Moins de darons, plus de potimarron Avec Gabimbo |
"Tu veux pas qu'on aille manger des pommes, plutôt ?"
« Tu as l’air de bonne humeur ce matin… ! »
Hein ? Euh… oui bah, j’imagine que ça peut arriver. Même à l'approche de l'automne.
Raol termine de coiffer ses cheveux et de préparer ses affaires dans la petite cuisine familiale. Ziyal l’inspecte tout en finissant son déjeuner. Tandis qu’iel épluche un fruit, lea plus âgé.e scrute l’accoutrement de sa progéniture. Cette dernière n’en fait pas grand cas et se sert de quelques pommes et d’autres fruits de saison, puis en range plusieurs dans son sac, en une quantité qui fait froncer les sourcils à Ziyal.
« Tu as vraiment besoin d’autant de fruits ? »
Déjà suspicieux, le vieil amphibien surveille le plus jeune en pinçant les lèvres. Raol roule des yeux, trouvant le comportement de l’autre Zeteki plutôt pénible. Même s’iel n’a pas franchement la maturité de son âge de manière générale, la grenouille est passablement agacée que son parent lea traite comme un ado qui veut faire le mur.
Alors que si je sors, c’est que j’ai du travail… après, je vais voir Gabryel mais bon, ça, iel n’a pas à le savoir.
« … je dois voir des amis plus tard. »
Ment le plus jeune en se concentrant sur ses affaires. Ce n’est pas entièrement faux, en un sens. Le général est passé au stade « ami » dans les relations de Raol depuis un petit moment. Vu ce qu’iels se disent dans leurs lettres on pourrait même dire que c’est un stade un peu au-dessus de l’amitié.
C’est notamment pour ça que Raol avait l’air de plutôt bonne humeur. Enfin, disons que son visage n’était pas aussi crispé et ridé par le froncement excessif de ses sourcils, pour une fois. Et il est aussi vrai qu’iel avait eu envie d’un peu s’apprêter pour l’occasion. Cela faisait longtemps qu’iel n’avait pas lâché ses cheveux qu’iel commençait à avoir bien longs. Ca lui avait manqué. Et puis, Raol ne faisait pas trop ça, habituellement, détacher ses cheveux. Car ses mèchent graissent trop vite et ce n’est pas pratique pour les travaux physiques. Faut croire que l’obsession du caldissien avec sa chevelure l’avait contaminé. En dehors de ça, cela faisait longtemps que la grenouille ne s’était pas sentie bien dans sa peau et n’avait pas apprécié son apparence telle qu’elle l’est. La plupart du temps, iel se fait à l’idée que « son physique est ce qu’il est, et de toute façon, on ne peut pas en changer donc j'ai pas d'autres choix que de l'assumer ». Ce n’est pas que la grenouille se trouve laide mais, elle se dit souvent qu’il est inutile qu’elle s’apprécie. Que ce n’est pas pour les personnes comme ellui, qui se détestent.
« Hm… »
Le soupir de Ziyal rappelle Raol à la réalité. Les yeux de la grenouille kaki continue de lea scruter de haut en bas, cette fois avec une lueur de jugement évidente dans son iris doré.
« Quel genre d’ « amis »... ? »
Ah, oui. C’est aussi pour ça, que j’évite parfois de me faire beau.
Ziyal a souvent fait des remarques à l’égard du fait que Raol avait plusieurs partenaires. Quoique, même quand iel n’en a qu’un.e ou pas du tout, lea vieil.le eossien.ne trouve encore le moyen de lui reprocher d’avoir regardé une autre personne de manière trop insistante et de "ne pas pouvoir s'empêcher d'exciter tout ce qui bouge". Entre autres joyeusetés. Au final, Raol avait pris l’habitude de simplement l’ignorer et en l’occurrence, de s’en aller sans lui donner la satisfaction d'une réponse.
« Bon, à ce soir, alors, hein ! J’rentrerais tard. Probablement. »
Je ne sais pas combien de temps je vais rester avec Gabryel. Je serais pas compte dormir dehors en tout cas. Ça me fera des vacances. Uh… mais depuis quand j’associe « Gabryel » et « vacances », moi ?
La grenouille se mit en route pour aller chercher quelques matériaux, comme iel l’avait, promis sa collègue la veille. Pour ça, iel lui fallait remonter le quartiers des affaires jusqu'aux beaux quartiers, puis redescendre. Iel oublia bien vite que l’entente avec Ziyal n’était toujours pas au top, malgré leurs efforts. Certaines choses sont compliquées à gérer, à l'âge de son parent qui a tendance à oublier beaucoup de choses et à difficilement sortir de ses certitudes. Enfin, ça, Raol ne peut pas lui reprocher comme iel a les même reflexes nuisibles au contact de l’inconnu.
Enfin, tout change, car maintenant, iel parvient à associer le général caldissien à des moments positifs et apaisants. Alors qu’en face à face, ce n’est pas toujours ainsi que les choses se passent. Peut-être que malgré tous les hauts et les bras… le caldissien au longs cheveux lui fait du bien, par sa présence et…
Ouais, bah, ouais, fin… il est beau, il dit des trucs plaisants sur ma personne et il embrasse bien, quoi. Evidemment que c’est pas désagréable, il m’a faut pas beaucoup plus pour en profiter un peu. Par contre, quand il ouvre la bouche pour causer d’autre chose, c’est un autre délire. Héhé.
C’est tout de même libérateur, un peu de tendresse. Raol avait oublié qu’iel pouvait donner ça à d’autres personnes. Enfin, ce n’est pas qu’iel n’offrait aucune tendresse à ses partenaires de manière générale, au contraire, mais, quand c’était Gabryel, il y avait quelque chose en plus. Un lien émotionnel que l’amphibien n’avait pas ressenti depuis un long moment. A vrai dire, Raol trouvait qu’il était trop tôt pour penser à ça. Leur relation n’avait rien de sérieux. Iels aimaient jouer à flirter, à se taquiner et à s’amuser. Souvent, iels se disputaient, mais, ces mésententes étaient souvent vite oubliées, même pour la grenouille rancunière. Comme si les deux avaient, au fond, les meilleures intentions envers l'autre, sans vraiment le dire. Mais, pour le moment, l’amphibien n’est pas certain de vouloir plus que cette amitié avec bénéfices. S’il devait y avoir plus, iel n’est vraiment pas sûr d’être prêt émotionnellement.
De toute façon, y’aura jamais rien de plus. Faut pas se voiler la face, il se lassera en premier en voyant que je n’ai rien d’autre à offrir que… bref.
En remontant la rue de la négoce en direction des quartiers plus riches, à la recherche de ses fameux matériaux pour préparer ses ornements à fixer sur les armes de Gwendolyn, lea Zeteki ne faisait plus vraiment attention aux autre passants. Si, visuellement, ses yeux étaient concentrés sur les étalages, son odorat, lui, était fidèle au poste. Et lorsqu’une efluve florale familière parvint à ses narines, l’animorphe sut presque tout de suite à qui cette odeur appartenait. Iel releva vivement le visage dans la direction du parfum et il ne lui fallut que quelques secondes pour repérer Gabryel, dont la tête dépassait du reste des passants. Il était apprêté et charmant, comme d’habitude, mais Raol ne savait pas s’iel devait le saluer. Honnêtement, iel préférait attendre le soir, comme iels avaient prévu et ne préférait pas s’afficher en public avec le général… pour de très nombreuses raisons, la plupart plutôt valables (pour une fois, que ce n'était pas des excuses) par les temps qui courent.
Mais, iel pouvait tout de même lui envoyer un regard et un sourire en coin, avec un haussement de sourcils provocateur. Juste histoire de se faire remarquer et de faire passer un message à Gabryel, du type : « tkt j’ai pas oublié que je te vois ce soir, hmhm t’as vu j’suis sexy aujourd’hui, non ? toi aussi t'es pas mal.. Ce haussement de sourcils ridicule, peu subtil mais efficace est censé te laisser imaginer tout ce que tu voudras ».
Bon, le problème, c’est qu’à ce moment précis, Raol croisa également le regard de l’accompagnateur de son pote le général ouin-ouin. Un autre grand type qui… ressemblait un peu à Gabryel… ? Mais vachement plus vieux. De loin, c’était difficile à dire. Dans tous les cas, la grenouille se détourne de suite et se focalise sur l’étalage, en fredonnant un air eossien connu pour avoir l’air naturel.le et zen.
Au pire, le vieux crouton pensera que c'était pas pour lui--- enfin, c'était pas pour lui, mais, il pensera que c'était même pas pour Gabryel. Mais pour... une passante random. Bah oui. Les vieux hétéros comme lui ne sauraient penser autrement, pas vrai ?