۞ La maturité c'est dépassé ۞

Avec Lio

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Deux débiles veulent des enfants, ça tourne mal.

Jill fait les cent pas chez elle en attendant le retour de Lionel. C’est un peu bête, car le vampire est peut-être déjà parti pour la nuit pour ne revenir que le matin. Evidemment, la nécromate ne fait pas ça pour le fliquer. Elle se doute que le vampire fait des cachotteries concernant certaines de ses sorties nocturnes, mais ce n’est pas ce qui lui importe dans l’immédiat. Enfin, si, ça la préoccupe un peu. Si cet andouille revient amoché de ses sorties nocturnes un jour, il risque de passer un sale quart d’heure. Enfin bref. Pour le moment, Jill est surtout occupée à penser à ses échanges avec le jeune Legrand, avec Rosemarie… avec beaucoup de monde. Elle n’arrête pas de dire aux gens qu’il faut croire en ses rêves, prendre soin de soi, vivre des bons moments avec ses proches tant qu’on le peut avant de manquer de temps, comme c’est son cas à elle. C’est un peu hypocrite, sachant qu’elle n’applique jamais ses propres conseils.

Je ne sais pas combien de temps il me reste mais… est-ce que ce n’est pas le cas de tout le monde ? Je suis plus vulnérable, certes. J’ai statistiquement beaucoup plus de chance qu’un humain lambda de mourir à l’improviste car mon corps m’aura lâché mais… est-ce que tout ça doit… m’empêcher de rêver à cette… à ces désirs simples que je m’interdis depuis longtemps ? Avant, mon excuse pour esquiver ça, c’était que c’était la guerre et qu’à cause des conflits, on ne pouvait pas faire de plan. C’est un peu la même chose aujourd’hui, en fait. Sauf que j’ai trouvé un autre obstacle pour remplacer la guerre.

Tsss… vivre dans la peur de ne plus être là le lendemain à cause de choses qui nous dépassent, c’est pas plus raisonnable. C’est même tout l’inverse.

Une fenêtre grinça à l’étage et Jill se hâte comme elle le peut avec sa canne vers la chambre. Elle y trouve Lionel qui vient de reprendre forme humaine après avoir volé en cercles au plafond. Enfin, il a repris forme humaine au prix d’avoir atterri les quatre fers en l’air sur le plumard.

« Oh, Jiji ! Tu vois, je contrôle de mieux en mieux l’atterrissage ! »
« Un peu nul comme « atterrissage », quand même. »
« Roh, mais enfin ! En voila d'accueillir ton Lio adoré ! »

Après s’être avachi avec une attitude de diva dramatique et dépressive, le bleu détache ses cheveux pour se recoiffer. Jill sourit en coin et s’assoit à côté de son ami sur le lit. Elle est un peu gaga de son enthousiasme, comme souvent. Mais évidemment, lui dire qu'elle est gaga, ce serait comme si elle devait bouffer un paquet entier de farine à la cuillère. Il y a pire, certes, mais ça la ferait un peu chier (oui, sa vie est dure).

« Ecoutes mes conseils au lieu de chouiner. J’dis juste que faudrait te poser avant de te transformer. »
« Oh, bah non ! C’est plus classe de se changer en vol ! »


Jill roule des yeux avec amusement. Elle sait très bien que Lionel n’en fera qu’à sa tête au final.

Héhé, s’il le dit, hein. Je sais pas voler, moi. Enfin, j’ai volé sur un corbeau géant un jour, il s’est elevé à 1m du sol avant de s’évaporer et me laisser KO par terre car j’avais 14 ans et j’en avait trop fait. Mais eh, je voulais impressionner ma daronne et mes cousins.

Lionel, qui a finalement réussi à attacher ses cheveux, se redresse et se rapproche de son amie pour quémander un câlin, que la Lazarus lui offre avec plaisir. La Lazarus se trouve bien bête de s’être privée de cette complicité et de cette intimité pour des raisons de « gngngn mais je suis égoïste de vouloir ça parce que je lui impose mon état et s’il m’arrive quelque chose ça va lui briser le cœur je suis un monstre gngngn ».

J’ai envie de me foutre des baffes quand j’y repense.

Tandis qu’elle rumine en fixant la fenêtre, Jill ne se rend pas compte que Lionel la fixe avec ses grands yeux au pupilles allongées.

« Au fait, tu voulais quelque chose ? Tu es montée à l’étage en vitesse… »

Le bleu se penche vers Jill avec un sourire avec son meilleur sourire de poseur débile.

« C’est parce que je t’ai manqué ? »

Héhé. Oui, mais ça te ferait trop plaisir que je l’admette !  

« Non. J’espérais juste te voir te casser la gueule sur le lit. »
« Mais bien sûûûûr. Vu comme tu es déterminée à me vanner juste pour attirer mon attention, aucune chance que je te croie ! »

La Lazarus étouffe un gloussement mièvre qui répond largement à la question initiale de son comparse. Elle s’allongea sur le flan et prit un oreiller dans ses bras pour être plus à l’aise.

« J’t’attendais en fait. Faut que je te parle d’un truc qui m’est arrivé à l’Académie. »


Puis elle se rend compte qu'elle ne lui a pas vraiment laissé le choix avant de s'imposer.

« Euh... enfin, si tu as le temps et l'energie. Je te saute dessus sans m'annoncer alors que t'es à peine rentré, maintenant que j'y pense c'est pas ouf, enfin, je te laisse, si tu prefères... »


Le Roque-Lartique hausse les sourcils avec surprise. Il retient Jill qui s'aprête à partir et l'attire contre lui. Il lui sourit doucement.

« Non, non, restes ! Je suis content de te voir ! »

Il fixe son amie dans les yeux, ses doigts glissent machinalement entre ceux de Jill. Et après, on dit que c'est lui le plus gros drama-queen. Enfin, ça, il ne va pas le dire à voix haute. La Lazarus n'est peut-être pas prête à l'entendre.

« Dis-moi tout ! Je suis tout ouï ! »

Devant l’entrain de son ami, Jill sent son cœur s’affoler puis se met à rougir bêtement.

« P-pas la peine d’en faire trois tonnes, non plus ! »
« Mais ça a l’air important ! Evidemment que je vais en faire trois tonnes ! »


Jill gonfle les joues dans sa moue la plus infantile et continue de s’empourprer. Evidemment, elle n’assume pas.

« Grmbl… pourquoi t’es tout le temps comme ça ? »

...Raaaaah mais je suis ridicule... ! Si je continue comme ça, il va se vexer !

Le vampire, pourtant, ne se démonte pas et se rapproche en rampant sur ses coudes, pour planter son visage tout près de celui de son ami, le regard fixe et les sourcils joueurs.

« Rooooooh ! Laisses l’enthousiasme t’atteindre, ça rend beau et fabuleux. »

La Lazarus se redresse et plisse les yeux, retroussant les narines dans une mine faussement désapprobatrice.

« T’es en train de dire que je suis moche et mal sapée, là ? Tu t'es vu avec ton euh... bah avec tes dents de chaton là-euh. »
« Roooooh... mais non, voyons. C'est toi la plus stylée. D'ailleurs c'est pas moi qui passe le plus de temps pour choisir mes tenues, entre nous... »


Fit le vampire en haussant les épaules. Il lève les yeux au ciel avec un sourire narquois et taquin avant de se remettre à fixer sa compagne, sans que son sourire n’arrête de s’élargir. La Lazarus rosit d'embarras, plaidant coupable sans avoir à le dire et pince les lèvres en regardant ailleurs.

Pffff ! Désolée d'avoir du goût ! Il est gonflé de parler de styles vestimentaires... lui il a juste les mêmes habits en 10 exemplaires !

...

Enfin, bon, c'est de bonne guerre.

« Brrr, éloignes-toi, tu deviens chelou à me fixer comme ça. Ça peut devenir bigleux un vampire ? »

Il ne boira pas mon sang, ah non ! Toute façon, il en serait malade. Huh. Quoique. On peut pas savoir si on a pas essayé. Hm-hmmm… P-promis c'est juste pour un test, hein, pas parce que j'ai lu trop de bouquins avec des vampires et de la romance nulle.

« Roh, aller, dis-moi à quoi tu penses ? »

A toi qui boit mon san-- euh non, merde, c'est pas de ça que je voulais parler ! On s’éloigne du sujet, là.

La nécromate fait au mieux pour se détendre autrement qu’en vannant son copain. Autant dire que ce n’est pas évident pour elle (ouin ouin).

« C’est malin j’ai l’trac, maintenant. Tu veux pas plutôt me raconter ta journée--- euh, enfin ta nuit… ton début de nuit… ? »

Normalement, c’est Lionel qui chouine et Jill qui le charrie. Pour une fois, les rôles sont inversés et le bleu en profite beaucoup.

« Huhu, c’est parce que je t’intimide avec ma classe internationale ? »

La Lazarus pince des lèvres en envoyant son œillade la plus blasée à son ami. Celui-ci fait la moue et regarde ailleurs. Pour autant, la nécromate reprend, non sans une hésitation exagérée dans la voix.

« M-mais non, t'es con, toi... Enfin, oui, peut-être un peu. C’juste que c’est… c’est un truc un peu important. Rien de grave, hein, mais… euh, baaaah… »

Les deux andouilles finissent par cesser leur petit jeu. Son regard s’adoucit et son toucher se fait plus tendre, moins taquin, lorsqu’il passe sa main libre dans le dos de sa comparse pour lui faire des gratouilles comme elle les aime.

« Détends-toi. Je t’écoute. »

La Lazarus émet quelques « ah ouais c’est bien là, grattes un peu plus à droite » en se remettant plus à l’aise. Elle en profite pour chercher la meilleure formulation dans sa tête.

« Euh, bah, en fait, j’ai discuté avec un jeune vampire, à l’académie. »

Jill se mit à résumer du mieux qu’elle le put sa récente entrevue avec le jeune Legrand. Les doutes du jeune homme par rapport aux changements quotidiens qu’ont apporté le fait d’être un vampire. Son malaise, bien normal, dû au fait qu’il n’a évidemment pas choisi de boire du sang pour éviter de mourir, ses interrogations quant à sa vie future. Lionel hoche la tête en écoutant le récit de sa compagne, probablement qu’il s'y retrouve. Dans tous les sujets qu’elle a abordé avec le plus jeune, c’est les questions relatives au fait de « vivre normalement en tant que mort-vivant » qui ont marqué Jill. Ça résonné en elle, et ça l’a remise face à des questions sensibles qu’elle n’aime pas toujours remettre sur le tapis.

La Lazarus dit qu’il serait irresponsable de sa part de rêver à une famille avec son compagnon. Souvent, elle s’en veut de souhaiter être heureuse quand le monde va mal, quand d’autres nécromates l’ont plus dur qu’elle. Ses grands discours sur « mais oui les vampires peuvent vivre une vie normale », c’est bien beau, mais encore faudrait-il qu’elle les applique à elle-même. Elle voulait attendre d’aider les gens dans la même situation qu’elle avant de prendre des décisions importantes dans sa vie privée. Comme si ça allait lui donner une autorisation pour vivre comme elle le souhaite.  

Une fois ses explications terminées, la nécromate soupire un long coup. Elle sent que sa poitrine s’est libérée d’un poids. Elle a aussi l’impression d’avoir le vertige, maintenant qu’elle a pris la décision d’avancer. Elle se dit que si elle se foire, elle va tomber de haut et si tout ça marche, eh bien… elle ne sait pas et c’est bien le soucis : elle n’est pas en contrôle de ce qui va arriver dans le futur.

« Tout ça, ça m’a fait me dire, que, bin, tu sais, je veux en profiter quand même, tu vois ? Pendant que j’ai encore le temps, bah, je veux trouver un moyen de vivre aussi longtemps que je peux. Puis, j'veux pas rater des trucs qu'on pourrait vivre ou construire ensemble »

La sensation de se répéter la saisit et ce n’est pas très plaisant. Après ça, il faut bien qu’elle aborde le sujet gros comme un éléphant dans la pièce, qui lui brûle les lèvres depuis un trop long moment.

C'est basique, mais bon. Fallait bien que je comprenne un jour que vouloir des trucs basiques, c'est pas débile.

« Donc j'veux dire que je... qu-que j'veux être… être là avec toi et… »

Oui, Jill, arrêtes de tourner autour du pot pour chier droit, làààà… et si tu osais regarder Lionel tu verrais qu’il trépigne certainement sur place avec les yeux tous brillants d’impatience.

« Tu te rappelles quand on a parlé de… d’avoir des enfants ? »

Elle aperçoit les yeux ambrés de son comparse se mettre à briller tandis qu’il réagit au quart de tour.

« Bien sûr ! »

La nécromate a peur que son cœur se décroche avec sa cage thoracique tant il bat fort (car elle a de bonnes raisons de croire que ça pourrait être possible). Ce n’est pas rien, mais elle veut franchir ce pas avec son compagnon. Elle en a assez de mettre leur vie ensemble en pause à cause de ses questionnements existentiels. Oh, les angoisses et les doutes vont revenir, comme d’habitude. Mais il est hors de question qu’elle leur laisse le champ libre pour mettre le bazar dans sa vie de famille.

Lionel a l’air tout aussi retourné qu’elle, tandis que ses yeux s’humidifient et qu’il se met à flapper avec les mains sous le coup de l’émotion. Jill voit bien que son ami est submergé par l’émotion et qu’il n’arrive pas, sur le moment, à le formuler de vive voix. Il a l’air plutôt frustré de ne pas réussir à verbaliser ses émotions et respire plus vite, à la fois euphorique et un peu paniqué. Jill le laissa s’allonger sur le dos pour qu’il se calme en continuant de stimmer. Après un petit moment, le bleu s’apaisa et se serra contre son amie contre lui en couinant comme un bienheureux. Les deux restèrent un moment ainsi, jusqu’à ce que Lionel se remette à parler à voix basse.

« E-est-ce que ça veut dire que… tu voudrais… ? »

Passé le premier pas, Jill se sent moins hésitante. Bien plus enthousiaste aussi. Elle n’a plus l’envie de se mettre des barrières ou de mentir sur ce qu’elle désire de peur d’être egocentrique.

« Ben oui. ‘Fin, si tu veux toujours on pourrait… commencer à faire des recherches ensemble ? Pour, euh... pour les enfants ? »

En voyant le bleu s’illuminer à nouveau, Jill ne put s’empêcher de sourire à son tour. Les deux restent en émoi encore un petit moment et s’enlacèrent longuement en pleurnichant un peu de joie. Après tout ça, Jill se lève dans un mouvement enthousiaste et retient son comparse sur le lit en lui disant de ne pas bouger. Puis, elle s’en va rapidement qu’elle le peut avec sa canne jusqu’à sa chambre et son bureau. Lionel la regarde faire sans comprendre pour quelle raison la nécromate s’empresse de la sorte et patiente allongé sur le flanc, appuyé sur son coude. Après quelques minutes, le vampire entend à nouveau le pas de son amie se rapprocher puis la voit franchir la porte avant de se jeter sur le lit à nouveau, un énorme bouquin sur les bras. Le bleu laisse la place à sa compagne en s’asseyant afin de se décaler, tout en fixant l’ouvrage, quelque peu interloqué.

« … un grimoire ? Ça… ça a l’air lourd, tu aurais dû me demander de l’aide ! »

Jill posa une main sur la bouche du Roque-Lartigue en émettant un « shhhhhhhhht » sonore et se met à feuilleter frénétiquement son grimoire. La mine boudeuse et les bras croisés sur la poitrine, Lionel attend qu’elle lui explique ce qu’elle a pu trouver dans ces pages qui se rapporte à leur projet d’avoir des enfants.

« J’ai fait des recherches sur les automates et les golems, je crois que grâce à nos connaissances en magie, on pourrait continuer les recherches et… et créer un être comme ça… ils grandissent en puisant dans les puissances des pierres qui forment leur cœur et puis même que… »

Dans ce genre de moments il est difficile d’interrompre Jill, donc son ami la regarda causer sans nécessairement saisir le sens de tous les mots. Il ne parvint qu’à placer quelques « Oh… c’est… hm… » de temps en temps. Il ne sait pas trop quoi penser de tout ça. Il ne pensait pas vraiment à l’idée de « faire » des enfants ainsi, en les concevant grâce à la magie. Ça a quelque chose d’assez étrange. Mais c'est romanesque, il a lu des histoires de ce genre de de nombreux romans... avec des personnages d'automates qui sont en quête de leur humanité. Il espère quand même que si ses enfants sont des automates, ils ne seront pas malheureux comme les protagonistes de ces histoires ! Mais, même en dehors de la fiction, il se rapelle que des gens qui ne peuvent pas avoir d'enfants par des voies "classiques" parviennent à fonder des familles heureuses grâce aux progrès de la magie. Il y a certainement pleins de golems et d’automates qui sont très contents comme iels sont. Lionel n’en sait pas plus que ça, mais il se dit que s’il y avait vraiment un problème avec la manière dont ces personnes viennent au monde et vivent, cela se saurait. Sur le moment, il s’était simplement dit que Jill et lui adopteraient, mais il n’avait pas pensé aux autres alternatives. Le bleu resta les yeux grands ouverts et les bras ballants même après que la magicienne ait terminé ses « explications ». Car au final, à part cette histoire de pierre, Lionel n’a pas compris grand-chose.

« Euuuuh… ça a l’air passionnant mais j’ai pas tout saisi. »

La nécromate se tendit et son regard retourna sur les pages de son gros grimoire.

« Ah, euh, oui, bon, oui comme ça c’est… enfin faut encore que je revois des trucs. Surtout si on doit utiliser la magie, faudra que je… ‘fin, euh, comme ça fait longtemps que j’ai pas pratiqué… »

Le bleu haussa les sourcils, mi-surpris, mi-inquiet. Il n’est pas sans savoir que sa copine n’utilise presque plus la magie depuis qu’elle est devenue une morte-vivante. Elle le peut, pourtant, mais aujourd’hui est une des premières fois où elle aborde le sujet de sortilèges de manière positive. C’est qu’elle a passé beaucoup de temps à ruminer sur ce qu’elle a fait de ses pouvoirs magiques durant la guerre. Non seulement pour blesser, tuer ou pire, mais aussi, elle a exploité sa magie jusqu’à l’épuisement. Car c’était normal, dans sa famille, à l’époque. Au bout d’un temps, Jill finit par remarquer le silence perplexe de son ami. Elle pose doucement sa main sur celle du vampire a l’air paumé.

« Euh… enfin, si tu veux pas qu’on fasse comme ça, on fera autrement. Genre, en adoptant ou… enfin, on a pas mal d’options, hein. »

Le vampire sourit doucement. Il a toujours l’air préoccupé.

« Non, non, c’est bien, mais… toi, avec ta magie, ça ira ? »

Ah… donc c’est ça qui le préoccupe.

C’est plutôt normal. Tout comme faire des efforts physiques trop demandant pour son corps de zombie, utiliser la magie de manière trop intensive risque d’être mauvais pour la santé de Jill.

Mais, là, ce sera pas la même chose.

« Bah… nan, enfin, je crois pas, hein. Surtout que cette fois, tu vas pouvoir m’aider. »

Evidemment, ça lui coûte, à la Lazarus, de se reposer ainsi sur quelqu’un, même si c’est Lionel. Elle ne va pas en rajouter. Après tout, tout le monde a besoin d’aide à un moment ou à un autre dans sa vie et même si elle aimerait bien, Jill n’est pas une exception à la règle.

« Et j’ferais gaffe. Je vais pas retomber dans… enfin, tu sais. »

Elle n’arrive pas à être complètement sûre d’elle mais, ça fait des années et plus personne n’est là pour la forcer à abuser de ses réserves magiques.

Cela dit, faudra pas me pousser, hein.

« …Sauf si faut vous protéger. Là, je vais tout casser. »
« Ah, non, hein ! »


Lionel fronce les sourcils avec sérieux et croise les bras en faisant la moue. Des fois, il oublie que son amie a ce côté roquet qui mord quand ses proches sont menacés (même si c’est juste par des broutilles). Y’a qu’à voir les manières qu’elle avait employées en face de l’amie blonde de Rosemarie dont elle n’a jamais su le nom, sur qui elle a aboyé plutôt méchamment (elle a encore des frissons de cringe quand elle y repense).  

« Oui, bon, j’déconne… hahaha… »

Mais, imagine quand même. Héhé…. Quoi, comment ça, je suis pas marrante ? Zut, hein, roh, on peut pu rien dire…

Lionel fit un peu la moue jusqu’à ce que la Lazarus lui fasse un câlin afin qu’il cesse de bouder.

« T’inquiètes, y’a pas de raison que ça se passe pas bien. »

Ah, bah oui, regardez-moi être optimiste sans faire de vanne cynique. Me donnez pas une médaille non plus, hein.

« Oui, je pense aussi ! J'ai hâte ! »
« Héhé. Moi aussi. »

Tout ça est encore un peu flou, mais, maintenant (et même si elle ne l’admettra jamais à voix haute car agrougrou c’est une dure de chez dure, la Jiji), Jill comprend l’émoi de Rosemarie quand elle parlait de passer sa vie entourée par ses enfants. Peut-être qu’elle aussi, elle pourra avoir « droit » tout ça avec la personne qu’elle aime, un jour pas si lointain.