Foire et foirages en série Avec Gabycyclette |
Hi, welcome to PLS-land.
/!/ TW : c'est très la crise d'angoisse /!/
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Ma main me semble engourdie à force de ne plus quitter la pierre pendue à mon tour de cou. Ça ne fonctionne pas. J’ai la nausée. Mon corps pèse lourd. Quelque chose ne va pas… quelque chose ne va vraiment pas rond.
Une petite semaine s’était déjà écoulée depuis l’exécution d’Erys Dalma. La vie en Yggdrasil suivant pourtant son cours : la foire marchande avait lieu comme tous les ans au même endroit, bien que plus surveillée comme d’habitude à cause des évènements récents. Comme d’habitude, il y avait du monde autour des nombreux étalages et les commerçants, y compris Melchior et Raol, faisaient leur beurre. Les deux joallier.e.s avaient eu la chance de ne rien perdre dans leur échoppe, mais les préparatifs en vue de la foire avaient tout de même demandé du travail et une ou deux nuits blanches.
Raol n’aime pas les foules ou les endroits gorgés de monde, mais normalement, iel sait faire en sorte de supporter la pression pendant les quelques jours de la foire. Cela fait plusieurs heures qu’iel ne peut qu’à peine se concentrer sur ses pierres ou la clientèle qui ne cesse d’aller et venir. Ses gestes se sont automatisés, son esprit lui semble flotter, comme détaché de son corps. Iel a l’impression de suinter plus que d’habitude, essaie de se dire qu’il ne s’agit que de la chaleur, alors que son teint est blafard.
Pourquoi ça tourne… ? J’entends des cris.
A chaque fois que quelqu’un dans la foule semble hausser le ton, à chaque fois qu’un militaire entra dans son champ de vision, tout le corps de la rainette semble se tendre. Iel a l’impression d’entendre le brouhaha des émeutes comme s’iels y étaient encore. Raol a l’impression d’y etre alors que plus d’une semaine s’est écoulée.
Je déteste les foules. J’ai du mal à respirer.
Iel ne comprend pas ce qui lui arrive. Iel ne veut pas comprendre, de toute façon, iel n’arrive pas à réfléchir. Ses pensées sont comme bridées, attachées entre elles, changées en un sac de nœud dont la seule vue ferait pâlir un expert dans le domaine.
Ziyal… est-ce que Ziyal est en sécurité.. ?
La grenouille secoue la tête en espérant retrouver ses esprits.
Reprends-toi, par Eos !! Ziyal est à la maison. C’est fini, maintenant !
Pourquoi a-t-il l’impression de revivre des évènements passés ? Sur le moment, il lui semble n’avoir pas été si marqué.e par l’émeute. Après tout… iel s’en était bien sorti. Mieux que d’autres. Avec une blessure plus grave qu’iel ne l’aurait cru et qui lui avait fait perdre pas mal de sang, mais, maintenant, ça allait mieux, non… ? Pourtant, elle lui faisait mal. Sa peau était elle aussi envahie de picotements fantômes comme si l’iode était toujours dans l’air.
« Raol !! »
La voix de Melchior lui paraît distante dans un premier temps. Puis, une main se pose sur son épaule pour lea ramener à la réalité.
« Raol… ? Hé… euh… »
Lea Zeteki se tourne vers son collègue et essuie son front moite maladroitement. Le gobelin fronce les sourcils. Son regard se fait plus grave.
« ...t’as une sale tête, t’es sûr.e que ça va ? »
Depuis quand tu en as quelque chose à faire.
Raol retint son souffle. Une part d’ellui se demande tout d’un coup, comme dans un sursaut de conscience, pourquoi son collaborateur s’inquiète encore pour sa pomme. Melchior n’était pas là, le jour de l’exécution, mais, il avait bien entendu eu vent de la nouvelle immédiatement. Pour le moment, le gobelin avait eu l’air de mettre un peu de côté son ressentiment envers l’animorphe et avait été solidaire avec ses concitoyen.ne.s, ne serais-ce qu’à cause des inondations.
« Oui, j’ai… j’ai juste un peu chaud. »
D’où lui vint l’énergie pour articuler ces quelques syllabes, Raol ne sait pas trop. En même temps, c’est la seule explication qu’iel parvenait à trouver pour expliquer son état pour le moment. Melchior l’observa encore quelques instants, jusqu’à ce que lea Zeteki s’éloigne d’un pas, mis mal à l’aise par le contact que l’autre avait initié sans son autorisation.
« Bon, euh… t’crois qu’tu serais en état d’aller ch-chercher des trucs à la boutique… ? »
Encore une fois, Melchior profitait d’un moment à vide niveau clientèle pour ouvrir une porte à lea Zeteki dont l’état était préoccupant. Sans même attendre que l’autre pose plus de questions, Raol se saisit de la liste que le gobelin ne lui avait pas encore tendue, feignant l’impassibilité.
Ne laisse rien paraître. Ne faiblis pas. Restes digne.
« C’est bon. J’y vais. »
En dehors du fait que lea Zeteki se forçait, l’idée de sortir un peu de la foule et de prendre l’air ne lui déplaisait pas. Melchior regarda Raol s’éloigner en soupirant, grimaçant d’un air un peu désapprobateur, juste avant de reprendre son sourire des affaires et s’adresser à une nouvelle cliente.
Restes digne. Restes digne. Restes digne.
Raol tentait de se le répéter, comme si cela pouvait couvrir le brouhaha ambulant et la proximité clairement désagréable avec les autres personnes. Iel ne s’attarda sur aucun visage, finit même par regarder ses pieds car tout le reste bougeait, criait trop et lui donnait envie de vomir.
Puis, tout d’un coup, le choc. Sourd. Douloureux. Contre du métal glacé.
« Qu’est-ce que... »
« Hé ! Fais gaffe, mec ! »
Les yeux dorés de la grenouille clignèrent dans la direction d’un militaire en armure ricanant bruyamment. En se retrouvant si près d’un soldat, en apercevant les armes à leur ceinture, en se rappelant encire une fois l’émeute, l’esprit de Raol perdit tout seul de la logique et de la mesure.
« Bande de fumiers ! Ne lea touchez pas ! »
Sans réfléchir, par pur réflexe effrayé, iel fonça sur le plus grand, comme s’iel était encore sur la place des vignes, en train de protéger son parent d’une menace certaine. Les trois militaires en face d’ellui auraient certainement passé leur chemin si Raol n’avait pas réagi sous le coup de la panique. Heureusement pour eux, l’animorphe qui leur avait bondi dessus était très amoindri et fut mis à terre d’une simple poussée un peu forte. En se retrouvant sur le pavé, lea Zeteki grimaça en attérissant sur son bras bandé, encore convalescent.
« C’est quoi ton plan, là, le globuleux… ? Tu veux mettre en danger les gens, avec ce genre de conneries ?! »
Qu’est-ce que… comment je… ?!
Raol sentit son souffle devenir saccadé, irrégulier, alors qu’iel se retrouvait sur le sol et vulnérable, et que le militaire se penchait par dessus ellui, posant son pied sur son bras en guise d’avertissement.
« Je te donnes une chance de déguerpir et de réfléchir à tes actes. T’as de la chance que je sois de bon poil. »
La grenouille n’arrivait pas à se lever. Son corps était douloureux, iel ne trouvait pu son air. Iel était simplement terrifié.e. Au-dessus, le gradé essayait de lui dire, de sa voix forte, de se relever pour aller voir ailleurs s’il y était. Son ouïe était en train de se brouiller, ses sens lui jouaient des tours. Mais, le militaire faisait clairement trop de bruit.
« Fermes… fermes-là, putain... »
Trop bruyant.
La grenouille se sentit tirée vers le haut, remise sur pied par la force du militaire qui commença à lea tirer vers la sortie de la foire, se plaignait qu’iel dérangeait les bonnes gens « cet abruti ». La grenouille allait tourner de l’œil et aurait préféré qu’on lea laisse en paix sur le pavé.
J’en peux plus.
Ses jambes s’effondrèrent sous ellui. Son souffle se fit rauque tandis qu’iel portait une main à son cou. Raol avait l’impression que c’était la fin et les ordres du militaire qui voulait qu’iel se relève n’arrangeaient rien.
Je… je vais mourir… ? Comme ça ?! Oh non... non, non, non...
Pour autant, iel n'apella pas à l'aide. Tout simplement car sa gorge était trop sérrée pour émettre le moindre son.