les tomates attaquent. avec Gaby & Les tomates mutantes +

Une fine pluie s'abattait sur Yggdrasil accompagnée d'un vent frais qui ne manquait pas de faire frisonner les habitants. Plus les mois passaient, plus ce genre de météo était rare et pourtant aujourd'hui le soleil ne semblait pas être prêt à pointer le bout de son nez. Une brume épaisse régnait en maîtresse dans les rues assombries de la ville-basse, mais ce n'était guère le plus inquiétant. Il y avait dans l'atmosphère une sorte d'ambiance sordide que personne ne saurait expliquer. De part le temps peu enclin à se faire plus doux, peu d'habitants osaient sortir leurs frimousses et les places les plus animées se retrouvaient presque entièrement vides. Les intérieurs des tavernes étaient cependant plutôt bondés et il fallait avouer que les portes s'ouvraient et se fermaient souvent pour les plus alcoolisés. Ceux-ci se retrouvaient très souvent sur le sol mouillé, soit à rire ou encore à pleurer pour les sensibles. En bref, malgré l'inactivité commerciale en extérieur, il y avait tout de même de quoi se divertir. Les plus mélancoliques, en attendant de pouvoir pique-niquer dans les jardins publics, allaient à l'auberge pour profiter d'un repas chaud et de quelques discussions amicales avec les gérants. Gabryel ne s'y était jamais rendu, à vrai dire il n'y avait même jamais songé. Il n'aimait guère l'idée qu'un inconnu touche la nourriture qu'il allait lui servir, ça le répugnait. Il était aussi vrai de dire qu'il n'y allait pas puisque de toutes façons il n'en avait pas le grade. Monsieur de Venomania était issu de la haute-noblesse et était tout de même général de l'armée, il avait de quoi s'offrir bien mieux qu'un séjour dans une auberge qu'il qualifiait de miteuse. Savourant une tisane revigorante, l'homme à la longue tignasse argentée se leva de son siège et appela d'un sifflement son loup et meilleur ami, Bjorn. Caressant affectueusement le haut de son crâne, il l'invita à prendre la porte et ensemble ils sortirent de la luxueuse et très propre demeure du riche hypocrite. Se baladant avec un léger sourire plaqué sur le visage, le militaire était paré pour rejoindre la caserne caldissienne et réveiller les quelques soldats qui y dormaient. Apprêté de son armure azurée le haut gradé se présenta à l'entrée de l'endroit où il passait le plus clair de son temps et mit au travail ses employés.

Bizarrement, il n'y a eu que peu d'événement durant la journée, mais la paperasse administrative et les rendez-vous -franchement ennuyants- ont comblé l'après-midi morose qu'il a passé. Pourtant, une vieille dame à l'allure douteuse s'approcha en courant vers la caserne avec un visage paniqué. Arquant un sourcil face à la femme pleine de sueur, Gaby fit un signe légèrement hautain de la main pour lui demander de parler. C'est alors qu'elle lui conta une histoire bien étrange que le militaire n'aurait jamais cru entendre un jour. D'après elle, son auberge serait pris d'assaut par des tomates mutantes ayant comme otage son cuisinier. Bien que ça semblait fou, le noble haussa les épaules et demanda à trois de ses collègues de l'accompagner. Ensemble, ils prirent donc la route pour se rendre au quartier des loisirs. Passant devant sa taverne préférée, Gabryel se dit qu'après cette mission sauvetage il irait bien boire un coup. Plus ils étaient proches de l'endroit, plus une odeur très étrange venait aux narines du Venomania. Fronçant rapidement les sourcils, ils arrivèrent enfin face à l'auberge sois-disant inondée de fruits tueurs... Il se retint presque de rire à cette pensée. Peut-être la dame exagérait-elle tout simplement ? Il préférait croire à cette supposition. Cependant, lorsqu'il posa ses yeux lavande sur la poignée de porte, il eu comme une envie de vomir. Son instinct lui hurlait de ne pas ouvrir cette porte. Sa bouche tirée en un sourire peu confiant, il pressa la poignée et d'un coup sec ouvrit en grand la bâtisse. C'est là qu'il regretta amèrement son geste. Une effluve putride vint lui agresser les narines à tel point qu'il eut un mouvement de recul. Il plaqua sa main sur son visage pour tenter de ne plus sentir cette affreuse odeur et pourtant ça n'y changeait rien. On avait l'impression d'avoir laissé des cadavres pourrir à l'intérieur de cette baraque ! Sortant son épée de son fourreau, il fit signe à la vieille de rester à l'extérieur. Elle ne racontait pas des conneries, ça risque d'être serré comme histoire. Silencieusement, ils entrèrent dans la maison. Des traces rouges, noirs et blanches se trouvaient sur le sol. D'abord convaincu que c'était du sang, Gabryel compris très vite que ce n'était que du jus de tomate rempli de pourriture. Une remontée acide lui brûla la gorge, c'était l'enfer pour lui.

« Ne nous séparons pas, on ignore le nombre qu'ils sont. Si quelqu'un connait l'endroit, peut-il nous diriger vers la cuisine ? Il faudra se montrer extrêmement vigilant, car qui dit cuisine dit arme. »

L'un des soldats s'avança, l'air penaud, très vite suivi par le général qui vint à ses côtés. Ensemble ils marchèrent dans un couloir sombre et étroit. Plus ils s'avançaient, plus les morceaux de tomates pourris devinrent gros et nombreux. L'odeur nauséabonde a failli faire vomir plusieurs fois les pauvres militaires mais aucun ne régurgita son repas, heureusement. Le jeune soldat entrouvrit avec appréhension la dernière porte pour accéder aux cuisines, Gabryel roula les yeux et d'un coup de pied poussa violemment la porte qui claqua contre le mur. L'effluve ici était affreuse, encore pire qu'avant. Fronçant le nez, il fit face à une monstruosité. Deux tomates mutantes tenaient le pauvre cuistot paniqué. Les fruits étaient remplis de pourriture et dégoulinaient de jus. Des sortes de tiges leur servait de jambes tandis que des bras semblables à ceux d'un humain tenaient fermement Gunther. La discussion était impossible, il fallait y aller par la force. Une bassine d'eau traînait non loin de là, tentant de l'atteindre en un bon, il fut surpris par la force du mutant qui le propulsa hors de la salle en brisant une fenêtre. Couché au sol, le souffle coupé par l'impact, il rouvrit rapidement les yeux et vit la bestiole prête à s'écraser sur lui. Roulant à droite pour esquiver la pourriture, le général sortit son épée et entailla d'un geste net la tomate qui sembla encore plus en colère.

« Soldat Leigh ! Fait diversion ! »

S'exécutant sans poser la moindre question, le militaire réussit à détourner l'attention de la bête. Gabryel se concentra et répéta dans sa tête une incantation, encore et encore jusqu'à la perfection. Rapidement, il pris la parole et d'un coup le bout de son épée devint rouge vif. La température à laquelle était le fer était si élevé que rien que le bout suffirait à faire bouillir des petites bulles d'eau. D'un geste de la main il tenta de rassembler plusieurs petites bulles d'eau en l'air et bien que ça le fatiguait, il continua malgré tout. Pointant son épée sur chaque bulles, chacune d'entres-elles se retrouvèrent bouillantes. D'un geste svelte et gracieux il allongea son bras pour permettre à l'eau en l'air d'aller s'écraser contre le mutant. La chaleur lui arracha un hurlement horrible et la bête s'écrasa au sol, profitant de ce moment Gaby courra pour planter sa lame dans la vile créature. Une de moins. Dans la cuisine, les deux autres soldats tentaient de se battre contre la dernière mutante qui tenait en otage le cuisiner, mais à chaque mouvement elle menaçait de s'en prendre à l'homme. A bout de souffle en ayant utilisé deux techniques d'affilées, le de Venomania reprit cependant ses esprits et empoigna une fine dague qu'il cachait toujours dans sa botte. L'oeil précis, le prodige calcula rapidement la distance. Tant que la tomate était divertit par les soldats, il pourrait réussir. Il lança avec force la dague qui vint se planter dans le bras de la chose. Sous le coup de la surprise, elle lâcha son otage qui détala à toute vitesse. Faisant craquer son cou, le général savait qu'il n'avait plus à retenir ses coups.

« Il faudra faire le ménage ici... »

Faisant signe à ses confrères de sortir de la pièce, la bestiole les suivirent de près, tentant d'en prendre un comme otage. Mais, l'un des soldats tourna sur lui-même et entailla profondément la tomate, le second donna un violent coup de pied sur ce qui semblait être l'abdomen de la créature qui s'écrasa contre le mur. Sous les bottes du général craquait les bouts de verre de la fenêtre brisée précédemment. Il marcha jusqu'à arriver à l'intérieur de la demeure où il planta sa chaussure sur la tête de la bestiole jusqu'à ce qu'elle pousse un cri désespéré. D'un coup, il la tua. Gabryel souffla bruyamment et sortit une nouvelle fois de l'auberge pour se tourner vers la propriétaire des lieux :

« Excusez nous pour tout le grabuge. Je ferai venir des professionnels pour nettoyer et réparer tout cela. Monsieur Gunther, venez on va vous emmener en consultation pour être certain que vous n'avez rien. »

Le noble fit une courbette et s'occupa rapidement de tout le côté administratif. Cependant, il ne s'attendait pas à entendre hurler derrière lui. Se retournant, prêt à en découdre, il fut surpris de ne pas avoir face à lui des grands mutants mais simplement des sortes de... bébés mutants ? Sans coeur ni empathie, il écrasa chacune des tomates et refit une ronde pour être sûr de n'en oublier aucune. En rentrant chez lui, il brûla ses vêtements.
Si je chope une maladie ultra rare à cause de la pourriture des tomates, oh mon dieu...
Il réussit à ne pas vomir à cette pensée, ouf.
kyro. 017 ldd