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  • Arnaques et mauvaises strats (Judith)
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    Le dragon n'est plus, miracle est arrivé. Yggdrasil a protégé sa cité. Des mois de siège éreintant cessent, la ville millénaire respire à nouveau. Chaque soir, sous la lueur émeraude et bienveillante du grand arbre, les éossiens fêtent et célèbrent ceux tombés au combat. Après tant d'épreuves, la ville semble reprendre vie...
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    Arnaques et mauvaises strats


    Avec
    Judith Yeshua



                

    Ne faites pas ça chez vous.

    Le quartier des loisirs avait été bien épargné par les inondations et les sinistres que les habitants des quartiers eossiens et de la ville basse avaient dû subir. Raol était loin de l’idée de laisser les travaux de son quartier aux autres , mais iel devait tout de même s’occuper de ses affaires en plus. A vrai dire, les derniers jours, la grenouille avait été un peu débordée. N’étant pas du genre à se dire « oh, un peu de repos ne ferait pas de mal » car iel pouvait entendre des voix lui reprocher de gâcher son temps en loisirs, Raol était parti.e prospecter auprès d’un type dont Melchior lui avait parlé. Apparemment, il vendait des matériaux utiles au rabais qui leur serait bien utile étant donné qu’un de leurs fournisseurs avait eu un problème de transports lors de son dernier voyage et donc, il leur manquait beaucoup de pierres et de métaux pour terminer les commandes de la semaines. Melchior avait prévenu saon collègue que la marchandise proposée par le caldissien en question ne serait pas d’une qualité optimale et que, par ailleurs, il doutait que le commerce du gars était entièrement légal mais… aux grands maux, les grands remèdes. Les deux joallie.re.s n’avaient pas trop d’autres options quand iels étaient dans l’urgence. Tandis qu’iel faisait son chemin vers le quartiers de l’est, enfin, le quartier des loisirs, Raol n’était pas spécialement ravi.e de devoir faire affaire avec un Caldissien, surtout qu’iel allait se voir obligé.e de conclure le marché pour le bien de la boutique. Après tout, iel avait l’habitude d’être mielleux.se avec les gens et avec un peu de chance, le type n’était pas un spécialiste et n’y connaissait rien… et serait peut-être facile à rouler dans la farine.

    Oh, finalement, ça sera peut-être marrant.

    Un sourire vicieux s’allongea sur le visage de l’animorphe qui accéléra le pas en direction de la ruelle dont Mell lui avait parlé. L’adresse en question était un peu éloignée du centre vivant du quartier des loisirs et en entrant dans une impasse un peu plus étroite que les autres, la grenouille ne put s’empêcher de plisser les yeux. Si le gobelin l’avait envoyé là pour lui tendre un piège en embauchant des mercenaires, alors, ce ne serait surement pas la chose la plus stupide qu’il aurait tenté. Pas que Melchior soit stupide, justement, bien au contraire, seulement, Raol ayant une estime assez haute (et faussée) de sa propre intelligence… iel se disait qu’iel avait forcèment plus de jugeote que son collaborateur.

    Pfff… Melchior a trop bon cœur pour m’envoyer dans une embuscade, de toute manière. Il n’est pas rancunier et il a certainement oublié pourquoi il m’en veut à la base. Héhé. Heh. Hm.

    Raol ne préférait pas repenser aux réactions de son collègue lorsqu’il l’avait vu tuer quelqu’un de sang froid sur son nez. C’est que quand iel y pensait trop longtemps, iel se posait des questions sur les conséquences de ses actes sur les vies d’autres personnes et… bah, euh, ce serait demander à lea Zeteki de ne pas être hypocrite. C’est dur, la vie, quand on est une grenouille égocentrique et xénophobe, hein.

    Bref. La grenouille n’eut pas à s’enfoncer très loin dans l’impasse et trouva rapidement l’échoppe en question. Un étalage rudimentaire était installé le long du rebord d’une large fenêtre. Il était effectivement garni de matériaux dont les joallier.e.s auraient bien besoin. A l’intérieur, Raol pouvait apercevoir un nain hirsute en train de trier des babioles dans des boites de bois. En quelques coups d’œil, la grenouille constata que comme iel n’avait imaginé, le fournisseur officieux n’avait pas l’air d’un spécialiste. La manière dont sa marchandise était présentée et organisée prouvait clairement qu’il n’était pas un connaisseur et que ce n’était que de la récupération.

    Bien. On va peut-être gagner au change, finalement !

    « Monsieur Tomarik, c’est ça ? »

    Le nain se retourna et  jeta un regard en coin à l’animorphe qui portait un peu trop bien le sourire de faux-cul.

    « C’est pour quoi ? »

    Au moins il ne perd pas de temps. C’est bien, je le supporterais moins longtemps.

    La grenouille se dit que le gars avait peut-être des raisons de ne pas s’égarer en courbettes pour faire affaire, comme le fait qu’il ne s’agissait visiblement pas d’un « vrai » magasin. Pas que Raol en ait vraiment quelque chose à faire, en l’occurrence. Sans perdre son faux sourire des affaires, iel tendit une liste de fournitures au caldissien.

    « J’ai besoin de ce qui se trouve sur cette liste. »

    Le nain prit le parchemin et commença à faire le tri dans ses boites pour peser les matériaux sous le regard attentif de lea Zeteki ne quittant pas des yeux le moindre de ses gestes.

    Tsss… rien que pour le fait qu’il manie les métaux comme un manche, je devrais avoir une ristourne d’au moins 70 %.


    Grognant en son for intérieur, Raol se pencha sur la fenêtre, s’appuyant sur son coude dans une attitude plus charmante, essayant de garder une façade aimable.

    « Ah, c’est ennuyeux, tout de même, cette pénurie de mon fournisseur… mais j’imagine que vous en avez bien profité ? »

    Le « commerçant » se tourna vers la grenouille et lui lança un regard méfiant. En essayant d’être bon.ne acteur.ice, Raol continua.

    « Oh, ne vous en faites pas, je crois que vous auriez eu tord de vous en priver. La vie est dure, pour certains d’entre nous… je suis bien placé.e pour savoir qu’avec l’essor commercial actuel d’Yggdrasil, la concurrence est rude. »

    Les paroles creuses de la grenouille captèrent tant bien que mal l’attention du nain qui fini par souffler du nez avec un sourire en coin.

    « Tss… j’vous l’fais pas dire. Toujours les mêmes qui s’enrichissent sur not’ dos, hein. Ces nobles... »
    « Ah, oui, ils sont bien contents quand ils peuvent avoir leurs colliers chers et bien polis, hein ! mais pour la reconnaissance, on peut se brosser ! »


    Le nain échappa un rire bref et continua de remplir ses caisses avec ce qu’on lui avait demandé.

    « Hm, n’oubliez pas de mettre les métaux et les pierres à part… je préférais qu’ils ne s’abîment pas d’avantage. Je sais que cela peut ressembler à un caprice, mais bon, après, ce sont mes employeurs qui vont me taper sur les doigts ! »


    La grenouille n’avait aucune honte de mentir en jouant au pauvre petit eossien maltraité alors qu’iel travaille à son compte. Tomarik sembla tomber dans le panneau et les sourires et poses mielleuses de l’amphibien. Il s’approcha avec la marchandise pour que Raol vérifie et annonça son prix.

    « Hm… si je puis me permettre… vu l’état de certains quartz, il faudrait réduire de moitié le prix de certaines pierres. C’est que… je peux les prendre comme ça, mais, normalement, nous travaillons avec des cristaux plus grands et ceux-ci sont beaucoup moins... »
    « Hein ? Quand on me les a refilés, on m’a dit qu’ils étaient entiers, pourtant ! »


    Oui, ça Raol le savait. Les quartz en question, des cristaux traditionnellement trouvés dans les deserts, étaient loin d’être tous brisés et en mauvais état. Mais comme l’autre n’avait pas l’air d’un spécialiste, la grenouille en profitait pour le baratiner sans se gêner.

    « Eh bien… je suis navré, mais on vous a menti. Parole de spécialiste, je ne peux pas vraiment me permettre de prendre ça à leur prix fort. Enfin… j’imagine que je pourrais aller voir ailleurs, si... »
    « Euh, non, euh… moitié prix ça me semble beaucoup, mais, une réduction de 25 %... »


    Pfff… mais il rêve, cet abruti. 25 % c’est la réduction que je devrais avoir pour simplement prendre du temps à lui causer.

    Pendant que Raol continuait à négocier ses prix en espérant gagner au change grâce à ses techniques d’arnaque, iel ne pensait plus vraiment à ce qui se passait autour ni à l’opportunités que ses mensonges pouvaient donner à des personnes qui s’y connaîtraient assez d’intervenir.


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    Bon sang ce que Judith ne supporte pas ce quartier. Pas qu'elle n'aime pas la vie, les activités ou l'idée même de pouvoir faire milles et une choses ici mais... La foule très peu pour elle, surtout depuis l’exécution. Depuis, quand tout le monde est à cran en ville, les choses s'accentuent d'autant plus ici. Ils ont bien de la chance de ne pas aller d'une taverne à une autre en pataugeant. La métisse n'est pas ici par gaieté de coeur de toute façon. Elle compte se rendre dans le quartier des affaires, acheter quelque-chose, pour Iris. Elle se dit que, après tout ce qui est arrivé, ce serait la moindre des choses. Hey, elle pourrait même continuer après, passer le bonjour à Rosie. Elle doit s'en faire, elle s'en fait toujours.

    Pied nu et l'autre en bandages, Judith se faufile tant bien que mal entre les silhouettes, s'isolant comme elle peut sous son manteau. Trop de monde, trop de gens plus grands qu'elle, ça la dépasse, littéralement. Trop de bruits, son crâne a du mal à encaisser. Le choc qu'elle a reçu, elle n'en est pas encore remise. Elle continue comme elle peut, se tenant parfois la tête. Seulement, plus elle continue, plus le sifflement assourdissant s'intensifie et, avec, la migraine. Arrive alors la goutte d'eau qui menace de faire déborder le vase. Si elle continue comme ça, la petite ne va pas avoir la patience de tenir plus longtemps. Il faut qu'elle s'isole, prenne un chemin plus calme, quitte à prendre plus de temps. Tête baissée, elle se tourne et fonce dans la première ruelle venue.

    Changement d'ambiance soudain. Le vacarme des grandes rues semblent déjà lointain, c'est déstabilisant. La petite avance, sans regarder où elle va jusqu'à débarquer dans une rue...bien différente. Beaucoup moins de monde et un monde qui est, et bien...pas pareil? Pour rester poli? D'un pas plus lent, et méfiant, la métisse progresse, la tête levée ici et là. Elle regarde, observe, comme si elle découvrait un autre monde. On dirait un de ces quartiers de ville bizarres dans lesquelles Basmath l'embarquait à l'époque. La peur de tomber sur un pépin se mélange à la nostalgie. Combien de fois elle a eu des embrouilles, elle et sa soeur, avec des gens peu scrupuleux? Et combien de fois elle a pu croiser des gens bien -à leur grande surprise-. Tiens cet étalage, il a tellement peu fière allure. On dirait celui de...mince, comment il s'appelait ce nain déjà? Une rencontre abracadabrantesque qui a fini par en faire un ami de la famille malgré sa position très...grise, du point de vue de la loi. Elle marche mais ses yeux cuivrés fixent l'étalage, pensive. Son nom de famille, elle le connait, son prénom en reva-

    Elle s'arrête net. Un petit courant électrique qui lui traverse la colonne, renvoyant des frissons. Les yeux écarquillés, bouche bée.

    ...T-To...

    Un grand sourire qui s'affiche et une joie, une vraie, qui vient apporter du baume au coeur. Après tout ce temps, un visage familier, un vrai. Elle se met à rire, nerveusement et, d'instinct, elle fait un pas vers lui.


    M-Monsi-Mo-Monsieur To-tomarik !  Crie-t-elle en trottinant jusqu'à lui, ignorant complètement l'inconnu à coté.

    Le nain, qui semblait pourtant perplexe en plein dans son "travail", relève la tête pour regarder plus loin. L'air du bourru changea du tout au tout, ignorant -ne serait-ce qu'un instant- son client. Il ouvre grand les bras, souriant de ses dents (pas toutes propres).

    "Basmath !" Dit-il en lui prenant la tête pour gratter le dessus du scalpe. Judith se débat mais rit malgré tout avant de lui taper gentiment le bras pour qu'il relâche.

    Libérée délivrée, elle réajuste sa cape.

    N-non c'est Ju-c'est Juju-Ju-d-ith.

    "Oh tu sais moi et ma mémoire !" En soufflant du nez avant de se retourner vers l'animorphe, l'air légèrement plus sérieux.

    "Juste un instant -

    Le nain se tourne vers le, ce, c'est? C'est un drôle de bonhomme. Ça c'est sûr. La personne a une de ces peaux? On croirait à une maladie. Et puis ses yeux, tout jaunes. On dirait ceux de Rosie...en plus moche. (Heureusement qu'iel ne peut pas briser le troisième mur heh). Judith continue de lea fixer, un peu bêtement avant de se tourner d'un coup, presque en sursaut vers les marchandises. Il faudrait pas se montrer indiscrète et malpolie. Alors elle le fuit du regard. Quelque-chose de dérangeant s'en dégage. Comme un mixte entre quelqu'un de propre sur soit et pourtant poisseux. Un peu déstabilisant mais bon. Elle n'oublie pas que sa mère a des traits d'araignée. C'est comme "s'il" était à la fois trop propre sur lui pour être ici mais, quelque-part, un peu à sa place. C'est difficile à décrire. Mais ses pensées s'interrompt quand elle entends le nain continuer la discussion avec son unique clientèle.

    "Mais mes pierres. 'Sont si bousillées qu'ça?"

    Judith regarde le nain puis l'autre personne et ainsi de suite avant que ses yeux ne se posent sur la marchandise. Elle se penche et observe, un peu perplexe. Ses doigts frôlant un quartz.

    Qu-quéqu-qu'est-c-bous-bousi-bousill-y-ye-yé?

    Le nain regarde lui aussi son stock, haussant les épaules, légèrement frustré.

    "Les pierres, 'parait elles sont pas tout' en état. J'comprends pa- Pourtant j'connais l'gars qui m'les a fourni. C'rare qui m'fasse ça."

    Judith fronce les sourcils. La petite se permet même de prendre l'une des pierres. Elle l'observe puis regarde les autres puis le prix. Ses sourcils se froncent de plus belle, l'index posé sur le menton. Maintenant qu'elle y pense...


    M-m-moi et ma-et mam-maman o-on en-on en vend-dédé-dait m-mais... Elle se gratte le nez. A pa-à part u-un ou de-deux, ils so-sont t-tous enti-y-iers. Et t-et tu les ve-vends moins ch-cher que ma-maman.

    Et elle se gratte la tête innocemment avant qu'aussi bien elle que le nain ne se tournent vers le client. La petite n'a même pas idée de ce qu'elle a peut-être déclenché. Tomarik a bon coeur mais, il n'est pas le plus patient des caldissiens.

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    Arnaques et mauvaises strats


    Avec
    Judith Yeshua



                

    Ne faites pas ça chez vous.

    Le Monsieur Tomarik semblait assez naïf pour tomber dans le baratinage de la grenouille. Raol en était ravi et cela lea mettrait presque de bonne humeur dans la journée. Il serait temps de se trouver des occupations et des hobbies un peu plus saines que « être toxique avec les gens pour se sentir mieux »… Surtout qu’il n’a vraiment pas l’air d’être méchant, le nain qui cherche juste à vendre ses matériaux. Mais bon, ça, Raol s’en fiche. Pour le moment, aussi loin que cela lea concerne, tout caldissien est bon a jeter (et pareil pour les altissien) même si les concernés n’ont rien à voir avec la guerre et veulent bien faire auprès des eossien.ne.s.

    Tandis que la grenouille attendait de voir ce que déciderait le barbu hirsute dont le regard semblait soudain plus préoccupé, l’ambiance devenue tendu changea soudain du tout au tout. Une nouvelle tête s’incrusta dans le tableau comme une fleur en saluant avec enthousiasme le Tomarik, pour le coup aussi surpris que saon client.e.

    Oh, ça va, c’est juste une gamine…

    Pensa lea Zeteki en clignant des yeux et en penchant la tête sur le côté pour scruter l’inconnue aux cheveux blancs. La peau matte, des grands yeux, un air enfantin, un ton hésitant… il était difficile de lui donner un âge précis mais dans le doute, Raol décrêta qu’elle devait être une adolescente tout ce qu’il y a de plus ordinaire. A vrai dire, ça lea rassurait de penser ainsi. Iel était plutôt soulagé.e et ne prit pas trop attention à la scène se jouait devant ellui dans un premier temps, entre la confusion du monsieur hirsute et les correction de l’adolescente aux cheveux clairs.

    Raol n’imaginait absolument pas que la jeunette qui venait de débarquer allait lui placer des bâtons dans les roues. L’animorphe ne se méfia pas mais se mordit quand même l’intérieur des joues en détournant le regard lorsque les deux caldissien.ne.s commencèrent à échanger des gestes et des paroles affectueux.se. Pour une raison qu’iel n’aime pas vraiment exploré, Raol est mal à l’aise face à ce genre de scènes. Pourtant, ce qui se passait sous ses yeux était complètement adorable et aurait pu être réconfortant dans le contexte actuel… le malaise de la grenouille allait un peu dans le sens d’une projection du type : « berk un truc touchant et sincère et de l’affection », évidemment, mais pas seulement. Devant une gamine ou une adolescente même si elle n’était pas eossienne, lea Zeteki se sentait… légèrement titillé.e par sa conscience ? Quelque chose comme ça. Bah, oui, parce que faudrait pas être trop attendri. Raol est plus fort.e que ça, iel est sombre, tellement ténébreux.se, détaché.e, tellement impassible face à toute forme de distraction aussi basse que de l’affection et… oh, bah, mince, ça y est, iel est attendri.

    Non non non non non. Je ne suis pas attendri. Non. Non. Annulez la mission.

    La grenouille serra les dents en essayant de se concentrer sur les paroles du vendeur qui remit donc le sujet des pierres sur la table. C’est que, maintenant que la gamine était là, l’animorphe n’était plus aussi serein.e vis-à-vis du fait de rouler le petit homme hirsute car… Eh bien, disons simplement que pour arnaquer et potentiellement humilier un pauvre gars sous le regard d’une adolescente juste pour le « plaisir », bah, c’est quand même un certain niveau d’absence de face. Raol ne voulait sûrement pas y penser mais, la vérité qu’iel ne voulait sûrement pas regarder, c’est qu’iel vaut – peut-être - mieux que ça. Le grenouille serra les dents en s’efforçant de garder ses pensées vers ce qu’elle était venue faire ici à la base. De son côté, la plus jeune s’était mise à fixer les quartz dont parlait le plus vieux avec beaucoup d’attention.

    Tant mieux, tant que ce n’est pas moi qu’elle regarde… on devrait s’en sortir.


    C’est tout de assez satisfaisant de se figurer Raol suinter à grosses gouttes. Tout ça car il y a une personne jeune devant ellui et que cela lea fait questionner l’origine de ses motivations douteuses. Iel tenta de reprendre du poil de la bête en se concentrant sur les affaires

    « Elle me semblent en mauvais état, à moi, votre fournisseur a surement eu quelques souc-- »

    Peinant à bien se concentrer, la voix de Raol trahissait sa confusion et son début de panique interne. Iel se crispa encore plus lorsque la dénommée Ju… Juju… ? Raol n’avait pas bien compris, entre l’empressement et le bégaiement de l’adolescente au teint hâlé. Bref, lorsque que « Juju » lui coupa la parole, rendue curieuse de cette histoire de cristaux bousillés, Raol se retrouva un peu destabilisé.e. Iel tentait vraiment de l’ignorer pour ne pas être déconcentré.e par ses dires, mais ce qu’elle finit par bredouiller s’avéra être… un peu embêtant si la grenouille voulait vraiment arnaquer le pauvre caldissien. Enfin, Raol se donna le bénéfice du doute, peut-être avait-iel juste mal compris.

    Qu’est-ce… mais qu’est-ce qu’elle y connaît ? D’où est-ce qu’elle sort pour savoir ça ?

    La grenouille troublée fronça les sourcils. Elle croisa ses bras sur sa poitrine et fixa un court moment l’adolescente aux cheveux blancs. Iel en oublia momentanément Monsieur Tomarik

    « Ah, tu connais les pierres, toi ? »


    Son ton était devenu plus ferme. Raol essayait d'avoir l'air condescendante mais iel avait juste l'air d'être soudainement constipé. Quand il fallait s’adresser à des plus jeunes, Raol était… bon, bizarre, disons (plus que d’habitude, oui). En tentant de trouver un échappatoire, la grenouille eut soudain une idée.

    « En réalité… c’est juste que le cours de ces matériaux à évolué. »


    En tentant de se redonner contenance, la grenouille se redressa et se re-coiffa d’une main, plus nerveusement qu’autre chose. Iel se lècha brièvement la lèvre inférieure pour se re-focaliser sur ses affaires.

    « Par consèquent, ces quartz sont moins chers maintenant. »


    On se demande vraiment qui serait assez naïf pour croire ce genre de baratin.

    « Et pour ce qui est de l’état des pierres, elles sont tout de même plus petites que celles que j’achète d’habitude. Ce sont des quartz communs, ce n’est sûrement qu’une question de… de provenance. »

    Par la protection de l'Arbre, je veux juste mes matériaux, qu’elle arrête de m’observer comme ça avec ses gros yeux ambrés !!


    Venant de toi, Raol,  c’est quand même l’hôpital qui se fiche de la charité. Mais bon, quoi de nouveau.


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    L'animorphe (parce qu'elle n'imagine pas des vampires avec des yeux jaunes d'oeuf) qui l'aborde avec une espèce de voix qui tente d'être sérieuse. Judith tourne la tête dans sa direction et hoche la tête, presque encline à faire la conversation. Il faut dire, la personne à coté d'elle avait l'air d'essayer, mais iel essaie comme lorsqu'elle parlait à des inconnus toute petite. C'est drôle cette inversion des rôles quand elle y pense. Mais voilà qu'iel reprends la parole pour dire que le prix ont changés depuis le temps. Le regard de Judith se perds dans le vide, l'index sur le menton et les lèvres, pensive. Quant à Tomarik, lui, se frotte la barbe, lui aussi en pleine réflexion.

    "Heh c'vrai qu'avant la paix, beaucoup d'villages miniers ont été attaqués. 'Serait pas étonnant qu'les pierres aient changés d'prix."

    Les doigts de Judith se resserrent pour faire un poing fermé. Son regard devient plus sombre quelques secondes. Oui les villages miniers, elle en sait quelque-chose... Mais elle n'a pas eu le temps de s'enfoncer dans une spirale d'idées noires. Lea client.e vient en rajouter une couche, que les pierres seraient moins chers maintenant. Tomarik semble un peu perplexe à se frotter la barbe puis se gratter le crâne. Sa clientèle semble savoir ce qu'iel dit mais il sait que la petite Yeshua connait son travail. En parlant de Yeshua...La mate fronce les sourcils. Que les choses aient changés en quatre ans oui, mais, même avec l'évolution du marché et l'impact de la guerre...

    M-mais, s-si les lieux de pr-p-prod-produ-xi-on sont pipi-pillés, elles de-d-devr-devraient êtres p-pu-plus rare, do-donc plus cher.

    Et l'individu aux cheveux plaqués made in bave en rajoute une couche. Là, la métisse tique encore plus. Des bricoles, elle en a vendu tout un paquet et sa mère lui a apprit bien des choses. Des choses qu'elle a bien su retenir (encore heureux, sinon sa mère la tuerait, encore). Judith fronce un sourcil, confuse. La provenance? Mais elle vient justement d'en parler... Et son ami nain qui regarde aussi bien que l'un ou l'autre de plus en plus confus à son tour, moins patient aussi.

    La petite reprends une des pierres pour bien la montrer du doigt, elle et ses contours.

    Si-si la p-pe-pierre v-vient d'Al-d'altissi-ya, elle de-devrait être au même p-prix que l-là. Si c'ét-éta-été-était Caldi-dissia, ce serait pe-plus che-cher vu l'éco-l'écoco-éco-no-mie et les att-ata-ques.

    Elle penche la tête en tournant la pierre dans tous les sens. Lea client.e a bien réussi à la faire douter mais, non, du doute, il n'y en a pas. C'est bien une pierre à la taille recommandée. Elle a bien vu déjà des pierres plus grosses mais... Elle se tourne vers l'animorphe, la pierre dans ses mains, baissant légèrement les yeux. Contrairement au marchand, son regard à elle, n'est pas inquisiteur. Il est même compréhensif.

    V-vous êtes s-susu-sûrs de-déd'être au bobo-bon endroit? Par-parce qu-parce que des p-pierres d'autot-ototo-doto... Elle lève un poing serré, frustrée de son incapacité à le dire correctement. A u t o m a t e. Retour à la normale. Tot-oto-Tomarik v-vends pu-plutôt pour la jo-la jo... Son regard se plante dans celui du nain.

    Tomarik, lui, croise les bras, sourcils froncés, la colère montant de plus en plus. C'est assez visible pour que la petite commence à en avoir peur. Oh aucun mal ne sera fait à elle...mais l'autre... ...Attendez, iel n'était quand même pas entrain de l'arnaquer...?

    "Joaillerie." Dit-il sèchement, même si c'est pour aider la petite. Ses yeux fixent lea crapaud. Les choses commencent à se gâter.

    Judith le voit bien et ça l'effraie de plus en plus. Arnaque ou pas, s'il finit par en venir à cette conclusion, son vieil ami risque d'être assez...brutal. La petite pose la pierre et serre sa main en bandages, nerveuse. Ses yeux oranges font des va et vient entre lui et l'autre personne avant de se tourner vers cette dernière, un peu tremblante.

    J-je je peu-je peux vo-vous mo-vous montrer un au-un autre end-ende-endroit pour ça.

    Non elle ne peut pas, et même si c'était le cas, elle ne le ferait pas. Le commerce de pierres d'automate, ça la répugne. Tomarik non plus n'aime pas ça, même lui qui vit du marché gris a des principes. Il est crédule mais connait suffisamment la petite pour comprendre ce qu'elle essaie de faire. Le nain lâche un soupir, mélangé à un râle. Clairement, il n'était pas d'humeur pour la diplomatie...mais il est trop bonne poire avec Judith pour faire une connerie devant elle. Tout juste regarde-t-il froidement la clientèle, bras croisés.

    "Si c'vrai ce s'rait mieux oui."

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    Arnaques et mauvaises strats


    Avec
    Judith Yeshua



                

    Ne faites pas ça chez vous.

    Cette « négociation » prenait une tournure peu avantageuse pour Raol. En même temps, rien de tout cela n’aurait potentiellement tourné au vinaigre s’iel ne se sentait pas obligé de foutre la merde et d’être humiliant.e à chaque fois qu’iel croise le regard d’un.e caldissien.ne ou d’un.e altissien.ne. Cependant, son excuse au sujet des prix, bien que maladroitement amenée, sembla faire tergiverser ses interlocuteur.ices. Pour le coup, lea Zeteki n’en tira pas grande satisfaction comme iel s’y attendait. Une partie de la grenouille n’avait même plus très envie d’être ici. Raol n’allait pas se l’avouer tout de suite, mais, iel avait quelques remords vis-à-vis de sa démarche. C’est qu’elle n’était pas franchement nécessaire à la base et… bon, clairement, iel n’aurait pas plus réfléchi à ses actes que ça si la jeune fille aux grands yeux oranges n’avait pas débarqué. Baratiner les enfants, leur mentir ou les faire assister à ce genre d’arnaque en public, c’est… quelque chose là-dedans gêne beaucoup lea Zeteki. Peut-être car le baratin, iel en a mangé toute sa vie de la part de ses parents ? Quand iel se retrouve face à quelqu’un de jeune, enfant ou adolescent, l’animorphe se sent mal à l’aise, mais ce n’est pas à cause de ce qu’on pourrait dire sur les jeunes, car ils seraient bruyants ou incontrôlables ; non, ce n’était pas ça le problème. Juste… Raol ne garde que très peu de souvenirs de son enfance ou de son adolescence. Les deux furent très brèves. Iel n’a pas pu en profiter. Alors, la grenouille projette son malaise. Une partie d’ellui se dit qu’iel ne peut pas être aussi horrible avec elleux qu’on l’a été avec ellui en lui interdisant et en l’humiliant trop souvent. Évidemment, ce ne sont pas des choses dont iel a conscience pour le moment. Tout ça ne se matérialise, pour le moment, que par un malaise lui enserrant la gorge et une culpabilité menaçant de l’envahir progressivement.

    « Exactement. C’est justement ce qui s’est passé avec mon fournisseur habituel. »

    Pour le coup, ce n’était pas un mensonge. Sans rien dire, Raol attendit de voir comment les deux réagiraient par la suite. Un silence passa et pendant un moment, la grenouille pensa qu’elle avait reussi à argumenter suffisamment pour avoir gain de cause. Tu parles d’une victoire. Néanmoins, la plus jeune piocha dans le sac de gemmes et commença à en examiner une d’une manière experte. Raol ne put que remarquer qu’elle avait l’oeil aiguisé pour ce genre de choses. Si lea Zeteki devait se concentrer d’avantage pour ne pas rater de détails dans les paroles hachées de l’adolescente au teint hâlé, iel était intérieurement impressionné.e par son expertise plus que pertinente. Iel avait eu la même analyse quelques minutes plus tôt. Ces pierres n’était effectivement pas en provenance de Caldissia mais ça, elle avait l’air de l’avoir compris aussi. Autant dire que là, Raol compris qu’iel s’était coincé.e tout.e seul.e et commença donc à cogiter en réfléchissant à un échappatoire.

    Bon, le problème, c’est que maintenant, il lui faudrait trouver un autre fournisseur pour aujourd’hui, s’il lui fallait s’enfuir. Car, là, le regard de Tomarik était devenu moins sympathique. Les paroles de la blanchette au sujet des automates firent tiquer Raol dans son malaise. Pour le coup, iel se sentit un peu outré d’être pris pour un.e trafficant.e de gemmes d’automates. Avec Melchior, iels avaient un jour eu l’idée de créer un automate de toutes pièces mais… jamais les deux joalliers s’y seraient pris avec de la récupération d’anciens êtres artificiels autrefois vivants grâce à la magie. Sur cette question, lea Zeteki fronça les sourcils et pouvait au moins être à peu près honnête et sincère.

    « Quoi ? Des pierres d’automates-- ah non ! Très peu pour moi, je ne suis pas dans ce genre de trafic. Je suis un.e gemmologue et un.e joallier.e tout ce qu’il y a de plus professionnel ! »

    Quand même je ne suis pas crapuleux.se à ce point… bon, d’accord, si. Peut-être que je suis louche, mais pas CE GENRE de type louche.

    Quelque soit sa défense sur le sujet, cela n’arrangeait pas le reste. Tomarik et « Juju » avaient commencé à flairer l’arnaque. Le nain avait croisé les bras en fixant saon client.e et la plus jeune semblait mal à l’aise. Néanmoins, « Juju » qui semblait nerveuse et le commerçant hirsute semblaient donner une chance à la grenouille de se barrer sans ennuis ou de changer de ton. En sentant sa peau continuer d’être moite, l’amphibien serra les dents et enfonça légèrement sa tête dans ses épaules par réflexe face à son inconfort global.

    « Hem… tu… tu parlais d’un autre endroit ? »

    Ah, oui, Raol, tu longes les murs, maintenant, tu fais la carpette devant l’adolescente aux cheveux blancs. Tu ne dirais jamais que son expertise des gemmes t’as impressionné.e et qu’elle a donc gagné un peu de ton respect alors que tu sais qu’elle n’est sans doute même pas eossienne. Ah, c’est ballot, hein. Maintenant, Raol voit ses certitudes de gros.se xénophobe un peu ébranlées et ça lui fait mal à l’égo (ouin ouin ouin).

    « Sinon, je peux rester sur… on peut s’arranger pour 25% de réduction, si cela comprend le prix des métaux de récupération. »


    Pfffff, ça fait chier !

    Dans la tête de Raol, c’est comme si on lui avait piqué son jouet préféré dans le « droit » qu’iel se donnait d’arnaquer le pauvre marchand qui n’a rien demandé. Oh, iel avait pensé à menacer de dénoncer Tomarik et son échoppe semi-clandestine aux autoritées altisiennes, mais… quand il se figurait mentalement la tête qu’aurait pu faire « Juju », la grenouille bloquait complètement.

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    A la réaction de lea client.e, Judith recule un peu la tête, surprise. Une surprise oui, mais une relativement bonne. Sa façon de s'offusquer pour la proposition liés aux automates... Elle dégage un coté un peu grande gueule mais la réaction est bien plus vive. Ça, c'est qu'iel le prends mal, et encore heureux. Judith n'aurait pas aimé avoir à "aider" un type qui mettrait une valeur marchande à la vie. Cela dit, l'attention de la petite se tourne vers...autre chose. Sa peau, depuis quand les gens transpirent au stade d'avoir une peau toute poisseuse comme ça, sans parler de l'odeur... Et, tout comme, iel commence à rentrer sa tête entre les épaules, enfin plus que la mate. Sa main en bandages, elle la resserre de plus, quitte à ce que les brûlures lui fassent mal. La situation ne s'est toujours pas désamorcée. Et pourtant, lea client.e animorphe lui adresse à nouveau la parole. Il faut croire que les deux veulent éviter de courroucer de trop le nain. C'est qu'il est typiquement l'archétype bourru et costaud malgré sa taille... AH ! Il relance sur ce qu'elle a dit ! La petite écarquille les yeux, confuse l'espace d'une seconde.

    H-h-huh? Mais, très vite, elle tourne la tête vers Tomarik avant de revenir sur l'animorphe pâle, hochant maladroitement la tête.

    H-h-huh O-oui oui j- Tout ça pour se faire couper la parole comme une malpropre. Elle qui commençait à avoir un léger sourire, presque soulagée que tout allait se désamorcer.

    Ce que dit l'poissard.e... Judith reste bouche-bée, yeux écarquillés et sourcils froncés. ...Iel...Iel est vraiment sérieus.e ?! Tout allait se régler et voilà qu'en l'espace d'une phrase, Tomarik risque de perdre patience. Oh non non non elle peut déjà l'entendre craqu-

    *crac*

    Oh non il craque les doigts... Vite Judith, fais quelque-chose, réfléchit et vite ! Elle lea regarde de haut en bas très vite avant de lui prendre sèchement le bras et tirer comme elle peut pour commencer à quitter les lieux avec iel. Tout en faisant quelques pas, elle se tourne vers son ami nain. Elle tremble, transpire un peu et commence à sourire nerveusement.

    J-j-je ve-vais m-mon-l-montrer un aut-au-un autre éta-étatalage hein !

    Et voilà qu'elle commence à partir, en tirant sèchement l'autre type. Si elle avait su qu'elle stresserait plus qu'un.e escroc... D'un rire nerveux, elle secoue la main en direction de Tomarik.

    A-au revo-revoir Toto-Monsieur Toma-tarik ! Je re-reviend-ry-yais !

    Et le nain? Il a comprit. Ça l'énerve mais il a comprit. Il lève les yeux au ciel, râle...mais hausse les épaules et retourne à sa besogne, non sans lui renvoyer le geste de la main. Clairement son humeur est ruinée pour le reste de la journée, un peu comme tout le monde d'ailleurs. Cela dit, il hausse une dernière fois la voix.

    "Et passe l'bonjour à t'parents !" Et il se reprends à nouveau. "Et l'petit aussi!"

    Elle était déjà loin, dos tournée mais, elle s'arrête, son sourire nerveux qui a disparu d'un coup. La piqûre de rappel sur sa famille... Ça veut dire qu'il n'a pas vu sa famille depuis quatre ans. Elle ne s'en est pas rendue compte mais, elle a relâché le bras de lea client.e. Pourtant, elle était prête à lea rouspéter, peut-être même gifler. Seulement, tout vient de se calmer, l'espace d'une phrase. Elle se reprends, relève la tête et se tourne vers l'arnaqueur.euse. Elle lea dévisage de haut en bas. Iel ne lui inspire pas confiance, pas du tout même. Elle aurait aimé lui jeter un regard noir mais... Hm, c'est fou comment une phrase peut saper toute l'énergie.

    V-vous au-vous zo-...vous auriez mériter que je vo-je vous laisse dans vo-vo-votre a-votre a-a-...a...

    Oh non. Le stress, c'est entrain de lui rebloquer les cordes vocales. Elle sent aussi son oeil gauche trembler. Et elle qui trouvait l'autre bizarre... La journée commence et elle est déjà pourrie...

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    Arnaques et mauvaises strats


    Avec
    Judith Yeshua



                

    Ne faites pas ça chez vous.

    C’est quoi ce silence, tout d’un coup ? C’est juste moi où il fait froid ?

    Le regard de Monsieur Tomarik commença à s’assombrir à une vitesse effrayante. A l’évocation de la réduction, le caldissien souffla des narines. Raol pinça les lèvres en entendant le plus vieux faire craquer ses phalanges, réalisant qu’iel s’était encore une fois mis dans  d’une situation délicate. La grenouille savait esquiver les coups (dans son adolescence, ça insupportait ses camarades, d’ailleurs) mais actuellement, elle était quelque peu nerveuse et manquait de confiance en sa capacité de réaction. Evidemment, iel ne se battrait pas, car, Raol ne se défend pas : iel s’enfuit avant qu’on ait pu l’attaquer. Mais, des fois ses adversaire sont comme un certain général caldissien : persistants (et c’est une manière polie de dire les choses). «Juju », de son côté, eut l’air de s’affoler et réagit beaucoup plus vite que le batracien descendu vers 2 de tension. Sans discuter, la jeune fille aux cheveux blanc saisit le poignet de Raol et l’entraîna plus loin, saluant au passage le caldissien qui continuait d’observer l’arnaqueur.se d’un mauvais œil.

    « Hé ! Att- »

    Tomarik prit tout de même le temps de saluer la plus jeune et lui demanda de passer le bonjour à sa famille. Sans savoir quoi faire des informations gratuites de la généalogie de sa nouvelle « accompagnatrice », lea Zeteki essaya de se séparer de la prise de la plus petite en remuant le bras. L’adolescente ne pensait pas à mal, mais, même comme ça, Raol n’apprécie toujours pas d’être touché.e  sans qu’on lui ait demandé.

    Juju l’emmena hors de l’impasse et lâcha finalement son bras. Raol se massa le poignet et l’avant bras, grogna pour évacuer son stress puis détailla son interlocutrice, penchant légèrement la tête sur le côté. Elle avait soudain l’air plus épuisée et plus mal en point (mal à l’aise, peut-être ?) que tantôt. Sur le coup, la grenouille se demanda si elle avait fait peur à la jeune fille,  puis se rapella qu’elle n’avait pas exactement un physique des plus rassurants. La plus jeune se mit à bredouiller, visiblement stressée par toute cette situation également. Elle avait parlé de montrer un autre étalage à Raol, mais maintenant qu’elle l’avait éloigné de Tomarik qui lui aurait probablement enfoncé son poing dans la face, l’animorphe commença à se dire que tout ça n’était qu’une diversion.

    « Hmph. En réalité, il n’y a pas d’autres étalage, n’est-ce pas ? »

    Iel se massait toujours le poignet nerveusement, espérant que cela évacue son stress. Raol fit quelques pas pour sortir de la ruelle, profitant d’un courant d’air qui aéra un peu ses pores. Il faudra qu’iel se réhydrate sans trop tarder, d’ailleurs, sa gorge était sèche, maintenant. Avant que Raol ne comprenne que ses réactions physiques étaient ordinaires mais qu’iel n’arrivait juste pas à associer ça à un coup de stress, la caldissienne reprit la parole et lea Zeteki se retrouva encore plus largué.e que tantôt.

    Me laisser dans mon « a »… quoi ? Elle va éternuer ?

    En s’appuyant le dos contre un mur et en rangeant ses mains dans les manches de son kimono, la grenouille reporta son regard doré aux pupilles fendues sur « Juju », sans comprendre ce qu’elle racontait. Pour lui ça ne faisait pas de sens, qu’elle l’ait « aidé » de la sorte alors que…

    « Si tu penses que je le méritais, alors pourquoi me sortir de là ? »

    D’autant plus que Tomarik et elle avaient l’air bon amis. Pourquoi n’était-elle pas plutôt du côté de son ainé… ? Elle n’était pas forcée de s’impliquer dans cette histoire.

    Au-delà du fait que la démarche de la plus jeune lui échappait totalement, Raol ressentait aussi une certaine gêne vis-à-vis du fait d’avoir mêlé une adolescente à ses crapuleries… certainement quelques remords, aussi.

    « Tu es bizarre. Mais bon. »

    Iel se détacha de son mur et leva brièvement les yeux au ciel, légèrement embarassé.

    « J’imagine que c’est pour ça que j’ai évité de me faire amocher par ce caldissien. »

    Encore un foutu Caldissien. Et dire que des fois, j’ai tendance à penser qu’ils sont moins pire que leurs voisins d’en face.

    Bon, c’était de la mauvaise foi. Monsieur Tomarik avait été bien gentil avec lea Zeteki. Aussi, la grenouille essayait à sa manière de remercier la plus jeune, sans savoir comment s’y prendre. Iel n’avait pas envie d’être méchant.e ou hautain.e avec elle parce que… ben, parce qu’elle avait l’air bien jeune. Et vu les bandages qu’elle portait un peu partout sur elle, elle avait visiblement vécu des choses assez traumatisantes, sur lesquelles Raol ne voulait pas rajouter une couche. C’est étrange, mais… quand Raol voit des jeunes personnes qui ont visiblement vécu des choses dures, iel ne peut s’empêcher de s’associer un peu.

    Pourtant, ce n’est pas comme si, moi, au même âge je… enfin… je n’ai vraiment pas à me plaindre. Bref !

    « Arhem. Bref. Tu n’es pas obligée de rester, je me débrouillerais pour la suite. »

    Embarassé, la grenouille se detourna et fit quelques pas pour se rapprocher de la fontaine posée sur une petite place un peu plus loin, afin de réhydrater un peu sa peau. En voyant que la jeune fille aux teint hâlé ne s’était pas encore enfuie, la grenouille plissa les yeux dans sa direction, se rappelant d’un détail qu’iel n’avait pas pu éclaircir plus tôt.

    « Hm, donc… tu, euhm… tu as l’air de bien connaître les pierres… ? »


    N-non, c’est pas pour faire la conversation. C’est totalement calculateur et intéressé, d’abbord.

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    Encore ce foutu spasme à l'oeil qui veut pas partir. Elle entre-ouvre la bouche, se force à vouloir sortir la fin de sa phrase mais rien n'y fait. Et sa façon d'agir au batracien. Bah oui, évidemment qu'il n'y a pas d'étalage. Ce serait quoi un arnaqueur sans cerveau pour songer à l'arnaque? Sans qu'elle ne fasse rien, la mate lea voit se poser contre le mur et se mouvoir...Presque comme s'il ne s'était pas passé grand chose. Enfin ça c'était sans compter son...sa...hum...non sérieusement il transpire, il est poisseux ou juste crade? C'est presque énervant de ne pas avoir la réponse. Ou alors il fait mine de garder la tête haute quand, clairement, ce n'est pas le cas. C'est ce qui lui parait le plus logique à la métisse.

    Pourquoi le sortir de là? Heh, Judith commencerait presque à se poser la question aussi. Elle ne dit rien, relaissant ses mains se cacher sous son manteau. Tu es bizarre qu'iel dit. C'est bizarre d'avoir une attitude humaine? La phrase qui suit... Judith reste toujours silencieuse mais fronce les sourcils. Une sorte de colère sourde et muette. Iel se prends pour qui? Iel est seul.e responsable de ce qui a failli se déclencher. Elle ne bouge toujours pas, ne dit toujours pas mot. Elle lea laisse faire, ses bégaiement l'empêche de parler de toute façon. Le mieux, c'est de prendre sur soi. Bon, ce n'est pas ce que dirait sa soeur ou son père, mais bon... Mais ses dernières paroles ont le mérite de poser la bonne question. Pourquoi ELLE resterait? Qu'est-ce qu'iel a fait pour mériter de se faire aider? Oui mais...Qu'est-ce qui peut confirmer qu'iel ne va pas refaire une autre gaffe du genre avec le prochain marchand.

    Elle serre un peu le poing. Iel l'énerve déjà pas mal. Et puis son ton, à moitié condescendant. On dirait qu'iel se retient à peine. Gêné.e iel l'est, ça se voit. Reste à voir pourquoi. Mais iel s'en va se laver dans la fontaine, un peu comme ça. Encore et toujours, la question se pose. Comment iel fonctionne? C'est un truc d'animorphe? Hmmm peut-être qu'il est issu.e d'une espèce marine, comme Rosie. Ca expliquerait les yeux similaire et la peau étrange. Bon il faut pas se mentir, son allure aussi est déconcertante. Il a un coté morbide tout en en étant l'opposé de ça. Iel est bizarre aussi. Ce sont toute ses pensées mêlées à la méfiance et la frustration qui traversent son esprit à lea regarder faire. Mais voilà qu'iel lui adresse la parole, pour de vrai cette fois.

    Judith continue de lea fixer, baissant les yeux avant de les relever plusieurs fois. Elle a le regard méfiant, toujours les sourcils froncés. Non, c'est clair et net, elle ne l'aime pas ou en tout cas, iel lui fait mauvaise impression. Reste à voir si sa gorge va la laisser parler...si elle veut.

    ...No-noma-nomade...Marc-marchan-de.

    Elle expire, passivement agacée avant de croiser les bras, laissant ses main sortir du manteau.

    V-vou-vous auriez p-p-pu m-mal f-f-f-finir. Et elle détourne le regard.

    V-vou-vous dev-devriez p-p-pas aran-nanara-arana... Elle serre le poing, baisse la tête et plisse les yeux, frustrée. a r n a q u e r. Finit-elle en relevant la tête vers lui, le regard toujours aussi inamical.

    Déd-dédé-déjà ass--ssss-assez de tensi-on co-c-comme ça av-av-vec t-tout le monde.

    Elle baisse les yeux à nouveau avant de soupirer et, finalement, faire quelques pas dans sa direction.

    T-t-oma-Tomarik v-vous aur-vous aurait j-juste t-t-taper. Qu'-quelqu'un d'autre au-aurait p-pu vous d-d-dénoncer.

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    Arnaques et mauvaises strats


    Avec
    Judith Yeshua



                

    Ne faites pas ça chez vous.

    /!/ TW : Bon globalement ce post c'est un peu malaise-land :V si tout ce qui est manque d'empathie/abus émotionnel vous dérange, allez-y mollo et vous faites pas de mal

    On lui a souvent dit, à Raol, qu’iel était à l’ouest. Qu’iel se comportait étrangement. Que ses réactions à certaines situations, certaines scènes ou émotions émanant d’autres personnes étaient en décalage avec ce qu’on a l’habitude de voir, qu’iel manquait d’empathie, ne comprenait pas les sentiments des autres. La grenouille ne saurait pas expliquer d’où ça vient. Mais il est certain que quelque chose manque dans la manière dont iel a évolué, surtout au niveau sentimental. Émotionnellement parlant… on pourrait dire que Raol joue avec un jeu de cartes dans lequel il manquerait 3 couleurs. La nuance n’existe pas, car iel n’arrive pas à croire qu’elle existe, que les émotions et les relations sont plus complexes que « haine » ou « obligation ». Chez les Zeteki, il fallait mieux être intelligent.e et pragmatique que gentil, plus exigeant.e que compatissant.e avec autrui. Probablement qu’en plus de ça, Raol est, au choix, complètement misantrope ou a simplement une horrible conception d’ellui-même. Pour se surmener au travail et se dire que faire les pires horreurs ne changera rien à notre solitude déjà acquise, que les autres ne donnent pas d’aide sans être intéressés et sont « bizarres » quand il le font, il faut probablement déjà être assez profond dans son trou.

    Aussi, voir que quelqu’un semble assez empathique pour être destabilisé par son comportement ou même sa manière d’être, ça rendait Raol vraiment confus.e. Iel ne comprenait pas pourquoi la jeune fille se présentant comme « nomade marchande » pour répondre à sa question renchérissait sur ce qui venait de se passer.

    Mal finir… ? Oui, peut-être que la situation aurait dégénéré, mais… ce n’est pas elle qui aurait pris les coups, non ?

    Arnaquer les gens, c’est mal, évidemment, Raol le sait. Mais iel pense avoir une excuse valable : « mais non, pas quand c’est des étrangers ». Iel veut croire qu’iel s’en fiche mais quand la chose fut prononcée par la marchande qui avait bien 10, 15 ans de moins qu’ellui, les mots sonnaient différemment. Différemment que quand Ziyal, Mell, des altissiens ou des caldissiens les prononcent.

    Mais je ne vois toujours pas en quoi ça la regarde. Pourquoi sent-elle le besoin de s’en mêler ? Elle ne me connaît même pas, bon sang !

    Le cœur de la rainette râleuse commença à s’affoler.

    Quelque chose… quelque chose ne tourne pas rond.

    Dérangé par ses pensées, Raol cligna des yeux sans cesser de fixer son interlocuteurice. Ça l’énervait. Pas Juju. Mais de ne pas comprendre ce qui se passait à l’intérieur d’ellui, c’était frustrant, voire… quelque peu terrifiant, quand ses certitudes semblaient doucement s’ébranler.

    Tout ce qu’elles disait sur les conséquences des actions de Raol étaient vraies.  Mais… une fois de plus, la grenouille ne pouvait pas comprendre pourquoi, ELLE, personnellement, s’en souciait.

    « Je… je sais pour… pour les conséquences. »

    Quoique, son ton hésitant laissait clairement présager autre chose. Les conséquences, pour sa personne, peut-être un peu. Pour d’autres personnes… ? Mais iel ne mêlait jamais d’autres personnes à ses conneries ou à ses provocations en dehors d’ellui-même ? Enfin… si, aujourd’hui, oui, mais, c’était malgré ellui. Et c’était bien le soucis. La présence de la jeune femme aux propos plus que dérangeants lea forçait à regarder son raisonnement sous un autre angle. C’était comme si il regardait un de ses croquis dans le miroir pour le voir sous un autre point de vue… les perspectives ressortaient comme atrocement mal fichues, au point que c’en était malaisant et que ça donnait envie de tout re-dessiner très vite.

    « Mais... tout ça ne te concerne pas… ? »

    Ou alors, j’ai raté un épisode. Bon, j’en ai même raté plus d’un avec les 10 derniers siècles mais, héhé. Heh.

    « Je ne comprends pas pourquoi tu insistes… c’est moi qui aurais pris le poing, pas toi. Ce n’est pas très agréable, certes, mais bon, c’est mon problème, ça. Et puis, franchement, j’en ai vu d’autres. »

    Raol haussa les épaules. Ce n’était pas arrivé, finalement, alors pourquoi y penser plus que ça ? Réfléchir aux conséquences ? Très peu pour ellui.

    « De même, ce n’est pas toi qui aurais été dénoncée ou qui aurait eu des ennuis, alors... »

    Iel repensa aux tensions dont l’adolescente parlait. Son front se plissa légèrement. Les tensions, hein… voila quelque chose qui concernait tout le monde.

    Mais… ce n’est pas juste une exaction de ma part qui va… ils méritent que je les…

    Une petite voix sussura dans sa tête « même les marchands clandestins qui ont déjà du mal à joindre les deux bouts », « même, indirectement, les enfants qui assistent à ce genre de scène » ? Comment Raol aurait réagi en assistant, enfant, à une telle démonstration d’intimidation entre un commerçant et une personne qui n’a qu’une envie : arnaquer et tromper pour se flatter l’égo ?

    J’aurais pensé… que le monde des adultes est bien cruel. Mais c’est le cas, non ?! On ne va pas me dire que le monde, vivre en Yggdrasil n’a pas quelque chose de cruel quand on y vit en tant qu’eossien.ne ?!

    Raol avait porté sa main à son tour de coup et frottait sa la pierre de jade polie entre ses doigts. Un réflexe quand iel sentait l’angoisse l’envahir.

    « Pourquoi est-ce que tu… j’ai fait ou dit quelque chose qui t’a affecté tout à l’heure, ou par le passé ? Ma mémoire a pu me jouer des tours, mais… enfin, mon but n’était pas de te… euh… de te faire du mal ou de t’offenser… ? »

    La grenouille ne savait pas s’il fallait ou non s’excuser dans ce genre de cas. Après tout, iel ne savait même pas comment son comportement avait pu affecter quelqu’un qu’iel ne connaît que depuis une quinzaine de minutes. Mais, même en raisonnant ainsi, quelque chose était définitivement...

    Quelque chose là-dedans me donne la nausée.

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    ...Iel fait rien. Tout juste à fixer droit dans les yeux la petite. Et elle, oh non elle lâche pas prise. Judith aussi continue de fixer du regard, stoïque comme elle peut, sourcils froncés. Ouai, iel la met mal à l'aise, mais ce type la frustre assez pour qu'elle ne s'en préoccupe pas. Oui elle aimerait juste s'en aller et lea laisser dans sa mouise, mais sa façon de réagir... Iel ne parle plus du tout de la même façon. Iel sait pour les conséquences qu'iel dit. Judith souffle du nez, l'air grave. S'iel sait, pourquoi le faire alors? Son attitude a l'air d'avoir changé du tout au tout. C'est comme si elle avait touché un point sensible. On dirait que la situation vient de prendre une toute autre tournure, encore plus sérieuse que ce qu'aurait cru la petite. Maintenant ellui dit que ça ne la concerne pas. Pour le coup, iel a raison. Elle ne gagne rien à faire ça, au contraire, depuis tout à l'heure, elle a l'impression de perdre son temps. Le pire c'est que chaque mot qu'elle entends la conforte dans l'idée. Heh, iel se détache, dit qu'il ne lui serait rien arrivée à elle. Il feint l'indifférence, ça elle le voit bien. Là-dessus on aurait dit Basmath sa grande soeur les rares fois qu'elle n'assumait pas ses actes. Plus iel continue dans sa lancée, plus Judith commence à bouillir au fond d'elle. Alors c'est ça qu'iel va faire?

    Mais le regarde de la petite commence à changer lorsqu'iel reprends une ultime fois la parole. Son air sévère disparaît et la voilà maintenant déstabilisée, confuse. Pourquoi d'un coup iel se comporte comme un.e gamin.e qu'on aurait grondé? C'est un.e adulte non? En quoi ellui aurait fait quelque-chose avant? Un petit courant électrique traverse la petite alors qu'elle réalise la situation. Ce type n'a vraiment rien compris à ce qu'elle voulait dire en fait. Est-ce qu'iel est vraiment incapable de voir au-delà de juste la situation? Mais bon sang mais même un boulet comme elle en est capable. La question c'est pas elle. Elle lea fixe, yeux grand ouvert, secouant très lentement la tête, presque abasourdie. Cette fois, elle s'approche, pour être près et bien en face d'ellui. Toujours l'air sérieux, à lea fixer.

    C'est p-pas moi le s-su-susu-sujet. Son regard se tourne alors sur la rue que les deux ont empruntés tout à l'heure,à voir les quelques passants.

    Y-y a pa-pas de cac-caca-cas par c-cas po-pour les g-gens.

    Et maintenant, elle se tourne vers la fontaine, et regarde son reflet dans l'eau.

    Les n-o-nomades. Ils sont c-comme tout le mo-tout le monde. Une vf-v-vie, des asp-asi-apisi-aspirations, ...famille. M-mais o-on est éta-éran-étrangers p-pa-papa-partout. Elle se penche et plonge sa main dedans, répandent l'onde de l'eau qui distords son reflet.

    Il su-suffit qu'un se-un seul vole, et t-t-tout le monde nous v-v-verra co-cocomme des voleurs.

    Elle cache à nouveau ses mains sous le manteau, toujours tête baissée.

    O-on p-pointe ja-jamais une pers-une personne. J-juste son pe-p-peuple.

    Sous son manteau, elle s'essuie la main avec ses bandages, réfléchissant à ses prochains mots. Franchement, elle ne pensait pas partir sur cette lancée.

    Pour les a-ala-alt-altissiens, les cac-caldissiens ce sont d-d-des ment-menteurs, man-mina-manipulateurs. Les al-alti-tissiens, les ge-gens les voient co-comme des baba-barab-barbares.

    Elle commence à trembler et serre sa main en bandages, comme pour se retenir. La mate tourne la tête vers l'animorphe, l'air grave.

    L'éxécé-l'écéx-éxecu-cution. Les éso-éoss-y-ens, ils é-zézé-étaient en colère. C'est n-nono-normal. M-mais... Elle déglutit.

    J'ai v-vu un enf-fant dans la f-foule, qui commençait à ta-ata-taper sur une g-g-garde. Un temps mort, pour prendre une profonde inspiration. J-j-je l'au-je l'aurais pas r-ramené à s-à sa mère, v-vous cr-croyez qu'il lui se-serez arrivés quoi? Et cette fois, elle lea regarde, sourcils froncés, yeux humides. Ses lèvres sont fermés mais ses dents se serrent entre elles.

    Elle lea regarde, droit dans les yeux, bien que son oeil gauche tremble, se levant vers le ciel. Un lourd silence, pesant, surtout pour elle.

    On dé-déteste p-parce qu-qu'un s-seul vole, on finit pa-par se f-se faire la guerre parce qu'on se d-déteste. O-on tue p-parce qu-parce que c'est la g-guerre. Et les e-enfants, ils d-dét-testent p-parce qu'on t-... Elle renifle, son visage stoïque mais des yeux dont l'eau menace de déborder à tout instant. Elle détourne le regard sèchement.

    T-tout ça po-pour des c-c-conneries c-comme to-tout à l'heure... Elle hausse les épaules, commençant à rire nerveusement, la vois enrouée.

    Son poing en bandages, elle le serre autant que son autre main serre l'autre. Est-ce que l'inconnu.e voulait entendre ça? Non, mais elle s'en fout. Elle n'avait pas prévu tout ça, mais il fallait que ça sorte, encore. Il faut croire qu'Iris n'a pas suffit.

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    Arnaques et mauvaises strats


    Avec
    Judith Yeshua



                

    Je suis vraiment navré pour ce post beaucoup trop long :derp:""

    /!/ TW : C'toujours malaise-land :V si tout ce qui est manque d'empathie/abus émotionnel vous dérange, allez-y mollo et vous faites pas de mal

    Très franchement, Raol ne sait ni quoi ressentir, ni ce qu’iel veut face aux réactions de la plus jeune. L’animoprhe serait bien incapable de dire ce qu’iel désire entendre de la bouche de son interlocuteur.ice.s. Même pas qu’iel a raison ou tord ou quelque chose de plus nuancé. D’avance, l’humanoïde aux yeux dorés sait qu’il est fort possible que les paroles de la jeune femme l’atteignent, mais lui semblent indéchiffrables. C’est gênant et vraiment malaisant. Cette impression que… les choses qui paraissent évidentes à des tas de gens lui glissent dessus, sont toujours incompréhensibles.

    Raol avait détourné la conversation et avait demandé, sans vraiment s’en rendre compte, à la plus jeune de justifier ses agissements. Ce n’était pas correct et elle ne lui devait rien. Iel aurait du s’excuser et lâcher l’affaire, arrêter de tenir la jambe à Juju qui était suffisamment mal à l’aise comme ça. Comme elle le disait, le sujet, ce n’était pas elle. En fait, le sujet, ce n’était personne en particulier. Enfin, si, c’était Raol et ses actions problématiques. Mais contrairement à la grenouille étroite d’esprit, la jeune femme à la peau matte voyait plus loin que les conséquences d’une action sur les deux, ou trois personnes ayant assisté à la scène.

    Pourquoi ne pas faire du cas pas pas, justement… ? Elle ne va pas me dire qu’il n’y a pas des gens qui méritent du mépris ou quelque humiliation de temps en temps ?! Je ne sais pas, par exemple… des militaires qui se croient tout permis auprès des gens qu’ils oppressent en pensant les protéger ?

    Chaque situation est différente. Raol repensa à ce qui s’était passé. Repensa à Tomarik et à son échoppe semi-clandestine.

    Ce n’était pas un militaire. Juste un caldissien lambda qui tente de vivre décemment. Bon sang, je n’arrive pas à croire que je… ! Si… si… s’il respectait vraiment les eossiens et Yggdrasil et ne voudrait pas nous oppresser alors il… il ne serait pas venu… ! Non ?!

    Ah, ça y est. On touchait un point sensible. Raol n’allait sûrement pas admettre, même en son for intérieur, que viser les gens qui n’ont rien à voir, même de loin ou indirectement avec l’autorité militaire souvent injuste, c’est un amalgame des plus problématiques. La grenouille grinça des dents sans parvenir à réagir. Ses épaules s’étaient tendues et sa gorge redevenait sèche.

    Puis, son accompagnatrice commença à parler des siens, les marchands nomades qu’elle avait déjà évoqués un peu plus tôt. Du fait qu’elle et sa famille ne se sentaient probablement à leur place nulle part, que des amalgames et des préjugés basés sur ses origines, elle en avait subi. Une seul reproche à leur égard et… oh, non, ça sonnait beaucoup trop familier à Raol, tout ça.

    Non, non, non. C’est… c’est vraiment pas…

    La grenouille ne pourrait pas expliquer ce qu’iel ressentit en écoutant Judith parler d’une expérience qui ressemblait beaucoup, dans une certaine mesure, à celle de sa famille avant d’arriver à Yggdrasil. Aux récits que ses parents lui avaient raconté tant de fois jusqu’à ce qu’ils ne puisse plus les souffrir, jusqu’à ce que Raol en ait marre mais ne puisse plus se les enlever de la tête. Ces récits censées l’effrayer. Qu’à l’époque, iel avait rejeté car iel sentait que prendre racine dans la cité d’Eos n’était pas son destin. Puis, a l’extérieur de la cité, les peurs de l’enfance qu’on lui avait transmises l’avaient regagné.e à toute vitesse. Dehors, il n’y avait que dangers, prédateurs, personnes lui voulant du mal et probablement la mort. Mais, dedans, déjà, qu’est-ce qui l’attendait ?

    ***

    « Je ne veux pas rentrer. »

    Maitre Atellope était en train d’éventer les braises de notre feu de camp. L’animorphe salamandre aux yeux verts pomme et aux longs cheveux gris se tourna vers moi. Demain, nous allions arriver à Eos après un mois dehors, à récolter des pierres. Nous devions passer au marché pour rencontrer des acheteurs avant de retourner en exploration. Atelloppe m’avait dit que si je voulais, j’aurais du temps libre pour aller voir Ziyal et Akiya.

    « Pourquoi donc… ? Ce sera l’occasion de faire quelques vraies nuits de sommeil et  des repas plus complets que ces derniers jours. »


    Mes genoux rassemblés contre moi à la hauteur de mon visage, j’entoure mes jambes avec mes bras et soupire. C’est vrai, je suis fatigué et les repas consistants me manquent depuis une semaine. Il était temps que nous rentrions car nos réserves arrivaient à leur fin.

    « Tu as fait du bon travail ce mois-ci. Tu mérites un peu de repos. »


    Je me rappelle comme ces paroles m’avaient touché en plein cœur, à l’époque. Comme je n’avais pas su les prendre, comme je m’étais senti mal d’être là, sans savoir comment réagir. La vérité, c’est que je ne me reposerais pas, en rentrant au bercail. Je ne sais même pas si Akiya et Ziyal me laisseraient dormir à la maison. Je sais les regards qu’ils m’avaient jeté. Ils m’avaient traité.e d’abandonneur.se alors que je voulais simplement suivre ma voie. Car je n’en pouvais plus, de leurs sermons. Je voulais voir ce qu’il y avait à l’extérieur, voir si on m’avait dit la vérité. Mais je n’en sais toujours rien.

    « Si tu ne veux pas rentrer chez toi, j’ai de la place dans ma maison. »

    Je crois qu’une fois que maître Atelloppe avait commencé à tenter de m’aider en constatant que, peut-être quelque chose ne tournait pas rond chez moi, je… je me suis senti comme un.e traitre. Je me suis raccroché à ce que je connaissais de malsain, plus familier  et rassurant que la main, pourtant, saine, qui m’était tendue. L’anxiété, la peur de tout m’ont submergé.e à nouveau et l’année suivante passée avec Atelloppe dans nos explorations est devenue petit à petit un enfer. Au final, ça m’a fait une raison de revenir en embrassant le sol jusqu’à chez mes parents car, j’avais reussi à faire en sorte que la seule personne ayant vraiment tenté de m’aider, de me faire voir que le monde n’était pas aussi horrible qu’on me l’avait fait croire, me déteste.

    « Non. Ça ira. »


    Si ma place n’était pas à Eos chez Akiya et Ziyal, si elle n’était pas dehors, auprès d’Atellope… alors où était-elle, en fait ?


    ***

    Ses iris dorés s’étaient mis à fixer le sol. Raol les releva vers son interlocutrice, encore plus affectée que tantôt par ce qu’elle racontait. Iel se sentait… étrangement mal, comme elle. S’iel n’avait pas vécu le rejet dont elle parlait directement, Raol en avait subi les conséquences. On ne sort pas indemne du rejet continu basé sur quelques préjugés, quelques exactions qui mettent le feu aux poudres. En gardant ses distances, la grenouilles s’accouda sur la fontaine, pensive, se gardant bien de regarder dans la direction de la jeune femme à la chevelure claire qui avait l’air au bord des larmes.

    Ne pleures pas, s’il te plaît. Je déteste que des gens pleurent à côté de moi.

    Pensa très fort Raol en serrant ses mains l’une contre l’autre, fixant l’eau dans la fontaine. Iel se souvient des évènements récents, de l’exécution de Dalma comme si c’était arrivé la veille. Le fait d’entendre l’adolescente en parler lui remua les trippes.

    « Tu étais… ? »

    Échappa soudainement lea Zeteki en percutant les paroles de la plus jeune. Elle y était, ainsi que d’autres enfants plus jeunes encore. Au milieu de l’émeute, un enfant qui… qui imitait les autres en train de se déchaîner contre les militaires qui avaient exécuté leur anachorète.

    Qu’est-ce qui serait arrivé à ce gosse… ? Mais j’en sais rien, moi je…

    Iel ne veut même pas y penser et connaît déjà la réponse de toute manière. Il n’en serait pas sortir indemne, que ce soit physiquement ou mentalement. Un enfant traumatisé de plus, à cause de ce que se font les gens comme mal quand ils se détestent depuis des siècles, en oubliant de se demander pourquoi ils se haïssent tant. Des enfants marqués à vie et prêts à rêpêter ces erreurs car c’est tout ce qu’ils ont connu… comme ellui il y a bien longtemps, peut-être comme cette jeune nomade aussi… ?

    Si Raol ne pouvait pas mettre de mots sur son ressenti ni parler ne peur que le nœud dans sa gorge ne lâche, iel comprenait. Du moins, iel voyait où voulait en venir, la logique de son raisonnement, même si c’était dit avec le coeur au bord des lèvres, sous le coup de l’émotion. Mais, franchement, pour une fois, Raol ne ferait pas de « berk les émotions c’est mal, ew, ew gardes ça loin de moi je suis trop détaché pour ça », n’irait pas s’énerver dans son hypocrisie. Car iel est tout aussi épuisé et en colère contre tout ça.

    « J-j’ignorais q-que tu avais assisté à ça. »


    Le regard bas, l’animorphe ne savais pas quoi ajouter. Iel ne saurait pas dire s’iel était désolé ou compatissait d’une manière ou d’une autre. A vrai dire, Raol était juste bloqué. Iel ne pouvait pas inventer des émotions qu’il n’avait jamais appris à nommer, inventer des paroles réconfortantes qu’iel n’avaient jamais écoutées mais qu’iel aimerait peut-être, un jour, entendre.

    « Écoutes, je-- je ne voulais pas te rappeler des mauvais souvenirs. »

    Je ne voulais pas m’en rappeler non plus, d’ailleurs.

    « Je… désolé pour ça. »


    Oh, miracle. Un « désolé » sincère. Bon, y’a pas de quoi danser sur la table non plus, mais fallait le relever.

    « Mais concernant ce que, enfin, les évènements récents et ce que j’ai fait... »

    Franchement, qu’est-ce qu’elle voudrait que je lui dise ? Ce coup-ci, je ne suis pas désolé pour mes actes. Je ne lui parlerais pas de ce que j’ai fait après l’exécution, du fait que j’aurais pu tuer ce sale type en armure sous le coup de la colère.

    « Je continue à penser qu’il vaut mieux que tu restes en dehors de ça. »

    Leur place, aux gens de son âge et aux plus jeunes, n’est pas… n’est pas dans ce genre de scènes de violence.

    Peut-être qu’au fond d’ellui, Raol voudrait un peu protéger les enfants qui, comme iel l’a été, pourraient se retrouver aussi mal qu’iel l’est actuellement. Mais, lea Zeteki ne se rend pas bien compte que surprotéger et garder dans l’ignorance, c’est une démarche encore fort semblable à celle qui fut suivie pour son éducation. Le cercle est encore bien loin d’être brisé ou même identifié.


    Dernière édition par Raol Zeteki le Jeu 25 Juin 2020 - 10:21, édité 1 fois

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    Discrètement, elle tourne sa tête dans sa direction, voir sa réaction. Elle a l'air d'avoir frapper là où il fallait, même si c'était presque involontaire. Iel prends même une certaine distance, à s'appuyer sur la fontaine ellui aussi. Faut croire qu'elle n'a pas parlé en vain, elle l'espère, enfin...pas totalement. Quelque-part, elle voulait juste se défouler, iel aurait sûrement préféré le coup de poing dans les dents plutôt que dans les idées. Iel continue de baisser la tête, toujours comme un.e gosse. Elle est belle l'inversion des rôles tiens... Judith reste sur sa position, la tête droit devant la fontaine, loin d'ellui. Elle l'entends rouvrir sa bouche pour dire des mots. Les deux premières phrases la laissent totalement indifférente. Vient ensuite son "désolé" qui arrive à lui faire décrocher un regard vers la grenouille, un regard froid mais un regard tout de même. Maintenant, elle la fixe, attendant de pied ferme la suite. Et puis vient la chute...

    Judith fronce les sourcils, son regard froid a disparu. Maintenant elle a juste l'air...fatiguée, lasse. Elle perds son temps, comme d'habitude. A l'extérieur, elle ne laisse rien passer mais au fond d'elle, ça bouille, menace d'exploser à tout instant. Une part d'elle a envie de l'engueuler, l'insulter de tous les noms de la terre et de lea blâmer pour tout. Iel l'aurait pas volé. ...Seulement ça viendrait tout contredire ce qu'elle disait, même si c'était, paradoxalement, mue par la haine. Judith se tourne en direction du batracien. La mate avance vers ellui, pour se retrouver en face et face, et de près. Elle a le regard dur, noir, ses yeux rouillés droit dans ceux d'or de l'autre. Pas un mot, rien. Tout ce qu'elle fait, c'est ellui laisser bien comprendre toute la colère qu'elle a envie de sortir en plein dans sa face. Toujours sans lea quitter des yeux, la petite sort son bras tout en bandages. De sa main valide, elle tire sur les bandages de toute ses forces. Ça a bien du mal à partir, comme quoi elle les a bien mieux attacher qu'avant. Et, après assez d'efforts, arrache les bandages sur le bras, révélant tout le membre sempiternellement fraîchement brûlé au troisième degré. Cette main calcinée, elle la montre bien en face d'ellui, lea confronter à la réalité des choses.

    T-trop tard.

    Et elle s'en va, lui rentrant volontairement dans l'épaule, sans lea regarder. Son crâne lui fait mal avec tout le stress, mais c'est pas son problème là. Son problème, c'est le monde entier, et ellui, iel était sur la route. Elle s'en va, le pas précipité, colérique. Les larmes n'ont même pas couler, à sa propre surprise. Le dernier mot, elle l'a sûrement eu, mais avec un goût bien amer. Elle a mieux à faire de toute façon, ou pas, au point où elle en est...

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