Alyss Yawilea Elvyara
La nuit était tombée depuis de longues heures tandis que le sommeil s’était posé sur les paupières de la jeune femme. Allongée dans son lit, sa respiration était régulière et son visage appaisé, aucune emotion ne venait le traverser, son doux visage paraissait presque innocent et jeune à la faible lueur de la lune. Ses cheveux flamboyant paraissaient autour de l’Elfe, reposant délicatement sur l’oreiller placé sous la nuque de le jeune femme. Un léger frémissement pouvait venir agiter le corps de l’Elfe, signe infime du rêve qu’elle vivait au sein de son sommeil. Ce moment presque béni pour Alyss pouvait sembler si annodin pour d’autres. La routine était simple, se réveiller, laisser la journée se dérouler et enfin se rendormir à la nuit tombée, telle était l’habitude des autres.
Cela n’était pas si simple pour l’Elfe, ayant perdu depuis de longues années la faculté de se plonger dans le sommeil sans effort. Les insomnies animaient ses nuits, lui laissant rarement du répit ne la laissant somnoler que durant quelques petites heures, la privant d’un long sommeil réparateur. La jeune femme avait accepté son sort, prenant avantage de ses longues heures de silence ou l’Arbre lui même avait quitté le monde des conscients afin de savourer cette sensation, d’être seule. Alyss se rendait souvent au parc, trouvant le repos dans la douce brise faisant bruisser les feuilles des arbres. Elle se réfugiait également dans sa bibliothèque, se plongeant durant des heures dans la fine écriture noircissant les pages des magnifiques ouvrages s’y trouvant, les lisant à la seule lumière de la bougie jusqu’à l’arrivée des lueurs de l’aube.
L’astre lumineux n’était pas encore levé, mais cela n’était pas nécessaire pour que la nature, elle, s’éveille. Les oiseaux reprenaient vie, animés par une exquise euphorie, retrouvant dans leurs chants, la vie. Leurs chants s’entremêlaient et formaient ensemble, une nouvelle mélodie, entendue par quelques rares personnes éveillées, mais étant également une manière de faire disparaître le sommeil pour d’autres. Les rêves devenaient plus flous, plus lointain, le subconscient laissant place à une réalité tout d’abord brumeuse afin de devenir de plus en plus claire, laissant s’échapper au loin des souvenirs des songes nocturnes.
Les yeux de la jeune femme s’ouvrirent enfin, reflétant encore les rêves de son sommeil, l’esprit vaporeux et confus, les dernières brides de ses souvenirs s’échappaient, volant avec elles le visage ayant été l’objet des songes d’Alyss, faisant disparaître chaque détail de la personne, de la couleur de ses yeux à la lueur flamboyante de sa chevelure. Une fois que les pupilles d’or de l’Elfe furent habitués à l’infime lueur de la pièce, Alyss se leva enfin, elle savait que le jour ne se lèverait pas avant quelques heures est que l’espoir de retrouver le doux sommeil dont elle avait été tiré était désormais qu’un songe.
Ses pas la menèrent sans trop penser vers la grande salle se situant au fond du couloir menant à sa chambre. Eclairée par la légère lueur de la bougie tenue dans sa main, l’Elfe observa les murs de pierre de la pièce. Le lieu était froid, opposé au reste du foyer de l’Elfe, il était différent et seule Alyss s’y rendait, lors de rares occasions. Ce lieu regroupait les souvenirs de la jeune femme, et cela était dur pour elle de se replonger dans les années de son enfance, constamment hantée par la dernière vision de ces parents, ne la traitant que comme une monstre à devenir, certains de la voir rejoindre leur chemin avide de pouvoir. Les moments de bonheur n’étaient pas occultés dans l’esprit de la jeune femme, mais restaient en retrait, derrière les heures plus sombres de la jeune fille.
De nombreux objets s’entassaient dans la pièce, tous possédant une histoire lié à l’Elfe, ayant décidé de les prendre avec elle lors de son départ. Une fine tunique sur les épaules, Alyss frissonnait dans la pièce glaciale, marchant fébrilement sur le tapis étendu au sol. Une petite boîte attira l’attention de l’Elfe, animant de lointains souvenirs dans son esprit. Elle est simple, simplement entourée d’un ruban carmin, protégeant le trésor contenu en son sein. Alyss s’agenouilla et tira doucement sur le nœud, enlevant ensuite délicatement le couvercle. Cela dévoila une fine étoffe recouvrant deux objets instantanément reconnus par l’Elfe. Leur simple forme devinée à travers le fin tissu dévoilait leur nature aux pupilles ambrées de la jeune femme.
D’un geste lent, elle ôta l’étoffe, dévoilant deux chaussons de danse, ces chaussons reçut à son anniversaire de ces 16 ans, souvenirs de nombreux ballets et de cours de la jeune fille. Alyss passait ses doigts sur leur forme, redécouvrant à chaque contact ces chaussons qu’elle avait tant porté. Une folie traversa l’esprit de l’Elfe, la poussant à retrouver ces gestes qu’elle avait tellement effectué il y a quelques années. Les mains blanches de la jeune femme passèrent avec facilité les chaussons à ses pieds, lassant ensuite le fin ruban à ses chevilles. Une fois relevée, les sensations revinrent à Alyss comme un rêve éveillé, elle se rappelait de chaque pas effectué, de la précision des mouvements que son corps devait imiter. Et alors, bercée par le chant des oiseaux, Alyss s’anima alors, redonnant de la vie à ses pointes oubliées depuis des années dans cette petite boîte.
La grâce transparaissait dans le corps d’Alyss, s’animant par ses bras et accordant quelques secondes de paix à son esprit, libéré de toute pensée, uniquement concentré par les sensations éprouvées par son corps. La fine tunique de la jeune femme se mouvait au rythme de ses pas. La pièce se réchauffait au fur et à mesure que la danse avançait et que le jour se levait. Le chant des oiseaux fut bientôt remplacé par les mélodies envolées du quartier des loisirs, se réveillant lui aussi.
Les heures parurent des secondes pour la jeune femme, voyageant dans ses souvenirs et ses émotions. La lumière éclairait la pièce et la silhouette dansante de l’Elfe, transportée dans un autre monde. L’Elvyara ne remarqua pas immédiatement la présence d’une autre personne dans la pièce, concentrée uniquement sur ses pas mais ce fut lorsqu’elle se retourna qu’elle aperçut Lysia, au bout de la salle. L’Elfe se stoppa net, gênée, elle ne s’attendait pas à la présence de Lysia et ne savait depuis combien de temps elle se trouvait là. Alyss avait perdu l’habitude de danser devant d’autres et restait troublée devant son amie. Elle se précipita tout d’abord vers la fenêtre, afin de l’occulter de lourdes tentures, ne voulant risquer la vie de Lysia. L’Elfe s’approcha ensuite de la jeune femme, souriant d’un air troublé.
Je, je ne m’attendais pas à te voir ici je te l’avoue, tu as besoin de quelque chose ?
Ft Chou