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  • Event n°3 - Le Gardien
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    Le dragon n'est plus, miracle est arrivé. Yggdrasil a protégé sa cité. Des mois de siège éreintant cessent, la ville millénaire respire à nouveau. Chaque soir, sous la lueur émeraude et bienveillante du grand arbre, les éossiens fêtent et célèbrent ceux tombés au combat. Après tant d'épreuves, la ville semble reprendre vie...
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    Faust Donovan
    Aurora E. Delacroix
    Lohra Sterh
    Satoshi Kurosawa
    Howl Wintersong
    Naevy's Ingrath
    Basmath Yeshua
    Yggdrasil
    Cendre Desforêts
    Helmut Edenweiss
    Klaus H. Evergarden
    Vesta S. de Nyx
    Gabryel L. de Venomania
    Kardia Van Horn
    Théodule Von Griffon
    Soren Donovan
    Thirésias Talwarus
    Conan D. Solo
    Aëden Von Griffon
    23 participants

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    Event n°3


    Le Gardien

    Ça faisait longtemps.

    Le printemps est arrivé. Yggdrasil s’est parée de son manteau de verdure, de ses accessoires floraux et de ses plus belles étoles de bourgeons ; et si des feuilles tombent, venant garnir les ruelles pavées d’un ensemble de couleurs chatoyantes, ces dernières sont étonnamment bien tenues. Nettoyées, débarrassées, parfaitement aménagées. Le granite et la pierre semblent plus brillants que jamais ; on peinerait à croire qu’elles étaient noires de cendres il y a six mois. On peinerait à croire qu'elles étaient recouvertes d'un fin manteau blanc il y a quelques semaines.
    Aliès, pourtant, s'en rappelle.
    Iel se rappelle d'avoir ces rues bien plus dégagées. Bien plus vivantes. Fournies d'enfants, de ménages, de familles, d'ancien.ne.s qui n'étaient jamais bien seul.e.s, en printemps comme en hiver. Iel se rappelle des processions saisonnières menant jusqu'aux grands sanctuaires de la Ville-Haute, aux grands foyers qui les protégeait tous lorsque l'hiver se faisait trop rude : aux grandes tablées rondes qui les réunissait tous pour qu'aucun d'entre eux ne soit à l'écart. Ces rues, autrefois, étaient à tous : mieux que ça, même, elles n'étaient à personne. Elles les avaient protégé des tempêtes, des inondations, des incendies, des maladies.

    Leurs ancêtres le leur avaient toujours dit : quand le malheur frapperait, leur refuge se trouverait dans les hauteurs.
    Aliès ne comprenait pas, fut un temps, de quoi ils parlaient. Il pense maintenant l'avoir compris.

    Après tout, leur protecteur se trouvait ici.
    Dans l'ombre des maisonnées où iel se cache avec d'autres éclaireurs, iel observe au travers des fenêtres ouvertes. Son regard passe des rues à l'immense statue draconique qui se trouve toujours au centre de la place.  Seule rescapée de l'Incendie du Centre de Commandement, la statue du Gardien est parfaitement intacte ; il n'y a pas même une rayure sur l'ébène de sa pierre. Son regard rouge brille du même éclat qu'il y a trente ans, lorsqu'iel passait sous ce dernier lors d'une procession. Maintenant, une nouvelle bâtisse se tient derrière lui, comme une pâle imitation de ce qu'était fut un temps leur plus important sanctuaire.

    Entend-t-il ? Voit-il ? Est-il aussi dégoûté qu'iel ne l'est, devant cette étalage de médiocrité, de richesse, d'obscénité et d'injustice ? Sent-il cette colère qui brûle au fond de son ventre, à chaque fois qu'iel doit observer ces couleurs affreuses dévorer la place et les rues de la Ville-Haute ? Perçoit-il cette fureur qui lui dévore la poitrine devant l'étalage de demeures laides d'abondances qui ont dévoré les espaces communs ?
    Est-il aussi brisé qu'il ne l'est de ne pas voir Erys aujourd'hui, à la place de ces marmots ?
    Sans doute. Aliès peut imaginer ce que cela doit être, de supporter tout cela : car iel le fait.

    Car iel le fait, et cela lui est déjà insupportable.

    ------


    Ça faisait longtemps.

    Gaston observe. Ses épaules sont rigides, sa carrure est prostrée. Son manteau est trop grand pour lui ; par intervalles, ses épaules bougent un peu pour tenter de le conserver droit. Son regard s'abaisse, de temps à autre, face au poids de la masse de visages assemblés en face d'eux. Sa gorge se noue. Ils étaient moins nombreux encore, lors de l'Incendie, mais c'est comme si ses membres s'attendaient à devoir courir d'un instant à l'autre à nouveau. Devront-ils le faire ? Personne n'avait répondu à sa question. Même si le Centre de Commandement a été reconstruit, brûlera-t-il encore ?
    Son regard, de temps à autre, passe sur les silhouettes des hauts dignitaires l'accompagnant. Représentant altissien, ambassadeur, général ; tous lui paraissent bien plus grands qu'il ne l'est. Leurs regards lui semblent plus certains. Leurs manches ne tombent pas jusqu'à leurs doigts, leurs visages se tiennent plus droits. Comment font-ils ? Comment font-ils pour ne pas sentir cette pression froide dans leur poitrine, cette crainte quand il faut parler ?
    Comment fait-elle ?

    Ses yeux repassent vers le centre de l'estrade, où Camélia se tient. La couronne est droite sur sa tête, au moins. Lorsqu'il avait fallu négocier sur qui parlerait pour eux, elle s'était dévouée pour le faire sans attendre. Elle ne lui avait même pas jeté un regard : sans doute avait-elle déjà compris qu'il ne le ferait pas. Elle parle clairement, salue sans difficulté, d'une voix nette et presque aussi inflexible que ne l'était celle de sa mère à lui.

    « Et c'est pourquoi il est de mon honneur et de ma responsabilité de vous annoncer notre mariage à venir, et le renforcement explicite de notre alliance. »

    Sa voix ne trébuche pas, malgré les murmures et les regards qui s'échangent entre l'assemblée. Gaston le sait, sans même qu'il n'ait eu besoin qu'on le lui dise : cette décision pourrait se retourner contre eux. Nombre de ses propres conseillers avaient explicitement exprimé leur désaccord. Lui-même avait hésité. La noblesse n'avait pas oublié le traitement infligé à l'un des leurs lors de l'Incendie. La bourgeoisie ne manquerait pas de leur sauter à la gorge si leurs affaires s'en retrouvaient trop affectées.
    Et pourtant, Camélia ne baisse ni le regard, ni la tête.

    Et en l'observant, Gaston se demande.
    Pourquoi n'était-elle pas seule, ici, sur cette estrade ?

    ------


    Ça faisait longtemps.

    Elle ne devrait pas être là. Personne ne devrait être ici. Elle devrait être à Caldis.
    Son père devrait être là.

    Mais non. Il avait fallu qu'il vienne. Il avait fallu qu'il meure, et qu'il les laisse seuls, comme toujours. Il avait fallu qu'il s'entête, après ces six mois passés à ignorer leurs appels, ces six mois passés enfermé dans son bureau. Ces six mois où il n'avait plus écouté personne. Son autre père, Alphonse, avait bien tenté de lui dire qu'il ne s'agissait que d'une passe, qu'Hincmar était simplement absorbé par son devoir, qu'il reviendrait.
    Il était revenu dans un cercueil.

    Alors il y a longtemps qu'elle n'était pas apparue. Qu'elle n'avait pas pris sa place, usurpé ses chaussures, sa couronne et son sceptre. Elle ne devrait pas à le faire, et pourtant. La voilà en train d'annoncer des fiançailles et un mariage qu'elle n'aurait pas eu à organiser si les choses en avaient été autrement. Elle avait trouvé l'idée stupide lorsque Gaston l'avait présenté. Gaston était stupide. Insupportablement hésitant, tout le temps à se cacher dans les jupons des autres, comme il le faisait avec sa mère fut un temps. Hincmar ne le lui avait jamais permis, lui.

    Mais tous ces conseillers qui s'étaient épouvantés l'étaient encore davantage : quels autres choix avaient-ils ? Comment concilier des noblesses et des bourgeoisies qui ne demandaient qu'à prendre le pouvoir, peu importe les conséquences ? Comment tempérer les hostilités des natifs, alors qu'elle-même mettrait le feu à son tour si elle avait été à leur place ? Elle n'avait pas osé le dire, toutefois. Elle ne peut pas le faire. Il n'y avait qu'à son Général, qu'elle en avait fait la remarque, un soir de fatigue et de faiblesse. Elle s'était rétractée immédiatement, mais elle pouvait le sentir. Alors elle avait eu une idée. La façade s'effritait, et il fallait le maintenir, coûte que coûte.
    Le coût, pourtant, lui laissait un goût amer au travers de la gorge.

    ------

    Il faisait longtemps qu'il n'avait pas ri ainsi.

    « Les... Les Eossiens pourront maintenant, enfin, à partir d'aujourd'hui, porter les armes. Nos... Nos armées se tiendront entièrement garantes e-et... Garantes, enfin, responsables de leur formation, pour les guider, afin de pouvoir offrir à tous l'égalité des chances et le... Le pouvoir de protéger nos peuples. »

    Aliès en rit. Un rire jaune et tassé, assourdi par le désabus et l'amertume qui remontent dans sa gorge comme une houle écœurante. Tout ça était hilarant. Les voilà, ces monarques trop petits pour leurs propres couronnes, en train d'inviter les siens à devenir eux-mêmes les artisans de leur oppression. Des peuples qui, en plus de ça, avaient besoin de marier des enfants, sans que ça ne semble dégoûter personne, pour faire croire à leur entente. Arriver la bouche en cœur, dans ce qu'Aliès ne saurait pas distinguer entre de la naïveté, de la bêtise ou de l'arrogance, afin de présenter des cordes supplémentaires autour de leurs poignets comme des cadeaux.

    Et pourtant, Aliès le sait, cet appel sera entendu. Après la disette de cette d'hiver et la misère dans laquelle se retrouvent plongés ses congénères... Erys lui dirait sûrement de ne pas les blâmer.
    Malheureusement, d'entre eux, iel était cellui qui avait survécu.

    Dans un mouvement de main, iel indique aux éclaireurs l'accompagnant de se tenir immobiles. Il était temps de déroger ce monologue interminable et inintéressant. Iel en a assez entendu. Leur audace est trop grande. Iel s'excuserait presque auprès du Gardien, qui doit entendre toutes ces sornettes ; sans doute qu'aucune autre de ses vies n'a eu à subir la même idiotie. L'Eos le garde d'un cycle qui serait aussi injuste que celui-ci. Iel s'apprête à donner le signal.

    Pourtant, la terre tremble.

    La terre tremble. Elle tremble si fort qu'iel doit s'accrocher à la rambarde pour ne pas chuter. Elle tremble comme si c'était la terre même qui avait décidé de se déchirer : et pourtant, elle reste intacte.
    Elle reste intacte, car les vibrations ne viennent pas d'elles. Les vibrations viennent de la place.

    Elles viennent du Gardien.

    -

    Ça faisait longtemps.

    La pierre bouge. Ses écailles semblent s'articuler par elles-mêmes. Ses lourdes pattes se dégagent du socle, dans un bruit lourd et imposant. Tandis que les humains au sol s'agitent, s'éparpillent, crient, paniquent, la bête bouge sa tête. La foule s'agite. On s'empresse de protéger et d'éloigner les plus importants. Son regard de rubis s'illumine et brille.
    Un cri monstrueux et furieux quitte sa gorge.
    Une immense gerbe de flammes quitte sa gueule. Peu lui importe ce qu'il vise. Peu lui importe ce qu'il touche.

    Il n'y a que de le bruit et la fureur.

    Résumé rapide :

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    Le temps est passé si vite, ces derniers mois. Je ne vais pas raconter ma vie, mais je me porte bien. Les affaires marchent au quartier, à l’auberge et à la boutique malgré les nombreux soucis traversés par la cité. Aeden et Olaf se portent bien… je me suis dit que monter jusqu’à la Ville-Haute pour assister à l’annonce des fiançailles des souverains et profiter des festivités ferait plaisir à tout le monde. Et après on dit que je ne pense qu’à moi ! Tss… !

    Je pense qu’Aeden sera content de voir un peu la Ville-Haute décorée et de l’animation. Je ne m’inquiète plus vraiment qu’il ne se tienne pas trop en public.. je veux dire, je mordais les gens, moi, à son âge. Et puis, il n’est pas méchant, le petit loup. J’avoue que j’ai une faiblesse pour ce gamin et je suis probablement un peu laxiste avec lui, ce qui peut-être surprenant lorsqu’on connaît mon tempérament. J’imagine que je ne veux juste pas forcément me comporter comme mes parents ont été avec moi. Enfin. C’est un peu mièvre, tout ça.

    Je sais qu’Olaf devait, avec d’autres militaires, assurer la sécurité de l’évènement. Une fois les discours des souverains et sa mission terminés, nous nous rejoindrons pour nous promener. On dirait presque une famille normale. Bref. Trêve de niaiserie. Pour de vrai, cette fois.

    Les discours de la Reine Camelia et du Roi Gaston ne sont pas exactement captivants. Ce ne sont que des enfants, mais j’étais tout de même plus éloquent au même âge. Je vous assure, ces enfants de nobles, ils sont un peu empotés. Surtout notre souverain Altissien. Il me ferait presque de la peine, à butter sur ses mots, avec ses jambes tremblantes sous le coup du trac. Je préfère admirer le nouveau Centre de Commandement que trop les écouter causer… c’est un peu gênant. Je tend tout de même l’oreille lorsque le jeune Roi parle de faire porter des armes aux eossiens… enfin, de leur faire porter nos armes. Et pourquoi faire ? les faire combattre avec nous et contre leur propre camp ? Je ne suis pas spécialement ému du sort des eossiens, mais cette nouvelle me met mal à l’aise. Je ne vois pas comment une telle idée ne va pas entrainer encore plus de problèmes. Et qui c’est qui va encore devoir se porter garant de si ce genre de bêtise entrainent des dégats dans la ville ? Bah c’est bibi et les autres chefs de quartiers ! Tsss !

    Voila, ça m’a agacé. Je souffle un peu, heureux que ce blabla se termine bientôt. Je ne devrais pas me prendre le chou avec tout ça aujourd’hui, après tout, je m’étais dit que—

    Une violente secousse projette mon poids plume de gobelin à terre. J’émets un « GNIAK » puis jure en réalisant que je me suis cassé ongle lors de ma chute. C’est pas vrai, ma manucure ! Les gens crient tout autour et moi, j’ai du mal à me redresser à cause des tremblements. Ce qui est embêtant, car il me faut trouver un abri et-- oh. Bah c’est fini. J’espère enfin me relever, mais me carapate immédiatement sous une table, par réflexe, lorsqu’un rugissement sorti tout droit de la grande montagne sombre du purgatoire d’Oros me déchire les tympans. Je ne vois plus Aeden et je panique. Et mes tremblements ne sont pas arrangés par le surgissement d’un énorme dragon, juste au-dessus de nous. Il nous regarde. Mais… mais… peut-être n’est-il pas méchant hein… ? Juste un peu.. bourru ? Héhéhé…. Oui, c’est juste….

    *SWOOOOOSH*

    « AAAAAAAAAAAAAAAH ! AU SECOUUUUUUUUUURS ! »

    Ah non, non, non, non ! Ce truc crache vraiment des flammes en fait ! Je sors de sous ma table et saute sur mes pieds pour me joindre aux mouvements de foule qui ne vont qu’en s’empirant. Le souffle incandescent du dragon s’abat sur la place et la foule se sépare. Des gens et des étalages brulent, le brouhaha rend impossible de se repérer et de réagir à tête reposée. Tout en courant en tout sens, j’essaie de trouver Aeden.

    « AEDEN !! AEDEEEEEEEEEEEN ! »

    Ma voix de crécelle va me servir à quelque chose aujourd’hui. Je dois aussi trouver un endroit où m’abriter et me servir de ma magie, au cas où. Je pousse les gens et tente de—

    « AH ! OLAAAAAAAAAAF ! »

    Mon frère vient à ma rencontre et je suis vraiment content de le voir en un seul morceau.

    « Qu’est-ce que tu fous là, toi ?! Vas t’abriter dans le centre de commandement ! »

    Oh ! Il va baisser d’un ton, lui !

    « Hé, oh… tes ordres tu te les gardes, hein, euh… »

    Je m’éclaircis la gorge en réalisant à quel point ma voix (et tout mon corps, en fait) tremble. Je continue de balayer nerveusement les environs du regard.

    « Je… je trouve pu Aeden… D-depuis le tremblement de terre. Je dois aller le trouver… ! »

    J’ai honte de moi-même. Je suis pathétique à trembler comme une feuille, moi qui suis si bon pour avoir l’air assuré le reste du temps. Olaf pose une main sur mon épaule. Il m’énerve à être aussi calme.

    « J’vais aller l’chercher. Toi, tu vas t’abriter. Compris ? »

    Quoi ?! Qu’est qu’il lui prend ? Il pense que je ne peux pas me rendre utile pour retrouver mon protég—Aeden ?!

    « Ah, non !! Pas question ! Je suis pas un boulet, je viens avec toi ! »

    Une nouvelle trombe de flammes s’abat à quelques dizaines de mètres. Je ne fais guère le malin et sursaute avec un petit cri. Ah, ça, quand il faut s’opposer juste à une ou deux personnes, il y a du monde, mais au cœur d’une telle catastrophe, je ne peux que couiner de peur comme un chihuahua. Sans me rendre compte, j’ai aggripé le bras d’Olaf comme un forcené. Il parvient à s’extraire de mon emprise. Un sourire en coin aux lèvres, il me ricane un peu au nez.

    « Ben voyons… Tu peux même pas marcher. Sois pas débile. J’croyais que c’était toi le cerveau de la famille. Héhéhé ! »

    Je fronce les sourcils et fais la moue. Oui bah vu comme il est con, lui, quand il s’y met. Mais je dois bien admettre que je vois son point. Je serre les dents et les poings, sans savoir quoi répondre.

    « Tu fais chier. »

    Honteux, je regarde le sol. Si j’avais été un peu moins fier, j’aurais trouvé quelque chose d’un peu moins ridicule à dire à Olaf avant que--

    Tout s’est passé trop vite.

    Avant même que je relève les yeux vers mon frère, il me criait déjà des choses. Je n’ai pas bougé, je n’ai eu le temps que de me retourner et de voir un souffle de feu s’abattre vers notre zone. J’ai ouvert la bouche pour crier et l’on m’a entrainé sur le côté, vers le sol. J’ai roulé sur le sol de pierre et suis resté un moment sonné. Je me suis cogné le dos et le crane. Ma tête tourne lorsque je veux me redresser et m’asseoir. J’ai perdu mes lunettes et je vois flou. Mon bras me brule un peu. Je sens quelque chose de chaud couler contre mon front. Mais, surtout, je vois, quelques mètres plus loin, sous quelques décombres, une silhouettes trop familière.

    « …O… Olaf… ? »

    Ma voix résonne dans mon crâne. Je cligne des yeux en me rapprochant à quatre pattes. Je dégages les bouts d’un mur qui s’est éffrondré non loin de là.

    « Olaf !! »

    Mon frère gise sur le sol et ne répond pas à mes sollicitations. Il ne bouge pas. En réalisant qu’Olaf n’esquisse pas un geste, ne produit aucun son, je me fige. Mon souffle se coupe puis j’hyperventile.

    « OLAF ?! OLAF !! REPONDS ! »

    Je retourne mon frère sur le dos. De plus près, je vois que son crâne saigne, qu’il est inconscient et surtout… que son bras droit brule. Paniqué, je me débarrasse de ma cape pour éteindre les flammes, mais je vois bien qu’elles ont fait des dégâts.

    « C’est bon, Olaf, tu brûles plus, maintenant ! On—On va trouver un soigneur, ça va aller ! Tu… tu… tu m’entends… ? Dis-moi… dis-moi que tu m’entends… »

    Mais il ne répond pas. Je ne sais pas quoi faire. Je ne sais même pas s’il respire, s’il est… encore vivant… ? Je ne sais pas ranimer quelqu’un… quel abruti, d’apprendre la magie blanche sans jamais m’attarder sur les sorts de soin.

    « Au… au secours ! »

    J’apelle à l’aide, sans l’espoir que quelqu’un vienne. Tout le monde est trop occupé à fuir ou s’abriter. J’essaie de tirer Olaf avec moi, là où les flammes ne pourraient pas nous atteindre. Ma gorge se serre et je renifle. Je me sens impuissant. Et Aeden qui reste introuvable. Quel stupide abruti.

    « Je… je suis désolé d’avoir dit que tu faisais chier… »

    Je ne sais pas pourquoi cela me revient maintenant. C’est stupide.

    « Je… je… meurs pas… j’ai besoin de toi, moi… »

    Au final, je ne sais vraiment rien faire seul.

    En résumé :

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    Event n°3 Le retour d'une guerrière sanguinaire

    Event n°3 - Le Gardien E1q3

    Des jours paisibles et calmes étaient en train de s’écouler dans les terres de la Maison Nyx. Loin dans les montagnes enneigées et entourée d’une forêt sombre sur plusieurs hectares, le territoire de cette noble famille était difficile d’accès mais les habitants du duché étaient agréables et respectaient les forts, au même titre que les seigneurs des terres.
    Encore plus loin, surplombant les villages, se trouvait la grande demeure des Nyx, financée avec l’argent amassé lors des guerres et du sang versé.

    Voilà des mois que Vesta n’était pas apparue en public, d’une part submergée par le travail qui ne manquait absolument pas. Il fallait gérer l’immense fortune familiale qui s’était reposée et accumulée des siècles durant. Les membres de la famille Nyx étaient des guerriers qui n’avaient pas le temps de rester à la maison. L’argent continuait de s’accumuler encore et encore et les rares dépenses qui pouvaient exister étaient pour les taxes et les projets mis en place par ceux qui restaient dans le duché. Maintenant que la paix est là, il faut vivre d’autre chose que la guerre et surtout faire quelque chose de cet argent.

    La maison avait repris des couleurs, plusieurs pièces étaient allumées en même temps, un fait rare. Qui plus est, un nombre largement supérieur à 3 domestiques étaient présents dans le manoir. Beaucoup de personnes allaient et venaient dans le manoir. La mère de Vesta était juste ravie que sa fille se soit rangée, savoir sa fille sur le champ de bataille ou dans la tourmente d’un poste de capitaine qu’elle n’aimait pas était difficile pour une mère qui aimait son enfant, malgré les atrocités que Vesta avait pu commettre. Elle attendait patiemment des petits enfants afin d’avoir une relève assurée. Même si dans la nombreuse fratrie d’Altissia, certains avaient déjà des enfants, on attendait beaucoup de l’ainée qui n’était plus toute jeune. Si c’était encore la guerre, elle aurait trouvé un mari de convenance à 25 ans pour faire 4 à 5 enfants avant de repartir à la guerre. Vesta n’aura pas cette chance. Maudite paix, toujours à ennuyer les plus braves.

    Cette tranquillité fut alors dérangée par une missive officielle parvenue à la maison des Nyx, c’était avec le sceau impérial. Cependant, la lettre semblait venir directement du gouvernement Altissien.

    L’Héritier Légitime, Gaston avait une déclaration à faire, d’après la lettre, cela se passerait dans quelques jours à Yggdrasil, dans la ville haute.

    Au départ, Vesta voulait envoyer un de ses frères ou soeurs représenter la maison, car il fallait faire honneur à cette invitation, mais la mère de Vesta insista pour que ce soit à elle de s’y rendre. Le nom des Nyx était difficile à porter depuis la fin de la guerre et il était préférable d’éviter qu’un frère ou une soeur de l’Ainée subisse des altercations par le peuple qui la haïssait encore. Vesta voyait les choses d’un autre oeil, en envoyant quelqu’un de son sang, cela permettait de donner un autre visage sur le Clan, mais soit. Bien que la mère de Vesta n’avait aucun pouvoir dans la maison, la rouquine était une personne incapable de refuser quoi que ce soit à sa mère qui savait obtenir ce qu’elle désirait de sa fille. Il suffisait de faire la moue pour que Vesta se mette dans tous ses états et refuse de voir sa mère triste.

    Elle partit donc, pour la première fois depuis longtemps, de la maison. Refusant une escorte, elle garda néanmoins son épée en fer. C’était un outil simple qui permettait de montrer qu’elle savait encore se battre si il le fallait et voyager sans armes avec les monstres qui pouvaient apparaître était un permis pour le suicide.

    Accompagnée de quelques serviteurs et de Cendre, son nouvel automate trouvée voilà quelques temps, elle préférait être bien entourée afin de garantir une certaine tranquilité.

    Elle avait une tenue noire en cuir, comme à son habitude, moulant bien au corps. et permettant d’amples mouvements.



    Arrivée sur place le jour du discours, Vesta avait réservé une suite de luxe qui donnait directement sur la cour et sur la zone de discours. De là, elle pouvait donc suivre ce qui se passait, sans être mêlée à la foule et évitant qu’on la reconnaisse. Elle ne voulait pas se faire remarquer pour un jour si important et surtout en présence de l’Héritier. Après tout, comme elle le disait souvent, un guerrier en vie choisissait ses combats.

    Tout se passait bien au début, Vesta écoutait tranquillement ce qui se disait, l’autre pimbêche Caldissienne parlait et semblait plus affirmée que l’Héritier Légitime du trône, une bière dans la main, elle attendait que son Empereur montre un peu plus de volonté. Elle avait envie de l’encourager, comme un supporter hurlant après son guerrier préféré dans l’Arène.

    C’est alors qu’un drame apparut, la pire chose qu’il pouvait arriver aujourd’hui. Pire que tout ce qui pouvait se passer après.

    L’annonce d’un mariage entre les deux souverains ennemis il y a moins de trois ans.

    “ QUOI ? “ dit-elle en lâchant sa pinte de boisson alcoolisée fermentée, faite avec de l'orge germée et aromatisée avec des fleurs de houblon.

    Elle ne pouvait le croire. Elle qui avait voué sa vie pour l’Empire, qui avait vu ses camarades mourir pour détruire les ennemis de l’empire, qui avait pleuré la mort de l’Impératrice et passé un temps lamentable à servir de capitaine et avaler des couleuvres après le semblant de paix ?

    C’était la goutte d’eau qui avait fait déborder le vase mental de la rousse. Comment avait-il osé ? Pourquoi ? POURQUOI ? Quel était le projet ? Si ils se mariaient et faisaient des enfants, est-ce qu’une nouvelle nation allait être créée ? N’était-ce pas la fin de l’identité de l’Empire ? Serait-il là la naissance de quelque chose de nouveau ? Qu’en était il de la religion ? C’était là une grave trahison envers Oros, notre divinité. L’Héritier n’était-il pas censé représenter la volonté divine ? Le Tout-Puissant devait être en train de verser ses dernières larmes à l’heure actuelle.

    Elle avait eu un sentiment similaire au départ d’Alma, mais cette fois, c’était un sentiment d’être exilée du pays qui lui venait en tête, c’était comme si ses parents l’avaient rejetée. C’était une émotion qu’elle ne savait pas du tout gérer.

    Trahie, totalement dupée, Vesta prit le temps de s’asseoir un moment. Le temps de digérer tout ça.

    Ce n’était pas possible, l’Empereur avait beau être un peu faible et avoir du mal à s’affirmer, se résoudre à ça était vraiment le summum de la soumission. C’était donc ça un pays qui se faisait doucement mais sûrement transformer en une bande de démagogues ? Où étaient passés l’honneur ? La loi du fort ? L’effort et le mérite ? Était-ce le monde qui était ainsi ? Elle n’avait pas souvenir que les choses étaient ainsi pendant la guerre. Cela devait être dû aux Caldissiens qui étaient une bande de couards sans dignité. Les intrigues et les dramas emplis de mesquinerie étaient davantage leur atout que la force honnête d’Altissia. Mais si l’Empereur lui-même avait succombé, qui restait-il ? Était-elle la seule à trouver cela totalement insensé ? Elle n’imaginait pas de grands guerriers de grandes Maisons Nobles d’Altissia accepter ça également. Mais les faits étaient là.

    Au final, peut-être que c’était Vesta qui était restée, elle, fidèle à ses principes, mais pas le monde autour d’elle. Le monde avait continué d’avancer sans elle pendant qu’elle était cloîtrée loin de tout et en paix dans sa montagne calme et paisible.

    Les mots qui suivirent n’eurent que peu d’importance pour la noble, qui ne pouvait plus rien entendre. Elle était totalement sonnée et incapable de raisonner correctement. C’était la première fois qu’elle ressentait quelque chose de pareil. Comme si tout espoir était perdu, comme si l’espérance qu’elle avait placé en l’avenir, le pari sur le futur, n’avait servi à rien. Dieu la pardonne, mais ce que faisait l’empereur était digne des plus grands scélérats.

    C’est là que les enseignements divins revinrent à la tête de la Rousse. On servait un pays, une idée, pas une personne. Si l’Empereur légitime avait succombé à la tentation, à la faiblesse, alors il n’était tout simplement plus digne de diriger le pays. D’ailleurs, pourrait-on dire qu’il y avait encore un pays ? Si ces deux là se mariaient, alors le pays allait se mélanger en une nouvelle superpuissance. L’Empire cesserait tout simplement d’exister, et avec ça, la les principes de la rousse n’auraient plus aucun sens.

    Elle était vaincue, c’était une totale défaite sur le plan politique. L’Empire disparaissait sans laisser de traces, mélangée avec deux autres nations.

    Qui servir ? Un Empire qui succombe à la corruption des terres chaudes ? C’en était HORS de question. Qu'est-ce qui allait se passer maintenant ? Il fallait rassembler la famille au plus vite pour prendre une décision.

    Totalement désemparée, la Dame de Nyx souhaita que quelque chose se produise, n’importe quoi. Un servant qui toquait à sa porte, un caillou lancé sur elle, un chien qui aboie, un monstre qui débarquait, QUELQUE CHOSE qui pouvait lui permettre de sortir de sa stupeur, son état de choc, et de rétablir son mental.



    Le Dieu Oros devait vraiment exister, car quelques instants après, un Dragon, un vrai, descendit du ciel pour apporter le Chaos à cet évènement.

    Un sourire, presque carnassier, vint s’afficher sur le visage de la femme. Ce chaos soudain était ce qu’il y avait de plus exaltant. D’une part parce qu’elle était fan de dragon et portrait cet emblème familial fièrement dans son dos, mais d’autre part cela lui montrait que MEME LES MONSTRES trouvaient cette union stupide.

    La femme a qui était privée d’action pendant des années put enfin se remettre à chauffer les muscles pour de bon.

    Sans perdre davantage de temps, la rouquine courut dans sa chambre récupérer son épée et ses affaires de combat, avant de partir dans la rue. Elle pouvait laisser ses affaires et ses montagnes de cadeaux pour l’Empereur dans sa suite, il ne méritait aucun d’entre eux et si il restait encore quoi que ce soit après le carnage de ce dragon, ce sera pour le peuple de son duché.


    Dans les rues, l’objectif de Vesta était simple, regagner les écuries afin de récupérer son Griffon pour s’en aller le plus vite possible. Cependant, parmi les gens effrayés dans la rue, elle était la seule à courir à pleine vitesse tout en riant machiavéliquement à haute voix, ravie de voir que le ciel avait puni l’affront que l’Empereur avait pu faire à son propre pays.

    “ WHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAAHAHAHAHA “

    Mais, au fond, on pouvait voir une légère larme couler le long de la joue de la guerrière. Qui, faible d'esprit, avait envie de tout casser, tellement sa colère était grande. Cassant d'un coup de pied un tonneau qui se trouvait devant elle, on pouvait la voir jurer, tout en restant un minimum courtoise, l'Empereur et la situation actuelle.

    Dans cette crise, cette panique intérieure, non pas à cause du dragon, mais de la situation qui la précédait, une lueur dans les ténèbres lui vint alors. Son père lui avait toujours dit que quand on ne sait plus quoi faire et que le désespoir nous guette, se tourner vers la famille était la meilleure de solutions.

    Il fallait rentrer, retourner auprès des siens, ceux qui ne pourraient jamais lui faire du mal, là, elle pourra retrouver un équilibre mental dont elle a cruellement besoin maintenant.

    Cendre devait être dans les parages aussi, peut-être qu'elle cherchait même Vesta, elle avait donné des consignes cependant, en cas de grabuge désespéré, on se rejoignait quoi qu'il arrive aux écuries des griffons.







    Résumé :


    Dernière édition par Vesta S. de Nyx le Jeu 23 Fév 2023 - 22:24, édité 2 fois

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    Ces derniers mois ont été particulièrement pénibles. Travailler jusqu’à l’évanouissement, c’est une marrant, c’est la routine. Travailler jusqu’à faire malaise avec en plus ma daronne sur le dos toutes les 2 semaines, ça me donne envie de brûler des gens. Alma est toujours sur mes côtes depuis des mois. Elle est repartie il y a quelques jours en Altissia et depuis, je suis resté cloitré dans ma chambre afin de me reposer. Irina a du se débrouiller seule. Elle est assez grande pour ça. Alma dit qu’elle vient pour me surveiller, mais je sais très bien qu’elle débarque ici car le monastère Edenweiss la rend paranoïaque, à cause d’Oncle Ernzt. Comme si ce dernier n’avait pas d’espions en Yggdrasil aussi. Donc, pas moyen d’être seul, tranquille, à poil sous sa robe de chambre, je vous jure. Alma ne peut rien prouver pour le moment, mais elle suspecte son frère de préparer un coup contre elle. Rien de nouveau sous la lune, en soi, ce ne serait guère que la 6e fois en 10 ans. Ce qui m’embête dans cette situation, c’est que mes affaires familiales ralentissent considérablement mes recherches.

    Bref, tout ça n’a rien à voir avec l’évènement en cours. J’avais simplement envie de me plaindre du fait que je préférerais mille fois être au lit avec deux gros chiens sur ma couverture, un café et des livres, que regarder deux adolescents moches et boutonneux annoncer leurs fiançailles, le tout devant une audience qui fait très mal semblant d’être émue jusqu’aux larmes. Oros Tout Puissant, aidez-moi à couper le sifflet à ces hullulements de vieilles pintades égorgées. Ah et je ne parle pas des enfants qui courent partout en criant. Les gens savent que tout ça n’est qu’une bête alliance politique, tout de même, non ? Pas de quoi s’exciter. En plus, les concernés tirent presque autant la gueule que moi.

    En ce qui me concerne je ne compterais pas trop sur la durabilité de cette amitié. Les temps sont trop incertains. Mais, j’imagine que les futures guerres de successions qui découleront de cette union nous promettent beaucoup de divertissement et de chaos. Etant en public et en présence de collègues haut placés pour l’occasion, je dois me retenir de bailler de manière très sonore lorsque Gaston intervient. Même moi à son âge, je me débrouillais mieux. En fermant ma gueule. Son discours sur les Sentinelles me fait plisser les yeux, mais de la main d’œuvre pas chère qui fait aussi office de poudre à canon et d’espions contre leur propre camp… j’imagine que ce n’est jamais inutile. Et ce pauvre abruti de Gaston qui a vraiment l’air de penser que ce type d’initiative n’engendrera aucun abus.

    La sécurité de l’évènement est assurée, comme d’habitude. Je suis surpris de constater qu’Enodril n’est pas si incompétent que je le suspectais (mais vous savez ce qu’on dit au sujet de la chance du débutant). Certains le sous-estiment pour son âge, moi, je le sous-estime car il est débile. Entre ça et notre ambassadeur qui sent le chien mouillé (et non, mes propres toutous, c’est pas pareil, elles sentent la rose), je suis bien entouré (non). Mais le travail, c’est le travail. Mon regard balaye les attroupements formés au cœur de la Ville Haute et se pose sur l’architecture de la place, bien nettoyée et surplombée d’un centre de commandement tout neuf. Je sens une tension dans l’air. Je ne sais pas si mon sentiment est bien fondé, sachant que la vigilance est toujours de mise lors d’évènements importants dans cette cité. Nous avons pris l’habitude que les choses partent rapidement en cacahuètes pour un oui ou pour un non, ici…

    Je ne suis pourtant pas devin, mais c’est à ce moment là que le sol se met à trembler. Moi qui cherchais le moyen de ne pas piquer du nez en écoutant Gaston, je suis servi. Les secousses affolent toute la cantonade et les gens commence à courir en tout sens afin de se préserver d’éventuelles chutes. Les enfants pleurent (héhé), les gens paniquent et hurlent des choses que je ne comprends pas trop, sans penser à s’abriter. Passé le coup de la surprise, il faut bien agir, histoire d’éviter des morts et/ou des blessés (ça coûte cher, ces trucs là). Je bouge de ma position, prêt à intervenir et demander à se servir du nouveau centre de commandement comme d’un abri, mais c’est alors qu’un hurlement déchire l’espace, couvrant le bruit et faisant momentanément taire tout brouhaha dans la Ville-Haute. Après un sursaut incontrôlé, je me fige et lève les yeux vers le ciel. Une ombre colossale passe devant le soleil et nous cache la lumière durant quelques instants.

    « Ah. »

    J’ai croisé des grosses bêtes et des colosses d’argiles dans ma vie, mais rien qui n’égale le dragon écarlate qui nous surplombe désormais. Je ne fais pas exception à la règle quand chacun réalise, médusé, à quel point nous sommes petits et faibles face à la créature ailée. Ce serait facile pour lui de m’écrabouiller sous sa patte, comme un insecte. Cette perspective ne m’excite pas trop (et c’est un comble). La population recommence à hurler et s’éparpille. C’est à ce moment-là que j’aperçois des flammes en contrebas et les braises qui se raniment au fond de la gorge du dragon. Je m’abaisse et roule derrière un mur avant de me changer en bon gros steak. Ouf, j’ai eu chaud (c’est le cas de le dire, ptdr).

    La plupart se sont réfugiés à temps derrière les murs du centre de commandement et des bâtisses alentour, d’autre gisent déjà à terre, la vie ayant quitté leurs corps fumants. J’observe avec fascination le dragon perché sur un mur. On fera des recherches plus tard, même si tout cela est captivant et que j’aimerais vraiment beaucoup disséquer cette grosse bête pour voir si l’artefact n’est pas à l’intérieur. Caché derrière mon mur en attendant que les trombes de flammes cessent de s’abattre, je feuillette mon petit carnet de notes et tente de me remémorer les prophéties et légendes locales qui parlent d’un gros dragon rouge… sauf qu’il y en as des tas, super. Je repense à ces histoires de dragons gardiens. Je n’ai pas pu étudier toutes ces légendes comme je le voulais, malheureusement. Aussi je n’ai aucune fichue idée de comment chasser ou négocier avec ce dragon, car il n’a pas l’air de vouloir partir. J’inscris tout de même dans mon callepin d’aller trouver des manuscrits sur le sujet et de retourner interroger les natifs.

    Mais tandis que je me concentre, une idiote se met à hurler de rire comme une démente et tabasse un pauvre tonneau juste à côté de moi. Je me retourne vers elle et lui offre mon plus bel air blasé. Vraiment ? Il y a vraiment des gens qui devraient apprendre à moins s’exposer de la sorte. D’accord, vu ma nature suicidaire et ma tendance à bruler un peu tout le monde (moi compris) dans ma propre folie, mes commentaires ne sont pas exactement bienvenus. Je me lève et m’éclaircis la gorge en allant vers la dame vêtue d’habits qui ne laissent pas beaucoup de doutes sur son appartenance à la noblesse altissienne et à l'armée. Sans quitter mon abri pour autant, je tente de m’adresser à elle.

    « Madame. Si votre plan est de vous faire griller sur place, vous vous y prenez très bien. »

    Mon ton est aussi neutre que mon visage. Peut-être un peu supérieur quand même, mais eh, on ne se refait pas. Tant qu’à s’énerver sur le décor, autant le faire à l’abri, non ? C’est tout de même intrigant qu’elle ait l’air plus agacée que vraiment paniquée par les évènements. Mais trêve de bavardages. Les flammes commencent à dévorer les entrées du bâtiment derrière lequel je me suis caché. Les gens hurlent et des incendies commencent à se déclarer un peu partout. Ça va que les flammes, c’est mon domaine. D’un geste de la main, j’attire des flammèches à moi, libérant l’entrée du bâtiment en proie aux flammes et fait signe aux civils ainsi libérés d’aller se réfugier dans le centre de commandement. Il faut bien que je fasse un peu mon travail en faisant semblant d’avoir quelque chose à faire de la population. Mais s’ils font n’importe quoi, je ne suis pas responsable. Les flammes s’accumulent dans le creux de ma main levée, blanchissent au contact de ma magie. Lorsque j’ai assez de feu entre mes mains, je peux redistribuer les follets en arc de cercle autour de mon périmètre et les modeler de manière à former des barrières incandescentes qui s’enrichissent en absorbant les autres petits feux présents aux alentours. Je ne pourrais évidemment pas absorber des quantités de flammes comme celles crachées par le dragon et me contente donc d’abriter le chemin de quelques civils jusqu’au centre de commandement. Une fois que les gens se seront bougé les miches, on pourra enfin s’intéresser de plus près au gardien qui nous surplombe.

    « Sortir de ce quartier va être difficile avec ces mouvements de foule et les incendies. Je vais tenter d’approcher le dragon pour trouver son point faible. Vous voulez venir ? »

    Sous-entendu : « j’aimerais qu’Altissia mette la main en premier sur cette grosse bête pour pouvoir éventuellement faire mes recherches à son sujet tranquille peinard. Donc aidez moi et vous aurez la gratitude éternelle du Cardinal. »

    Résumé :

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    Helmut se fout de ton avis et méprise ton existence en #333399

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    Sur Yggdrasil, on sait désormais que tout peut arriver. Sans dire que les habitants se sont habitués aux événements imprévus et parfois dangereux, on ne peut pas dire qu'ils en sont à leurs coups d'essais. Les tensions ne manquent pas de se rouvrir d'un jour à l'autre à la moindre révolution. Lorsqu'on débarque dans la cité pour la première fois et qu'on ignore tout de l'ambiance générale qui règne entre les peuples, on pense que la vie y est prospère et que le traité de paix a amené une quiétude durable sur la cité que les échanges entre les civils des différents pays font perdurer. Même si on lui a raconté les péripéties qu'a connu la ville depuis son réveil, cela n'a pas empêché le plus jeune fils de l'Ambassadeur Altissien de vouloir poser les pieds sur cette terre sacrée et légendaire dont il n'avait entendu parler que dans les livres d'histoire. C'est le regard brillant qu'il a pénétré sur ce lieu plein de promesses, le cœur gonflé d'espoir et de curiosité. Et lors de la première semaine, il ne fut clairement pas déçu. La cité grouille de vies et impressionne par son mélange de cultures qui ne la fait ressembler à aucune autre ville du monde. Soren n'a pas fini d'en faire le tour. Au moins, sa vie à l'Académie Magique dans laquelle il occupe une chambre au pensionnat lui permet d'être davantage indépendant que lorsqu'il habitait sous le toit de ses parents à Altissia ; même si au début, il avait bien du mal à se faire à la solitude, lui qui s'était accoutumé à toujours être entouré de sa famille nombreuse. Même la présence de Sofia lui manque, mais il a promis de lui écrire aussi souvent que possible.

    Une chose qu'il est sûr de lui raconter au moins : les événements du jour. Par l'intermédiaire de son père, même si l'adolescent savait qu'il y avait des fiançailles annoncées entre Gaston et Camélia, ça ne l'empêchait pas de se trouver intimidé par le monde rassemblé sur la grande place où se tient le discours des souverains. Les yeux de Soren se posent sur son parrain mais surtout sur son père qui se tient fièrement près de leur empereur. Avec son poste, c'était certain qu'il serait non loin de l'héritier. Même s'il ne le crie pas sur tous les toits, il est très fier que son papa ait un rôle aussi prestigieux. Pour des raisons évidentes, son cadet n'a pas pu se tenir à ses côtés sur l'estrade, mais il a pu avoir quand même une bonne place pour écouter les déclarations du jour. Naïf et loin de comprendre les enjeux politiques qui sont décriés aujourd'hui, le jeune bleu comprend seulement que Caldissia et Altissia seront réunis sous une même bannière avec cette histoire de mariage ; pour lui, c'est donc une bonne chose et il ne saisit pas pourquoi certains personnes ont l'air opposées à cette décision. Aux yeux du magimorphe, cela voudra juste dire que ses proches arrêteront de sacrifier leurs vies pour rien, alors il ne voit pas le mal. Il ne se rend pas compte non plus du rôle des Eossiens là-dedans, mais il trouve ça bien que les natifs puissent devenir des chevaliers s'ils le veulent. C'est un prestige d'être un chevalier, après tout, non ? Du moins, c'est ainsi qu'il le voit. Il n'a visiblement pas inclus dans son esprit que les Sentinelles ne seraient en rien comme les soldats de sa famille.

    Le soleil est radieux. Il assiste de ses propres yeux à une cérémonie importante. Pour lui, rien ne pourrait mal se passer, et il a déjà hâte d'aller retrouver Faust afin de lui poser des tas de questions. Mais, au moins, Soren comprendra vite que les choses sur Yggdrasil ne se passent pas toujours comme prévu.
    Comme les autres, il est surpris par les brusques tremblements du sol qui le font sursauter. Pourtant, il ne s'agit pas vraiment d'un séisme, contrairement à ce que certains commencent à prétendre autour de lui. On dirait des coups de tonnerre, dans un ciel pourtant clair. Par réflexe, le jeune Donovan s'accroche à une des rambardes. Il écarquille les yeux et retient sa respiration lorsqu'il aperçoit la source du bruit qui s'élève dans le ciel et leur cache la lumière céleste. Un dragon noir d'une taille impressionnante pousse des grognements en fixant les habitants en contrebas d'un air mauvais. Son cœur bat à cent à l'heure. La panique le prend alors qu'il comprend sans mal que ça ne fait pas vraiment partie de la cérémonie.

    « P... Papa !.. »

    Mais son père est bien loin physiquement de lui et il ne peut pas être à plusieurs endroits à la fois. Désemparé, le petit dragon qu'il est décide d'imiter le mouvement de foule et de courir dans un abri sûr. L'agitation le fait toutefois emporté dans la masse humaine et il se fait bousculer de tous côtés, n'arrivant plus ni à marcher, ni à voir ce qu'il a devant lui. Trop de couleurs, trop de sons, trop d'odeurs, trop de formes qui bougent dans tous les sens dans une cohue désorganisée et chaotique. Il se fait projeté dans un coin et évite, de justesse, une gerbe de flammes arrivant dans sa direction en se protégeant derrière un rocher. Mais s'il est sauf du flot d'individus, il se retrouve à présent isolé dans un endroit qu'il ne connaît pas et sent le dragon s'approcher de plus en plus de la place. Son corps tremble mais impossible de bouger car ses jambes ne répondent plus et ses yeux s'embuent de larmes qu'il peine à contrôler. Sa poitrine semble produire un bruit plus tonitruant que jamais lorsque, tout à coup, il sent juste au-dessus de lui un souffle chaud et rauque caresser ses cheveux. Le dragon est tout près.

    Résumé :

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    Que tout ce fatras ridicule se fasse sous l’œil de leur Gardien avait quelque chose d'insultant et d'ironique à la fois.
    D'un œil méfiant, il observe la scène sans un mot. Sans avoir pris place dans la foule, il n'est toutefois pas auprès de ses camarades qu'il sait non loin de là ; pas cette fois-ci. A l'écart dans une ruelle, il observe la place sans s'y aventurer ni sans désirer qu'on le voit, le visage couvert par une cape. Vu la tension des gardes, il valait mieux éviter qu'un moine éossien ne se balade dans les environs : et il était presque sûr que les siens ne seraient pas non plus ravis de l'y voir y assister comme si il se mêlait aux altissiens et caldissiens. Même en tant qu'éclaireur, il n'en voyait pas l'intérêt. Il estimait avoir mieux à faire et organiser que de faire un peu de vacarme lors d'un discours, n'étant en plus de ça pas tant intéressé par son contenu.
    Quelles coutumes dégoûtantes.
    Il ne retient pas une grimace révulsée par l'annonce du mariage à venir. Même pour des questions politiques, qu'il a déjà bien du mal à entendre, il ne peut pas s'empêcher de trouver ça d'un goût on ne peut plus discutable. Il n'a pas envie de s'y attarder, toutefois. Il était simplement venu par curiosité et méfiance face à de potentielles annonces, encore plus au vu du nombre de militaires présents. Brièvement, son regard cherche un visage ou deux, quoique davantage un seul. Ne le trouvant pas, il se dit qu'il ne s'attardera pas bien longtemps, sans vraiment interroger le fait que la conclusion lui semble parfaitement logique.  
    J'en ai assez vu.

    La suite, toutefois, l'en empêche. Il avait fait un pas de côté, avant qu'il ne s'arrête, détournant le regard vers la silhouette maigrelette de l'empereur altissien en train de bredouiller des explications bien peu convaincantes. « Explications » étant un terme particulièrement généreux.
    … C'est une plaisanterie ?
    Ses sourcils se froncent. Son regard se fait plus dur, ses épaules se crispent brutalement. Une houle froide et brûlante dans la poitrine, sa main droite se serre avec colère contre sa taille. Quelque chose dans sa gorge lui donne envie de crier. De grogner, de beugler de frustration et d'indignation.
    Nous n'avons pas besoin d'armes, nous avons besoin que vous nous foutiez la paix !
    C'est trop pour ses nerfs. Il regrette, soudainement, de ne pas avoir rejoint ses camarades éclaireurs quand il le pouvait encore : peut-être que dans le fond, ce petit cérémonial aurait bien mérité d'être dérangé. Peut-être que dans le fond...
    Peut-être que dans le fond, la terre aurait mérité de trembler, aujourd'hui. Et il ne croit pas si bien penser.

    Les secousses le prennent de court. Son corps tangue et il ne doit de rester droit qu'à son bras qui le retient contre le mur. Sa tête se relève, ses yeux, comme par réflexe, cherchent la source vers la place. Un frisson froid et désagréable lui remonte dans la nuque, comme pour aller avec le nœud qui se forme dans ses tripes. Un pressentiment désagréable, comme si une partie de son instinct lui hurlait de s'enfuir loin d'ici, sans même qu'il n'ait encore perçu la source du danger. Il ne l'a pas vu, mais il sent qu'il existe. Il ne fait pourtant pas le moindre sens.
    Épouvanté, sa bouche s'ouvre sans qu'un son ne sorte lorsqu'il reconnaît la statue sous laquelle il a tant de fois prié commencer à bouger. Elle bouge, elle vit, elle rugit. Elle rugit et détruit sans regard pour ce qui se trouve d'elle, sur qui elle dirige sa colère. Stupéfait, il peine à réagir sur l'instant. Il reste complètement immobile, comme paralysé de voir cette légende de son enfance brûler et écraser sur son passage.
    Pourquoi est-ce que notre gardien...

    Sa pensée ne se termine pas. Il n'en a pas le temps. Comme pour le rappeler à la réalité, des gerbes de flammes tombent non loin et le forcent à protéger son visage avec ses bras, sentant la chaleur d'ici.
    Bouge, crétin !
    Il lui fallait ça pour saisir, au moins, qu'il n'a pas le temps de se poser des questions et de s'interroger sur le sens de ce qu'on lui a toujours appris.

    Tout se passe vite. Il sait qu'il doit fuir, mais pourtant, ses pas refusent de lui faire faire marche arrière. Son regard, malgré lui, reste posé sur la foule. Une foule de dignitaires et de nobles altissiens et caldissiens, bien différent des siens. Radicalement différents. La plupart n'hésiteraient pas à les envoyer à la mort ; la plupart avait même applaudi l'idée.
    Laisse-les là. Laisse-les là.
    Et pourtant...

    Ses jambes bougent d'elles-même. Il ignore comment. Il ignore même pourquoi, à vrai dire. Il a suffi d'une silhouette apeurée, d'une ombre écrabouillée par la crainte. Mais ses muscles bougent malgré la peur qui lui vrille le ventre et emplit sa poitrine. Le dos tourné à la bête et à son souffle qu'il sait fatal, ses ailes se dressent dans son dos et soulèvent sa cape comme pour former un manteau blanc, presque aveuglant. Son corps n'a pas changé, pourtant. Il n'a pas besoin de ses crocs ou de ses griffes aujourd'hui. Son cœur tambourine dans sa poitrine, ses jambes tremblent un peu.
    À ce moment-là, précisément, il est terrifié par l'idée de mourir.

    « Debout ! »

    Sa voix quitte sa gorge par il ne sait quelle manière. Son regard se porte sur la petite silhouette juste en dessous de lui, terrorisée et visiblement paniquée. Sur un gamin comme il en éduque des dizaines. Sur un gamin qui ne devrait pas être là. Son expression est plus grave, plus sévère qu'elle ne devrait l'être. Mais il le sent : il n'a pas le temps.

    « Allez, cours ! »

    Même sa voix est plus stricte. La pression augmente dans son dos. Une grimace s'étire sur ses traits. Le feu brûle trop. Sa jambe s'incline et manque de faiblir, flagelle malgré lui, malgré sa volonté, malgré son désir de vivre. Il ne lui reste pas beaucoup de temps. Et après ? Une fois que le gamin aura fui ? Sa barrière va lâcher. Il sera trop tard pour courir. Après...
    Il ne sait pas. Il ne sait pas, mais il ne bouge pas.

    Résumé pour les flemmards :


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    Natsu grogne et fixe des fleurs en #8A4B08

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      Basmath laisse une grande inspiration entrer dans ses poumons, avant d’expirer longuement. Aujourd’hui, c’était une grosse journée pour le monde. Pour le meilleur et pour le pire. Elle pouvait le sentir dans ses veines, à chaque gros rassemblement du genre, il semblait toujours y avoir quelconque catastrophe qui explosait. Mais peut-être pas cette fois.

      Grâce à ses exploits pour avoir empêché la ville-haute de tomber en cendres l’année dernière, Basmath était passée de Lieutenante à Capitaine. Et en tant que Capitaine, elle ne pouvait pas manquer une telle célébration, que ce soit simplement pour protéger la Reine de Caldissia.

      Dans les derniers mois, Basmath avait beaucoup travaillé sur ses problèmes internes. Son anxiété, son syndrome post-traumatique, sa dépression. Elle sentait que sa vie commençait à se solidifier, finalement, après tant d’années. La mort violente de son ancienne copine restait toujours gravée dans sa rétine, mais les sessions de thérapies avec Mme. Yukimura semblait beaucoup aider. En tout cas, c’est ce qu’elle croyait.

      Il fallait dire, aussi, que le fait que sa petite soeur, Judith, soit revenue dans sa vie a beaucoup aidé. Les débuts ont été difficiles et la soldate n’avait aucunement pu la blâmer pour ça, mais maintenant…. Maintenant ça semblait déjà mieux. Il fallait aussi qu’elle accepte cette… Malédiction de lycanthropie qui serait avec elle jusqu’à la fin de ses jours, mais une chose à la fois.

      Une chose à la fois.

      La tête haute, Basmath se tenait (avec d’autres militaires) non-loin de la Reine, alors que, accompagnée de l'empereur d’Altis, tous les deux faisaient leur propre discours. La matte n’avait pas pu s’empêcher de jeter un regard vers Camélia. C’était un mouvement qui allait créer, très probablement, un énorme chaos chez les nobles des deux pays. La louve-garou n’avait aucune idée comment réagir face à cette nouvelle, honnêtement.

      Mais pas vraiment le temps d’y penser plus que ça que Basmath fronce les sourcils lorsqu’ils mentionnent les Sentinelles. Même si elle n’était pas contre le fait de les aider à pouvoir se défendre, elle n’était pas certaine que cette faction allait vraiment être…. Hm.

      Et presque de manière théâtrale, comme si quelconque pouvoir divin n’attendait que ça, la terre se met à trembler. En une fraction de seconde, c’est le chaos. Un dragon qui crache du feu, tout le monde qui hurle et la panique totale.

      Alors Basmath fait ce qu’elle fait le mieux: elle laisse ses instincts la diriger. Protéger la Reine, c’était le plus important. Elle donne ses ordres à ses subordonnés, les mages faisant une barrière magique pour protéger leur souveraine, alors qu’une escorte s’occupait d’apporter Camélia dans un endroit sûr… Si ça existait encore, avec ce dragon.

      Et alors que Basmath s’apprêtait à suivre ses hommes et la Reine, son regard rouge aperçut deux personnes dans une très mauvaise situation. Un magicien qui tentait de protéger un adolescent.

      Elle ne put s’empêcher de partir à grande vitesse vers eux. La Caldissienne dégaine sa massue presque comiquement grosse (les autres elles brisent trop facilement avec sa force) et, utilisant de son momentum, la lance de toute ses forces sur la tête du dragon pour attirer son attention, ainsi que de le blesser.

        « HEY!!! »


      Son cœur bat à toute vitesse, elle est prête à se battre contre cette énorme créature. Prête à se transformer en louve-garou, s’il le faut.

      Ce qui sera probablement le cas. Ses dents commencent déjà à changer.



    Résumé :

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      Contente, Kardia laisse un sourire s’étirer sur ses lèvres en applaudissant doucement. Un mariage ? Ça devait être important, puisque tout le monde était rassemblé ainsi, devant eux. Kardia ne comprenait pas trop ce qui se passait. Il y avait beaucoup de bruits environnants, elle était loin derrière. La religieuse était allée chercher quelques fruits et légumes au marché et en revenant à la Ville-Haute, s’était retrouvée dans un bouchon de gens. Qui semblaient tous regarder dans la même direction.

        « Oooh……… »


      La jeune femme essayait de se frayer un chemin au travers des spectateurs, doucement, écrasant par mégarde, les pieds de quelques gens. Mais elle s'en rend à peine compte. Elle aimerait vraiment rentrer au monastère Oroniste.

      Ses amis lui murmurent beaucoup de choses. Elle s’excuse, leur sourit, hoche la tête. Non, pas comme ça. Oui. Attends un peu. Elle rit, elle fait un non de la tête. Personne ne lui parle.

      Quand le sol se met à trembler, Kardia perd l’équilibre et tombe par terre. Son panier de fruits et légumes s’étale un peu plus loin, mais il est quasi immédiatement piétiné par gens. Ça crie, ça se bouscule. Kardia est poussée dans tous les sens. Elle ne comprend rien, elle ne sait pas ce qui se passe. Son souffle devient court, elle regarde autour, des yeux, tous les yeux sont sur elle, et il y a un monstre. Un grand monstre qui vole et qui la regarde dans les yeux et qui… Il lit ses pensées. Oh non oh non oh non pas ça. Pas les pensées. Kardia met ses mains sur ses oreilles pour empêcher ses pensées de s’enfuir de sa tête. Elle se recroqueville sur elle-même, paniquée. Le monde autour d’elle devient de plus en plus noir, elle est encore bousculée par tous les passants, mais elle les remarque à peine au travers des murmures, des paroles et des cris qui fusent à ses oreilles.

        « A-aa-à l’aide….. »


      C’est tout ce que la coquerelle arrive à dire ou à faire. Elle tremble comme une feuille. Elle se sent enfermée, elle sent sa réalité se fermer autour d’elle. Les bruits sont sourds. Les pensées sont lointaines,

      Kardia veut rentrer chez elle à Altis.



    Résumé :

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    Event 3

    Aëden ft. Le Dragon


    Aëden était différent d’il y a cinq mois, plus robuste, moins méfiant. Il comprenait, peu à peu, ce qui se déroulait autour de lui, sans pour autant en saisir les enjeux. Tout cela restait très vague, à ses yeux. Mais le louveteau avait une famille, dorénavant, sur qui il pouvait compter. Théodule, Olaf... Ils étaient tout pour lui. Il s’était fait la promesse de les protéger, pour continuer à les entendre se chamailler... C’était donc naturel pour lui de les accompagner lorsqu’ils le souhaitaient. Tantôt pour faire le tour des marchés, une des activités favorites du plus jeune, tantôt pour simplement se balader. Aujourd’hui, c’était différent. On lui parlait de grandes choses abstraites, on lui murmurait que l’Empereur parlerait, quelqu’un de très important, aux côtés de la Reine de Caldissia... Aussi quelqu’un de très important ! Alors, avec un haussement d’épaule, il avait accompagné les deux gobelins, les mains dans les poches.

    Sa blessure au visage avait bien cicatrisé, laissant tout de même une vilaine marque qu’il portera à vie. Ainsi, il ne voyait plus trop l’utilité du bandage, préférant assumer sa trogne. Il s’était un peu mieux habillé que d’habitude, adoptant un t-shirt plus ajusté, un pantalon neuf et des souliers propres. Théodule restait fidèle à lui-même, toujours aussi bien vêtu, ce long sourire professionnel accroché au visage. Il avait grandi, le loup-garou, mesurant près d’un mètre soixante-douze, étant donc bien plus grand que ses deux acolytes. Il resta sage le long du discours, n’écoutant pas réellement ce qui se racontait. Il n’en avait pas grand-chose à faire. Il s’intéressait aux odeurs environnantes. Il avait appris à un peu mieux maîtriser son flair, il lui arrivait de pouvoir distinguer les émotions rien qu’à travers les odeurs.

    Mais derrière tout cela, il y avait aussi les arômes alléchants de la nourriture que certains vendaient, ci et là. Puis, tout à coup, il sentit une étrange sensation. Ses poils se dressèrent, comme s’il arrivait à pressentir quelque chose de lointain, de presque enfouit... Il chancela soudainement, le sol tremblant alors sous ses pieds. Il se tourna, tentant de comprendre d’où cela pouvait-il bien provenir. Puis, tout à coup, il comprit. Dans le ciel, une bête terrifiante déployait ses ailes. Elle était remplie d’écailles, avait de longs crocs et surtout... Elle crachait d’énorme jets de flammes. Le bruit est tel que pendant un instant Aëden dû se couvrir les oreilles, pris de grands acouphènes. Lorsqu’il revint à lui-même, il se rendit compte que les mouvements de foule l’ont fait s’éloigner de Théodule et Olaf.

    La panique germa en lui. Non pas par peur d’être blessé ou attaqué par ce monstre, mais parce qu’il redoutait que quelque chose soit arriver à sa famille sans qu’il n’ait rien pu y faire. Soudainement, un son se distingua, un hurlement par-dessus les autres. Celui de Théodule. Le loup s’engouffra dans la foule, n’hésitant pas à parfois pousser ceux qui lui bloquait le passage. Lorsqu’il arriva, il n’eut même pas le temps de crier. Olaf pris feu. Il resta stoïque, incapable de bouger, comme paralyser par ce qu’il venait de voir. Comme une malédiction, il entendait son père lui parler, dans son esprit, lui hurlant d’être fort, de se comporter comme un homme. Ses canines se mirent alors à grandir, à l’instar de ses ongles qui devinrent des griffes acérées, des poils poussèrent sur son visage et ses bras. Il n’était pas totalement transformé, mais en bonne partie. La colère l’avait poussé à cela. Sa voix était plus grave, aussi.

    « Théodule ! Reste avec tonton, je vais trouver quelqu’un. Si le monstre approche, cours. »

    Il fit volte-face, grognant sur le dragon qui volait autour de la place. Il lui fallait quelqu’un qui pratique la magie blanche... Quelqu’un qui sauverait la vie d’autrui, simplement parce qu’il pense que cela est bien. L’homme de la forêt ! Plusieurs mois auparavant, Aëden avait rencontré quelqu’un, dans une clairière, qui l’avait sauvé sans se soucier de qui il était. S’il pouvait le trouver ici, alors il pourrait peut-être sauver Olaf !

    Il parcourrait l’endroit, enjambant ceux qui trébuchaient ou étaient touchés. Il courrait à en perdre haleine. Ses yeux, qui voyaient mal de base, étaient encore plus floutés. Comme s’il... Comme s’il pleurait. Non, c’est impossible... Je n’ai pas le droit ! Il secoua sa tête de droite à gauche, et il aperçut un signe de magie... Une barrière qui bloquait le feu. Derrière quelqu’un qui semblait être une autre louve-garou, il le trouva. Il bondit vers lui, attrapant l’enfant au passage, pour leur faire esquiver le jet de flammes. Il s’assura de maintenir le plus jeune pour qu’il ne tombe pas au sol.

    « J’ai... J’ai besoin de toi. S’il te plaît. Il y a... Mon... Mon tonton et mon papa, s’il te plaît. Tu as dit que tu aidais les autres ! J’aiderai le petit, mais sauve Olaf. S’il te plaît. »

    Les larmes menaçaient de s’écrouler sur ses joues. Tout ce qu’il avait construit commençait à s’écrouler... A cause de ce dragon. Sa mâchoire se serrait, il tentait de se contenir, par peur de se transformer entièrement... Et si ça arrivait, il deviendrait aussi violent que la bête dans le ciel.

    Spoiler :
    agora

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    J'ai l'air con.

    Mais naaaan t'es smexy comme ça grand gris.

    Genre je le suis pas avec mon ar-

    Tutututut je veux rieeeen entendre !

    Cette scène de ménage, c'est Conan et Medusa qui, étonnement, viennent participer de loin à l'événement. Ca pourrait être normal si Conan n'était exceptionellement pas dans son armure. Il faut dire que ces 5 derniers mois, à défaut d'avoir pu entrer en contact avec les éclaireurs, il a pas chômé. Encore et toujours recherché par les autorités pour avoir kidnappé un noble (et humilié le général caldissien mais il vaut mieux pas le lui rappeler), il a dû se créer une identité publique avec, ironiquement, son vrai nom. Aux yeux du public, c'est Dante, fleuriste qui connait son métier à défaut de connaitre ses prix qu'on voit soit le matin soit le matin soit l'après-midi. Mais lorsqu'il porte l'armure et casque, c'est Conan, nouvel arrivant chez les mercenaires qui s'est très vite taillé la réputation d'être bien plus prolifique que la moyenne, qu'il soit payé ou non. Allez savoir pourquoi, les autorités ne l'ont pas encore reconnu. Bon, c'est peut-être aussi parce qu'il s'est fait une nouvelle amie borgne qui n'est certainement pas Ayako et qui ne s'occupe absolument pas de calmer tous les officiers qui commenceraient à regarder de trop près. Oh et il y a Medusa, une apothicaire qu'il connait depuis son réveil après la chute de son clan. Le hasard a fait qu'ils se sont retrouvés à Yggdrasil et maintenant, elle fait du mieux qu'elle peut pour l'empêcher d'aller trop loin pour son propre bien. En plus de s'occuper de Daisy qui a finalement eu sa portée de chiots. C'est pour ça d'ailleurs qu'elle est bien au chaud chez Medusa.

    La même Medusa qui a décidé de l'embarquer de force à l'événement. Pire encore, elle l'a poussé à venir bien habillé et désarmé. ...Enfin presque. Il a réussi à garder la panoplie de cuir sous tout ce tissu m'as-tu-vu. L'emmener voir la situation de lui-même puis passer un bon moment "relax". C'était le plan.

    Conan observe sans joie tout ce qui se passe. Bon, il faut dire que le concept de royaumes et politique, ça lui est encore bien étranger.

    Ok pour la reine mais c'qui lui?

    Gaston le nouveau roi.

    J'ai connu un Gaston, il mangeait 49 oeufs par jour pour s'entretenir.

    Dante, les gens normaux ne mangenant pas 4 douzaines d'oeufs par jour...

    Nan 49, pas 4 douzaines.

    Medusa qui entre-ouvre la bouche, parrée à lui pointer l'erreur mais voilà que la nouvelle reine de Caldissia prends la parole. Et la nouvelle tombe comme un marteau. Les deux régents vont se marier. Conan jette quelques coups d'oeils ici et là, visiblement tout le monde a l'air...divisé. Lui non, il vient tout juste se pencher sur le côté, vers Medu'.

    J'ai pas compris

    Huuuuuum...Tu vois les traditions de tournoi et titre de ton clan?

    Hmhm?

    C'est pareil mais entre deux factions différentes.


    On place des novices sur un poste pour forcer une alliance entre deux camps dont plusieurs grandes pompes souhaitent l'inverse?

    C'eeest pas comme ça que j'l'aurais formulé mais oui.

    Sans démonstration de force, ça tiendra pas.

    Dante c'est pas comme ça que ça mar-

    Mais vient l'autre petit roi pour prendre la parole. Et là par contre, Conan il a comprit.


    'Conditionnent l'ennemi à se soumettre en plus de les diviser de l'intérieur

    Et c'est dégueulasse.

    C'est efficace.

    ...

    J'ai accepté ton truc de rien faire ces derniers mois et regarde ce qu'il s'pas- Dante pas devant tout le m-

    Mais l'arrivée de grandes secousses et vaccarmes viennent secouer littéralement la "fête". La grande statue draconique de la place qui se met soudainement à devenir un énorme dragon taille réelle. Absolument pas le temps de diverger une seconde de plus, le cerveau de Conan se remet en mode action. Pas plus de temps à perdre. Il embarque Medusa plus loin pour esquiver les premiers jets de flammes.

    Ca va?

    Dante ton bras br- Dit-elle alors qu'il arrache le bout de vetement qui était entrain de prendre feu. De suite, Conan la relève, vérifiant qu'elle n'a rien. Sa main et demie sur les épaules de la rousse, il reprends la parole.

    Med', repli à la boutique. Je veux des po-

    Sa bouche s'arrête d'un coup. Lui qui regardait Medusa, voilà que ses yeux se perdent ailleurs, plus loin derrière. Lui qui était si sûr de lui il n'y a même pas une seconde, son air vient de changer du tout au tout. Ses yeux s'ouvrent grand, ses iris sans pupilles se dilateraient presque sous le choc. Sa  gorge se contracte jusqu'à ne plus être capable de sortir le moindre son alors qu'un frisson vient lui secouer tout le corps.

    Juste plus loin, derrière, il y a

    Un fantôme.

    Un fantôme qui a hanté ses cauchemars pendant deux ans maintenant.

    ...Ramène tout- Avant de se mettre à courir sans se retourner une seule seconde. Juste Medusa confuse et incapable de comprendre ce qui vient de lui prendre.

    I-ic-Hey ! DANTE REVIENS !

    Il est partit et ne reviendra pas.

    Plus rien n'existe. Juste lui et la silhouette blanche qui parait plus proche mais toujours trop loin à chaque seconde. Il ne voit que ça, ne pense que ça. Il a eu le temps de voir le visage, même avec sa myopie. Il peut la reconnaitre d'entre milles. Rien ne comptait jusqu'à ce qu'un autre jet de flamme s'apprête à jaillir dans leur direction.

    Tout qui se rejoue dans sa tête. Le chaos, le vaccarme, la catapulte, les pierres qui s'étaient écroulés sur elle, et la douleur d'une main broyée. Mais pas cette fois. Son poing n'est plus là mais il sait qu'il le serre de toutes ses forces. Il court plus vite, quitte à perdre de plus en plus l'équilibre.

    Le feu arrive, Il arrive juste à temps pour tenter de la prendre et, tout arrive vite. Le feu ne les a pas atteint un tas de débris se propulsent dans leurs direction sous la force du jet. Les deux se retrouvent propulsés au loin et traversent une fenêtre.

    Une petite poignée de secondes passent et Conan se redresse, un genoux à terre, les morceaux de verres et de pierres tombant de son dos et épaules. Un craquement d'os tout le long du geste. Ca fait mal mais il a encaissé, et il s'en fout. Tout ce qu'il lui importe, c'est ce qu'il a devant les yeux. Et ses yeux ne l'ont pas trompés. Le visage, les traits, les yeux...

    C'est elle.

    Pas un mot, pas une pensée. Juste lui qui regarde, sans savoir quoi faire ou quoi dire. C'est beaucoup trop irréel et soudain. C'est le chaos dehors, mais tout de suite, le temps n'existe plus.
    Juste, sa prothèse, qui vient se poser sur la joue de la coquerelle.


    Résumé :

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    Le Gardien
    avec du mooonde



    Morticulus a l’air absolument ravi d’apprendre les fiançailles des souverains d’Altissia et de Caldissia. En bon garde du corps, Thirésias se tient non loin de son invocateur et roule des yeux en serrant les dents. Ah, qu’il préférerait se trouver avec les éclaireurs, actuellement. Ces derniers mois, l’emplumé a réussi à resserrer ses liens avec les rebelles eossiens. Naevy’s, son rival d’enfance, lui a montré la voie. S’il n’a pas pu pleinement participer aux actions des éclaireurs, car il ne pouvait se permettre d’éveiller les suspicions de son invocateur, Thirésias a tenté d’aider comme il le pouvait. En échangeant quelques informations sur des nobles caldissiens et leurs agendas. En donnant des cours de tir à l’arc à quelques novices avec Naevy’s. Bref… aujourd’hui était une occasion pour les éclaireurs d’agir et de rappeler leur présence, surtout après la nouvelle idée farfelue annoncée par le souverain altissien.

    Les sentinelles… vous voulez plutôt dire, cet horrible projet qui consiste à nous utiliser les uns contre les autres ? Egalité des chances, tu parles. Laissez-moi deviner… quand les choses dégénéreront à nouveau à cause de cette idée fumeuse, ce sera encore et toujours de la faute de eossiens ?

    Les mots prononcés par Gaston Ier rendent cette histoire de Sentinelles encore plus écœurante aux yeux du cocatrix. Croisés dans son dos, mains se replient sur elles même. Ses poings lui font mal lorsqu’il se contient pour ne pas grogner et éclater de colère. Sa patience est mise à rude épreuve depuis quelques temps. En arrivant à Yggdrasil, il y a quelques mois, Thirésias était probablement plus souple, plus enclin à essayer de comprendre les elysians. Enfin, il était surtout concentré sur l’idée d’être à nouveau accepté chez les eossiens et de leur venir en aide. Sa colère personnelle était ainsi mise en second plan. Il pouvait s’occuper des autres pour éviter d’avoir à creuser dans sa propre tête et tomber sur tout ce qui bouillonne en lui depuis des mois.

    En ruminant, Thirésias ne se rend pas tout de suite compte que Morticulus s’est mit à sourire lorsque l’Empereur d’Altissia a parlé des Sentinelles. Le vieux mage hoche la tête et se joint aux applaudissements, en marmonnant des « oh très bien, ça… oui, c’est très bien… ». Les écailles du gros poulet se hérissent. Un très mauvais pressentiment l’envahit.

    … Je le sens pas, là, ce vieux grincheux de nécromancien. J’ai envie de penser qu’il oserait pas m’envoyer chez les Sentinelles et en même temps… Il a tendance à être imprévisible.

    L’emplumé secoue la tête et se force à penser à autre chose. Tout sauf ça.

    Puis, soudain, le tremblement de terre. Le gros poulet, bien qu’appréciant les caprices de la terre d’habitude, lâche un « cot-codaaaaaak !! » de surprise et saute en l’air. Morticulus, pour sa part, tombe sur le sol et commence à dire que c’est la fin, que c’est encore les éclaireurs qui viennent essayer de le tuer lui et toute la noblesse et les « gens qui font vivre ce continent ».

    Si seulement, Mortic’, si seulement.

    Malheureusement, Thirésias ne pense pas que les éclaireurs aient le pouvoir de provoquer de telles secousses.  Ou même de…

    Ramener un dragon ?!

    L’emplumé ne réalise pas tout de suite, ne fait pas tout de suite le lien avec les légendes et vieilles histoires qui ont bercé son enfance et laissé rêveur toute son adolescence. Ses yeux s’écarquillent en reconnaissant les traits du gardien, du moins de la statue du gardien qui se trouvait autrefois dans le temple de la ville haute et que les Elysians ont jugé bon de déplacer sur la place des vignes. Une décision plutôt sage.

    « Monseigneur, donnez moi de la—»

    …Force ?

    Hélas, Morticullus vient de tourner de l’œil et de s’effondrer sur un étalage un peu plus loin. Thirésias observe le spectacle et pince les lèvres, ses yeux dérivant tout autour de lui. Sans perdre un instant de plus, il transporte Morticullus à l’abri avec d’autres personnes dans le centre de commandement, annonce que le monsieur doit se reposer et reprendre ses esprits mais rien de grave, puis file avant qu’on lui pose plus de questions.

    Une fois dehors, le gros poulet se met à courir au plus vite vers la bâtisse intacte la plus proche. Sans perdre un instant, il grimpe jusqu’au fenêtre du haut, puis se hisse sur le toit. La paume de sa main plonge vers le sol. Sa magie s’active et lui permet de faire sortir un bouclier géologique qu’il brandit devant lui, reprenant son souffle avant de se mettre à courir à nouveau. Dans son champ de vision, sont allignés les plafonds d’autres maisons qui lui seront facilement accessibles en planant de l’une à l’autre. Enfin, si l’on oublie les flammes qui en dévorent certaines. En prenant son élan, le cocatrice fait plusieurs grands sauts et progresse rapidement, par les toits, en direction du dragon. En contrebas, il aperçois un atroupement qui se forme juste devant le dragon, alors tous proches de quelques personnes qui tentent tant bien que mal de se protéger et de fuir au plus vite. Parmi eux, il y a un enfant et… Natsume ? A la vitesse où il va, le magimorphe n’est pas sûr. Il lui faut se concentrer pour leur venir en aide au plus vite.

    Son plan, c’est parvenir à sauter sur le cou du dragon, bien s’accrocher puis l’embêter assez pour qu’il cesse de cracher du feu. Enfin, peut-être. Il n’a pas pris le temps de réfléchir à tout ça. Il n’a pas non plus pensé à réfléchir à la friabilité du dernier toit dévoré par les flammes. Alors qu’il s’apprête à sauter en direction du dragon, le plafond se dérobe sous ses pieds et s’il n’avait pas ouvert ses ailes à temps, il serait surement tombé vers sa mort ( ?), dans la poubelle la plus proche.

    Bon, c’est fichu pour atteindre la tête du dragon mais…

    Après avoir poussé un grand "COTCOOOOTCACAAWWWW" de panique. L’emplumé parvient tant bien que mal à orienter son planeur grâce à son appendice caudal et s’approche progressivement de la gueule de la grande créature. Celle-ci s’ouvre à nouveau, expose un brasier incandescent dont l’ex-éclaireur peut sentir la chaleur oppressante d’ici.

    Oh-oh… mauvais timing…

    Son bouclier encore en main, le poulet qui plane encore dans les airs le lance sur le côté, en direction de la gorge du dragon. Mais ce dernier est brisé par les dents de la bête qui referme sa gueule. Il a l'air d'avoir ravalé son feu, en tout cas, pour quelques instants. Au moins, Thirésias ne finit pas grillé, alors il en profite pour agiter les bras et crier assez fort pour que le gardien le remarque. Avec sa cris de poulet suraigus, ça ce lui demande pas trop de mal.

    « Héééé, héééééé ! Psspsspsspss ! Viens mon grand ! Oh c’est un bô grand dragon à son papa, ça !! Par iciiiii ! »

    Puis il bat des ailes de manière à accélérer sa vitesse de planage, en espérant attirer l’attention du dragon vers un endroit moins peuplé que la place. Bientôt, Thirésias perdra de l’altitude et devra atterrir quelque part. Bon, à ce sujet… n’a pas vraiment anticipé qu’il se retrouverait une rue remplie de vieilles colonnades et de fils à linge. Aussi, le voila qui peine à slalommer et qui finit par se prendre les pieds dans un fil. Tel un vieux slip sur sa corde à linge, il reste à « sécher » un petit moment. En donnant des coups d’aile pour se dégager, il continue de narguer le dragon en espérant faire diversion.

    Résumaie :

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    Event 3

    Naevy's ft. LE FEU


    L’arc bandé de Naevy’s lui hurlait de le laisser abattre sa flèche sur l’Empereur. Penaud comme il est, il mourra rapidement. Il le trouvait ridicule, dans cet accoutrement trop grand, tout tremblant, osant à peine prononcer leur sentence. Leurs vies à tous dépendaient d’un enfant. Sur un toit, l’elfe se trouvait aux côtés d’autres éclaireurs, tous prêts à agir. Mais lui voyait plus loin que cela. Il voulait qu’à chaque fois que ces deux gamins sortent ils soient effrayés d’être assassinés par l’un d’eux. Le grand ne quittait pas des yeux la place, requestionnée par la noblesse et globalement par tous les altissiens et caldissiens qui fêtaient la venue de leurs chefs. Le regard incandescent, l’Ingrath était parfaitement immobile et silencieux, malgré la colère qui faisait bouillonner son sang. Sa frustration atteignit son paroxysme lorsque l’on parla de “sentinelles”. En gros, ils veulent qu’on se tue nous-même pour que la faute n’incombe qu’au malheur... Ses longues oreilles en arrière traduisaient son envie de laisser son arc tuer Gaston.

    Mais il n’en eut pas le temps. La terre trembla, à tel point qu’il dû reprendre l’équilibre plusieurs fois pour ne pas tomber du toit sur lequel il était. Ses yeux s’écarquillèrent lorsqu’il comprit, ou du moins aperçu, ce qui était à l’origine de ces tremblements de terres. Le Gardien s’était éveillé. Il avait pris forme et ne semblait pas être prêt à faire la fête avec tout le monde. La longue colonne de flammes qui vint s’abattre sur la place en fut la preuve... Naevy’s quitta son poste, comprenant que le dragon ne ferait aucune différence entre éossiens, caldissiens ou altissiens. Le natif se fraya un chemin pour atterrir sur le sol, parcourant la foule pour s’assurer de la protection des siens. Uniquement des siens. En quelque sorte, l’Eos avait entendu ses prières... Il allait mettre à feu et à sang ce monde. Tout ce dont il souhaitait.

    Il dû courir pour ne pas finir carboniser. Mais, certains, semblaient n’en avoir rien à faire... Comme... Thirésias ? Eh merde... L’oiseau s’était envolé pour faire une sorte de diversion, attirant le dragon vers un endroit plus calme où il ne risquerait pas de tuer tout le monde d’un jet de flammes. Il fallait croire que l’invocation n’était pas la seule à avoir des tendances à se mettre en danger, car l’elfe se mit à leur poursuite, tentant depuis le sol d’assurer la protection de... son ami ? Bon. De là où il était, c’était compliqué d’avoir une bonne vision, il fallait qu’il prenne de la hauteur. Il bondit pour sauter sur un muret, puis s’accrocha à une toiture pour y grimper à nouveau, faisant preuve de sa souplesse malgré sa grande taille. L’éossien eut une excellente vue sur le feu que cracha celui qui était censé être le protecteur de la cité. Un feu qui n’épargnait rien ni personne. Il n’avait qu’un but : tout détruire.

    Soudainement, il prit conscience que l’oiseau s’était coincé dans une ruelle, à la merci de la créature... Enfin, si celle-ci ne préfère pas plutôt aller déguster le gros repas qui l’attend sur la place. Naevy’s banda son arc et visa ce qui faisait tenir les fils de linge, permettant à l’invocation de libérer ses ailes. L’elfe se rendit sur un balcon, tendant la main vers l’oiseau :

    « Dépêche-toi, crétin ! »

    Du coin de l’oeil, il apercevait le dragon, loin d’être calmé. Il était agité, presque fou. Il n’hésiterait pas à les faire devenir poussières, tous les deux.
    agora

    Spoiler :

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    La chaleur n'est pas le pire. Le pire, c'est la pression sur son corps. La manière dont ses épaules s'abaissent progressivement, la manière dont sa tête commence à piquer. Il essaie, pourtant. Il y met tout ce qu'il peut, oubliant presque de respirer lorsque sa poigne se serre. Pourtant, le gamin ne bouge pas. Est-ce la peur ? La crainte ? Peu importe, car il ne peut rien faire d'autre, et il le réalise sur l'instant. Il va mourir pour rien, en échouant. Sans plus.
    Sur l'instant, il se dit qu'il aurait aimé faire deux ou trois au revoir.

    L'éos, le destin ou le hasard, il ne savait vraiment pas lequel des trois, en voulut toutefois autrement. La première chose qui le surprend, c'est une massue. Pas littéralement, et pas dans son visage, en soi ; c'est surtout une massue qui est projetée non loin de son ongle de vision et qui, comme un projectile fonçant à toute allure, vient percuter le dragon plus haut. Les yeux écarquillé devant ce qu'il voit, la tête relevée, le magimorphe ouvre la bouche bêtement, presque stupéfait devant l'étalage de force qu'il vient d'observer, et en même temps devant la bêtise suicidaire qu'il observe. Au début, du moins.
    Non, ce n'est pas juste de la bêtise. C'est du...

    Il n'aura pas le temps de réfléchir davantage au sens de cet acte de courage ; car bientôt, quelque chose l'attrape et le fait rouler au sol comme si il n'était qu'une vulgaire poule ramassée par un fermier. La tête retournée, les sens sans dessus dessous, il grimace sans comprendre ce qui vient se passer, ne ressentant qu'une perte d'équilibre désagréable. Par défaut, son regard cherche le gamin de tout à l'heure, qu'il retrouve juste à côté de lui, porté par ce qui semble être...
    Mais c'est l'adolescent du champignon... ?
    Ou du moins, plus ou moins. Les griffes, les crocs et les poils qu'il apercevait lui en disait assez sur le fait que quelque chose avait dû arriver. Perdu mais n'en étant franchement pas à ça à ce niveau, les yeux grands ouverts, il écoute ce qui lui est dit avec peut-être un peu plus de difficulté qu'à l’accoutumée.
    Son tonton et son papa qui... Mais c'est qui, Olaf ?

    Trop d'informations d'un coup, mais assez pour qu'il saisisse qu'il n'a pas le temps de demander une dissertation. Se redressant comme il le peut malgré ses genoux qui flagellent, il jette un coup d'oeil derrière lui, vers la silhouette du dragon occupé par d'autres protagonistes sur lesquels il ne s'attarde pas. Pas le temps, à vrai dire. L'attention de la bête est ailleurs. Dans un hochement de tête, il finit par signifier au loup-garou qu'ils pouvaient bouger.

    « Montre-moi. Et tiens-le. »

    Quand bien même il y avait plus délicat pour le jeune garçon qu'ils baladaient, mais la délicatesse était une priorité quand les autres n'existaient pas. Il tourne toutefois sa tête vers la femme qui a jeté sa massue tout à l'heure, ne serait-ce que pour un point.

    « Merci. »

    Sans un mot de plus, il suit le loup-garou jusqu'à deux silhouettes qu'il ne connaît absolument pas. Peu importe en soi qui il a devant lui. Si il porte peu attention sur le gobelin blond car ce dernier lui semble encore pleinement conscient hormis quelques égratignures, son regard se pose plutôt sur l'autre inconscient, dont la brûlure lui tire une grimace de malaise. Autour, le fracas continue. Les cris résonnent dans ses oreilles, mais ils lui semblent presque lointains. Il s'active vite, comme un réflexe, comme si un mécanisme s'était activé quelque part dans ses pensées. Le regard critique, les mains rapides, il ne dit que le minimum nécessaire.

    « Il va vivre. Il faut éviter de le bouger tout de suite. Je vais essayer de...- »

    Un rugissement enragé parvient à ses oreilles. Sous l'énervement, ses dents se serrent. Furieux, le regard feinté, les crocs dehors, les griffes raclant le sol, il tourne sa tête vers le dragon, irrité.

    « Mais tu vas la fermer, ta gueule ?! »

    Furibond, sa patience est proprement à bout. Son cri ne sert à rien, mais c'était plus fort que lui.
    Un Gardien ? Tu parles ! C'est tout juste un tas de cailloux.
    Comme si cet instant de relâchement lui avait fait du bien, cela dit, ses griffes se rétractent. Il expire, se met au travail : pose ses mains sur les plaies, cherche la source de sa propre magie pour la lier à celle qu'il peut ressentir. Bien vite, ses paumes s'illuminent d'une brume douce mais forte, comme la lumière blanche d'une lune. Son regard se relève toutefois vers le gobelin et le loup-garou qui l'accompagne.

    « … Je vais essayer d'atténuer la fêlure pour que vous puissiez le transporter. Et temporiser la brûlure. Aidez-moi en lui tenant la tête. Ensuite, vous fuyiez. »

    Et ce n'est pas vraiment une question, à vrai dire.

    Résumé pour les flemmards :


    ______________________

    Natsu grogne et fixe des fleurs en #8A4B08

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    Faible. Inutile. Vulnérable.
    Soren n'a jamais vraiment su se démarquer des autres. Pas même de ses frères et sœurs qui avaient nombre de qualités pour surpasser leurs moindres défauts. Mais lui n'était ni ni très fort, ni très agile, ni très adroit, ni très résistants, ni très grand... Un peu intelligent mais pas de quoi pouvoir se vanter ou montrer que cela pouvait lui servir. En venant sur Yggdrasil, il voulait apprendre. Progresser. Grandir. Se développer dans un endroit inconnu pour le forger en le confrontant à des situations inhabituelles qui le forceraient à sortir de sa zone de confort. C'était sans doute un peu trop brutal, un dragon d'entrée de jeu. Une manière comme une autre, cependant, de tester sa façon de s'adapter à un danger inattendu. Mais auquel il n'a nullement été préparé. Alors lorsqu'il se rend compte que tous ses membres tremblent et qu'il n'arrive pas à courir pour s'enfuir, l'adolescent regrette d'avoir cru être assez courageux pour survivre à cet environnement particulier.
    "Debout" lui dit-on.
    Une brochette de dragon grillé, c'est ce qu'on aurait retrouvé de lui si un autre n'était pas intervenu pour l'aider. Soren se retourne vivement en entendant l'ordre qui lui est donné. Une personne aux cheveux hérissés fait barrage entre lui et le jet de flammes qui lui était destiné avec une protection magique. Dans son dos, de grandes ailes brunes draconiques qui l'effraient un court instant avant que les paroles reprennent. Il faut qu'il court. L'autre a raison. Mais comment faire ? Ses jambes ne lui répondent plus. Il souhaite se relever mais c'est comme si elles étaient collées au sol. La tétanie empêche le moindre mouvement. Paniqué, confus, apeuré, il lève sur l'étranger un regard embué en essayant de lui expliquer son incapacité à courir.
    Oros, heureusement de son côté, lui envoie du ciel à la fois une massue pour distraire le dragon et à la fois une autre personne pour les secourir. Sans qu'il ne comprenne la scène, le Donovan est soulevé en un rien de temps par un jeune homme mi-humain mi-bête qui l'empoigne avec force pour le soulever et lui éviter de se faire à nouveau attaquer. Le nouveau venu semble connaître son premier bienfaiteur et lui demande de l'aide pour sauver quelqu'un, de ce que le bleu peut comprendre au milieu du chaos. Mais ce dernier n'essaye plus de saisir grand chose, simple spectateur qu'il est des événements. Il espère juste que son père est sauf du danger. Soren n'a de toute façon pas l'énergie pour se débattre, et il ne se sent pas menacé, pour l'instant, par le loup-garou qui vient de leur venir en aide. Comme rien d'autre ne lui est accessible, il se laisse faire et se fait donc entraîné un peu plus loin pour rejoindre, en compagnie du magimorphe qui l'a sauvé, d'autres individus dont un étalé au sol avec une vilaine brûlure.

    Mais une fois la surprise passée, le temps n'est pas perdu. Celui aux cheveux hérissés s'active en observant le corps allongé à terre, procédant à un premier bref diagnostique. Vite interrompu toutefois par le dragon noir dont le grondement résonne dans l'air. Le cadet sursaute lorsque son protecteur se met tout à coup à s'énerver contre ledit dragon sombre.
    Mais... Mais c'est de la folie !
    L'insulté ne semble pas se préoccuper, cependant, des mots virulent qui lui sont adressés. Il y a trop de mouvement pour qu'il s'attarde longtemps sur un petit groupe, surtout que d'autres personnes tentent de faire diversion afin de détourner son attention.
    Ils sont tous si courageux, de lui faire face...
    Soren a honte. A son âge, ce n'est pourtant pas comme s'il pouvait faire grand chose, mais il n'a jamais l'impression d'en faire assez. Son regard est au moins détourné du sol au moment où des mains du magimorphe s'échappe une douce lumière blanche qui se focalise sur les plaies du blessé. Le Donovan relève la tête afin de mieux percevoir la lueur émise par la magie blanche. Il en sent d'ici la chaleur qui s'en dégage et qui l'émerveille l'espace de quelques secondes.
    De la magie de soin ?..
    Il en avait déjà entendu parler dans des livres. La magie le fascine de manière générale, mais son utilisation l'a toujours intimidé au point de ne jamais vraiment passé le cap de s'en servir lui-même pour essayer.
    La magie qui permet de soigner et de sauver des vies...
    Sa peur, si elle est encore présente au fond de lui, se dissipe très légèrement alors qu'il a l'impression que le mal s'atténue un peu. Soren hésite avant de prendre la parole d'une voix faible, même s'il craint de déconcentrer le magicien.

    « Je... Euh... »

    Fait-il une bêtise ? Ou doit-il prendre son courage à deux mains pour enfin demander s'il peut être utile en mettant de côté sa peur après avoir vu que les autres n'hésitaient pas à risquer leur vie pour autrui ?

    « J-Je... Je peux aider à quelque chose ?.. »

    Ce sera probablement vain de poser la question, mais il aurait regretté de ne pas avoir au moins tenté le coup. Il s'en veut d'avoir mis quelqu'un en danger pour le sauver parce qu'il était incapable de courir.

    Résumé :

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    mars
    1002
    Event n°3
    Le gardien

    Ce n'est pas un jour ordinaire. Mais contrairement à la majorité des habitants de la cité qui vont découvrir les annonces du jour, je savais à quoi m'attendre. On m'avait prévenu en amont dans une missive de quoi il retournerait et je m'étais préparé de sorte à pouvoir protéger Gaston et Camélia s'il devait arriver quelque chose. Cette union entre les souverains était sûre de ne pas faire l'unanimité. Personnellement, je ne sais pas trop quoi en penser. Je crois que ça me met mal à l'aise de penser au fait que des personnes aussi jeunes aient un poids aussi grand sur les épaules. Ils ne sont pas vraiment amoureux non plus. Qu'il y a-t-il de vraiment bon à tirer de cette histoire ? C'est sans doute... une mauvaise idée, en fin de compte. A la limite, s'ils ne se forçaient pas pour le bien de leurs pays... Mais la position d'héritier est loin d'être simple à gérer, et je ne les envie pas du tout.
    Mais... En fait, honnêtement, ce n'est pas ce qui me dérange le plus, au niveau des discours. Lorsque j'ai appris, pour les Sentinelles, je suis resté abasourdi un long moment, comme si je ne pouvais y croire. Les Eossiens dans l'armée. Pas dans "une" armée. Les nôtres. Sous notre commandement. Quelque chose sonne faux.
    Est-ce que ça ne nous donnera pas encore plus d'autorité sur eux ?..
    L'idée me semble tout sauf bonne, même si je n'ai jamais exprimé clairement mon avis dessus, qu'on ne me la demande pas et que personne ne m'écouterait de toute façon. Je n'ai pas mon mot à dire. Je dois me contenter d'écouter les ordres et de les appliquer, quoique j'en pense, même si on nous a prétexté que cela permettrait à des Eossiens de sortir de la misère. Il y aurait pourtant d'autres façons de le faire.

    Un futur mariage, c'est pourtant censé être joyeux. On peut dire que c'est le plus triste auquel on aura jamais assisté, même si rien n'est fait et que Gaston et Camélia ne font qu'avertir leurs peuples de cet événement prochain. Droit comme un i dans mon armure qui porte les couleurs d'Altissia, je porte sur l'assemblée autour de nous un regard sérieux et inflexible, prêt au moins mouvement suspect qui se dégagerait de la masse. Un incident est à prévoir, dans cette foule, et je crains déjà le pire même si j'ignore ce qui pourrait se produire. Des Eclaireurs mécontents ou un mouvement de la part de certains chauvins, peut-être, que ces fiançailles dérangeraient. En plus, si Camélia se débrouille à l'oral, je dois admettre que Gaston n'est pas le plus assuré des deux. Je plains un peu le fils d'Adélaïde qui a été choisi un peu par défaut parmi sa fratrie car personne ne voulait porter la couronne de l'impératrice après sa mort aussi soudaine que précoce. Quelque part, je ne peux m'empêcher de les plaindre, même si je n'échangerais ma place avec la leur pour rien au monde. La seule chose qui me console un peu, c'est que je me dis qu'on aura peut-être une fête, ce soir, pour "célébrer" le nouveau "couple". Erk. Non, en fait, je ne m'y fais vraiment pas.
    Essayant quand même de me changer les idées, mes yeux se posent brièvement sur Faust qui tient entre Gaston et moi, puis sur son fils cadet dans les premiers rangs qui assiste pour la première fois à quelque chose d'aussi important. J'espère au moins que mon filleul est content d'être arrivé sur Yggdrasil, lui qui me parlait de son envie de visiter la cité depuis l'an dernier, quand je lui ai raconté mes péripéties et tout ce qu'on y trouvait. A vrai dire, il s'y est passé tellement de choses que je suis surpris qu'il ait décidé de quand même venir, mais je lui ferais faire un vrai petit tour de la ville, quand nous aurons le temps.
    Dans le public, une autre tête manque. Mon attention se fait distraite un court instant alors que je cherche parmi les personnes présentes, même parmi les Eossiens, la capuche d'un certain moine que je n'ai pas revu depuis plusieurs mois. Dans une petite poche que je garde à ma taille, je conserve sa dernière lettre sur moi. J'ai du mal à m'en séparer, l'ayant relue presque chaque soir avant de dormir depuis que je l'ai eue. Elle porte une odeur familière qui ne s'est pas encore évaporée. Le magimorphe dragon, toutefois, demeure introuvable. Et je suis surpris... d'en être déçu. J'aurais bien aimé le revoir aujourd'hui. Peut-être ce soir ?.. Peut-être... que...

    ... la terre tremble ?

    Qui pour prévoir un séisme, là, tout de suite, à ce jour précis ? Séisme qui n'en est pas vraiment un puisque si la terre tremble, elle ne se fissure pas. Et lorsqu'elle arrête de bouger, les grondements qui s'en échappaient partent vers le ciel pour faire apparaître, à l'horizon, la figure d'une créature immense aux écailles sombres.
    Un dragon.
    Je demeure hagard quelques secondes en l'observant s'élever de toute sa hauteur.
    Il est gigantesque...

    « Qu'on mette les souverains à l'abri ! »

    Je n'ai pas de temps à perdre à le fixer comme un poisson mort. Lorsque je me ressaisis, je saute sur une pierre pour prendre un peu de hauteur en faisant en sorte que ma voix porte le plus possible.

    « Que ceux qui savent utiliser des sorts de protection se réunissent autour du Centre de Commandement ! Nous allons essayer d'accueillir le plus de monde possible là-bas. »

    Les réunir tous dans un même endroit, est-ce la bonne solution ?.. Je l'ignore. Mais le Centre est l'endroit le plus grand, et j'ai pensé qu'une barrière magique pourrait peut-être être formée autour comme moyen de défense. Enfin, pas que j'y connaisse grand chose en magie, ceci dit, mais le fait que nous soyons rassemblés en grand nombre devrait constituer un avantage donc il faut se servir.

    « Il me faut un groupe pour guider les civils en lieu sûr et un autre pour m'accompagner secourir ceux en zone de danger ! »

    Un peu brouillon, comme plan, mais j'ai aussi besoin qu'on aille autour de la grosse bête pour tenter une offensive avant qu'elle ne fasse davantage de dégâts. Avec un peu de chance, si j'arrive aussi à m'accorder avec Gabryel, alors nos armées pourraient peut-être même combiner leurs forces.

    lis-moi si t'as la flemme :

    ______________________


    Spoiler :

    Natsu et Sam by Coba <3

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    Les gens sont trop occupés à fuir et à s’abbriter pour s’occuper du cas de mon frère. Et à vrai dire… je n’arrive même pas à être assez cynique pour m’en offusquer. Je me serais comporté de la même manière. Je n’aurais même pas regardé une famille autour d’un bléssé à terre qui demande à l’aide, si ça avait été moi. Le visage plein de larmes et de morves, je ne fais même plus attention à mon apparence ou à mes egratignures. Je ne sais pas quoi faire et je n’arrive même pas réfléchir à comment agir pour sauver mon petit frère. Si je reste les bras croisés, pourtant, il va finir par mourir… ! Cette pensée fait remonter d’autres sanglots du fond de ma gorge. Mais… c’est là qu’un pas, enfin, un galopement familier se rapproche et qu’Aeden nous trouve.

    « A-A-a-a-a-a-Aeden ?! M-Mais où… »

    Je ne sais même pas ce que je voulais lui dire. Le petit loup ne me laisse même pas la peine de réagir à sa présence qu’il est déjà reparti. Je crois qu’il a dit qu’il allait chercher de l’aide… ?

    « Aeden !! Attends !! »

    Mais il est déjà loin. Je serre les dents et constate que si mon protégé prends ce genre de risque à ma place, c’est par ma faute. Mon comportement de gros bébé couard ne rend service à personne et met Aden en danger. Il brave les flammes et ses peurs et se retrouve juste devant le dragon avec les personnes en train de l’affronter sans trembler (enfin je suis un peu loin pour vois s’ils tremblent ou pas, qu’en sais-je).

    Je souffle longuement et inspire en espérant retrouver mes esprits. Par Oros, Théo, arrêtes de chouiner comme une grosse victime, maintenant ! Ça n’aidera pas Olaf. D’un revers de manche, j’essuie mon visage et grimace en voyant les traces que cela laisse. C’est dégoutant ! Mais bon, mieux vaut être dégoutant que mort (la honte, je sonne comme cet andouille de Martin ! Ewww !). Je renifle une dernière fois et baisse à nouveau les yeux vers Olaf.

    « Tiens bon. »

    Et c’est là que les secours arrivent. Aëden a déniché un… un razibus ailé à cheveux en pétards suivi d’un enfant ? Je suis sceptique l’espace de quelques secondes, mais l’hybride m’a l’air de savoir ce qu’il fait. Je n’ai pas d’autre alternative que lui faire confiance et donc, je retrousse mes manches et m’applique pour faire ce que l’on me demande. Le fait qu’Olaf ne soit pas aux portes de la mort me remplit déjà de soulagement. Les cris du médecin me font sursauter et me ramènent à la réalité pour de bon. Si le contexte n’était pas si critique j’aurais certainement ricané devant l’hystérie du plus jeune, dans laquelle je me retrouve.

    « Ha ! Bien dit. »

    Je me reconcentre et tient bien la tête d’Olaf comme on me le demande. L’hybride dit des choses censées. Je ne compte pas vraiment m’attarder dans le coin de toute façon. Le gamin qui est arrive avec le soigneur et Aëden demande ce qu’il pourrait faire pour aider. Je fronce les sourcils avec sévérité.

    « Te mettre à l’abri. E-et Aëden aussi. » Je regarde autour de nous, réalisant que le petit a l’air tout seul. « Y sont où tes... tes parents ? »

    Mes yeux passent du plus jeune au docteur. Je ne vois pas de ressemblance physique flagrante entre eux. De plus, le gamin porte des habits dont la qualité de facture et les motifs ne laisse que peu de doute quant à son appartenance à une famille noble. Quand au type à ailes de dragon… il m’a l’air d’origine plutôt modeste.

    « Tu es a...avec lui ? »

    Mon regard se dirige ensuite vers celui de mon protégé.

    « Ne prends plus ce genre de risques, toi, d-d’accord ? Une fois q-que… » J’observe le soigneur, ne sachant pas vraiment comment le qualifier. « Quand le docteur a fini, on rentre. »

    Je pince les lèvres. Je sais que je suis hypocrite. Et je n’en mène toujours pas large. Ma fermeté et mon masque de sérieux ne sont qu’une façade, ils ne parviennent pas à cacher les tremblements de ma voix et qui secouent mes membres, même si je tente de les camoufler. Le fait de parler me permet de tenir le coup. Je sais que si je perds la face à nouveau, comme tout à l’heure, je m’effondrerais à nouveau. Je déglutis puis poursuis, toujours à l’adresse de mon protégé, non sans marmonner un peu.

    « …C’est ma faute, s-si tu t’es mis en danger. Ça n’arrivera p-plus. »

    Pendant ce temps, l’hybride semble avoir terminé ses soins. Je vois que l’hémorragie s’est arrêtée et cela me soulage un peu. Il nous a ordonné de fuir et même par orgueil, je ne vais pas me faire prier, pour une fois.

    « M-merci. »

    Je me redresse et demande l’aide d’Aëden pour transporter Olaf. J’ai la sensation que mes jambes sont sur le point de se briser tant elles sont flagellantes. Je voulais que nous partions sans demander notre reste mais… les derniers évènements m’ont rendu parano et ma conscience me force à me retourner vers les autres.

    « Euh… et vous ? Vous allez faire quoi ? »

    Mon regard s’attarde plus particulièrement sur le jeune adolescent aux cheveux bleutés. Croyez-le où non mais depuis qu’Aëden est à ma charge (quoiqu’on a bien vu qu’il se débrouille mieux tout seul), je ne supporte plus vraiment d’imaginer un gamin tout seul dans une situation aussi périlleuse. Grrrr… quelle idée, de se préoccuper des autres ! Tout ça, c’est la faute d’Olaf !

    En résumé :

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