AccueilAccueil  
  • RechercherRechercher  
  • MembresMembres  
  • GroupesGroupes  
  • S'enregistrerS'enregistrer  
  • ConnexionConnexion  
  • Moins de darons, plus de potimarron
    Connexion
    Le dragon n'est plus, miracle est arrivé. Yggdrasil a protégé sa cité. Des mois de siège éreintant cessent, la ville millénaire respire à nouveau. Chaque soir, sous la lueur émeraude et bienveillante du grand arbre, les éossiens fêtent et célèbrent ceux tombés au combat. Après tant d'épreuves, la ville semble reprendre vie...
    Forum Fantasy
    Avatars illustrés
    Pas de minimum de lignes
    -28%
    Le deal à ne pas rater :
    Précommande : Smartphone Google Pixel 8a 5G Double Sim 128Go ...
    389 € 539 €
    Voir le deal

    2 participants

    more_horiz

    Moins de darons, plus de potimarron


    Avec
    Gabimbo



                

    "Tu veux pas qu'on aille manger des pommes, plutôt ?"


    « Tu as l’air de bonne humeur ce matin… ! »

    Hein ? Euh… oui bah, j’imagine que ça peut arriver. Même à l'approche de l'automne.

    Raol termine de coiffer ses cheveux et de préparer ses affaires dans la petite cuisine familiale. Ziyal l’inspecte tout en finissant son déjeuner. Tandis qu’iel épluche un fruit, lea plus âgé.e scrute l’accoutrement de sa progéniture. Cette dernière n’en fait pas grand cas et se sert de quelques pommes et d’autres fruits de saison, puis en range plusieurs dans son sac, en une quantité qui fait froncer les sourcils à Ziyal.


    « Tu as vraiment besoin d’autant de fruits ? »

    Déjà suspicieux, le vieil amphibien surveille le plus jeune en pinçant les lèvres. Raol roule des yeux, trouvant le comportement de l’autre Zeteki plutôt pénible. Même s’iel n’a pas franchement la maturité de son âge de manière générale, la grenouille est passablement agacée que son parent lea traite comme un ado qui veut faire le mur.

    Alors que si je sors, c’est que j’ai du travail… après, je vais voir Gabryel mais bon, ça, iel n’a pas à le savoir.

    « … je dois voir des amis plus tard. »

    Ment le plus jeune en se concentrant sur ses affaires. Ce n’est pas entièrement faux, en un sens. Le général est passé au stade « ami » dans les relations de Raol depuis un petit moment. Vu ce qu’iels se disent dans leurs lettres on pourrait même dire que c’est un stade un peu au-dessus de l’amitié.

    C’est notamment pour ça que Raol avait l’air de plutôt bonne humeur. Enfin, disons que son visage n’était pas aussi crispé et ridé par le froncement excessif de ses sourcils, pour une fois. Et il est aussi vrai qu’iel avait eu envie d’un peu s’apprêter pour l’occasion. Cela faisait longtemps qu’iel n’avait pas lâché ses cheveux qu’iel commençait à avoir bien longs. Ca lui avait manqué. Et puis, Raol ne faisait pas trop ça, habituellement, détacher ses cheveux. Car ses mèchent graissent trop vite et ce n’est pas pratique pour les travaux physiques. Faut croire que l’obsession du caldissien avec sa chevelure l’avait contaminé. En dehors de ça, cela faisait longtemps que la grenouille ne s’était pas sentie bien dans sa peau et n’avait pas apprécié son apparence telle qu’elle l’est. La plupart du temps, iel se fait à l’idée que « son physique est ce qu’il est, et de toute façon, on ne peut pas en changer donc j'ai pas d'autres choix que de l'assumer ». Ce n’est pas que la grenouille se trouve laide mais, elle se dit souvent qu’il est inutile qu’elle s’apprécie. Que ce n’est pas pour les personnes comme ellui, qui se détestent.

    « Hm… »

    Le soupir de Ziyal rappelle Raol à la réalité. Les yeux de la grenouille kaki continue de lea scruter de haut en bas, cette fois avec une lueur de jugement évidente dans son iris doré.

    « Quel genre d’ « amis »... ? »

    Ah, oui. C’est aussi pour ça, que j’évite parfois de me faire beau.

    Ziyal a souvent fait des remarques à l’égard du fait que Raol avait plusieurs partenaires. Quoique, même quand iel n’en a qu’un.e ou pas du tout, lea vieil.le eossien.ne trouve encore le moyen de lui reprocher d’avoir regardé une autre personne de manière trop insistante et de "ne pas pouvoir s'empêcher d'exciter tout ce qui bouge". Entre autres joyeusetés. Au final, Raol avait pris l’habitude de simplement l’ignorer et en l’occurrence, de s’en aller sans lui donner la satisfaction d'une réponse.

    « Bon, à ce soir, alors, hein ! J’rentrerais tard. Probablement. »

    Je ne sais pas combien de temps je vais rester avec Gabryel. Je serais pas compte dormir dehors en tout cas. Ça me fera des vacances. Uh… mais depuis quand j’associe « Gabryel » et « vacances », moi ?

    La grenouille se mit en route pour aller chercher quelques matériaux, comme iel l’avait, promis sa collègue la veille. Pour ça, iel lui fallait remonter le quartiers des affaires jusqu'aux beaux quartiers, puis redescendre. Iel oublia bien vite que l’entente avec Ziyal n’était toujours pas au top, malgré leurs efforts. Certaines choses sont compliquées à gérer, à l'âge de son parent qui a tendance à oublier beaucoup de choses et à difficilement sortir de ses certitudes. Enfin, ça, Raol ne peut pas lui reprocher comme iel a les même reflexes nuisibles au contact de l’inconnu.

    Enfin, tout change, car maintenant, iel parvient à associer le général caldissien à des moments positifs et apaisants. Alors qu’en face à face, ce n’est pas toujours ainsi que les choses se passent. Peut-être que malgré tous les hauts et les bras… le caldissien au longs cheveux lui fait du bien, par sa présence et…

    Ouais, bah, ouais, fin… il est beau, il dit des trucs plaisants sur ma personne et il embrasse bien, quoi. Evidemment que c’est pas désagréable, il m’a faut pas beaucoup plus pour en profiter un peu. Par contre, quand il ouvre la bouche pour causer d’autre chose, c’est un autre délire. Héhé.

    C’est tout de même libérateur, un peu de tendresse. Raol avait oublié qu’iel pouvait donner ça à d’autres personnes. Enfin, ce n’est pas qu’iel n’offrait aucune tendresse à ses partenaires de manière générale, au contraire, mais, quand c’était Gabryel, il y avait quelque chose en plus. Un lien émotionnel que l’amphibien n’avait pas ressenti depuis un long moment. A vrai dire, Raol trouvait qu’il était trop tôt pour penser à ça. Leur relation n’avait rien de sérieux. Iels aimaient jouer à flirter, à se taquiner et à s’amuser. Souvent, iels se disputaient, mais, ces mésententes étaient souvent vite oubliées, même pour la grenouille rancunière. Comme si les deux avaient, au fond, les meilleures intentions envers l'autre, sans vraiment le dire. Mais, pour le moment, l’amphibien n’est pas certain de vouloir plus que cette amitié avec bénéfices. S’il devait y avoir plus, iel n’est vraiment pas sûr d’être prêt émotionnellement.

    De toute façon, y’aura jamais rien de plus. Faut pas se voiler la face, il se lassera en premier en voyant que je n’ai rien d’autre à offrir que… bref.

    En remontant la rue de la négoce en direction des quartiers plus riches, à la recherche de ses fameux matériaux pour préparer ses ornements à fixer sur les armes de Gwendolyn, lea Zeteki ne faisait plus vraiment attention aux autre passants. Si, visuellement, ses yeux étaient concentrés sur les étalages, son odorat, lui, était fidèle au poste. Et lorsqu’une efluve florale familière parvint à ses narines, l’animorphe sut presque tout de suite à qui cette odeur appartenait. Iel releva vivement le visage dans la direction du parfum et il ne lui fallut que quelques secondes pour repérer Gabryel, dont la tête dépassait du reste des passants. Il était apprêté et charmant, comme d’habitude, mais Raol ne savait pas s’iel devait le saluer. Honnêtement, iel préférait attendre le soir, comme iels avaient prévu et ne préférait pas s’afficher en public avec le général… pour de très nombreuses raisons, la plupart plutôt valables (pour une fois, que ce n'était pas des excuses) par les temps qui courent.

    Mais, iel pouvait tout de même lui envoyer un regard et un sourire en coin, avec un haussement de sourcils provocateur. Juste histoire de se faire remarquer et de faire passer un message à Gabryel, du type : « tkt j’ai pas oublié que je te vois ce soir, hmhm t’as vu j’suis sexy aujourd’hui, non ? toi aussi t'es pas mal.. Ce haussement de sourcils ridicule, peu subtil mais efficace est censé te laisser imaginer tout ce que tu voudras ».

    Bon, le problème, c’est qu’à ce moment précis, Raol croisa également le regard de l’accompagnateur de son pote le général ouin-ouin. Un autre grand type qui… ressemblait un peu à Gabryel… ? Mais vachement plus vieux. De loin, c’était difficile à dire. Dans tous les cas, la grenouille se détourne de suite et se focalise sur l’étalage, en fredonnant un air eossien connu pour avoir l’air naturel.le et zen.

    Au pire, le vieux crouton pensera que c'était pas pour lui--- enfin, c'était pas pour lui, mais, il pensera que c'était même pas pour Gabryel. Mais pour... une passante random. Bah oui. Les vieux hétéros comme lui ne sauraient penser autrement, pas vrai ?

    more_horiz

    Moins de darons, plus de potimarron. avec Gabrol+
    Gabryel put profiter d’une agréable nuit de repos, pour une fois. Il s’est endormi sans mal et s’est réveillé en pleine forme ce qui n’était plus arrivé depuis bien longtemps et cela lui fait grandement plaisir. C’est ainsi que la nymphe se reluque à travers le miroir, s’apprêtant avec soin, coiffant sa longue chevelure et s’observant sous tous les angles. Il se trouvait bien plus beau ainsi. Son teint avait repris de plus jolies couleurs et ses cernes s’étaient dissipés. Il s’auto lance un sourire dans la glace puis quitte sa chambre après l’avoir minutieusement rangée. Il s’étire donc dans son salon, saluant ses deux compagnons, puis s’éloigne pour atteindre la cuisine et attraper un fruit dans un panier. Il se sent vraiment plein d’énergie aujourd’hui !

    Et à vrai dire... il y a plusieurs raisons à cela. Premièrement, il n’a pas prévu de travailler ce qui le soulage d’une bonne dose d’anxiété. Deuxièmement, son père lui a proposé de se promener dans la Ville-Haute et cela l’a étrangement ému. Gaby est plutôt heureux de voir son géniteur faire des efforts pour qu’ils passent du temps seuls à seuls. Et troisièmement, il a prévu de revoir Raol en fin de journée. Cela fait un moment qu’iels ne s’étaient plus vus et il avoue que leurs échanges écrits n’ont fait qu’amplifier son désir. Il a un peu la sensation d’être redevenu un adolescent tout excité, mais il pense comprendre pourquoi. Après tout, lea Zeteki était le synonyme de “inaccessible” et puis après toutes leurs rencontres il doit bien s’avouer qu’il apprécie sa présence.

    Iel le détend. Il arrive à penser à autre chose. Il change aussi, grâce à ellui. Pour le moment il ne se questionne pas forcément sur le sérieux de leur relation, comme il le lui a dit la dernière fois qu’iels se sont vus il souhaite juste profiter et ne pas trop réfléchir. Gabryel a une envie de possessivité un peu étrange qui germe en lui, mais il sait que pour l’instant c’est simplement car il a envie d’ellui et qu’il aimerait bien l’avoir là tout de suite pour lui. Mais... ce n’est pas le cas. Et c’est le bruit de la porte qui s’ouvre qui le lui rappelle puisque Sebastian vient d’arriver, un sourire aux lèvres.

    Le jeune Venomania ment à son père. Il ne culpabilise pas, loin de là, puisqu’il a l’habitude de mentir à tout le monde. Mais c’est plutôt qu’il a peur des conséquences s’il venait à apprendre la vérité. Alors il se méfie, il fait attention dorénavant. C’est bien pour ça qu’il a demandé aux gardes près de chez lui de l’informer s’ils venaient à apercevoir son père ou son grand-père dans les environs. C’est simplement par précaution. Ils ont tendance à être assez envahissants et la nymphe n’apprécie vraiment pas ça. Il aime sa tranquillité et son libre-arbitre, mais il sait que dorénavant ça ne sera pas aussi simple. Ils semblent avoir la ferme intention de contrôler ses actions et ses relations pendant encore un petit moment. Après quelques embrassades cordiales, fils et père sortent de la grande demeure et longent les rues pour se promener.

    « Tu as l’air en bien meilleure forme, je suis content de te voir reprendre du poil de la bête. J’arrive enfin à reconnaître mon fils ! »

    Il rit en lui donnant une petite tape dans l’épaule. Physiquement, son père est plus impressionnant que lui. Sebastian a une carrure imposante, une petite queue de cheval argentée et une barbe imposante. Vu comme ça, il peut ressembler aux caricatures des Altissiens ! La nymphe de feu est redoutable, Gabryel le sait. Il a une force surprenante et sa maîtrise élémentaire est significative de sa grande expérience. Après tout... il était lui-même général auparavant, ses cicatrices au visage et sur le corps en témoignent.

    « Ahah, vous n’êtes pas si mal non plus père. »


    Sauf que ce n’est que du paraître. Son père est malade. Le trentenaire ne sait même pas comment son géniteur fait pour rester aussi calme vis-à-vis de la situation. Comment fait-il pour ne rien laisser paraître ? Est-ce qu’il est comme ça, lui aussi ? Tandis qu’ils continuent de marcher, Gabryel détecte au coin de son regard une silhouette familière... Oh. Merde. Raol. Le militaire ne laisse rien transparaître et continue à avancer aux côtés de son père, mais voilà que saon ami.e commence à lui faire un regard aguicheur !

    Même s’il a fortement envie de rire, la nymphe aquatique se retient fermement et se contente de l’ignorer. Mais il semblerait que Sebastian ne soit pas de cet avis. Cet homme est définitivement le père de son fils, trop observateur et trop intrusif bon sang. Le plus âgé fronce les sourcils, ayant assisté au spectacle et il est inutile de l’arrêter puisqu’il est comme son fils : il n’a jamais tort. Ainsi sans prévenir il s’approche de lea Zeteki sans que Gabryel ne puisse rien faire d’autre que faire des gros yeux à la grenouille. Son père se poste face à ellui et lui sourit faussement.

    « Excusez-moi, éossien. J’ai une question. Êtes-vous moqueur ou foncièrement idiot pour croire que votre regard est invisible aux autres ? Contentez-vous de haïr les militaires comme le bon éossien que vous faites, d’accord ? N’essayez pas d’être différent, mh. Rentrez dans les rangs. »


    Le plus jeune croit presque s'étouffer à ses côtés et serre la mâchoire sans regarder Raol dans les yeux. Si iel le connaît un minimum iel saura qu’il est en colère mais qu’il ne peut simplement rien dire. Il faut qu’il puisse lui faire comprendre pourquoi. Gaby prend son meilleur air méprisant et sourit docilement à son père en s’adressant à lui.

    « Père, c’est inutile. Je pense que- »


    « Non, Gabryel. C’est en les laissant prendre leurs aises qu’ils finissent par aspirer à devenir ce qu’ils ne peuvent pas être et qu’ils détruisent nos sociétés de l’intérieur, je pense que j’ai déjà été clair avec toi à ce sujet. »


    Les deux s’affrontent du regard durement. Gabryel n’ose pas le contredire. Au final, son géniteur aura toujours l’avantage sur lui.

    « Je pense simplement que c’est inutile de faire une scène en public. Ils n’en valent pas la peine. »


    Ces mots sont crachés, sans pour autant être pensés, mais il sait que Raol ne va clairement pas apprécier ça. Son père ris au nez de la grenouille, hautain.

    « Je rentrerai chez moi quand cet énergumène m’aura répondu. Êtes-vous moqueur ou foncièrement idiot, mh ? »


    Au moins, il s’en ira quand il aura eu ce qu’il voulait. Gaby sait qu’il n’ira pas plus loin que de simples échanges piquants, mais ça l’angoisse quand même d’autant plus que la personne à qui il s’adresse n’est pas du genre à garder sa langue dans sa poche du tout. Le Venomania sent son cœur se serrer... même une simple balade n’est plus possible. Son père n’est plus le même qu’il était lorsqu’il était jeune et cela lui fait mal de l’admettre. Il n’a plus rien du père aimant et protecteur d’auparavant.
    kyro. 017 ldd

    more_horiz

    Moins de darons, plus de potimarron


    Avec
    Gabimbo



                

    "Tu veux pas qu'on aille manger des pommes, plutôt ?"


    Puréééééééée… Pourquoi fallait qu’un vieux péon moche soit là et m’empêche de regarder Gabryel en faisant l’andouille ?! On est où, là, on peut même pu se draguer tranquille, c’est ça ?! Bon, au moins, maintenant que je suis retourné à l’étalage, ils devraient me laisser tranquille et… ah… ah bah non.

    La grenouille grince des dents et se retourne lentement en entendant le ton autoritaire de la version « moche vieille et barbue » de Gabryel dans son dos. Iel sait déjà que ce qui va suivre va être très pénible et va sans doute durer inutilement trop longtemps, vu comme les nobles comme ce type aiment s’entendre causer. Raol ne se retient pas de soupirer en entendant l’autre se gargariser en l’objectifiant, en s’écoutant parler et se considérer supérieur, lui dicter de quelle manière iel devrait penser. Dans un premier temps, Raol ne dit rien et se sent plutôt mal. Ses yeux rencontrent ceux de Gabryel qui lui envoient des signaux appuyés qu’iel n’arrive pas bien à décrypter. Probablement que le général ne soutient pas les propos de son accompagnateur.

    Enfin, ça j’en sais rien. Si c’était le cas, comment je pourrais lui en vouloir ? Je pense d’une manière similaire au sujet des caldissiens, des altissiens… et même de nombre de mes concitoyen.ne.s.

    L’amphibien serre le poing. Iel le sait, que ce n’est pas quelque chose d’acceptable. Qu’après le nombre de fois qu’on lui a imposé des remarques racistes et objectifiantes de ce type, iel commence à percuter qu’iel fait tout autant de mal à reproduire ce genre de comportements. Son problème à ellui, ce n’est même pas tant les étrangers, mais simplement ce qui diffère de sa manière de penser. Iel déteste tout le monde autant qu’iel se déteste.

    Pour autant… s’il s’imagine que je vais le laisser se faire plaisir tout seul avec ses paroles stériles… s’il veut des réponses, il va en avoir.

    « Hm, pardon ? Mais de quoi vous parlez ? »

    Raol choisit de jouer à l’idiot. Dans un premier temps, du moins. Iel aurait pu s’arrêter là. Mais iel avait vraiment envie de continuer d’être passif agressif. Dans l’espoir que l’autre se sente un peu stupide.

    « Vous vous méprenez monseigneur… »

    Ah, oui, iel y prend plaisir, à mettre du sucre factice dans ses phrases. On aurait presque pu gouter à ce miel et en être écœuré.

    « Pourquoi est-ce que je vous regarderais, vous, alors que toutes les personnes qui nous entourent sont bien plus élégante, et bien plus agréables à observer que vous ? Sans vouloir vous offenser, hein… hahaha. »

    Bah un peu que si, je veux l’offenser. Mais bon, quitte à passer pour un simplet, hein.

    Gabryel ramène sa fraise. Lea Zeteki comprend que son ami essaye de lea protéger sans froisser son accompagnateur pénible.

    C’est gentil de sa part, mais je sais pas si—

    Effectivement, l’autre continue et a l’air vraiment de mauvais poil. Tout ça pour un stupide batracien qui veut pécho. Franchement. C’est d’un ridicule.

    Entendre le vieux crouton avancer des énormités devant le général agace de plus en plus la grenouille et lui fait lever les yeux au ciel. Elle craint de ne pas savoir se contrôler tandis que son poing commence à trembler. Aussi étrange que cela puisse paraitre, ce n’est pas un jour ou Raol a envie de chercher les ennuis ou de se bagarrer avec le premier con venu.

    « Iels n’en valent pas la peine. »

    … Il ne le pense pas. Evidemment qu’il ne le pense pas. Il n’est juste pas stupide. C’est juste… circonstanciel. J’aurais fait pareil si j’avais été dans une situation semblable.

    Pourtant, l’animorphe enrage de sentir sa gorge se serrer. Le plus âgé repose sa question stupide. Raol regarde Gabryel, laisse un temps avant de répondre.

    Je les déteste, putain. Qu’est-ce que je les déteste.

    « … Un débile. Je suis un débile. »

    Iel serre les dents, sans jamais baisser les yeux ou arrêter de soutenir le regard de son interlocuteur. La grenouille boue intérieurement et leur paroles finissent par s’emballer lorsqu’elle hausse finalement le ton :

    « Ça vous va, comme ça, monseigneur ? Je vais pouvoir retourner travailler, maintenant ?! »

    Travailler, oui. Pour faire tourner la ville que les gens comme vous exploitez. Pauvre merde.

    Raol se sent frustré de ne pas simplement sauter à la gorge du plus grand et sa gorge lui fait mal. Mais il vaut mieux éviter de ruiner d’avantage cette journée qui s’annonçait pourtant si bonne. Enfin, iel dévie le regard et c’est attristé que ses iris dorés croisent à nouveau ceux de Gabryel. Finalement, l’eossien.ne fait volte-face et s’apprête à descendre la rue pour se diriger vers… iel ne sait pas trop vers où, les matériaux qu’iel cherchait lui sont un peu sortis de la tête. Iel veut juste ne plus être dans la périphérie du gros plein de fric dégoutant de tantôt.

    more_horiz

    Moins de darons, plus de potimarron. avec Gabrol+
    Gabryel n’a sans aucun doute jamais prié aussi fort de toute sa vie. Il espérait vraiment que Raol n’allait pas se laisser emporter, bien qu’iel aurait toutes les raisons du monde, mais iel sait aussi qu’iel ne sera pas écouté.e puisqu’iel est un.e éossien.ne et ça Sebastian le lui a bien rappelé apparemment. Malgré l’amour qu’il éprouve pour sa famille, le jeune Venomania ne peut pas s’empêcher de serrer la mâchoire, à l’instar de saon ami.e face à eux. Il ne peut pas s’empêcher de le fixer, peut-être un peu trop. Il lea voyait, les phalanges blanchies à force de contracter le poing, légèrement tremblant.e. A cet instant, il est terriblement désolé de lui faire subir ça.

    Le ton passif-agressif de Raol fait intérieurement sourire la nymphe qui se dit que, pour une fois, ce n’est pas à lui qu’iel lance ces répliques. Cependant, ça fait beaucoup moins sourire son père qui ne manque pas de lea fusiller du regard en poussant un ricanement méprisant. Gaby reconnaît sans mal le petit rire moqueur de sa foutue grenouille et il ne peut s’empêcher de penser que son père mérite clairement pire. L’amphibien finit par lever les yeux au ciel, atteignant probablement sa limite de patience. Le regard que le batracien lui lance à ce moment-là ne manque pas de lui serrer la poitrine, il ne peut s’empêcher de se dire qu’encore une fois, sans lui, Raol n’aurait pas eu à vivre un moment comme celui-ci.

    Et lorsque Sebastian eut ce qu’il voulait, alors il éclate d’un rire gras et malveillant en lançant un « Ne l’oublie hein.» . Il n’oublie évidemment pas de lancer un regard noir à son fils avant de s’en aller, apparemment satisfait de son petit spectacle. Gabryel était rester là, muet et droit comme un piquet, sans savoir quoi faire ou quoi dire. Lorsque la grenouille fait volte-face pour s’en aller, après un dernier regard attristé, la nymphe se passe une main sur le visage en poussant un long soupir mêlé à une injure. Voir lea Zeteki s’éloigner ainsi lui fait grincer des dents.

    Si mon père avait, pour une fois, passer en priorité le fait d’avoir une bonne journée avec son fils plutôt que de satisfaire son ignoble et malsain sentiment de supériorité on n'en serait pas là !

    Il est énervé, lui aussi. Il en veut à son père, à toute sa famille même, d’être comme ça. Il ne peut pas s’empêcher de penser qu’au fond c’est le karma qui le rattrape pour s’être comporté de la même façon ridicule lors de leurs premières rencontres. Même s’il n’a jamais lancé de paroles racistes, contrairement à son géniteur. Après une grande respiration pour reprendre ses esprits, il vérifie rapidement les alentours et se décide à s’engouffrer dans la rue où Raol s’est rendu.e un peu plus tôt.

    Gabryel sait pertinemment que rien n’excusera le comportement infâme de son parent, mais il voulait au moins essayer d’excuser son propre silence. Il comprendrait si lea Zeteki lui en veut. Et à vrai dire, à sa place il ne sait pas trop comment il aurait réagi. Probablement mal. Très mal. Ainsi il poursuit la grenouille, lorsqu’il arriva à sa hauteur il lui attrapa aussi doucement qu’il le put sa main pour lea faire s’arrêter. Il y a un moment de blanc durant lequel la nymphe ne sait pas forcément quoi dire, mais il finit par ouvrir la bouche :

    « Je suis désolé. Je... euh... » Il ne veut pas avoir l’air de trouver des excuses à son géniteur, alors il prend son temps pour s’exprimer. « C’était mon père. Il a eu le pire comportement et j’en suis désolé, même si je sais que ça ne changera rien. Mais Raol... » Il lâche sa main et plante ses yeux dans ceux de la grenouille. « … je n’en pensais pas un mot. Tu en vaux la peine. Vous en valez tous la peine. Mon père est juste... tu sais... je n’ai pas le choix que d’aller dans son sens, du moins face à lui. »


    Il s’adosse au mur. Il préfère laisser de l’espace à Raol. Iel ne devait pas spécialement avoir envie que le fils de celui qui vient de lui cracher à la gueule se permette de lea toucher, c’est ce qu’il se disait. Il frotte à nouveau son visage. Il aurait aimé dire que tout cela était temporaire puisque de toute façon son père allait bientôt mourir, mais à cette idée il ricana. Même si c’est vrai, il ne pourrait jamais le formuler de cette façon. Malgré tout ce qu’il peut dire ou tout ce qu’il peut lui faire subir, il reste son père... il lui a tout apprit ! C’est grâce à lui qu’il en est là aujourd’hui !

    Je ne peux pas le détester, c’est plus fort que moi. Ça a beau être la plus belle enflure de ce siècle, ça n’en reste pas moins celui qui m’a élevé ! Il m’a tout donné. Sans lui, je ne serais rien. Je ne serais jamais devenu général. Il n’est pas toujours très agréable avec moi, mais il est comme ça c’est tout... Enfin... avant, il n’était pas comme ça...

    Gabryel essaye d’afficher un léger sourire sarcastique. Il ferme un instant les yeux, toujours incertain quant à ce qu’il doit dire ou faire. Il ouvre à nouveau un de ses yeux violets et le pose sur la mine attristée de la grenouille. La nymphe ouvre la bouche, mais rien ne sort. Il sait que son père a gâché un moment qui devait leur appartenir. Il est tellement désolé...

    « Lui et mon grand-père sont arrivés à Yggdrasil après l’incendie, parce que j’ai arrêté de leur envoyer des lettres concernant les événements ici. Ils ont donc constaté grâce à des contacts que je faisais mal mon travail, apparemment. Donc... ils sont venus en personne pour régler ça. Tu n’aurais jamais dû le rencontrer, je ne t’aurais jamais fait vivre ça. Si j’avais su que tu étais ici je ne serais pas venu. »


    La situation est expliquée, c’est déjà ça. Et maintenant quoi ? Tu crois qu’iel va rester là, tranquille, tout souriant.e ? Putain.

    « Est-ce que je peux faire quelque chose pour m’excuser ? »
    kyro. 017 ldd

    more_horiz

    Moins de darons, plus de potimarron


    Avec
    Gabimbo



                

    "Tu veux pas qu'on aille manger des pommes, plutôt ?"


    Raol a déguerpi pour aller taper dans un sac de toile un peu plus loin, sous une arcade, en poussant des cris étouffés qui lui valurent d’être regardé de travers par les passants. Peu importe. Au moins, cette fois, iel ne se défoulait pas sur un.e inconnu.e et n’attendait pas que la colère monte en ellui jusqu’à rejaillir brutalement, à coup de poison mortel, sur le premier venu. L’amphibien reste un moment sous son arcade, à l’ombre, adossé au mur. Iel n’arrive pas à complètement se calmer. Iel se sent en colère, évidemment, mais également frustré et attristé d’en être arrivé là aujourd’hui.

    Ça m’apprendra. Faut que j’arrête d’y croire comme ça. La réalité dans ma face, voila, c’est nul mais ce que je mérite, hein.

    Les paroles du vieux con lui tournent encore dans la tête, mais pas parce qu’elles l’ont bléssé.e, mais parce que ça l’enrage de s’y retrouver. D’avoir été celui qui a prononcé de telles paroles à plusieurs reprises. Enfin. Il fallait vraiment qu’iel aille chercher ses affaires et qu’iel se rende à la forge. Pas le temps de se morfondre. La grenouille se décida donc à bouger pour retrouver l’étalage de tantôt.

    Et c’est à ce moment là qu’un caldissien aux cheveux envahissants débarqua tout essouflé sous l’arcade. Raol se retourna pour l’observer, fort confus.e. Ce genre de choses, ton crush qui courre pour te rattraper, ça n’arrive pas dans la vraie vie. Mais bon, en l’occurrence, ça arrive donc on va s’en contenter. Lea Zeteki n’a même pas le temps de demander à Gabryel « ce qu’il fout là purée » que le général Ouin-ouin commence à… faire du général Ouin-ouin. Enfin, non, simplement, il se confond en excuses. L’animorphe est largué et n’a clairement pas le temps de tout comprendre au vu du débit de paroles de son comparse. Enfin, il a le temps de saisir que le vieux crouton de tantôt était le père de Gabryel et que Gabryel s’en veut terriblement pour ce qui s’est passé. Il admet d’ailleurs qu’il ne pensait pas les mots qu’il a prononcés et même si Raol préférait faire comme si ne rien était, cela lea rassurait un peu.
    Ça lea touchait, même. Profondément.

    Je… vaux la peine… ?

    Sa gorge se serre à nouveau, mais cette fois, ce n’est pas à cause d’une angoisse quelconque. Mais à cause d’un trop plein d’émotions. Iel inspire profondément pour contrôler le rythme affolé de son palpitant et tente de se concentrer sur le récit de son interlocuteur, qui lui explique le contexte de toute cette malheureuse histoire. Tout ça est un peu trop familier. Les parents intrusif qui s’invitent dans tous les aspects de la vie publique et privée de leur progéniture. Qui les prennent de haut. Leur dicte de quelle manière gérer tous les aspects de leur quotidien. Se permettent d’être méprisants, humiliants, violents quand leurs enfants refusent de suivre leurs ordres.

    On a des choses en commun, finalement.

    Raol soupire. Iel est mauvais.e, pour compatir. Mais ce qu’iel ressent actuellement, c’est sans doute ce qu’iel ressent. Tendu.e en se rappelant quelqies mauvais souvenirs d’Akiya, Raol laisse finir Gabryel qui lui propose de se faire pardonner. Iel ne sait pas quoi dire. Iel n’a rien à lui demander. Enfin… si, peut-être.

    « M’enfin… T’inquiètes pas comme ça pour moi. »

    Ça me… il ne devrait vraiment pas. Il en a déjà assez fait. Et puis… il a quand même pas laissé en plan son daron pour ça ? Enfin, euh… pour moi ? Pour me dire tout ça ? Par l’Eos mais… mais qu’est-ce que j’ai… pourquoi il—

    Bref, bref. Raol fait au mieux pour camoufler son trouble et répliquer sans avoir l’air stupide et encore plus confus. Les paroles de Gabryel on percuté un peu trop fort son cœur et son cerveau, et voila le résultat.

    « Je connais ce genre de connards jamais satisfaits qui écrasent les autres pour se sentir mieux dans leur slip. »

    Akiya était de ceux-là.
    … Je suis un de ceux-là.
    Et… peut-être que Gabryel essaie lui-même de ne pas devenir u nde ceux-là. Du moins… il pourrait l’être aussi.
    Est-ce que nous devons forcément répêter les tares de nos vieux ? …Non. C’est juste une stupide excuse de plus.


    La grenouille ne comprend toujours pas son interlocuteur. Pourquoi se donne autant de mal. Pour quelle raison il est si gentil. Se donne tant de mal pour quelqu’un comme lea Zeteki. Iel se sent minable. Iel a peur d’entrainer son ami dans… dans tout ce qu’iel est. Toute cette détestation qui ne part jamais. Enfin, presque jamais. Aux côtés de Gabryel, parfois durant les entrainements de Basmath, il y a des moments ou Raol ne s’est pas détesté.e. Où iel a entrevu de la lumière, une échappatoire. Ironique, de trouver ça auprès des caldissiens, tout de même. Pourtant, l’animorphe est convaincu qu’iel n’aurait pas trouvé ça auprès de celleux qu’il considère comme les siens.

    Iel a franchement envie de serrer le général dans ses bras, Raol, là. Le serrer fort et ne pas le lâcher. Mais vu ce qui s’est passé la dernière fois qu’il a tenté un truc, iel a peur que le daron réplique à nouveau. Puis, il y a du monde dans le coin et la grenouille est encore un peu trop secouée pour tenter quoique ce soit. Iel n’est pas aussi doué.e que son ami pour les mots. Iel ne sait pas comment lui répondre pour lui dire à quel point il a été touché et soulagé de l’entendre.

    Par contre, je sais que je veux surtout pas qu’il s’emmerde d’avantage pour moi.

    « Mais tu sais… je… rien. Tu me dois rien. »

    Je veux dire… qu’est-ce que je pourrais exiger de plus ? Je suis ingrat, oui, mais pas à ce point.

    Ce n’est pas le meilleur lieu ni le meilleur moment pour causer de tout ça en détail, de toute façon. Raol est pris.e par le temps, l’endroit est trop passant et il va lui falloir un peu de temps pour que toute ces émotions, encore trop fraiches, descendent un peu.

    « Tu viens toujours, tout à l’heure ? A notre rencard, j’veux dire. ‘Fin, si j’ai pas tout tué avec mes regards de chaudasse, héhé. »

    Iel tente de sourire doucement en regardant le plus grand dans les yeux. L’animorphe espère que cette entrevue avec « beau papa » n’avait pas tout gâché. Si Raol ne trouve pas ses mots, alors, iel peut au moins tenter de faire rire son ami avec des blagues nulles.

    « J’dois me grouiller pour aller bosser, je suis super à la bourre. M’enfin, euh, j’serais à l’endroit dont on a parlé à l’heure. Euh. Voila. Merci et, euh, à plus...? »

    Faut vraiment que j’arrête de détaler comme ça, en sautant sur des caisses jusque sur les toits pour aller plus vite. Et pour qu’on ne me suive pas, surtout. Ça devient ridicule, à force. Mais je suis une grenouille, oui ou merde ?

    Dans tous les cas. J’ai un peu hâte de le voir quand on sera juste tous les deux.





    Les heures passèrent plus rapidement que ce que l’animorphe attendait. Raol s’excusa auprès de sa collègue forgeronne pour son retard, mais parvint à se rattraper durant la journée. Puis, vint l’heure de quitter son lieu de travail pour se diriger, à nouveau vers la ville haute. Gabryel lui avait indiqué un jardin, à la frontière du quartier des affaires et celui des loisirs. Un endroit où, apparemment, les gens n’allaient jamais en fin de journée. En sautant de toits en toit pour grimper en haut de la ville plus rapidement, Raol fut frappé du calme qui régnait à mesure qu’il approchait des beaux quartiers. Les passants se faisaient rares, sans doute que depuis le grand incendie, les gens se méfiaient avant de sortir ? La grenouille se dit qu’en sa qualité d’eossien.ne, il lui valait mieux être discrêt.e. Il ne faudrait pas qu’on la surprenne et qu’on lea prenne pour un éclaireur.

    Raol ne savait pas trop à quoi s’attendre, quant au lieu de rendez-vous. Mais le jardin qu’il fini par trouver, à l’abri d’une grande arche de pierre et d’un grand arbre, était plutôt mignon. Enfin, il n’avait rien d’incroyable, mais il y faisait bon, calme, le soleil en réchauffait une partie.

    Apparemment, la grenouille était la première arrivée. Elle observa autour d’elle, sans trouver le général Ouin-ouin. Finalement, Raol se décida à s’asseoir sur un petit band de pierre et sorti une pomme de son sac. Ça fera arriver Gabryel plus vite.


    more_horiz

    Moins de darons, plus de potimarron. avec Gabrol+
    Le regard de la nymphe est un mélange d’inquiétude et de colère. Une inquiétude dont il ne connaît pas trop l’origine, à vrai dire. Iels ne sont pas si proches que ça, si ? Encore, la colère est compréhensible. Gabryel n’a jamais apprécié cette part du comportement de son père, mais c’est le fait de savoir que ça ne changera jamais qui le frustre davantage. D’autant plus maintenant qu’il est à Yggdrasil ! En observant saon ami.e, il peut déchiffrer son trouble qui est très franchement compréhensible. Raol reprend rapidement contenance, crachant l’une des répliques qu’iel aurait sans doute adoré lui dire en face, à son père. Bien que le plus grand n’est pas très heureux de lea voir insulter son géniteur, il reste muet et impassible.

    Après tout, iel a bien le droit de le penser, il ne peut clairement pas lui en vouloir. Sans doute que Gabryel aurait lui-même réagi ainsi envers quelqu’un qui n’était pas de sa famille. Ou peut-être pas, puisqu’il est d’une hypocrisie sans limite envers autrui. Il aurait réagi de la même façon, en se montrant supérieur à son tour. En se rendant compte de cela, il se dit qu’il a tout de même d’indéniables ressemblances avec Sebastian... Ce qui n’est pas vraiment une bonne chose au vu du personnage. Le militaire ne comprend pas bien d’où lui vient cette gentillesse avec lea Zeteki. Il n’a jamais été comme ça, ce n’est pas dans sa nature...

    Peut-être parce que la grenouille est une de ces personnes tellement différentes qu’il ne peut pas passer à côté ? Quand il repense à Klaus, il comprend à quel point ça n’a rien à voir. Il mentait au magimorphe, constamment. Il le manipulait pour assouvir ses besoins d’attention. Il s’est moqué de lui. C’était encore plus visible lors de la Foire où le général avait préféré passer du temps avec Raol plutôt qu’avec Klaus. Il l’avait laissé en plan en prétextant avoir du travail... En se remémorant tout cela, il prend conscience peu à peu que toute cette situation n’a pas de logique. C’est tout nouveau et il ne comprend absolument rien à la relation qu’il entretient avec l’animorphe.

    Gaby revient à la réalité, reprenant contenance en jetant quelques regards aux alentours. Sa tentative de blague fait pouffer le plus grand qui lui offre un regard un peu plus... gourmand. C’était aussi pour ça qu’il aimait passer du temps avec ellui. ‘Faut dire qu’iel lui parle comme s’iel parlait à n’importe qui. Il n’a pas l’impression d’être un grand noble militaire, il est juste... Gabryel.

    « Notre rencard, carrément ? Bien sûr que je viens. A tout à l’heure, bon courage pour le travail. »


    D’ailleurs tiens... Quel travail ? Il a dû louper pas mal de choses depuis la dernière fois. Il lui demandera plus tard. En se retrouvant seul, la nymphe se dit qu’il est peut-être temps de rentrer. Il n’a plus rien de prévu maintenant que son père a décidé de couper court à cette journée qui pourtant s’annonçait vraiment agréable. Ainsi, celui à la longue chevelure argentée arpenta les rues de la Ville-Haute pour remonter dans sa grande demeure.

    Pour ce soir, il lui fallait faire un minimum d’effort pour faire plaisir à Raol. Enfin, juste pour s’excuser hein... Pas parce qu’il a envie de lea voir heureux.se... Il demanda donc à l’un de ses cuisiniers de lui concocter deux casse-croûtes bien garnies. Les ingrédients seront de très bonne qualité et il sait que lea petit.e gourmand.e adorera ça. Dans un petit sac en tissu il glissa deux pêches et deux abricots, il se dit que cela devrait suffire, normalement. Pendant un instant, il hésita à prendre une bouteille de vin... mais il se ravisa très rapidement. C’était ridicule et c’était aussi la meilleure façon de rendre cette journée encore plus merdique. Il opta donc pour une gourde d’eau, ça sera largement suffisant.

    Il partait vraiment pour une pique-nique ? Bon sang. Si on lui avait dit ça il y a quelques mois, il n’y aurait jamais cru. Il prit ses affaires et se décida à sortir après s’être recoiffé correctement. Les rues étaient désertes et silencieuses... C’était plutôt apaisant après tout le grabuge de ces derniers temps. Il en oublia presque pendant un instant tout le travail qui l’attendait le lendemain. Ainsi il prit son temps pour arriver au point de rendez-vous, profitant des lieux déserts. Il aperçut la grenouille installée sur un banc. Iel ne le voyait pas puisqu’il arrivait par derrière. Alors évidemment cela lui donna une petite idée... Il avança discrètement pour arriver à sa hauteur et se pencher pour chuchoter à son oreille.

    « Tu ne partages même pas ? » Dit-il en pointant du bout du doigt la pomme qu’iel dévorait.

    Gabryel lui offrit un large sourire et déposa son petit sac à côté de Raol, tandis qu’il contournait le banc pour se poster face à ellui. Et... quelque chose lui sauta immédiatement aux yeux. Quelque chose qu’il n’avait pas vu avant, puisque son père avait un peu tout chamboulé. Il avança sa main vers le visage de lea Zeteki et caressa ses cheveux qui étaient détachés. C’était la première fois qu’il lea voyait comme ça et il doit avouer que c’était loin de lui déplaire. Même sa tenue lui allait vraiment bien.

    « J’aime beaucoup tes cheveux comme ça. Tu es belle.aux, ça te va bien. »


    C’était sincère. Après tout, il a toujours dit la vérité lorsqu’il s’agissait d’esthétique. Il lea trouve vraiment séduisant.e ainsi. Ça change quelque chose à son visage, mais il ne saurait pas expliquer quoi. Il chatouilla du bout du pouce sa joue, puis vint attraper son sac pour l’ouvrir et présenter à Raol ce qu’il avait pris.

    « J’ai quelque chose pour toi. » Il sortit l’un des deux casse-croûte et le lui donna. « Tiens. J’ai demandé à ce que ce soit bien garnie, donc normalement il y a de quoi remplir ton estomac jusqu’à après-demain. »

    Le militaire s’étira et vint s’installer aux côtés de la grenouille. Il n’avait pas vraiment très faim ces temps-ci... Mais ça sera bien mieux s’iels profitent tous les deux d’un bon pique-nique. Gaby fixe saon ami.e et s’exclama soudainement :

    « Tu t’es remis à travailler à ce que j’ai compris ? Tu travailles dans quoi ? »


    Ben quoi... je m’intéresse à ellui... c’tout... je m'inquiète pas du tout qu'iel puisse faire quelque chose de bizarre ou de dangereux pour subvenir à ses besoins...
    kyro. 017 ldd

    more_horiz

    Moins de darons, plus de potimarron


    Avec
    Gabimbo



                

    "Tu veux pas qu'on aille manger des pommes, plutôt ?"


    C’est quand même drôlement bon les pommes. En croquant une première fois dans son fruit préféré, Raol perd un instant pied dans la réalité pour savourer le gout sucré et légèrement acide du fruit. Ce qui veut dire qu’iel ne fait pas attention aux autres stimulations sensorielles, notamment à l’odeur de Gabryel qui s’approche derrière ellui. L’animorphe n’est pas exactement fana des surprises comme celles que la nymphe lui fait en lui soufflant des mots à l’oreille. Mots qu’iel n’a pas le temps de comprendre car lea voila qui hurle sous le coup de la surprise, avale de travers son morceau de pomme et finit penché au-dessus du sol à tousser bruyamment et recracher son aliment qui a failli faire fausse route.

    « EURHGH RRRH KOF KOF. »

    Oui, c’était utile d’avoir une ligne de dialogue pour ça, hein. Bref, Raol s’essuie la bouche et regarde son ami avec une expression blasée.

    « M’enfin ! T’as pas idée d’faire des trucs comme ça !! Abruti, va ! »

    Ce n’est pas très grave. D’ailleurs, Raol donne une tape amicale dans l’épaule du plus grand comme pour le punir, mais iel sourit en coin, maintenant qu’iel s’est remis de ses émotions. Puis, iel est content.e de voir son général, quand même. La grenouilles est moins dans son stress que tout à l’heure et peut désormais profiter du moment sans être coupé par un septuagénaire dont le visage ressemble à une fesse de macaque mal nourri. Puis, les compliments du plus grand lui font plutôt plaisir. Le sourire de lea Zeteki s’élargit, se fait plus franc car le caldissiens aux cheveux nacrés à encore d’autres surprises à lui montrer. En l’occurrence, des casses croutes. Bien que Raol ne soit pas fan de l’idée que Gabryel les ait fait préparer par quelqu’un d’autres, iel préfère ne rien dire et accepte le cadeau sans réelle protestation.

    « Ah bah… j’avais faim justement. »

    Iel arque un sourcils en ouvrant le petit panier afin de goûter et partager ce qu’on lui a apporté. C’est qu’iel se demande si tous les « nobles » se font faire leurs repas comme ça. La chose est impensable, chez les eossiens. Enfin, il lui est arrivé de faire la cuisine pour d’autres personnes, évidemment, mais c’est différent. Ce sont des choses qui se font en communauté.

    « Mais, du coup, les gens comme toi, vous faites jamais à manger vous-même ? »

    Ça sonne bizarre, mais c’est une manière de s’intéresser un peu à la vie du général. Peut-être n’a-t-il pas le temps… quoique, Raol est plutôt bien occupé.e par son travail et iel ne coupe pas à l’étape quotidienne de cuisiner.  

    Gabryel a aussi des questions à poser. Tout en se nourrissant, l’amphibien ricane intérieurement, en se disant que leur entrevue ressemble vraiment à un rencard tout ce qu’il y a de plus normal.

    …Mais c’est pas un rencard, haha. Attends… tout à l’heure j’ai--
    Huhhhhhhh… J’ai vraiment dit « rencard » ? Merde oui je crois que je l’ai dit. J’étais tellement abasourdi tout à l’heure que c’est sorti tout seul. C’est pas que je… que je concevais pas la chose ainsi, mais le dire comme ça, ça rend la chose un peu trop officielle. Je suis pas prêt pour ça !


    Sans doute qu’iel se prend trop la tête. Gabryel n’a pas l’air de penser à ça, actuellement. Le caldissien continue à être très doux, d’ailleurs. Ce n’est pas pour déplaire à la grenouille qui le trouve vraiment très attirant, quand il est aussi gentil.

    Bref. Sa question, c’était quoi sa question, déjà.

    « Ah, oui, j’ai trouvé du travail dans une forge. Enfin, je suis à l’essai, pour le moment. J’ai proposé une collaboration à la patronne, de faire des ornements sur ses armes et d’ajouter des gemmes ou des pierres magiques, enfin, tu vois. »

    On ne dirait pas comme ça, à la platitude du ton qu’iel emplois, mais Raol est plutôt enthousiasmé par l’opportunité que Gwendolyn lui a donné. Iel peut finalement recommencer à pratiquer son artisanat et utiliser sa connaissance des jolis cailloux, ça lui avait manqué, ces derniers mois.

    « M’fin c’tait pas gagné, car euh… j’ai bavé sur ses outils en me présentant. Et pas qu’un peu. Y’avait ma langue qu’était sortie et tout bref la honte, héhé. »

    C’est vrai que le général n’avait pas eu l’occasion de voir Raol lors de ses quelques changements physiques récents. Lorsque sa langue était hors de contrôle pendant près de deux mois. Heureusement, la grenouille avait réussi à s’y faire et maintenant, elle commençait même à pouvoir l’utiliser pour attraper des trucs hors de sa portée. Rudement pratique, globalement, même si l’adhérence d’un appendice aussi moite n’est pas très commode. Enfin. Gabryel pourra découvrir tout ça en temps voulu, car lea Zeteki avait bien envie de flex dès qu’iel en aura l’occasion.

    Un silence passe et la grenouille hésite à poursuivre en reparlant de ce qui s’est passé plus tôt. En soi, Raol n’est pas lea meilleure personne pour donner des conseils ou dire quelque chose de réconfortant à ses amis (enfin, s’iel en avait), mais… enfin, il lui arrive d’écouter. Et de s’inquiéter. Et le paternel de Venomania lui a rappelé des mauvais souvenirs. Une période plutôt sombre de sa vie, un deuil toujours pas fait et des traumas dont iel ne s’est jamais vraiment remis, tout ce qu’iel relie notamment à Akiya. La famille, c’est vraiment pénible, des fois. Enfin, Raol n’a pas eu la chance d’avoir une famille saine. Sa relation avec Ziyal est toujours houleuse et la communication parfois très complexe, ce qui ne l’aide pas forcément à aller de l’avant, car iel ne peut pas juste laisser son parent de côté (même si ce dernier promet de faire des efforts). L’animorphe avait tout de même découvert de nouvelles choses sur sa famille, depuis quelques mois. Que Ziyal avait une sœur jumelle, par exemple. On ne connait jamais vraiment ses proches, hein ?

    « En fait, j’ai découvert d’autres possibilités dans mon hybridation. Enfin… c’est plutôt qu’elles se sont développées d’un coup. On était perdus dans les égouts avec Ziyal -c’est une longue histoire- et un énorme rat nous a attaqué, j’ai voulu lea protéger et « pouf », évolution !  »

    Iel ne sait pas trop ou iel va avec cette histoire. C’est peut-être un peu trop subtil, le détour qu’iel essaie d'emprunter, là.

    « Mon parent m’a dit ensuite qu’apparement, c’tait devenu rare dans notre famille que notre hybridation progresse comme ça. ‘Fin, c’est plutôt que mon autre parent voulait pas qu’on se fasse remarquer à cause de ça, ou fasse tâche. »

    L’eossien.ne hausse les épaules et se sent bête d’avoir perdu le fil de ce qu’iel voulait dire à la base.

    « Euh… tout ça pour dire… euh… je sais que… que les parents, des fois… c’est vraiment une plaie au cul à gérer. »

    Raol s’éclaircit la gorge, embarrassé de sa tirade décousue et surement trop confuse pour être compréhensible.

    Franchement, Rara, qui s’en tape de ta vie, en fait ? Pourquoi tu racontes ça.

    Dans tous les cas, c’est maladroit, mais cet espèce de conte foireux, c’était une invitation camouflée. Comme Raol n’arrivait pas à se résoudre à simplement demander « euh oui tu veux qu’on parle de ton père » comme un philosophe du dimanche qui s’invente psychanalyste, iel avait fait ce détour. A Gabryel de voir s’il voulait aussi emprunter ce chemin parfois compliqué.

    more_horiz

    Moins de darons, plus de potimarron. avec Gabrol+
    Gabryel ne manque pas de rire à gorge déployée en voyant Raol recracher sa pomme au sol, apparemment très surpris.e de l’arrivée du militaire. Il fait mine d’être faussement vexé par son insulte et souris, narquois. Il se comporte vraiment comme un enfant à ses côtés. Être avec ellui l’aide à se sentir un peu mieux, bien qu’il ne puisse toujours pas se séparer de ce sentiment de culpabilité quand il lea regarde. Il est général, il est celui qui a donné des ordres, il est celui qui devait contrôler son armée quand ils sont arrivés ici, les ont traités comme des animaux... Lea Zeteki le lui avait bien rappelé lors de l’incendie.

    Ils sont les envahisseurs, ceux qui détruisent tout sur leur passage, sans jamais s’excuser. Ils s’enfoncent dans les mensonges. Il essaye de penser à autre chose en observant saon ami.e qui semble de bien meilleure humeur que plus tôt dans la journée, heureusement. La nymphe apprend à apprécier le large sourire qui se dessine sur le visage de la grenouille. Iel goûte ce qu’il lui a donné et il ne peut s’empêcher de lea regarder faire, sans même songer à lui-même se nourrir. Sa question le surprend un peu, lui rappelant à nouveau la différence considérable de leur quotidien.

    « Je ne suis pas très bon cuisinier. Et puis, un professionnel saura toujours mieux ce qui est bon pour mon corps, en fonction de mes activités. Les repas lors des jours d’entraînement ne sont pas les mêmes que ceux que j’ai quand je passe une journée et une nuit au bureau, tu vois ? »


    Au moins, il peut garder une certaine ligne et être certain que ce qu’il y a dans son assiette est bien cuisiné et que ce sont des ingrédients de bonne qualité. Il n’est pas vraiment certain que l’amphibien comprenne, mais il ne s’attend pas non plus à ce qu’il saisisse toute sa vie. Les choses sont ainsi depuis qu’il est né, il ne s’est jamais forcément questionné sur le fait que ça soit moral ou non. Après tout, ces gens sont payés ? Ce sont des cuisinés privés, c’est tout ? Il ne s’étala pas sur le sujet et commença à goûter le sien, un peu à contre-cœur puisqu’il n’a pas très faim.

    Raol prend un peu de temps à répondre à sa question et finit par lui expliquer sa situation, entre deux bouchées. Gabryel hoche la tête en l’écoutant attentivement. Travailler dans une forge ? Il ne l’aurait pas imaginé là-dedans, mais quand il entend parler des pierres il comprend mieux. Iel revient aux sources. La nymphe est plutôt satisfaite de constater que l’éossien.ne fait quelque chose qui lui plaît. La suite de son anecdote le fait arquer un sourcil, l’air à moitié dégoûté. Il finit par rire en imaginant la scène. Il lui en arrive des choses étranges, quand même.

    « C’est qu’une langue, ça ne changera rien au fait que tu t’y connaisses mieux que personne dans ce que tu fais. Tes compétences en pierres sauront la convaincre. »


    En tant que général, Gaby a lui aussi été confronté à plusieurs soldats parfois assez étranges, mais les compétences passent avant tout. Un soldat bizarre, mais qui est un très bon magicien, vaudra bien mieux qu’un autre qui est considéré “normal”. Un silence plane pendant un instant, le militaire sent que le batracien hésite à parler, alors il ne dit rien et attend qu’iel le fasse. Ce qui ne tarde pas trop, au final. Quand iel lui raconte pour son hybridation, la nymphe fronce les sourcils. Mh... Il a toujours aimé s’intéresser aux différentes espèces. Il a beaucoup lu sur chacune et il est vrai qu’il existe des évolutions possibles, pour qui sait les atteindre. Et apparemment l’animorphe en a fait l’expérience. Une expérience assez troublante de ce que peut entendre le Venomania qui arque un sourcil au fur et à mesure de l’anecdote.

    Un rat ? Dans les égouts ? Mais... Iel a quel genre de vie, au juste ? Et puis, où est-ce qu’iel veut en venir ?

    Et puis... Il comprend. Ce terrain-là ne lui plaît pas vraiment, à vrai dire. Mais après ce qu’iels ont vécu cet après-midi, ça serait le minimum de lui en parler, ne serait-ce qu’un peu. Même s’il ne sait pas trop quoi dire. Il y a à la fois beaucoup de choses à dire et rien. Il réfléchit un instant en croquant mollement dans son casse-croûte. Il n’a jamais parlé à personne de ses relations familiales et il est lui-même en plein déni concernant sa situation, donc ce n’est pas tout à fait facile de poser des mots sur tout ça. Il préfère d’abord répondre à son anecdote plutôt que d’entamer le sujet directement, ça permettra de désamorcer un peu... non ?

    « Je me questionne de plus en plus sur ton hygiène, Raol. Tu baves sur les objets, puis tu vas dans les égouts et ensuite tu te bats avec un rat géant ? » Il rit doucement. « Tu as une vie bien plus trépidante que la mienne, au final. »


    Il lui lance un regard en coin, puis son sourire disparaît tandis qu’il s’attèle à fixer le sol. Parce que ce sujet-là est plutôt sensible et qu’il préfère ne pas lea regarder dans les yeux en lui en parlant.

    « Je n’ai pas vraiment à les gérer, tu sais. » Il marque un temps de pause, prend une légère respiration et continu. « Ma mère n'est pas très communicative. Je crois que la dernière fois qu’elle m’a parlé je devais avoir 10 ans ahah. Ça ne m’a jamais vraiment posé de soucis. Elle s’occupait de ma sœur, Elizabeth, et mon père s’occupait de moi. C’était comme ça. »


    Maintenant qu’il en parle, il commence à se rendre compte que c’est tout de même un peu bizarre. Il n’a jamais eu une vraie famille comme on peut l’entendre, mais il s’est toujours dit que c’était le sacrifice pour être noble et fort.

    « Donc ma mère se gère seule. J’ai compris il y a peu qu’ils ne se sont jamais aimés. Sûrement un mariage arrangé, je ne sais pas trop et je préfère honnêtement ne pas m’en mêler. Mon père m’a tout donné, c’est pour ça que je ne lui tiens pas tête. Sans lui, je ne serais rien. Et puis, mon grand-père m’a aussi élevé, en remettant parfois mon père à sa place. Leur relation s’est dégradée avec le temps, je ne sais pas trop pourquoi. »


    Et pourtant, ils restent collés l’un à l’autre. Ou plutôt est-ce son grand-père qui surveille de près son fils. Gabryel a la sensation que si son grand-père venait à mourir avant son père, ça risquerait d’être encore pire.

    Seulement, le général ne connaît même pas le quart de la vérité. Il ne sait rien de la surveillance de son père, ni de son obsession pour l’illusion. Il ne sait pas non plus à quel point son grand-père peut se montrer pire que son fils. Pour le moment, il sait uniquement ce qu’on veut bien lui dire ou lui faire comprendre. Mais il finira par comprendre, c’est certain. Il attrape sa gourde pour boire un peu et revient poser ses yeux dans ceux de la grenouille.

    « Ma sœur par contre c’est une autre histoire. Je n’accepterai pas qu’on lui manque de respect. Elle passe avant tout. » Il hausse les épaules et conclu. « Je ne pense pas que tu vas la rencontrer un jour de toute façon. Tu n’aurais déjà pas dû rencontrer Sebastian. »


    Ça pouvait sonner sec et distant, mais ça partait d’une bonne intention. En rencontrant sa famille, Raol s’exposait à dix fois pire que les remarques de cet après-midi. Il valait mieux pour eux deux qu’iel se tienne écarter de sa famille, pour le moment du moins. Ça lui fait mal de l’admettre, mais quand son père et son grand-père seront morts tout sera beaucoup plus simple. Il aura le contrôle du domaine et plus personne pour lui dicter sa conduite ou pour le surveiller.

    Pourquoi je pense à ça moi ? Je ne peux pas souhaiter ça. C’est horrible. Dire que la dernière fois que j'ai parlé de ma famille comme ça c'était en étant complètement bourré avec Samaël. Bon sang.

    Il préfère reprendre son sourire narquois et il approche son visage de celui de Raol, ne laissant plus que quelques centimètres de distance les séparant.

    « Les histoires familiales d’un noble ne doivent pas beaucoup t’intéresser, non ? »


    Il voulait juste... éviter de rentrer trop dans les détails. Pas maintenant. Peut-être plus tard.
    kyro. 017 ldd

    more_horiz

    Moins de darons, plus de potimarron


    Avec
    Gabimbo



                

    "Tu veux pas qu'on aille manger des pommes, plutôt ?"


    Tout semblait aller bien. Les deux andouille ricanaient bêtement, Gabryel vannait gentiment l’amphibien au sujet de sa bave et de sa langue. Raol se laissait flatter sur son accoutrement, encourager sur sa vocation et roulait des yeux en protestant que son hygiène n’avait rien de problématique, qu’elle était « im-pé-cable ! » tout en se recoiffant d’un air de duchesse, histoire d’exhiber sa jolie chevelure comme preuve qu’iel se lave et n’est pas dégoutant.e. A vrai dire, Raol s’est lancé.e dans son récit sans vraiment y penser, et maintenant, iel le regrette un peu.

    …Super Raol, parler de famille, quelle bonne idée.

    Pas vraiment, en réalité. La grenouille ne sait pas ce qui lui a prit. Surtout de formuler ça comme ça. Aussi maladroitement et peu subtilement.

    Y’a pas à dire, je suis vachement plus volubile et à l’aise à l’écrit.

    Iel regrette un peu les lettres, d’un coup. C’est frustrant. Raol n’arrive pas à dialoguer naturellement et ce n’est pas nouveau. Iel perd très vite patience et s’énerve contre ellui-même. Et puis, même Gabryel a l’air de trouver bizarre, ce changement de sujet, alors que c’était quand même plus marrant de parler d’égouts et de langue de batracien. Lea Zeteki fait la grimace, désormais convaincu.e de s’être gourré sur toute la ligne en questionnant son pote. Iel a fait de son cas une généralité, voulait sans doute entendre une réponse précise qui lea conforte dans ses certitudes au sujet de ses problèmes avec sa famille et son entourage, plus globalement. En même temps… les excuses du général, un peu plus tôt, avait vraiment l’air d’être sincères et de découler d’un véritable malaise qu’il avait ressenti en présence de son père. Raol ne comprend pas que Gabryel arrondisse désormais les bords à ce point.

    Peut-être que c’est moi qui ait tout dramatisé. Peut-être que c’est avec moi, qu’il voulait arrondir les bords. Peut-être qu’il voulait… non, non, non. Je sais quand on me manipule. Et je n’ai pas eu cette impression. Mais, quand même…

    Les paroles du général sonnaient comme dissonantes, par rapport à son attitude d’il y a quelques heures. En plus, Raol ne saisit pas tout ce que l’autre lui dit. Iel est vaguement mal à l’aise, d’un coup, se sent tellement… loin. Loin de ce récit de noble qui n’a absolument rien à voir avec toit ce qu’iel a connu. Quelques éléments sonnent familiers mais il est évident que de Venomania et Zeteki ont eu des existences radicalement différentes. Gabryel a l’air assez détaché de tout ça. Raol a la sensation qu’il est attaché à sa famille comme par contrat.

    Est-ce que tout tourne vraiment autour de la richesse et de la noblesse, chez ces gens ?

    Accessoirement, Raol note dans sa tête, pour une raison qui lui échappe un peu, que le général a une sœur à laquelle il semble tenir. La grenouille a du mal à visualiser à quoi elle pourrait ressembler… en dehors du fait qu’iel l’imagine elle aussi avec des cheveux très longs.

    … c’est comment, d’avoir des adelphes, d’ailleurs ?

    Gabryel annonce finalement que l’animorphe ne risque de pas de rencontrer toutes ces personnes. Ce qui fait ricaner Raol, d’une manière plus sarcastique ce que qu’iel aurait voulu.

    « Oh, bah mince, quelle perte, de ne pas pouvoir rencontrer toutes ces charmantes personnes. »

    Le ton ironique de lea Zeteki est évident. Peut-être un peu trop appuyé, presque amer. Pas qu’iel veule rencontrer la famille de Gabryel, hein. C’est autre chose. Un agacement qu’iel n’arrive pas à qualifier. Le fait que le Venomania ait l’air d’avoir du respect pour sa famille et qu’il désire rester en bon termes avec… semble déstabiliser Raol ? Ce n’est pas comme s’iel n’avait jamais respecté ses parents. Ce respect s’est perdu avec le temps dans le cas d’Akiya pour de nombreuses raisons et celui qu’iel a pour Ziyal est assez fluctuant. Tout ce que lui a raconté le général sonne froid, distant. L’amphibien en serait presque envieux.se. Iel aurait préféré une famille distante que sa famille à lui.

    « Euh… bah non. C’pas que ça m’intéresse pas. Sinon j’aurais pas demandé. »

    Ce serait pas très poli de dire maintenant qu’iel s’en cogne le cul des histoires du Général Ouin-ouin.

    « J’comprends juste pas trop. On est vraiment pas du même monde. »

    Un peu frustré, Raol décide finalement de ne pas renchérir. Ruiner l’ambiance, c’est vraiment son truc.

    Pourquoi est-ce que j’ai dérivé comme ça. On s’en tape, de nos histoires de famille. C’est pas sa famille que tu veux draguer, alors qu’est-ce qu’on s’en moque. Pourquoi tu rends les choses sérieuses alors que tout ça, c’est clairement une parenthèse qui ne va pas durer. Un truc qui est à peine réel, qui n’aura surement pas d’autre conséquence que ta satisfaction (temporaire) et celle de Gabryel.

    Raol se lèche les doigts en finissant son casse-croute, histoire de s’occuper l’esprit.  

    « C’était bon. Tu le diras à la personne qui a préparé. »

    « Ca ne va pas durer »… mais qu’est-ce que je veux, finalement ?

    Est-ce que Raol veut réellement mieux mieux connaître le général, comme il le lui a dit à l’étang ? Où veut-iel juste quelqu’un qui lea complimente, soit gentil et lui dise ce qu’iel veut entendre ? Une relation superficielle, pour l’amusement ? Ce n’est pas comme s’il ne s’était rien passé entre elleux. Comme si tout ça était dénué de sentiments. D’un coup, Raol se sent bloqué. Fermé.

    Et si je me gourrais sur toute la ligne ? Et si…
    Arrête de réfléchir. Arrête de ruminer et vas juste au plus simple. Sois plus honnête. Tu sais bien pourquoi t’as posé cette question à la base.


    Ça ne sert à rien de faire semblant. Si Raol a posé cette question, c’est bien parce que ce qui est arrivé quelques heures avant l’a marqué.e. Car iel a vu que ça avait affecté Gabryel aussi. Et iel s’intéresse à Gabryel. Ça ne veut pas juste dire lui faire la conversation et lui poser mille questions, choses que Raol ne sait pas bien faire de toute manière. Ça peut juste vouloir dire, montrer qu’on en a quelque chose à faire. Montrer qu’on s’en fait pour l’autre.

    « Hem... c'tait bizarre. En fait, j’voulais juste, euh. Savoir si ça allait, après ce qui s’est passé avec ton père, tout à l’heure. T’avais l’air… euh… enfin, tu vois. »

    Nan, Raol, c’est pas sûr qu’il « voit » en fait. Mais bon. On va dire que c’est un début. Il aurait fallu commencer par là, en fait.

    « …Ca m’a vaguement inquiété, voilà. »

    Et boulversé. Iel baisse les yeux. Gabryel va certainement lui dire qu’iel s’est fait des idées. Ou tenter d’alléger la chose. Peut-être car la nymphe ne veut juste pas reparler de tout ça.

    « ‘Fin, mieux vaut changer de sujet si tu veux pas en parler. »

    C’est quand même vachement gonflé de lui demander d’être honnête et de se livrer quand moi je… je saurais même pas dire ce qui se passe avec mes émotions.

    more_horiz

    Moins de darons, plus de potimarron. avec Gabrol+
    Les choses auraient pu être différentes, c’est vrai. Iels auraient pu vivre dans un autre univers où il n’est ni général, ni caldissien... Où saon ami.e n’était ni éossien.ne, ni xénophobe. Mais peut-être qu’au final tout cela n’aurait pas eu la même saveur. Peut-être qu’iels seraient passé.e.s l’un à côté de l’autre sans jamais rien se dire. Pour autant, l’ambiance qui règne actuellement n’est pas vraiment plaisante. Tout est peut-être trop compliqué, entre elleux. Son air faussement taquin avait trahi ses réelles pensées. Gabryel sourit à la réplique sarcastique de Raol, sans rien ajouter. Il ne pouvait pas lui en vouloir de penser ça. Iel en avait raison, au fond. C’était simplement difficile à accepter. Le caldissien ne voulait pas se montrer distant, mais il n’était pas tout à fait sûr de savoir quoi dire.

    Il n’y a rien à dire. Ma famille est comme ça et m’étaler sur le sujet serait une perte de temps. Iel n’a aucune raison de vouloir en savoir plus, si ce n’est renforcé ses convictions qui ne vont clairement pas en mon avantage.

    Peut-être qu’il était un peu gêné. Avouer les faiblesses et les défauts des siens n’était pas son passe-temps favori et puis il ne s’imaginait pas vraiment parler de ça avec lea Zeteki. Avec quelqu’un d’autre, pourquoi pas, mais iel était plutôt décidé.e et Gaby n’avait simplement pas envie de faire une erreur qui mènerait à une énième dispute. Il voulait juste passer du bon temps sans forcément parler de ce qui pouvait déranger. Mais dans un sens, il comprenait aussi la démarche de l’amphibien.ne car il aurait pu faire la même chose, peut-être avec encore moins de subtilité qu’iel. Mais comme iel venait tout juste de dire, iels ne pouvaient pas se comprendre. Iels ne venaient pas du même monde. Le décalage était trop grand.

    La différence de vécue était trop brutale. Iels avaient tant de mal à saisir les propos de l’un et de l’autre. Silencieusement, Gabryel acquiesce lorsqu’iel lui dit de faire passer le message à son cuisinier. Tandis que le général mis de côté son repas, faute d’appétit, il se recula un peu, comme s’il attendait une sorte de sentence. C’était étrange, il se sentait toujours coupable, même lorsqu’il n’avait pas vraiment commis de faute. Le Venomania semble s’être tendu un peu, mais il laisse la grenouille se livrer un peu.

    Et... Il ne s’attendait pas vraiment à ça. Iel s’inquiétait pour lui ? C’était un peu... surprenant. Il prit un peu de temps pour assimiler ce qu’il venait d’entendre. Il est vrai que la nymphe n’a pas vraiment l’envie de parler de tout ça actuellement, surtout car la culpabilité de ses propres pensées envers son géniteur l’étreint un peu trop fermement. Mais le pas en avant de Raol le soulagea un peu. Iel ne lui en voulait pas. Gabryel s’étira, comme pour tenter de détendre ses muscles, et il lança un regard en biais à lea Zeteki avant d’hausser un peu les épaules.

    « J’étais en colère. J’étais aussi inquiet pour toi. Et je redoutais un peu ta réaction. J’ai pensé que tu pouvais m’en vouloir. Mais comme je t’ai dit Raol, j’ai l’habitude. Tout ça... Son petit spectacle n’est pas nouveau pour moi. Je me sens juste un peu coupable de penser ça de lui alors qu’il m’a tout donné, c’est tout. Je culpabilise pour ce qu’il a pu te faire ressentir, aussi. Même si je n’ai pas été forcément plus galant au tout début. »

    Ouais. J’étais un connard avec ellui. Je crois que je ne pouvais juste pas supporter qu’on puisse me tenir tête aussi sévèrement. Mon égo avait sans doute pris un coup. C’est ridicule. Au final, je ne valais pas mieux que Sebastian.

    Comme pour lui montrer qu’aujourd’hui tout est différent, qu’aujourd’hui il veut faire des efforts, il approcha sa main du visage de Raol pour lui caresser la joue. Gabryel afficha un sourire plus doux, comme pour réconforter saon ami.e.

    « Désolé de t’avoir inquiété. Pour le moment, j’essaye juste d’oublier ça pour profiter de mh... Comment tu as appelé ça déjà ? » Il fit mine de se frotter le menton. « Ah oui ! J’essaye de profiter de notre rencard ! » Il rit un peu, taquin.

    Sa caressa s’arrêta et il vint enlacer sa main à celle de l’éossien.ne, jouant avec ses doigts. Le militaire lui offrait déjà une mine plus décontractée, prouvant qu’il était touché que Raol puisse s’inquiéter pour lui. Et il l’était peut-être même plus qu’il ne voulait bien l’admettre. Ça le soulageait en quelque sorte, une partie de sa culpabilité s’envolait un peu, sans trop vraiment lui laisser de répit cela dit.

    Un jour peut-être s’avouera-t-il que son père ne lui a jamais rien offert, qu’il n’a fait que l’enfermer dans un cercle vicieux comme son père avant lui avait fait. Qu’il avait ruiné toutes les bonnes choses. Qu’en plus de cela, il disait avoir fait tout cela pour le bien de son fils, alors qu’il ne pensait qu’à lui. Pour autant, Gabryel ne pourra jamais dire du mal de lui, car Sebastian était son père, qu’il l’aimait et qu’au fond tout cela était tellement honteux. Un jour il s’autorisera à le haïr, secrètement. Un jour il regrettera de ne pas avoir eu une famille banale. Un jour il sera peiné d’être noble. Un jour il se rendra compte que son père n’a jamais rien fait pour que son fils puisse être heureux en pensant à lui et uniquement à lui. Mais tout cela est encore bien trop loin. Pourtant, certains souvenirs commencent déjà à être détestables.



    Je suis en train de devenir fou... C’est sans doute la fatigue et le travail. Il faut que je prenne plus de temps pour moi. Tout rentrera dans l’ordre si je reste impeccable. Je ne dois pas décevoir.

    Mais qui ne devait-il pas décevoir ? Sa famille ? Raol ? Son peuple ? Les éossien.ne.s ? La royauté ? Il croyait naïvement qu’il pourrait convenir à tous, qu’il trouverait un moyen de satisfaire tout le monde. Il fallait qu’il travaille plus ardemment, c’était la seule clé à ses yeux.

    « Je suis content de pouvoir en parler à quelqu’un sans avoir l’impression de me plaindre inutilement. Et puis, le fait que tu sois capable de me comprendre me fait du bien. Je te remercie, d’être là et de t’inquiéter pour moi. »

    C’était plus ou moins sincère. En fait, il avait toujours l’impression de se plaindre inutilement, mais le reste était vrai. Gabryel est en train de découvrir ce qu’est l’amitié... S’inquiéter pour autrui, être présent, patient, attentionné... La vérité c’est qu’il pensait que ce n’était pas pour lui ce genre de chose. Mais depuis qu’il est ici... tout a tellement changé. Il sent que quelque chose est en train de naître en lui, d’abord avec Samaël, puis avec Raol. Deux ami.e.s précieux.ses. Qui l’aurait cru, iels sont tous les deux d’un autre peuple...

    Enfin... Raol me plaît, sincèrement. Je n’ai juste pas envie de reproduire les mêmes erreurs qu’avec les autres, alors peut-être que passer par la case amitié serait une bonne idée ? Peut-être iel me lâchera avant... m'enfin, je suis déjà attaché de toute façon.

    Finalement, Gabryel serra un peu la main de la grenouille et se pencha vers ellui pour remonter son menton de sa main libre et l’embrasser. Faut dire qu’il en avait envie depuis un moment, alors ça pouvait sonner comme un remerciement... Non ?
    kyro. 017 ldd

    more_horiz

    Moins de darons, plus de potimarron


    Avec
    Gabimbo



                

    "Tu veux pas qu'on aille manger des pommes, plutôt ?"


    Pourquoi est-ce que j’insiste ? C’est pas comme si j’étais certain qu’il allait me donner une réponse honnête. Rien ne l’y oblige et je pourrais pas décemment lui en vouloir sachant que, moi-même, je ne lui dis même pas toute la vérité.

    « …J’t’en veux pas. Je… c’était bizarre, c’est tout. »

    Bizarre, oui, sans doute. Bizarre de s’être senti.e peiné que Gabryel ne prenne pas sa défense alors qu’il était évident que ce n’était pas la chose à faire (et que rien ne forçait le général à faire une telle chose).

    « Être traité et insulté d'la sorte, j’ai eu ça toute ma vie donc… m’en fous un peu. »

    Raol n’aime évidemment pas qu’on lea traite de la sorte. Qu’on l’apelle abruti.e. Qu’on lea prenne de haut. Mais, ça, personne n’aurait apprécié. Mais ce n’est pas car lea Zeteki sait se préserver des insultes qu’iel ne se sent pas minable quand même, après tout ça. Mais ce n’est pas à cause des paroles du vieux Venomania.

    Elle se sent bien bête, la grenouille. Oui, ça arrive souvent. C’est un peu une manie, de se sentir minable chaque fois qu’iel se laisse aller à ses émotions. Et cette sensation de forcer Gabryel à quelque chose, en plus, sans réussir à être disponible émotionellement au final… c’est pénible. Raol se dit souvent que ça a toujours été ainsi. Qu’iel a toujours été « une merde avec les sentiments », qu’iel ne comprend pas. Qu’iel sera a jamais bloqué dans cette espèce de vase mentale visqueuse qui ne part plus. Qui lui a envahi les sens à force d’avoir accumulé les chocs, d’avoir refoulé trop de désirs pourtant capitaux pour sa santé mentale.


    Puis, iel repense à Junya.

    Avec ael, tout semblait si simple. Pas que les choses n’étaient jamais houleuses. L’animorphe limace lui disait souvent à quel point iel était chiant.e en permanence, avant l’observer malicieusement en biais, avec des 4 yeux. Dès leur rencontre, les deux créatures baveuses avaient rapidement senti le besoin de se rapprocher physiquement et émotionnellement. Junya et Raol se chamaillaient souvent sur des choses sans importances. Ce que Raol l’avait aimé.e. Et iel savait que c’était réciproque.

    « T’es pas sérieux ? »

    Si seulement. J’aurais tellement aimé ne pas penser mes paroles. Que l’annonce de ma rupture brutale avec Junya, après l’avoir présenté.e à ma famille, ne soit qu’une blague de mauvais goût. J’aurais tellement aimé être moins lâche à ce moment-là. M’excuser platement, prendre sa main, puis partir hors de cette cité qui m’étouffe.

    « Tu penses que dans 3 mois… dans 10 ans… tu penses vraiment que tes parents auront changé ? Juste comme ça ? Car le temps aura passé ? »

    Je ne sais pas si j’en étais convaincu ou si je me mentais à moi-même. Rien n’a jamais changé. Même la mort d’Akiya n’a rien arrangé à l’affaire.

    « …Je suis désolé Junya. Je peux pas venir avec toi. »

    Je me rapellerais toujours de la déception qui s’est peinte sur le visage de mon amie ce jour-là. De ses larmes. De la blessure qui se lisait sur son visage et dans son corps. Je l’ai ressenti aussi. Je suis simplement rentré à la maison. Le cœur et la gorge étouffée, verrouillés à double tour.




    Ça passera. Ça passe toujours.

    Ce que je ressentais pour Junya est passé, oui. Mais la cicatrice ne s’est pas refermée. Peut-être car elle était là depuis bien plus longtemps que ce que j’imaginais. Et que faire ce choix stupide l’avait remise à vif.

    Iel n’aurait pas pensé le contact avec la main de Gabryel aussi bienvenu. Pour lea tirer de sa séquence flashback déprimante d’une part, et parce que ça lui avait manqué, mine de rien. C’est avec un sourire en coin amusé que la grenouille accueille la vanne du général qui répète ses paroles.

    « Pfff. Gênant. »

    Fit-iel à voix basse, pince sans rire. Sans laisser Gabryel être trop subtil dans ses gestes qui se faisaient plus tendres, Raol se rapprocha pour enlacer le general. En enfouissant son visage dans la poitrine du militaire, la grenouille se sentait un peu mieux. A défaut de vraiment comprendre ce qui se passe, ça au moins, ça a l’avantage de ne pas lea faire se sentir comme une fiente de pigeon mal digérée. Iel resta comme ça un petit moment. Ca avait peut-être l’air bizarre… d’autant plus que la dernière fois que Raol avait fait ça, l’armure de la nymphe aquatique s’était retrouvée pleine de bave et de morve amphibienne.

    …Je ne souhaite pas revenir sur cet épisode.

    Mais une séquence encore plus étrange allait commencer. V’la-t-y pas que le Général, il dit que le crapeau le comprend. Raol releva la tête de son cousin confortable et plissa les yeux, en articulant un « quoi ? » perplexe.

    Je le comprends… sur quoi en fait… ? A cause de nos familles respectives… ? Mais on vient de dire qu’on était trop different.e.s, nan ? Pfeuh. J’pige que dalle.

    La grenouille se met à grogner mais ne se décolle pas du plus grand.

    « Pas vraiment, non... Je comprends que dalle. Je comprends jamais rien. Mais bon, vu la tronche de ton daron t’as bien le droit de te plaindre, hé. »

    Raol aimerait ricaner sincèrement de ses vannes bêtes et méchants, mais à la place, iel baisse les yeux et se sent une fois de plus, totalement teubé. Iel laisse échapper un court rire amer. L’amphibien se met à marmonner, de manière à peine audible.

    « En vérité, j’me connecte à rien ni à personne. C’est pas que je veux pas. C’est juste… que j’ai oublié comment faire. »

    Et ça, tu peux le comprendre ? Probablement pas. Comme tout le monde. C’est pas que les gens veulent pas ou ne peuvent pas. C’est que personne n’a le temps pour ça. Pour quelqu’un comme moi. Et iels ont sûrement raison.

    Plutôt que se résigner de la sorte, Raol ferait mieux de s’attaquer au cœur du problème, c’est-à-dire, ellui et sa thérapie. Mais bon, passons car de toute façon iel est têtue comme une mule et ne va pas réagir comme il le faudrait de sitôt.

    Plutôt qu’adresser le problème, lea Zeteki se redresse et lèvre la tête vers son ami. Après l’avoir fixé.e pendant quelques longs instants, iel replace une mèche qui camouflait le sourire de Gabryel derrière son oreille. Puis, l’eossien.ne sourit doucement à son vis-à-vis. Iel se rapproche pour poser ses lèvres contre celles du plus grand, après s’être assuré de son consentement. Ses mains se posent sur la taille de la nymphe afin de l’inviter dans une étreinte plus engageante. Sa bouche collée à celle du caldissien s’entrouve lègèrement afin d’aller taquiner doucement la langue de son partenaire avec la sienne. En commençant à se détacher, la grenouille laisse glisser sa main contre la cuisse du plus grand, puis rouvre les yeux en fixant l’autre, une lueur malicieuse dans son iris doré.

    « Hm… dis-moi, tu vas m’emmener où après ça ? Chez toi ? »

    Ah, oui, c’est pas super sain comme enchainement, on en convient. Raol en tout de même conscience. Enfin, à moitié. Iel sent qu’iel en vient à un moment où iel n’a plus grand-chose à proposer d’autre. Et que coucher avec l’autre avant d’encore tout gâcher permettrait de… ne pas tout gâcher. Oui. Pas franchement la meilleure idée qu’iel ait eu.

    more_horiz

    Moins de darons, plus de potimarron. avec Gabrol+
    Gabryel s’ennuyait souvent. La vérité, c’est qu’il n’avait jamais prêté attention à autrui. Il ne voulait pas se donner aux autres, par peur ou par dégoût peu importe. Il avait appris à n’approcher ses congénères que s’il en retirait quelque chose. Quitte à en devenir méprisant et parfaitement ignoble, il s’en fichait bien. Il s’était toujours pensé au-dessus de cela et pour être tout à fait honnête il le pense encore. Il se sent intimement supérieur à quiconque, il croit avoir forcément raison et son empathie est encore trop fragile. Ces derniers temps, il avait la sensation de changer, mais pour autant cela ne lui plaisait pas. Il redoutait de devenir ce qu’il a toujours insulté. Quelqu’un de faible. Si la vie était pour lui un éternel champ de bataille, il avait fini par se rendre compte que ce n’était pas aussi simple. Il ne pouvait pas se servir d’autrui à sa guise, les gens ne lui appartiennent pas et pire encore rien ne lui appartient réellement. Il s’est rendu compte que ce qu’il croyait être une vérité absolue ne l’est apparemment pas. Que ceux qu’il croyait être les siens sont peut-être des traîtres et que tout ce pourquoi il a toujours vécu n’a probablement servit à rien.

    Pour autant, malgré tout cela, il s’autorisait enfin un peu de répit. Peut-être pas auprès de la bonne personne. Et à vrai dire, il ne sait pas vraiment pourquoi c’est tomber sur Raol. Le hasard aurait pu le mener à n’importe qui, mais il a fallu que ça soit sur quelqu’un comme ellui. Quelqu’un qui le force à sortir de sa zone de confort. Quelqu’un qui le confronte à la réalité, le faisant redescendre de son nuage de naïveté. Il se sentait constamment dans la confrontation, mais c’est ce qui le faisait rester. Son ennui avait disparu, du moins partiellement. L’éossien.ne est vraiment particulier.ère, difficile à cerner et pas la personne la plus saine des environs. Mais, iel lui plaisait. Pour différentes raisons. Ses excès constants sont déroutants, le Venomania ne sait jamais vraiment sur quel pied il est censé danser, mais il sent que ça le prend aux tripes. Que c’est enfin quelque chose de véritable, pas juste un passe-temps ridicule.

    Il s’inquiète pour ellui, surtout dans ces moments où iel affirme mollement qu’iel a l’habitude de toutes ces immondices. Il se vexe presque lorsqu’iel qualifia tout cela de bizarre... En bref, ses sentiments sont mis à rude épreuve et son empathie est bien forcée de montrer le bout de son nez. C’est sans doute une des seules personnes pour qui c’est le cas, même s’il ne peut pas s’empêcher de se dire que tout cela finira par lui retomber dessus, qu’il souffrira et que de toute façon il l’aura bien mérité. Tandis qu’iels échangent une étreinte et quelques baisers, Gabryel constate que la grenouille se perd dans ses pensées. Mais il ne préféra rien dire, se contentant de serrer doucement sa peau. Il se sentit un peu refroidit lorsque l’amphibien.ne affirma ne rien comprendre, mais il ne fit qu’hausser les épaules sans argumenter davantage. Que dire ? Iel sera toujours persuadé.e du contraire et cela serait très prétentieux, même de sa part, de penser pouvoir lea raisonner.

    « Donc, tu ne te connectes pas à moi ? »

    On aurait presque dit qu’il était vexé, mais en réalité c’était plutôt une sorte de curiosité mêlée à de la provocation. Il ne pouvait pas vraiment reprocher à lea Zeteki de ne pas se sentir connecter à lui. Iels sont trop différent.e.s. Deux univers parfaitement distincts qui, s’ils entrent en collision, ne feront qu’exploser violemment. Iels ne sont probablement pas très compatibles, pas pour le moment. Raol approcha ses lèvres et embrassa soudainement le général qui, malgré la surprise, accueille saon ami.e comme il se doit en lui rendant doucement son baiser. La douceur se fait vite la malle, laissant place à une malice et une passion peu commune auxquelles le militaire n’était vraiment pas préparé. Lorsqu’iels se séparèrent, Gaby lanca un regard sur la main de l’éossien.ne logée sur sa cuisse. Il fit mine de rien, mais à ce moment-là il sentit comme un mur s’imposer entre elleux.

    Si ce n’est que ça qu’iel veut, pourquoi avoir perdu du temps ? Iel n’avait qu’à le dire dès le début.

    La nymphe sourit, l’air faussement espiègle et il posa sa main sur celle de la grenouille, comme pour marquer un arrêt vif. Le Venomania ne voulait pas cela. Pas pour le moment. Et à vrai dire, il trouve cela presque déplacé et désespéré de la part de Raol. Iel n’est pas dans son état normal et le militaire n’est pas assez ignoble pour profiter de sa fragilité psychologique. Si son visage se fait doux, son regard lui est un peu plus appuyé. Heureusement qu’il a l’habitude de jouer la comédie, il sait maquiller ses émotions le trentenaire.

    « Un jour, peut-être. Pas pour le moment. Je ne fais pas se coucher n’importe qui dans mon lit de soie, vois-tu. »


    L’air sarcastique, il ne brise cependant pas la proximité entre elleux. Il vint caresser les cheveux détachés de la grenouille, l’air un peu ailleurs, avant de reprendre :

    « Tu es pressé.e, Raol ? Tu m’as appris à être patient en me mettant une bonne baffe au visage je te rappelle ! Je ne prendrai plus aucun risque. » Il se pencha pour embrasser son cou et y enfouir son visage. « Ce n’est pas l’envie qui manque, je t’assure. Mais ce n’est pas le moment. »


    Il essayait de rassurer la grenouille, tout en lui faisant comprendre qu’il ne comptait absolument pas se lever pour lui montrer le chemin vers son lit dès maintenant. Dans d’autres circonstances, Gabryel aurait sans doute bondit sur l’occasion, alors il veut lui faire comprendre que ce n’est pas de sa faute, qu’il en a envie lui aussi, mais que c’est simplement... trop tôt. Au fond, le Venomania avait peur de finir par se lasser s’il obtenait “ce qu’il voulait”. Il reste un instant blottit contre ellui avant de se repositionner correctement sur le banc. Il lea regarde du coin de l’œil et il se demande alors de quelle la façon il pourrait bien lui annoncer le futur décès de son géniteur. Peut-être n’est-il pas nécessaire de le faire, au final ? Il ne sait plus trop... Il voulait se montrer honnête avec la grenouille, mais apparemment c’était plus difficile pour lui qu’il ne le croyait.

    « Dis-moi, tu aimerais vraiment aller chez moi ? Je veux dire, juste venir, boire un coup puis repartir chez toi pour dormir ? Ça peut se négocier. »

    Ouais, ça sera déjà une bien meilleure option que de lea foutre dans mon lit dès la première occasion venue. Et puis, peut-être que chez moi ça sera plus facile d’être à l’aise et prêt à parler réellement.

    Il savait qu’il n’aurait aucun mal à se tenir à ce plan-là, cependant il n’est pas vraiment sûr que Raol, ellui, le fera. Si iel voulait vraiment apprendre à rentrer dans son cercle privé, alors il ne voulait pas totalement le rejeter. Il fallait juste adapter ses propositions. Tenter de les remodeler pour que ça soit un peu plus... sain. Enfin, pas tout à fait sûr de cela.
    kyro. 017 ldd

    more_horiz

    Moins de darons, plus de potimarron


    Avec
    Gabimbo



                

    "Tu veux pas qu'on aille manger des pommes, plutôt ?"


    Peut-être bien que c’est une manière de tester Gabryel, tout ça. Pour savoir si le général est sincère, lorsqu’il dit que la grenouille lui plait et qu’il lui promet d’être à ses côtés. Tout ça a l’air trop beau pour être vrai et Raol n’écoute jamais et ne veut pas essayer de faire confiance, iel est têtu comme une bourrique. Donc, iel teste, encore et encore. Iel provoque. Au risque de finir par vraiment repousser son ami en testant sa patience et en blessant ses émotions de la sorte. Ce n’est pas une manière saine de procéder et ce n’est pas comme si l’amphibien ne le savait pas. Quelque part, lea Zeteki veut des preuves que les choses ne peuvent se passer que mal, comme dans l’enchainement qu’iel a créé de toute pièce dans son esprit. Tout est déjà écrit, tout va fatalement mal tourner alors, pourquoi ne pas se précipiter vers la fin le plus vite possible ? Raol pense sincèrement que cette manière de procéder préservera ses sentiments et ceux que Gabryel… enfin, iel sait que tout ça n’est pas la bonne solution. Mais la bonne manière de procéder, iel l’a oublié. Ou plutôt, iel a arrêté de chercher.

    La grenouille a un peu envie de disparaître, quand il réalise que Gabryel l’a entendu marmonner et qu’il ne se rue pas sur l’occasion pour l’emmener à la maison. Malheureusement pour Raol, la nymphe est un peu trop maligne. Il comprend vite que tout ça ne sort pas naturellement. Et peut-être qu’en l’entendant refuser et remettre de la distance entre eux, l’eossien.ne comprend que c’est peut-être ça, qui lui fallait. Ce refus. Cette preuve de confiance de la part de Gabryel, malgré tout ce que la grenouille lui fait vivre de plutôt négatif. Malgré sa volonté permanence de se saboter et de faire flancher tout ce qui pourrait lui arriver de bien. Pour le moment, Raol se sent surtout ridicule et baisse les yeux quand l’autre se moque gentiment. C’est vrai ça. Elle se contredit la grenouille. C’est bien lea Zeteki qui faisait des grandes déclarations la dernière fois en disant que « ohlala mais on se connaît même pas GABRYEEEEL mais enfin non pas si vite oh apprenons à nous connaître avant veux-tu grand fou ».

    « Ehm… euh non, pas pressé, vraiment, enfin, oui mais… erh. J’voulais juste… te faire penser à autre chose. » Iel hausse les épaules et sourit tristement. « Je sais que je suis pas une personne très joyeuse. Et j’ai l’impression de pas avoir grand-chose d’autre de bien à donner à part « honhonhon le cul c’est marrant donc ça va l’amuser et il va oublier ses histoires de familles ». »

    Iel se gratte nerveusement la tempe, glousse nerveusement, sans vraiment trouver d’autre explication. Après tout, l’autre a simplement lu en ellui comme dans un livre ouvert. Nier à ce stade serait simplement ridicule. Et potentiellement blessant pour le général. A vrai dire, passé l’embarras, c’est une émotion plus réjouissante qui finit par gagner le ventre de la grenouille. Gabryel s’est rapproché à son tour et quelque chose de familier semble revenir de lui, à l’intérieur de Raol. Un lien, un attachement particulier. Une envie de se reposer sur l’autre. Le désir de faire confiance à nouveau, même si les bases d’une telle décision sont un mystère. C’est cette sensation que Gabryel est « cette personne », l’espace de quelques longs instants. Cette personne qu’on veut croire, cette personne de qui l’on n’arrive pas à se cacher et avec qui on a plus envie de mentir. Cette personne qui est bonne pour ellui, peut-être.

    En sentant le plus grand encore blotti contre lui, Raol finit par se pencher et entourer ses épaules de ses bras. Iel ne sait pas quoi dire mais se sent un peu plus heureux.se, d’un coup. Un peu effrayé.e aussi. Une douleur familière reste paradoxallement toujours plus rassurante qu’un soulagement venu de l’inconnu. C’est un vertigineux, de se dire que, peut-être, les choses peuvent encore changer. Qu’on peut encore trouver le bonheur quelque part. Que, peut-être, quelques mots sincères, demander de l’aide, mettre ses craintes à nu, écouter ce que ressent l’autre sans en faire mille interprétations qui ne servent qu’à nourrir sa propre psychose… tout ça ne mène pas vers de mauvaises choses. Peut-être même qu’il faut commencer par là pour avancer, non ?

    Gabryel propose tout de même à la grenouille de venir chez lui. Mais, pour être au calme. Sûrement pour continuer de parler.

    Bizarrement, c’est tout ce dont j’ai envie, d’un coup. Juste parler avec lui. Oublier le reste. Simplement lui dire… être sincère. Être seuls comme dans une bulle et simplement se dire les choses.

    Les choses… elles peuvent être un peu mieux que ça, non ? En tout cas c’est l’impression que j’ai quand je suis avec Gabryel.


    « J’aimerais bien ça, oui. »

    Iel s’est adouci et offre même un sourire sincère et doux à la nymphe dont il prend doucement la main. En se levant à la suite du général tout en rangeant ses affaires, Raol observe son comparse aux cheveux violets pendant quelques longues secondes.

    « Pardon. J’crois que je voulais te tester. Je voulais voir si… si t’allais confirmer l’histoire catastrophique que je me suis inventé tout seul. »

    Mais non. Il ne m’a pas lancé ce regard dépité. Il ne m’a pas détesté. Il a simplement accepté ce que je suis. Aussi foireux que ça puisse être. Peut-être que je devrai arrêter de me raconter tant d’histoires.

    « …je sais pas pourquoi, mais j’ai envie de te faire confiance. »

    Iel sourie à nouveau, sans réussir à camoufler une certaine crainte envers l’inconnu dans lequel iels vont s’engouffrer.

    more_horiz

    Moins de darons, plus de potimarron. avec Gabrol+
    Gabryel a combattu pendant plusieurs années sur le champ de bataille, risquant sa vie et menant ses troupes comme il le pouvait. Auparavant, il faisait cela avec détachement. C’était son métier, rien de plus. Il se fichait des morts, des blessés ou du camp adverse. Il aimait les siens, mais il faisait preuve d’une antipathie effroyable. Le militaire n’a jamais été très sociable, du moins pas réellement. On lui avait toujours appris à faire semblant. Paraître était le maître mot. Encore aujourd’hui, son égo centrisme et son manque de tact envers les inconnus peut blesser. Pourtant, lorsque quelqu’un réussit à piquer son cœur comme Raol ou Samaël, alors les choses changent. La nymphe préfère largement ce sentiment-là, plutôt qu’avoir à porter un masque continuellement. Il a la sensation de pouvoir être véritablement lui, l’espace de quelques instants.

    Ainsi, ce qui le relie à la grenouille face à lui il tente de le préserver. Il n’est pas toujours très clair, ne sait pas forcément s’y prendre et a quelques soucis pour s’extirper entièrement de son vilain personnage, mais il fait des efforts, il en a envie. Alors, comme preuve de ce bon sentiment, il garde un contact physique direct avec l’éossien.ne. C’est comme s’il redoute qu’iel décide de s’en aller suite à son partiel rejet. Pourtant, ce n’est pas le cas. Si ce n’est qu’iel semble se teinter de rouge, iel ne s’en va pas. Au contraire, iel se blottit un peu plus contre son ami. Gaby ne sait pas vraiment répondre à cela, alors il se contente d’accepter le geste et il sourit doucement. Sa justification maladroite arrache un regard peiné au général. Ce n’est guère la première fois que l’animorphe affirme qu’iel n’a rien à lui offrir, sans prendre en compte que le caldissien ne souhaite pas forcément quelque chose en particulier.

    En réalité, c’est bien la première fois que celui à la longue crinière n’attend rien d’autrui. Il apprécie l’honnêteté de lea Zeteki, mais il ne peut s’empêcher de hausser un sourcil. Une part de lui se dit que si ça avait été quelqu’un d’autre assis ici alors il se serait passé exactement la même chose, hormis que cette personne n’aurait peut-être pas refusé sa demande... Son estomac se noue un peu à l’idée de ne pas être absolument unique comme il le croit toujours, mais il oublie bien vite ce sentiment et plonge son regard dans celui de la grenouille qui semble n’avoir pas fini. Lorsqu’iel vient entourer ses bras par-dessus ses épaules, il ne peut s’empêcher d’afficher un large rictus et d’accueillir cette étreinte comme il se doit.

    Il aime beaucoup cette proximité. C’est doux et apaisant. Mais cela lui rappelle aussi que c’était une des raisons pour lesquelles il fréquentait Klaus... Il était apaisé, il se servait de lui pour son propre bien. Même s’il sait que ce n’est pas la même chose avec Raol, il ne peut s’empêcher de faire la comparaison. Il a peur de tomber dans son propre piège. Tandis que la grenouille accepte sa requête, il perd un instant son sourire en voyant le visage éclairé de saon ami.e. Il ne le perd pas par tristesse, mais plus par surprise. Il est surpris de se sentir véritablement heureux à cet instant-là, surpris d’oublier tout ce début de journée, sa fatigue et sa famille. Surpris d’entendre des excuses sincères. Il écarquille doucement des yeux, puis finit par glousser en liant ses doigts à ceux de l’amphibien.ne.

    « Merci. Je ne te décevrai pas. »


    Il ramasse ses dernières affaires et guide l’animorphe, sortant du petit lieu où iels étaient pour atteindre une rue plus étroite. A cette heure-ci, peu de personnes se promènent, si ce n’est aucune mis à part les quelques soldats.

    « Dire que j’ai gâché une occasion de t’avoir pour moi ! Zut alors... » Il sourit, sarcastique, puis continu. « Tu peux me tester autant de fois que tu le souhaites, si cela te rassure. Mais, il serait tout de même mieux de simplement me poser la question, je ne mords pas. Du moins, je ne mords jamais très violemment. »


    Il finit par lâcher la main de Raol par instinct lorsqu’iels commencèrent à s’approcher de sa maison. En y pensant, il n’en revient pas de faire ce qu’il est en train de faire. Il va sérieusement l’emmener chez lui ? Iel va détester cette demeure, c’est sûr. Même si on ne peut pas vraiment dire que ce soit moche, c’est aux goûts de Caldissia, c’est luxueux, propre, immaculé, ça manque un peu de vie, mais c’est plutôt le côté luxueux qui risque de lui déplaire. Une trop grande maison pour une seule personne, son chat et son loup. Heureusement qu’ils sont là, ça serait encore plus triste sans eux. Arrivé au pied de la porte, Gaby fit une légère révérence théâtrale avant d’ouvrir la porte et d’inviter la grenouille à rentrer.

    « Bienvenue chez moi. Mon fameux palace. »


    Après un dernier coup d’œil vers la rue, comme pour s’assurer qu’on ne les ait pas suivis, il s’engouffre à l’intérieur de ses appartements. Gabryel salua ses animaux avec joie et tendresse. Il débarrasse ensuite Raol de ses affaires et s’installe dans une chaise face à la grande table de la salle à manger. Il pose ses coudes sur la table et loge son menton au creux de ses mains.

    « Tu veux quelque chose à boire, à manger ? »


    Evitons de préciser que la quasi-totalité des boissons ici sont alcoolisées. Très mauvaise idée. Et puis de toute façon il n’en a vraiment pas envie à ce moment-là. Il observe l’éossien.ne dans ce décor trop sobre. Iel contraste énormément avec tout cela, il s’en rend un peu compte. Iel n’a effectivement rien d’un.e noble... Mais au fond, est-ce que cela a réellement une quelconque importance ? Chez lui, tout est rangé et propre. Sa maison reflète son côté maniaque, perfectionniste et noble, effectivement.

    « Fais comme chez toi. Nous sommes plus tranquilles ici. »

    Une façon discrète de dire : je me sens plus en sécurité ici, dans mon espace. Il est bien mieux ici. Prêt à parler. Il est dans sa petite bulle, si on oublie un instant son bureau sur lequel gisent des dizaines de papiers importants, en supplément d’une grosse pile d’autres papiers déjà traités. Mis à part cet endroit-là, le reste n’a rien à voir avec ses habitudes ou son métier, heureusement.
    kyro. 017 ldd

    more_horiz

    Moins de darons, plus de potimarron


    Avec
    Gabimbo



                

    "Tu veux pas qu'on aille manger des pommes, plutôt ?"

    Si on lui avait dit qu’iel se ferait à l’idée de suivre Gabryel chez lui si spontanèment il y a encore un mois, Raol aurait ricané méchamment et traité son interlocuteur d’abruti trop naïf. Probablement que c’est la grenouille qui était la plus à la ramasse dans cette histoire. Incapable d’être vraiment honnête avec son ressenti et son désir, ça ne lui a finalement pas pris beaucoup de temps au moment de se jeter à l’eau. Et encore moins de temps avant de se sentir, enfin, soulagé.e. Il faut croire que tout change. C’est bien ce qui fait peut à lea Zeteki : le changement. Il faut dire que le changement n’a jamais vraiment été synonyme de bonnes évolutions, dans son cas. Du moins, iel n’a jamais eu le courage de saisir l’occasion pour faire les bon choix et améliorer les choses.  

    C’est difficile de véritablement accepter que ce qu’iel a connu ne sera plus jamais. Raol n'est pas lea seule dans ce cas, évidemment, tous ses concitoyen.ne.s gèrent les choses comme iels le peuvent, depuis bientôt deux ans. Mais certain.e.s acceptent de s’adapter mieux que d’autres. Pas comme s’iels avaient le choix. Raol aurait vraiment voulu se débrouiller seul.e. Comme iel a toujours fait. N’avoir à se lier à personne et attendre que les choses s’arrangent d’elle-mêmes, aillent dans son sens et conservent le statut quo qu’iel pensait désirer. C’est égoïste, de vouloir que rien ni personne ne change lorsqu’on se sent perdu, à la traine en permanence. Et au final, iel créé sa propre frustration, car les autres continuent d’avancer, quoiqu’il arrive. Trouver le désir de changer aux côtés de quelqu’un comme Gabryel, c’était absolument pas entendable pour l’amphibien. Mais était-ce vraiment les origines du Général, le problème ? Ou même le Général lui-même ? Le problème, c’est de devoir laisser la facilité de l’immobilité derrière soi. D’accepter que le temps file, vient à manquer et nous dépassera toujours. Que nul n’est éternel. Que la présence en Yggdrasil de Raol, de Gabryel, même, n’est pas éternelle. Que Ziyal ne sera pas toujours là et ne pourra pas toujours servir d’excuse à son enfant.

    La grenouille garde sa main dans celle du caldissien au longs cheveux sans même y penser, tandis qu’iels partent vers la ville haute. Tout ça semble surréaliste, tout comme le changement d’humeur de la grenouille, qui se met à sourire juste en observant le plus grand.

    « Awww, tu voulais m’avoir pour toi ? Merde alors, je vais devoir prévenir tous mes copains de pas venir, finalement. »

    En gloussant comme un beauf fier de lui, Raol continue d’emboiter le pas au miliaire aux cheveux mauves. Il réfléchis tout de même à ce que l’autre lui dit, de ne pas hésiter à lui faire part de ses inquiétudes. Après ce qui vient de se passer, c’est une évidence. Malhreusement, ce n’est pas toujours si simple.

    Mais bon, je peux essayer, j’imagine.

    Et voila donc la demeure du général qui se présente. Clairement trop grande pour une seule personne, mais ça, Raol s’en doutait déjà. Peut-être que l’endroit était plus petit en réalité.

    Eh non. C’est immense.

    La grenouille écarquille les yeux en entrant, mélangé.e entre le choc et la curiosité. Ce genre de grande maison était de construction eossienne, à la base, comme toute la ville. Néanmoins, iel a du mal à reconnaitre la construction d’origine sous les ornements caldissiens qui ont été rajoutés pour coller à la culture de son propriétaire. Ce n’est pas que Raol trouve l’endroit moche, au contraire, mais… c’est encore un signe que tout est allé si vite. Qu’iel a raté tant de choses et que sa vie ne suffira certainement pas à rattraper tout ce retard. C’est vertigineux.

    L’amphibien traine les pieds et regarde tout autour d’ellui, scrute chaque détail qu’iel découvre pour la première fois, dans cet intérieur caldissien. Iel est tiré de sa fascination par d’autres odeurs d’animaux. La présence de Bjorn l’effraie sur le moment, lea met en alerte. Immédiatement et par pur instinct, lea Zeteki se change en grenouille et saute instinctivement sur un meuble pour se mettre à l’abri et observer la scène depuis les hauteurs. D’ici, la grenouille venimeuse reconnaît le Général Moustache qui, en sa qualité de félin, lea snobbe après l’avoir observé en biais.

    Tsss… j’déteste les gros poilus comme eux de toute façon ! Peuh, regardes les qui se la pètent avec leur vieille crinière qui attrape des puces et des parasites tout le temps ! Berk !! Bande de crasseux !

    Enfin, iel ne les déteste pas vraiment. Ce sont plutôt ses instincts de petite grenouille vulnérable qui réagissent face aux grosses bêtes à fourrure. Enfin, au moins, depuis son perchoir, Raol peut mieux observer l’architecture du lieu qui l’entoure. Tout a l’air si… grand et vide ? En baissant les yeux vers la table où Gabryel s’est assis, la chose est encore plus flagrante. Même si l’endroit colle à la culture d’origine de la nymphe, c’est comme si ce lieu n’était pas vraiment le sien. On dirait que personne n’habite vraiment ce grand endroit froid. Enfin, c’est à ça que ça ressemble, dans les yeux de Raol. Quelque chose d’impersonnel, de trop vaste… un endroit où Gabryel semble soudain bien plus seul que d’habitude.

    L’amphibien décide finalement de quitter son perchoir et saute depuis son armoire jusqu’à l’épaule du caldissien assis à table, pour enfin se retrouver sur la table. En restant dans sa forme animale, Raol porte ses yeux globuleux sur le visage de la nymphe. Sa voix, altérée par sa taille, sort plus aigûe et nasillarde lorsqu’iel répond au militaire.

    « T'aurais un récipient d’eau ? Faut que j’humidifie ma peau. »

    Raol n’a pas vraiment réfléchi au fait qu’ordinairement, iel ne ferait pas ça à moins d’être assez détendu et en confiance. Ses habitudes animales reprennent le dessus et iel se complique souvent moins la vie, dans cet état. Tout lui semble plus « immédiat », plus vital. Lorsque la petite grenouille obtient finalement son bol d’eau, elle s’y hisse et barbote, fermant les yeux en croassant légèrement en faisant gonfler les petits sacs sur le côté de sa gueule. Iel profite du bien que lui fait l’eau au contact de sa peau et se laisse chanter un peu. Rien ne vient troubler sa quiétude temporaire. Comme Gabryel l’a fait remarquer, pour être tranquilles… ils sont tranquilles. Cela faisait longtemps que la grenouille ne s’était pas trouvée dans un lieu aussi silencieux. La différence avec l’animation des quartiers eossiens et de la ville basse en générale était presque malaisante.

    « Euh… tu habites ici alors ? »

    Bah, oui, évidemment qu’il habite ici. On dirait pas que c’est habité mais il t’aurait pas emmené ailleurs.

    « Euh, enfin, j’veux dire, c’est grand juste pour une personne. Enfin, y’a ton loup et Général Moustache aussi mais bon. »

    La grenouille se remet à croasser pour tester l’écho des lieux et s’en amuse un peu.

    « Tu t’ennuies pas ? »

    Raol se considère comme une personne solitaire et plutôt isolée. Aussi loin que ses souvenir lea portent, iel a toujours été un peu « à côté » et pourtant, rares sont les moments où iel s’est vraiment trouvé.e physiquement seul.e. Enfin, l’époque où iel accompagnait maître Atelope et Junya hors de la ville étaient les rares instants où iel se sentait à sa place. Il faudrait qu’iel retourne voir Maître Atelope, d’ailleurs. Elle lui avait laissé son adresse et habitait dans une petite chaumière en périphérie de la ville, non loin de la rivière tumultueuse. Raol s’est toujours demandé ce que c’était, de ne plus vivre entre les murs d’Yggdrasil.

    « Est-ce que… Caldissia te manque, parfois ? Ta maison là-bas ressemble à ici ? »

    Le petit amphibien s’ébroue dans son eau pour humidifier son dos et se secoue. Iel pense au récits qu’iel a eu de la cité de l’est, aux rumeurs plutôt négatives avec lesquelles iel a grandi, au sujet de sa famille qui a décidé de prendre la route inverse à celle d’Akiya et Ziyal, il y a bien longtemps.

    « Quand j’étais enfant, Ziyal— mon parent me racontait tout le temps l’histoire de notre famille. Ca devenait relou, des fois. On vivait dans l’est du continent, dans les forets tropicales et on a été obligés de partir. La plus grande partie de mes ancêtres sont partis vers l’est… Caldissia existait pas encore mais… je me demande s’ils sont encore là-bas, aujourd’hui. »

    Je me demande si leur vie est meilleure que la notre. S’iels ont trouvé leur place là-bas. Ou s’iels sont aussi isolés que Ziyal et moi, qui sommes les derniers de notre branche, désormais.


    « Il parait qu’il fait toujours chaud, à Caldis, même en hiver. C’est vrai ? »

    Ca doit être bien, des hivers sans gel.

    more_horiz

    Moins de darons, plus de potimarron. avec Gabrol+
    C’était très étrange. Presque gênant. Cette situation le mettait mal à l’aise, Gabryel avait la sensation d’être un enfant, feignant l’indifférence, mais ne sachant que faire de ses mains. Amener Raol ici n’était finalement peut-être pas la meilleure idée... C’était comme s’il avait l’affreuse impression que la grenouille pénétrait son intimité et pouvait, par conséquent, tout savoir de lui. Ce qui était faux, évidemment que toutes ses pensées ne sont pas peintes sur les murs, mais au vu de la trogne qu’il était en train de faire on pouvait croire qu’il cachait quelque chose. En réalité, ça ne le gêne pas de ramener des gens ici, chez lui, parce qu’il ne considère pas vraiment cette demeure comme “chez lui”, c’est plutôt le fait que ce soit ellui qui se tienne-là qui le dérange.

    Non pas qu’il ne voulait pas qu’iel soit là, simplement tout cela était trop... lui. Trop différent, trop en décalage. Tout ce que lea Zeteki n’avait eu de cesse de critiquer, de mépriser, durant leurs nombreuses joutes verbales. Il avait donc la sensation de marcher sur des braises, prenant plus ou moins conscience du gouffre qui les séparait. Gouffre par-dessus lequel il essayait de construire, tant bien que mal, les prémices d’un pont. Maintenant qu’iels étaient là, il était un peu tard pour inventer un mensonge pour qu’iel ne franchisse pas le pas de cette porte. Alors la nymphe resta un instant droit comme un piquet, ne sachant pas vraiment quoi faire ou dire.

    Son sentiment de sécurité commençait à s’envoler, laissant place à une désagréable sensation dans sa poitrine qu’il dissimulait plutôt bien. Paraître, encore et encore. Ne pas baisser la garde, réajuster son costume, maintenir le masque en place. C’était devenu naturel, comme une seconde nature. Il laisse la grenouille explorer les lieux, détailler la décoration caldisienne, mais il gardait toujours un œil fixe sur ses réactions, pour essayer d’y apercevoir une quelconque négativité. Mais... ce n’est pas vraiment ce qu’il pouvait constater. L’éossien.ne était étonné.e, peut-être se sentait-iel petit.e dans cet endroit, comme le général pouvait aussi se sentir de temps à autres. Peut-être iel le comprendrait-il ?

    Il acquiesça, répondant à la demande de l’amphibien.ne en lui apportant un petit récipient qu’il avait préalablement rempli d’eau. Il afficha un sourire en coin en lea voyant se prélasser dans sa forme animale. Au fond, lea voir ainsi c’était aussi comme pénétrer son intimité... Il n’a jamais été du genre pudique, mais c’est plus profond que cela. C’est plus sentimental. Un silence s’installa, entrecoupé par les croassements de Raol qui semblait pour le moins à l’aise. Dans un sens, ça le rassurait un peu, mais ça ne l’empêchait pas de fixer la table un peu dramatiquement.

    Sa question maladroite eut le mérite de lui soutirer un gloussement moqueur. Il continua d’afficher sa mine joviale face à sa sincérité. Ouais... vu comme ça cela a l’air vachement ennuyant, il peut le comprendre. Mais pourtant ce n’est pas l’ennui qui le fait détester cet endroit, c’est plutôt le fait qu’il n’arrive pas à discerner sa vie privée de sa vie professionnelle, les deux ont fusionnées il y a bien longtemps ne lui laissant plus la possibilité d’avoir un “chez lui”. Son “chez lui”, c’était Caldis. Là où il a grandi, le pays pour lequel il avait donné ses tripes. Le pays pour lequel son courage n’avait jamais faibli, où aucun ennemi ne pouvait l’effrayer. Ces mêmes jours où il brandissait fièrement son épée en l’air lorsqu’il venait de gagner une bataille, libérant des terres à eux.

    « En fait, je n’ai pas vraiment le temps de m’ennuyer. Encore moins depuis que ma famille est présente en ville. »

    Ce qu’il ne disait pas, c’était qu’il s’occupait l’esprit constamment pour ne pas s’ennuyer, alors il s’épuisait, petit à petit. Le soir, si l’alcool n’avait pas la chance de parcourir ses veines, il avait la sensation que ce silence allait le tuer. Que même le sommeil n’en valait plus le coup, car de toute façon il serait forcément réveillé. Il avait du mal à s’ouvrir à la grenouille, malgré tous ses bons sentiments. Il ne voulait juste pas affirmer ses faiblesses, il préférait encore continuer à se mentir à soi-même, rester dans sa zone de confort. C’était lâche, indigne de lui, mais paraître était plus important qu'être, c’était ce qu’on lui avait toujours enseigné, alors comment apprendre à faire autrement après presque quarante ans d’existence ?

    Sa prochaine question lui redonna du baume au cœur, lui permettant la nostalgie de son pays natal. Lea voir se confier à lui, ça l’aidait à vouloir en faire de même. Il titilla donc sa mémoire, tentant de trier ses nombreux souvenirs. Les plus beaux, paradoxalement, c’étaient ceux des batailles, mais aussi ceux de son enfance. Entre les deux, ce n’était pas spécialement amusant. C’était plus visuel. Les paysages magnifiques, le soleil ardent, la chaleur omniprésente, les bâtiments, le peuple... L’incandescence de son pays se refléta à travers ses pupilles lilas, il fixa un instant saon ami.e et vint lea taquiner en transformant le bout de son doigt en un petit jet d’eau avec lequel il s’amusait à l’humidifier davantage.

    « Bien sûr que Caldissia me manque, je donnerai n’importe quoi pour y retourner. A l’instar de toi, tu donnerais tout pour revoir Yggdrasil. » Il baissa un peu les yeux, s’égarant. « Je ne saurai quoi faire ou dire si, lorsque je reviendrai, tout avait été changé, mes souvenirs pillés... J’aime mon pays plus que tout au monde, je me suis battu pour lui pendant plusieurs décennies, donc oui Caldissia me manque énormément. »

    La nymphe se remémora sa demeure, son “chez lui”... Les douces odeurs de nourriture qui enlaçaient les rues de sa ville, les cacophonies constantes, les fêtes luxueuses, les joies des enfants... Peut-être était-ce le manque qui lui faisait autant apprécier toutes ces choses insignifiantes, parce qu’ici ce n’est pas chez lui. Ce n’est pas pour son pays qu’il se bat. Ce ne sont pas les membres de sa famille, ce n’est pas son peuple... Rien de tout cela ne lui appartient. Ce ne sont que des appropriations dont il ne veut même pas.

    « Ahah, oui, il fait très chaud à Caldissia. Je pense que ça te plairait, là-bas. Tu aimerais que je me renseigne sur ta famille, savoir si tu as des membres à Caldissia ? »

    C’était peut-être un petit peu délicat, peut-être la grenouille aurait-elle l’impression que l’on épie son passé... Le militaire se leva, ne sachant tenir en place, et vint se servir un verre d’eau, le buvant d’une traite, sentant sa bouche devenir sèche. Il était fatigué... D’une part à cause de ses cauchemars incessants, mais aussi à cause du travail, de cette journée, de son père, de ses pensées agressives...  

    « Tu permets. »

    Sans attendre de réponse, il prit le bol entre ses mains et voyagea à travers la demeure, atteignant la porte menant à sa chambre. Il posa l’objet sur sa table de chevet et s’écroula sur son lit, retirant ses bottes par la même occasion et tous ses autres équipements. Il poussa un grand soupir de soulagement, comme s’il attendait ça depuis toujours ! C’est étrange, mais lorsqu’il était couché ainsi, il avait plus de faciliter à s’ouvrir. Il ne savait pas si c’était la chaleur de ses draps ou l’effet nuageux de son matelas, mais il se sentait bien mieux, plus serein, prêt à se confier si nécessaire.

    « Encore désolé, pour mon père. Crois-moi, ce n’est pas un discours réservé qu’aux éossiens, il hait autant les altissiens... s’il savait les relations que j’entretiens avec eux, il ferait un arrêt cardiaque. » Sa blague maladroite lui coupa la respiration, se souvenant d’à quel point cela pouvait être vrai, au final. « Enfin, tout ça pour dire que de toute façon il ne va pas s’attarder très longtemps ici, il est venu pour me dire que j’allais être nommé pour représenter la famille à sa place. »

    C’était une demi-vérité, mais c’était mieux que rien, pour le moment.

    « Caldissia me manque parce qu’ici rien n’est plus comme avant. Tout est tellement épuisant. Je ne sais plus vraiment quoi ressentir, quoi faire ou dire. Je ne sais plus pour quoi je me bats, ni même pour qui à vrai dire. Plus rien de ce en quoi je croyais n’existe réellement. J’ai juste l’impression que je suis en train de tout perdre, sans rien pouvoir y faire. Et rien ne va en s’améliorant. J’essaye de garder la face, mais comment faire ? Moi qui suis au centre du pouvoir militaire, j’ignore tout de mon pays, de sa politique, de ce dont ils sont vraiment capables. Le pire dans tout cela, c’est que même en étant au courant je reste impuissant, mes paroles comme mes actes ne valent plus rien. » Il vint placer ses bras derrière sa tête, s’étirant un peu au passage. « Je sais que vous avez énormément perdu, vous avez tout perdu. Dans un sens, c’est très égoïste mais, j’ai juste peur qu’il nous arrive là même chose qu’à vous, comme un retour de flamme. L’ironie du sort. »

    Il ferma les yeux. Il lui avait déjà plus ou moins avoué tout cela, mais il se rendait surtout compte d’à quel point sa position ne lui accordait rien. Ce n’est qu’un titre, qu’une appellation... Rien de plus.
    kyro. 017 ldd

    more_horiz
    privacy_tip Permission de ce forum:
    Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum