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    Le dragon n'est plus, miracle est arrivé. Yggdrasil a protégé sa cité. Des mois de siège éreintant cessent, la ville millénaire respire à nouveau. Chaque soir, sous la lueur émeraude et bienveillante du grand arbre, les éossiens fêtent et célèbrent ceux tombés au combat. Après tant d'épreuves, la ville semble reprendre vie...
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    Did you get my texts ?!


    Avec
    Natshoum



                

    Raol n'a pas été invité.e.

    Natsume n’était pas venu pour aider aux récoltes, aujourd’hui. D’habitude, lui et Raol se croisent toujours le mardi, dans le potager communautaire. Ce n’est pas comme s’iels s’étaient trop adressé la parole les fois précédentes, étant donné que les temps ne poussaient pas spécialement à la convivialité. De plus, les deux éossien.e.s n’étaient pas du genre sociable et occupés à ruminer sur la situation complexe dans laquelle iels se trouvaient depuis plus d’un an. Puis sur tout ça, s’ajoutait les évènements de l’incendie d’il y a  quelques semaines. Natsume n’avait pas été annoncé mort après que Raol l’ait vu s’effondrer avec une flèche dans le corps et iel avait entendu dire que le dragon était bien vivant. Simplement, il avait disparu quelques temps on ne sait où.

    Logique, au vu de son… de sa nouvelle « identité secrète ».

    Les pensées de la grenouille au sujet de son « ami » de longue date n’avaient pas perdu de leur amertume. Le temps n’arrangeait rien à l’affaire ; c’était plutôt l’inverse, même. Plus les jours passaient, plus lea Zeteki ruminait, plus iel voyait tout en noir au sujet de cette histoire d’éclaireurs. Oui, Raol n’avait pas été invité.e à la petite fête / incendie criminel party / boum à la Ville-Haute et iel était encore agacé par cet état de fait. Iel voulait savoir pourquoi Natsume ne lui avait rien dit, pourquoi on aurait pensé que le magimorphe aurait pu être plus utile qu’ellui, bref, ça tournait à l’obsession malsaine dans sa tête. Ceci étant, malgré tout son ressentiment bête et méchant envers le moine eossien, la grenouille n’allait certainement pas dévoiler sa présence durant l’incendie à qui que ce soit. Même pas à Daichi… qui, d’ailleurs, n’était pas dans le coin non plus. Raol avait prévu de passer par le plus âgé pour demander des nouvelles de Natsume, mais, à la place, iel devrait donc aller directement chez les Shimomura. Iel en profiterait pour leur apporter quelques légumes.

    Parcourant rapidement les quelques rues menant jusqu’à la maison des Shimomura, Raol sentit sa gorge se serrer d’avance en pensant à la conversation qu’il aura peut-être avec Natsume. Sa frustration accumulée, mêlée à ses remords et à sa déprime, allait certainement rejaillir dans la figure du magimorphe qui n’avait rien demandé. Ce ne serait pas la première fois. Parfois c’était Melchoir, parfois c’était Natsume, parfois c’était la première personne sur laquelle il était facile de se défouler sans conséquences.

    Lea Zeteki frappa quelques petits coups à la porte d’entrée et la figure de Daichi apparut dans l’entrebâillement de la porte. Avec un sourire de façade formel, la grenouille salua le père de famille et échangea quelques platitudes en lui demandant comment lui et ses enfant allaient, parlant du temps dehors. Daichi n’était pas compliqué pour parler de tout et de rien et ne tenait pas non plus à rallonger inutilement les conversations. Aussi, Raol passa rapidement à ce qui l’interessait.

    « Je vous avais pas vus au potager ce matin, alors que vous ai rapporté des légumes. Est-ce que Natsume est là ? »

    Iel s’autorisa à poser le petit panier sur une table, laissant le temps à Daichi d’observer ce qui s’y trouvait.

    « Je ne l’ai pas vu depuis un moment. Je m’inquiétais un peu. »

    Justifia assez platement lea Zeteki en penchant légèrement la tête sur le côté. Le plus âgé lui indiqua le chemin vers la chambre de son cousin et Raol le remercia tandis qu’iel s’y rendait. Iel frappa à la porte de la chambre puis entra dès qu’on lui donna l’autorisation. Lea Zeteki trouva Natsume en train de lire, surement pour le travail, comme d’habitude. Cela lui fit penser qu’iel avait oublié de lui rapporter les livres de la bibliothèque du sanctuaire.

    « Belle journée Natsume. »

    L’animorphe s’approcha sans animosité apparente, le visage neutre comme à l’accoutumée.

    « J’ai rapporté des légumes à ton cousin donc.. je suis venu voir comment tu allais. »

    Raol n’allait pas tout de suite dévoiler à son interlocuteur qu’iel l’avait reconnu puis vu bléssé le soir de l’incendie. Après tout, iel ne savait pas si l’autre l’avait vu ou reconnu.e sur le moment.

    « Tu avais disparu depuis quelques jours, j’avais peur qu’il te soit arrivé quelque chose. Par les temps qui courent c’est… enfin, tu vois. »

    La grenouille força un sourire en coin faussement compatissant. C’était affreux de profiter de l’occasion pour obtenir les réponses qu’iel voulait entendre. Raol arrivait à se convaincre que ce genre de démarches manipulatrices n’était que du ressort de ses parents, qu’iel n’était pas pire qu’elleux. Pourtant, c’était une manie d’y avoir recours pour résoudre la moindre contrariété venant de son entourage.

    « Euhm… tout va bien, du coup ? »

    Iel chercha du regard un endroit ou s’asseoir, gêné de rester planté debout au bout du lit.

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    Did you get my texts ?!


    Ou l'importance des limites
    Même un mois après, la plaie me lance encore. Ce n'est plus la douleur brûlante et glaciale à la fois qui me remuait les triples, certes, mais il suffit que je m'étire un peu trop ou que je bouge de manière rapide pour qu'elle se rappelle à moi comme un petit éclair régulier de douleur. Et récemment, surestimant mes forces et ma récupération, j'ai par ailleurs ravivé la peine ; rien de grave, puisque cela ne fait que retarder ma guérison majoritaire d'une quinzaine de jours, mais assez pour me frustrer. Etre aussi inefficace et inepte depuis l'incendie m'agace. Je ne peux même pas venir en aide aux autres éclaireurs alors qu'il s'agit pourtant du moment où je devrais être le plus actif. Tout au plus, j'ai illustré mon incapacité en étant blessé dès la première démonstration. Mes pensées me semblent engluées dans un brouillard opaque de frustration et de fatigue. Qu'ai-je fait, depuis un mois, hormis me plaindre ? Hormis attendre de manière placide et passive ? Rien. Rien, hormis peut-être entretenir le froid pesant qui s'est installé entre moi et Daichi depuis que je suis revenu blessé. Je n'ai pas osé aborder le sujet : je me doute qu'il a compris d'où la blessure provient. Je suis, malheureusement, du genre à regarder à côté des problèmes plutôt que de m'y intéresser. Toutes les excuses sont bonnes, et j'utilise volontiers celle de la charge de travail pour ne pas réfléchir au poids qui pèse de plus en plus lourdement sur ma poitrine.

    Assis sur mon lit, la tête plongée dans un livre à la recherche d'une formule particulière, je ne remarque pas que quelqu'un est entré dans ma chambre. Et encore, « ma » chambre... Enfin, peu importe.
    Toujours est-il que  lorsque la voix de Raol parvient à mes oreilles, je sursaute subitement, sorti de la semi-transe dans laquelle j'étais plongé. Relevant le regard, je mets quelques secondes à me demander ce qu'iel fait là. Ce n'est pas si souvent qu'il vient me voir ici, ou du moins... Enfin, jamais, quand j'y pense.. Alors sur le coup de la surprise, je ne réponds pas tout de suite, lae dévisageant avec mélange de confusion et d'incertitude.

    « Bonjour... ? »

    Son ton me semble tout de même étrange, mais je ne fais pas plus que ça attention à ce que me dit mon instinct. Je ne le fais jamais, de toute façon, car il n'est pas raisonnable à mes yeux de faire plus confiance à des sentiments irrationnels qu'à des opinions basées sur des faits (comment ça, ce qu'on voit comme des faits est en réalité un sentiment). Au lieu de ça, je me contente de hocher de la tête. Ah. Des légumes. C'est aimable de sa part... ?
    Toujours est-il qu'il est vrai que je ne lui ai pas vraiment parlé de ma blessure, mais pour cause : je n'en ai parlé à personne, car je n'ai pas très envie de mêler d'autres à ce que je fais dans l'illégalité. Alors quand Raol se met à parler du fait que j'ai été absent plusieurs jours, je me tends sur l'instant. Les muscles de mon dos se sont tirés et crispés. Je force alors un sourire malaisé.

    « Je... E-enfin, c'est aimable de ta part de t'inquiéter. Je me suis juste fait un peu de mal, alors j'ai dû prendre du repos. »

    Je n'ai pas vraiment à rentrer dans les détails. Et depuis le temps, la plaie n'est plus assez grosse pour que je ne puisse pas la justifier par un accident domestique quelconque. Puis, je doute que Raol me pose vraiment de question là-dessus : je n'ai pas l'habitude qu'iel me questionne sur mon état. Pour autant, une vague désagréable de culpabilité me remonte dans la gorge quand je réalise quelque chose, et je reprends la parole d'un air calme.

    « … Mais tout va bien. C'est plutôt moi qui devrait te poser cette question ; je ne suis pas... Je n'ai pris beaucoup de tes nouvelles, ces derniers temps. »

    Embêté, je me mets à m'en vouloir. J'ai passé le mois à me plaindre comme si mon cas était si difficile que j'en ai oublié de m'occuper des autres.

    ft. Raol Zeteki
    Début Août 1001


    ______________________

    Natsu grogne et fixe des fleurs en #8A4B08

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    Did you get my texts ?!


    Avec
    Natshoum



                

    Raol n'a pas été invité.e.
    /!/ CW : on va partir dans la manipulation affective comme Raol est un.e gros.se creep voila voila /!/

    Raol avait rangé ses mains dans ses manches larges, afin que son interlocuteur ne constate pas leur crispation. C’est qu’iel espérait vraiment être impassible et se retenait de suinter d’agacement lorsque Natsume commença à lui dissimuler la vérité.

    Donc il pense vraiment que je ne l’ai pas reconnu le soir de l’incendie.

    Cela n’éveillait pas de plaisir sadique chez la grenouille. Elle sentait juste se ranimer sa décéption et son amertume. Evidemment, Raol se foutait éperdumment de l’évidente culpabilité présente dans la voix de son « ami », car, voyez-vous, SES sentiments à ELLUI avaient été malmenés… donc , dans l’absolu peu importe les émotions négatives de Natsume et le fait qu’il ait frôlé la mort. Son poing se cripa dans sa manche tandis que son regard se fixait sur le magimorphe, ses pupilles s’allongeant sous le coup de la méfiance.

    « Un peu mal » ? Il me prend pour un.e débile, le curé ?! Tss… ce n’est pas car je n’ai pas sa grosse éducation que je suis-- !!

    Iel déglutit, focalisant ses pensées en attendant que son interlocuteur termine… en s’excusant. Ceci n’arrangea pas l’agacement de Raol qui serra les dents de plus belle.

    Pas beaucoup pris de mes nouvelles, hein… ?  C’est le cadet de mes soucis. Je sais qu’il se fiche de mon devenir, maintenant. Qu’il est comme tout le monde. Qui en a quelque chose à faire de moi, de toute façon, hein ? Alors que j’ai tant fait, depuis que je peux marcher, pour notre cité, pour notre société. Tout le monde persiste à m’ignorer, à ne jamais entendre ce que j’ai à dire, à ne surtout pas me parler d’une insurrection. Même pas lui alors qu’il se dit mon ami.

    Raol résista à cracher par terre pour se défouler et pour littéralement évacuer la colère que cette conversation lui inspirait.

    Tout ce que j’ai fait… tout ce que j’ai fait, ce n’était jamais que pour protéger notre cité, notre devenir… pour ma famille, notre communauté. Qu’est-ce qu’il y a de si dégoutant chez moi pour qu’on m’ignore et me rejette de la sorte ?!

    Tout ça, iel en était convaincue, iel ne pensais pas à ses méthodes, à la méfiance que son raisonnement xenophobe, que ses attitudes oppressives et manipulatrices inspiraient chez beaucoup de gens. Raol était trop agacé.e pour continuer d’être mielleux.se et pour jouer à l’imbécile, désormais. Son ton devint glacial tandis qu’iel scrutait le visage de son « pote » de longue date.

    « « Un peu mal »… ? Tu parles de la flèche qui t’a traversé ? »

    Il ne peut même pas être honnête là-dessus. Combien de gens ont cru à ses excuses de merde car sa petite bouille de moine insupportable leur fait se dire qu’il est « trop choupi mignon et puis il faut le protéger hein » ?

    Raol laissa passer un silence, laissant un petit moment à son interlocuteur pour percuter. Puis, iel reprit, haussant les épaules pour se donner l’air détendu.e.

    « J’étais là et je t’ai vu, ce soir-là. Tu peux tout me dire. »

    Iel fit quelques pas vers le lit, s’asseyant sur une chaise sans cesser de fixer son interlocuteur. Sa voix redevint plus mielleuse l’espace de quelques instants.

    « Ne t’en fais pas, ton secret est bien gardé, avec moi. Car nous sommes ami.e.s, n’est-ce pas ? De plus, tu sais que je n’ai jamais eu en tête que le bien de notre cité et de nos concitoyen.ne. »

    Maintenant, dis-moi pourquoi tu n’as pas jugé nécessaire de m’inclure dans votre petite rébellion. Dis-moi ce qui ne va pas avec moi pour qu'on me rejette et qu'on méprise mes nobles intentions. Sois honnête avec moi pour une fois dans ta minable vie.

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    Did you get my texts ?!


    Ou l'importance des limites
    « Inutile de pleurer, Natsume. Personne ne croit à ta petite comédie. »

    La silhouette est floue. Ce qui se trouve autour aussi. Mon corps ne semble plus petit. Tout autour bourdonne, tremble. Les sons sont dissonants. Je ne me rappelle plus de ce qui s'est passé. Je ne sais plus. La sensation, toutefois, est douloureuse dans ma poitrine. Elle se serre. Se ferme comme des griffes autour de mon centre pour m'étouffer. Autour, les silhouettes sont grandes, imposantes. Elles me jaugent de haut, de loin, comme des ombres se dressant pour former un plafond de mines graves et méprisantes. Leurs voix sont sèches, informes. Graves, dures. Une parmi toutes se fait plus grande, et je distingue, dans mon esprit, l'éclat d'un regard noir. Ma joue me brûle encore.

    « Tu n'as pas honte ? Tu pleures alors que tu devrais t'excuser.



    --

    Je me suis tendu instantanément. Comme la flèche qui m'a traversé, mon corps s'est fait droit et rigide, immobile et immobilisé. Ma gorge se noue. Je n'arrive pas à nier. Je n'en ai ni l'envie, ni la capacité à l'heure acutelle, alors que je réalise, trop rapidement ou trop lentement je ne sais pas, ce qu'iel insinue par là. Je ne saurais pas définir l'émotion qui me passe par la poitrine. Ce n'est pas de la peur. Je n'ai pas peur des gens, en général, pour une raison que j'ignore. Ce n'est pas non plus du regret. Plutôt...
    … Plutôt de la honte.

    Mes pensées sont trop confuses pour que je distingue quelque chose de particulier dans ce que je ressens. Mais mon corps s'est crispé, comme sur la défensive. Comme si quelque chose dans sa voix, dans sa façon de s'approcher, dans le calme apparent de ses mouvements, faisait résonner quelque chose en moi. Ce doit être de la culpabilité. De la honte de mentir ainsi, de cacher des choses. De... D'être une pareille déception. C'est ça.

    « Je... Je suis désolé. Je ne voulais pas te mêler à ça. »

    La mine basse, j'arrive mal à expliquer mon choix. Ce n'est pas que je ne fais pas confiance, mais... Je ne veux pas que ça se sache, car quiconque au courant pourrait potentiellement être en danger. Mais, progressivement, je sens que le nœud dans mon ventre se fait plus fort. Pourquoi... Pourquoi est-ce que je me sens si coupable... ?

    ft. Raol Zeteki
    Début Août 1001


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    Natsu grogne et fixe des fleurs en #8A4B08

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    Avec
    Natshoum



                

    Raol n'a pas été invité.e.

    /!/ CW : grosse agression verbale, manipulation affective et plus généralement, comportement de gros sac à merde qui fait volontairement du mal  aux autres pour compenser. C'est sale et violent donc faites gaffe /!/

    Il y eut un silence pesant. Raol continua de fixer son « ami » qui ne réagissait qu’à peine à ses mots. Iel vit Natsume se crisper sans répondre, comme s’il prenait peur. Raol se tendit, enervé par l’absence de répartie du plus jeune qui semblait tomber des nues.

    Il m’énerve. Pourquoi est-il si mou ? Pourquoi il ne dit rien ?! Il a peur ? Il fallait y penser avant de se lancer dans ses stupidités d’éclaireur, alors qu’il a toujours été si molleton et faible.

    La grenouille serra les dents. Iel avait envie de demander à Natsume pour qui il se prenait. Iel se sentait injustement pris.e de haut par le silence de l’autre. Lea Zeteki comprenait tout de travers. Chaque réaction du magimorphe était à prendre, pour ellui, comme une attaque personnelle. Comme une preuve du fait que l’eoniste lea pensait trop stupide, moins bon.ne qu’ellui et donc, incapable de prendre part à la moindre cause commune.

    Comment ose-t-il m’ignorer.

    Il était impossible, pour Raol, de comprendre que tout ça passait certainement complètement au-dessus de la tête du dragon vert. Que ce n’était probablement qu’un simple oubli, ou juste, comme le disait Natsume… qu’il ne voulait pas mêler celleux qu’il considère comme ses proches ou ses amis à quelque chose de dangeureux, de potentiellement mortel.

    Raol ne voulait pas voir tout ça. Iel refusait de comprendre. Iel voulait simplement que sa colère irrationnelle soit entendue. Que sa détestation d’ellui-même et de toute personne qui agit d’une manière différente de ce qu’iel avait imaginé se sente rabaissée, en tord. Rien ne comptait plus, ces dernières semaines. La grenouille voulait être une fois de plus la victime, la personne dont nul n’écoute les peines, l’individu que personne ne veut croire ; en qui personne ne croit.

    « Arrêtes de mentir. Akiya ne s’est pas donné la mort. »
    « Arrêtes ta sensiblerie et ta rébellion, travailles et remercie-nous de te donner la chance d’avoir une place dans notre société. »
    « Si tu faiblis, on te laissera derrière. C’est ce que tu veux ? Rester à la traine et mourir sur le pavé ? »


    Évidemment que non. C’est pour ça que je ne faiblirais pas. Que je ne me laisserais pas attendrir.

    ...

    Peut-être que Natsume et moi avons vécu des choses similaires, dans nos familles respectives. Et alors ? Cela ne va pas me rendre charitable ; il m’a trahi. Il s’est pensé… il a pensé que me laisser comme ça, dans l’ignorance, serait sans consèquence. C’est moi… c’est moi qui l’ait mis en garde, après tout ?! Je n’ai fait que lui rabattre les oreilles avec ma colère envers ces étrangers… c’est… il me devait bien ça, de m’informer pour les éclaireurs, non ?! Comment a-t-il pu se croire plus capable que moi d’aider cette cause, sans rien me dire ?!

    Il est comme les autres, en fait. Il s'est bien foutu de moi.


    Dans son état de déni actuelle et dans son désir d’agresser le monde entier (surtout les personnes qui avaient pu lui témoigner de l’affection), Raol ne put que se mettre à trembler de colère quand l’autre ouvrit enfin la bouche pour…

    S’excuser. Des excuses, des excuses, des excuses… c’est toujours pareil avec lui !

    « Je ne suis pas venu.e pour entendre tes excuses. »


    Son ton, devenu sec, tranchant tel un silex, aurait presque pu allumer des étincelles dans l’air devenu étouffant de la chambre. Raol serra les poings et les dents, ses pupilles s’amincissant sous le coup de la colère tandis qu’iel se rapprochait de son interlocuteur en elevant le ton.

    « Tu ne voulais pas me mêler à ça, hein ? Merci c’est trop aimable ! »

    La grenouille ricana de manière désabusée. Un rire glacé, désincarné, qui ne dissimulait à peine son insensibilité et les menaces qu’iel avait envie de proférer.

    « C’est bien le problème, tu piges rien ou quoi ?! Depuis le début, je-- j’ai fait que te prévenir pour ces étrangers, te mettre en garde… tout le monde n’a fait que douter. Douter de mes paroles, m’inspecter comme si j’étais une chose immonde, trop extrème... »

    Iel rompit le contact visuel, le temps de s’affaisser au fond de sa chaise pour continuer de rire nerveusement. Ses gloussements impulsifs, rendus irréguliers par le tremblement de son corps tout entier,  résonnèrent dans la chambre

    « Et ce soir… ce soir-là… qu’ai-je vu ?! Natsume… Le moine Shimomura qui joue les éclaireurs ! Ah, bravo ! Pour qui tu te prends, au juste ? Pourquoi tu ne m’as rien dit ?! »

    Raol s’arrêta de ricaner. Sa gorge brûlait. S’iel le pouvait, iel se mettrait à hurler et à secouer le pauvre magimorphe. Ce dernier se taisait. Que pouvait-il bien redire à ça ? Face à tant de haine qui ne lui était, peut-être, pas réellement adressée. La colère de lea Zeteki, tout ce torrent d’agressivité en ébullition depuis des semaines lui tombait dessus, injustement.

    « T’as rien à dire ? Pourquoi t’es aussi mou ? Continues comme ça et la prochaine fois, personne sera là pour t’aider. »

    Raol ne fit même pas attention. Iel avait entendu ces mots, quasiment à l’identique, sortir de la bouche de son parent. Iel n’avait eu qu’à les répéter, sachant pertinemment à quel point ils faisaient mal. Son coeur battait encore plus fort. L’adrénaline qui coulait dans ses veines s’estompait, lui fit enfin baisser le volume de sa voix, terminant en un souffle :

    « Après tout ce que j’ai fait pour toi… je… je… pourquoi tu m’as rien dit… ? »

    Iel ne sut pas dire pourquoi la nausée lui venait. Pourquoi l’impression de puissance qui l’avait traversé il y a quelque instants était soudain remplacée par un profond sentiment de dégoût envers ellui-même.

    D’un coup, c’était comme s’iel assistait à la scène du point de vue d’une 3e personne, debout sur le pas de la porte. Mais, à sa place, il voyait un animorphe à la carrure imposante, des yeux semblables aux siens, dont le regard supérieur pesait sur un.e adolescent.e pleurant sur le sol. L’espace d’un instant, iel se revit, pleurant à même le pavé sous les pupilles acérées et brillantes d’Akiya qui venait, une fois de plus, de lui donner envie de disparaître. De tout abandonner.

    Ce n’est pas… ce n’est pas moi. C’est juste… c’est pour son bien. Oui… je fais ça pour son bien ! Sans ça, il ne survivra pas.

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    Ou l'importance des limites
    Mes épaules se crispent. Ma tête se rétracte dans mon cou, comme si iel venait de me gifler. Mes yeux se détournent, ma poitrine se serre. Ma gorge est lourde. Je n'ose plus répondre. Mon corps semble le faire à ma place, quand bien même je ne peux rien faire de la moitié de ce dernier. Je ne saurais même pas remarquer le fait que j'accepte ses mots comme des vérités, comme des choses auxquelles je n'ai pas le droit de rétorquer. Je me dis qu'iel a raison. Que je suis en train de me comporter comme un irresponsable et que je devrais m'estimer heureux qu'iel me considère encore. Son rire me fait mal. Non, je ne comprends rien. Je suis un crétin doublé d'un... D'un égoïste dégoûtant.
    Je ne comprends pas de quoi iel parle. Je n'ai jamais... Est-ce que j'ai dit ça... ? Est-ce que je lui ai fait penser ça … ? Je ne saisis pas. L'incompréhension dans mes yeux se double d'une inquiétude dirigée vers ellui. Mais je n'arrive plus à réfléchir. Les yeux bas, humides, le corps tendu et crispé, je me rétracte autant que je le peux. Mon corps me semble agir de lui-même. Comme si il n'y avait que ça à faire. Je n'ose rien dire. Je ne sais pas ce que je pourrais dire, ni même si cela servirait à grand chose. Je suis pathétique. Pathétique et dégoûtant. Je ne mérite pas qu'on m'aide. Je ne sais même pas apprécier l'aide qu'on m'apporte. La nausée remonte dans ma gorge. Mes yeux me brûlent.

    Que pourrais je-lui dire d'autre... ? Je ne voulais pas lae mêler à ça. Je l'ai déjà dit. Mais ce n'est pas une réponse acceptable, et je n'en ai pas d'autre. Ma voix est faible, se casse. Mes épaules sont tellement serrées contre mon cou que j'en sentirais presque de la douleur.

    « Je ne... J'aurais d-dû, je... Je n'ai pas de... »

    'Pas d'excuses'. Pas de 'justification'. Rien de satisfaisant. Je n'y arrive même plus. Mes pensées s'embrouillent tant que je n'arrive plus à penser à quoi que ce soit qui ne soit pas le fait de disparaître sous terre. J'ai... J'ai mal. Je crois... ? Mais je le mérite, dans le fond, non ? C'est bien, que je me sente coupable. Mais... Pourquoi est-ce que je n'arrive pas à dire quelque chose de satisfaisant, alors ? Quelque chose de bien ? Pourquoi est-ce que je ne comprends plus rien ?

    ft. Raol Zeteki
    Début Août 1001


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    Natsu grogne et fixe des fleurs en #8A4B08

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    Avec
    Natshoum



                

    Raol n'a pas été invité.e.

    /!/ CW : grosse agression verbale, manipulation affective et plus généralement, comportement de gros sac à merde qui fait volontairement du mal  aux autres pour compenser. C'est sale et violent donc faites gaffe /!/

    Arrêtes de trembler comme ça. Pas devant lui. C’est toi qui est en contrôle, ici.

    Je contrôle les choses. Je contrôle ma vie. Je contrôle la manière dont les autres ont le droit de se comporter avec moi ou non. C’est… c’est… c’est comme ça qu’on survit, n’est-ce pas ? Survivre, c’est important, après tout. Plus que de… de vivre… ?


    Tout ça pour ça. Pour rien. Une situation pathétique où les deux eossien.ne.s se sentent détruit.e.s et inutiles pour des raisons différentes. Oh, évidemment, Raol s’y est mis.e ellui-même et Natsume n’a rien fait pour mériter une telle agression. On ne plaint pas la grenouille qui ne cesse de chercher qu’à se faire plus détester comme un.e ado mal dans sa peau et qui y parvient très bien.

    Est-ce que la mine effrayée, désolée, les yeux brillants du magimorphe à ses côté lui font de la peine ? Évidemment. Raol n’est pas fait.e de pierre (à son grand dam). Mais iel ne désire absolument pas s’excuser ou essayer de comprendre Natsume. Ce serait se « rabaisser », dans sa logique, que de tendre la main vers une personne qu’iel juge l’avoir trahi.e. Est-ce que Natsume est soudain devenu son enemi pour autant ?

    La question est plutôt : est-ce que j’ai jamais eu autre chose que des enemis ? Est-ce qu’il a déjà été réellement mon ami.e ?

    Raol aurait compris que la détresse de son interlocuteur n’aurait pu être si forte s’iels n’avaient jamais été ami.e.s. S’iels ne signifiaient rien l’un.e pour l’autre. Mais Raol ne veut pas comprendre. Iel veut juste une cible, un sac de sable incapable de se défendre dans lequel frapper.

    Pitoyable.

    Raol ne prononce pas un mot quand l’autre lui répond encore en balbutiant, bien incapable de trouver des mots justes. Tout dans les attitudes de Natsume trahissent la blessure, la détresse, pourtant. Les mots sont bien inutiles. La grenouille ne veut pas voir. D’ailleurs, iel se détourne physiquement et se lève sans dire un mot.

    Ses pas s’enchaînent péniblement jusqu’à la porte de la chambre.

    Je fais quoi, maintenant ? Je le laisse comme ça ? Encore plus affaibli ? Livré à lui-même ?

    Je… j’ai juste fait ce qu’il fallait. Ça fait mal, mais il faut bien que quelqu’un prenne le rôle pénible de le secouer un peu, non ?! On ne m’a pas épargné, moi ! Pourquoi faut-il l’épargner, LUI, car il est plus gentil que les autres ?!

    Oh, oui, Raol, quel noble sacrifice. Bouffes donc cette grosse baffe dans ta face. C’est vrai que la gentillesse, c’est sale, on n’avance jamais avec, berk, berk, berk. Tout ce que tu gagnes dans le processus, c’est des remords bien mérités qui vont te consumer lentement, mais sûrement.

    Je m’en fous. Je sais qu’on gagne rien à être gentil avec son prochain. J’ai compris et je m’y suis préparé.e toute ma vie. Je n’ai rien à offrir d’autre à personne. Je serais fort.e et je survivrais. Comme d’habitude.

    « Oh, ça va. Tu es assez malin. Tu t’en remettras. »

    Fit la grenouille en ouvrant la porte. Son visage couvert de dégoût à n’est pas visible pour Natsume, mais il ne faut pas être un génie pour voir à quel point Raol dégouline la détestation d’ellui-même. Iel se croit presque encourageant.e tandis qu’iel quitte enfin la pièce.

    « Au revoir. Fais attention à… fais attention à ce que tu fais. »

    Ça aurait été trop considérer Natsume que de lui dire de « faire attention à lui », apparemment.

    Raol ferme la porte derrière ellui et se hâte de descendre pour s’en aller. Iel fait un au revoir rapide à Daichi et s’enfuit une bonne fois pour toute de chez les Shimomura. Une fois dans la rue, en direction de sa demeure, la grenouille se sent vide.

    Et maintenant ?

    Je fais quoi, de tout ça ?

    C’est inutile. Tout est tellement inutile.

    Je ne suis même pas à ma place dans ce foutu quartier qui est censé abriter « les miens », ma famille (du moins ce qu’il en reste). Les éclaireurs, nos proches qui n’en sont même pas et qui nous plantent dans le dos, tout ça, ce n’est qu’une vaste blague. Je me sens plus proche d’un foutu caldissien que je ne connais que depuis 2 mois que de toute cette civilisation qui est censé m’avoir regardé grandir.

    Je vais finir seul.e et c’est probablement mérité. Mais c’est probablement le mieux.

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