12 avril 1001 | Tension électrique |
avec Môman Miyano
C'est pas fun, d'être constamment dévisagé, c'est moi qui vous le dis. Le tension est à son comble depuis la mort d'Erys, et ça se voit que l'ambiance n'est plus du tout la même dans les quartiers éossiens. Pour la plupart, ils détournent à présent le regard ou me lancent métaphoriquement des éclairs. Les enfants tendent à m'éviter également depuis quelques temps. Les rues se font de plus en plus calmes et désertes quand je m'y approche. Je crois que même au passage de ma collègue Caldissienne les gens sont peu réceptifs à notre présence. Je pousse un bref soupir en parcourant le quartier, mais je ne suis guère étonné. En même temps, après ce qui s'est passé il y a quelques jours, c'est compréhensible. Il ne fallait pas s'attendre à ce que nous soyons accueilli en héros ou je-ne-sais-quoi. Ce n'était pas mon but, de toute façon. Moi aussi, j'étais contre cette exécution. Je ne sais toujours pas ce qui leur à pris de prendre quelqu'un au hasard pour montrer l'exemple ou faire croire qu'on avait déniché un coupable. Je n'ai pas pu dormir de la nuit le jour suivant tellement ça m'est resté en travers de la gorge, et je crois que je ne suis pas le seul. Je n'ai même plus pensé à cette histoire de sirènes même si je trouve ça très intriguant qu'elles ne se soient pas montrées en même temps que leurs congénères. Peut-être qu'il y a eu un blocage parce qu'ils étaient dans un milieu aquatique ou que sais-je... J'imagine que ce n'est pas à moi de me poser ce genre de questions, à l'évidence. J'ai quelque chose de plus urgent à traiter, aujourd'hui.On m'en envoyé inspecter une demeure pour interroger quelqu'un que des habitants soupçonnent de préparer un sale coup. Mais je ne connais pas très bien la personne en question, alors j'imagine que je vais devoir apprendre sur le tas à qui j'ai affaire. Accompagné de Windie, j'arpente la rue jusqu'à la maison où on m'envoie. Ma chienne me quitte encore moins depuis l'histoire de l'exécution. Elle a senti mon trouble et celui des habitants alentours. La tension l'a gagné et elle s'est montrée de plus en plus protectrice à mon encontre. Je ne voulais pas qu'elle s'inquiète pour ça mais je ne peux pas la changer, après tout. Elle a tenu à venir à mes côtés aujourd'hui et je crois que ça me rassure un peu, quelque part, d'avoir une présence aussi bienveillante que la sienne. Elle a toujours été une sorte de pilier pour moi, même si cela peut faire drôle à dire quand on parle d'un animal.
Arrivé chez la fameuse Miyu Miyano qu'on accuse de félonie, je toque à la porte pour signaler ma présence.
« Madame Miyano ? C'est le Capitaine Enodril. J'aurais besoin que vous m'accordiez un instant. »
D'autres que moi auraient sans doute défoncé la porte, mais je préfère rester courtois pour le moment et surtout non agressif. Les Eossiens n'ont clairement pas besoin de ça après ce qui s'est passé sur la place des vignes. Moi non plus, je n'ai pas envie d'avoir recours à la force, après tout, je m'en passerais bien si elle veut bien coopérer. En revanche, je ne peux pas décevoir mes supérieurs si elle se montre plus réservée. Je devrais employer d'autres moyens de la faire parler.