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  • Foire et foirages en série (Gaby)
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    Le dragon n'est plus, miracle est arrivé. Yggdrasil a protégé sa cité. Des mois de siège éreintant cessent, la ville millénaire respire à nouveau. Chaque soir, sous la lueur émeraude et bienveillante du grand arbre, les éossiens fêtent et célèbrent ceux tombés au combat. Après tant d'épreuves, la ville semble reprendre vie...
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    Foire et foirages en série

    Avec
    Gabycyclette



                

    Hi, welcome to PLS-land.

    /!/ TW : c'est très la crise d'angoisse /!/

    Ma main me semble engourdie à force de ne plus quitter la pierre pendue à mon tour de cou. Ça ne fonctionne pas. J’ai la nausée. Mon corps pèse lourd. Quelque chose ne va pas… quelque chose ne va vraiment pas rond.

    Une petite semaine s’était déjà écoulée depuis l’exécution d’Erys Dalma. La vie en Yggdrasil suivant pourtant son cours : la foire marchande avait lieu comme tous les ans au même endroit, bien que plus surveillée comme d’habitude à cause des évènements récents. Comme d’habitude, il y avait du monde autour des nombreux étalages et les commerçants, y compris Melchior et Raol, faisaient leur beurre. Les deux joallier.e.s avaient eu la chance de ne rien perdre dans leur échoppe, mais les préparatifs en vue de la foire avaient tout de même demandé du travail et une ou deux nuits blanches.

    Raol n’aime pas les foules ou les endroits gorgés de monde, mais normalement, iel sait faire en sorte de supporter la pression pendant les quelques jours de la foire. Cela fait plusieurs heures qu’iel ne peut qu’à peine se concentrer sur ses pierres ou la clientèle qui ne cesse d’aller et venir. Ses gestes se sont automatisés, son esprit lui semble flotter, comme détaché de son corps. Iel a l’impression de suinter plus que d’habitude, essaie de se dire qu’il ne s’agit que de la chaleur, alors que son teint est blafard.

    Pourquoi ça tourne… ? J’entends des cris.

    A chaque fois que quelqu’un dans la foule semble hausser le ton, à chaque fois qu’un militaire entra dans son champ de vision, tout le corps de la rainette semble se tendre. Iel a l’impression d’entendre le brouhaha des émeutes comme s’iels y étaient encore. Raol a l’impression d’y etre alors que plus d’une semaine s’est écoulée.

    Je déteste les foules. J’ai du mal à respirer.

    Iel ne comprend pas ce qui lui arrive. Iel ne veut pas comprendre, de toute façon, iel n’arrive pas à réfléchir. Ses pensées sont comme bridées, attachées entre elles, changées en un sac de nœud dont la seule vue ferait pâlir un expert dans le domaine.

    Ziyal… est-ce que Ziyal est en sécurité.. ?

    La grenouille secoue la tête en espérant retrouver ses esprits.

    Reprends-toi, par Eos !! Ziyal est à la maison. C’est fini, maintenant !

    Pourquoi a-t-il l’impression de revivre des évènements passés ? Sur le moment, il lui semble n’avoir pas été si marqué.e par l’émeute. Après tout… iel s’en était bien sorti. Mieux que d’autres. Avec une blessure plus grave qu’iel ne l’aurait cru et qui lui avait fait perdre pas mal de sang, mais, maintenant, ça allait mieux, non… ? Pourtant, elle lui faisait mal. Sa peau était elle aussi envahie de picotements fantômes comme si l’iode était toujours dans l’air.

    « Raol !! »

    La voix de Melchior lui paraît distante dans un premier temps. Puis, une main se pose sur son épaule pour lea ramener à la réalité.

    « Raol… ? Hé… euh… »

    Lea Zeteki se tourne vers son collègue et essuie son front moite maladroitement. Le gobelin fronce les sourcils. Son regard se fait plus grave.

    « ...t’as une sale tête, t’es sûr.e que ça va ? »

    Depuis quand tu en as quelque chose à faire.

    Raol retint son souffle. Une part d’ellui se demande tout d’un coup, comme dans un sursaut de conscience, pourquoi son collaborateur s’inquiète encore pour sa pomme. Melchior n’était pas là, le jour de l’exécution, mais, il avait bien entendu eu vent de la nouvelle immédiatement. Pour le moment, le gobelin avait eu l’air de mettre un peu de côté son ressentiment envers l’animorphe et avait été solidaire avec ses concitoyen.ne.s, ne serais-ce qu’à cause des inondations.

    « Oui, j’ai… j’ai juste un peu chaud. »


    D’où lui vint l’énergie pour articuler ces quelques syllabes, Raol ne sait pas trop. En même temps, c’est la seule explication qu’iel parvenait à trouver pour expliquer son état pour le moment. Melchior l’observa encore quelques instants, jusqu’à ce que lea Zeteki s’éloigne d’un pas, mis mal à l’aise par le contact que l’autre avait initié sans son autorisation.

    « Bon, euh… t’crois qu’tu serais en état d’aller ch-chercher des trucs à la boutique… ? »


    Encore une fois, Melchior profitait d’un moment à vide niveau clientèle pour ouvrir une porte à lea Zeteki dont l’état était préoccupant. Sans même attendre que l’autre pose plus de questions, Raol se saisit de la liste que le gobelin ne lui avait pas encore tendue, feignant l’impassibilité.

    Ne laisse rien paraître. Ne faiblis pas. Restes digne.

    « C’est bon. J’y vais. »

    En dehors du fait que lea Zeteki se forçait, l’idée de sortir un peu de la foule et de prendre l’air ne lui déplaisait pas. Melchior regarda Raol s’éloigner en soupirant, grimaçant d’un air un peu désapprobateur, juste avant de reprendre son sourire des affaires et s’adresser à une nouvelle cliente.

    Restes digne. Restes digne. Restes digne.

    Raol tentait de se le répéter, comme si cela pouvait couvrir le brouhaha ambulant et la proximité clairement désagréable avec les autres personnes. Iel ne s’attarda sur aucun visage, finit même par regarder ses pieds car tout le reste bougeait, criait trop et lui donnait envie de vomir.

    Puis, tout d’un coup, le choc. Sourd. Douloureux. Contre du métal glacé.

    « Qu’est-ce que... »
    « Hé ! Fais gaffe, mec ! »


    Les yeux dorés de la grenouille clignèrent dans la direction d’un militaire en armure ricanant bruyamment. En se retrouvant si près d’un soldat, en apercevant les armes à leur ceinture, en se rappelant encire une fois l’émeute, l’esprit de Raol perdit tout seul de la logique et de la mesure.

    « Bande de fumiers ! Ne lea touchez pas ! »

    Sans réfléchir, par pur réflexe effrayé, iel fonça sur le plus grand, comme s’iel était encore sur la place des vignes, en train de protéger son parent d’une menace certaine. Les trois militaires en face d’ellui auraient certainement passé leur chemin si Raol n’avait pas réagi sous le coup de la panique. Heureusement pour eux, l’animorphe qui leur avait bondi dessus était très amoindri et fut mis à terre d’une simple poussée un peu forte. En se retrouvant sur le pavé, lea Zeteki grimaça en attérissant sur son bras bandé, encore convalescent.

    « C’est quoi ton plan, là, le globuleux… ? Tu veux mettre en danger les gens, avec ce genre de conneries ?! »

    Qu’est-ce que… comment je… ?!

    Raol sentit son souffle devenir saccadé, irrégulier, alors qu’iel se retrouvait sur le sol et vulnérable, et que le militaire se penchait par dessus ellui, posant son pied sur son bras en guise d’avertissement.

    « Je te donnes une chance de déguerpir et de réfléchir à tes actes. T’as de la chance que je sois de bon poil. »


    La grenouille n’arrivait pas à se lever. Son corps était douloureux, iel ne trouvait pu son air. Iel était simplement terrifié.e. Au-dessus, le gradé essayait de lui dire, de sa voix forte, de se relever pour aller voir ailleurs s’il y était. Son ouïe était en train de se brouiller, ses sens lui jouaient des tours. Mais, le militaire faisait clairement trop de bruit.

    « Fermes… fermes-là, putain... »

    Trop bruyant.

    La grenouille se sentit tirée vers le haut, remise sur pied par la force du militaire qui commença à lea tirer vers la sortie de la foire, se plaignait qu’iel dérangeait les bonnes gens « cet abruti ». La grenouille allait tourner de l’œil et aurait préféré qu’on lea laisse en paix sur le pavé.

    J’en peux plus.

    Ses jambes s’effondrèrent sous ellui. Son souffle se fit rauque tandis qu’iel portait une main à son cou. Raol avait l’impression que c’était la fin et les ordres du militaire qui voulait qu’iel se relève n’arrangeaient rien.

    Je… je vais mourir… ? Comme ça ?! Oh non... non, non, non...


    Pour autant, iel n'apella pas à l'aide. Tout simplement car sa gorge était trop sérrée pour émettre le moindre son.

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    foire et foirages en série. avec Gaby & Raol ♥ +

    Une semaine éprouvante. Fatigante. Épuisante. Bref, tous les synonymes possibles et imaginables de ces derniers mots peuvent aisément qualifier les sept derniers jours qu'a passé Gabryel. Enfin, il n'était certainement pas le seul. Cependant, il restait fort ne voulant pas afficher le moindre signe qui pourrait faire croire qu'il était un peu plus faible. Pourtant, il l'était. Il avait été touché par ces événements et la dose de travail était conséquente, en plus de devoir se forcer à ne pas répondre aux provocations des éossiens. Ce n'était pas le moment de faire le malin, il en avait conscience. Alors il faisait son boulot, encore et encore, toujours dans cette idée de perfection et d'acharnement. Travailler jusqu'à ne plus en pouvoir, car pour lui on n'a rien sans bosser. Il s'est incrusté l'idée que s'il osait se reposer il perdrait tout ce qu'il a eu. Idiot, n'est-ce-pas ? Et pourtant il était là, toujours avec son sourire accroché aux lèvres, sous ses yeux des cernes discrètes s'étalaient à force de ne plus ou mal dormir. Il revoyait sans cesse le corps de l'homme pendu. Et s'il mourrait comme ça, lui ? Alors qu'il tentait en vain de se défendre en clamant son innocence ? Rien qu'à cette idée, il sentait un puissant sentiment d'injustice et de peur. Peur de mourir sans atteindre ses buts. Mourir sans être reconnu. Mourir seul et plein d'amertume. Ça serait un réel cauchemar. Serrant la mâchoire alors qu'il parcourait la ville, il guetta un peu la foule qui s'était réunie malgré les tensions pour la foire. L'ambiance est étrange. A la fois tendue et détendue, calme et hystérique... C'était désagréable. Gaby avait pourtant l'habitude en tant que soldat d'être régulièrement mal regardé par les natifs, mais aujourd'hui il avait du mal, beaucoup de mal, à l'accepter. Il ne baissait cependant pas les yeux. Jamais. Il restait fort, la tête haute et le torse bombé. Le seul qui pouvait le faire se sentir aussi mal au fond c'était lui-même. Sa tenue bleue de soldat lui semblait si lourde à porter à cet instant...

    Fendant la foule, calmant les plus ivres et tentant d'arrêter doucement les quelques voleurs fugaces, il restait un peu en retrait de tout ça laissant faire ses subordonnés. Il agissait sans vraiment s'en rendre compte. C'est comme s'il était en mode automatique, son cerveau gérait tout naturellement mais lui semblait détaché de tout. Il entendit des voix fortes non loin de là et fronça les sourcils. Allez... Au boulot. Ses pas étaient lents et il traînait presque des pieds. Pourtant il avait le regard faussement pétillant, un rictus d'ange et le ton de sa voix était toujours aussi léger et fluide qu'à son habitude. Soudain, il se reconnecta à la réalité. Il reconnaissait la personne qui parlait. Non, elle ne parlait pas, elle criait, elle était terrifiée, énervée et totalement désemparée. Impossible. Lui ? Vraiment ? Son coeur se mit à battre un peu plus fort. Il le savait, Raol était là. Lui qui haïssait tant les caldissiens et les altissiens devait être encore plus énervé avec ce qu'il s'est passé sur la place des vignes... Accélérant un peu le pas, il s'approcha de la scène et ne put que voir qu'un soldat semblait avoir affaire avec lui. Un altissien. Putain. Les deux autres avaient des tenues azurées. Les idées du général fusaient dans sa tête. Ne pas créer de scandale, ne pas créer de scandale, ne pas-. Trop tard. La violence avait été utilisée. Minime, certes, mais elle était là. Et en plissant les yeux pour analyser le visage de l'animorphe il fut surpris, incrédule. Il avait peur ? Il était paniqué ? Panique. En voyant la main qu'il portait à son cou, le militaire comprit très vite. Il faisait une crise de panique. Il se mordit la lèvre inférieure et arriva au milieu de la ridicule scène qu'il voyait. D'un signe de la main, il fit comprendre à ses soldats qu'il gérait l'affaire et au vu du regard noir et féroce qu'il envoya à l'autre altissien, il n'a pas cherché à plus comprendre et l'a laissé. Il jeta un regard à l'éossien qui se débattait fébrilement contre lui-même, les yeux fermés, au bord du malaise. Prenant une grande respiration, il s'agenouilla et sa voix se fit si douce qu'elle était presque méconnaissable :

    « J'tai connu plus féroce, foutue grenouille. » Doucement, il posa sa main sur son épaule, juste pour qu'il ai quelque chose pour se rattacher à la réalité. « Regarde moi, même si j'sais que c'est très dur pour toi de voir ma sale gueule. » Il lâcha un léger rire plein d'autodérision -miracle ?- « Suis ma respiration, inspire... expire... inspire... Voilà, doucement. »


    Gabryel baissa les yeux face à lui. Très rapidement, mais il le fit. Il ne se sentait vraiment pas bien lui aussi, mais une crise de panique est déjà difficile à gérer, alors deux, c'pas le moment de craquer. Il n'y a PAS de moment pour craquer, je n'en ai pas le droit, c'est tout ! Se blâma-t-il intérieurement. Il l'aida délicatement à se lever et l'emmena à l'écart de la foule curieuse. Une fois dans une rue calme et à l'abris des regards indiscrets, il le fit s'asseoir contre un mur et leva son bras en l'air en détournant son regard de lui. Une légère pluie très fine coula de son bras, comme la dernière fois qu'ils s'étaient vus.

    « Il fait chaud, ces derniers temps. Pense à boire, ça serait bête de te retrouver dessécher dans un coin. Ça va mieux ? »


    Ce n'est pas la chaleur qui l'a rendu comme ça et il le sait, il préfère simplement ne pas remuer le couteau dans la plaie. Il n'allait pas s'attarder, il voulait juste s'assurer qu'il n'y ai pas un mort de plus... Sa voix était entre la douceur et la neutralité. Il savait que l'autre n'était pas du genre à aimer la gentillesse ou qu'on s'inquiète pour lui, alors il préférait ne pas se montrer niais. De toutes façons, il combattait déjà intérieurement pour ne pas se laisser aller à son tour. Jamais. T'es pas comme ça Gabryel, c'est pas toi d'être aussi faible, c'est ridicule !
    kyro. 017 ldd

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    Foire et foirages en série

    Avec
    Gabycyclette



                

    Hi, welcome to PLS-land.

    /!/ TW : c'est très la crise d'angoisse /!/

    Cette situation était malheureusement un peu familière à Raol. La dernière fois qu’iel s’était trouvé.e dans cet état, c’était bien avant la chute. Akiya était encore en vie. C’était quelques jours après son retour de sa dernière exploration avec Maitre Atelloppe. Les reproches de ses parents l’avaient poussé.e dans ces derniers retranchements et l’avaient laissé dans un état plutôt lamentable tandis qu’iel se confondait en erreur. Les remarques qui avaient suivi avaient rapellé à Raol qu’iel été égoïste d’avoir voulu faire ce dont iel avait rêvé depuis son enfance. Tandis qu’iel s’était effondré et peinait à trouver son air, Akiya lui avait sorti son discours habituel.

    « Restes digne. Sois digne de notre famille. Sois digne du travail que nous avons abattu pour que ta vie en Yggdrasil soit celle dont tu profites. »

    Je n’avais rien demandé. Mais j’avais été indigne.

    « Ne te plains pas. Tu ne connais pas ta chance. »

    Akiya était simplement fatigué.e. Iel a tant fait pour notre famille, c’était normal qu’il en ait après mon arrogance.

    « Occupes toi de Ziyal. Tu lui dois bien ça. »


    Raol avait promis. Tant qu’iel parviendrait à s’occuper de Ziyal, alors, les choses iraient bien. Iel ne retomberait pas dans ses anciens travers. Iel ne connaîtrait plus de déception comme celle qui lui avait donné l’impression que sa vie n’était pas vraiment la sienne.

    Une fois de plus, l’animorphe avait l’impression que tout lui échappait. Sa réalité s’était distordue au milieu de sa crise, s’était suspendue, n’existait plus. La dernière fois, les propos de son parent l’avait ancré dans la réalité. Mais cette fois, Akiya n’était pas là. Cette fois, Raol se retrouvait tout seul en face de personnes en armures qui lea terrifiaient et ne savaient clairement pas s’y prendre.

    Je vais mourir seul.e, alors, hein… quelle surprise.

    C’est ce qu’on lui a déjà dit plusieurs fois. Pourtant, Raol arrivait encore à se convaincre qu’avec la boutique et Ziyal, iel ne serait jamais vraiment seul et que sa vie aurait toujours un sens. Vu son état actuel, on ne peut pas dire que l’animorphe était toujours aussi convaincu.e. Au contraire, même : penser à Ziyal ou même à Akiya et ce qu’iels auraient pu lui dire n’arrangeait clairement pas non état.

    Les bruits alentours étaient devenus inaudibles, ou plutôt, Raol ne les distinguait plus les uns des autres. Sûrement que les militaires avaient abandonné ou étaient encore plus bruyants. Il lui fallait quelque chose sur quoi concentrer sa pensées quelque chose pour se...

    Quelque chose se posa sur son épaule.

    La grenouille se pétrifia sur place, désagréablement surpris par ce contact imprévu. Néanmoins, son cerveau s’arrêta soudainement d’aller en tout sens et sembla trouver une voix sur laquelle se focaliser. La voix se répêtait. Dans un rythme plus confortable que le brouhaha alentour. Petit à petit, Raol l’entendit mieux, commença à déchiffrer quelques mots, recouvrant assez de sa tête pour se demander à qui ce timbre appartenait.

    Melchior… ?

    Non, la voix était trop posée pour être celle de son collègue. Mais elle était quand même familière. Mais ce n’était pas celle de Natsume non plus. Ziyal n’était sûrement pas dans le coin. Raol ne voyait pas qui d’autre, en dehors de ces trois autres Eossien.e.s, pouvait avoir eu l’idée de venir l’aider de cette manière. Dans tous les cas, Raol ne voulait pas mourir et pour le moment, la seule manière de ne pas mourir c’était, comme lui disait la voix, d’inspirer et d’expirer.

    Le bruit et le brouillard commencèrent à se dissiper. Sa respiration était plus calme, désormais, presque normale. Si la nausée ne l’avait pas quitté et qu’ouvrir les yeux l’éblouissait encore un peu, la grenouille parvint à se lever lentement. Apparemment, iel pouvait marcher de nouveau, tant qu’iel ne faisait pas de mouvement brusque. L’impression désagréable d’avoir tout d’un coup 105 ans et de craquer de partout lea saisit et lui fit grincer des dents. Ses yeux devinrent moins sensibles après quelques pas, iel lui semblait qu’il s’éloignait de la foule et tenta alors de se tourner vers son accompagnateur tout en trouvant un coin à l’ombre pour s’asseoir. Avant même que Raol ne puisse reconnaître le visage de son interlocuteur, ses sens l’alertèrent.

    Je connais cette effluve florale.

    Mais, ce qu’iel lui fit clairement comprendre la situation fut de sentir une légère pluie lui couler dessus. Ouvrant grand les yeux, Raol sauta sur ses pieds en criant une sorte de « AAARRRRGH ! » horrifié.

    Oh… Ouhla, ça tourne, oups !

    Sentant qu’iel allait re-tomber par terre, Raol se remit assis.e, soufflant en posant ses yeux sur…

    J’ai changé d’avis. Tuez-moi. Maintenant.

    « …Qu’est-ce que vous foutez là, vous ?! »


    Quoi ?! Je lui ait rien demandé, il faudrait que je sois reconnaissant.e de… de… aaaah, par la feuille sacrée d'Yggdrasil !!

    Bah, oui, parce que, oui, pour le coup, si Gabryel n’était pas arrivé, alors Raol ne sait pas qui aurait pu venir le tirer de sa crise d’angoisse. Pour le coup, iel ne croit pas trop au coup du « monsieur-madame tout le monde plein de générosité qui vient tendre la main à la grenouille en PLS sur la place du marché ». Oui, c’est un peu triste.

    Raol se massa les tempes en grognant. Pour une fois, iel fuyait le regard nacré de Gabryel et se sentait aussi commencer à rougir jusqu’aux oreilles de honte (au moins, iel reprenait des couleurs).

    « Qu-qu-que… que qu’est-ce que… »

    Sa voix était encore chevrotante. Iel avait envie de s’enfuir en courant pour ne pas se sentir aussi vulnérable sous le regard du militaire caldissien. Raol détestait avoir l’air amoidri devant quelqu’un de base, mais c’était encore pire devant une personne qu’iel détestait cordialement car il était tout ce qu’il abhorrait ces temps-ci. Une fois que son coeur se fut un peu calmé et ne semblait plus vouloir s’échapper par sa bouche, l’animorphe reprit, s’efforçant d’avoir l’air à peu près en contrôle d’ellui-même.

    « Bon… vous avez eu votre spectacle, j’espère que c’était plaisant... »

    Pour la grenouille, Gabryel avait forcèment quelque motivation vicieuse pour se trouver là et avait forcèment pris un plaisir malsain à lea voir suffoquer.

    « Maintenant, dites-moi ce que vous voulez, qu’on en finisse. »

    Il a forcément fait ça par interêt. Pour me faire chanter ou se foutre de ma gueule. Je peux endurer ça, ce n’est pas un problème. J’en ai vu des pires et des meilleures… bah, oui, je suis un.e dur.e moi. J’étais pas du tout en train de morfler par terre il n’y a pas 10 minutes.

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    foire et foirages en série. avec Gaby & Raol ♥ +

    Gabryel fut plus que satisfait de la réaction de la grenouille qui commençait déjà à reprendre vivement des couleurs. Souriant et soufflant du nez face à la tronche que tirait Raol, le général ne pouvait s'empêcher de plonger son regard dans celui de son interlocuteur maintenant qu'il semblait avoir reprit ses esprits. D'ailleurs, il semblerait qu'il se soit calmé au vu de la politesse dont il fait preuve. Sa voix restait tout de même chevrotante et incertaine bien qu'il voulait faire croire le contraire. Il l'observa un instant se teinter de rouge tandis qu'il commençait à croire qu'il lui devait quelque chose. S'il aurait voulu quelque chose de quelqu'un, il ne l'aurait clairement pas aidé lui. Qu'est-ce-qu'il peut tirer d'une grenouille pleine de bave à part... de la bave ? Le militaire soupira et se laissa finalement tombé, s'asseyant face à l'animorphe de mauvais poil. Ça l'amusait de le voir comme ça. Est-ce-qu'il réussit à ne pas faire le grincheux ? Chaque fois qu'il l'a vu, le trentenaire était toujours comme ça. Au fond, il avait presque envie de croire que c'est lui qui déclenchait ce saut d'humeur. Ahah, avoir le pouvoir de rendre quelqu'un directement chiant, c'est génial. Finalement, il s'était un peu détendu le caldissien. Pas totalement, mais assez pour reprendre son masque de général sournois et sarcastique. Le noble le fixa un instant en se demandant s'il pensait réellement ce qu'il disait. Mais à priori oui. C'était triste qu'il réfléchisse de la sorte, mais pas totalement dénué de sens. A dire vrai, c'était même ""logique"". Après les événements récents... Il était tout à fait en droit de se méfier et de se montrer disons... hargneux. Car la grenouille montrait les crocs malgré l'état dans lequel elle était il y a quelques minutes à peine. Après quelques secondes, Gaby arquan un sourcil et eut un rire nerveux avant de porter une main à son coeur et de faire une moue faussement outrée. La voix excessivement choquée, il lui répondit sans réussir à effacer son sourire :

    « Moi ? Vouloir quelque chose en échange d'un tel acte de sauvetage ? Voyons, je ne suis pas comme ça, monsieur Zeteki. » Il reprit contenance et haussa les sourcils, l'air d'attendre quelque chose. « Ce que tu essayes de dire là, c'est merci ? De rien, c'est un plaisir, je le referai tous les jours s'il le fallait ! »


    Il faisait le malin et exagérait tout pour rire, mais au fond il se demandait tout de même si l'autre allait bien. Un minimum. Ça serait bête qu'il crève là, comme ça, comment expliquer la situation après ? Le général prit une bouffée d'air frais et leva le menton en l'air en fermant doucement ses yeux violets.

    « T'aurais peut-être préféré que ça sois quelqu'un d'autre, mais moi je pouvais pas juste rester là à rien faire, peu importe ce que tu puisses en penser. J'ai eu ma dose. Que tu me croies ou pas, je n'en ai pas grand chose à faire. Tu fais bien ce que tu veux. »


    Vexé ? Peut-être un peu. Ou simplement juste fatigué. Les événements de la semaine passée l'ont peut-être rendu un peu plus aigri qu'en temps normal. Faut dire que c'était pas commun tout ce bordel. Même encore aujourd'hui il a du mal à saisir tout ce qui a pu se passer en si peu de temps. Comment tout à si vite dégénérer, comment toute cette colère s'est transformée à la vitesse de l'éclair en violence et comment les émeutes étaient dures à contenir. Ne blesser personne, mais les retenir fermement, ne pas crier, mais se faire entendre... Rien qu'en y repensant il avait des sueurs froides. Ce n'était pas le moment le plus dur de sa carrière, juste le plus... touchant, dans un sens.

    Il rouvrit ses pupilles et refit face à la grenouille toujours adossé au mur. Le général caldissien serra la mâchoire. Qu'est-ce-qu'il pouvait bien lui dire de toutes façons ? Il n'avait rien à dire. Peut-être qu'au final il aurait du demander à un soldat d'aller l'aider plutôt que ça sois lui. C'était pas de la lâcheté, simplement il en avait marre du conflit. Il en avait marre de toujours devoir prendre sur soi et ne pas s'énerver ni hausser la voix. En le fixant, il avait cette foutue impression de ne pas être à sa place. Comme s'il n'avait pas le droit de siéger face à lui comme ça. Tout ça parce qu'il était caldissien et que après ce qu'il s'est passé il ne peut tout simplement pas se permettre ça. Pourtant, il ne bougeait pas. Si son interlocuteur souhaitait qu'il parte et qu'il lui gueulerait au visage, il finirait peut-être par le faire, mais pour l'instant... Non.

    « Je suis.... » Eh non Gaby, tu es trop hypocrite et fier pour t'excuser sincèrement, vaut mieux te taire. « Je passerai un sermons à mes deux soldats et je demanderai à ce que l'altissien sois remit à sa place. Tu veux quelque chose d'autre ? Me répond pas que je dégage, c'est trop facile, t'es plus ingénieuse que ça, foutue grenouille. »


    Il sourit faiblement. Il aurait voulu lui dire plus que ça, se lâcher un peu, mais il n'en avait pas le droit. Sa carapace de fer devait tenir encore un peu, rien qu'un peu. Il se lâchera seul dans sa maison de riche, une bouteille à la main. C'est pas comme si c'était la première fois et ça sera sûrement pas la dernière. Finalement, Gabryel ne contrôla pas ses paroles et le reste sortit tout seul sans qu'il y fasse attention, mais c'était plutôt une sorte de murmure, des pensées dîtes à voix haute et il n'est pas sûr que la grenouille ai entendu. :

    « Je me demande comment le dragon se porte... »


    J'en ai déjà beaucoup trop dit, je ferais mieux de m'en aller...
    kyro. 017 ldd

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    Foire et foirages en série

    Avec
    Gabycyclette



                

    Hi, welcome to PLS-land.

    HRP : y'a beaucoup trop de choses dans ce post je suis désolé :derp:""" j'espère que tu vas t'en sortir et que je vais pas trop vite, au pire, je pourrais retirer des trucs !

    Raol aura beau fanfaronner autant qu’iel voudra, les choses n’en deviendraient pas moins effrayantes. La méfiance naturelle de la grenouille se changeait rapidement en peur viscérale.

    Pourquoi est-ce que je lui donne l’occasion de jouer encore plus avec moi ?! Je suis stupide ou quoi ?!

    Sans doute. Enfin, s’iel n’est pas stupide, iel n’a pas du tout l’esprit clair. Comment cela serait-il possible, après tout ? L’exécution était encore fraiche, l’année passée et ses actes criminels commençaient à lui peser lourd sur la conscience. Et en plus de ça, l’animorphe ouvrait grand la porte à tous les pires abus à un militaire tel que Venomania ?! Tout ça pour faire croire qu’iel était parfaitement lucide et en contrôle de la situation… ridicule. Raol le sait, pourtant, au fond, qu’iel ne va pas bien… pas « mieux », pour répondre à la question que lui avait posé le général caldissien. Aucun.e eossien.ne ne saurait aller « mieux » après ce qui s’est passé. Probablement que Raol veut simplement faire croire que pour sa part, ces choses lui passent encore au-dessus, qu’iel est plus coriace que ça et que sa hargne de vaincre l’« envahisseur » survivra à tout. Mais, là, tout de suite, ce n’est pas ça, que la grenouille ressentait. Iel n’était même pas en colère. Juste terrifié.e. De lui-même, d’être vulnérable devant ce type, de se rappeller que dans la société telle qu’elle est devenue, la vie d’un haut gradé de la haute noblesse est plus importante que sa vie à ellui. Qu’il peut provoquer et fanfaronner autant qu’iel voudra, à la fin de la journée… Gabyel tient quand même son égo entre ses doigts. Sa vie, aussi.

    Espèce de débile. Qu’est-ce que tu cherchais, hein ?

    Sa main s’était remise à trembler. Raol la porta machinalement à son collier pour l’occuper et calmer les tremblements. Iel rassembla ses jambes pliées contre ellui pour se sentir mieux, plus vraiment préoccupé d’avoir l’air ridicule au point on où en était.

    Plus iel regardait dans l’abîme, moins son raisonnement faisait sens. Alors que lea Zeteki se perdait dans ses pensées à nouveau, iel se figea lorsque le plus grand reprit la parole. Pour garder le masque, iel grogna à nouveau avec exaspération.

    « Arrêtez de m’apeller « monsieur », déjà, je suis pas un homme. »


    Pourquoi s’attarder sur des questions de genre dans un moment pareil ? Probablement pour essayer de garder encore un peu la face tandis qu’on en a encore un peu l’énergie. Mais bon, en réalité, ça aussi, le fait d’être mégenré de la part du caldissien, ça l’agaçait et ça ajoutait à son malaise. L’autre continua sa scène en lui assurant qu’il avait fait tout ça d’une manière totalement désintéressée, juste parce qu’un civil était en danger. Au risque de paraître outrageusement méfiant.e, même si Gabryel se remettait à faire n’importe quoi et se baladait avec une rose entre les fesses pour lui prouver sa bonne foi, Raol n’arriverait toujours pas à le croire.

    « Merci », hein ? Mais merci pour quoi, en fait ?! Ma crise s’est peut-être arrêtée, mais s’il pense que cela rachète le reste de ses conneries de sale gosse de riche militaire… ahah !

    Malgré son aveuglement, Raol ne peut s’empêcher de cligner des yeux quand l’autre reprit la parole. Le Venomania perdrait un peu de son calme habituel et de son sourire de façade… Un regard en biais vers l’homme aux longs cheveux lui fit voir qu’il n’avait pas vraiment l’air dans son état normal, lui non plus.

    « Encore heureux... »

    Bah, oui, c’est pas comme si le « fais ce que tu veux » était déjà un peu sous conditions, pour nous, depuis plus d’un an… et il y a une semaine vous vous êtes aussi bien faits comprendre à ce sujet. « Fais ce que tu veux, sauf ça dérange », plutôt, hein. Je connais la chanson.

    Toujours amer, Raol ne rajouta rien de plus pour le moment. Iel n’avait pas assez d’énergie pour débattre et puis, si Gabryel était aussi intelligent qu’il le prétendait, alors, il devait se rappeler ce que la grenouille pensait de lui, ou plutôt, des altissiens et des caldissiens en général.

    Après un petit moment, néanmoins, Raol se figura que le général avait été silencieux plus longtemps qu’à son habitude. Son regard doré parvint finalement à soutenir celui, violacé, du général qui lui semblait travaillé par quelque chose. C’est bien ce qui lui semblait, De Venomania n’était pas dans son état habituel.

    Ses bras entourant ses jambes repliées, la grenouille redevint attentives aux paroles du plus grand et se retrouva encore plus interloqué.e. Alors, l’autre n’allait vraiment rien lui demander en échange ?

    Je ne comprend pas… qu’est-ce qu’il veut, alors ? Pourquoi s’attarder là… ? Est-ce qu’il…

    La grenouille déglutit avec difficulté et ses pupilles s’amincirent légèrement.

    Est-ce qu’il essaie de me faire des excuses ?! Mais pourquoi ?! Je lui ait déjà dit que je me foutais de ses excuses et de sa pitié et que s’il le pense vraiment, lui et son armée d’abrutis devraient juste déguerpir de chez nous !!

    ...ça, ou alors, il est là juste pour le sport et pour me voir trimer, cet espèce de minable.


    Mais, la seconde hypothèse lui paraissait un peu absurde, même avec les propos sarcastiques de son interlocuteur sur sa prétendue ingéniosité. Du coup, la grenouille se contenta de souffler du nez et de retourner à tergiverser sur ses dernières réflexions.

    En pensée, Raol n’avait pas mentionné les civils, juste les militaires, cette fois-ci. Iel avait encore ce poids sur la poitrine en repensant à cette gamine aux mains brûlées et à la mésaventure avec Tomarik. Est-ce que, comme ellui depuis une semaine, le général était titillé par sa conscience, lui aussi ? Avant même qu’iel ne puisse comprendre, Raol sentit un semblant de compassion l’envahir… mais iel tenta de le dissiper immédiatement.

    Non… non. Ça n’a rien à voir. Je ne suis pas comme lui ou comme un de ces stupides militaires qui se servent de la force pour…

    « Vraiment ? » lui susurra une petite voix. « N’est-ce pas quelque chose que tu as déjà fait ? ». Les yeux terrifiés, injectés de sang et humides de l’altissien de la ruelle lui revinrent en tête, ainsi que le visage de l’Enodril qu’il aurait sûrement frappé jusqu’à ce que mort s’en suive si Ziyal n’avait rien fait. Sa gorge se serra et la nausée revint.

    Pourquoi est-ce que je… pourquoi est-ce que je faiblis… ? C’est ma mission. C’est inacceptable qu’ils soient encore ici, non ?! La cohabitation n’est… n’est pas… ce n’est pas possible, ça n’existe pas !

    Du moins, si elle existait, Raol n’était clairement pas prêt.e à l’accepter. Impossible. C’était… pour accepter la cohabitation, tant de choses étaient à assimiler, à changer, à… à accepter en ellui-même. Comme le fait, par exemple qu’en ce qui concerne son appartenance à la communauté eossienne, Raol ne s’est jamais vraiment senti.e--

    Non. Je suis eossien.ne. Point final. Sinon, je ne ferais pas tout ça.

    Est-ce que tout ça sert encore  à quelque chose ? Il sont plus forts que nous. Ils feront ce qu’ils veulent de nous. Pourquoi ne nous ont-il pas éliminés ? Ça nous aurait épargné tout ça. On serait retourné avec l’Eos au cœur d’Yggdrasil, ça nous aurait au moins donné une chance de renaître sans nous poser de questions.

    Le silence avait gagné le petit coin de rue où s’étaient retrouvés les deux trentenaires. Le regard de la grenouille retourna scruter le visage de l’autre, dont l’expression était clairement différente, désormais. Les lèvres du plus grand se mirent à articuler quelques mots, encore plus cryptiques que ceux d’avant. Saisi par les quelques signes d’humanité dont faisait soudain preuve le général, la grenouille ne put s’empêcher de réagir et d’articuler à son tour.

    « Quoi ? Le dragon… ? »


    Entendre parler d’un dragon lui mettait la puce à l’oreille. Gabryel aurait pu parler de n’importe quel dragon, après tout, il y en a, des dragons et des magimorphes, sur Elysia. Mais Raol, pour sa part, n’en connaît pas des dizaines, en dehors de Natsume et de sa famille. Et puis… il y avait que dans le contexte actuel, parler d’un dragon lea renvoyait forcément à l’émeute récente. Ses souvenirs étaient un peu flous, encore, mais…

    C’est vrai. Il était là aussi, lui.

    Raol se souvint avoir aperçu le général juste avait de s’enfuir avec Ziyal vers le dispensaire. Est-ce que Gabryel faisait vraiment allusion à Natsume sous sa forme draconique ? Iel porta une machinalement une main sur son bras bandé.

    « Natsume… »

    Raol avait vu son vieux pote (quoiqu’il n’était plus vraiment sûr d’avoir des potes, désormais) reprendre forme humaine puis, le temps qu’iel tourne la tête pour parler avec Ziyal, le magimorphe avait disparu on ne sait où. Avec les inondations, les jours qui avaient suivi étaient si chaotiques que lea Zeteki n’avait pas trop eu l’occasion de vérifier comment allait le Shimomura mais… l’animorphe l’avait aperçu aux alentours du sanctuaire mais n’avait pas osé lui adresser la parole, malgré le sang d’encre qu’iel avait pu se faire. La vérité, c’est que depuis quelques jours, Raol fuyait le contact humain plus qu’autre chose. Pour des raisons qui lui échappaient encore, depuis son « échange » avec la jeune « Juju », iel se dégouttait et longeait de plus en plus les murs.

    « Je l’ai revu. Il n’était pas… il avait l’air sain et sauf. »

    Physiquement, en tout cas.

    Mentalement parlant, Raol ne saurait s’avancer. Après tout… Natsume a toujours été du genre sensible. Malgré tout, la grenouille s’inquiétait encore pour ses concitoyen.ne.s. C’était plus fort qu’ellui, de se préoccuper du sort des personnes qui subissaient la même chose depuis plus d’un an. Mais… même comme ça, il lui semblait qu’iel s’éloignait chaque jour un peu plus de ces gens qui avaient constitué son entourage depuis fort longtemps.

    Pourquoi je lui raconte ça ?

    « Vous lui voulez quoi ? »

    Je ne sais pas ce que ça peut lui faire… est-ce qu’il en a vraiment quelque chose à carrer ? Par l’Inépuisable, c’est faire courir des risques à Natsume ! Autant que je sache, le général ouin ouin pourrait aussi en profiter pour faire un autre de ses coups foireux.

    Mais, parler de Natsume et indirectement des évènements récents avaient, en un sens, ré-ancré Raol dans la réalité. Iel se sentait plus calme, avait arrêté de trembler et de tripoter nerveusement sa pierre verte. Fronçant les sourcils, lea Zeteki envoya tout de même un regard d’avertissement plutôt, intense droit dans les iris nacrés du général, lui intimant en se penchant plus vers lui :

    « Ce n’est pas parce que je vous ait parlé de lui que vous irez l’emmerder. »

    Enfin, la grenouille soufflait et arrivait à respirer normalement. Sa peau était visiblement retournée à son état normal, ce qui était plutôt bon signe… la peur se dissipait un peu le stress aussi, donc, iel suintait un peu moins. Était-ce car le général en face d’ellui avait l’air tout aussi fatigué et affaibli… ? En continuant de se convaincre qu’iel était totalement incapable de ressentir la moindre compassion, lea Zeteki finit par détendre ses jambes et par se redresser pour se mettre debout. Son corps lui semblait encore engourdi mais iel pouvait se déplacer sans que sa tête lui tourne.

    « Il faut que je mange et que je boive quelque chose. »

    Fit-iel platement en s’éventant d’une main. Son regard se reporta sur le général encore assis en face de lui.

    Ça m’énerve. J’ai quand même l’impression que je lui dois quelque chose. Ça va me travailler si je ne fais rien pour ça.

    Un soupir exaspéré s’échappa de ses lèvres. Iel était trop fatigué pour emmerder son monde, pour une fois. Au moins, la boutique serait au calme. Et à l’ombre.

    « Vous allez rester planté là à contempler la vacuité de votre existence ? »

    Je trouverais bien une compensation sur le chemin. Fait chier.

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    foire et foirages en série. avec Gaby & Raol ♥ +

    Bon. Sauver cette foutue grenouille n'était peut-être pas l'idée du siècle finalement. Il aurait dû la regarder se dessécher en PLS dans un coin sombre et reculé d'Yggdrasil ou rien ni personne ne pourrait la retrouver. Mordant sa lèvre inférieure pour ne pas s'énerver contre l'exaspération et le déni du Zeteki. Enfin, le, la Zeteki, apparemment aucun des deux ne lui convenait. Était-iel toujours comme ça ? A refuser de s'avouer vaincu.e ? Ou était-iel toujours aussi idiot.e ? Gabryel ne lea comprenait décidément pas. Il s'apprêtait à pester et se barrer le plus loin possible, un poil vexé, mais les propos suivant de l'éossien.ne l'ont fortement retenu. En réalité, iel aurait pu dire n'importe quoi d'un minimum intéressant et/ou provocateur, Gaby serait resté. Lui-même ne savait pas trop pourquoi. Replié.e sur ellui même, tremblotant.e, perdu.e, iel semblait à la fois fort.e et si faible. A cet instant, le général eu la désagréable sensation de devoir rester à ces côtés, de ne pas lea laisser crever, qu'il s'en "voudrait". Pas qu'il en ai quelque chose à faire de ellui, juste que maintenant qu'il l'a sauvé, autant aller jusqu'au bout... Bon, il ne veut juste pas s'avouer qu'il l'aurait sûr la conscience s'il lui arrivait quelque chose. Il a déjà trop de choses sur la conscience à son goût et ça l'emmerde. Plongeant son regard dans celui de Raol, il le sonda un instant. Mais tout ce qu'il réussit à observer n'était qu'une sorte de force désespérée dont lea bijoutier.ère faisait preuve. Un nom raisonna dans la rue étroite. Natsume. Alors c'était lui, ce dragon ? Gaby ne s'attendait cependant pas à ce que saon interlocuteur.rice lui indique que le magimorphe allait bien. Au moins une chose à enlever dans la liste de tout ce qu'il se reproche.

    Iel ne brillait plus, lea Zeteki. Iel ne tremblait plus. Iel avait même avancé son corps pour lancer ce genre de regard intense et agressif que Gabryel appréciait. Le Venomania aimait bien cette manière de ne pas se laisser faire. La grenouille le faisait très bien. Par ailleurs, l'insolent.e se permit même de l'avertir oralement. Haussant les sourcils avec un sourire arrogant, le militaire leva les mains en l'air en signe d'innocence et de paix. Doucement, mais sûrement, la bestiole se remit debout. Encore un peu engourdi.e et maladroit.e. Toujours accroupis, le général leva ses yeux vers le visage de l'animorphe, puis fixa le sol. A la fois il se sentait d'humeur joueuse avec ce type et à la fois il lea méprisait grandement. Lui-même ne sait pas pourquoi. Iel a ce truc qui l'attire, évidement, mais à la fois il éprouve un sentiment de dégoût. Comme s'il rejetait tout ce qu'il peut y avoir de positif en ce qui lea concernait. Gabryel a toujours aimé le défi, les choses intouchables, les personnes qui ne se laissent pas faire, alors inévitablement Raol représentait à lui seul tout ce que le général ne pouvait s'offrir. Raol représentait l'impossible. Une remarque acerbe fut sifflée entre les lèvres de la grenouille. Iel ne se rend pas compte à quel point sa phrase le touche à cet instant. Tout lui semble si vide, si fade, iel n'aurait pas pu dire mieux. Soufflant à son tour, il se redressa, surplombant de nouveau saon partenaire. Du haut de son mètre quatre vingt huit, il l'analysa avant d'articuler, toujours ce faux rictus accroché tristement à sa face :

    « Ça y est, tu peux plus te passer de moi ? » Passant à côté de lui, sa moue moqueuse s'évanouie tandis qu'il s'étira un peu. « Je t'accompagnes jusqu'à ta boutique, ton collègue y est peut-être non ? Je te payerai quelque chose en chemin. »

    Sans forcément attendre de réponse, il jeta un regard par-dessus son épaule et fit un clin d'oeil à lea Zeteki. Commençant à marcher, il refit face à la foule. Pressée, bruyante, nombreuse. Il espérait simplement que la grenouille n'allait pas repartir dans sa panique. La main instinctivement posée sur son épée, le général brillait d'un bleu étonnant, les rayons du soleil illuminant sa tenue. S'approchant d'un stand, il acheta quelques fruits en se disant que ça suffirait à lea caler en attendant un vrai repas. Le Venomania lui tendit une pomme, tandis que lui croquait dans une poire. Avalant sa première bouchée, il prit la parole dans le brouhaha général :

    « Arrête de m'insulter en me vouvoyant, tutoie moi. »

    Il ne comptait pas en dire plus. Que dire de toutes façons ? Ses pensées sont encore trop emmêlées et tout ce bruit ne l'aide pas à réfléchir correctement. Honnêtement, il ne dirait pas non à une bonne choppe de bière. Ou deux. Ou cinq. Bref. Passant une main sur son visage, fatigué, il sentit ses yeux le piquer. Bordel. Ses pupilles violacées perdues dans l'immensité de la foule, il était passé en pilote automatique et ne réfléchissait plus à ses faits et gestes. Il était crevé. Il voulait juste s'asseoir. Il ne se sentait plus lui-même. Il avait besoin que cette foutue grenouille l'insulte, qu'il puisse répondre avec sarcasme, penser ne serait-ce qu'un instant à autre chose. Il avait juste envie de reprendre son masque de général de l'armée caldisienne, imperturbable, froid et chieur.
    Il avait besoin de quelqu'un capable de le faire redevenir lui. Et ce quelqu'un, ça ne pouvait être que Raol Zeteki.
    kyro. 017 ldd

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    Foire et foirages en série

    Avec
    Gabycyclette



                

    Hi, welcome to PLS-land.

    La grenouille fut honnêtement surprise de voir que le militaire n’avait réellement pas l’air de vouloir chercher des ennuis à Natsume. Malgré ellui, cette réalisation permit à Raol de se détendre un peu. Cependant, iel restait prudent, sachant la tendance certaine du général à la dissimulation. Bah, oui, sa mémoire n’est pas totalement pourrie et l’animorphe se rappelle bien de leur première « rencontre » (si on peut appeler ça comme ça) : pour faire des sourires, jouer au plus con ou sortir des phrases creuses, le Venomania est doué… Mais si on le pousse un peu trop dans ses retranchements et que le masque se fissure, l’homme aux cheveux nacrés dit un peu plus le fond de sa pensée. Souvent, ce n’est pas franchement agréable à entendre.

    C’est écrit sur sa tronche, aussi, qu’il pense l’inverse de ce qu’il raconte.


    Quoique, avec cette histoire de dragon et ce dernier échange, Raol n’avait plus autant cette certitude. Mais bon, en un sens, iel n’avait pas envie de faire l’analyse complète du comportement de Gabryel ce serait… iel n’avait pas envie d’essayer de le comprendre, même si le fait qu’il se soit montré un peu vulnérable devant lui lea titillait un peu. Peut-être est-ce juste de la projection. Ellui-même était vulnérable alors voir l’autre vulnérable l’enerve au plus haut point alors que ce qui l’agace, c’est surtout sa propre faiblesse.

    Bras croisés sur son torse, la grenouille surveilla attentivement le général qui se leva à sa suite, balançant ses dernières paroles sans se douter qu’elles allaient atteindre le général plus qu’iel ne l’aurait cru. Enfin, l’autre devait se sentir mieux, car il se remettait à faire des vannes stupides et à provoquer. Raol leva les yeux au ciel en lâchant un soupire exagérément long et irritant, mais iel ne peut s’empêcher de penser qu’il préférait un peu cette attitude au moment ou l’autre l’avait examiné à la loupe alors qu’iel tremblait face au sol.

    Mais, évidemment, Gabryel allait profiter de l’occasion pour se remettre à l’aise et… bon, disons que Raol interprêtait sa « sollicitude » et les choses qu’il allait lui offrir comme des stratagèmes censés l’amadouer comme s’iel était un petit animal de compagnie.

    « J’ai ce qu’il faut à la boutique-- Hé !! »


    Évidemment, Gabryel ne l’avait pas entendu et ne l’aurait sans doute pas écouté.e de toute manière. Il était déjà reparti vers un étalage du marché pour acheter des fruits. Raol sentit qu’iel se tendait en se rapprochant de la foule et ne fut pas assez rapide pour rattraper l’autre, car son corps et son esprit gardaient encore le souvenir de sa crise et… bon, Raol détestait ça mais iel n’eut pas d’autre choix que de rester à l’écart et regarda ailleurs pour ne pas voir le général « lui payer » quelque chose.

    Raol croisa de nouveau les bras et pinça les lèvres en regardant ailleurs. Iel marmonna des « gmrgmrmblblbl » exaspérés dans son coin et vit que l’autre était revenu vers ellui en lui tendant la pomme fort appétissante qu’il venait de se procurer.

    Oh, non.

    Raol adorait les pommes. C’était un de ses aliments favoris, à vrai dire (après les tomates cerise). Aussi, iel saliva et déglutit sans pouvoir s’en empêcher à la vue du fruit. Son ventre se mità gargouiller bruyamment, aussi. Raol détestait ça mais, iel en avait besoin. Un peu de sucre ne pouvait lui faire que du bien après tout ça. Aussi, sa main vint chiper rapidement la pomme dans la paume du Vénomania. Qu'est-on, pauvres mortels, face à l'appel de la faim, après tout ?

    Non. Je ne dirais pas « merci ». Faut pas pousser mémère dans les orties, ça doit déjà lui faire trop plaisir.

    Iel croqua dans la pomme juteuse et ne put retenir un « hmm » plutôt émerveillé en constatant comme manger ce fruit était agréable. C’est là que Grabyel se remit à geindre, enfin, à dire des conneries. Raol termina de mâcher et d’avaler et fixa longuement l’autre qui lui demandait, lui ordonnait, plutôt, de le tutoyer.

    On a jamais le choix avec lui. Qu’est-ce qu’il m’énerve.

    Un sourire provocateur revint sur les lèvres de la grenouille qui lança alors, sans vraiment le vouloir, un regard intense de défi à son interlocuteur.

    Arrêter de l'insulter et me priver d'un tel plaisir ? Oh, non alors...

    Son ton redevint des plus condescendants.

    « En Eos, tutoyer son prochain est une marque de sympathie et de respect. »


    Oh, oui, la grenouille s’en donnait un peu à cœur joie, maintenant qu’iel avait retrouvé assez de force pour reprendre son habituel ton mielleux. S'iel fanfaronnait, ce n'était qu'une stratégie de défense à laquelle iel s'était tristement habitué.e. Raol croqua une nouvelle fois dans la pomme, laissant quelques longues secondes à Gabryel pour méditer ses derniers propos. Après ça, iel se retourna et désigna une rue parallèle.

    « Par ailleurs, vous vous trompez de chemin. La boutique est par là. »

    Raol nargua le plus grand et iel eu l’air très fier.e d’ellui. Se contenter d’appuyer sur un seul « vous » ? Ça ne lui plaît guère. Deux, par contre… Bref. L’amphibien n’avait pas oublié que Melchior l’avait à la base envoyé chercher quelques stocks. Aussi, si le gobelin voit le général, il allait encore lui faire son numéro de « huhuhu, bonjour général vous êtes très en beauté aujoiurd’hui »… il faut vraiment que cet andouille cesse de développer des crush sur tout ce qui est identifié comme masclulin, a une conscience humaine marche et parle. Franchement, Raol n’avait aucune envie d’assister une nouvelle fois à ce cinéma, comme la fois où les deux joalliers s’étaient retrouvés à affronter des lapins en chocolat avec cet abruti de général.

    « Melchior est occupé à la grande foire mais je dois aller chercher des choses au magasin. »

    Expliqua simplement la grenouille en prenant le chemin vers le magasin. Iel continuait de se délecter de sa pomme tout en marchand et espérait aussi se délecter de l’éventuel agacement de Gabryel.

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    La grenouille semblait apprécier les pommes et Gabryel en était satisfait. Il n'allait pas non plus tout lui acheter jusqu'à ce que ça lui convienne ! Il lui avait jeté en regard en biais lorsqu'iel croqua dans le fruit juteux et poussa un petit soupir d'appréciation. Souriant légèrement en constatant que lea éossien.ne ne perdait pas ses bonnes manières hautaines, il l'imita dans son geste et se régala, lui, d'un morceau de poire. Suite à la petite phrase du militaire qui, disons le franchement, sonnait comme un ordre, l'animorphe sembla revigoré puisqu'iel se remit à sourire de façon sarcastique. Affrontant son regard, le trentenaire fut surpris de l'intensité de celui-ci. Iel lança une jolie pique et le général ne pu s'empêcher de presque s'étouffer avec le morceau de fruit qu'il avalait. Bon sang, cette enflure est plein.e de ressource ! Il tenta de camoufler son rire qui se transforma en une sorte de gloussement. Avançant tête baissée pour dissimuler son long rictus, il trouvait tout cela drôlement apaisant. Dans le sens où Gabryel estimait si peu Raol que par conséquent il n'arrivait même pas à être vexé de ses propos ou énervé. C'était juste... amusant ? D'un coup, celui à la tignasse argentée releva brusquement la tête en entendant les dernières paroles de la grenouille. Faisant des allers-retours avec sa tête vers la rue qu'il empruntait et celle qu'il fallait réellement emprunter, il leva un sourcil. Pff, iel m'a déconcentré aussi. Il ne dit cependant rien et leva les yeux au ciel en l'entendant forcer sur le second "vous" de sa phrase. Iel semblait ne jamais lâcher l'affaire et étrangement Gaby trouvait ça plutôt sympathique. Pour une fois que tout ne lui tombait pas tout cuit dans le bec. Cela lui permettait au moins d'avoir du fil à retordre, pour une fois. Suivant Raol jusqu'à son magasin, le militaire faisait des petits bouts dans sa main de poire et les lançaient à travers la petite ruelle. Il espérait voir des oiseaux venir les prendre et il fut très heureux d'en voir un se poser au sol. Tout content, il lâcha un petit « Anhw. » sans faire exprès. Toussant un peu, il espérait au fond de lui que l'autre acheteur.euse de pierres ne l'avait pas entendu...

    Ils arrivèrent tous les deux au fameux magasin. Ce même bâtiment que Gabryel avait protégé avec l'aide de Raol et son collègue d'une attaque de lapins chocolatés. Quelle histoire, tout de même... Au départ silencieux, il laissa lea gérant.e des lieux faire ses affaires et s'adossa à la porte d'entrée. Il ne savait pas trop ce qu'il attendait pour partir, mais quelque chose le retenait. Il s'imagina quelques scénarios. Premièrement, il se voyait partir sans rien dire et laisser l'animorphe en paix. Deuxièmement, il pensait pouvoir trouver un sujet pour ricaner encore sur ellui. Et troisièmement... Il ne sait pas. Il était tiraillé entre le fait de rester et partir. Après tout ils n'ont plus rien à se dire. Le regard perdu dans le vide, les bras croisés, il fermait pour une fois sa bouche. Prenant une petite bouffée d'air frais, il s'approcha d'un pas, puis finalement recula, incertain. En fait, il ne savait pas quoi faire. Il hésitait entre dire des conneries et être sérieux. Finalement -pour pas paraître trop con- il commença à s'avancer et entra dans la boutique. Jetant des petits regards par-ci par-là, il jaugea l'intérieur. Bon, ce n'était pas splendide, mais ça avait son charme... Non ? Gaby n'a juste pas l'habitude cela, voilà tout. Cependant, l'endroit était propre et ça c'était un bon point. Bref, il n'est pas là pour faire une visite immobilière. Il allait lui demander bêtement si ça allait mieux, mais il se doutait que sa réponse ne serait certainement pas la vérité. Il commençait à doucement saisir son caractère et sur le fond ils se ressemblaient un peu. Ils arboraient tous les deux un faux visage pour paraître confiants et forts, mais ça n'était clairement pas toujours le cas et si pour Raol son vrai visage a été découvert aujourd'hui, Gabryel lui le perdait lorsque l'alcool se mêlait à son sang. Il avait déjà légèrement tâter le sujet lors de sa première rencontre avec Klaus, mais aussi lorsqu'il a fini en sale état avec Samaël. C'était très peu et peut-être même les deux hommes ne l'avaient pas remarqué, mais pourtant le général caldissien avait communiqué ses vrais sentiments. Bref, il avait l'impression de ressembler à Raol sur ce point, mais si on lui disait cela il rétorquerait quelque chose comme : "moi ? Ressembler à ce truc là ? J'crois pas non. J'préfère mourir que lui ressembler."

    « Mon père aimait beaucoup les pierres précieuses... Je n'ai jamais forcément compris pourquoi. Je crois qu'il me disait quelque chose comme : elles sont toutes uniques et pleines de surprises, il n'y a jamais de routine avec les pierres. Et à l'époque je comprenais pas vraiment... »


    Il en parlait au passé pour la seule et unique raison que son père changeait. Il n'était plus le même qu'avant et année après année il semblait sombrer dans quelque chose dont Gaby ne savait rien. Il avait l'impression de le perdre. Il avait la sensation que le Sebastian qu'il admirait tant n'était plus aussi bon qu'avant. Ça l'effrayait un peu... Sa famille, c'est tout ce qu'il a.

    « Mais depuis l'incident des lapins, je crois comprendre ce qu'il voulait dire par "pleines de surprises". » Il souffla doucement du nez avec un petit sourire. « Il aurait sans doute aimé cet endroit, enfin bref. Vous n'avez pas eu de dégât à cause des inondations, ici ? Entre ça et le coup des chocolats mutants... Yggdrasil n'est pas gâté ces temps-ci. »


    Bon, ça pouvait sonner comme "j'ai pas d'idée de quoi parler alors je dis ça", mais en réalité il s'en souciait vraiment puisque cette foutue Aloe Ackerman ne voulait rien lui dire tant qu'il ne lui donnait pas quelque chose d'important en retour, tss les politiques. Sa dernière phrase, néanmoins, portait un lourd sous entendu. Il faisait clairement référence à l'émeute, l'exécution, bref... Il s'imaginait que Raol se fichait bien de ce qu'il disait et qu'il pensait quelque chose comme : "fout moi la paix et dégage" et si c'était vrai ça l'amusait d'autant plus de rester pour l'agacer. Ses yeux lavandes se posèrent un instant sur l'animorphe, cherchant à sonder son esprit pour savoir à quoi iel pensait... Mais il n'y arrivait pas. Il était lui-même trop perdu pour analyser les autres.
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    Foire et foirages en série

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    Ses jambes se mirent machinalement à prendre la direction du magasin. Raol connaissait le chemin sans trop y penser. Iel était plus questionné par le fait de laisser le général marcher derrière ellui. C’est qu’iel lui avait, peut-être, implicitement, proposé de l’accompagner… ? Mais la grenouille n’envisageait pas que l’autre allait vraiment lea suivre.

    Probablement qu’il va juste en profiter pour continuer de l’emmerder. Eh. S’il me donne des raisons de lui rabattre le clapet je ne dis pas « non ».

    C’est surtout que Raol ne supportait pas d’en devoir une à son interlocuteur aux cheveux nacrés. Alors, iel se disait que peut-être, au magasin, iel trouverait quelque chose pour rembourses sa « dette ». Peut-être que Gabryel s’en fichait et n’y pensait même pas, mais, la grenouille est bien trop fière pour ne pas en faire une obsession. Ça lea travaillera dans son sommeil si iel ne fait rien contre ça. C’est une manière, aussi de se dire « pas la peine de penser à cette personne » si je n’ai rien à faire avec elle. Évidemment, les choses étaient déjà plus complexes que ça. Raol ne comprenait déjà pas pourquoi le militaire lui était venu en aide et avait l’air aussi travaillé par son état et par les évènements récents.

    Roh, je m’en fous. Il avait qu’à pas être au mauvais endroit au mauvais moment !

    En s’égarant dans sa mauvaise foi et ses ruminations, Raol arrivait finalement devant la porte de la boutique qu’iel ouvrit avec sa clé. Iel entra sans proposer à l’autre de lea suivre et cela tombait bien : Gabryel resta sur le pas de la porte. Ignorant sa paranoia et son impression d’être surveillé, Raol vaqua à son rangement et sortit une petite caisse pour la remplir des fournitures sollicitées par Melchior. Pendant ce temps, il fouilla un peu dans les gemmes magiques qu’iels avaient en surplus. L’une d’elle pourra peut-être rembourses sa dette auprès du militaire.

    Le général, d’ailleurs, était finalement rentré. Derrière son comptoir, la grenouille leva les yeux vers son « visiteur » et l’avertit :

    « Touchez à rien. »

    Pourquoi je lui dit ça ? Maintenant il va vouloir toucher à tout.


    En grognant, Raol se remit à ses recherches en ouvrant les placards et en faisant des aller-retours vers l’arrière boutique. En revenant dans la pièce principale, l’animorphe constata que le caldissien était redevenu pensif. Celui-ci lui fit d’ailleurs part de ses divagations.

    Pourquoi il me parle de son père… ?

    Cela dit, Raol sourit malgré ellui en coin en entendant les propos rapportés du paternel De Venomania. Cela ne lui rendait pas le personnage sympathique, mais iel comprenait ce point de vue.

    « C’est vrai. »


    Confirma la grenouille en gardant les yeux rivés sur sa boite. C’est vrai que les pierres sont toutes différentes. Que ce soit à l’état brut, taillées ou polies. Elles trouvent toutes leur place sur un bijou,  dans la poche de quelqu’un, en décoration, chacune d’une manière particulière. Raol ne croit pas vraiment aux pouvoirs de pierres si elles ne sont pas des gemmes magiques, mais force est de constater que tous ces cailloux ne laissent pas grand monde totalement indifférent. Il y a tellement de légendes autour des cristaux et des pierres précieuses… depuis tout.e petit.e Raol est fasciné par la richesse de l’histoire et des croyances concernant ces fameuses roches de toutes les couleurs.

    Le général ré-évoqua l’incident des lapins en chocolat que Raol était assez content.e d’avoir temporairement zappé. Depuis, leurs gemmes magiques étaient conservées sous clef, histoire d’éviter d’autres maladresses de manipulations.

    S’il les trouve si rigolotes, alors…

    La grenouille emballa quelques gemmes dans un petit sac et le lança au général pour qu’il les attrape.

    « Tenez. C’est des gemmes magiques d’apaisement. »

    Ça vous rendra peut-être moins chiant.

    Blague à part, ces gemmes sont parfois prescrit contre le stress ou pour guerrier les états enragés ou anxieux déclenchés par des sortilèges. Raol en a déjà fait l’usage et ce n’est pas trop mal, sur le court terme. Ça l’a déjà aidé à s’endormir plus facilement.

    J’espère que maintenant, je ne lui devrais plus rien.

    Tenta de se persuader la grenouille dorée qui ne se sentait toujours pas très satisfaite. Elle avait presque terminé de rassembler ses affaires quand l’autre changea de sujet, parlant des inondations et du fait que la vie n’était pas simple dans la cité d’Eos ces derniers temps. Décidèment… on dirait presque que cela ne travaillait. Raol ne put que lâcher un soupir passablement exaspéré.

    Il se pose des questions sur Yggdrasil et les personnes qui y vivent, maintenant ? Wah… Il veut un susucre ? Il voudrait que je le rassure ?


    Blasé, Roal offrit un regard lassé à son interlocuteur, ne sachant pas ce qu’il attendait comme réponse.

    « Bah… comme vous voyez, non. »

    Pourquoi il pose des questions dont la réponse est évidente… me dites pas qu’il essaie de faire la conversation ?

    « Le quartier des affaires n’a pas été trop touché. Pas notre coin en tout cas. » Pour elllui-même, iel reprit en marmonnant : « Encore heureux, à cause de cette foutue eau salée, ça m’a gratté pendant une semaine... »

    Les mains crispées sur sa boite, la grenouille se rendit compte que le tout était un peu lourd. Avec un « humph », iel sépara ses fournitures pour remplir une autre boite. « Yggdrasil n’est pas gâté ces temps-ci »… cela rapellait à Raol que les rumeurs allaient bon train dans les quartiers Eossiens, depuis l’exécution. Beaucoup avaient vu un signe dans l’apparition des sirènes et l’irruption de ces grosses quantités d’eau pour balayer la place. Un avertissement à l’adresse des caldissiens et des altissiens, peut-être ? Raol ne savait pas encore comment se positionner mais une chose est sûre : cela lui semblait impossible que l’Eos et l’Arbre Sacré apprécient ce qui se passe dans la cité millénaire depuis plus d’un an.

    « Pas gâté ? C’est comme ça que vous le voyez… ? Ce qui est sûr, c'est qu’on avait rien demandé à personne, nous. »


    Le ton mielleux et passif-agressif de la grenouille ainsi que ses regards d’avertissement en disaient long sur son absence d’envie de s’en aller dans ces débats avec le général. Iel sortit de derrière le comptoir avec sa caisse et la tendit au plus grand.

    « Rendez-vous utile ou ne faites rien du tout. Il faut choisir. »


    Et ce n’est sûrement pas à moi de vous mâcher le travail si vous avez des dilemmes personnels dans votre vie de gros riche.

    L’air toujours aussi hautain et superficiel, l’animorphe partit chercher l’autre caisse puis se dirigea vers la sortie. Normalement, iel avait tout ce qu’il fallait. Iel ne profita pour avaler ce qui restait de son trognon de pomme et pour conserver les pépins dans un petit sac de graines. En sortant, Raol regarda Gabryel avec sa caisse et son sourire de tête à claque revint.

    « Vous cassez pas le dos, hein, z'êtes plus tout jeune. »

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    Au départ, Gabryel voyait Raol comme quelqu'un de complexe, d'indéchiffrable et de contradictoire. Il lui a laissé bien des chances. Il s'était dit qu'iel pouvait être intéressant.e. Mais là, à ce moment précis, le caldissien était purement et simplement déçu. Pas dans le sens où il s'attendait à quelque chose. Simplement, il s'imaginait que derrière cette couche de sarcasme et de chieur se cachait quelque chose de plus profond, de plus alléchant. Mais non. Alors, certes, l'éossien.ne a le mérite de donner envie à Gaby d'insister car il apprécie le défi -et qu'il veut se prouver une nouvelle fois qu'il peut toujours tout avoir-, mais là il ne voyait plus rien en Raol. Simplement un type paumé à la langue tranchante. Iel cause beaucoup, mais ne fait pas grand chose. Iel est décevant.e, simplet, ennuyant.e et têtu.e. Iel m'emmerde, iel était intéressant.e au début, mais ce n'est plus le cas, alors pourquoi je m'entête ? Iel lui a lancé un sac de gemmes, sois disant d'apaisement. Venant de Raol, il a dû mal à croire à la véracité de ses propos, mais soit. Il voulu lancer une réplique cinglante, mais finalement il se contenta de rester silencieux. A quoi bon ? Iel n'en vaut plus la peine. Iel lui avait donné cela pour ne plus avoir de dette. Au fond, le général le savait, mais il s'en fichait un peu. Sans doute qu'il aurait fait lui-même quelque chose de semblable.

    Elle grognait dans son coin, la grenouille. Un sourire sarcastique vint rapidement sur le visage du militaire lorsqu'il s'imagina lui balancer les gemmes à la tronche et les lui faire avaler. Iel en avait plus besoin que lui. Gabryel détestait son air blasé. En fait, à ce moment, il détestait tout venant d'ellui. Il serra la mâchoire lorsqu'iel lui répondit avec son ton condescendant. Il avait l'impression d'être prit pour un idiot. Lui-même se demandait jusqu'à quand sa patience tiendrait. Encore une fois, iel se plaignait. Iel se plaignait pour ellui. Pas pour les autres. Iel se disait protecteur des éossien.nes, mais au final iel ne pensait qu'à ellui. Gaby ne l'écoutait plus qu'à moitié, se contentant de lever les sourcils, ennuyé. Lorsque Raol sortit une énième remarque en retournant les paroles du général contre lui, il claqua sa langue contre son palais, agacé. Iel ne sait absolument pas comment il trime pour empêcher les plus grands de tous les foutre en geôles ou tous les buter. Iel ne sait rien et iel se permet d'essayer de prouver qu'iel lui est supérieur à chaque fois qu'iel parle. C'est quoi son but au juste ? Iel est devenu xéno parce qu'iel n'avait aucune passion ? Qu'iel trouve une occupation, ça lea détendra. Iel ne voit pas plus loin que le bout de sa haine. Pour quelqu'un qui n'a pas vécu vingt années de guerre, iel fait bien la victime. Iel n'en a pas marre, à force ? De se mettre volontairement à cette place d'inférieur ? C'est quoi ça ? Un complexe d'infériorité ? Iel est tellement susceptible. Tellement exaspérant. Tellement-. Bouillonnant intérieurement, Gabryel se retenait fermement de montrer sa colère. A quoi cela servirait ? Il estime que Raol n'en vaut aucunement la peine.

    L'animorphe lui dit ensuite de soit se rendre utile, soit de ne rien faire, mais iel ne lui laissa même pas le temps de répondre. En sortant de la boutique, une caisse à la main, il croisa le regard de la grenouille. Ce sourire hautain. Bordel, il est contagieux. Gaby aurait voulu faire la tronche un peu plus longtemps, mais il s'avère qu'il aime un peu trop jouer aux jeux dangereux. Néanmoins, les paroles de l'éossien.ne touchèrent une corde sensible. Son âge. Bien décidé à régler ses comptes, le général posa la caisse à ses pieds et croisa les bras sur sa poitrine en transperçant du regard Raol, un sourire mi-sournois mi-arrogant sur le visage. Le dévisageant, le militaire lui répondit :

    « T'as raison. Il vaut mieux que tu fasses un aller-retour. Je vais éviter de me blesser après tout, moi, on a besoin de moi. » Le toisant de la tête au pied, il continua en le pointant du menton. « C'est quoi ton problème, au juste ? T'es si peu important pour les autres que t'en deviens infect ? C'est presque inhumain d'avoir si peu d'estime de soi. Je plains ton collègue. Et rassure toi, t'as aucune dette à avoir, moi j'agis par simple humanité, pas par intérêt, contrairement à d'autres. Pense ce que tu veux de nous, caldissiens & altissiens, je n'en ai pas grand chose à faire, mais cesse de croire que tu sais tout. La plupart de ceux que tu maudis ont vécus des choses que ton petit esprit fermé ne peut s'imaginer. Mille années de guerre et est-ce-que tu en entends un de nous se plaindre ? Non. On a pas besoin de se victimiser, nous. On assume, tout simplement. Mais, vas-y, rétorque encore une de tes répliques toutes construites que je rigole un coup. »


    Bon. C'était sorti, certes, mais il aurait peut-être dû le formuler autrement. Cependant Gabryel estime qu'il n'a rien à devoir à Raol et que par conséquent il peut lui parler comme il le souhaite. Ils ne sont ni amis, ni collègues, ils ne sont rien l'un pour l'autre, alors il ne risque strictement rien à lui parler ainsi. Après tout, il s'en fiche d'ellui, non ? En tout cas, Gaby n'allait sûrement pas aimé sa réponse et n'allait sans doute l'écouter que d'une oreille. A quoi bon ? Ce.tte gamin.e est frustré.e et but.ée dans ses idées. Toujours le même rictus arrogant sur le visage, il fixait droit dans les yeux cette foutue grenouille.

    Spoiler :
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    Hi, welcome to PLS-land.

    /!/ TW : c'est très la malaisance et la manipulation /!/

    Raol aimait pousser les gens à bout. Du moins, depuis un temps, iel y prenait clairement goût. Faire craquer les gens, leur faire perdre le contrôle sur leur décence a quelque chose d’addictif, pour la grenouille toxique. Quand on a aussi peu de confiance et de contrôle sur soi, comprendre que nos propos peuvent produire un effet de provocation gratuite et méchante sur les autres, jusqu’à gratter leurs dernière limite avant qu’ils n’explosent, c’est satisfaisant. De cette manière, en les voyant s’énerver, Raol peut se dire sereinement :

    Vous voyez, ce n’est pas moi qui ait un problème, ce sont eux. Ce n’est pas moi qui ne peut pas me retenir de hurler sur les autres à la moindre insatisfaction. Ce n’est pas moi qui ait des choses à me reprocher : si tout le monde réagit aussi vivement, a aussi peu de résistance, c’est parce qu’ils ont des choses à se reprocher, pas vrai ?

    Ah et évidemment, il est plus facile, en public, de lancer la pierre sur la personne qui craque et s’énerve que sur la personne qui reste calme, sans rien dire. Peu importe la complexité de la situation initiale ou même la culpabilité ou la non-culpabilité des partis présents. Il devient évident que Raol ne cherche pas à faire éclater la vérité ou des faits, ni même la « justice » pour les eossien.ne.s comme iel le prétend si souvent. Iel cherche juste à renvoyer la faute sur d’autres. Et au final, si on l’accuse, iel pourra toujours dire « mais ce n’est pas ma faute, c’est elleux qui ont insisté ! ».

    Oh, au final, Raol n’ira pas prétendre que les mots de autres ne peuvent pas l’atteindre. Mais peut-être est-ce ce qu’iel cherche aussi. Qu’on lea méprise. Qu’on lea laisse seul.e, car iel pense avoir assez de force pour supporter d’être totalement isolé. Lea Zeteki voyait bien que Gabryel ne disait plus rien depuis un moment, qu’il s’énervait de ses remarques hautaines. Qu’il craquerait peut-être, lui aussi.

    Mais qu’est-ce que cela peut bien me faire ? On ne se connaît même pas. Ce n’est qu’un foutu militaire comme tous les autres. Est-ce qu’il pensait que je lui serait réellement reconnaissant.e ? Que je développerais de la sympathie pour lui ? Je flaire le piège. Il y a toujours un piège derrière les gestes apparemment désintéressés.

    Ce fut visiblement la remarque sur l’âge du militaire qui fit déborder le vase pour de bon. Raol se retourna et l’observa intensément, profitant presque du spectacle sans trop l’assumer. C’était malsain. Ce n’était même pas agréable, de l’entendre vider son sac, mais… c’est ce que la grenouille attendait un peu de produire comme effet, sans vraiment savoir pourquoi elle faisait ça.

    Pourquoi est-ce qu’il a autant besoin d’insister qu’il a agi par simple humanité ? C’est bien la preuve qu’il attendait quelque chose… ou pas ?


    Les propos qui suivirent eurent au moins le mérite de changer le sourire hautain de l’animorphe en  expression des plus neutres et indescriptibles.

    Pourquoi vivrais-je mal le fait de ne pas être important.e ? Je m’en fiche. Je ne suis pas comme lui. Je n’ai pas besoin de validation. Avoir de l’estime de soi, c’est bon pour les gens comme lui, qui ne pensent qu’à se mettre en avant. Je n’en ai pas besoin, je suis là pour travailler, moi. Et pourquoi me parle-t-il de Melchior ? Melchior, toujours Melchior ! Tss…

    Pour mieux supporter les mots qui déversaient du sel sur certaines blessures à vif, Raol commença sa gymnastique mentale pour se mentir à ellui-même, se persuadé qu’à la limite, ces propos ne lui étaient même pas adressés.

    Un soupir lui échappa quand l’autre lui parla de la guerre. Pour le coup, iel ne comprenait pas pourquoi Gabryel lui parlait de ça. Avait-il besoin de se plaindre ? Les expériences n‘étaient même pas comparables. Au final, Raol avait presque l’impression que… que le général s’attendait à quelque chose de  sa part. A autre chose que du mépris et de la condescendance. Muet.te quelque instants, Raol finit par pencher la tête sur le côté. Ses sensations semblaient comme asceptisées. Comme à chaque fois, lorsque quelque chose lea dérange et qu’iel refoule de toute ses forces, il ne reste plus rien d’autre que cette expression impassible, comme confuse, étrangère à tout ce que Raol peut commettre comme manipulations ou comme dégâts sur les autres en pensant se préserver.

    « Donc... j’imagine que je vais me charger des caisses seul.e ? C’est bon, je vais m'en sortir. »

    Iel posa sa première caisse sur le sol, puis pris celle de Gabryel pour l’empiler par-dessus, afin de charger ses bras avec les deux quand iel s’en irait. Mais avant ça, iel épousseta sa tunique par réflexe et toisa le général encore un petit moment.

    « Pas la peine de faire cette tête. Qu’est-ce que vous attendiez de moi, en fait ? Je vous ai déçu ? Désolé, mais je n’y peux rien. Vous m’avez suivi et vous avez choisi de vous mettre dedans, moi, je crois avoir été assez clair.e avec vous : je ne vous aime pas et je ne vous apprécierais jamais. »

    La grenouille haussa les épaules, plissa les yeux et se baissa pour ramasser ses caisses.

    « Mais, peut-être est-ce ma faute aussi, peut-être ne vous l’ai-je pas assez fait comprendre la première fois qu’on s’est vus. »

    Est-ce qu’il s’est dit que j’avais changé d’avis ? Mais il ne me connaît même pas ! Il pensait réellement qu’on pourrait être amis, ou quelque chose comme ça ? A quel point doit-il se sentir seul pour me demander ça, à moi ?

    La grenouille n’arriva pas à sourire à nouveau. On ne veut pas être pote avec elle souvent. Raol mentirait si iel prétendait que cela ne la heurtait pas, qu’iel n’avait pas ce besoin d’attention positive de temps en temps.

    Mais ce n’est pas pour moi. Quand j’ai ça je… de toute façon, je détruits tout. Il a au moins raisons sur un point : je n’ai rien à offrir. C’est comme ça. Ce n’est ni une bonne, ni une mauvaise chose.

    Pourtant, derrière toutes ces couches de déni, Raol avait mal à la poitrine. Iel avait un nœud dans la gorge qui ne partait pas. Une voix dans sa tête à faire taire qui lui répétait en bouche : « pourquoi ne pas lui donner une chance ? », « est-ce que tu le déteste vraiment ? ».

    Une brûlure de déception, d’abandon et d’exaspération envers ellui-même, contre laquelle iel ne pense pas pouvoir lutter. Pourquoi ne pas faire comme Melchior et tenter de cohabiter malgré tout, même si ça fait mal à la fierté ? Pourquoi ne pas laisser sa chance à Gabryel aussi ? Pourquoi ne pas croire que derrière ces taquineries, il y avait peut-être la possibilité d’une relation plus sincère ?

    « Même si cela me navre pour elleux, il y a des tonnes d’autres eossien.ne.s qui voudront bien faire copain-copain avec vous. Moi, je n’ai rien à vous offrir. »

    Iel leva les yeux vers le soleil, toujours aussi impassible qu’un golem auquel on aurait pas appris d’autres expressions que la neutralité.

    Je dois rejoindre Melchior.

    « Bien. Bonne journée. »

    Vite. Je dois y aller. Sinon je continuerais d'avoir mal. C'est sa faute. Il ne me piègera pas. Je ne me remettrais pas dans cette situation. C'est... ce n'est pas moi, je... je l'avais prévenu !

    Sur ces mots lancés avec un accent des plus plats, presque sarcastiques, la grenouille tourna les talons, s’éloignant lentement avec ses caisses sur les bras. Ce ne serait pas sa première fuite, ni sa dernière.

    Bllblblb :

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    foire et foirages en série. avec Gaby & Raol ♥ +

    Ce qui énervait le plus Gabryel lorsqu'il était en face de Raol, c'était très certainement qu'il s'imaginait sans grand mal avoir les mêmes propos que ellui. Il avait l'impression de se confronter lui-même et ça l'agaçait fortement. Comme quoi, il n'arrivait qu'à moitié à se supporter. Les soupirs de la grenouille étaient contagieux et le général ne pouvait que froncer les sourcils face à la manière d'être de saon interlocuteur.rice. Il se surprit même à plisser les yeux en gesticulant sa tête de droite à gauche, éberlué par le comportement de cellui qu'il avait retrouvé quelques temps plus tôt à moitié en train de dessécher. Certes iel ne lui devait rien, mais il espérait tout de même ne pas se faire traiter ainsi. Qu'avait-il fait pour mériter un tel châtiment ? S'iel voulait jouer à celui qui sera le plus salé, iel allait être désagréablement surpris.e. Le militaire l'observa quelques instants prendre entre ses bras frêles les caisses, l'air nonchalant.e. Croyait-iel réellement faire bonne figure ? Se sentait-iel fort.e dans une telle situation ? Gaby en était presque dégoûté. C'est quoi c'type, sérieux ? Tandis qu'ils se dévisageaient tous les deux, lea joaillier.ère reprit une nouvelle fois la parole, tout aussi arrogant.e qu'auparavant.

    Apparemment, la trogne habituellement angélique de celui aux cheveux argentés ne devait plus l'être puisque lea Zeteki y avait détecté assez aisément ses sentiments profonds. Déçu ? Ce n'était qu'à moitié le bon mot. Il tentait de se persuader qu'il n'attendait, de toutes façons, strictement rien d'un.e énergumène comme ellui. Qu'est-ce-qu'un.e éossien.ne pourrait lui apporter ? Il n'avait pas besoin d'ellui pour se sentir bien. Sa langue claqua contre son palais lorsqu'iel eu finit sa première phrase tranchante. Iel ne l'aimait pas et ne comptait jamais l'apprécier ? Tant mieux, c'est dorénavant clairement un sentiment partagé. Gabryel sentit un désagréable frisson colérique lui traverser tout le corps. Iel avait semble-t-il un don pour réussir à faire sortir de ses gonds le caldissien. Détachant finalement son regard améthyste de la grenouille, il préféra garder le silence. A quoi bon lui répondre ? Iel se fiche éperdument de ce qu'on peut lui dire. Iel est bloqué.e dans sa façon de penser. Têtu.e, grossier.ère et imbu.e d'ellui-même, Gaby ne pouvait clairement pas s'entendre avec. Il avait pourtant essayé. Car après tout, il aimait le défi. Il aimait ce qui ne lui tombait pas tout cuit dans le bec. Néanmoins, là, il en avait plus qu'assez du comportement de l'éossien.ne. Il ne se prendrait pas la tête pour quelqu'un comme ellui. C'est ellui qui perd quelque chose, pas moi, se disait-il.

    Ellui n'a rien à lui offrir ? Pourquoi ne comprenait-iel pas que le Venomania n'attendait strictement rien d'ellui. Tout ce qu'il voulait c'était une conversation basique comme n'importe qui pourrait avoir. Ainsi, iel prit la fuite, une nouvelle fois. Iel avait lancé ses répliques sarcastiques et tournait les talons, comme à son habitude. Gaby avait finit par comprendre comment iel fonctionnait, mais ça n'effaçait guère le fait qu'il détestait cette façon lâche de procéder. Lui lançant un regard tranchant en lea regardant s'éloigner, il prit le sens inverse et s'éloigna lui aussi. La conversation était terminée. Il n'y avait plus rien à attendre de Raol Zeteki. Ils ne pourront décidément jamais s'entendre. Tout du moins c'était ce que Gabryel s'efforçait de penser pour ne pas se sentir vexé des paroles dures de cette foutue grenouille. Enfin bon, iel avait raison sur un point, il y aurait bien nombre de personnes prêts à lui faire oublier ce moment de la journée, à commencer par... ouais, Klaus fera l'affaire. Ce n'était franchement pas sympa de se servir de lui comme torchon pour essuyer ses peines et ses colères, mais il n'avait nullement envie de penser plus longtemps à ce.tte vendeur.euse de pierres. Il n'aurait jamais du lui adresser la parole. Il ne le fera plus. Enfin, c'est tout du moins ce dont il tentait vainement de se persuader. Quel.le idiot.e, pestait-il encore en son for intérieur, en lançant un regard par-dessus son épaule pour lea guetter porter ses caisses qui doivent par ailleurs être lourdes pour quelqu'un qui vient de faire une crise de panique. Tant pis, c'est sa merde. Et la nymphe arpenta les rues, non sans continuer à ressasser cette affreuse après-midi.

    END.
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