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  • Moins de darons, plus de potimarron - Page 2
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    Le dragon n'est plus, miracle est arrivé. Yggdrasil a protégé sa cité. Des mois de siège éreintant cessent, la ville millénaire respire à nouveau. Chaque soir, sous la lueur émeraude et bienveillante du grand arbre, les éossiens fêtent et célèbrent ceux tombés au combat. Après tant d'épreuves, la ville semble reprendre vie...
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    Moins de darons, plus de potimarron


    Avec
    Gabimbo



                

    "Tu veux pas qu'on aille manger des pommes, plutôt ?"

    Trop curieux de tout ce qui l’entoure et de son hôte, Raol ne remarque pas tout de suite la gêne et la tension qui envahissent les attitudes de Gabryel. Ce dernier ne lui en fait pas part non plus, mais l’on peut facilement imaginer que la grenouille serait tout aussi embarrassée de laisser le caldissien entrer chez lui. Lorsqu’il lui a proposé de venir jusque dans sa maison, Gabryel ne se rendait peut-être pas compte d’à quel point une telle proposition pouvait être intime. Il y a quelques heures, Raol aurait préféré s’enfuir en courant que se faire inviter dans la demeure du général, probablement pour ces mêmes motifs. Par peur de ce qu’être invité dans ce cocon, ce lieu de vie si personnel, pourrait signifier pour leur relation. Mais, après leurs discussions maladroites, iel se sent plutôt honoré d’être là et aussi, étrangement à l’aise et en sécurité. Bon, ce n’est pas pour autant que les lieux ne l’impressionnent pas un peu.

    Il n’y a pas que les lieux qui sont un poil intimidants, d’ailleurs. Et iel ne pense pas au fait que sous sa forme de grenouille, iel est bien minuscule face à son ami. La capacité du général à s’ouvrir et à se livrer à l’exploration de ses propres émotions a toujours provoqué quelque chose de particulier chez la grenouille. Ça l’impressionne. Au départ, iel détestait profondément la nymphe quand elle faisait son drame de riche caldissien isolé de sa terre natale. Ou simplement quand il essayait de lui faire part de ses sentiments. Gabryel a une manière bien à lui d’être sentimental… Raol a passé des mois à trouver ça indécent et franchement dérangeant. Probablement parce qu’iel envie son pote de Caldis sur ce point. Ellui ne sait pas comment comment appréhender ses propres émotions. Iel serait bien incapable de se lancer dans de longues tirades comme le fait le général Ouin-ouin.

    Ouais, bon, te mets pas à quatre pattes pour ça non plus, Zeteki (quoique, c’est déjà le cas en fait). On le sait, que tu le trouves canon quand il est inspiré et dramatique, ton général. Ehehe.

    Comme quoi, tout change. Lorsque l’autre mentionne à nouveau sa famille, la grenouille sent un certain malaise l’envahir. Le sujet a l’air de rendre son interlocuteur morose. Puis, ses mauvais à priori ne sont pas prêts de partir de sitôt, après sa rencontre avec Venomania Père. Maintenant, iel est certain qu’à part Gabryel, iels sont tous comme ça. Ce n’est pas aujourd’hui que sa rancune deviendra moins tenace. Mais bon, normalement, lea Zeteki n’aura pas à fréquenter les Venomania de trop près pour le moment (enfin, à part celui qu’il a envie de fréquenter de très près). Lorsque le visage de Gabryel s’illumine à nouveau en parlant de son pays, la petite grenouille sent son cœur s’emballer de plus belle.

    Pfouah… Oui bon ça va on a compris que t’es beau et que t’as encore plus de swag qu’une pomme bien rouge Gabryel. Maintenant, arrêtes de briller, ça fait mal aux yeux.

    La grenouille ferait mieux de s’essuyer quand elle bave, de son côté. Iel force un sourire compréhensif lorsque l’autre lui parle de son attachement à son pays d’origine et insinue que Raol aime Yggdrasil de la même manière. Déstabilisée, la grenouille n’ose pas couper l’autre, mais elle a failli se manifester pour affirmer, très sèchement que « non, je ferais jamais ça pour Yggdrasil ». Le fait que cette certitude soit si présente à son esprit lea met mal à l’aise. Pas qu’iel ne le suspectait pas déjà. Puis, il comprend bien ou Gabryel veut en venir, mais, tout de même. Le batracien ne sait pas ce que c’est, d’être attaché à sa patrie autrement que par quelque devoir pénible et par une espèce de reconnaissance obligatoire. Iel pensait que tout le monde faisait ça par obligation et sous une pression sociale ou familiale, comme ellui. Mais, visiblement, ce n’est pas le cas.

    Toute cette conversation lea mettait déjà en terrain inconnu, mais la suggestion de son ami lea pris à nouveau de court. Bouche-bée, la grenouille reste muette et fantasme, l’espace de quelque secondes, rencontrer des cousins très très éloignés partis vers Caldis. Iel s’imagine d’un coup une famille moins brisée que la sienne et qui a trouvé sa place dans l’est du continent. Au soleil de Caldis, sans le froid de l'hiver…

    Non mais ça suffit, à quoi tu penses, là ?!

    « E-euh… »

    Il bug, l’amphibien. Iel cligne des yeux puis se reprend.

    « Tu… ferais vraiment ça… ? J’veux dire, tu peux… ? »

    Son cœur se serre tandis qu’iel pense à Ziyal. Son parent lui a raconté que l’essentiel de sa famille, les Rhinellae, est partie vers l’est. Si Ziyal est en Yggdrasil, c’est parce qu’il a suivi Akiya par amour. Tout ce qu’iel a gagné, c’est d’être plongé dans la dépression à cause d’un compagnon violent et manipulateur, même s’iel assure qu’Akiya n’avait que de bonnes intentions. Comment Ziyal réagirait-iel, s’iel apprenait que les descendants de sa famille étaient en Caldis… ? L’espoir envahit soudain la grenouille qui entre-aperçoit une solution qui permettrait peut-être à son parent d’aller finalement mieux, d’arrêter de se laisser dépérir avec ses regrets.

    Et si… si notre avenir pouvait être ailleurs ? Est-ce que Ziyal accepterait l’idée qu’Akiya s’est gourré ? Est-ce qu’il accepterait l’idée d’avoir perdu tant d’années ici avec nous alors que…

    « Je… vais y penser. »

    Je voudrais en parler à Ziyal avant.

    Sans en dire plus, Raol reste un petit moment plongé dans ses pensées. Iel laisse Gabryel faire quand celui-ci transporte le petit bol au travers de la demeure. La grenouille en profite pour continuer d’admirer le paysage, tout de même curieuse d’où l’autre peut bien l’emmener. Iel ne s’attendait pas à se retrouver dans la chambre de Gabryel ce soir, à vrai dire. Trop occupé à se retourner le cerveau avec cette histoire de cousin.e.s caldissiens, Raol ne pense même pas à faire une blague débile sur le fait que « huehuehuehue c’est qui qu’est pressé de m’avoir dans son lit maintenant, hein ?! ». L’eossien reconnecte à nouveau avec la réalité lorsque son ami se remet à parler, plus longuement cette fois-ci. Il a l’air de réfléchir à voix haute, de faire le point et il s’excuse, encore.

    « Non, mais, c’est bon, te justifies pas pour lui… c’est lui qu’est con. »

    Marmonne Raol en s’humidifiant à nouveau la peau, sans animosité. Enfin, si, de l’animosité il en a, mais pas après Gabryel. Iel ne comprend pas bien ce que son pote veut dire par « représenter la famille »… le système de chef de famille chez les nobles lui échappe encore un peu, mais il lui semble que ce n’est pas vraiment la même chose que simplement la « représenter ». Peut-être que lea Zeteki n’est pas très vif pour comprendre les trucs de nobles, mais ce qu’iel comprend sans mal, c’est que la nymphe est extrêmement préoccupée par ses responsabilités. Que ce soit en tant que fils, en tant que représentant de la noblesse, en tant que général et en tant que fier caldissien. Plus Raol apprend à connaître le général, plus iel voit à quel point la position de son ami est peu enviable à bien des égards. Il lui semble toujours au bord du craquage… d’ailleurs, iel l’a déjà vu perdre pied plusieurs fois.

    …Au moins, lui, il accepte de perdre pied pour mieux se relever.

    Mais ce n’est pas étonnant que Gabryel soit si tourmenté, en fait. Ce n’est pas juste une scène de Général Ouin-Ouin pourri gâté. Il se sent coincé et impuissant et la grenouille peut sentir sa frustration, son désespoir, même. L’impuissance, Raol connaît vraiment bien ce sentiment. Que ce soit face à sa propre situation familiale passée et présente, face au fait qu’iel ne peut revenir en arrière et ne peut annuler la Chute, face au fait qu’iel ne se sentira sans doute jamais vraiment « eossien », face au fait qu’iel ne peut pas annuler ni oublier le meurtre qu’iel a commis, et bien d’autres choses. Il y a des situations sur lesquelles l’on ne peut avoir aucune prise, aucune influence. Qui sont juste complètement merdique, avec lesquelles il faut juste « faire avec » ou ronger son frein en attendant que ça passe. Lorsque ces contextes mettent en danger des personnes que l’on aime, la colère et le sentiment de solitude que l’on peut alors ressentir est immense, insupportable. Mais, ce ne sont pas de pauvres mortels qui peuvent y changer quelque chose.

    Le cœur de Raol se serre et iel fait un petit bond hors de son bol d’eau, puis se change à nouveau en humain en atterrissant avec légèreté sur le lit, aux côtés du général. Présentement, iel a juste envie d’alléger un peu l’esprit de son ami. De lui dire que les choses vont bien se passer alors qu’il n’a rien qui lea rend plus incertain. Pourtant… c’est tout à fait ce la grenouille s’apprête à faire. Son bras vient doucement s’enrouler autour de la taille du plus grand et sa tête se pose sur l’épaule de Gabryel. Iel enlace avec precaution son ami, son corps à moitié posé sur celui de son vis-à-vis. Les cheveux de la grenouille sont encore un peu humides mais elle se dit que ça ne dérangera pas trop la nymphe aquatique. Iel soupire doucement et ferme les yeux, l’espace de quelques secondes. Iel est bien, ici. Son cœur bat fort et son ventre se réchauffe d’une manière bien particulière. Une pression agréable pèse contre sa poitrine, tandis que son corps se serre un peu plus contre celui du caldissien. Voir Gabryel se montrer si vulnérable et l’avoir contre ellui, ça lea fait se sentir chanceux, important. Faut dire que le Général Ouin-ouin est devenu très important à ses yeux aussi.

    « C’pas à toi de porter toute la misère du continent et de ta famille, hein. T’es pas… Miss… Omimi-truc… euh… c’est quoi le nom de votre dieu, déjà ? »

    Ah bah bravo, pour casser l’ambiance, toi… ça se voit que ton daron était dans le bâtiment, tiens.

    « Hem… laisses tomber. Je veux juste dire que… bah… évidemment, que t’es impuissant. Franchement, on est toustes un peu impuissants, là et ça risque de rester comme ça encore un moment. »

    Ouais c’est pas hyper optimiste comme manière de penser. Ça sonne comme une mauvaise excuse, mais ce n’est pas le cas. Enfin, peut-être.

    « Pis tu te rends compte que tout ce bordel, c’est pas ta faute à toi personnellement, hein ? »

    Je sais que y’a quelques mois, j’aurais adoré pouvoir lui cracher à la face le contraire. Lui dire qu’il est responsable de tous les maux du monde et que c’est parce qu’il a pété un jour en sortant du bain qu’on a vieilli de mille ans d’un coup… erh. Mais bon, faut pas abuser, non plus.

    « Tu fais de ton mieux… pas vrai ? »

    Je peux pas en dire autant.

    « Donc… »

    Tout en essayant maladroitement de rassurer son ami, la main de la grenouille s’est mise à caresser chastement, avec une douceur mesurée, le torse du général. Ses doigts remontent doucement vers le haut et ramène une longue mèche de cheveux claire avec laquelle iel commence à jouer distraitement.

    « Arrête de te prendre la tête. Pour le moment, tout va bien. »

    Son visage se blottit dans le cou et les cheveux de Gabryel. Iel dépose un baiser léger à la base du cou de son ami puis laisse échapper un court soupir tout en se détendant. Par « pour le moment », iel veut dire, « en cet instant présent », pour inciter l’autre à penser à autre chose et à se détendre avec ellui. Evidemment, c’est plus facile à dire qu’à faire. La grenouille n’est pas la dernière à se tourmenter incessamment et à sentir les remords lui remonter le long de l’échine à chaque fois qu’iel oublie qu’iel a tué ce type dans une ruelle sans y réfléchir à l’avance. Iel ferme les yeux et se force à penser à autre chose. Ses pupilles jaunes se redirigent vers l’intérieur de la chambre, qu’iel n’a pas vraiment pris le temps de détailler. Tout est tellement calme. L’ambiance ici n’a rien à voir avec les quartiers eossiens ou même de la ville basse. Iel a l’impression d’être seul au monde en compagnie du général.

    « J’vais rester ici j’crois. J’espère que t’es prêt à m’entretenir financièrement parce que là, le travail, pour moi, c'est fini. »

    En grognant de manière volontairement infantile, la grenouille resserre vivement son étreinte et enfonce encore plus sa tête contre la poitrine du caldissien. Une fois bien allongé sur l’autre et la tête bien installée sur le haut du torse du plus grand, Raol sourit comme un bienheureux et émet un « hmmmm » satisfait.

    « Paaaaaaaaarfait. Bouges pu maintenant. Sinon, j’te bave dessus. »

    Héhéhéhéhéhéhé.


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    Moins de darons, plus de potimarron. avec Gabrol+
    Gabryel avait fini son discours mélancolique, il ne savait plus quoi dire, ou ajouter. Les mots avaient beau tourner dans sa tête, ils ne formaient aucune combinaison viable. Malgré toute sa bonne volonté, il ne réussissait pas à se confier davantage, à dire l’entière vérité. Il n’était même pas sûr, véritablement sûr, de vouloir dire toute la vérité. Car s’il le faisait, cela voudrait dire qu’il n’y aurait plus de solution, que cela deviendrait réel. Que son père allait mourir. Et pour le moment, il préférait encore nager dans le déni plutôt que d’accepter ce raisonnement. Il se tourna à nouveau sur le dos, jetant un regard en biais à Raol, toujours perché.e dans son petit bol. Le noble lui sourit doucement en lea voyant ainsi, avec ces grands yeux jaunes et cette forme animale. Il était rare qu’il puisse l’apercevoir ainsi, alors il en profitait un peu en le détaillant rapidement.

    Le militaire avait proposé à la grenouille de se renseigner sur sa famille, dans l’Est, mais il n’est pas bien sûr de réussir à trouver grand-chose, ni même qu’iels soient encore vivants. Mais peut-être que s’iel accepte, iel aura une première piste, quelque chose qui lui permettra de panser ses plaies. De ce que Gaby avait compris, lea Zeteki n’entretenait pas de bonnes relations avec son parent... Et l’autre n’était plus de ce monde. Cependant, il ne connaît pas les détails ni les étendus des dégâts qu’ont pu provoquer ses relations familiales sur sa personne. Il ne peut pas dire le contraire, Raol n’a pas toujours été sympathique avec lui, à juste titre parfois. Mais iel était agressif.ve, et celui aux cheveux argentés doutait que ça soit sa réelle personnalité. A lea voir ainsi, il semblerait même qu’iel puisse être un tout autre genre de personne, bien plus agréable... Le genre de personne avec laquelle on veut passer du temps.

    C’est pour cela qu’il s’étonna du ton neutre lorsqu’iel insulta mollement Sebastian. Lea batracien.ne ne voulait pas faire preuve d’animosité envers lui, iel voulait s’adresser à Gabryel le plus simplement possible, sans remettre la faute sur lui, ce qui lui arracha une moue attendrie. Sans qu’il ne comprenne ce qu’il se passe, voilà que Raol bondit sur son lit et revient à sa forme humaine, à ses côtés dans son lit. Pendant un instant, le général fut paralysé, il n’osa ni bouger, ni parler. Il cligna plusieurs fois ses yeux lilas, pas certain de comprendre ce qu’il venait de se passer. Cette proximité soudaine lui donna un frisson, plus ou moins agréable.

    Il écouta Raol, il resta silencieux durant ses réponses, ne sachant en réalité pas quoi dire. Il appréciait de se faire réconforter, mais il n’était pour autant pas d’accord avec ellui. A tel point qu’il ne réagit pas forcément à sa maladresse quant à son Dieu. Il ne comprenait tout simplement pas. Pour lui, tout cela est en partie de sa faute. Il n’a pas à être “comme les autres”, il ne doit pas être impuissant, il n’en a pas le droit. Ce n’est pas de cette façon qu’on l’a élevé. S’il faisait de son mieux ? Il ne savait même pas. Il pourrait encore s’améliorer, il pourrait agir davantage. Il le faut ! Si les choses sont amenées à durer, alors il ne peut pas se permettre de rester aussi faible, il faut qu’il avance, qu’il se batte comme il l’a toujours fait. Il faut qu’il gagne cette guerre, pas seulement quelques batailles. Il voulait une victoire totale sur ses propres démons, sur Yggdrasil, sur la Couronne.

    Le contact de saon ami.e sur son torse le ramena à la réalité. Iel dessinait lentement des formes arabesques sur la poitrine du militaire, remontant peu à peu à quelques mèches de cheveux immaculées, jouant maladroitement avec. Et puis, d’un coup, tout allait mieux. Il se détendit brusquement, grâce à seulement quelques mots. “Pour le moment, tout va bien.” Ces quelques mots suffirent au général pour libérer la tension. Il laissa faire la grenouille lorsqu’iel vint déposer un baiser dans son cou et s’y loger pour prolonger cette étreinte. Il murmura un "Merci" presque inaudible tandis qu'il se laissa se relaxer un instant.

    Gabryel souffla du nez à la proposition sarcastique de lea Zeteki et à sa tentative de se positionner, tentative qui fut une réussite au vu de ses bruits plein de satisfaction. La nymphe remonta sa main le long du dos de Raol, caressant doucement les tissus sur sa peau, et vint finalement la loger dans ses cheveux. Ses cheveux qu'il apprécie bien plus maintenant qu'ils sont détachés. Cette coupe lea rendait vraiment attirant.e. Il était bien plus calme, malgré les battements intempestifs de son cœur. Face à la provocation de l’animorphe, il ne peut qu’hausser un sourcil circonspect.  

    « Tu fais des menaces au chef de l’armée caldissienne ? C’est une déclaration de guerre. »  

    Il sourit, bien que pas tout à fait rassurer à l’idée de se faire baver dessus. Une fois, pas deux. Puis, une idée germa au creux de son esprit, une idée qu’il mit immédiatement en place. Il fit semblant de vouloir l’embrasser, mais à la place il fit rouler Raol sur le côté, se retrouvant ainsi au-dessus d’ellui, tenant fermement ses deux poignets. Gabryel se mit à rire, franchement. Chose qu’il n’avait pas faite depuis bien longtemps... Puis, toujours en tenant les mains de saon ami.e, il s’approcha d’ellui et vint voler quelques baisers dans le creux de son cou avant de défaire son emprise et de s’éloigner un peu.

    « Il va falloir t’entraîner un peu plus si tu veux mener une bataille contre moi. »  

    Il se mordit l’intérieur des joues, prit d’une soudaine envie de l’embrasser. Il fallait qu’il se calme. Il se recoucha à ses côtés, agrippant la grenouille pour l’emmener contre lui.

    « Qu’est-ce que tu veux de moi ? »  

    Gabryel n’avait jamais vraiment effacé de son esprit l’idée que Raol puisse ne vouloir s’approcher de lui que par intérêt, même si cette idée lui semble tout à fait idiote, elle ne peut pas être éliminée du jour au lendemain. Car depuis toujours ses conquêtes sont venues à lui avec un but bien précis en tête... Hormis Klaus. Cette fois-ci, c’était lui qui était venu par intérêt. La grenouille ne cesse de répéter qu’elle n’a rien à lui offrir, mais dans ce cas-là, qu’attend-iel ? Si ce n’est pas des biens, des propriétés, du pouvoir, qu’est-ce que ça peut être ?

    « Je t’apprécie sincèrement, plus que tu ne peux l’imaginer, mais j’ai besoin de savoir ce que tu attends de moi. »  

    Et iel pourrait très bien mentir, mais au moins Gaby n’aura pas de regret. Il aura fait son mieux. Il aura essayé de lui donner tout ce qu’iel voulait. Tout ce dont iel a besoin pour se sentir en sécurité à ses côtés. Tout ce dont iel a besoin pour être heureux.se. Le Venomania n’est pas très extravertie, il n’a pas beaucoup d’amis... Mais ceux qu’il a sont très précieux et il se dévoue complètement lorsqu’il croit en quelqu’un. De la même façon qu’il sait qu’il aidera Samaël dans n’importe quelle situation, il veut le faire pour Raol aussi. Bien que les deux relations ne soient pas vraiment similaires, l’une étant plus intime que l’autre évidemment, pour le noble iels restent des amis, de rares amis. Alors il donnera ce qu’il a.
    kyro. 017 ldd

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    Moins de darons, plus de potimarron


    Avec
    Gabimbo



                

    "Tu veux pas qu'on aille manger des pommes, plutôt ?"

    Un sourire en coin victorieux fend le visage de la grenouille lorsque son ami répond à la provocation. Derrière son désir de s’amuser un peu avec Gabryel, iel est content de constater que le général a l’air de moins se torturer. Et il n’a pas l’air d’avoir trop peur de se faire baver dessus, pour une fois. Enfin, le général n’a pas l’air entièrement contre quelque chose d’un peu baveux non plus, vu comme son visage se rapproche de celui de la grenouille, ses lèvres plus invitantes que jam—

    « Hé !! »

    Glapit l’amphibien qui se retrouve en un instant sur son dos alors qu’iel pensait profiter d’un tendre baiser du caldissien. Bien loin de bouder pour autant, Raol lève les yeux vers Gabryel, qui vient de se placer au-dessus d’ellui en tenant ses mains captives.

    Ohlala, zuuuut. Me voila dans de beaux draps (c’est le cas de le dire)…

    Iel déglutit, une lueur d’excitation dans le regard, comme s’iel découvrait la grande différence de taille et de carrure qu’il y a entre ellui et son comparse. Ça lui donne bien des idées. Le sourire de l’eossien s’élargit encore, plein de satisfaction et de promesses face à la tournure des évènements. Iel parvient à libérer l’une de ses mains pour se saisir du col du général qui descend avec empressement dans son cou. Entre deux soupirs, Raol glousse devant l’arrogance de son ami, non sans que de multiples scénarios (tout sauf chastes) se forment dans son esprit et que son corps ne s’électrise lorsque les lèvres de son comparse continuent de caresser sa gorge. Iel ne va pas s’avouer vaincu si facilement, même si la perspective de rendre les armes et de guider les mains de la nymphe contre son corps est fort tentante. Ce ne serait pas drôle, de déjà cesser de se battre sans avoir fait comprendre à l’autre qu’il ne devrait pas tant se reposer sur sa longue silhouette. Prête à reprendre le dessus sur Gabryel et à lui faire une démonstration de sa souplesse, la grenouille fut surprise de le voir s’éloigner en premier, se remettre sur le dos et lea garder contre lui. Il est soudainement redevenu étrangement calme.

    Le cerveau de lea Zeteki, encore branché sur les fréquences du slip, ne percute pas tout de suite le véritable sens de la question qui vient de lui être posée.

    « Bah, sois pas timide, tu peux commencer par me toucher l’-- »

    Ok, non. Raol. Ta gueule. Je crois que c’est pu le sujet.

    Iel croise à l’instant le regard, redevenu sérieux du général. Raol se tait et s’éclaircit la gorge, son regard dévie ailleurs, le temps de dissiper ses pensées lubriques afin de se concentrer sur le caldissien préoccupé. Lea Zeteki se demande d’abord ce qui lui prend, au général. Iel se demande s’iel l’a mis mal à l’aise avec ses histoires de bave ou…

    « Pffff… Non mais, quand je disais que tu devrais m’entretenir financièrement, je blaguais, Gabryel… »

    Iel glousse bêtement. Mais l’autre a l’air ailleurs et peu enclin à se faire vanner. Même qu’il insiste. Il doit y tenir. La grenouille soupire puis fait de son mieux pour se détendre dans les bras de son ami. Nerveux, iel commence à tripoter son médaillon de jade, à son cou. Un silence, un peu long, passe, pendant lequel Raol se sent vraiment bête de ne rien trouver à répliquer.

    Mais quoi ! Je sais pas, moi ! J’attends rien de lui ! Faudrait que j’attende quelque chose de lui ?!

    Il doit… parler de lui, de moi de… de nous ? De notre relation ? Qu’est-ce que j’attends de notre relation… ? Mais… elle est pas déjà bien comme ça ? Je pensais que les choses s’étaient améliorées, moi, justement.

    « …Je sais pas quoi te dire, là… tu… tu penses que c’est pas… »

    Décontenancé, Raol tente tout de même de trouver les bons mots. Une partie d’ellui a la sensation que c’est peut-être un piège. Que c’est surement un test. Après tout, ellui aussi a testé le général, un peu plus tôt… est-ce que Gabryel s’est aussi senti perdu et inquiet, à ce moment-là ? La culpabilté envahit la grenouille, mal à l’aise à l’idée qu’elle puisse tout gâcher la prochaine fois qu’elle ouvre la bouche. L’amphibien veut simplement… iel n’allait pas mentir ou romancer la vérité. S’iel est là aujourd’hui, c’est bien pour une seule vraie raison.

    « Bah… j’ai juste… j’ai envie de te voir ? »

    Je fais trop le mec mature mais je me demande aussi tout le temps pour quelle fichue raison il pourrait bien avoir envie de me fréquenter.

    Raol se met à réfléchir. A ce qu’iel fait pour se rassurer que Gabryel ne l’utilise pas en vue de l’expulser de la vie dès qu’il aura obtenu ce qu’il veut. Généralement, juste être en compagnie du caldissien suffit à lui faire un peu oublier tout ça. Son regard balaie la chambre et passe sur sa petite besace, qu’iel a laissé un peu plus loin sur le lit, de laquelle dépasse une dague au fourreau richement ornée bien familière. Un rictus attendri passe sur le visage de lea Zeteki qui se penche à nouveau sur son ami.

    « …Hé, tiens. Tu sais, euh… tu sais que depuis que tu m’as donné ta dague je m’en sépare quasiment plus… ? »

    Ses joues s’empourprent légèrement. C’est mièvre et un poil embarrassant, mais c’est vrai. Au début, iel la prenait dans l’idée de la planter dans les fesses du militaire dès qu’il le verrait. Ensuite c’est devenu une habitude de l’avoir là. Et après… bah, en fait, Raol s’est rendu compte qu’iel était bien content de posséder quelque chose qui lui rappelle le Général Ouin-ouin.

    Quand iel la voit cette dague, iel pense à Gabryel. A ses sourires. A son arrogance de façade. A ce qu’iels ont traversé ensemble et à leurs débuts houleux qui ne laissaient pas présager qu’iels partageraient un jour une grande proximité. Raol ne croit pas au destin ou aux âmes sœurs. D’ailleurs, il n’y a aucune chance que Gabryel soit son âme sœur. Cependant, iel ne peut pas s’empêcher de se dire que quelque chose l’attire irrésistiblement vers le Caldissien. Et iel ne peut pas forcément l’expliquer. Enfin, si. Il l’apprécie beaucoup. Iel aime la passion qui anime toujours Gabryel, qui l’enflamme d’une inspiration un peu dramatique lorsqu’il s’exprime. Iel aime la douceur dont fait preuve le militaire envers ellui, comme s’iel était précieux, important. Iel n’ose pas le dire à voix haute mais la grenouille, ce genre d’attention, elle en a vraiment besoin. Et puis… il y a le fait que fréquenter Gabryel lui donne l’impression d’enfin avancer un peu. Du moins, de retrouver le désir d’avancer.

    La nervosité de lea Zeteki s’est dissipée et son expression s’est attendrie. Iel se redresse à genoux aux côtés de la nymphe, sans cesser de lui faire face. Ses doigts descendent doucement vers son poignet. Iel en retire un de ses bracelets en jade. Puis, iel va se saisir délicatement de la main du général. Sans un mot, iel fait passer le cercle de pierre verdoyant le long des doigts du caldissien, jusqu’à ce qu’il entoure son poignet.

    « Tu sais que le jade, c’est ma pierre préférée ? »

    Iel contemple encore un instant le poignet orné de Gabryel.

    « Il te va mieux à toi qu’à moi, évidemment. » Roulement d’yeux exagéré. Evidemment, tout lui va. « Tu peux le garder. »

    L’animorphe attire doucement la main de son ami aux cheveux nacrés à la hauteur de son visage et dépose un baiser sur ses phallanges. Iel se sent un poil ridicule, après coup. Cela dit, c’est agréable, de redevenir un peu romantico-débile de temps en temps. On lui a déjà dit, à Raol, qu’iel est quand même vachement mièvre pour quelqu’un d’aussi chiant.

    Héhé. C’est vrai que j’ai mes moments. Y’a bien des tarés pour aimer.

    « Rassuré ? »

    Ça lui plait bien, l’idée que l’autre ait quelque chose qui lui fait penser à ellui, dès qu’il regarde son poignet. Peut-être qu’iel n’a pas vraiment répondu aux questionnements de Gabryel mais… iel a sans doute reussi à faire comprendre au Caldissien qu’il est une personne chère à ses yeux.


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    Moins de darons, plus de potimarron. avec Gabrol+
    Il pourrait se détendre, se laisser aller au “on verra”, accepter de ne pas contrôler l’entièreté de son existence. Il pourrait arrêter de vouloir saboter sa propre vie, cesser de tenter d’émettre des courts circuits, essayer d’admettre qu’il pouvait s’octroyer un instant de répit. Se résigner à poser les genoux à terre, faire tomber à terre son lourd fardeau et tendre les mains en l’air, signe de pacifisme. Il devrait abdiquer, accorder à son être un peu de repos. Les voix dans sa tête, lui murmurant des idées paranoïaques, finiront sans doute par s’éteindre d’elle-même puisque le feu ne serait plus alimenté. Seulement, la bonne volonté ne semblait pas être suffisante. C’était comme s’il redoutait un retour de flamme. Il était véritablement effrayé par le fait de se livrer à quelqu’un, de faire pleinement confiance. Et peut-être aussi appréhendait-il ses propres réactions. Qu’était-il véritablement capable de faire ? A quel point essayait-il de défier le système ? Jusqu’où était-il capable de se faire du mal, de faire du mal à Raol ?

    Gabryel aimerait que les choses soient plus aisées, pour elleux-deux, mais ça n’était pas le cas. Du moins, pas de son avis. Lea Zeteki avait cette capacité de briser le masque du noble, il pouvait regarder derrière, savoir ce qui se cachait réellement sous cette couverture. Le fait que quelqu’un ait un tel pouvoir l’affolait. D’autant plus si cette personne a le mobile nécessaire pour lui souhaiter les malheurs du monde. Sans compter qu’au fond il le méritait. Il était un tueur, un menteur, un manipulateur, un pilleur... Il était vil. Pourtant, malgré tout, la grenouille avait ses deux pupilles dorées plantées droit sur lui, sans jugement, sans crainte, sans rage. Iel le regardait comme s’il n’était rien d’autre que celui qu’il était avec ellui. Comme si tout le reste n’avait aucune espèce d’importance.

    Comme s'il en valait la peine.

    Raol pouvait se dénigrer à haute voix, mais Gabryel lui le faisait sans cesse dans sa tête. Il transpirait de confiance, mais ne pensait pas toujours ses compliments narcissiques. Entendre les bégaiements de lea batracien.ne le faisait doucement sourire. Il avait le don de démolir ce qu’il construisait. Le militaire laissa couler son regard sur le corps de saon ami.e qui s’étira pour attraper son sac en cuire, négligemment posé sur le bord du lit. Iel en sortit une jolie lame que celui à la longue crinière ne mit pas bien longtemps à reconnaître. Un court instant, l’espace d’une seconde, son visage s’empourpra à l’idée qu’iel ait gardé cette dague auprès d’ellui, vestige d’un souvenir commun. Son éclat brillait sous la lumière des rayons du soleil qui transperçaient les vitres de sa chambre. Cette même étincelle qu’il retrouva dans le regard de l’éossien.ne. C’est à ce moment précis qu’il remarqua les joues teintées de l’amphibien.ne, ce qui lui arracha un nouveau rictus, un peu plus malicieux que le précédent.

    Il apprécia d’autant plus la moue attendrie qu’iel adopta, une expression faciale qui fut contagieuse. Et lorsque Rao se saisit avec douceur de sa main, il sentit un violent frisson le parcourir. Ce simple geste aurait-il suffit à apaiser ses craintes ? Il aurait aimé détailler plus longuement les pierres de jade entourant son poignet, mais il n’y arrivait pas. Gabryel ne pouvait pas détacher son regard du visage de saon ami.e. A cet instant précis, rien ne lui faisait plus plaisir que de l’avoir dans son champ de vision. Iel venait de balayer d’un revers de main, avec une facilité déconcertante, toutes ces angoisses incessantes. Une flamme grossissait à l’intérieur de son estomac, de façon presque imperceptible, mais assez pour lui faire comprendre qu’iel comptait bien plus qu’il ne pouvait lui-même l’imaginer. Depuis quand iel s’était-il autant immiscé dans le cœur du général ?

    Il se rappela toutes ces fois où il avait prié pour que lea Zeteki mette un terme à cette relation, car il n’arrivait pas à le faire autrement qu’en faisant du mal. Il se rappela avoir voulu l’oublier, une bonne fois pour toutes. Dorénavant, tout cela lui semblait bien stupide. Pour rien au monde il ne voulait effacer ces bribes de réminiscences, aussi insignifiantes soient-elles. A l’instar de ce bijou verdâtre et de cette arme habillée de pierres, ces souvenirs sont les preuves de l’existence de quelque chose de concret. De la naissance de quelque chose qui les dépassent peut-être un peu. Gabryel resta un instant silencieux, les yeux illuminés, l’air un peu heurté. Puis, ses bras se sont allongés, saisissant Raol pour l’étreindre. Et dans le creux de son oreille, il vint murmurer à son attention, plein de sincérité :

    « Merci. »

    Il profita de cet échange, de cette proximité. Il huma son parfum, il évalua l’humidité de ses cheveux détachés en y passant ses doigts dessus. Il ferma les yeux, profitant pleinement de ce moment. Tout s’était envolé. Il ne restait plus qu’elleux, dans cette chambre immaculée, dans ce lit bien trop spacieux pour une unique personne, mais qui devenait plus confortable à deux. Doucement, il fit basculer Raol sur le dos, sans pour autant rompre leur contact intime. Il délogea simplement son visage de son épaule pour venir lea regarder, plus affectueux qu’il ne l’avait jamais été. Son cœur battait furieusement dans sa poitrine. L’une de ses mains se posa sur sa cuisse, l’autre sur sa joue, et il l’embrassa. Sans ardeur, sans violence... Ce n’était pas un baiser langoureux. C’était une véritable chorégraphie. Et il dansait comme s’il avait attendu cela toute sa vie. Comme s’il ne pouvait plus se contenir, au risque d’imploser bêtement.

    Ses doigts se resserrèrent sur la cuisse de l’animorphe, sans pour autant avoir pour but de lui faire mal. Son baiser s’intensifia, devenant plus avide. Il voulait Raol. Il lea désirait tellement qu’il se demandait s’il arriverait à se séparer d’ellui, désormais. Sa température corporelle augmenta, se traduisant par son épiderme brûlant. Ces longs cheveux d’ivoires chatouillaient les joues de saon ami.e tandis qu’il profita d’une dernière seconde à l’embrasser. Il se rendit compte à quel point il était capable de ressentir, avec autant de puissance. Il garda en mémoire le goût de ses lèvres, la fraîcheur de sa peau, la longueur de sa chevelure brune et la teinte de ses iris, plus que jamais responsable de cette situation. Il voulait que ce moment dure une éternité. Il voulait contenter son esprit de sa présence à ellui, rien de plus.

    Mais il se sépara, le souffle saccadé, l’âme emmêlée. Il rouvrit les yeux, tentant de se concentrer sur son regard, mais revenant toujours sur ses lèvres. Il voulait lea remercier. Lui faire comprendre par les gestes tout ce qu’il n’était pas capable de lui dire. Gabryel remonta sa main, ne manquant pas de caresser sa hanche, ses côtes et sa poitrine. Il effleura du bout des doigts sa tempe et sa joue, comme s’il redoutait de lea briser à son contact. Il souffla du nez, affichant un large sourire, et posa sa tête contre le matelas, comme pour se cacher.

    « Tss, j’ai l’impression d’être un adolescent, pas toi ? » Il colla un peu plus son bassin contre le sien, et continua.« Tu as prévu quelque chose, ce soir ? Tu pourrais rester ici, si tu le souhaites. On pourrait discuter, toute la nuit. »

    Il revint lui faire face, cette fois-ci une lueur espiègle dans les yeux. Il embrassa ses joues, son front, son nez, son cou, le bout de son oreille, comme s’il essayait de lea déstabiliser, pour évaluer ses réactions. Il avait envie de l’embrasser. L’embrasser jusqu’à ce qu’il en devienne dingue. Depuis quand n’avait-il pas ressenti ça ? Lui qui croyait ne plus trouver son bonheur dans les relations intimes, le voilà agréablement surpris.

    « Fais comme tu le veux Raol. Tu as le choix. On fera ce que tu voudras. »

    Il pouvait bien patienter pour ellui, ça ne lui posait aucun souci. Et pour une fois, ça ne lui faisait pas peur de se rendre compte de cela.
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    Avec
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    "Tu veux pas qu'on aille manger des pommes, plutôt ?"

    Iel se doutait que Gabryel se réjouirait de son geste. Enfin, iel l’espérait. Ce qu’iel n’espérait pas forcément, en revanche, c’est que la nymphe réagisse à ce point. Pour être ravi, il est ravi, le Gaby. Et la grenouille, agréablement surprise, n’est pas peu flattée de déclencher une telle fougue chez le général. Raol profite du moment pour serrer également le caldissien dans ses bras, mêle ses doigts à sa chevelure violacée qui n’en finit pas, apprécie simplement leur proximité et la chaleur qui gagne son ventre à nouveau. Sans que ses gestes ne s’emballent, Gabryel l’entraine à nouveau sur les draps. Ses mains se font plus aventureuses et son regard ne laisse aucun doute quant à son désir et ses intentions. Cela faisait vraiment longtemps que Raol n’avait pas été embrassé ainsi. Iel ne laisse d’ailleurs aucun doute au général quant au fait qu’il le veut tout autant, dans la manière avec laquelle ses lèvres et sa langue vont jouer avec celles de son vis-à-vis. Ses mains s’invitent contre la chemise, le torse, la taille fine, les fesses du plus grand et il lui faut se contenir pour ne pas gâcher le moment en devenant trop empressé (puis Gabryel n’apprécierait probablement pas trop qu’on lui déchire ses beaux habits).

    Lorsque leurs lèvres se séparent, Raol se trouve à bout de souffle l’espace de quelques instants. Iel n’a plus vraiment l’impression d’être un animorphe à sang froid, actuellement. Son visage empourpré et ses sens, plus avides que jamais, en veulent plus. Mais l’eossien.ne ne veut pas seulement recevoir les caresses (bien qu’incroyables) de Gabryel. Iel veut aussi lui donner beaucoup. A vrai dire, il y a énormément de choses qu’iel a très envie de faire au caldissien, là (et c'est dommage qu'iel ait oublié tous ses jouets chez ellui, tout de même). Son ami semble dans le même état qu’ellui et les deux continuent leurs baisers et leurs caresses encore un peu, avec une tendresse mesurée qui peine à camoufler ce que réclament leurs envies respectives. L’esprit embrouillé, Roal laisse échapper quelques longs soupirs, ses sens se délectant de la vue de son partenaire au visage empourpré, de l’effluve florale de ses cheveux, de la chaleur dégagée par son épiderme (si lisse que c’en devient ridicule). Iel veut voir, sentir, toucher plus, bien plus. C’est au moment précis où cette pensée traverse l’esprit de la grenouille que le plus grand s’éloigne, lea laissant retrouver son air et marquer une pause. C’est frustrant, mais c’est plutôt désiré. Les paroles de l’autre lea touchent et lea contrarient tout à la fois, sans qu’iel ne puisse vraiment l’expliquer.

    GNNNNN. Mais il est tellement mignon et gentil. Gnnnnaaaahhhh. Comment je suis censé résister ou refuser quoique ce soit ?!

    Quand la nymphe est ainsi, lea Zeteki a encore plus envie de lui. Iel veut le repousser dans les couvertures et de le gâter pendant des heures. Raol déglutit sans camoufler la couleur saumon dont s’est teintée son visage et son regard plein d’envie de sauter à nouveau au cou de son ami. Ce dernier s’amuse de les voir agir comme des adolescents un peu gauches. La grenouille ne peut pas vraiment le contredire. Leurs déclarations maladroites et leur empressement sont dignes de deux andouilles qui ne savent plus trop quoi dire ni où mettre leurs mains.

    « Mouais… ça, c’est juste parce que t’es vraiment trop irrésistible que j’en perds mes moyens. Héhé. »

    Avec un sourire en coin, Raol laisse le général se coller un peu plus à lui. Iel se penche sur son visage et s’amuse à lui mordiller l’oreille en grognant de manière infantile. Ses doigts remontent le long du bras de son vis-à-vis avec lenteur et son visage plonge dans le décolleté du plus grand qui lui propose de passer la suite de la soirée avec lui. Tandis qu’iel embrasse la gorge et les clavicules de Gabryel, ses doigts s’affairant déjà à lui retirer sa chemise, l’amphibien traverse tout de même un instant d’hésitation. Sans grande surprise, lea Zeteki n’a pas comme priorité de discuter de la pluie et du beau temps, dans l’absolu.

    « Hm… on aura tout le reste de la nuit pour discuter. »

    Pour ce qui est d’enfin découvrir une autre facette intime de Gabryel et finalement coucher avec lui… s’iel en a envie ? Oh que oui. A un point ou des mots ne pourraient pas bien décrire son ardeur. Cela fait des mois qu’iel attend ça. Qu’iel en rêve, même. Si son envie de Gabryel ne fait aucun doute, iel prend tout de même un instant pour s’interroger sur le reste. C’est vrai qu’iel n’était plus très sûr, il y a quelques heures. Iel avait encore quelques réserves, ne sachant pas s’iel avait assez confiance en son ami et en ses sentiments. Mais, là, maintenant, Raol a la sensation que le moment est parfait. Iel n’a aucun doute. Iel se sent voulu, aimé. C’est l’après qui lui faisait peur. L’idée de faire un saut dans le vide avec le caldissien. Coucher ensemble, refuser leur rapprochement inexorable, ne sont finalement que deux facettes d’une même peur… celle de se lier à quelqu’un à nouveau et de risquer de souffrir à aimer trop fort. Se retrouver dans une situation toxique où Raol n’est rien d’autre qu’une éponge à plaintes et à émotions égoïstes et négatives. Mais, si prendre le risque d’aimer Gabryel risque de le faire souffrir, alors Raol s’en fiche, d’avoir mal à nouveau. Car iel a confiance. Iel sait que son partenaire n’a plus cet objectif de le blesser… peut-être bien que la nymphe ne l’a jamais voulu, au final. N’est-ce pas plutôt Raol qui cherche à blesser toustes celleux qui l’entourent et qui projette ses insécurités sur les autres … ?

    « Pour le moment, c’est toi que je veux. Enfin… si t’en es sûr aussi, hein. »

    A ce stade, la grenouille sait aussi qu’elle peut se laisser l’option d’arrêter son partenaire à n’importe quel moment. Et réciproquement. Pour le moment, iel a envie d’essayer. De découvrir doucement tous ces aspects de son amant qu’iel ne connaît pas encore. Cette perspective l’enthousiasme au plus haut point et iel n’a pas envie de le cacher. Iel sait à quel point Gabryel aime qu’on le désire. Iel sait à quel point il aime que Raol le désire.

    Sa main, toujours contre la poitrine partiellement dénudée du plus grand, le repousse doucement. Assez pour avoir assez de distance pour être libre de ses mouvements. Une fois qu’iel a plus de place, lea Zeteki retire ses vêtements sans pudeur, en gardant simplement un sous vêtement. Non sans être intimidé l’espace d’un instant par la présence et le regard de son amant, l’eossien se sent euphorique et fier en s’offrant à la vue de Gabryel. En replaçant ses cheveux dans son dos, Raol s’agenouille en face du plus grand. Son visage se retrouve à la hauteur de celui du général. Son sourire tantôt provocateur est redevenu calme, tendre. Ses doigts remontent vers les épaules de la nymphe, en repoussent les cheveux rebelles et les dénudent finalement en lui retirant sa chemise devenue gênante. Son corps se penche à son tour par-dessus celui du caldissien, un rictus plein de promesses sur les lèvres tandis qu’iel s’invite entre les jambes de son amant. Ses doigts remontent finalement vers le visage du plus grand, s’arrêtent sur ses lèvres. Iel contemple encore Gabryel, sans parvenir à se lasser. Iel se penche à son oreille.

    « Je… j’ai de la chance de t’avoir. »

    Ses lèvres se posent à nouveau sur celles de Gabryel. Leurs baisers et leurs caresses ont continué ainsi pendant un moment. Maintenant, Raol somnole un peu en serrant son amant dans ses bras. Sa gorge émet des petites vibrations aigues batraciennes de bien être. Le soleil s’est couché, au dehors et l’animorphe n’a aucune envie de partir. Iel est bien, là. Iel sait que s’en aller sera un retour brusque à la réalité, à la normalité. Qu’iel ne pourra parler de cette joie d’avoir partagé tous les moments privilégiés avec Gabryel à personne. Ca l’attriste un peu mais, iel se force à penser à autre chose.

    En s’étirant longuement, la grenouille s’étale contre le torse du caldissien et pourrait bien baver tant elle se sent confortable.

    « Gabryeeeeeel ? »

    Une moue capricieuse sur son visage perché sur la poitrine du plus grand, iel penche la tête sur le côté.

    « J’ai faim… t’as pas faim, toi ? Y’a de la bouffe dans cette baraque ? »

    Son regard remonte vers le visage du général. Iel le couvre de baisers furtifs et se redresse doucement dans la couche, sort de sous les draps et s’étire encore longuement. Iel fait quelques pas vers la porte de la chambre et vers le couloir. Puis iel se retourne vivement vers son amant, soudain rempli d’une énergie nouvelle.

    « Hé !! Ces vieilles bâtisses de la ville haute avaient parfois leurs propres thermes ! T’as des bains ici ?! »


    La grenouille bondit à nouveau sur le lit et saisit le visage de Gabryel entre ses mains.

    « Parles ! Où as-tu mis les thermes, Venomania ?! »

    Ah, pour être requinqué, lea Zeteki a plutôt bien rechargé ses batteries.


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    C’était agréable de se sentir aimé et d’accepter cela, sans essayer d’y mettre un terme. Gabryel profite alors de ce sentiment, de toutes ces sensations qui faisaient battre son cœur toujours plus fort. Il se délecta des caresses de Raol, de ses doigts s’aventurant dans sa crinière, de son étreinte plus intime et de son souffle chaud contre sa peau. Il se permet de garder en mémoire la teinte dorée de ses pupilles et tout le désir que l’on peut y lire dedans. Il aime le fait de sentir que tout cela est réciproque, qu’iel en a tout autant envie que lui et que les deux osent enfin se l’avouer, sans pour autant dire quoi que ce soit. Le noble apprécie sa chaleur, apprend à la connaître, à la distinguer des autres, à lui trouver toutes sortes de qualités. Il s’envie de l’entendre à nouveau glousser, prononcer son prénom, murmurer des choses qu’iel n’aurait jamais pu penser auparavant.

    Si iels se détestaient, aujourd’hui il n’en est plus rien. Leur étreinte est chaleureuse, réconfortante et attendue depuis plusieurs semaines, si ce n’est mois. La nymphe se souvient de leurs premiers échanges, leurs premiers contacts, leurs maladresses et leurs méchancetés respectives. Il semblerait qu’iels aient vu le pire de l’autre et pourtant... iels sont là, prouvant qu’iels s’acceptent mutuellement, malgré toutes les erreurs, toutes les injures. Alors même que Gabryel ne s’était jamais accordé de repos, n’avait jamais souhaité faire confiance et se lancer aveuglément... Le voilà en chute libre. Mais il trouve ça tellement excitant qu’il ne peut plus s’arrêter. Il veut s’offrir à Raol, lui donner les plus beaux présents, lea voir sourire encore. Il veut lea sentir près de lui, encore et encore.

    Alors quand la bouche de son amant.e embrasse du bout des lèvres sa gorge, descendant peu à peu contre sa clavicule, il se rend compte qu’iel l’avait dans sa poche depuis si longtemps. Alors il ferme les yeux, souffle bruyamment, lea serre un peu plus fort contre lui. Il émet un son qui voulait approximativement signifier qu’il était d’accord, qu’iels avaient effectivement toute la nuit pour discuter et que peu importait, au final, s’iels ne le faisaient pas. A cet instant, il n’y avait plus rien qui comptait. Ni le travail qui l’attendait sur son bureau, ni les révélations de son père, ni cet après-midi douloureux. Il ne restait rien d’autre qu’ellui dans son esprit, à tel point qu’il frissonna à l’entendre avouer ses envies. Alors, le noble afficha un large sourire, bien plus pur, bien plus sincère, que tous ceux qu’il avait pu lancer auparavant. Plus que jamais, il est heureux. Il voulait savoir ce qu’iel ressentait, à cet instant précis, il voulait entrer dans son cœur pour lire ses pensées et ses émotions, tout comme il aimerait lui faire visiter le sien, lui montrer à quel point iel pouvait y mettre la pagaille quand iel le souhaitait.

    A quel point iel le rendait vulnérable.

    Il l’observe se dénuder, transformant sa mine en quelque chose d’un peu plus... espiègle. Si tantôt il n’arrivait pas à se détacher de ses yeux, dorénavant il n’a plus aucun mal. Il observe ce corps dont il a envie de connaître chaque centimètre. Il voulait qu’il puisse être le seul à lea connaître par cœur, le seul à lui faire cet effet... Et il voulait aussi qu’iel soit lea seul.e à lui procurer cette envie. Il s’en veut d’adopter cet air provocateur alors qu’iel est redevenu.e si doux.ce, mais il ne peut pas s’en empêcher, surtout quand iel vient lui retirer sa chemise, le laissant torse nu face à ellui. Et face à la dernière déclaration de saon partenaire, il se contenta de dire :

    « Tu es vraiment parfait.e, Raol. »

    Prononcer ce nom finissait par devenir une obsession. Et pour la première fois depuis longtemps, Gabryel a dormi, profondément et sans être dérangé par de mauvais rêves. Pendant quelques instants, en se réveillant, il crût avoir imaginé tout cela. Mais non, iel est bien là, à l’appeler de si bon matin. Il sent la présence de la grenouille contre son torse et ouvre un œil avant d’afficher un léger rictus endormi. Qu’est-ce qu’il était bon de se réveiller aux côtés de quelqu’un de si spécial.

    « Bonjour, d’abord. »

    Tandis qu’il se fait recouvrir de baisers, son envie de la veille refait surface, mais est bien vite maîtrisée par l’hyperactivité de l’amphibien.ne. Il secoue doucement la tête, pouffant un peu en lea regardant jouer son numéro. Ses mains remontèrent le long de son corps, caressant ses côtes et il leva les yeux au ciel, profitant tout de même de ce petit nuage.

    « Je vais vous y amener Zeteki, mais avant ça... »

    Gabryel pinça les côtes de saon ami.e, lea chatouillant légèrement pour lea faire lâcher prise. Puis il se calme et l’entoure de ses bras, lui faisant un câlin comme pour être certain que tout cela est bien réel. Qu’iel ne va pas disparaître. Doucement, il lea relâche, ayant satisfait son besoin matinal. Alors il s’étire doucement et se lève de son lit, enfilant un sous-vêtement plus par habitude que par nécessité, soyons honnête. Il lance un regard en biais à Raol, plein de sous-entendus et lui fait signe de le rejoindre, l’emmenant d’abord dans la cuisine. Il lui ouvrit les placards, lea laissant choisir, fruits, légumes, petits encas, il y avait de tout. Un peu trop, d’ailleurs. Quelques bouteilles aussi, certaines pleines, d’autres à moitié vides et d’autres complètement vides et laissées là à l’abandon. Gaby décide de rester l’estomac vide et s’étire à nouveau, n’ayant de cesse de bâiller. Il est presque autant fatigué que s’il n’avait pas dormi ! Le comble.

    « La nuit était bonne ? Je parle de ton sommeil, bien sûr. »

    Il glousse et se tourne pour caresser ses animaux, ne manquant pas de mettre mal à l’aise Raol en invitant Bjorn à aller lea renifler d’un peu trop près. A nouveau, il l’invite à le suivre et le conduit jusqu’aux thermes, du moins maintenant ce n’est plus qu’un grand bain réaménagé à sa convenance. Il retire à nouveau le tissu de sa peau et grimpe dans l’eau chaude, dont la vapeur embaume la pièce. Il ne manque pas de se pencher vers la grenouille, lea gratiffiant d’un large sourire :

    « Et ensuite ? Sa Majesté désir-t-iel autre chose ? »

    Gaby l’embrasse alors doucement, l’aspergeant un peu par la même occasion. C’était comme si iel lui manquait alors qu’iels n’étaient qu’à quelques mètres l’un.e de l’autre. Pourtant, aujourd’hui, il le savait qu’il devrait mettre un terme à ce petit bonheur pour retourner à la réalité, sans savoir quand iels pourront à nouveau se revoir aussi intimement.
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    "Tu veux pas qu'on aille manger des pommes, plutôt ?"

    La grenouille fanfaronne, mais les regards en coin de Gabryel la font fondre. Iel aime que la nymphe le regarde ainsi, avec un désir et une tendresse qu’iel n’a pas connu depuis bien longtemps. D’ailleurs, c’est réciproque. Raol ne manque pas une seule occasion de se rincer l’œil également. S’iel n’aimait pas autant l’eau, iel resterait au lit avec le caldissien toute la journée (cela dit, la nymphe aussi est également faite d’eau). En se retrouvant à nouveau entrainé sur la couche du général, Raol se laisse cajoler et enlacer quelques longues secondes. Iel ferme les yeux et soupire d’aise, serre le plus grand dans ses bras, bienheureux dans cette étreinte que lui offre son amant. Même après avoir été collé pendant des longues heures à son comparse, lea Zeteki n’est absolument pas las de son odeur ou du contact de ses mains et de ses lèvres. Bien au contraire, être contre Gabryel, c’est à peu près tout ce dont iel a envie actuellement. Ça et aller prendre un bain et manger. Mais l’un n’empêche pas l’autre. D’ailleurs, le Venomania ne tarde pas à s’exécuter et à lea conduire au travers de la demeure.

    Le soleil matinal donne aux colonnes et aux murs de pierre une allure plus chaleureuse que la veille au soir. L’eossien se frotte les yeux et baille avec son compagnon qui rassemble quelques victuailles. Raol ne sait pas où se mettre face aux nombreux choix de collation qu’on lui présente. Iel se sent un peu indécent, de profiter ainsi de si bons aliments alors que les autres eossiens n’ont pas exactement accès à tant d’opulence gratuitement. L’espace d’un instant, iel hésite à prendre quelques fruits en plus pour les rapporter à Ziyal. Mais iel renonce en se disant qu’iel abuserait de l’hospitalité de son hôte. Aussi, iel n’a pas très envie de penser à son parent, actuellement. Rien que l’imaginer passer ne serait-ce qu’une nuit seul.e l’emplit d’un horrible sentiment de culpabilité. Les mots et le sourire en coin de Gabryel lui permettent, heureusement, de penser tout de suite à autre chose. En voyant l’autre content, le sourire revient immédiatement sur le visage de la grenouille. Son ventre lea chatouille, et ce n’est pas à cause de la faim.

    « Hm, oui, très bonne… surtout le moment où j’ai enfin pu dormir et péter dans tes draps. »

    C’est que ça lea fait rire, en plus, ce gros beauf. Sur ces mots, iel se rapproche du plus grand le pousse doucement pour l’adosser contre la table de la cuisine. Raol esquisse quelques gestes joueurs en faisant grimper ses doigts le long du torse de son partenaire, puis dépose quelques baisers sur le coin de ses lèvres et sur ses joues. Iel a tellement envie de taquiner et gâter le caldissien. Iel le trouve absolument craquant et adorable, même si ce dernier le dépasse de quelques têtes en hauteur. Les animaux de la maisonnée interrompent néanmoins les ardeurs du batracien en décidant de rendre visite à leur princesse Disney à leur papa. Raol s’éloigne donc de quelques pas et se perche sur une table, toujours rendu nerveux par le grand loup apprivoisé. Iel en profite pour croquer dans une poire juteuse et goûtue, surpris que le Géneral Moustache vienne quand même se frotter à ses jambes. Lea Zeteki se baisse pour lui gratter un peu la tête, mais le matou se désintéresse immédiatement de sa personne comme… eh bien, comme un chat.

    « Tch. Ingrate créature. »

    Iel revoie son grognement hautain au félin puis emboite à nouveau le pas à son amant. Les couloirs semblent interminables jusqu’à la salle de bain… et quelle salle de bain ! Raol n’en a pas chez ellui, évidemment. Tout le monde va aux thermes publics ou à la rivière, dans son quartier, alors une salle de bain personnelle… ça lui semble absolument incroyable. Et un peu abusé, même. Ça le dépasse, l’idée le général pense peut-être que ce type de luxe est « modeste » ou même « normal ».

    La grenouille se délecte de la moiteur qui gagne sa peau d’amphibien grâce aux vapeurs chaudes et reste simplement sur le bord du bassin, tandis que la nymphe plonge directement. Ellui qui est habitué aux bains froids (et ça lui convient très bien), le fait d’avoir accès à de l’eau chaude est assez exceptionnel. S’iel culpabilise encore, les mots de Gabryel l’adoucissent. Attirée par l’eau fumante, la grenouille plonge sa main pour en évaluer la température, afin de s’assurer qu’iel ne va pas bouillir. Avec prudence, lea Zeteki finit par rejoindre le caldissien dans le bain et se détend immédiatement, comme cajolé par la chaleur de l’eau.

    « Hmmmm… Non, je crois que tout est parfait, très cher… »

    Avec un air de duchesse, Raol rabat ses cheveux mouillés vers l’arrière et se sert de quelques grappes de raisins. Puis, iel se met à l’aise, bras reposés sur le bord du bassin, une main jouant distraitement avec la longue chevelure de Gabryel.

    « Je pourrais presque m’habituer à tout ça… »

    Fait-iel, sans vraiment y penser. L’embarras lea gagne immédiatement en s’entendant parler.

    Mais quel egocentrique… Ziyal n’a pas le droit à tout ça… les autres eossien.ne.s n’ont pas le droit à être gâtés comme ça non plus ! Est-ce que je fais tout ça juste pour avoir un luxe qu’iels n’ont pas ?! Est-ce que je profite de Gabryel ? Est-ce que ce que je ressens pour lui n’est que--- aaaaaahhhhhhh.

    Le cerveau de l’amphibien s’active à toute vitesse et tire des conclusions quelque peu exagérées au vu de la situation. C’est qu’iel n’est pas habitué à être si bien traité. Iel se dit toujours qu’iel ne mérite rien de plus que du mépris et s’arrange pour entretenir cette mauvaise image d’ellui-même (bon et iel se comporte généralement comme un sac à merde). Iel ne sait pas comment sortir de ce cercle vicieux, ça lui fait peur. Enfin, avec Gabryel, iel a aperçu une solution. Mais iel ne peut pas se reposer uniquement sur le général pour ça. Ce dernier a déjà fait preuve d’une patience incroyable à son égard. Qu’est-ce lea Zeteki pourrait exiger de plus… ? Bien entendu, c’est ellui qui doit changer plutôt qu’attendre que les attentions de Gabryel lea soignent de ses problèmes. Raol se dit que la nymphe serait capable de penser qu’il est de son devoir de panser les nombreuses plaies de son amant grâce à son amour. Mais l’eossien refuse de lui imposer une telle charge. Car ce n’est pas son rôle et…

    Parce que je l’apprécie bien trop pour ça. Je veux qu’il me voit sous un meilleur jour. Je veux pas le perdre car j’aurais pas été assez—

    « Pas assez ». On lui a souvent dit qu’iel n’était « pas assez », quelque soit ses progrès ou ses efforts. Gabryel le pense-t-il aussi ? Peut-être. Peut-être pas. Ce n’est pas la grenouille qui pourrait le deviner. Rendu grognon par ses pensées parasites, Raol se repose contre l’épaule de son ami.

    « C’est bizarre. J’culpabilise d’être ici alors que les autres eossiens sont en galère comme d’hab. Et en même temps… je m’en tape un peu. »

    Et je culpabilise de m’en taper. C’est sans fin. Des fois j'ai l'impression de culpabiliser juste car on m'a appris à culpabiliser tout le temps chaque fois que je me faisais plaisir.

    La grenouille soupire avec lassitude et se laisse aller un peu plus dans l’eau, jusqu’à immerger la moitié inférieure de son visage pour faire des bulles en émettant des « mmmmmmmmmhhhh » sonores. Puis, iel ressort et observe Gabryel en coin avec une moue un peu embarassée.

    « Ce…ça sonne mal. Mais bon. J’suis pas vraiment un bon eossien. C’est ce qu’on m’a toujours dit et c’est vrai. »

    Et pas vraiment une bonne personne tout court, d’ailleurs. En même temps, j’ai pas envie d’être eossien. Comment je pourrais bien faire dans un tel contexte.

    « J’me suis jamais senti à ma place parmi eux. J’ai beau essayer y’a… un truc qui marche pas. »

    Iel n’a pas osé parler de tout ça à quelqu’un depuis très, très longtemps. Après la Chute, iel s’est forcé à se raccrocher à cette identité eossienne, car iel n’avait plus d’autre repères. Surement que beaucoup d’autres natifs traversent la même « crise » qu’ellui. Se posent des questions sur l’extérieur. Veulent s’en aller. C’est même surprenant qu’il n’y ait pas plus de gens qui aient peur de rester dans la cité, après un si long sommeil. Cependant, quand iel a commencé à parler de tout ça, Raol ne voulait pas se plaindre, à la base. Iel avait autre chose en tête.

    « Euh, je voulais juste dire que, bizarrement, quand j’suis avec toi, j’ai pu l’impression de pas être à ma place. »

    La grenouille pince les lèvres en réalisant qu’iel a peut-être l’air un peu fantasque et ridicule. En se remettant à marmonner, l’amphibien se ré-adosse sur le bord du bassin et reprend une grappe de raisin pour s’occuper les mains.

    « Ouais, bon, ptet que j’dis ça car je suis encore sur mon petit nuage après cette nuit mais, bref. »

    Un rictus narquois, un peu taquin, finit par réapparaître sur ses lèvres.

    Faut que j’arrête de me monter le bourrichon tout seul, hein.



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    Moins de darons, plus de potimarron. avec Gabrol+
    C’était grisant, de se laisser aller. D’oser lâcher prise, de se laisser emporter par le courant sans réfléchir si celui-ci finirait par l’engloutir, de prendre même plaisir à rester quelques temps en apnée. Ainsi, les gloussements ne paraissaient pas mesquins. Les sourires n’étaient pas trompeurs. Et la chaleur n’était pas signe d’un trop plein d’alcool. Les couleurs semblaient plus belles, les goûts plus prononcés, les erreurs moins graves. Alors Gabryel profitait, sachant ce moment éphémère, redoutant par avance le retour brutal à la réalité. Il ria à la blague douteuse de saon partenaire, m’imant une affreuse mine horrifiée face à de telles révélations, sans pouvoir pour autant garder cet air très longtemps, finissant par rire plus franchement. Les montagnes se faisaient russes, et le voilà ayant un sourire provocateur, écartant les bras pour laisser Raol l’explorer, ce qu’iel ne tarda pas à faire, laissant ses doigts danser sur sa peau et sa bouche réchauffer son visage. Le temps passa doucement, plus vite qu’il ne l’aurait souhaité. Il s’esclaffa face à l’incompétence de la grenouille à se lier aux félins. Il faut dire que ce Général Moustache est parfois difficile à cerner...

    Dans le bain, le militaire s’efforça d’ancrer en sa mémoire ces instants. Précieux et sublimes, à l’instar des pierres sur lesquelles pouvaient s’extasier l’amphibien.ne. Il lea laissa jouer avec ses cheveux, s’attribuer la pièce et la nourriture. S’iel le souhaitait, le général lui donnerait tout ce qu’iel désirerait. De la plus banale des promenades, au plus somptueux des bijoux. Mais il sait que les vœux de lae Zeteki ne seraient pas aussi futiles, iel fait partie de celleux à l’esprit aventurier, l’âme rebelle. Alors même s’il le voulait, il n’était pas sûr de pouvoir lui accorder ce dont iel rêverait. Peut-être iel ne lui demanderait uniquement que sa vie soit comme elle pouvait l’être auparavant. Une vie dans laquelle il ne lea connaîtrait pas. Mais peut-être une vie plus calme, plus paisible. Une vie déjà écrite, où il ne suffisait plus que de respirer pour la laisser passer. Où la frustration et l’humiliation ne seraient que des mots fantastiques qui ne renverraient à rien.

    Ce n’était que pur fantasme. Alors, pour lui laisser un semblant de fiction, il voulait lui dire de s’habituer à tout cela, bien que ça puisse paraître horriblement égoïste. Il l’observa du coin de l’œil se torturer l’esprit, la moue grognon, faisant quelques bulles dans l’eau comme pour se coupe ellui-même la parole. Le général s’étira doucement, plongeant sa tête en arrière contre le rebord du bassin, fixant le plafond dans le silence, écoutant attentivement ses paroles et tentant de trouver la bonne combinaison de mots. Des mots qui ne sonneront probablement pas très vrais. Ses pensées étaient légitimes, ses sentiments aussi. Et peut-être ne voulait-iel pas se l’avouer, mais iel avait le droit de ressentir les choses et peu importait la façon. Gabryel mentirait s’il lui disait qu’il comprenait, car après tout il n’avait jamais ressenti une telle chose et il ne pouvait s’imaginer les peines qu’enduraient les éossiens, parfois sans n’oser rien dire.

    Ce sentiment patriotique et identitaire, il ne le connaissait que trop bien. Mais il avait déjà vécu une situation familière. Un ami très proche, militaire caldissien, à qui la guerre et le sang ne lui provoquait rien d’autre que du dégoût. Se battre pour les siens n’avaient plus aucun sens, blesser autrui non plus. A l’époque, celui aux cheveux nacrés n’était que capitaine... Il se souvient tout de même de sa réaction, de ses mots, de ses gestes. Il avait feint la gentillesse et la compréhension lorsqu’il lui avait avoué avoir trouver l’amour chez une altissienne. Il avait reporté cette information. Il avait trahi la confiance d’un ami, contre un brin de sentiment de fierté nationale. Traité en traître, il n’eut pas le temps de fuir. Son cadavre avait été retrouvé. Et Gabryel avait été satisfait d’avoir rendu service aux siens.

    Tout cela lui paraissait à la fois si lointain et si proche. Aujourd’hui, c’est lui qui se lie d’amitié aux altissiens et aux éossiens. Ce sang versé inutilement, il n’était pas prêt à le revoir de sitôt. Peut-être la paix l’avait-il affaibli et peut-être qu’au fond c’était la peur de la mort qui le faisait tenir, malgré toutes les atrocités faites et dîtes. Il avait été effroyable, menteur et perfide. Tout ça parce qu’il était un fier caldissien, parce que rien ne l’importait plus que sa patrie. Alors dans un sens, il était presque heureux de savoir que Raol ne ressentait rien pour les siens.

    Ce qui le contrariait, cependant, c’est qu’iel ne se voyait que comme misérable et mauvais.e, le vilain canard. Le militaire lui offrit un sourire compréhensif, se penchant vers ellui, passant une main dans ses cheveux. Il essayait d’offrir un peu de réconfort, mais son regard était plus vide qu’il ne le souhaitait. La sincérité, avec la grenouille, finissait toujours par être la meilleure des options. Gaby fusionna doucement avec l’eau, chatouillant les jambes de saon partenaire, remontant sur ses cuisses et son ventre.

    « Tu es à ta place ici, ce n’est pas qu’une impression. » Il lui vola un baiser, continuant. « Je pense que tu devrais essayer d’en parler à quelqu’un, à un éossien je veux dire, aussi sincèrement que tu le fais avec moi. Sans te sentir coupable. Je suis certain que si tu choisis la bonne personne, que tu te montres franc.he et à la recherche d’aide, alors cette personne saura te répondre et te guider. »

    Il repensa au dragon de l’autre fois, mais il n’était pas bien sûr qu’iels soient si proches que cela, finalement. Il s’éloigna un peu, l’air plus sérieux, la mine un peu plus sombre.

    « Lorsque j’étais plus jeune, on m’avait enseigné à considérer le manque de sentiment patriotique comme de la trahison. Et la trahison signifiait la mort ou le déshonneur. En tant que militaire, la trahison est la pire des erreurs à commettre. J’ai déjà mené des gens à la mort, pour ça. Aujourd’hui, je n’en serai plus capable. Je suis moi-même un traître, à mes yeux. »

    Gaby s’étira à nouveau, plongeant dans l’eau, provoquant quelques petites vagues. Si tout cela ne lui provoquait plus rien, c’était simplement parce qu’il savait qu’il n’était pas le seul dans cette situation et que rares étaient les caldissiens et altissiens encore loyaux à leurs patries. Les cœurs se sont mélangés, le sang aussi.

    « Si rester auprès de moi t’aide à te sentir mieux, alors reste. Profitons de ces nuits et de ces bains. »

    Il se pencha vers ellui, entoura ses bras autour de son cou et l’embrassa avec vigueur, l’emportant vers le centre du bain. Il lea souleva doucement, accrochant une de ses mains à sa cuisse et lea fit s’asseoir sur le rebord. Son menton posé sur ses genoux, Gabryel afficha un large sourire provocateur.

    « Qui ne profiterait pas des sentiments douteux du général caldissien, mh ? »

    Inconsciemment, il venait de lui avouer qu’il ressentait véritablement quelque chose pour ellui. Quelque chose de plus puissant qu’une simple amitié nocturne. Il embrassa ses jambes, les caressa et releva les yeux vers ellui, toujours ce rictus en coin formé sur son visage d’ange. Il serra doucement sa peau.

    « Je te promets d’être là pour toi. » Gabryel ne manquait jamais à ses promesses. « Mais sache que tu trouveras sans doute plus sympa que moi, mais jamais plus beau eheh. Avoue que j'ai raison. »

    Il lui lança un peu d'eau dessus en gloussant comme un idiot.
    kyro. 017 ldd

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    Moins de darons, plus de potimarron


    Avec
    Gabimbo



                

    "Tu veux pas qu'on aille manger des pommes, plutôt ?"

    Lea Zeteki ne sait pas depuis combien de temps iel garde tout ça pour ellui. C’est lointain. Iel ne saurait dire quand il a commencé à se forcer. A faire semblant d’aimer Yggdrasil, d’aimer la cité et ses habitants. Enfin, ce n’est pas comme s’iel les déteste toustes ou qu’il n’y a rien à sauver dans la ville d’Eos. Bien au contraire, Raol est le premier à dire qu’il n’y a pas d’autre choix que de résister. Cependant, iel a cette sensation que sans Ziyal, iel n’aurait aucune raison de se battre. Depuis la mort de son père, l’amphibien a la sensation de se forcer à porter un héritage et des valeurs auxquelles il n’a jamais cru. Pourtant, s’en éloigner lea terrifie.

    En confiant tout ça à un autre eossien, Raol s’inquiète de causer encore plus de soucis à son parent. Ziyal est déjà suffisamment isolé de la communauté depuis la mort d’Akiya. Déjà que même avant que le patriarche meurre, iel ne sortait plus beaucoup… Ce n’est pas exactement bien vu de s’éloigner de la communauté eossienne pour des raisons egoïstes.

    La grenouille se détend et s’affaisse dans le bain en profitant des caresses du général. Ce dernier n’est pas capable de lui donner des réponses et iel ne lui en tient pas rigueur. Mais Gabryel n’a pas tord en disant que peut-être, Raol devrait parler un peu plus à cœur ouvert avec ses concitoyens.

    « Hm… t’as ptet raison. M’fin, c’est délicat. C’est pas hyper bien vu de s’isoler, chez nous, tu sais. Mais bon, on pourrait aussi dire qu’on est déjà pas mal éloignés, Ziyal et moi. Don un peu plus ou un peu moins.. La dernière fois qu’on nous a vu aux évènements collectifs, c’tait le jour du durant la Fête du Soleil. Baba—Ziyal adore les yeux de cerfs et prendre soin des fleurs. Euh. Enfin, bref. »

    Ça lui fait toujours un pincement au cœur de voir son parent perdre gout aux choses qu’iel aime tant faire habituellement. Raol a la sensation de ne pas pouvoir l’empêcher de sombrer chaque jour un peu plus dans sa dépression. Certes, les deux Zeteki parlent un peu plus qu’avant, mais la rainette râleuse sait bien qu’elle est un peu coupable du repli de Ziyal sur ellui-même. Iel n’a pas été facile avec son parent. Iel a projeté ses crainte sur ellui, lui a reproché d’être un boulet de nombreuses fois et le plus âgé a encaissé sans rien dire, en se forçant à sourire tristement. Le même sourire qu’il adressait à Akiya lorsque celui-ci s’énervait et commençait à jeter des choses contre les murs. C’est affligeant que Raol ait directement suivi l’exemple de son père, en faisant des reproches à son parent encore en vie au moindre désagrément. Bon, contrairement à Akiya, iel serait bien incapable de frapper Ziyal mais… cela n’allège pas les mauvais traitements. Ça n’a certainement aidé en rien.

    Et ce n’est pas comme si… comme si j’étais pas capable d’être extrêmement violent aussi. Et qu’il ne m’arrive pas de penser qu’il n’y a qu’ainsi que je peux résoudre mes problèmes.

    Même si la grenouille n’est pas militaire, iel ne peux s’empêcher de sentir le récit du général résonner en ellui.

    « …Je compatis… je crois. »

    Un traitre… c’est comme ça que je me sens aussi.

    En plus, iel a également tué pour des motifs pas si différents. Sa gorge se bloque et la nausée lui vient quand iel se rappelle le visage pétrifié de douleur du soldat altissien, sa gorge gonflée… la fureur qu’il a vu sur son visage reflété dans les iris d’Enodril le jour de l’exécution d’Erys, la terreur dans les yeux de ce civil qu’il a failli tuer avant de le relâcher en réalisant que ces gens ont aussi des familles à protéger. Qu’iel a peut-être rendu orphelin des enfants. Un jour, cette affaire sera ébruitée au grand jour. Un jour, il faudra que Raol se rende aux conséquences de ces actions. Sa gorge lui fait mal et la grenouille résiste à l’envie de pleurer. Iel détourne le visage en faisant mine de se recoiffer, passe un coup d’eau sur son visage, en espérant que ses yeux humides ne soient pas aperçus par le plus âgé.

    Je ne mérite pas ça. Je voudrais rester à ses côtés, je ne mérite pas qu’il me gâte tant. J’ai tué par pur égoïsme. Parce que j’ai pensé que c’était la solution. De tous les tuer. Et je n’ai même pas cherché à aller au bout de mon idée car derrière toute ma haine, je savais déjà très bien que c’était la pire des manières de procéder.  

    L’amphibien ne réagit pas aux gestes de l’autre dans un premier temps. Iel se laisse faire sans vraiment réussir à se raccrocher aux paroles de l’autre qui l’emmène sur le rebord du bassin. Des images à cauchemar envahissent son esprit. Iel essaie de ne pas trembler mais a du mal à cacher les frissons de malaise qui l’envahissent. Raol sourit et ricane machinalement aux propos maladroits de la nymphe. Probablement que Gabryel ne dirait pas la même chose s’il savait.

    « C’est quoi, ça, tes « sentiments douteux » ? Encore une de tes manières cheloues de me faire des avances ? »

    Parvient-iel à articuler avec un petit sourire narquois et un haussement de sourcils suggestif et éclabousse le blob d’eau en retour. Ses doigts passent le long de l’échine et de la mâchoire de son ami et s’arrêtent sous le menton du caldissien, qu’il relève dans sa direction. Le regard malicieux de Gabryel lui ferait presque oublier ses tourments. Raol se perd dans les iris violacés de l’être aquatique et réalise une fois de plus que tout semble aller mieux quand le Venomania le regarde ainsi.

    Mais je ne pourrais pas fuir éternellement.

    La culpabilité est toujours là, pèse sur ses épaules. Iel sait qu’il fuit. Qu’iel se comporte comme un.e lâche, alors qu’iel a dit vouloir faire confiance à Gabryel. Iel sait que le général n’irait pas tout rapporter à sa hiérarchie et n’irait pas lea mettre en prison. Bizarrement, c’est actuellement le cadet des soucis de la grenouille. Iel a plus peur de perdre l’amitié du général que d’être puni pour son crime et ses mensonges. Evidemment, Ziyal se retrouverait seul.e et ça, c’est encore plus horrible. Non, sa crainte, c’est que, désormais, iel a peur que son amant s’imagine qu’iel l’utilise pour échapper à la justice. Que Raol ne l’apprécie et ne couche avec lui que pour obtenir l’immunité que confère le statut du général.

    Non… je dois… je dois le laisser en dehors de ça autant que possible. Je ne veux pas lui imposer des dilemmes à mon égard. C’est mon crime et mon problème, c’est à moi de m’en occuper, d’essayer d’apporter une justice à cette affaire. Gabryel se torture déjà assez l’esprit. Si je lui confesse tout, il voudra à tout prix s’en mêler au-delà de ce dont il est capable.

    La grenouille s’est promis de s’améliorer, pour Ziyal, mais aussi pour Gabryel. Et cela passe par le fait de se repentir, d’une manière ou d’une autre, pour son crime. Il lui faudra tout avouer un jour. Faire amende honorable ne suffira peut-être pas. Mais, pour le moment, c’est son propre parcours et les autres n’ont pas besoin d’être embarqués dedans. Certes, de n’est probablement pas le meilleur comportement à avoir, cela reste mentir par omission, même si c’est « pour les protéger ». Mais, c’est comme ça que Raol veut essayer de gérer les conséquences de ses actions pour le moment.

    La bonne humeur de son amant est contagieuse. Tout semble plus simple. Peut-être même que la grenouille n’arriverait même pas à envisager son amélioration et sa confession s’iel n’apprenait pas à ouvrir un peu plus son cœur, notamment au Venomania. Evidemment, l’autre a toujours une haute opinion de son physique (avantageux, certes).

    « Hmmm… et tu proposes quoi pour rester en tête de mon classement ? Tu as de la concurrence, vu comme les rois et les reines aiment les crapauds, dans vos contes et légendes. »

    Le sourire amusé de la grenouille s’élargit.

    « D’ailleurs, c’est quoi votre délire, à vouloir vous taper des grenouilles qui se changent en mec riche, hm ? »

    L’amphibien rapproche son visage de celui du général qu’elle tient toujours délicatement entre ses doigts et dépose un baiser mutin sur le coin de ses lèvres, comme pour narguer son comparse. Son corps se détend tandis qu’iel s’appuie sur son bras, en se laissant son corps tomber lascivement vers l’arrière. Ses yeux observent la lumière qui filtre depuis l’extérieur. Il est encore tôt, mais iel sait qu’il est bientôt l’heure de partir et d’aller au travail. La grenouille se redresse et entoure le cou de Gabryel de ses bras, fait reposer la tête du plus grand sur sa poitrine. Iel embrasse les cheveux humides de la nymphe et serre plus fort son comparse, soupire avec une certaine mélancolie, frustré de ne pouvoir s’éterniser. Un grognement sort de sa gorge tandis qu’iel se blottit un peu plus.

    « J’aimerais vachement plus retourner au lit avec toi, mais, même si j’suis très fort pour perdre mon travail, j’préférerais garder mon boulot actuel… »

    Raol ricane brièvement. Sa situation professionnelle n’a jamais été très stable, mais autant en rire maintenant que les choses semblent s’être rangées à ce niveau. La grenouille est déjà impatiente de revoir le général, de lui parler en le regardant dans le blanc des yeux avec un sourire des plus mièvres ; de le reprendre dans ses bras, de le pousser sur son lit, de rire avec lui en l’embrassant, puis de s’endormir à ses côtés.  

    « C’est quand que j’pourrais te revoir ? »

    Ses doigts effleurent doucement les tempes, les lèvres de Gabryel, s’arrêtent sous la bouche caldissien, sur lequel lea Zeteki vient déposer un baiser tendre, presque timide. Ses yeux cherchent dans ceux de son vis-à-vis quelque signe qui pourra lea rassurer. Son ventre lui fait déjà mal, à l’idée de se détacher de son amant. Il va bien falloir, pourtant. Mais la perspective de déjà savoir quand iel pourra revenir lea rassure un peu. Enfin, c’est ce que l’eossien espère.

    Euh… il va bien vouloir que je revienne, hein… ?


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    C’était toujours aussi difficile de relâcher la pression. Mais petit à petit, l’univers se détendait. Ses muscles ankylosés oubliaient la douleur. Son cœur semblait battre plus lentement et un peu plus fort chaque seconde. Et ses yeux, quand il lea regardait, rendraient jaloux la plus belle des œuvres d’art. La tendresse de son regard dégoulinait, contaminant le moindre de ses gestes. Caressant et épousant la peau de la grenouille, semblant vouloir fondre en ellui. Gabryel aimerait envoyer balader ses inquiétudes, les pulvériser d’un coup d’épée. Soigner les plaies à coup de magie blanche. Il voudrait voir ce sourire sur son visage, à jamais. En contrepartie, il grave ces quelques instants de bonheur dans sa mémoire, comme éternels vestiges de ses sentiments. Et il enverrait au diable la moindre minute de sommeil, s’il pouvait passer ses nuits à ses côtés. Cette évidence, troublante, ne le déstabilise pourtant plus. Il avait lâché les armes et préférait lea protéger. Non plus de lui, mais de ce monde dont iel souffrait tant.

    Il voulait réduire à néant les problèmes de Raol, l’aider à aller mieux. Il sait à quel point iel pourrait faire une belle personne si tout s’arrangeait. Et à ses yeux, iel était déjà largement suffisant.e. Iel ne ferait que s’embellir un peu plus. Puisqu’il n’a pas un tel pouvoir entre ses mains, il se contente d’écouter du mieux qu’il peut, de rester auprès d’ellui le temps qu’iel en aura besoin. Mais que se passerait-il s’iels devaient s’éloigner ? Si la réalité reprenait le dessus ? Si son père savait, si la nation savait... Jusqu’où le Venomania serait-il prêt à aller pour conserver cette relation ? Il ne le savait pas encore. Face à sa mine maussade, le noble embrassa le corps de saon compagne.on, le câlina. Ainsi, même si ses mots ne seraient pas suffisants, ses actions pourraient l’être. Il rit de ce sourire narquois qu’iel lui offre, mais s’arrête bien vite en sentant les doigts de lea concerné.e venir saisir sa mâchoire, le forçant à lea fixer.

    Mais à ce jeu-là, il était peut-être le plus fort. Alors son rictus se fit plus large, son regard plus malicieux. Il sent le trouble de la grenouille, sans pouvoir discerner sa racine. Mais il ne dit rien. S’iel devait se confier, iel le ferait d’ellui-même. Il se contenta de pivoter un peu sa tête, embrassant les doigts de l’amphibien, attendant une autre de ses répliques moqueuses. Gabryel était entièrement à découvert -outre le fait qu’il n’avait pas de vêtements-. Il avait laissé tomber sa lourde armure de fer. Et peut-être que c’était cela le plus troublant dans cette histoire. Il étira son corps, reprenant de la hauteur sur la grenouille. Que ferait-il pour garder sa place privilégiée ? Bonne question.

    « Si c’est un Roi que tu veux, j’en deviendrai un. La Couronne à tes pieds, ça ne te tenterait pas ? »


    C’était totalement absurde et bien évidemment impossible. Il ne se serait jamais permis une telle remarque, mais à cet instant, pendant une micro seconde, il envisagea cela comme une possibilité. Comme une solution. Il s’esclaffa face aux questionnements de l’animorphe, sans pouvoir y répondre pour autant. Mais de toute façon, il n’aurait pas pu parler. Parce qu’iel se pencha pour déposer un léger baiser à la commissure de ses lèvres, le rendant un peu niais sur l’instant. L’instant d’après, il se retrouve la tête sur le torse de Raol. Une décharge électrique le parcourut. C’était un acte tout à fait simple, mais ça représentait beaucoup pour lui. Il apprécia ce geste, savoura son contact. Mais l’heure était venue. Malheureusement. Il souffla bruyamment, déposant ses mains sur les reins de l’éossien.ne pour lea serré.e un peu plus contre lui.

    « Je comprends. J’ai du travail qui m’attend aussi, et un père accessoirement. On se reverra bientôt, d’ici deux semaines. »

    Il embrassa son front et le haut de son crâne, comme pour sceller une promesse.

    « Je t’enverrai des lettres. » Il souffla un peu. « Dans quelques temps, je devrai m’absenter. Retourner chez moi. Je ne sais pas encore quand, mais je sais que ça durera un peu. J’essayerai de te prévenir si ça arrive plus tôt que prévu, d’accord ? »

    Si son père venait à mourir dans les prochaines semaines, il devrait partir. Pour préparer l’enterrement, pour les papiers, les cérémonies... Et pour s’en remettre. Il préférait prévenir maintenant, avant que ça ne soit trop tard. Il leva la main pour caresser son visage et lui offrit un doux sourire, suivit d’un baiser langoureux.

    « Allez, dépêche-toi de partir vilaine grenouille. »

    Sans perdre de temps, il se retira du bassin. S’il continuait à être si proche d’ellui, il n’allait définitivement pas réussir à sortir !

    « Prends soin de toi. »

    Il avait peur de la façon dont les événements allaient évoluer... Est-ce qu’il arriverait à lea protéger de son pays ? De toutes ces folies politiques ?

    Il allait essayer, en tout cas.
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    Avec
    Gabimbo



                

    "Tu veux pas qu'on aille manger des pommes, plutôt ?"

    Son cœur s’alourdit un peu plus à chaque minutes qui les rapproche d’une séparation temporaire. Raol tente de ne pas trop y penser et s’amuse des délires un peu mégalomanes du caldissien. « la couronne à ses pieds », c’est bien formulé. La grenouille n’a jamais vraiment eu d’inspirations spécialement ambitieuses ou de rêves absurdes de ce genre, mais l’image mentale est tout de même plaisante.

    « Je plains les sujets d’un pays que nous serions les seuls à gouverner, tout de même… toutes les taxes iraient probablement dans les soins de nos cheveux. »

    Et donc, on aurait une révolution sur les bras au bout d’un mois.

    « Tu serais certainement un meilleur roi que moi. Je te laisserais les affaires pénibles et je me contenterais de t’attendre dans le bain, d’accord ? »

    Parfait, on fait ça comme ça ! Héhéhé.

    L’amphibien serre le plus grand contre lui, laisse son esprit vagabonder et fantasmer un pays, une grande ville dans laquelle Gabryel et ellui seraient seuls au monde, sans autre occupation que de se nourrir d’amour et d’eau fraiche. Evidemment, une telle existence ne serait pas si incroyable que ça et surement bien ennuyeuse… pour ça que cela ne restera qu’un rêve un peu mièvre. Le rêve est plus plaisant qu’entendre qu’il ne pourra pas revoir Gabryel avant des semaines, en revanche. C’est encore moins réjouissant d’apprendre que ce dernier devra bientôt s’absenter pour une durée indéterminée afin de régler des affaires familiales à Caldis.

    « Hmph… d’accord. Attends-toi à des réponses rapides. » La rainette râleuse fait la moue, sans pouvoir empêcher une ombre passe sur son visage. « Et t’as pas intérêt à m’oublier hein ! »

    Iel se lève et sort doucement du bassin en sentant ses yeux s’humidifier. Ça lui paraît tellement loin. Et un pressentiment lui prend déjà aux tripes, en repensant à ce voyage que le général devra faire vers Caldissia. Raol ne saurait dire ce qui lui laisse penser que tout cela n’augure rien de bon. Donc, il décide d’ignorer son intuition. Ce serait bien égoïste de demander à Gabryel de rester, après tout. La grenouille serre les dents et tente de se raisonner.

    Allons, Rara, deux semaines, ce n’est pas si long que ça. Et puis, tu trouveras bien à t’occuper pendant que Gabryel sera à Caldis, hein ?

    Se dit-iel en remontant dans la chambre avec son amant afin de se rhabiller. Iel traine un peu, volontairement, mais le moment de se dire « au revoir » arrive finalement. La grenouille se hisse à la hauteur du visage du caldissien pour lui offrir un dernier baiser passionné. L’autre lui fait promettre de faire attention à ellui, et la grenouille hoche la tête. Pour la première fois depuis un moment, iel a envie de prendre soi d’ellui même et de ne pas prendre des risques inconsidérés. Enfin, cela ne va pas l’empêcher de partir par la fenêtre plutôt que la porte d’entrée.

    « Fais attention, toi aussi. »

    Sur ces mots, l’amphibien s’en est allé en direction des quartiers eossiens, par les toits. La prochaine fois, iel espère avoir progressé vers ce qu’iel vise. Iel espère être un jour digne de l’appréciation de son amant.

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