La Maîtresse & son toutou

Accoudée sur le bois de son bureau, l’Elfe était entourée de livres ouverts et de registres, une plume à la main. Son visage était soutenu par sa main mais menaçait de retomber à chaque souffle du vent entrant dans la pièce. La nuit était tombée depuis des heures mais la jeune femme restait là, derrière son bureau, faiblement éclairée par la lueur des bougies. L’appel du sommeil se faisait à chaque seconde de plus en plus insistant mais Alyss demeurait penchée sur ces lignes soigneusement écrites dans les ouvrages placés devant elle. Elle s’était plongée dans le travail depuis que le soleil s’était effacé du ciel, et malgré les heures passées sur tous ces dossiers de soldats et chevaliers, la jeune femme n’arrivait pas à voir la fin de son travail. Si elle avait pu espérer finir avant le levé du soleil, cet espoir s’était vite envolé et l’Elfe avait abandonné l’idée de pouvoir se coucher, l’esprit tranquille d’avoir effectué tout son travail.

Ce ne fut qu’après de longues heures passées à inscrire des commentaires de son écriture soignée et régulière, que la jeune femme céda enfin à l’appel d’une nuit de sommeil. Elle se leva et se dirigea à pas qu’elle voulait discrets vers sa chambre après avoir soufflé la plupart des bougies pour n’en garder qu’une à sa main. Après avoir refermé la porte de sa chambre, l’Elfe se laissa tomber dans son lit lourdement. Si cela ne tenait qu’à elle, elle pourrait s’endormir ainsi, affalée dans son lit, portant toujours ses vêtements.. Mais elle fit l’effort de se relever pour enfiler une robe très légère et détacha ses lourds cheveux auburn, les laissant cascader dans son dos. La jeune femme se glissa enfin sous ses draps et après avoir soufflé sa bougie, se laissa aller dans un sommeil profond, sans rêve, que nul être ne pourrait troubler…

De longues heures se sont écoulées, la capitaine caldissienne était toujours dans son lit, entortillées dans ses draps suite aux mouvements de son sommeil, elle dormait toujours. Pour une fois, le soleil ne l’avait pas réveillée, elle était restée insensible aux rayons lumineux venant se poser sur sa peau blanche et aux bruits matinaux s’élevant dans l’air. Cela était un repos mérité pour la jeune femme ayant travaillé encore et encore durant la nuit. De plus, elle n’avait pas de sorties prévues dans la journée, alors elle aurait tout le temps pour finir les derniers dossiers qu’elle avait abandonné sur son bureau puis pour se reposer en ne faisant absolument rien dans sa maison. Toutefois, elle avait accumulé tant de fatigue les derniers jours, qu’elle ne se réveilla pas durant la journée entière. Elle ne vit ni le lever du soleil, ni le coucher du soleil et ne put profiter de sa journée libre, enfin, elle le put, mais en dormant. Sans l’arrivée imprévue d’un ami de la jeune femme, elle se serait sans doute réveillée dans la nuit après avoir trop longtemps dormi.

Un bruit désagréable se fit entendre dans la chambre de la jeune femme, une espèce de grattement, qui semblait venir de la porte. Cela ne réveilla pas tout de suite l’Elfe, encore profondément partie dans le monde du sommeil, mais ce son, répété et ne s’arrêtant pas acheva de venir déranger la jeune femme. Les yeux de l’Elfe s’ouvrirent sur un regard perdu s’habituant à la semi obscurité de la chambre, la nuit devait être tombée depuis peu car les lumières de la ville était encore visibles à la fenêtre de la pièce. Totalement hébétée, Alyss était perdue, ne comprenant pas l’obscurité présente, sa robe abandonnée sur le sol était une preuve de sa nuit de travail mais cela n’expliquait pas pourquoi le soleil ne s’était pas levé. Tandis que la jeune femme essayait de comprendre ce qu’il s’était passé, le grattement continuait, incessant et une voix s’éleva bientôt.

Plusieurs sentiments traversèrent l’esprit d’Alyss lorsqu’elle reconnut la voix chantante de Klaus, son ami magimorphe. Tout d’abord la surprise, que pouvait-il bien faire chez elle, en grattant à sa porte, puis une légère joie que son ami vienne la voir, et puis un dernier sentiment vint traverser la jeune femme, plus puissant que tous les autres : l’agacement. Alyss appréciait son ami, et ce, depuis de longues années, ils avaient pu former une amitié depuis que la jeune femme avait aidé son ami au combat, alors que celui çi n’était alors qu’un inconnu pour elle. Elle n’avait accompli que son rôle, elle ne pouvait le laisser mourir alors qu’il faisait partie de son armée. Mais celui ci semblait accorder une bien plus grande importance à cet acte et avait essayé de promettre à l’Elfe qu’il lui le revaudrait. Alyss avait bien essayé de l’en dissuader mais il se trouvait que le cerbère était plutôt têtu, même énormément.

Enfin, cette amitié n’empêchait pas que Klaus venait de tirer l’Elfe du lit avec son espèce de grattement, et la jeune femme ne s’était pas forcément levée du bon pied. Voulant absolument faire taire cet affreux bruit, Alyss se leva, les cheveux indisciplinés sur ses épaules et toujours dans sa robe de nuit et attrapa la clenche de sa porte afin d’ouvrir à Klaus. Et après s’être reculée de quelques pas pour laisser son ami entrer et lui parla d’une voix rauque avec une mauvaise humeur à peine dissimulée, car oui,  Alyss était à son réveil d’une humeur gronchonne.

Qu’est ce que tu viens faire ici ? Ta superbe nouvelle aurait pas pu attendre quelques heures ?

Toujours placée devant la porte qu’elle venait d’entrouvrir, la jeune femme ne put faire un mouvement de plus que Klaus s’était déjà engouffré dans sa chambre. Alyss était perdue dans toute cette agitation, incapable d’aligner deux pensées à la suite et puis l’autre continuait de déblatérer sur sa surprise. En temps normal, elle aurait pu lui prêter une écoute attentive afin d’écouter cette « magnifique » nouvelle mais ce n’était pas le moment. Si elle pensait que son ton mal aimable aurait dissuadé le magimorphe, elle s’était de toute évidence trompée, il n’en avait décidément rien à faire de bafouer l’intimité des gens ?

L’Elfe se retourna vers Klaus, le visage tendu dans une expression d’agacement bien visible, ses sourcils s’étaient froncés et sa mâchoire serrée sur des remarques cinglantes qu’elle brulait de lancer à son amie. Elle aurait pu paraître effrayante car elle était rarement dans un état aussi peu agréable mais la vérité était que cela était un peu ridicule. On pouvait aisément remarquer la mauvaise humeur de la jeune femme, mais ces cheveux en bataille et ses yeux encore ensommeillés gâchaient le tout mais avait-elle eu le temps de se prépaper pour envoyer paître en beauté son ami ? Et bien non, car celui ci l’avait réveillée !

Mais malgré tout, l’intrusion de Klaus dans sa chambre achevait peu à peu de ramener la jeune femme dans le monde réel et de lui faire reprendre un peu de calme. Alors prenant sur elle même, elle essaya de faire bonne figure, et tout en prenant une longue respiration un poil exaspérée, elle passa la main dans ses cheveux afin de leur faire reprendre une allure un peu plus présentable.

Bon, qu’est ce que tu veux me montrer de si incroyable ? Et ça a intérêt à valoir le coup de me tirer ainsi du lit..

Malgré sa volonté de se calmer, l’elfe ne put s’empêcher de prononcer ces quelques mots avec une pointe de sarcasme. Klaus n’avait jamais trouvé le besoin de lui montrer quelque chose d’incroyable pour venir s’introduire chez elle, il lui suffisait d’avoir envie de venir chez Alyss et il le faisait. Mais c’était Klaus après tout, cela n’étonnait plus grand monde. Alyss commença réellement à s’interroger sur cette fameuse surprise lorsqu’elle vit son ami fermer les yeux et visiblement se concentrer, qu’est ce qu’il pouvait bien trafiquer ?

L’Elfe aurait aimé dire qu’elle n’eut aucune réaction lorsqu’un véritable PONEY se matérialisa juste devant elle, sur son tapis, dans sa chambre sans aucune raison apparente mais non, Alyss eut un sursaut de surprise et fit quelques pas en arrière. Comment pouvait-elle s’attendre à avoir un poney chocolat dans sa chambre, même Olympe n’avait pas eu le privilège, si c’en était un de se retrouver dans la chambre de sa maîtresse. Alyss ne put retenir une expression de surprise car malgré les secondes passant, l’animal ne disparaissait pas, son esprit ne lui jouait pas des tours, il était bien là.

Mais, mais ? Klaus !

Celui ci s’était retourné vers son bureau, tentant peut être d’ignorer le poney présent à quelques pas de lui et commençait à tendre la main vers les évaluations des lieutenants remplies la veille par l’Elfe. Avant même qu’elle puisse l’interrompre pour l’empêcher de désorganiser les feuilles déjà remplies celui ci en avait déjà soulevé un paquet alors Alyss soupira et le laissa faire. Et puis avec un air dépité elle regarda le poney qui la fixait de ses beaux yeux ébènes, un petit sourire se forma sur le visage de l’Elfe. Elle avait beau être réveillée de mauvaise humeur, ce petit cheval miniature n’y pouvait rien. Elle se laissa tomber à genoux à côté du petit poney et avança une main doucement vers sa tête afin de lui donner quelques caresses en lui prononcant quelques paroles douces, avec le même ton qu’elle pouvait utiliser pour rassurer sa jument. En effet, ce n’était pas un lieu habituel pour un cheval de se retrouver dans une chambre, et bien que celui ci soit issu de magie, Alyss ne pouvait pas le considérer comme un animal à part entière.
Toujours accroupie aux côtés du petit poney, elle leva la tête lorsque Klaus se retourna vers elle, toujours quelques feuilles à la main, se demandant qu’elle était leur utilité. Et, Alyss se décida à lui répondre d’une voix un peu plus douce, il avait bien réussi son coup, elle avait été attendrie par ce petit cheval et ne voulait pas risquer de lui faire peur en ayant une attitude négative envers Klaus.

Ce n’est que du boulot de capitaine, c’est les évaluations sur les lieutenants Caldissiens, je dois en faire régulièrement. C’est d’une longueur à faire…

Bon, et toi, qu’est ce que tu comptes faire de ce poney, le laisser dans ma chambre ou il disparaît après quelques minutes ?

Alyss se releva pour faire face à Klaus et prit les feuilles de ses mains doucement afin de les replacer sur son bureau, en grimaçant en se faisant la remarque qu’il était toujours dans le même état de bazar que la nuit dernière. Après cela, elle planta son regard dans celui de son ami et lui posa la question de sa véritable venue, car Klaus n’arrivait pas que pour lui montrer ce poney, il avait une autre idée derrière la tête, elle pouvait en être certaine.

Maintenant, tu vas me dire pourquoi tu es venu ici, qu’est ce que tu veux de moi ? Et après quelques secondes à regarder le poney qui ne disparaissait pas, l’elfe se retourna vers Klaus en lui demandant avec un petit sourire.

Diis ?Tu ne pourrais pas me faire apparaître un licol pour que je puisse amener ce petit amour dans un box ou il sera bien mieux que dans ma chambre s’il compte rester longtemps ?