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  • Tension électrique [PV Nat]
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    Le dragon n'est plus, miracle est arrivé. Yggdrasil a protégé sa cité. Des mois de siège éreintant cessent, la ville millénaire respire à nouveau. Chaque soir, sous la lueur émeraude et bienveillante du grand arbre, les éossiens fêtent et célèbrent ceux tombés au combat. Après tant d'épreuves, la ville semble reprendre vie...
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    2 participants

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    12 avril
    1001
    Tension électrique
    avec Môman Miyano
    C'est pas fun, d'être constamment dévisagé, c'est moi qui vous le dis. Le tension est à son comble depuis la mort d'Erys, et ça se voit que l'ambiance n'est plus du tout la même dans les quartiers éossiens. Pour la plupart, ils détournent à présent le regard ou me lancent métaphoriquement des éclairs. Les enfants tendent à m'éviter également depuis quelques temps. Les rues se font de plus en plus calmes et désertes quand je m'y approche. Je crois que même au passage de ma collègue Caldissienne les gens sont peu réceptifs à notre présence. Je pousse un bref soupir en parcourant le quartier, mais je ne suis guère étonné. En même temps, après ce qui s'est passé il y a quelques jours, c'est compréhensible. Il ne fallait pas s'attendre à ce que nous soyons accueilli en héros ou je-ne-sais-quoi. Ce n'était pas mon but, de toute façon. Moi aussi, j'étais contre cette exécution. Je ne sais toujours pas ce qui leur à pris de prendre quelqu'un au hasard pour montrer l'exemple ou faire croire qu'on avait déniché un coupable. Je n'ai pas pu dormir de la nuit le jour suivant tellement ça m'est resté en travers de la gorge, et je crois que je ne suis pas le seul. Je n'ai même plus pensé à cette histoire de sirènes même si je trouve ça très intriguant qu'elles ne se soient pas montrées en même temps que leurs congénères. Peut-être qu'il y a eu un blocage parce qu'ils étaient dans un milieu aquatique ou que sais-je... J'imagine que ce n'est pas à moi de me poser ce genre de questions, à l'évidence. J'ai quelque chose de plus urgent à traiter, aujourd'hui.

    On m'en envoyé inspecter une demeure pour interroger quelqu'un que des habitants soupçonnent de préparer un sale coup. Mais je ne connais pas très bien la personne en question, alors j'imagine que je vais devoir apprendre sur le tas à qui j'ai affaire. Accompagné de Windie, j'arpente la rue jusqu'à la maison où on m'envoie. Ma chienne me quitte encore moins depuis l'histoire de l'exécution. Elle a senti mon trouble et celui des habitants alentours. La tension l'a gagné et elle s'est montrée de plus en plus protectrice à mon encontre. Je ne voulais pas qu'elle s'inquiète pour ça mais je ne peux pas la changer, après tout. Elle a tenu à venir à mes côtés aujourd'hui et je crois que ça me rassure un peu, quelque part, d'avoir une présence aussi bienveillante que la sienne. Elle a toujours été une sorte de pilier pour moi, même si cela peut faire drôle à dire quand on parle d'un animal.
    Arrivé chez la fameuse Miyu Miyano qu'on accuse de félonie, je toque à la porte pour signaler ma présence.

    « Madame Miyano ? C'est le Capitaine Enodril. J'aurais besoin que vous m'accordiez un instant. »

    D'autres que moi auraient sans doute défoncé la porte, mais je préfère rester courtois pour le moment et surtout non agressif. Les Eossiens n'ont clairement pas besoin de ça après ce qui s'est passé sur la place des vignes. Moi non plus, je n'ai pas envie d'avoir recours à la force, après tout, je m'en passerais bien si elle veut bien coopérer. En revanche, je ne peux pas décevoir mes supérieurs si elle se montre plus réservée. Je devrais employer d'autres moyens de la faire parler.

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    Tension électrique


    On avait dit pas les mamans
    J'essaie de passer voir maman tous les jours, ou au moins tous les deux jours. Je pourrais prétendre que c'est à cause de mes journées chargées et vous faire un grand laïus interminables sur ma pauvre vie de petit privilégié, ouin ouin, mais non. Je suis assez honnête avec moi-même (je sais, ça arrive, miracle) pour m'avouer que c'est aussi parce que je me sens intensément mal à l'aise à chaque fois que j'y reste trop longtemps. Bien que ça ne soit pas la maison de mon enfance (que je m'efforce d'oublier comme je le peux), ce n'est pas tant la petite demeure qui me dérange, plus que l'ambiance. Terne, morne. Sans doute que j'enjolive mes souvenirs en prétendant que l'époque de mes premières années était autre chose que fade et grise, mais la différence entre ma perception et la réalité actuelle me serre le ventre à chaque fois. Même à l'époque, j'arrivais à entrevoir son sourire, bien qu'il ait souvent été faux.
    La personne qui se charge d'elle durant la journée fait du très bon travail, en plus de ça, et j'ai souvent l'impression que je la perturbe davantage par ma présence qu'autre chose. Et en même temps... Nous ne parlons pas vraiment ensemble non plus. Des fois, elle regarde simplement par la fenêtre, ou triture ce qui lui passe sur la main sans me parler. Je sais qu'elle pourrait théoriquement recommencer à marcher, mais nous n'avons pas encore entamé la réeducation, quand bien même il le faudrait. Je sais très bien, en tant que soigneur, les dégâts que causeront une reprise tardive de la marche, mais... Qu'est-ce que je suis supposé faire ? La forcer ? Je n'en ai pas le cœur. Même « pour son bien », l'idée me donne la nausée. Je ne crois pas qu'elle irait bien loin, de toute façon, dans son état. Dès qu'elle croise un soldat dans la rue, je peux sentir ses bras trembler, son regard s'éloigner, ses muscles se crisper. Son esprit est aussi marqué que son corps. Alors je ne la pousse pas. J'attends. J'attends, mais pour être honnête... Je ne pense pas venir un changement. Et je ne sais pas guérir les maux de l'esprit.

    « Tu veux du thé, maman... ? »

    Bien sûr, je pose cette question dans le vide. Elle ne me répondra pas. Pourtant, je continue de le lui demander en attendant une réponse, comme si quelque chose allait peut-être changer d'un jour à l'autre. Je ne m'offusque pas de son silence, me contentant de poser calmement la petite chope sur le bord du tonneau où nous stockons normalement le sel. Je sais que je ne viderais pas rapidement la mienne, de mon côté. Le thé vert n'a jamais été mon favori : je ne suis pas un grand appréciateur d'amertume, mais... Des fois, je me dis que peut-être que l'odeur pourrait lui rappeler quelques souvenirs. Des souvenirs maintenant pénibles pour moi, mais je m'accroche comme je le peux à ce que je trouve.

    Depuis la semaine dernière, après tout, je suis fatigué. Fatigué, exaspéré, crispé, bref : tendu. Sur les nerfs, même, car j'ai de plus en plus de mal à contenir mon image et à m'afficher comme aussi calme et maîtrisé que je le faisais avant. Le sarcasme roule plus facilement hors de ma bouche, mon regard se fait plus sévère de temps à autre... Je ne suis pas vraiment dans mon état normal. Ou du moins, je ne suis plus dans mon état d'avant. Je ne sais pas trop si l'on peut dire que mon comportement habituel a... Enfin. Peu importe.
    Toujours est-il que l'exécution d'Erys me reste en travers de la gorge, et je ne suis pas le seul. L'ambiance au sanctuaire est glaciale. Nous n'avons même pas encore vidé son office, et les procédures de désignation d'un.e nouvel.le anachorète tardent. En même temps... Je ne sais pas si nous avons envie de mettre quelqu'un au devant de la scène après ça. Un.e mort.e suffit déjà assez. L'enterrement devra avoir lieu au plus vite, même si nous n'obtenons pas le corps (quoique j'ai l'impression que les altissiens et caldissiens ont la présence d'esprit de ne pas jouer avec nos nerfs là-dessus), mais... En attendant, c'est le chaos. Et je n'en peux plus, d'entendre les novices murmurer de crainte, de rage, de voir certain.e.s moines pleurer, parfois, la mort d'un.e ami.e. Erys avait réussi à rassurer celles et ceux qui craignaient les derniers événements, tempéraient même parfois les plus radicaux : maintenant... Bien sûr, les gens n'ont pas besoin d'un.e guide et heureusement que nous ne sommes pas en train d'attendre que des enfants nous dirige, nous (et après, ce sont nous les incivilisés sans culture politique, hein ?), mais... Je sais que cela a porté un coût au moral. Les quartiers me semblent froids : glaciaux, même. L'ambiance y est électrique à chaque fois que nous voyons l'armée se présenter, et je crois qu'ils le ressentent. Je ne me sens pas coupable de leur malaise. Mesquinement et assez puérilement, je me dis qu'ils ne l'ont pas volé et que cela les fera peut-être réfléchir, pour une fois, de ne pas être ceux qui doivent vivre la peur au ventre.

    Plongé dans mes pensées, mon regard ne quitte pas l'onde à la surface de ma chope. Le thé va finir par tiédir, si ça se trouve, mais... Je ne le réalise pas sur l'instant. Ce n'est que lorsque l'on toque à la porte que  je fronce les sourcils.
    Pourquoi est-ce que quelqu'un... ?
    Personne ne vient ici, normalement, hormis moi et ma sœur. Même si les gens venaient bien souvent à la rencontre de ma mère lorsqu'elle allait mieux, souvent pour lui raconter leurs problèmes, ils ne viennent plus depuis qu'elle est dans cet état, bizarrement. Alors sur le coup, ma méfiance monte d'un cran. Tendu, j'attends une seconde, avant d'entendre une voix résonner à quelques mètres, et qui me fait me crisper sur place.
    … Oh, mais par le cul d'Yggdrasil, c'est pas vrai !
    Je ne me souviens pas souvent des gens, mais à force, je vais finir par le reconnaître à son timbre, l'autre... ! Grmbl. Bon sang, pourquoi est-ce qu'il faut que je vois sa tronche à chaque détour de rue ?! Ce n'était pas assez, la dernière fois ? Je croyais que j'avais eu ma dose. Durant une seconde, je sens mes crocs pointer, mais je les retiens comme je le peux. Ce n'est pas l'envie de grogner qui m'en manque, pourtant, mais... Je ne peux pas le faire. Pas avec maman. Et c'est là que je comprends ce qu'il vient de dire : il est venu la voir elle.

    Mes muscles se tendent. Mon dos se crispe, mais je me relève, me retenant de claquer la chaise sur la sol, et ce n'est pas l'envie qui m'en manque. J'aimerais bien la jeter, à l'heure actuelle, mais je dois me calmer : pas devant elle. Pas maintenant. Alors, progressivement, je rajuste le masque. Rajuste l'expression neutre, le visage impassible, l'expression illisible. Mes épaules tendues trahissent ma tension alors que je m'approche de la porte pour l'ouvrir, et ce malgré l'expression froide sur mes traits tandis que je prends la parole.

    « … Qu'est-ce vous lui voulez ? »

    Je m'attendais à voir sa tête, alors je ne m'énerve pas aussi subitement que j'aurais pu le faire. Ce n'est pas l'envie qui m'en manque, pourtant, mais je refoule tout ça dans un coin de ma tête. Je ne fais même pas attention à sa chienne dont la présence ne m'étonne plus, à force, et quand bien même elle me détend la plupart du temps (car je veux éviter d'être désagréable en présence d'animaux, puisqu'ils ont peur après, et que je n'aime pas leur faire de la peine). Alors que je le fixe d'une mine froide et neutre, toutefois, j'entends une voix hésitante résonner à mes oreilles, encore un peu lointaine.

    « Natsume... ? »

    Sur l'instant, je gèle. Mon regard s'immobilise. Je n'ai plus l'habitude de l'entendre prononcer mon nom, alors à chaque fois, cela me fait comme un choc. Sa voix est timorée, craintive, hésitante. Elle doit sentir ma tension et s'inquiéter pour moi, ce qui ne fait que serrer davantage le nœud dans mon entre. Dans sa chambre, c'est-à-dire la pièce d'à côté, elle ne sait pas ce qui se passe, alors j'imagine que ce doit être inquiétant ; mais je n'ai pas envie de lui dire qu'un soldat veut lui parler. Je n'ai pas envie qu'il lui provoque une crise. Alors je force un sourire et une expression calme, voir douce, au cas où elle franchirait le perron (aucune chance, elle ne bouge jamais, mais c'est un réflexe).

    « … Ce n'est rien, maman. Je discute. »

    Je détourne ensuite le regard vers l'intrus, l'air méfiant et sur la défensive. Sincèrement, je commence à en avoir marre.

    ft. Samaël Enodril
    le 12 avril 1001

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    12 avril
    1001
    Tension électrique
    avec Môman Miyano
    Lorsque la porte s'ouvre enfin, je m'immobilise, clignant des yeux de manière crédule. On croirait vraiment à une mauvaise blague, là, même si je peux enfin mettre un visage sur l'odeur familière que j'avais cru sentir.
    Pas encore lui !
    Mais vraiment, je penserais presque que Oros se fiche de moi. Quelle était vraiment la probabilité que je me retrouve avec Natsume Shimomura, que je croise déjà trois fois en un mois ? J'imagine que je dois faire avec, maintenant. Je crains au départ m'être trompé d'adresse. Un numéro que j'ai mal lu ou un changement sans que l'on ne me prévienne. Mais il me confirme par son ton sec que celle que je suis venue cherchée est bien dans la maison. C'est déjà ça, me dis-je, même si j'ai connu des accueils plus aimables (mais pas de sa part, certes). Il n'y a que Windie qui a l'air contente de le voir, et je lèverais presque les yeux au ciel face à son comportement trop canin pour moi. Les chiens sont vraiment contents pour un rien, décidément... Même si elle se tient à carreau et que sa langue n'est pas au point de pendouiller, j'aperçois sa queue qui s'agite brièvement. Ses oreilles se lèvent d'ailleurs tout à coup quand une autre voix retentit derrière l'éoniste. Sûrement la personne que je dois interroger, mais on dirait que son fils ne veut pas me laisser entrer si facilement.
    Attendez... Son fils ?! Il l'a appelé 'maman' ?!
    Mon cerveau se réveille à peine à ce fait nouveau alors que je pensais que la coïncidence ne pouvait être plus grande. En effet, je ne me posais pas trop de questions à savoir pourquoi les deux individus étaient dans la même maison. Le fait ne m'avait même pas effleuré l'esprit plus que ça, mais cela explique certaines choses, si c'est vraiment sa mère. De mieux en mieux, décidément... Je soutiens donc le regard du hérissé en face de moi sans bouger de ma position. S'il croit m'intimider, l'autre magimorphe...

    « Rien qui ne vous concerne. C'est elle que je suis venu voir. »

    Je veux lui faire comprendre qu'il n'a pas à se placer en travers de ma route et qu'il constitue juste une nuisance à l'heure actuelle. Il a pas intérêt à m'empêcher de faire mon boulot, dans tous les cas ; car je le sens déjà tendu et être sur la défensive, et cela ne m'étonnerait pas qu'il essaye de me mettre des bâtons dans les roues pour protéger sa chère mère.

    « Je dois lui poser quelques questions. »

    Mon regard est toutefois calme, en dépit d'un ton ferme mais non agressif pour le moment. Après les derniers événements, mieux vaut éviter de mettre du feu aux poudres ; de plus, j'en ai un peu marre de le croiser tout le temps. Notre dernière... Rencontre ne s'est pas terminée aussi mal que la première, mais il a vraiment le don de me mettre mal à l'aise, avec son regard de poisson mort et ses airs de monsieur-je-sais-tout.

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    Tension électrique


    On avait dit pas les mamans
    Ma patience s'étiole. Elle était déjà très fine ces derniers jours, mais voir débarquer l'autre Enodébile de service était vraiment la goutte d'eau dans le vase, je crois. Le sujet de ma mère est la cerise sur le gâteau : je n'ai pas envie de voir des soldats, encore plus celui-là, auprès d'elle. Elle a déjà assez soupé de leur violence inutile et de leur idiotie, je crois. Je manquerais presque de grogner, pour le coup, quand bien même ce serait peut-être ridicule de ma part puisqu'il ne m'a, en soi, rien fait. Il n'a pas amorcé le moindre geste agressif voir même méprisant, mais je suis déjà sur mes gardes, et prêt à montrer les crocs au moindre détail que j'interpréterais comme un signe. Moi, de mauvaise foi et peut-être franchement agressif... ? Non, non. Je prétendrais que mon comportement étrange n'est que le reflet de celui de mon interlocuteur, mais pour être honnête, pour une fois, il n'a (encore) rien fait. Je suis probablement simplement en train de me défouler sur lui quant à ma frustration de ces derniers jours sans m'en rendre compte, et en m'exhonorant largement par la même occasion via des justifications plus ou moins prétentieuses.
    C'est qu'en plus, le fait qu'il ne se débine pas m'agace, parce que je n'ai clairement pas grande maturité à l'heure actuelle. Je crois qu'elle s'est portée malade depuis une semaine, pour tout dire, et ça ne risque pas de s'arranger lorsqu'il me rembarre avec une voix ferme qui est supposée me pousser à me taire. Fronçant les sourcils, mes yeux se mettent à lui lancer des éclairs ; mais pour qui est-ce qu'il se prend, celui-là ?! Pfeu. C'est que ça ne m'étonne pas, qu'il veuille se retrouver seul avec elle ; quoi qu'il puisse vouloir, c'est sûrement mauvais signe, et je ne fais pas confiance à un militaire face à une personne en situation de fragilité. C'est comme mettre un charognard devant des os.

    Pour le coup, si je me demande ce qu'il peut bien lui vouloir, je ne compte certainement pas lui faciliter la tâche. En soutenant son regard, je fronce légèrement les sourcils, le regard plat mais la voix presque froide.

    « Oh, mais ça me concerne, puisque je suis son responsable légal. »

    Si il veut jouer à ce jeu, clairement, je ne vais pas me débiner. Cela fait un moment déjà que j'ai obtenu la tutelle de maman ; elle était incapable de s'occuper de ses propres besoins et administrativement... Enfin, vous voyez bien. Puisque ma sœur était davantage occupée à se souler à la taverne qu'à jeter plus d'un regard à sa mère, il a bien fallu que je m'en charge. Je n'aime pas trop user de ce pouvoir ainsi, mais il ne me laisse pas trop de choix, l'autre tâche. Il faut bien que je protège ma mère des gens dans son genre. Elle a déjà assez souffert comme ça, merci bien. J'esquissse une mine faussement douce et sympathique, comme pour mimer la bienveillance.

    « Maintenant, si vous voulez lui parler, c'est par moi qu'il va falloir passer, capitaine. »

    Mon ton mielleux suinte le mépris. Mon sourire est on ne peut plus factice. Je n'ai pas trop d'excuses au fait d'être aussi infect, en soi. J'estime être dans mes droits, et puisqu'il veut jouer de son grade et de son autorité, je ne suis absolument pas gêné d'utiliser les mêmes armes que lui. Non mais... Je vous jure, il teste mes limites, là, le tas de ferraille. Mes sourcils se froncent un peu.

    « Ou vous aviez peut-être un crime quelconque et d'une extrême gravité à  reprocher à une femme infirme et diminuée ? »

    Ce ne serait pas la première fois, me retiens-je de dire en pensant à la semaine dernière. Bien sûr, il n'était techniquement pas directement responsable, mais... Pour moi, c'est du pareil au même. Et pour être honnête, aussi mesquin que ce soit, j'utilise de cette opportunité pour me défouler comme je le peux.

    ft. Samaël Enodril
    le 12 avril 1001

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    12 avril
    1001
    Tension électrique
    avec Môman Miyano
    Je soutiens son regard quand bien même ce dernier est incendiaire. Je me fiche bien du regard méprisant qu'il me lance ; je ne suis pas venu pour jouer avec lui. Et cela ne va pas s'arranger, s'il affirme effectivement être son responsable. Je n'avais pas pensé à vérifier, je l'avoue. Et je ne pense pas qu'il me mente ou qu'il bluffe simplement pour que je le laisse tranquille. Il sait ce qu'il dit et il prend de toute évidence un malin plaisir à essayer de me rembarrer. De plus, je n'aime pas du tout la façon dont il s'adresse à moi. Il est évident qu'il est en train de se payer ma tête. Mais s'il pense pouvoir m'arrêter... Il fait fausse route sur toute la ligne. J'ai un devoir, et je me dois de l'appliquer. Même la façon dont il tente de me dissuader est vaine. Peu importe si cette femme est infirme ou je-ne-sais-quoi. C'est bien dommage, mais j'estime que n'importe quel adulte conscient peut être dangereux pour les autres. De mon point de vue, après tout, on ne sait toujours pas qui est le ou les coupables dans l'assassinat d'Hincmar et Adélaïde. Je n'oublie pas que notre chère impératrice a perdu injustement la vie sans qu'on ne sache par qui... Alors s'il veut la vérité, je la lui annonce de but en blanc afin qu'il me fiche la paix, l'air passablement agacé.

    « Madame Miyano est accusée de préparer un mauvais coup, et j'ai pour ordre de l'interroger. »

    Windie commence à s'inquiéter un peu en sentant la tension refroidir de manière drastique au fur et à mesure. Elle s'est assise et lève la tête sur nous comme si elle avait peur que nous nous jetions l'un sur l'autre. Mais je ne compte pas agir violemment, loin de là. Je ne suis pas là pour ça, après tout, mais s'il refuse de me guider vers sa génitrice, je ne vais pas avoir beaucoup d'options que d'employer de grands moyens, je le crains.

    « Si vous voulez protester, il va falloir déposer une plainte à la caserne de mes supérieurs. »

    Croisant les bras sur mon torse, je le contemple avec une expression prétentieuse et suffisante, voulant lui montrer que je ne compte pas le laisser m'impressionner.

    « Vous voulez que je vous montre le chemin ?.. »

    Je décide toutefois de me mêler à son petit jeu et lui renvoie un sourire tout aussi sucré et une expression narquoise et hautaine. D'un geste, avec mes bras, je désigne la rue qui monte jusque là où se trouve l'endroit que je viens de nommer. Elle n'est pas visible depuis notre position mais il suffit de prendre une pente et de continuer tout droit pour tomber dessus.

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    Tension électrique


    On avait dit pas les mamans
    Mais quel... Grmbl. Si j'avais la sensation qu'il était capable de ne pas être un furoncle en permanence la dernière fois, c'est vite disparu : il est aussi infect que dans mes premiers souvenirs. Et non, je ne suis pas en train d'être une incroyable mauvaise foi, je ne vois pas de quoi vous voulez parler.
    Je m'attendais toutefois à ce qu'il me parle d'une broutille. Une chose aussi bête que des déchets mal rangés ou des plaintes du voisinage concernant ses... Enfin, ses errances, de temps à autre, mais rien de bien conséquent. Alors quand il me parle de « préparer un mauvais coup », mes yeux s'écarquillent sur l'instant et je m'immobilise, interdit.
    … De... De quoi ?
    Pardon ? J'ai mal entendu, où il se paie ma tête, l'autre ? Stupéfait, je reste silencieux, un peu choqué. J'ai du mal à comprendre. Comment est-ce que... ? Pourquoi est-ce que... ? Mes neurones marquent un arrêt. C'est un tel non-sens que je ne trouve pas de répartie sur le moment, le laissant malheureusement déblatérer et venir en rajouter une couche alors que je suis encore en train de saisir l'information. Son expression prétentieuse, sur le moment, je l'oublie.
    Qui aurait pu... ?
    Mes sourcils se froncent. Mon regard se fait pensif. Immédiatement, je pense à une invention. Après tout, je n'imagine pas ma mère ne serait-ce que capable d'aller chercher son pain par elle-même dans son état, alors « préparer un mauvais coup »... Le seul mauvais coup qu'elle était capable de préparer, même avant, c'était de brûler sa tarte, exceptionnellement. Tout ça ne fait donc aucun sens.

    Lorsque l'autre me demande avec le plus grand mépris dégoulinant du monde si je ne vais pas me plaindre directement à ses supérieurs, je ne fais que le fixer avec mon regard le plus froid. Oh, il croit que j'ai peur de quelques titres et hiérarchies stupides... ? Je m'en fiche, de ses supérieurs. Contrairement à lui, je ne suis pas un petit chien aux abois pour ses maîtres. Et peut-être que je deviens de plus en plus venimeux dans mes pensées au fur et à mesure que les secondes passent, aussi, sans m'en rendre compte. Son petit cinéma m'agace, toutefois. Il utilise les mêmes procédés que moi, et ça me frustre autant que ça me déplaît. Hors de question de baisser les armes, toutefois : c'est lui qui a commencé, et je suis prêt à descendre aussi loin que possible dans les profondeurs de la dignité humaine si cela veut dire que j'ai le dernier mot. Fronçant au départ les sourcils, je lui renvoie la même expression, ma mine se faisant si faussement lumineuse que l'on pourrait croire que je parle à un enfant.

    « Oh, mais pas de soucis, je peux voler, moi. Mais si vous tenez à vous ridiculiser devant vos supérieurs à ce point, allez-y, je vous suis ! … Enfin, je passe devant, vous allez sûrement mettre un temps à monter la pente. »

    Mon ton s'est fait aussi sucré que possible alors que je pointe la possible future destination de ma main. Je bluffe. Je ne sais pas voler : ça m'a toujours terrorisé. Mais ça, il n'a pas le moindre moyen de le savoir, et je joue sur le fait que son ego est tellement grand qu'il ne supportera pas l'idée que je me prélasse en attendant qu'il grimpe la pente, avec son armure pour le ralentir, en plus. Du peu que j'ai confronté l'individu, il ne tolérera pas l'idée que je puisse le faire passer pour un idiot, surtout devant d'autres. Après tout, ce type ne donne de l'intérêt qu'au regard des autres. Ou du moins, je le crois.
    Pour autant, quoi qu'il en soit, je sens qu'il ne lâchera pas l'affaire. Le chien-chien tient trop à son nonosse pour agir humainement, après tout, ça serait trop lui demander, alors je ne me fais pas d'illusions. En claquant de la langue, j'espère au moins qu'un peu de logique va rentrer dans son crâne d'oeuf, mais autant ne pas rêver. Il a l'air d'avoir autant d'intelligence émotionnelle que de... Eh bien. Ce ne sont pas les neurones qui se battent en duel dans sa tête, si je puis dire.

    « Maintenant, ça ne changera rien au fait que si elle voit un soldat débarquer pour l'interroger, elle va faire une crise traumatique. Vos confrères l'ont déjà assez blessée comme ça il y a un an, merci bien. J'aimerais qu'elle recommence à parler sous une dizaine d'années, si possible. »

    Mon ton se fait mordant. Mon regard plus dur. Il me fatigue, il m'exaspère, et il m'énerve. Ce crétin ne comprend rien, lui non plus. Comme les autres, il ne veut rien comprendre, de toute façon : il est trop occupé à se rouler dans sa propre bouse pour avoir la moindre conscience de ce qui l'entoure. Je me demande pourquoi je me suis dit qu'il avait peut-être un fond de bon fond, la dernière fois. Remarquez, on m'a toujours dit que j'étais naïf, alors ça ferait sens. Pour autant, j'essaie d'éviter la catastrophe à venir si il insiste. Mais je sens qu'il n'écoutera rien, et la constatation me fait grincer des dents, une nausée désagréable remontant dans ma gorge.

    « Et puis, à quoi bon, de toute façon ? Vous embarquez et condamnez déjà les innocents sans preuves, ça ne changera pas grand chose, à ce stade. »

    Mes propos m'échappent, mais je ne les regrette pas. Ma voix s'est faite venimeuse. Peu importe que ça n'ait pas de rapport direct : pour moi, c'est du pareil au même. Je n'ai jamais eu la moindre raison de croire que les militaires sont autre chose que des gens assoiffé de gloire et de pouvoir qui ne sont rien d'autre, au final, que des brutes décorées. La personne en face de moi ne fait pas exception.

    ft. Samaël Enodril
    le 12 avril 1001

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    12 avril
    1001
    Tension électrique
    avec Môman Miyano
    Il m'énerve. Ma tâche serait bien plus simple s'il ne tentait pas de me mettre des bâtons dans les roues, mais il s'obstine à vouloir me durcir la vie. S'il croit que je vais avoir peur de me faire rouspéter par Layos... Il se fourre le doigt dans l'œil. Je le sais aussi vengeur que moi sur l'assassinat d'Adélaïde, alors si je lui disais qu'on a quelques suspects sur la liste... C'est plutôt cet éoniste à la noix qui serait en tort de ne pas nous laisser fouiller un peu. Je ne suis pas stupide (arrêtez de rire, au fond), je ne vais pas envoyer sa mère en geôle si je n'ai pas de preuve de son innocence. Ce qui est arrivé à Erys Dalma n'a jamais été de mon ressort et je ne pouvais quand même pas aller contre son jugement. Quel pouvoir aurais-je pu avoir, de toute façon ? Je ne suis même pas Général, et en tant que responsable du quartier éossien, mon avis aurait pu sembler biaisé. Mais évidemment, l'autre ne peut pas le savoir. Il ne peut même pas s'imaginer être à ma place. Cela l'arrange bien d'être du côté du pauvre petit peuple opprimé : ils peuvent tout nous rejeter sur la tronche. Tss...

    Je ne bronche pas même quand il essaye de me faire une sorte de discours larmoyant, manquant presque de lever les yeux au ciel. Je me montre peu empathique sur le coup, je le sais, mais j'ai bien du mal à l'être alors que moi-même je n'ai jamais vécu avec une mère. Constance refusait toujours qu'on la considérait ainsi pour ne pas que nos familles adoptives se sentent moins appréciées, mais de toute façon, comme jamais personne ne m'a pris à l'orphelinat... Enfin bref. Par conséquent, il m'est difficile de me mettre à sa place, surtout que je pense qu'il exagère. Une crise traumatique... Non mais l'autre... Cela m'ennuie de l'admettre mais je ne suis pas le plus menaçant de l'armée non plus. Tout ça lui donne juste un air louche, en fait, à force de refuser de me laisser entrer. Il ne demande même pas l'avis de sa mère alors que c'est quand même elle la principale concernée dans cette histoire. Nous avons peut-être semblé brusques parce qu'ils venaient de se réveiller d'un long sommeil et je veux bien comprendre que cela leur a fait un choc, mais on a pas été si violents que ça, non plus... (spoiler : si)
    Au moins, il a arrêté de prendre son ton mielleux agaçant au possible mais ce qu'il me dit ensuite me pique au vif et je grince des dents, énervé par ce à quoi il fait allusion.

    « Peut-être que nous aurions des preuves si on ne nous empêchait pas de faire notre travail ! »

    Ce que je dis ne fait peut-être pas vraiment sens, et je m'en rends un peu compte moi-même. Il m'est difficile d'avouer à haute voix que je n'étais pas vraiment d'accord, pour une fois, avec les méthodes qui ont été employées pour l'exécution d'Erys. Mais je ne peux surtout pas faire cet aveu devant lui alors qu'il attend la moindre occasion pour me ridiculiser et qu'il faut pourtant que je fasse ce pourquoi je suis venu à la base.
    Mais je sens que Windie est de plus en plus inquiète à l'idée que ça s'envenime et je finis par pousser un soupir en me pinçant l'arête du nez dans l'espoir d'arriver à me calmer. La tête de ma chienne se frottant contre ma jambe m'aide au moins un peu à m'apaiser.

    « Écoutez, ce qui est arrivé à votre mère est dramatique, mais je ne peux rien y changer. J'ai des directives et je dois les appliquer. »

    Mais encore une fois, peut-être que je lui demande la lune et que c'est trop compliqué à comprendre pour lui.

    « Laissez-moi faire mon enquête gentiment et cela vaudra mieux pour tout le monde. »

    Autant pour moi que pour lui et sa mère. Plus vite ça sera fait, et plus vite je m'en irai. C'est bien ce qu'il veut aussi, non ? Si vraiment Miyano est innocente, alors je ne m'éterniserai pas, de toute façon.

    « À moins que vous n'ayez des choses à cacher... »

    Oui, à moins qu'elle ne le soit pas, au final... Je n'en sais rien, pour le moment, je ne peux que me baser sur des 'on dit' mais mieux vaut prévenir que guérir alors autant agir dès que possible.

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    Tension électrique


    On avait dit pas les mamans
    Oh, tenez-moi, je vais défaillir ; que dis-je, je vais m'évanouir devant tant de souffrance. On empêche ce pauvre petit de « faire son travail »... Mais je vous jure, il ne s'entend pas parler, celui-là. Des fois, je me demande si il cillerait, si on lui demandait de tuer un innocent sans poser de questions. Je suis persuadé que non. Il n'a pas l'air de savoir faire autre chose qu'obéïr. Je ne sais pas pourquoi, mais cela m'emplit d'un mépris viscéral. On dirait que j'ai touché un point sensible, vu comme il perd patience d'un coup, passant du miel à une quasi agressivité qui ne me surprend pas. Oh, si il se débat comme ça, c'est qu'il a probablement des problèmes avec sa conscience, mais ça, je m'en contrefiche. Si il était capable de saisir que nous tous, nous avons plus qu'une raison de ne pas vouloir l'aider dans son « travail », on avancerait un peu, mais ce n'est pas la peine. En plus de ça, nous avons déjà essayé de collaborer : lorsqu'ils étaient venus arrêter Erys et fouiller le monastère, personne ne s'y était opposé. Bêtement et naïvement, nous avions écouté leur long blabla sur le fait que ne pas provoquer de remous faciliterait le bon déroulement de l'enquête. Au final, tout ce que notre passivité a fait, c'est précipiter un.e innocent.e à la mort, alors l'on ne m'y reprendra pas. Pas personnellement, en tous cas. Je ne pousserai jamais mes semblables à se rebeller, mais de mon côté, je ne vais pas lui montrer patte blanche parce qu'il prend la grosse voix. J'en ai assez soupé comme ça, merci bien.
    Dans tous les cas, son semblant de calme alors que je l'entends soupirer ne m'inspire pas d'envie de me détendre. « C'est dramatique », non mais, vraiment... Autant ne pas faire semblant d'en avoir quelque chose à faire, à ce stade, ce sera plus tolérable que son blabla censé faire passer la pillule. Je préférerais qu'il dise honnêtement qu'il s'en contrefiche et qu'il n'a pas la moindre empathie pour des gens qui ne sont pas lui-même et sa pauvre petite personne injustement jugée (bouhouhou) plutôt que de me faire ce cinéma qui sent le discours tout préparé. Et je m'y connais, en discours préparé : je suis moine. Puis, sincèrement, ce cinéma sur ses « directives »... Que je sache, il n'a pas le couteau sous la gorge, actuellement, et il a moins de gêne quand il s'agit de toucher son salaire, alors il ne me fera pas le déresponsabiliser de ce qui se passe actuellement. Je me retiens de rouler des yeux. J'ai presque pitié de sa pauvre chienne qui semble toute penaude, sûrement à cause de la tension entre nous deux. Pour le coup, je suis vraiment désolée pour elle : je n'aime pas voir des bêtes aussi mal à l'aise, mais nous ne sommes plus à l'école. Je n'ai pas à me tenir pour la forme.

    Son dernier sous-entendu me fait le foudroyer du regard. Non mais, sérieusement... C'est une habitude, dans l'armée, de s'en prendre à ce point aux plus faibles... ? « Protéger et servir », mes fesses, oui. Sa petite provocation est on ne peut plus ridicule... Sérieusement. Je dirais bien qu'il va vite déchanter quand il va voir la réalité des faits, mais en vérité, je ne le pense même pas. Si il est capable d'un quelconque remords, alors je suis un scarabée géant. Dès que ça ne touche pas sa petite image, de toute façon, c'est comme parler à un mur.
    Pour autant, je sens qu'il ne va pas lâcher l'affaire, et moi non plus. Je n'ai pas envie que la situation s'envenime, mais sur l'instant, je ne vois pas vraiment comment l'éviter. Si il débarque comme ça, maman va... Enfin. Je me remets encore difficilement des images que j'ai vu il y a un (et il y a une semaine, mais je refuse encore d'y repenser), alors il n'est pas difficile de comprendre que ce sera catastrophique. Pour autant, alors que j'y pense, je tique. Durant une seconde, un air pensif prend place sur mon visage. Je ne lui fais aucunement confiance quant à une quelconque volonté de bien faire, mais... Je peux essayer de tempérer les dégâts, au moins. En le regardant brièvement, je finis par soupirer.

    « … Changez-vous. Si elle voit débarquer un homme en armure, vous n'obtiendrez rien de plus que des cris paniqués. Si vous tenez vraiment à votre 'enquête', il va falloir descendre d'un ton et calmer les mouvements brusques, aussi. Ou vous y perdrez la journée. »

    Je ne mens pas, pour le coup. Tout cela m'exaspère, mais puisqu'il faut procéder ainsi, autant que je soulage autant que possible ma mère des éléments qui pourraient la perturber. Je suis fatigué d'avance. Bon sang, elle n'avait vraiment pas besoin de ça... D'un air exaspéré, je lui présente la petite cabane sur le côté où se trouvent des vieux vêtements de secours, qui doivent à peu près correspondre à sa carrure. Quoique je n'en sais rien et je m'en contrefiche, pour être honnête.

    « … Et je reste. Je ne dirai rien, mais elle ne supportera pas une présence inconnue si je ne suis pas là. »

    Je pourrais le laisser essayer et le voir s'étaler dans la boue, mais pour être honnête, je n'ai pas envie que maman soit mal à l'aise pour satisfaire ma volonté d'avoir raison. J'ai un peu plus de dignité que ça, tout de même.


    Je prends les devants. Une fois rentré dans la maison et passé le salon, je me permets de toquer très doucement à la porte avant de prendre la parole de la voix la plus calme et tendre possible, espérant ne pas l'inquiéter de par ce fait.

    « Maman... ? C'est moi. »

    Je n'entends pas de réponse, mais je ne m'y attendais pas. Elle ne parle que rarement, après tout. J'aurais trouvé ça plus étrange qu'elle le fasse plutôt que le contraire. En expirant un peu pour me préparer, je finis par ouvrir lentement la porte, pénétrant à pas très lents et très calmes dans la petite chambre. Elle ne m'a jamais mis à l'aise, pour être honnête. Elle n'a pourtant rien de bien effrayante, en soi : je me suis arrangé pour la décorer selon ses goûts, espérant un peu naïvement que cela lui mettrait du baume au cœur. J'y ai installé de jolis rideaux, laissé les enfants la décorer de dessins et de cadeaux, mis des teintes pastels ici et là, fait comme j'ai pu pour la rendre lumineuse et rassurante, mais... Elle est propre. Trop propre. Comme si cette chambre n'était rien de plus qu'une décoration et que personne n'y vivait. Le silence y est quasi palpable, tant il est épais, et j'ai parfois l'impression que je pourrais y entendre battre mon propre cœur. L'ambiance fait toujours remonter un frisson de gêne et d'inconfort dans ma colonne vertébrale. Les épaules tendues, j'ai du mal à dissimuler mon malaise, encore plus quand je dois poser mon regard sur le fauteuil à côté de la fenêtre.

    Elle n'a pas bougé en nous voyant arriver. Le regard vague et vide, fixé sur un point invisible dans l'espace, maman est encore assise au même endroit, les mains fermées sur une petite poupée que je reconnais aisément. Ma poitrine se serre. Doucement, je viens poser l'une de mes mains sur son épaule pour lui signifier ma présence ; durant une seconde, sa tête se relève un peu, mais son regard reste flou, comme si elle ne me voyait pas vraiment. J'évite d'attarder mes yeux trop longtemps sur  les épais et larges bandages qui couvrent encore son flanc. Nous avons fait ce que nous pouvions, mais sa dernière opération fut... Enfin. Sans surprises, la lance qui l'avait traversé avait fait beaucoup de dégâts, et c'était déjà un miracle qu'elle ait survécu : mais quand j'y repense, la nausée remonte à chaque fois dans ma gorge.

    « J'ai un... Un 'ami' qui voudrait te parler de quelque chose. Tu veux bien… ? »

    Le mot m'arrache la gorge, mais je m'efforce de jouer mon rôle. J'ai bien insisté auprès de l'autre crétin pour qu'il joue le jeu aussi, alors je dois faire en sorte que ça soit crédible. La méthode, pourtant, me donne envie de vomir. Je n'aime pas la manipuler ainsi, mais d'une manière un peu lâche, je me dis que cela lui pargne un stress inutile et potentiellement dangereux, dans son état.

    « Ça sera rapide, promis.  »

    Pour le coup, je parle peut-être davantage pour moi que pour elle, alors que je m'éloigne très lentement pour aller tirer deux chaises. Je pose la mienne sur le côté, de telle sorte à être un peu éloigné, mais pas trop pour que maman s'inquiète. Moi, de mon côté, toutefois, je n'arrive pas à me débarrasser de la boule dans ma gorge alors que je la fixe, le regard calme mais peiné.

    ft. Samaël Enodril
    le 12 avril 1001

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    12 avril
    1001
    Tension électrique
    avec Môman Miyano
    Je n'aime pas vraiment comment il me parle, mais il a déjà l'air plus calme et surtout plus coopératif. De toute façon, il doit se rendre compte qu'il n'a pas vraiment le choix. Hors de question que je rentre bredouille et que mon rapport soit vide, même si, au final, je ne sais pas du tout ce qu'elle me dira. Me retenant de grogner dans ma barbe inexistante, puisqu'il ne me répond plus de manière aussi sèche, je m'exécute exceptionnellement. Comme cette fois-ci à l'école, c'est moi qui me trouve sur son propre terrain, et je ne tiens effectivement pas à déclencher une crise à quelqu'un aujourd'hui. Peu importe s'il est là ou non, de toute façon. Je ne compte pas m'éterniser ici et sa présence ne change pas grand chose. Alors qu'il reste, s'il veut rester. Alors, comme il me l'indique, je me change avec ce qu'il me propose en délaissant mon armure.

    Windie me suit docilement alors que nous pénétrons dans l'autre pièce où se trouve la concernée. Mes yeux se posent automatique sur elle, et sur le coup, sans trop savoir pourquoi, je sens une sorte de creux se former dans le ventre. Assise contre la fenêtre et le regard vide, j'observe cette dame aux iris éteintes avec une drôle de sensation au fond de moi, sans parvenir à mettre un mot dessus. Mais je peux affirmer qu'elle n'est effectivement pas dans un état primaire. Comme si son âme avait quitté son corps. Elle semble vraiment loin, très loin de nous, même quand son fils tente de lui signaler sa présence avec une douceur que je découvre de plus en plus. Comme pour les enfants, finalement, cela lui arrive de temps à autre de ne pas être sec et cassant quand il parle. Je distingue toutefois dans l'air un malaise évident qui m'entoure et me trouble. Windie le sent aussi et fait quelques pas hésitants envers la seule femme de la pièce. Le mensonge de l'autre me ferait grincer des dents si nous ne l'avions pas convenu avant, mais je n'ai guère le choix d'agir ainsi pour l'heure. Pour penser à autre chose, je m'attarde un peu sur les bandages de la concernée. La crise qu'elle aurait eu en me voyant en armure est peut-être liée à cette potentielle blessure qui cicatrice et qu'il paraîtrait être l'œuvre de soldats. Je me retiens de grimacer, essayant de me dire que cela a dû être une simple erreur de manipulation. Prenant place sur la chaise que l'on me tend, je mets toutefois un peu de temps avant de répondre, réfléchissant à mes mots. J'ai promis que j'irai doucement et en un sens, je ne peux que comprendre pourquoi Shimomura me l'a demandé. Elle a vraiment l'air ailleurs, et ce n'était pas vraiment ce que je m'étais imaginé. J'avais pensé à quelqu'un de plus nonchalant et prévisible, sans doute. Pas réellement... À une personne inanimée. Sur le moment, j'en perds le fil de ce que je voulais dire et laisse planer un court silence. Puis, je m'éclaircis finalement la gorge pour parler d'un ton calme.

    « Madame Miyano... Je voudrais seulement vous poser quelques questions. »

    C'est très délicat. Je ne sais pas sur quel pied danser, vu que je ne la connais pas. Je ne voudrais pas faire réveiller de sales souvenirs en elle non plus. M'adressa-t-elle au moins la parole ? Si elle n'a pas répondu à son fils, quelles sont les chances pour qu'elle soit encline à me raconter sa vie ?

    « Pourriez-vous me parler un peu de votre quotidien ?.. Que faites-vous, la journée ? »

    Je ne peux pas lui dire d'office que des soupçons pèsent sur elle. Je dois être subtil dans mes propos. Après tout, il m'a intimé de faire attention, et ça se voit assez qu'elle est perturbée. D'un geste de la main, je demande silencieusement à Windie de renifler les alentours pour voir si elle ne trouverait pas quelque chose de louche caché quelque part.

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    Tension électrique


    On avait dit pas les mamans
    Je ne peux pas faire grand chose, mais j'ose espérer que ma présence la tranquilise un peu. Fut un temps, personne ne pouvait entrer qui ne soit pas moi ou ma sœur, et encore. C'était une bataille permanente pour ne serait-ce que l'approcher, mais petit à petit, ça s'est calmé pour devenir... Eh bien. Ceci. C'est mieux que rien, je suppose, mais j'ai beaucoup de mal à la voir ainsi. Je sais qu'elle était déjà très fatiguée et affaiblie du temps de mon enfance, mais... Tout de même, j'avais l'impression qu'elle était là, au moins un peu. Bien sûr, de temps à autre, elle réagit légèrement, mais c'est temporaire, faible. Je ne suis jamais trop sûr de si elle a compris ce que je lui disais ou si c'est le son qui la fait bouger juste un peu.

    Pour autant, elle ne réagit pas lorsque le militaire prend la parole pour lui demander si il peut poser une question ; elle ne semble même pas l'entendre, à vrai dire. Son regard reste fixé sur la poupée abîmée entre ses doigts, comme si elle n'arrivait pas à s'en décrocher. J'évite moi-même soigneusement de la regarder plus d'une seconde. Si je fronce vaguement des sourcils devant la question de l'autre, il a le mérite de ne pas rentrer dans le lard et tourner autour du pot.
    Je crois au départ qu'elle va lui offrir le même silence que tout à l'heure, bien que sa tête se relève légèrement, comme pour chercher l'origine du son inconnu. Elle cherche, ses yeux passant sur la chienne comme si elle se demandait sincèrement si le son venait d'elle, sa tête se bougeant légèrement sous le coup de la curiosité. Elle marque un arrêt, afin de me chercher du regard, puis de s'arrêter sur le visage du militaire. Ensuite, comme par instinct, ses yeux redescendent sur le jouet qu'elle tient. J'ai l'impression qu'elle vient tout juste de se rendre compte de sa présence. Je ne saurais pas dire à quoi elle pense, mais son regard ne s'illumine pas alors qu'elle parle, comme si c'était mécanique. Comme si elle voulait parler, sans vraiment savoir ce qu'elle dit en même temps.

    « Oh, mais j'ai du monde qui vient... Mais j'ai les petits, surtout, à m'occuper, il faut que je m'occupe de les préparer pour l'école... Sa sœur doit être encore en train de jouer dans le jardin... »

    Il n'y a pas de jardin. Il n'y a pas de jardin, et ça fait un bon moment déjà que ma sœur n'est pas venue, alors aller à l'école... De toute façon, la maison n'a que trois pièces : et aucune d'entre elle n'est une chambre d'enfants. Elle parle dans le vide. Elle parle dans le vide, mais dans un vide qui n'existe même plus. Je suis presque sûr qu'elle n'a même pas compris ce qu'il venait de dire. Comme si elle se rappelait alors soudainement de quelque chose, elle relève la tête avec douceur, un sourire sur le visage, mais il ne me met pas à l'aise. Il est creux.

    « O-oh... Et il va être moine, bientôt, mon petit, vous savez ! »

    Je reste impassible, ne faisant aucun commentaire. Je ne vois pas ce que je pourrais ajouter d'autre en prenant la parole : inutile de lui dire que cela fait bien onze ans que je le suis, et qu'en plus de ça, elle avait assisté à mon intronisation. Je l'ai déjà fait plusieurs fois, mais il semble que ses souvenirs se soient tant mélangés qu'elle n'arrive même plus à les distinguer les uns des autres. Alors sur l'instant, ce qu'elle dit n'a rien de touchant, au contraire, et me fait détourner le regard, une lacération pénible dans la poitrine. Je savais que cela ne mènerait à rien, mais c'est quand même douloureux.

    « Il faudra que je fasse quelque chose pour fêter ça... Tu pourras aller chercher des fraises à la maison, Natsume... ? »

    Mes dents se serrent, mes doigts se crispent sur mon genou. Inutile de lui dire que « la maison » n'est plus à nous depuis un moment déjà, après tout, et qu'il est très probable que les fraisiers dont je m'occupais aient été coupés, depuis le temps. De toute façon, elle aura bien vite oublié ce qu'elle vient de dire : dans quelques minutes à peine, environ. Pas qu'elle puisse cuisiner quoi que ce soit, de toute façon. J'ai promis de me taire, toutefois, alors je ne réponds pas : elle ne s'attend pas à une réponse, de toute manière, vu que ses doigts jouent machinalement avec le jouet dans ses mains. Elle n'est qu'à quelques mètres de moi, mais pourtant, elle est bien plus loin. Dans un passé qui n'existe plus, dans une époque où, semble-t-il, elle se soit réfugiée. Là où elle était encore en sûreté.

    ft. Samaël Enodril
    le 12 avril 1001

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    12 avril
    1001
    Tension électrique
    avec Môman Miyano
    J'ai cru au départ qu'elle allait me rembarrer, ou m'ignorer. Qu'elle m'opposerait à un silence. Et dans ce cas... Je ne sais pas si j'aurais eu la force de soutirer des informations par des moyens plus radicaux. Bien sûr qu'il est important pour moi de démanteler les personnes qui représenteraient une menace. Mais je sens une certaine peine entourer la cinquantenaire. Alors quand elle prend la parole pour répondre à mes questions, je suis surpris. Avant de venir toquer à cette porte, je pensais sérieusement qu'au moment où j'allai l'interroger, elle allait tout nier en bloc et me sortir une phrase bateau de son quotidien ennuyant. Il aurait été de mon ressort de l'obliger à révéler des choses qui auraient été compromettantes pour l'innocenter. Je ne pouvais pas imaginer qu'elle allait me parler aussi personnellement et me parler de ses enfants. J'aurais pu croire qu'elle s'occupe de gamins en bas âge encore aujourd'hui. Que le Shimomura est un de ses enfants qu'elle a eu le plus tôt. Mais je la sens ailleurs. Peu consciente de ce qu'elle dit. Elle n'est pas avec nous. Elle est dans un monde meilleur. Le malaise et la peine que je perçois doivent provenir du magimorphe qui n'a pas quitté sa génitrice des yeux mais la regarde avec une lueur déchirante qui me transperce. C'est d'ailleurs lorsqu'elle évoque la condition de son fils à côté d'elle que je suis sûr à présent qu'elle parle d'un temps révolu.

    L'ambiance est devenue tendue et peu confortable. J'ai laissé Windie renifler les différentes pièces de la maison mais elle revient vite bredouiller, s'approchant lentement de l'aînée. Elle pose doucement sa tête sur ses genoux, avec une expression qui me fend le cœur. Je ne l'ai que rarement vu comme ça, mais la condition de l'Eossienne l'émeut sûrement. Après tout, elle peut sentir ça chez les autres.

    « Votre fils... »

    Je crois que j'ai dit ça pour lui faire plaisir. Ces propos m'ont échappé quand j'ai commencé à réfléchir à ce qu'elle me disait. Mais je les laisse en suspens comme si je ne savais pas comment terminer cette phrase, ou même comment continuer ce qui devait être à la base une enquête. Mes pensées sont troublées par la tension que je sens dans le salon. Cela ne m'aide pas à me concentrer.
    Je peux deviner pourtant sans mal une certaine affection dans les mots qu'elle emploie. Dans son monde, ils fêtent quelque chose. En famille, sûrement...
    En famille...
    Mes yeux dorés se perdent un court instant dans le vague. J'ai rencontré des personnes plus émotives, mais... Elle semble réellement contente de me parler de ça, quelque part. Je suppose... Que ce doit être important pour elle. Souvenirs ou pas, j'imagine que ça a beaucoup compté un moment donné. Alors je continue avec la première chose qu'il m'ait passé par la tête.

    « Vous devez être fière de lui. »

    Sans trop savoir si elle peut vraiment comprendre ce que je dis, je m'efforce de ne pas aborder les questions graves maintenant. Je les repousse, cherchant chez la Miyano quelque chose que je n'ai pas eu : de tendres souvenirs d'une famille. Des personnes qui vous encouragent dans votre voie, applaudissent vos efforts, font des fêtes en votre honneur... Je ne vais pas dire qu'on s'occupait pas de moi à l'orphelinat, mais ce n'était pas un hasard si chaque enfant était heureux de se faire adopter. Les parents sont là pour leurs progéniteurs, après tout. Peut-être qu'au fond je me retrouverais presque envieux d'une vie à laquelle je n'ai pas eu droit.
    Mais ce n'est guère le sujet du jour, et cela me permet de rebondir d'ailleurs sur d'autres questions.

    « Mais quand vous ne vous occupez pas de vos enfants... Est-ce que vous avez un métier ? Y'a-t-il quelqu'un pour vous aider ? »

    Cela pourra servir ma cause aujourd'hui. Heureusement, je sais être subtil quand la situation l'exige (les miracles existent). Je ne veux surtout pas la brusquer : elle n'a pas l'air d'être en état de se faire secouer un peu, de toute façon, ni en état que je lui parle des accusations à son encontre, dont je me mets à questionner un peu le provenance, d'ailleurs.

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    Tension électrique


    On avait dit pas les mamans
    J'ai du mal à tenir en place. L'envie de sortir en claquant la porte ne fait que grandir au fur et à mesure que les secondes passent, seulement calmée par la connaissance que le faire risquerait de provoquer une crise. Elle ne supporte déjà pas les mouvements brusques, alors il faut que je me contienne, même si rester là trop longtemps me fait de plus en plus de mal. Petit à petit, ma mine se fait de plus en plus illisible, à la limite de la froideur. Plus la tension dans ma poitrine se fait pénible, plus je tente de la cacher en mettant tout ça sous le tapis. J'aimerais qu'on en finisse au plus vite. Tout ça est ridicule. De quoi a-t-il besoin, encore ? Je ne suis même pas sûr qu'elle sache qui sont les altissiens ou les caldissiens, alors fomenter... C'est on ne peut plus absurde. Plus j'y réfléchis, et plus je pense à une dénonciation calomnieuse de la part d'un voisin, ou... Je ne sais pas trop. Je savais qu'elle avait eu quelques soucis avec des clients fut un temps, mais cela me paraît quand même beaucoup, pour des simples histoires de plans de maisons. Ça ne fait pas sens, et je n'aime pas quand les choses ne font pas sens : cela m'irrite, pour tout dire. M'irrite et me peine. Maman n'avait pas besoin de ça.
    La tête de la chienne sur ses genoux semble la faire un peu réagir, toutefois. Sa tête se bouge sur le côté, comme si elle essayait de la voir clairement. Normalement, son odorat est encore très sensible : elle distingue d'ailleurs mieux les présences à l'odeur que par la vision, de ce que j'ai compris. Je crois que les animaux l'apaise un peu. Avec surprise, d'ailleurs, je cligne des yeux en voyant que l'une de ses mains s'est portée sur la tête de la canidée. Si je ne dis rien, je cligne des yeux, n'osant pas prononcer un mot. J'aurais presque peur qu'elle s'éloigne, si je parlais.

    Pour autant, mon attention est reprise lorsque l'autre reprend la parole, en parlant visiblement dans le vide. Perplexe, je fronce les sourcils, ne comprenant pas trop pourquoi il revient sur ça. Son expression est, en plus de ça, assez... Je ne sais pas. Je le dévisage avec curiosité. Je ne sais pas à quoi il pense, mais j'ai l'impression que ma mère n'est pas vraiment la seule à être plongée dans sa propre tête, à l'heure actuelle, bien que je ne saurais pas dire pourquoi. Et dans les faits, je m'en fiche, mais... Quelque chose me met mal à l'aise dans son comportement. Comme l'écho de quelque chose que je ne peux pas distinguer, mais dont je perçois la présence, subtilement, légèrement. Une épine à la surface, mais sur laquelle je ne m'attarderais pas. Je n'ai pas que ça à faire.

    Je ne m'occupe pas de ses réflexions. Pour moi, ce ne sont que des méthodes qu'il a pour la mettre en confiance, alors je n'écoute que d'une oreille, reposant mon regard sur l'expression de ma mère afin de détecter tout ce qui pourrait ressembler à du mal-être. Depuis tout à l'heure, je prie pour que tout se passe bien et qu'elle ne fasse pas une rechute à cause de quelque chose qui la dérangerait intimement. Elle ne répond pas à sa remarque, mais je... Je ne m'en soucie pas. Ce n'est pas grave. Je m'y suis habitué, quelque part. Elle me le disait de vive voix, avant, mais j'ai peu à peu oublié comment cela sonnait sous son timbre, qu'elle me soutienne. C'est un souvenir, maintenant. Comme... Comme elle, quelque part. La pensée est affreuse, toutefois, et j'en ai bien vite honte, les épaules crispées et le regard se détournant brièvement. J'ai l'impression d'assister à un accident, ou... Je ne sais pas. De regard une plaie béante en face, je suppose. La sensation de malaise est analogue.

    Sa question suivante me fait rouler des yeux. J'aurais pu lui dire, ça : je ne vois pas vraiment l'intérêt de lui poser la question. Maman va juste... Lui raconter des choses qui ne sont plus, je suppose. La main sur la tête de la chienne, elle hume un air que je connais plutôt bien et qu'il me plaisait d'entendre, fut un temps, en la caressant vaguement. Son bras semble toutefois avoir encore du mal à bouger, ce qui ne m'étonne pas. Je ne sais pas trop si elle a entendu ou compris ce qu'il dit, au départ, m'attendant presque à devoir intervenir, mais... Non. La tête ailleurs, son regard reste fixée sur la chienne qui a semble-t-elle mieux réussi à capter son attention que moi.

    « Oh, je n'ai besoin de personne, je n'ai même pas trente ans... E-et puis, il faut bien que je m'occupe de faire les plans du barrage : vous savez, l'on construira bientôt un pont pour relier les îles du quartier de l'est entre elles ! »

    J'ai du mal à me retenir. Mes doigts se sont crispés sur ma cuisse. « Le quartier de l'est » est devenu le quartier des loisirs, depuis l'emménagement des altissiens et des caldissiens, et cela fait un moment déjà que les ponts y ont été installés, bien qu'elle ait effectivement fait quelques plans à l'époque. Et, évidemment, elle n'a plus trente ans depuis longtemps. Je n'ai pas besoin de le souligner.

    « C'est étrange... Vous sentez pareil, tous les deux... ? »

    Je cligne des yeux. Surpris, je ne dis rien sur le moment. Son regard est fixé sur le chien, alors l'on pourrait croire que sa remarque est insultante, mais il n'en est rien. En fronçant les sourcils, j'essaie de réveiller mes narines pour percevoir ce qu'elle dit, et les hausse en constatant qu'elle a effectivemment raison. Bon, d'accord, c'est étrange, les odeurs se ressemblent beaucoup, mais... Enfin, je ne vois pas l'intérêt de le notifier. Mais en même temps, je ne suis pas sûre que ce que dise ma mère fasse beaucoup de sens. Son expression se marque toutefois de plus de confusion.

    « Mais il y a ce monsieur, qui vient de temps en temps... Je crois qu'il voulait que je fasse de la magie... ? Mais je n'en fais plus, maintenant, je ne comprends pas. C'est papa, qui en faisait. Je crois qu'il était énervé, il était devenu tout rouge... »

    Sur le coup, je suis un peu étonné. Je ne m'attendais vraiment pas à ça, alors j'affiche une expression étonnée. Je n'ai... Je n'ai jamais attendu parler de ça. Perplexe, mon expression surprise laisse place à de la confusion. Depuis quand est-ce que... ? Pourquoi est-ce que... ? Je ne comprends pas. Un sentiment de malaise monte dans ma poitrine et je ne peux pas, sur le coup, m'empêcher de prendre la parole, de l'inquiétude dans le regard alors que je tente de parler le plus calmement possible.

    « Maman... ? Quel monsieur... ?
    - Mais tu sais bien, Natsume ! Le mari de monsieur le boulanger ! Celui qui te donnait des petits pains en plus... Allons, ce n'est pas très poli, de l'oublier.
    - ... Monsieur Pinot ? Mais maman, il est m-... »

    Je me tais. La surprise a laissé place à une sincère confusion, et à une crainte bien réelle, à vrai dire, alors que je tique enfin. La personne dont elle parle est morte l'année dernière et, à ma connaissance, n'était jamais venue la voir avant. Et puisque je n'avais jamais vu personne s'approcher d'elle jusque là... Je ne sais pas si je suis très à l'aise avec ce que je suis en train d'entendre. Confus, je n'ose pas parler. Quelque chose est... Quelque chose ne tourne pas rond.

    ft. Samaël Enodril
    le 12 avril 1001

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    12 avril
    1001
    Tension électrique
    avec Môman Miyano
    Sa tête se repose sur les genoux de Miyu. Elle a toujours été faible et très empathique vis-à-vis des autres mères. Pour la plupart, elle les envie. Elles ont bien souvent la chance d'assumer le rôle qu'elle n'a jamais pu avoir auprès de son fils qu'elle accompagne pourtant depuis plus de vingt ans sous la forme d'une chienne domestique. La peine de la Miyano est un peu différente de la sienne, mais elle la ressent comme si elle pouvait la comprendre. La main qui vient se poser entre ses oreilles fait agiter sa queue pour signifier qu'elle est autorisée à la toucher. Contrairement à Samaël, elle peut mieux se rendre compte des difficultés de la vie des Eossiens depuis qu'ils se sont faits envahir. Voilà pourquoi elle a toujours préféré se montrer pacifiste envers eux et n'a pas hésité à éloigner son fils de l'humiliation quand elle l'a aperçu se battre avec cet éoniste. Ce qui compte désormais pour Lyra, de toute façon, c'est de protéger son garçon. Pour le reste, elle demeure observatrice de ce qui arrive à Yggdrasil, mais n'en pense pas moins pour autant.

    Alors elle reste à sa place, sans bouger, profitant des quelques caresses qu'elle peut avoir. Parfois, il est drôle de savoir comme son côté animal a pu prendre autant de place ; mais à force de rester sous cette forme, elle s'adapte aussi bien à une transformation qu'à l'autre. Pour une dame qui a du mal à bouger et a totalement dire des choses sensées, ce maigre geste sur sa tête semble précieux aux yeux de Lyra. Elle et son enfant écoutent Miyu avec attention sans oser l'interrompre. Le militaire est stupide à n'en point douter, mais il sait se montrer doux et surtout se taire quand la situation l'exige. Enfin... Presque. Mais sans trop savoir pourquoi, il n'ose pas interrompre la cinquantenaire de toute manière. Possiblement aussi par respect pour celui qui lui a ouvert la porte, quand bien même ils ont des différends non négligeables. La Miyano parle d'un temps révolu sans vraiment le réaliser. Samaël pourrait croire à mensonge fait de toutes pièces pour se décrédibiliser, mais il n'en est rien, et il en a cette drôle d'impression. Il reste pour l'instant muet, surpris néanmoins quand l'interrogée évoque une odeur semblable entre le chien et son maître. Si Lyra s'est figée, elle se doute toutefois que la magimorphe n'irait probablement pas deviner le lien qui l'unit à l'Altissien à moins qu'elle soit très doué pour percevoir ce genre de choses. Mais elle ne fait pas plus de commentaires. Samaël, naïf comme il est, ne comprend absolument pas ce à quoi elle fait allusion mais sourit tout de même légèrement, comme flatté.


    « Ah euh eh bien, c'est ma chienne, alors c'est normal si nous portons la même odeur, en soit. Enfin... Je crois. »

    Il ricane comme à son habitude d'un air benêt mais sincère. Dans ces moments-là, le ressemblance avec son père est frappante aux yeux de Lyra qui revoit dans ses traits ceux d'un mari perdu trop tôt. Et que leur progéniture a appris à détester. Elle ne pensait pas sur le coup, toutefois, que leurs odeurs pourraient être similaires. Mais cela fait quelque chose pour les rapprocher ; alors, au fond, cela lui fait quand même plaisir.

    Mais la conversation est redevenue sérieuse. Toujours en l'écoutant, je reste assis sur ma chaise à la laisser parler un peu de sa vie. J'en ai presque fini par oublier pourquoi j'étais venu, à la base, avec tout ça. Elle éveille pourtant potentiellement la curiosité de l'éoniste tant et si bien qu'il a finalement pris la parole. Elle parle d'un homme qui vient la voir de temps à autre. Tiens donc, elle aurait de la visite, au final... Cela peut être intéressant. Si elle est innocente de ce qu'on l'accuse, peut-être qu'une tierce personne qu'elle fréquente ne l'est pas...

    « Il y a un problème ?.. »

    Mais la tension est redevenue étrange, d'une certaine façon.

    « Il y a quelque chose avec ce Monsieur Pinot ? »

    Je me redresse, reprenant ma concentration. Je dévisage le Shimomura, curieux de sa réaction subite, alors qu'il a promis de ne pas s'en mêler et qu'il avait réussit à tenir parole jusque là. Pas que cela change grand chose, en soit. Mais il se tenait plutôt à carreaux pour le moment. Et cela a fini par m'intriguer, moi aussi.

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    Tension électrique


    On avait dit pas les mamans
    Confus, j'ai du mal à comprendre ce qui se passe. Je n'aime pas trop ça. Je veux éviter de la brusquer en la harcelant de questions, mais... En même temps, je ne suis pas à l'aise et j'aimerais me tranquiliser. J'en ai presque oublié la présence de l'autre énergumène dans la pièce, alors que c'était normalement lui, qui était supposé poser les questions. Mais je n'y peux rien, sur le coup, ça m'a interpellé. La petite « enquête » d'Enodril m'indiffère totalement : la sécurité de ma mère, en revanche, c'est tout autre chose. Si je l'entends réagir, visiblement intrigué, et se tourner vers moi, je ne réponds pas tout de suite à sa question, le regard fixé sur le visage de ma mère, visiblement bien peu inquiétée par ce qu'elle raconte. Un certain malaise remue mon ventre. Je n'aime pas ça. Je sais bien qu'il ne faut pas écouter l'instinct reptilien (arrh arh, oui, jeu de mots, je sais), mais tout de même... J'ai besoin de comprendre. Ignorant pour le moment le militaire, je prends une voix plus douce, comme si je craignais qu'elle ne prenne peur.

    « Maman... ? Qu'est-ce qu'il t'a demandé... ?
    - Oh, de la magie, mais il sait que je n'en fais plus... Il n'écoutait rien ! Il était tout ronchon, on aurait dit toi, mon lapin ! »


    Je ne tique même pas à son surnom, plus intrigué par ce qu'elle me raconte. Alors, certes, je sais qu'elle était conjuratrice, fut un temps, mais... Enfin, ça n'a jamais atteint le niveau de mon grand-père maternel, de ce que j'en sais. Elle a de toute façon toujours refusé de m'enseigner quoi que ce soit, expliquant que ce serait me donner des mauvaises bases que me faire employer ses méthodes « fort douteuses ». Par conséquent, je ne comprends pas trop pourquoi on aurait pu venir la voir pour ça. Mais, surtout, ce qui m'intrigue est cette pseudo colère qu'elle évoque. Est-ce... Est-ce que quelqu'un aurait tenté de lui soutirer quelque chose... ? Je ne comprends pas.
    Incertain, je ne relance pas la parole tout de suite. L'inquiétude me remue les tripes, mais je la dissimule tant que je peux, avec une certaine difficulté, toutefois. Je repense, vaguement, à la question que m'a posé Enodril. Je ne peux pas y répondre ici, néanmoins. Je ne veux pas causer de choc à maman, alors...

    « … Maman, je vais lui montrer les fleurs du jardin, l'on revient vite. »

    J'ai forcé un sourire presque lumineux sur mon visage, mais il est crispé, peu sincère. Difficile de cacher le fait que je suis en pleine introspection alors que je tourne silencieusement mon regard vers l'autre pour lui intimer de me suivre. En silence, si possible.
    Lorsque la porte se referme et que nous arrivons finalement à une distance suffisante pour qu'elle ne nous entend pas, je me permets de reprendre la parole. Je marque un temps d'hésitation. C'est... C'est délicat. Très délicat. Dans un soupir fatigué, je laisse une main remonter vers mon nez pour en pincer l'arrête. Cette journée fait remonter beaucoup trop de mauvais souvenirs dans ma tête, et je n'ai pas l'impression que c'est prêt de s'arrêter. Je ne le regarde pas en face. Je suis trop occupé à chercher le bon terme.

    « Pinot est... Enfin, il est mort l'année dernière. Après le réveil, il a... »

    Je grimace. Je garde un sombre souvenir de son enterrement. Ils sont généralement durs à vivres, mais ceux de ce type, surtout à cette époque, étaient... Durs, oui. De temps à autre, j'en fais encore des cauchemars, mais ce n'est pas la question. Préférant éluder les détails pour ne pas ramener trop de mauvais moments dans ma tête, je rajuste mon expression pour dissimuler au mieux au malaise, reprenant cette mine plus difficile à lire que j'use d'habitude.

    « … Suicide. Son mari ne s'en est pas remis, alors nous ne l'avons pas revu depuis. »

    Je me souviens qu'à l'époque, nous avions cru que, fou de désespoir, il avait peut-être fait la même chose ; après tout, vu les bêtes qui grouillent dans les terres extérieures, il n'est pas toujours possible de retrouver les corps. L'autre hypothèse était qu'il avait quitté la ville, mais avec son statut d'éossien, il n'aurait pas pu dépasser le deuxième mur. Cela peut paraître un peu cruel à dire, mais nous avions d'autres priorités, à l'époque : il y avait tellement de disparitions que, un de plus ou un de moins, à vrai dire...
    Je ne le regarde pas directement, toutefois, l'air plongé dans mes pensées alors que je réfléchis, pensant presque à haute voix.

    « Mais c'est étrange... L'assistante de vie de maman ne m'a pas parlé de ça. Alors soit elle n'a rien vu, soit elle... »

    Je ne termine pas ma phrase. Je n'aime pas douter des gens. Ce n'est pas mon travail, bien au contraire, et cette femme me semblait plus qu'honnête. Seulement voilà, c'est la première fois que maman m'en parle, et je trouve ça étrange, soudainement.

    ft. Samaël Enodril
    le 12 avril 1001

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    12 avril
    1001
    Tension électrique
    avec Môman Miyano
    Je ne comprends pas tout ce qui se passe mais je continue d'observer la scène avec attention d'un air perplexe en fixant mon regard tour à tour sur le Shimomura et la Miyano. Extérieur à la conversation puisqu'il s'agit de quelqu'un que je ne connais pas, je les laisse pourtant parler un peu pour ne pas perdre le fil. Si Natsume semble interrogateur, cependant, je ne me méfie pour l'instant pas plus que ça des propos de la plus âgée quand bien même je suppose qu'elle doit dire des choses invraisemblables aux yeux de l'éoniste, puisque ce dernier n'a pas l'air de saisir de quoi sa génitrice veut parler. De mon point de vue, puisqu'elle a déjà montré des signes d'un état second où elle ne disait pas toujours des trucs censés, je ne me questionne pas vraiment sur ce qu'elle peut avouer. Après tout, elle a déjà parlé d'événements qui se sont déjà produits comme s'ils étaient à venir, alors je ne vois pas ce qu'il y a de si particulier maintenant. Pour autant, l'autre paraît vouloir changer de sujet. D'un seul coup, il m'intime de le suivre à l'extérieur, et je le suis, sans vraiment capter quoi que ce soit à la situation. Windie ne bouge pas de sa position et reste collée à Miyu comme pour lui tenir compagnie. Pas plus mal pour l'Eossienne, sans doute. Mais une fois dans le jardin, le moine hésite. Au point où on en est, je suis prêt à l'écouter lui aussi, mais je ne vois pas pourquoi c'est si dramatique, ce que sa mère raconte. Je le laisse toutefois m'expliquer de quoi ils parlaient puisque j'avais posé la question. Si sa phrase est restée en suspens, toutefois, je devine pourtant la suite sans mal, vu comment ça a l'air délicat pour lui d'en parler.

    « Oh. »

    Suicide.
    Il confirme aussitôt d'ailleurs mes soupçons. Cela me fait... un peu étrange de penser qu'il y a des Eossiens qui sont allés jusqu'à cette finalité après le Réveil, mais... Je... Je ne sais pas trop comment moi j'aurais réagi si je me levais un jour et qu'on me disait que mille ans étaient passés. Je ne retiens pas une légère grimace, trouvant cela quand même... dommage d'en arriver à une fin pareille. Lui et son euh... Son partenaire aurait pu sans doute s'intégrer à leur nouvelle vie.
    Mais je ne vois toujours pas ce qu'il trouve de dérisoire après tout ce que sa mère a déjà pu dire. Reprenant une expression plus désinvolte, je me contente de hausser les épaules quand il me fait part de son questionnement. Pas qu'il m'ait demandé mon avis directement mais sinon il ne parlerait pas à haute voix, je présume.

    « Bah... Rien d'étonnant à ça. C'est peut-être juste son état mental actuel. Après tout, elle a l'air de confondre ses souvenirs. »

    Qu'y a-t-il de si étrange, après tout ? Est-ce qu'il y a des choses qu'il ne me dit pas, à tout hasard ?.. Avait-elle un lien privilégié avec ce Pinot ?

    « Ou alors elle a vu un fantôme et c'était la seule à pouvoir interagir avec lui. »

    Et dans ce cas, son assistante de vie n'aurait pas pu voir le spectre, mais elle aurait pu parler du fait que Miyano parle seule, cependant.

    « … Ou alors elle fait des trucs en cachette. »

    Tiens, tiens... Tout à coup, ça m'intéresse. Est-ce qu'elle ferait réellement des choses dans le dos de son fils et de son auxiliaire de vie ?.. Étrange... Pourtant, elle semblait sincère dans ce qu'elle racontait tout à l'heure, quand elle donnait des semblants de réponse à mes questions. Soit donc elle bluffait, soit il y a réellement quelque chose de bizarre, dans tout ça...

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    Tension électrique


    On avait dit pas les mamans
    Plongé dans mes pensées, je ne fais plus vraiment attention à l'individu en face de moi. De toute façon, je ne le fais déjà pas en temps normal : il est aussi intéressant qu'une feuille par terre, alors... Autant ne pas perdre mon temps dans des considérations inutiles et s'intéresser davantage à ce qui m'intrigue. Lorsqu'il hausse les épaules d'un air que je qualifierais de je-m'en-foutiste si j'arrêtais de simuler l'indignation quand je me permets quelques vulgarités (oui oui, personne n'y croit hormis moi, je le sais), je ne peux pas m'empêcher de le dévisager. Ma parole, mais ce n'était pas qu'une impression : il est vraiment complètement stupide. Cela ne fait que renforcer ma pensée comme quoi ce ne sont pas les neurones qui font le grade, vraiment. Enfin, ça, c'est ce que je pense. Sans jamais prendre conscience que c'est extrêmement condescendant de ma part et que je suis surtout en train d'essayer d'auto-confirmer ce que je pensais déjà. Ce n'est pas quelque chose que je suis capable de remarquer à l'heure actuelle, de toute façon.
    Quand il me fait part de la possibilité d'un « fantôme », je ne me retiens pas de lever les yeux au ciel. Bah voyons. Ma mère n'a peut-être plus toute sa tête, mais je ne l'ai jamais entendu me parler d'esprits, que je sache. La suite, en revanche, me provoque un grognement audible, roulant des yeux d'un air exaspéré. Je vous jure, je vais finir par croire qu'à chaque fois qu'il touche le fond, il fait l'effort de creuser un peu plus : à force, ça ne me surprend même plus. Mais bien sûr. C'est à croire qu'il le fait exprès, d'être aussi obtus et déterminé à prouver que ma mère est quelqu'un de « louche » : je suis persuadé que face à une altissienne, il tiendrait un peu sa langue.

    « … Elle ne peut plus marcher, et elle ne se rappelle même pas que ses parents sont morts. Si elle est capable d'imaginer quelque chose d'aussi tordu, j'en tire mon chapeau. Et j'imagine, en plus de ça, qu'elle a trompé plusieurs guérisseurs ET votre administration. »

    Mon sarcasme est acide, mais il n'est pas virulent en soi : je n'ai pas envie de m'énerver. Ou du moins, je n'en ai pas l'énergie. Je suis plus préoccupé par ce qui se trame autour de ma mère pour perdre mon temps à le regarder se rouler dans sa propre boue. Qu'il s'enfonce dans des fausses pistes si ça l'intéresse, après tout, ça me laissera de l'espace.

    « Quelqu'un aurait pu se faire passer pour lui afin d'obtenir une faveur, aussi, je sais qu'ils s'entendaient bien. Ma mère ne fait plus de conjuration depuis longtemps, de toute façon, son état ne le lui permet plus, alors si la réponse n'a pas plu... »

    Je pense tout seul. Je ne fais même pas attention à l'autre, à vrai dire. Pensif, j'essaie de recoler les morceaux dans mon esprit, perplexe mais pas moins intrigué. J'ai l'impression de passer à côté de quelque chose d'évident, ce qui m'irrite plus qu'un peu. Comme si il me manquait une information qui rendrait ça parfaitement clair, quand bien même je devrais être capable de réaliser, également, que tout ne fait pas toujours sens comme il faut. En parlant d'informations manquantes, je réalise d'ailleurs à ce moment qu'une ne m'est pas encore disponible, de telle sorte que je relève un regard curieux mais presque perçant vers le militaire, jaugeant sa réaction.

    « … Vous avez au moins inspecté la provenance et la pertinence de l'accusation, je suppose, avant de venir ici... ? Ainsi qu'obtenu des allégations plus claires et fondées  que « préparer un mauvais coup »... ? »

    Jusque là, j'étais trop confus et surpris pour vraiment m'interroger sur ce que j'ai entendu, honte à moi. Mais, quand je me repasse la scène en tête... Tout ceci sonne bien étrangement. Soit il me dissimule quelque chose, soit il est en train de me répéter mot pour mot ce qu'il a entendu, et... Eh bien. Je ne vais pas dire ce que j'en pense, j'en deviendrais vulgaire.

    ft. Samaël Enodril
    le 12 avril 1001

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