particulier avec lui, mais... Pour moi, les laisser mourir aurait été tout aussi cruel qu'intolérable. Je ne sais pas ce qu'il s'est imaginé à mon propos ; si il pensait que j'étais réellement ce genre de personnes, mais... Dans tous les cas, ce n'est pas ma façon d'être. Je ne laisserais même pas mourir mon pire ennemi ; et il est pourtant loin d'être mon pire ennemi.
    Retirant mes mains finalement plus propres du sceau, je m'en vais les essuyer dans un pan de mes robes qui, de toute façon, sont fichues : je suppose qu'il faudrait juste que je m'explique avec les gardes quand je rentrerais sur la raison de la présence de ces tâches de sang. Pour autant, je termine mon explication qui n'en est pas vraiment une à mes yeux, le ton toujours aussi neutre.

    « J'ai juré de soigner quiconque en a le besoin. Peu importe mon opinion envers les gens, qu'ils soient innocents ou non. Je ne laisse pas les autres mourir sans rien faire. »

    C'est une évidence à mes yeux, alors je ne m'attarde pas vraiment là-dessus. Pense-t-il vraiment qu'il faut une raison pour agir ainsi... ? Je trouve ça triste, quelque part. Je n'ai pas l'impression qu'il ait souvent eu l'habitude de ça, mais je ne me permets pas d'y penser plus que ça. Si cela continue, je vais développer trop d'empathie pour lui, et c'est quelque chose que j'essaie d'éviter depuis tout à l'heure en me distanciant de cette façon. C'est quelque chose que je sens et que je vois, depuis quelques jours ; et puisque j'ai l'impression que je n'arrive pas à freiner, j'essaie de le faire manuellement. Mais moi-même, je sens que ce n'est pas si efficace que ça. Malgré tout...

    « Vous avez eu de la chance. Une demie-heure de plus, et vous étiez mort. Vous avez une compagne fidèle. »

    Mon regard s'arrête un instant dans celui de la chienne. Je ne dis rien, mais elle comprendra le message. Je me tairais. Même si cela me coûte.

    ft. Samaël Enodril
    le 15 mai 1001


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    Sa voix sonne sèche. Je ne savais pas à quoi je m'attendais, en même temps. Repenser au moment où j'ai failli mourir me donne de légères sueurs froides, mais je chasse ces quelques pensées morbides de ma tête. Je suis en vie, Windie aussi. Et tout ça grâce... Grâce à Shimomura et, à ce qu'il m'indique, à ma chienne aussi ?.. Je regarde d'un air abasourdi et impressionné l'animal qui se trouve à mes pieds, lui glissant ensuite un sourire tendre, avant de la prendre dans mes bras pour lui offrir un câlin. J'ai toujours été éternellement reconnaissant envers Windie de veiller sur moi comme elle le fait. Je ne sais pas, honnêtement, ce que je ferais sans elle. C'est une petite lumière dans ma vie solitaire, qui m'a apaisé de nombreuses fois quand je n'allais pas bien.

    « Tu as été formidable, je suis très fier de toi. Mais va te reposer, maintenant, tu as l'air épuisée. »

    Je vois, à la lueur de ses yeux, qu'elle semble fatiguée. Je la sens qui hésite, mais insiste, de telle sorte à ce qu'elle finisse par céder, en jetant un dernier coup d'œil à l'éoniste. Elle s'en va trouver du repos juste devant la maison pour monter en même temps la garde et nous prévenir si elle le sent le moindre danger. Je me retrouve seul dans cette petite cabane avec le moine. Le silence retombe, encore plus gênant qu'à notre dernière exploration ensemble. Pourquoi ça doit toujours être ainsi ?.. Je déteste ces ambiances-là. C'est pas agréable. Et je ne sais pas trop quoi dire en premier lieu. Comment formuler ça ?..

    « Quand même... Je... Enfin... »

    Il a beau dire qu'il a juré sur je-sais-pas-quoi et qu'il n'avait pas de raison de me sauver, j'ai quand même de la gratitude à son égard, je ne l'oublie pas. Mais c'est difficile de trouver les mots, avec lui. On ne sait jamais trop ce qui peut le rendre heureux, ce qui peut l'agacer... Ou alors il faut être une créature magique pour daigner enfin recevoir un sourire, même si je sais qu'il m'a dit l'autre jour que rien ne l'empêchait d'être agréable avec les autres si on faisait de même avec lui. Je me doute qu'il doit bien y avoir des gens, même des proches, qui l'apprécient et avec qui il se montre généralement doux et affectueux ; à l'image de sa mère envers laquelle il s'est montré assez protecteur quand nous sommes allés la voir.
    Mais je ne peux pas être plus sincère avec lui qu'à l'heure actuelle. C'est avec des barrières en moins que j'ose trancher mon ego pour qu'il ait ce que je lui dois : de la reconnaissance.

    « … Merci. »

    Mon regard se pose brièvement sur lui avant de dévier, dessinant les motifs du parquet.

    « J'ai pas toujours été... super cool avec vous. »

    Non, bien sûr qu'il n'allait rien me demander en retour. Il n'a pas l'air comme ça. Et il a trouvé sans doute idiot que je demande ce qu'il cherchait en échange. Mais il ne fait pas ça pour lui. Il ne fait ça pour personne en particulier. Je me rends compte que j'attendais peut-être un peu trop à ce qu'il me sorte une justification pour ne pas à me dire que j'étais toujours totalement dans le tort. Mais inutile de me voiler la face éternellement là-dessus. Je me rends compte surtout, à présent, qu'il n'est peut-être pas aussi fautif depuis le début que ce que je voulais croire. Ou plutôt que ce que j'essayais de me persuader. Au contraire. J'ai beau l'avoir rabaissé à plusieurs reprises, il ne s'est jamais laissé faire et a tenté de gérer la situation avec plus de diplomatie que moi. Je n'ai pas envie d'y croire, quand il me sort que c'est à cause de ce qu'il a pu jurer.

    « Et... Il n'y a pas qu'une question de serment, pas vrai ?.. Vous avez l'air... D'être du genre à ne laisser personne derrière. »

    Je parle déjà de la voie qu'il a choisi : le clergé. Je suis certain que ce n'est pas anodin, s'il a pris ce chemin. Je ne dis pas que ça contredit cette histoire de serment, règles ou lois qui peuvent se trouver chez les religieux quand tu rentres dans cet ordre, mais en le côtoyant, du peu que j'ai vu, je devine qu'il ne me dit pas forcément tout non plus.

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    et un livre n'est pas son titre
    Je les laisse à leurs affaires le temps de de m'asseoir assez péniblement sur une chaise qui se trouvait là. Je ne préfère pas chercher à marcher ; il y a de fortes chances que je chancelle, et je n'ai pas vraiment envie de donner un pareil spectacle. Depuis la dernière fois, à la taverne, je fais tout ce que je peux pour ne pas avoir l'air aussi pathétique que j'ai pu l'être. Peut-être que je compense un peu, par conséquent, en me montrant plus distant et en me voilant derrière une neutralité de façade. Mais je n'ai ni l'énergie ni l'envie d'y réfléchir maintenant : et certainement pas le recul.
    Je sens, toutefois, qu'Enodril junior (ahaha) n'a toujours pas digéré ce qui s'est passé. Ce qui fait sens, quelque part : il vient d'échapper à une mort particulièrement violente et ingrate, alors il doit encore être sous le choc. Le laissant bredouiller, je peux toutefois percevoir qu'il n'arrive pas à comprendre que j'ai pu vouloir l'aider par désintérêt total. Est-ce que c'est la première fois qu'il vit ça... ? C'est... Assez crédible.

    Je ne m'attendais toutefois pas à ce qu'il me remercie. J'ai un instant d'arrêt, le fixant comme si je n'étais pas sûr d'avoir bien entendu, clignant des yeux avec étonnement. Je ne pensais pas qu'il allait se mettre à faire une crise pour je ne sais quelle raison, évidemment, mais... Je ne sais pas. Dans ma tête, je suppose que j'ai encore un peu de mal à admettre qu'il peut avoir ce genre de comportement avec moi ; car si je l'ai vu être aimable avec les autres, il était jusqu'à un temps exécrable en ma présence. Alors quand il continue à parler, je reste silencieux, mais mon expression trahit ma surprise et mon incompréhension grandissante. Ce doit être la seconde fois que je le vois utiliser quelque chose qui ressemble à de la politesse et de l'honnêteté, mais je suis tout aussi perdu que la première fois. Même si son admission quant à la manière qu'il a eu de me traiter est un véritable euphémisme (je dirais qu'il a été odieux, plutôt, mais passons), je peux toutefois admettre que... Ce n'est pas désagréable. Je n'ai pas l'habitude qu'on admettre devant moi que j'ai eu raison de me sentir blessé et que, non, les torts n'étaient pas 'partagés équitablement'. C'est... Agréable. Plus que ce que j'aurais cru. Encore stupéfait, je reste quelques secondes à le fixer alors qu'un poids dans ma poitrine se retire progressivement.

    Sa question suivante m'intrigue toutefois. Pour moi, la promesse que j'ai fait en rentrant dans les ordres n'était pas une loi ; et de toute façon, comme il le sait, je suis dans le fond bien peu regardant des ordres et des autorités. C'est davantage par rapport à moi-même que je l'ai fait que par rapport à une sorte d'obligation physique. Alors si je l'observe, je ne dis rien pendant quelques secondes. Au lieu de ça, je repense à quelque chose que je lui avais déjà dit la dernière fois, mais qu'il avait chassé d'un revers de la main, lorsque j'avais proposé de le soigner après qu'il ait pris un coup en me défendant.

    « … Je vous l'ai déjà dit. Je ne suis pas devenu soigneur pour laisser des gens souffrir. Ce n'est juste pas comme ça que je suis. »

    Je ne vois pas ce que ça a de si extraordinaire que ça. Je commence à me demander si ce type a déjà vu le minimum de la bienveillance dans sa vie. Par ailleurs, en parlant de ça... Je me redresse vaguement pour venir m'asseoir à côté de lui, ma sacoche dans la main, lui faisant signe de se tourner pour que je termine mon travail.

    « Tournez-vous. Je vais m'occuper de faire vos bandages et terminer de désinfecter. »

    Je ne peux pas vraiment le laisser partir comme ça ; quitte à le soigner, autant faire ça correctement. Alors, quand j'ai le signe que je peux le faire, je m'y mets silencieusement, tombant dans le mutisme pour me concentrer sur la tâche que j'ai à faire. D'une main, je désinfecte tandis que de l'autre, je coupe une bandelette de tissu pour la serrer avec douceur contre les plaies de l'altissien. Tout ceci est très mécanique pour moi, alors je ne me pose pas beaucoup de questions. Fort heureusement, je n'aurais pas à le recoudre et à lui faire des points de suture, même si nous n'en sommes pas passés loin. Pour autant, j'essaie de ne pas être trop brusque dans mes gestes ; je me doute qu'il a vu pire, mais je ne suis pas le plus vif des soigneurs, loin de là. J'ai tendance à prendre mon temps pour faire les choses correctement, et sans douleur. Je ne sais que trop bien ce que c'est, de subir des soins, alors je veille toujours à me montrer relativement doux. J'ai déjà vu des gens refuser de venir se faire soigner à cause d'actes médicaux effectués trop brusquement, après tout.
    Progressivement, je sens que la tension qui était emmagasinée dans mes épaules à cause de la discussion que j'ai eu avec sa mère et son interrogation retombe lentement. J'en oublierais presque que je suis en train de m'occuper de quelqu'un que je faisais rouler dans la boue il y a deux mois. Concentré sur ce que j'ai à faire, j'en profite pour lui donner quelques indications.

    « Il faudra une ou deux semaines de repos pour laisser le temps à la plaie de guérir ; et pas d'immersion dans des eaux non-propres, au risque de provoquer une infection. Au moindre mauvais signe, passez à l'hôpital ou au sanctuaire. »

    Je n'ai pas vraiment envie d'être responsable si jamais il y a complication ou que j'ai mal fait quelque chose, alors je préfère le lui dire directement. Il fera ce qu'il veut ensuite. Pour autant... J'ai l'impression qu'il est mal à l'aise devant moi. Ce serait mentir de dire que je suis parfaitement serein de mon côté, mais... Accomplir des actes aussi routiniers que ceux-ci m'ont au moins partiellement détendus. Assez pour ce que ce qui me tourne en tête depuis tout à l'heure me revienne à l'esprit. Interdit, j'arrête un instant de faire ses bandages, le regard hésitant et vague. Ce n'est qu'après quelques secondes, dans un silence quasi religieux, que je marmonne à demi-mot, comme si je n'osais pas pleinement le dire.

    « … Et je ne vous déteste pas. »

    J'ai encore cette méfiance en moi, mais je sens qu'elle s'est atténuée, juste un peu. Je n'ai plus, ou du moins plus du tout de la même façon, cette impression de risque face à cette admission. Mais malgré tout, en reprenant mon travail, je prends bien soin de regarder ailleurs qu'au niveau de son visage.

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    Je lui souris très légèrement. Je sais, maintenant, pourquoi il est devenu mage. Je l'avais déjà deviné. Et c'est ce que j'ai essayé de lui dire, quand j'ai compris qu'il n'y avait pas que ses obligations de soigneur qui le poussait à sauver tout le monde. J'ai fini par me rendre compte, au bout de deux mois, qu'il n'a jamais vraiment cherché à me nuire et en me rappelant de nos échanges, il m'a en vérité souvent mis en garde, plutôt, avant que je ne cède à l'agacement. Pour le marché où il s'était excusé quand il a fait tomber l'étalage, pour la journée à l'école où il a tenté de les calmer en me donnant des conseils, et même pour la soirée à la taverne lorsqu'il a vidé son sac pour de bon en face de moi. Alors je sais, déjà qu'il n'est pas comme j'aurais pu le penser. Qu'il est différent. Mais qu'il est toujours resté fidèle à lui-même malgré mon comportement qui a dû être... peu correct à certains égards. Alors qu'il accepte quand même de terminer le travail et de prendre soin de mes blessures.

    Face à sa demande, je me tourne pour le laisser finir ce qu'il a commencé. En temps normal, j'aurais probablement refusé son aide mais... Dans les conditions actuelles, je sais que je n'ai pas le choix, et en plus... Je n'ai pas envie. Pas envie de résister et de laisser parler ma fierté. Elle n'a plus sa place parmi nous. Lui faisant dos, je le laisse faire son office, surpris par la douceur et la délicatesse qu'il place dans ses gestes. C'est bien la première fois qu'il montre ces deux qualités à mon égard. En silence, je ne fais que hocher vaguement la tête pour lui dire que j'ai écouté ses conseils et que je m'efforcerai de les appliquer. Je pourrais bien dire ce que je voulais, je sais qu'il s'y connaît mieux que moi dans ce domaine. Jamais, au moins, je n'ai prétendu être expert en soins, loin de là. Je suis étonné de ne pas éprouver de l'agacement à lui être reconnaissant. Je sais qu'il n'a fait que son devoir, mais... Quand même. Il aurait tout aussi bien pu, s'il l'avait voulu, m'appliquer ses bandages avec force et sans aucun tact. Pourtant, il ne l'a pas fait. Il aurait pu se venger, puisque j'étais en position de faiblesse. Mais... Il ne l'a pas fait. Il ne l'a pas fait.

    Et maintenant ?.. Maintenant, je ne sais pas. Qu'allons-nous faire ? Rester dans cette petite cabane jusqu'à... Jusqu'à je sais pas quand, en fait. Il faudra bien rentrer. Puis-je me déplacer dans cet état ?.. Est-ce qu'on fera le chemin ensemble, maintenant que je sais qu'il ne me déteste pas ?
    ... Il ne me déteste pas.
    Je n'ai pas tout de suite compris, mais quand ses aveux repassèrent en boucle dans mon esprit, je reste figé sur place, incapable de savoir comment réagir. Il vient de me dire... Qu'il ne me détestait pas. Wow. Je... Je ne m'attendais pas à ça. Et c'est peu de le dire, en fait. J'ai presque l'impression qu'il va finir par dire que c'est une blague. Au lieu de ça, c'est moi qui prends le choix d'une réponse ironique, esquissant un léger sourire en coin.

    « Vous dites ça uniquement parce que je ne vous ai pas fait avaler suffisamment de boue. »

    Un gloussement m'échappe. J'aurais pu dire que ça me touche un peu qu'il me dise ça, quand je sais les difficultés que ça doit lui prendre pour oser l'avouer, mais ça aurait demandé à ce que j'écrase mon ego encore plus et je ne sais pas s'il est prêt pour ça. Je me calme toutefois bien vite, même si je suis d'humeur, pour détendre un peu l'atmosphère, à miser sur l'humour. J'ai bien envie de voir s'il en a un peu en réserve, l'autre...

    « C'est drôle que j'arrête pas de croiser votre route... Je vais finir par croire que vous ne pouvez plus vivre sans moi. Ça vous attire, les brutes sans cervelle ? »

    Glissant une expression malicieuse, je ne me retourne pas entièrement mais redresse mon dos, avant d'être surpris lorsqu'un pic de douleur me traverse le dos. Erf, il va falloir que j'évite les exercices pendant quelques temps, moi...

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    Je ne sais pas vraiment si j'ai bien fait de parler, et la tension dans mes épaules trahit ma nervosité. Ce genre de... Conversation, disons, n'est pas vraiment mon élément et il devient évident que je patauge à la recherche d'une bouée pour pouvoir changer de sujet autant que possible. Mais puisque je n'en ai pas trouvé, je me suis contenté de terminer ce que je faisais, ou du moins, d'essayer de fignoler ça de manière à peu près propre.
    Je ne m'attendais pas spécifiquement à ce qu'il me réponde, et à vrai dire, je pensais qu'il n'allait pas relever ce que j'avais dit, car je me disais que la situation était tout aussi embarrassante pour lui. Visiblement, j'avais tort, puisqu'il rebondit sur ce que je viens de dire en... En plaisantant ? Perplexe, je reste un instant interdit, comme si je n'étais pas vraiment sûr de ce qui est en train de se passer. Clignant bêtement des yeux, si je ne pouffe pas, sa manière de détendre la situation, même si elle sert probablement à défendre son ego, me fait plus de bien que ce que j'aurais cru. Je me surprends malgré moi à faire la moue, rien qu'une seconde, mon expression neutre se défaisant pendant quelques instants.
    Enfin, jusqu'à la seconde d'après, quand ses propos suivants me donnent une envie irrépressible de serrer ses bandages d'un seul coup, même si je ne le fais pas. Les sourcils froncés, l'expression blasée, je ne me gène pas pour rouler lourdement des yeux, ma voix dénotant un sarcasme à peine voilé.

    « … Que je sache, c'est vous, qui venez toujours là où je suis. Il faudrait commencer à vous trouver une vie. »

    Il est gonflé, à mes yeux, qu'il dise ceci alors qu'il s'est continuellement mis dans mon chemin ; que ce soit au marché, quand il est venu à l'école, quand il est venu chez ma mère, sur mon dos (je n'oublie pas) puis à la taverne et enfin à l'Académie. À la limite, il n'y avait qu'à la foire que la situation s'est inversée, et encore : c'était un accident, alors bon... Hmpf. Mais mon ton n'est pas aussi sec que ce qu'il pourrait être ; il est sarcastique, mais pas froid. J'ai bien compris qu'il voulait plaisanter, alors implicitement, je ne rejette pas sa tentative de détendre l'atmosphère. En revanche, il va falloir qu'il trouve un peu mieux que ça si il veut gagner une quelconque forme de joute verbale avec moi. Quand il grimace à cause de la douleur, par ailleurs, je ne peux pas m'empêcher de soupirer ; il est incapable de rester en place, visiblement. Heureusement qu'il dormait quand je l'ai soigné...
    Finalement, j'enserre la dernière bandelette et effectue quelques dernières vérifications, mais tout me semble en ordre, alors je me relève et m'approche lentement de la table, m'appuyant péniblement sur une chaise pour m'y opposer. Sur le chemin, mes jambes tremblotent un peu. Heureusement que l'animorphe était là pour me suppléer en magie, car je pense que je serais actuellement au pays des songes, autrement. En repensant à ce qu'il dit, je ne trouve pas si étrange que ça, que nous nous soyons souvent croisés. C'était pour moi surtout une question de malchance, à vrai dire.

    « Mais Yggdrasil est une petite cité. Vous y retrouverez vite les mêmes visages. »

    Enfin... Quand des centaines de nouveaux habitants ne débarqueront pas d'un seul coup en continuant de croître, j'imagine. Mais quand j'étais enfant, j'avais vite pris mes repères ; alors j'avoue que je ne m'interroge pas plus que cela. Je doute que l'on se recroise plus que ça, à vrai dire, quoique... En repensant à son agitation de tout à l'heure, d'ailleurs, je me permets de le fixer d'un air mi-blasé, mî-rieur.

    « Et pas d'exercice avant quinze jours. Je n'ai pas vraiment envie de vous recoudre tous les deux soirs, vous savez. »

    L'esquisse d'une moue amusée passe sur mes lèvres. Pendant une seconde ; comme si je me rendais compte de ce que je faisais, je reporte ensuite mon regard ailleurs. Cela tombe sur ma besace, dont j'examine vaguement le contenu à la recherche d'un antidouleur, mais je dois avouer que c'est surtout une excuse. Est-ce que... Est-ce que je serais en train de ressentir de la sympathie à son égard... ?

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