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  • Le vase et la goutte d'eau {PV Samiche
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    Le dragon n'est plus, miracle est arrivé. Yggdrasil a protégé sa cité. Des mois de siège éreintant cessent, la ville millénaire respire à nouveau. Chaque soir, sous la lueur émeraude et bienveillante du grand arbre, les éossiens fêtent et célèbrent ceux tombés au combat. Après tant d'épreuves, la ville semble reprendre vie...
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    Le vase et la goutte d'eau


    Ça commence à faire beaucoup
    /!\ C'est pas très jojo. Sexisme, xénophobie et harcèlement, et potentielle transphobie par la suite.

    Oui, je ne sais pas ce que je fais actuellement là. Inutile de me poser la question, c'est quelque chose que je me demande moi-même à l'heure actuelle, alors que je suis attablé dans un coin de la taverne, jouant machinalement avec mon verre vide comme pour me donner une façon de supporter mon anxiété. Je devrais rentrer. C'est ce que je me dis à chaque seconde qui passe, mais mes jambes restent enfoncées dans mon siège. Pour rentrer, il faudrait que je fasse quelque chose de spécifique : passer au travers de la foule qui s'agite et qui parle si fortement que j'ai l'impression que mes tympans vont exploser. Ou du moins, c'est ainsi que je l'entends. Car depuis tout à l'heure, la pression monte, monte et monte, jusqu'à ce que le moindre effleurement près de moi ne me fasse l'effet d'une lame de rasoir. Alors, comme un idiot, je suis resté prostré sur ma chaise, les épaules tendues et les doigts crispés.
    La nuit est tombée, la journée s'est terminée. Sans surprise, les gens s’agglutinent dans les établissements ouverts pour se détendre ou pour aller rencontrer d'autres personnes. Quelque chose, de mon côté, qui m'a toujours plus ou moins indifféré, et dont je me tiens la plupart du temps éloigné. Pas pour une quelconque raison méprisante ou quoi que ce soit du genre, mais plutôt parce que... Eh bien. Je n'y ai jamais été à ma place, disons. Je n'ai jamais compris ce qui pouvait être amusant, et en plus de ça, la surcharge de sons, d'odeurs et de stimulii a toujours été trop intense pour que je m'y attarde de manière superflue. La plupart du temps, quand je viens au Twilight, c'est simplement pour voir Lysia, ou avant l'heure du déjeuner, quand l'endroit est calme et que je peux manger et repartir rapidement. Je ne m'y attarde jamais le soir : c'est trop bruyant, trop bondé, trop... Trop tout, pour dire vrai.

    Sauf qu'aujourd'hui, une connaissance m'avait demandée de venir, pour une raison vaguement expliquée à la-va-vite. Peu enthousiaste, j'avais malgré tout cédé en me disant que ce serait une affaire finie : une vague discussion devant une planche de crudités, et je pourrais rentrer me coucher. Rien de plus, rien de moins.

    Sauf que cela va faire une heure que j'attends, et rien. Rien, hormis l'impression saisissante que ma tête va exploser d'un moment à l'autre. Je ne sais pas exactement comme la nausée est montée, mais elle me tient la gorge depuis un moment maintenant, de telle sorte que j'ai l'impression que même le goût de l'eau que je bois est devenu rance. Je n'aime pas l'alcool, ce n'est pas nouveau : ça me révulse, même, depuis un an, sans que je ne sache vraiment pourquoi. L'on pourrait donc m'opposer que venir dans une auberge le soir n'est pas ma meilleure idée : et j'en suis conscient. Je devrais partir. Depuis tout à l'heure, déjà, l'envie se fait pressante, mais mes jambes sont toujours paralysées devant l'idée de traverser ce bain de foule. Stupidement, j'en viendrais presque à me dire que je devrais attendre que les heures passent pour partir à la fermeture, quand plus personne ne sera là. C'est qu'au fur et à mesure que le temps passe, c'en devient presque une solution « crédible ».Tout, mais ne pas se lever, ne pas passer outre la foule, ne pas passer dans l'épicentre du bruit et des odeurs. Mon expression doit faire peur, vu comme elle est devenue renfermée.  

    En théorie. Depuis tout à l'heure, j'ai la sensation que quelqu'un me regarde, avec insistance. Incertain, j'ai tenté de ne pas m'y intéresser au départ, me disant que c'était certainement anecdotique. De toute façon, ma tête n'était pas à ça.
    C'était le cas jusqu'à ce que ledit individu s'invite lourdement à ma table, de telle façon que le soudain mouvement me fit sursauter, les muscles crispés, gênée par l'arrivée d'une présence familière et d'une odeur agressive pour mes narines.

    « Bah alors, mon mignon, on fait la gueule ? Tu serais mieux avec un sourire, tu sais. »

    Je peux sentir mes épaules se tendre rien qu'au ton mielleux et excessivement sucré qui parvient à mes oreilles. Je n'ai pas besoin de me tourner vers le côté pour me faire une idée de l'expression narquoise de la personne qui s'est approchée de moi jusqu'à presque envahir mon espace personnel. Instinctivement, ma réaction est l'immobilisme. Comme si ne plus bouger allait changer quoi que soit. Pour autant, alors que j'espérais peut-être que mon absence de réponse allait convaincre l'homme qui s'est approché de s'en aller, je sens un bras passer autour de mon épaule, l'y nouant fortement. Le contact force me fait l'effet d'une brûlure insupportable, mais sur le moment, je suis comme paralysé. Je n'ai pas l'impression que ça le dérange, au contraire, puisqu'il en rajoute une couche, m'observant avec toute la condescendance et tout la curiosité morbide de quelqu'un qui se retrouve devant un animal rare.

    « Tu fais le difficile, pour un adorateur d'arbre. D'ordinaire, y savent la chance qu'ils ont à ce qu'on les regarde. On sait complimenter, en plus. Mais bon, avec ta tête, tu dois piocher des deux côtés, hm... ? »

    J'ai passé l'envie de m'indigner pour le moment : tout ce que je cherche est un moyen de partir de là au plus vite. Je n'aime pas trop la manière dont je peux sentir son regard passer le long de mes robes en toute décomplexion, dont son visage cherche à s'approcher à chaque fois que je recule, dont son bras se serre contre mon épaule, dont son ton se fait insistant et son regard chercher à coincer le mien qui veut tout sauf ça. Les signaux dans ma tête se sont allumés, mais je suis incapable de bouger, alors que ce n'est pas la première fois.

    « Mais c'est pas grave, j'aime bien les sauvages. Y mordent bien, mine de rien. »

    Sa main passe sur ma joue comme pour accompagner ses propos. Je ne comprends pas vraiment ce qu'il insinue, mais j'ai assez d'expérience en terme d'approches pénibles dans ce genre pour savoir que je n'ai pas envie de demander des détails. Tout ce qui m'importe est de m'éloigner, mais... Il fait bien deux têtes de plus que moi et le double de mon poids, et je n'ai pas envie de détruire la taverne de Lysia avec de la magie. Alors, sur l'instant, j'écoute mon réflexe. Mes dents se referment d'un seul coup sur le doigt qui s'approchait de trop près de mon visage : le cri qui s'en suit est si bruyant que plusieurs regards se détournent d'un coup vers nous, sans pour autant que quiconque ne bouge sur le moment.

    « Sale petite... ! Tu veux jouer à ça ? »

    J'entends mal ce qu'il a dit, mais j'en sais assez pour savoir que ça n'a rien d'amical. Dans tous les cas, alors que sa prise sur mon épaule s'est crispée, je peux sentir que la situation vient de monter d'un cran d'un seul coup.

    ft. Samaël Enodril
    le 17 avril 1001



    Dernière édition par Natsume Shimomura le Mer 29 Juil 2020 - 16:42, édité 2 fois

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    17 avril
    1001
    Le vase et la goutte d'eau
    avec Natestpasàlaise

    « Aaaah ! Heureusement qu'ils ont des tavernes dans la cité, hein, Grisby ? Comment on aurait fait pour décompresser après le boulot, sinon ?
    - B-Bien dit, mon Capitaine !
    - Serveur ! Une autre, siouplé ! »

    J'agite mon verre en l'air pour me faire comprendre. Après une dure journée de travail, l'heure est à l'amusement et à la détente. Pour la peine, j'ai dit à quelques soldats sous ma tutelle que je les invitais à boire un coup au Twilight. Il paraît que c'est tenu par une Caldissienne, mais leur bière à la framboise n'est pas mal du tout, je dois l'avouer. Accompagné de Grisby, un de mes hommes, je me suis mis à une table où nous sommes plutôt tranquille. Comme d'habitude, la taverne est bruyante. Agitée de monde, elle commence à détenir des personnages ivres ou pompettes dont nous ferons peut-être bientôt partis à la fin de la soirée. Pour l'instant, je n'ai pas beaucoup bu, mais la soirée vient de commencer. La foule et l'ambiance qui règne ne me dérangent nullement. C'est un univers que j'ai toujours côtoyé à Altis et je trouve du réconfort dans l'idée que c'était comme si rien n'avait changé depuis que je suis arrivé ici. Mes yeux s'attardent un peu partout, tandis qu'on me ressert une chope que je bois à grandes gorgées. J'avais bien soif, après la patrouille du soir.
    Mais ce moment de détente est malheureusement de courte durée. Je suis envahi par une drôle de sensation de nervosité. Elle me prend à l'estomac comme une gêne, sans être douloureuse mais quand même étrange. Comme si quelque chose attirait mon regard, celui-ci se pose sur une table dans un des coins de la taverne. À ma grande stupéfaction, je reconnais celui avec une tignasse ébouriffée.
    Tiens, tiens, il est là, lui...
    J'ai vraiment l'impression qu'il me suit, des fois. Je le croise beaucoup trop souvent ces derniers temps mais je sais qu'il ne me porte pas non plus dans son cœur alors je trouverait ça bizarre que ça ne soit pas juste une coïncidence. Mais je n'ai pas trop à m'en préoccuper, de toute façon, je n'ai qu'à l'ignorer ce soir. Je suis venu pour passer une bonne soirée, pas pour croiser ce moine coincé.

    Pourtant le sentiment de malaise que je perçois en sa direction s'intensifie. Le type qui l'accompagne semble vouloir lui faire du gringue, mais à la tête du lézard, ce dernier n'a pas du tout l'air intéressé. Je devine que c'est lui qui doit dégager cette incommodité grandissante. En fermant les yeux et en me concentrant sur mon ouïe, je décide de jouer les malpropres curieux et d'entendre leur conversation. C'est bien ce qu'il me semblait : mon 'cher ami' se fait draguer et il ne semble pas apprécier du tout. Recouvrant la vue, j'attends la suite pour voir s'il réagit aux paroles grivoises qui lui sont destinées. Je pense que l'inconnu a bien envie d'aller plus loin avec lui. Lorsque j'observe toutefois la suite de la scène et que distingue la morsure puis le cri qui l'accompagne, je recrache ma boisson avant de ricaner. Ce pauvre Grisby, pour sa part, a sursauté à la plainte de la victime. C'est un soldat fidèle mais un peu frêle et pas très intimidant, malheureusement pour lui.

    « Oh... Olala... Il n'a pas l'air très content... Je crois que ça va finir par dégénérer. »

    Et pour une fois, je suis d'accord avec lui. Celui qu'il a mordu n'a pas du tout aimé cette défense, et je le vois qui lui attrape l'épaule pour sans doute se venger. En poussant un soupir, je pose ma chope et décide cette fois d'intervenir. Ce malaise vibrant qui a atteint ma table m'empêche de profiter du reste, de toute façon. Je ne voudrais pas que cette belle taverne soit abîmée ; j'y passe de trop bons moments. Alors avant que le grand gaillard ne puisse faire quoi que ce soit, je m'approche de lui et du magimorphe avec une démarche nonchalante, mon épée à la ceinture. M'éclaircissant la gorge quand j'arrive à leur niveau, je tapote le bras du plus costaud pour l'interpeller.

    « Ehm... Excusez-moi, mais je crois que vous importunez ce jeune homme... »

    Le dadais se retourne dans ma direction en me scrutant d'un regard très mauvais. Oups, je crois que je l'ai énervé...

    « On t'a sonné, toi ?! Dégage de là, c'est mon Eossien, va-t-en chercher un autre !
    - … Pardon ? »

    Choqué par ses propos, je cligne des yeux d'un air dubitatif, comme si j'avais mal entendu. Puis, je fronce les sourcils et lui réponds sur un ton contrarié.

    « Monsieur, je vous ferais dire que les gens ne sont pas des propriétés, et vous le mettez vraiment mal à l'aise.
    - Rooh, tu m'emmerdes ! »

    Le soufflet est parti tout seul. Pas de moi, hein, de lui. Ne m'attendant pas à ce qu'il réagisse aussi vivement et qu'il perde instantanément son calme, mes réflexes n'ont pas réagis sur le coup et me voilà en train de tituber en arrière sous le coup du choc.

    « Capitaine ! »

    Grisby, témoin inquiet de la scène, accoure jusqu'à moi pour m'assurer que je n'ai rien. D'un geste, je lui demande de s'éloigner un peu. Le voyou se détourne déjà pour reprendre son affaire auprès du dragon, le prenant par le menton pour le scruter vicieusement. Remontant des manches invisibles, je m'approche du gredin qui lâche aussitôt sa prise et je finis par lui foutre une bonne droite sur la tronche qui le fait trébucher puis chuter sur une table qu'il renverse. Les personnes les plus proches de nous ont arrêté de jacasser pour dévisager la scène d'un air muet. Je remarque finalement sur les vêtements de l'agresseur le blason représentant une grande famille Altissienne, accompagné du célèbre loup argenté de notre patrie. Un hoquet m'échappe, avant que je ne dévisage le type avec une expression courroucé au visage. La taverne se fait un petit plus silencieuse alors que je grogne à la manière d'un chien mécontent.

    « Un Altissien, hein ?.. Tu fais honte à notre pays. On a pas fait la guerre pendant mille ans pour que des imbéciles dans ton genre nous déshonorent ! »

    Je suis furieux. Jamais je n'aurais cru voir des Altissiens se comporter ainsi. Je ne suis pas un modèle en matière de respect. Si j'étais honnête, je dirais que je ne considère pas vraiment les Eossiens comme nos égaux, cela va sans dire. Mais jamais je ne traiterais quelqu'un comme un objet, peu importe d'où il vient, et je ne m'en approcherai certainement pas d'une façon aussi déplacée sans un consentement. Avant que l'autre ne puisse se relever, alourdit par son poids, je l'écrase d'une jambe en faisant sortir des clés de ma petite besace que j'agite aussitôt devant lui avec un ton mi-sucré, mi-amer.

    « Mais si tu veux absolument obtenir quelque chose, je t'offre un gîte pour la nuit. Des geôles en parfait état qui attendent des occupants. Ne t'en fais pas, les loyers ne sont vraiment pas chers. »

    Son expression change pour émettre de la stupeur et de la confusion. De toute évidence, il prend conscience du pouvoir que j'ai et fait bien moins le malin. Grisby a appelé un autre soldat auprès de nous au cas où s'il se mettait à faire une crise par la suite.

    « Emmenez-le. Je ne tiens pas à ce qu'il recommence. »

    Sous mon ordre, les deux militaires embarquent notre 'invité' et le font sortir de la taverne. Je bous de l'intérieur, n'arrivant pas à croire ce qui s'est passé. Autour, on a arrêté l'agitation pour venir ricaner au sort de celui qui a mis le foutoir. Remettant en place mon armure que j'époussette brièvement, je m'incline avec un léger sourire devant l'auditoire.

    « Navré pour le dérangement, retournez à vos occupations. »

    Et il ne faut pas les prier deux fois. Il n'y a plus grand chose à voir, de toute façon, le... 'spectacle' est fini. Alors les discussions reprennent et on se remet à échanger des verres. De mon côté, je pousse un nouveau soupir. Hésitant, je finis toutefois par me tourner vers le Shimomura avec un peu plus de calme.

    « Vous êtes blessé ?.. »

    Le connaissant, il va probablement me rembarrer. Enfin 'le connaissant'... Pas comme si on se connaissait beaucoup, au final, mais aucun de nos rapports sociaux ne s'est bien passé. Et ce n'est pas faute d'avoir essayé, pourtant, j'vous jure.

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    Le vase et la goutte d'eau


    Ça commence à faire beaucoup
    Je n'ai pas envie de faire des dégâts, mais plus les secondes passent, et plus j'ai l'impression que cela va devenir obligatoire. Des grognements mauvais se mettent à sortir de ma gorge, ne serait-ce qu'instinctivement. Je suis à deux doigts de lui mordre le nez pour le désarçonner, mais j'ai bien conscience que je ne m'en sortirai pas sans magie, à ce rythme. Je ne suis pas du genre violent, mais... Ce type me hérisse le poil, ou plutôt les écailles, de telle façon que j'ai peu de culpabilité à m'imaginer répliquer. Mais après l'exécution, je voulais éviter de, enfin... De « refaire un cirque », si je puis dire.
    Toutefois, je ne crois pas être celui qui va en être responsable. Fronçant les sourcils quand une voix que je crois reconnaître parvient à mes oreilles, je ne peux pas m'empêcher d'avoir l'air on ne peut plus confus quand je reconnais l'autre... Hm. Je vais rester poli, mais uniquement parce que je ne comprends pas trop ce qu'il veut faire. Pour autant, mon envie de m'énerver contre le type insupportable qui me tient encore à moitié ne diminue pas quand j'entends la façon qu'il a de parler de moi, un frisson de dégoût et de malaise passant par mon dos. Malheureusement, ce n'est pas la première fois, alors mon seul réflexe est de serrer les dents, mes yeux lui lançant maintenant des éclairs. Oh, je vais lui faire passer l'envie de me considérer plus de cinq secondes, croyez-moi.

    Si mon regard repasse brièvement sur le militaire qui essaie de s'interposer, j'ai du mal à comprendre le sens de son intervention. Veut-il se faire bien voir... ? Il a l'air sincère dans ses propos, mais je ne peux pas m'empêcher de douter, même quand je sens que l'autre espèce de rustre est loin d'être content. J'ai encore en mémoire notre dernière rencontre.
    Pour autant, je ne peux pas m'empêcher de m'immobiliser quand je le vois se prendre un coup, ma foi assez violent. Un hoquet de surprise m'échappe alors que j'aperçois la scène, crispé et presque paniqué devant l'escalade soudaine. La chute a dû être assez rude. Et... Et 'ai beau ne pas le supporter... Je ne souhaiterais à personne ce genre de choses, surtout quand il n'y a pas eu de violence de sa part. Mon empathie me fait compatir et me fait me rendre compte que cela ne concerne plus uniquement ma pomme, faisant passer dans ma poitrine une sensation de colère qui vient outrepasser l'hésitation que j'avais tout à l'heure. Alors quand l'autre abruti me saisit en me fixant d'un air vicieux, je découvre mes crocs et le regarde avec hargne, prêt à lui sauter au visage d'une seconde à l'autre. Il sera chanceux si je lui laisse son nez.

    L'escalade, toutefois, continue ; car voilà que c'est au tour du militaire de rendre le coup, avec suffisamment de force pour que sa cible ne finisse sur la table d'à côté. Gelé sur l'instant, je n'arrive pas à bouger, les épaules levées et crispées. J'ai du mal à comprendre ce qui se passe autour de moi. Dans mes oreilles, des acouphènes bourdonnent. Ma gorge se noue et si les mots parviennent à mon ouïe, j'ai du mal à les enregistrer. Il me faut de longues seconds pour analyser et saisir ce qui se passe autour de moi, et notamment la raison de l'énervement grandissant de l'Enodril. Elle me laisse un goût âcre dans la gorge. Pourquoi faut-il toujours qu'ils rapportent tout à ce que cela veut dire pour eux... ?
    … Que ce soit un altissien ou un caldissien, ça ne change rien, pour nous.

    Mais de toute façon, je n'ai même pas la capacité de parler sur l'instant, les mains crispées contre mes oreilles pour tenter de tempérer, ne serait-ce qu'un peu, les sons stridents dans mes oreilles, signe que je ne suis pas bien loin de dépasser ma limite. Essayant de calmer ma respiration, je comprends plus ou moins que l'individu qui m'a agressé est en train d'être embarqué pour aller passer la nuit au trou, ce qui, sur le moment, n'est pas quelque chose qui me rassure ou même me déplaît. Cela m'indiffère, étrangement, d'autant plus que je suis plus occupé à tenter de résister à la violente nausée qui secoue mes tripes. Elle est virulente, assez pour que j'ai besoin de me tenir à la table afin de ne pas y succomber trop vite. Si j'ai du mal à comprendre la raison de son aggravement soudain, je peux toutefois saisir que le militaire essaie de... De me demander si je suis blessé. Perplexe mais supposant qu'il fait simplement son travail, si j'esquisse un signe de la tête afin d'indiquer que je ne suis pas blessé physiquement, j'ai pourtant du mal à répondre. Il faut dire que j'ai très, très envie de vomir sur le coin de la table. En ravalant ma salive, je n'arrive toutefois qu'à me focaliser sur mon urgence du moment.

    « … Sortir. Il faut que je... Sorte. »

    Mes oreilles me font encore mal, et j'ai l'impression de ne sentir mes doigts qu'à moitié. Pour autant, je crois que j'ai eu une bonne idée ; car une fois que nous nous retrouvons dehors, je sens déjà que mes poumons se remplissent plus facilement. La constriction se dessert, ne serait-ce qu'un peu. M'appuyant un peu sur des escaliers pour m’asseoir et poser ma tête sur l'un de mes genoux, je détends progressivement ma prise de mes oreilles alors que les bourdonnements refluent au fur et à mesure que les secondes passent.
    La nausée est toujours là, dans un coin de ma tête, mais j'arrive à la maîtriser. Même ma vision se fait plus précise. Je me rappelle, aussi, que je ne suis pas seul et je laisse mon regard se poser sur mon accompagnateur pour le scruter quelques secondes, mon regard s'arrêtant sur la zone enflée où ce dernier a pris un coup. J'arrive à éructer en parlant calmement, reprenant peu à peu conscience de moi-même.

    « … Si ça vous fait mal, je peux soigner ça avant que ça n'enfle et que ça ne reste plusieurs jours. »

    C'est la première pensée qui m'est venue. Peut-être que je m'en veux un peu qu'il ait pris un coup « par ma faute », bien que ce ne soit pas le cas. Je ne l'apprécie pas, soyons clairs, mais... Je ne suis pas devenu soigneur pour détourner le regard quand quelqu'un se sent mal. Et par ailleurs...

    « … Merci. »

    Je détourne brièvement le regard. Cela ne me coûte pas de dire ça ; en revanche, j'ai du mal à savoir comment le faire, vu que notre relation n'est clairement pas au beau fixe. Mais si ça se trouve, il va m'envoyer bouler, vu comme il peut être orgueilleux.

    ft. Samaël Enodril
    le 17 avril 1001


    ______________________

    Natsu grogne et fixe des fleurs en #8A4B08

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    17 avril
    1001
    Le vase et la goutte d'eau
    avec Natestpasàlaise
    Je sens qu'il est mal à l'aise. Quelque chose ne va pas. Je me surprends à être un peu inquiet pour le moine mais en même temps, il n'a vraiment pas l'air dans son assiette. Je me penche un peu pour tenter de deviner ce qui le dérange jusqu'à ce qu'il demande à ce qu'on sorte. Sans discuter davantage ou lui demander la raison, je m'exécute et l'entraîne en douceur à l'extérieur tandis qu'on nous offre un passage facilement. Je crois de toute façon que personne n'oserait s'interposer après la petite scène à laquelle ils ont eu droit. Hé, faut croire qu'une petite menace d'un aller en prison a fait le plus grand bien à ceux qui auraient pu semer davantage le trouble.
    Cela ne me fait pas de mal non plus, de sortir dehors. L'air est frais et bien plus pur qu'au sein de la taverne où ça commençait à sentir l'alcool et la sueur. Nous profitons d'une petite brise agréable et du fait qu'il n'y ait quasiment personne aux alentours pour nous asseoir sur des marches un peu plus loin. Je ne le relâche qu'à ce moment-là pour le laisser respirer un peu et se vider la tête. Au moment où son regard se pose sur moi pour m'observer, je reste immobile, sans trop savoir comment réagir. Ses yeux ambrés brillent très légèrement, comme s'ils sondaient mon âme. C'est drôle en réalité car pour une fois, nous ne nous jugeons pas avec mépris. Enfin, pour le moment, en tout cas. Il a l'air plus... vulnérable, me questionnant même sur mon état comme s'il se faisait du souci. Surpris et peu habitué, je reste muet, jusqu'à ce que, encore plus surprenamment, il finisse pas me remercier. Bouche bée, je m'imagine déjà dire avec un air pédant, comme si de rien n'était, que ce n'était pas grand chose. Que je n'ai fait que mon travail, que les soldats sont comme ça, patati, patata. Mais je crois deviner que ce n'est pas trop ce qu'il a envie d'entendre. Et ce n'est, bizarrement, pas ce que j'ai envie de dire non plus. Au lieu de ça, j'esquisse un léger sourire doux.

    « … Y'a pas d'quoi. »

    C'est... gênant. Je laisse un silence s'installer, mais il ne me met pas à l'aise. D'ordinaire, à chaque fois que nous nous voyons, ça ne se finit pas bien et nous nous balançons des répliques cinglantes car il se montre souvent insupportable (comment ça, c'est moi qui le suis la plupart du temps ?). Mais là... Bah c'est plutôt tranquille. Peut-être un peu trop. Je ne sais pas comment réagir. Il a même proposé de me soigner... C'est une première, alors qu'il n'y a pas si longtemps, nous nous traînions dans la boue mutuellement, et littéralement.

    « Mais vous en faites pas, c'est pas grand chose. J'ai vécu bien pire. »

    C'est vrai, elle est un peu douloureuse, la baffe que j'ai reçu, mais... Mais je ne vois pas pourquoi il aurait besoin de le savoir. Je ne suis pas faible au point de demander de l'aide quand même, haha... Haha.
    Bon, j'ai connu plus agréable, aussi.
    Reprenant un air plus sérieux, voire troublé, je le scrute sans pouvoir détacher mon regard de lui. Le harcèlement dont j'ai été témoin m'a peut-être plus perturbé que je ne le pensais. Et je ne suis même pas ami avec lui. Les images, malgré moi, refont toutefois surface en boucle et je peux sentir chez l'autre un stress qui ne s'est pas éteint.

    « … Ça vous arrive souvent, ce genre de chose ?.. »

    J'ai toujours inconsciemment développé une certaine empathie que je ne maîtrise pas. Elle a toujours été plus forte chez moi que chez les autres. Si je savais ma nature cachée d'animorphe chien, je ne serais pas surpris de cette perception accrue, mais pour l'heure, je me dis que je dois juste être plus sensible. Ce qui n'est pas tout à fait faux non plus, en un sens. Une mine inquiète sur le visage, imaginer que cette situation puisse être fréquente dans le quotidien du moine tend à me déranger...

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    Le vase et la goutte d'eau


    Ça commence à faire beaucoup
    Je n'ai pas envie d'être là, et ça tombe bien, car je crois que l'autre non plus. Ironiquement, je préférerais presque les moments où nous nous fusillons du regard avant de nous balancer des répliques venimeuses ; c'est-à-dire que c'est plus simple pour moi à gérer que cet étrange silence épais que je n'arrive pas vraiment à saisir. Si j'étais à peu près lucide sur la situation, je me rendrais peut-être compte que le fait que ce soit la première fois que nous n'avons pas de prétextes pour nous sauter au visage et que nous sommes sincères l'un envers l'autre doit jouer ; mais fort heureusement, je ne le suis pas et suppose erronément que ce doit juste être une gêne qui suit le trop-plein d'événements que nous devons digérer. Mal à l'aise quand il sourit, je détourne légèrement le regard pour replacer ma tête sur un de mes bras. Je ne suis pas habitué à ces situations entre nous où je n'ai pas besoin d'être sur la défensive ou de montrer les crocs. Je... N'aime pas ça. J'ai l'impression que la situation va empirer d'une seconde à l'autre.

    Les doigts crispés, j'essaie de chasser la boule d'anxiété logée dans ma poitrine, mais c'est sans réussite quelconque pour le moment. Quand il me répond pour me dire que sa blessure n'est « pas grand chose », je fronce les sourcils, sans agressivité toutefois. Ce n'est pas ce que j'ai demandé, et j'ai comme la sensation qu'il évite la question, mais... Je n'ai pas de moyen de le vérifier. Et de toute façon, je ne peux pas y réfléchir bien longtemps, puisque la question qu'il me pose ensuite me fait me tendre à nouveau.
    Devenu raide comme un bâton, je ne dis rien au départ. Oh, je pourrais répondre honnêtement. Je pourrais citer des fois, nommer, même, si je le voulais. Je pourrais l'enfoncer dans ce malaise que je sens provenir de lui, et qui m'agace autant qu'il me lasse. Je ne sais même pas si il est honnête ou non, quand il affiche une mine surprise digne d'une biche prise d'étonnement. J'ai l'impression de voir un enfant en train de réaliser que la réalité est devant ses yeux, mais cette réalisation me laisse de marbre (quoique encore, vu l'individu que j'ai en face, parler de réalisation est beaucoup dire, je le crois). Elle m'est pénible, car pour eux, tout ça, c'est de l'ordre du superficiel : ils peuvent se permettre de ne pas le réaliser. Ils peuvent vivre leurs vies sans jamais y penser, sans jamais s'embourber l'esprit avec ces petits tracas que sont nos quotidiens.
    Et ça... Me fatigue. L'expression lasse, je n'ai même pas l'énergie de m'énerver, ma voix manquant de la virulence dont je pourrais faire preuve si je n'avais pas encore un reste d'envie de vomir de tout  à l'heure. Mais même ceci ne suffit pas à expliquer ma lassitude et mon ton morne alors que je le fixe, mon regard ambré voilé d'une amertume à peine dissimulée.

    « … Que pensez-vous qu'il se passe, quand les gens intériorisent que certains leur sont inférieurs ? »

    Pour moi, c'est d'une évidence crasse, tant et si bien que je suis fatigué de même devoir le dire. C'est fatiguant, de devoir le répéter, le démontrer, attendre qu'ils acceptent de voir ce qui se passe devant eux, quand ils n'ont pas l'habitude de regarder ailleurs. C'est fatiguant, de vivre ça au quoditien et d'avoir encore besoin de le prouver à des gens qui ne le vivront jamais, mais se permettaient quand même de tout mettre en doute, souvent par malaise de ce que cela voudrait dire quand à eux-mêmes.  Je n'ai même pas l'envie de lui envoyer une remarque acide quant à son propre comportement ; à quoi bon, de toute façon. Je n'ai pas l'espoir qu'il saisisse un jour ; je ne l'ai avec personne, pour être honnête. Quoi que j'en dise, je suis bien plus cynique, amer et désabusé que je ne l'affiche d'ordinaire. Lorsque je parle à des altissiens ou des caldissiens, je ne m'attends jamais à ce qu'ils comprennent, qu'ils écoutent. Pire, même, quand ils essaient, je n'y crois pas. Je n'y crois plus. Et l'individu en face de moi n'est pas étranger à ce cynisme exacerbé.
    Reposant mon regard sur un point fixe plus loin, je me permets toutefois de hausser les épaules, l'air de rien et la mine distante, comme si tout ça ne me touchait pas tant que ça.

    « … Et encore, je suis chanceux, l'on me prend la plupart du temps pour un homme, alors je ne suis pas le plus à plaindre. »

    Ce n'est qu'une bien pitoyable défense, j'en ai conscient, mais... Pour le moment, hors de question d'admettre que ces choses-là me blessent. Que j'ai encore envie de vomir, que j'ai toujours cette sensation de révulsion au coin de la gorge et que je suis nerveux, des fois, quand je sens que ça pourrait recommencer. Que j'ai dû apprendre à faire avec, et que je n'aurais jamais dû avoir à le faire. Alors je relance l'autre quant à sa blessure, l'air neutre alors que je tends une main, légèrement infusée de lumière.

    « … Et arrêtez de jouer au grand gaillard deux secondes, je ne suis pas devenu soigneur pour laisser des gens avoir mal. »

    Non, parce que croyez-moi, j'en ai vu plus d'un.

    ft. Samaël Enodril
    le 17 avril 1001



    Dernière édition par Natsume Shimomura le Ven 31 Juil 2020 - 20:50, édité 1 fois

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    Natsu grogne et fixe des fleurs en #8A4B08

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    17 avril
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    Le vase et la goutte d'eau
    avec Natestpasàlaise
    Quelque part, malheureusement, je crois que je m'attends à la réponse. Je sais bien que tous les Altissiens ne sont pas des anges innocents. Je n'ai jamais été jusqu'à vérifier par moi-même, mais je me doute que des soldats de notre armée ont profiter de la guerre pour faire n'importe quoi dans les villages ennemis. Certains sont repartis en adoptant des enfants, d'autres en emportant des partenaires avec eux, avec consentement ou non. Mais je me suis toujours dit que ce n'était pas mes affaires, alors malgré moi, j'ai fait l'aveugle sans vraiment m'en rendre compte. Aujourd'hui, toutefois, je n'ai pas pu rester sans rien faire alors que je voyais la scène se dérouler sous mes yeux ; et elle aurait pu mal finir pour le Shimomura, si son agresseur avait été plus fort et plus imposant que lui. Je ne vais pas dire que mon corps a bougé tout seul, mais presque. Personne n'avait osé intervenir durant leur échange, alors il avait fallu que ça soit moi. Je suis un peu mal à l'aise de constater à ses paroles que je ne suis peut-être pas si surpris que ça, et que la notion d'une race inférieure à une autre, on nous l'a un peu rabâché avant que nous ne débarquions ici, quand nous avons découvert les Eossiens. J'ai peut-être un peu honte de ce qu'on m'a inculpé, puisque je me rends compte, au travers de mes journées ici et par le contact d'Eossiens comme Natsume, que nous avons plus de points communs que je ne l'imaginais, tout compte fait. Au bout d'un moment, avec lui, j'ai arrêté de le considérer comme un Eossien et davantage comme juste... quelqu'un d'insupportable. Du moins, les paroles qu'il me lance me font l'effet d'une douche froide car je sais, au fond, qu'elles ne sont pas si fausses que ça. Moi-même je me suis comporté avec lui d'une façon différente, au départ, parce que je le voyais comme simplement un Eossien à qui je pouvais faire la leçon à la manière d'un enfant et pas une personne à part entière. Mais si ce n'était pour sa marque dans le dos, nous nous ressemblerions peut-être légèrement un peu plus que ce qu'on nous a toujours dit (à quelques détails près bien sûr mais vous saisissez l'idée). À quelques reprises, je dois dire, il a fait d'ailleurs preuve de plus de jugeote que je n'aurais pu le croire, comme je me suis souvenu du jour à l'école où il a su mettre les enfants en confiance alors ça a toujours été mon job à l'orphelinat. Si on ne déconstruit pas quelqu'un comme moi aussi facilement, je peux toutefois admettre, ce soir, que mon côté a été dans le tort et que l'éoniste est sans doute plus malin que je ne le pensais. Et plus vulnérable par son statut. Je suppose que ce n'est pas par hasard si cet idiot bourré tout à l'heure l'a pris pour cible, maintenant que j'y songe.

    Je dois avouer pourtant ne pas saisir la nuance quand il me dit qu'on le 'prend' pour un homme. J'affiche une mine surprise et curieuse. Ce ne serait pas un homme, alors ? Mais je pensais... Ce serait donc une femme ? Tiens donc... Je ne l'aurais pas soupçonné, il est vrai. J'ai pourtant toujours cru entendre qu'il parlait de lui au masculin, alors je me disais que ça devait être son genre. Est-ce qu'il s'est toujours fait passer seulement pour un homme auprès des autres pour qu'on lui fiche la paix ? Pourquoi me confie-t-il cela, d'ailleurs ? N'est-ce pas quelque chose qu'il aurait souhaité plutôt garder confidentiel ?
    Je suis surpris qu'il insiste pour me soigner, d'ailleurs.

    « Je ne crois pas que vous ayez vraiment la tête à vous préoccuper de ça, de toute façon. Ce n'est pas moi qui importe, dans l'histoire. »

    J'ai du mal à me faire à... cette gentillesse, je suppose. Venant de sa part, je veux dire. Est-ce qu'il me réserve un mauvais sort, avec la lumière dans sa paume ?.. Je ne devrais pas être parano, mais c'est louche, de vouloir me soigner alors que... Alors qu'on est pas potes, quoi. Je sais bien qu'il doit avoir une sorte de moral qui l'oblige à soigner tous les glandus blessés, mais quand même... Et puis je peux largement attendre, ce n'est pas si grave (aïe, il n'y est pas allé de main morte, l'autre connard).
    Surtout qu'une interrogation me taraude un peu l'esprit, à présent, et c'est cependant avec un peu d'hésitation que je finis par me lancer, intrigué.

    « … Mais je comprends qu'on puisse voir en vous un homme. Vous en êtes pas vraiment un, alors ?.. »

    Au sein de l'armée, bien sûr, il y a de tout. Des hommes, des femmes... Mais si c'est en réalité une femme, je n'ai pas de raison de le genrer au masculin, alors, peut-être même que je le mégenre depuis le début et que je suis tout simplement passé à côté de l'information, si un jour il a tenté de me révéler subtilement qu'il n'était pas vraiment un homme.

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    Le vase et la goutte d'eau


    Ça commence à faire beaucoup
    Devant sa réponse, je fronce les sourcils, ne sachant pas vraiment comment interpréter ses propos. Je ne sais pas si je dois me sentir insulté, ou si je dois être vaguement perplexe de sa détermination à avoir mal le plus longtemps possible, surtout quand ça ne prendrait qu'une seconde pour le soulager. Toutefois, j'en ai vu plus d'un me faire ce genre de cinéma ; ironiquement, c'est assez fréquent, ceux qui simulent le fait de ne jamais avoir besoin d'aide ou qu'on les aide un peu à supporter la douleur. J'ai toujours trouvé ça absurde, même si mon ego peut comprendre le fait de ne pas supporter que l'on me prenne en pitié. Mais je ne peux pas le forcer, alors si il veut jouer à l'inflexible qui ne sent pas la douleur, c'est son problème, je suppose. Je n'irais pas insister plus que ça. De ce fait, je me contente de rouler vaguement des yeux, l'air désabusé.

    « Oui, oui, et je mange des princesses enfermées dans des tours tous les jours. Je suis encore capable de penser à quelqu'un d'autre que moi-même. Mais si vous voulez.»

    J'éloigne ma main, sentant la magie que j'y avais infusé s'évanouir doucement dans l'air. J'aurais au moins essayé, je suppose. Qu'il ne vienne pas chigner quand il aura l'air d'un bossu, tiens.
    Je sens toutefois une étrange hésitation en provenance de sa part, tant et si bien que je me tends ne serait-ce qu'instinctivement. J'ai presque peur de ce qu'il va demander, et je me tends encore davantage quand il me pose une question sur mon genre.
    Tout à l'heure, je ne faisais pas un quelconque acte de « révélation » envers sa personne ; j'énonçais simplement le fait que j'étais avantagé, de par mon apparence et mon genrage masculin, par rapport à d'autres personnes. Et la plupart du temps, je ne prends la peine d'en parler, sauf si on me demande, ou qu'on me mégenre avec insistance. Par conséquent, ça a tendance à sortir à d'autres occasions, comme maintenant, lorsque je parle en réalité d'autre chose, et sur l'instant, je ne sais pas comment prendre sa réaction. Voyez-vous, je n'ai pas confiance en lui, alors logiquement... Logiquement, je me méfie ; un réflexe qui me fait l'examiner avec attention, comme pour détecter le moindre signe qui me confirmerait que je dois changer de sujet au plus vite et l'éviter au maximum (du moins, encore plus que je le fais déjà, et c'est peu dire, il m'est déjà arrivé de changer de rue quand je l'ai vu dans les quartiers éossiens). Pour autant... Je n'ai pas l'impression qu'il pose cette question par mauvaise intention. Détournant mon regard pour le fixer sur un point invisible dans l'air, je reprends la parole d'un ton plate.

    « … Je suis agenre. Mais la façon dont je suis perçu m'indiffère. Simplement, dans ce genre de cas, c'est un avantage. »

    Et je ne vais pas prétendre que ça ne l'est pas, même si cela n'empêche pas des ordures dans ce genre de venir me chercher des noises, quand ce ne sont pas des moqueries venimeuses ou acides. Je ne sais pas trop pourquoi mon genre a l'air d'être quelque chose qui le travaille plus que ça, mais bon, je n'ai pas l'intention de jouer au psychiatre. Et c'est davantage sa perplexité qui me travaille, tant et si bien que lorsque je le fixe à nouveau, c'est avec une certaine confusion dans le regard.

    « … Vous pensez vraiment que les gens se méfient de vous par principe, par ici ? »

    La question est sortie toute seule. Avec moi, on pourrait presque croire qu'elle serait acide, mais non. Elle est dite d'un ton plate, parce que j'ai vraiment du mal à comprendre comment il a pu en arriver à jouer l'étonné aujourd'hui.

    ft. Samaël Enodril
    le 17 avril 1001


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    Le vase et la goutte d'eau
    avec Natestpasàlaise
    Je n'aurais pas osé dire à voix haute qu'il ne pensait qu'à sa pomme. J'ai bien vu avec sa génitrice et sa classe d'enfants qu'il pouvait se préoccuper d'autre chose que de lui-même, et par ailleurs, ce n'était pas ce que je lui reprochais jusqu'à présent. Je le trouvais juste désagréable et méprisant envers ma nation et surtout mon rang, comme si de par mon statut et mes origines, j'avais forcément fait quelque chose de mal. Mais je ne fais que mon travail. Je fais respecter les lois, je protège les habitants et je punis ceux qui en ont besoin. Alors je déteste quand il prend ce petit ton sarcastique comme il se fichait de moi. Peuh. Après tout, se moquer de ma tronche, c'est son passe-temps favori. Rien de nouveau sous le soleil. C'est bon, j'ai pas dit qu'il mangeait des gosses, non plus. Je sens que je regretterai bientôt ma décision de ne pas avoir accepté son offre, mais sur le moment, j'ai trop de fierté pour pouvoir y songer. Après tout... Après tout même si je lui ai sauvé la mise, il ne me doit rien et je n'ai pas envie qu'il croit que je m'attends forcément à quelque chose en retour. J'ai fait ça parce que c'était mon devoir et dans ma moral de faire en sorte qu'il ne se fasse pas agresser, surtout par l'un des miens. Malgré tout, je ressens encore un peu de douleur au niveau de ma joue.

    Je ne comprends toutefois pas trop quand il me parle de 'agenre'. C'est quoi ? Tous les genre ? Aucun genre ? J'aurais bien voulu qu'il m'explique. J'ai cru comprendre déjà que le fait qu'il ressemblait à un homme lui donnait plus d'avantages que s'il avait eu des traits féminins, même s'il en a déjà des assez fins pour que ça attise les vieux porcs dans le style de celui que j'ai fait arrêter. Mais il préfère changer de sujet pour en revenir à moi. Sur le coup, je comprends pas bien où il veut amener la discussion. Alors je hausse brièvement les épaules avant de lui répondre d'un air indifférent.

    « Je suis mieux considéré qu'eux et j'ai la clé des geôles. À leur place, je me méfierais aussi. »

    Jusque là, pour moi, ça me semble plutôt logique. J'ai un certain poids dans l'armée et je suis personnellement en charge des quartiers éossiens, alors ça ne me choque pas tellement si certaines personnes ne me font pas confiance. Après tout, je ne peux pas être populaire aux yeux de tout le monde, mais je ne me rends pas compte que, hormis les Altissiens, je ne suis populaire auprès de... personne d'autre. Et surtout pas des natifs qui sont pourtant sous ma protection. Je ne les déteste pas, pourtant, au contraire. Hormis quelques uns que j'ai pu croiser et qu'ils n'avaient pas l'air commode du tout, la plupart ont juste l'air timide mais sans être de mauvais bougres. Je n'ai aucune raison de les haïr. Je souhaite, à l'inverse, leur montrer un chemin à suivre et qu'il me voie comme un défenseur, pas comme un ennemi. Alors je continue sur ma lancée pour raffermir mes propos et parler plus honnêtement de ce que je pense de mon rôle auprès des Eossiens.

    « Mais s'il n'y a pas de figure d'autorité, il n'y a pas d'ordre. Il faut bien trouver quelque chose pour dissuader les malfrats de commettre de mauvaises actions. »

    C'est comme ça que je le vois, personnellement. Comme il n'y a plus de guerre, je n'avais plus vraiment d'intérêt de partir au combat. En revanche, il y aura toujours des gens pour faire du mal aux autres, et ce sont eux que je souhaite arrêter. J'ai envie de devenir... un héros ou un modèle pour les plus démunis. Protéger les veufs et les orphelins. Un idéal qui semble être pareil à un fantasme, mais c'est ce en quoi je crois. Sa question n'avait pourtant pas d'intérêt dans le sujet que nous abordions, alors je mise ça sur sa curiosité et aussi sur des pensées plus personnelles. Il ne me dit pas tout à mon propos. Y'a-t-il une interrogation qu'il n'arrive pas à formuler ?

    « Où vouliez-vous en venir ? »

    Je le dévisage un peu, sans doute un peu sur la défensive, comme si je m'attendais à ce qu'il me descende ou me donne une nouvelle raison pour me détester. Je garde mon calme mais c'est à mon tour d'être méfiant par rapport à ce qu'il va m'avouer.

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    Le vase et la goutte d'eau


    Ça commence à faire beaucoup
    Je ne sais pas trop ce à quoi je m'attend, et pour être honnête, cela me perturbe. Je n'aime pas ne pas comprendre ou ne pas saisir les choses d'un claquement de doigt ; pour moi, c'est insupportable, de ne pas avoir de certitude. Et l'individu en face de moi rend la tâche difficile. À chaque fois que j'ai une impression positive s'en suit une impression négative, et ainsi de suite, de telle sorte que je n'arrive jamais vraiment à me fixer un avis sur lui autre que de me dire qu'il est insupportable de par sa prétention et son égocentrisme. Mais même ça, cela semble compromis de temps à autre. Alors quand je pose ma question, je ne suis pas, pour une fois, en train d'attendre quelque chose de précis. Je suis juste... Perplexe. Perplexe et peut-être un peu désabusé sur les bords, peut-être.
    Sa première remarque me fait afficher une expression neutre, mais je manque presque de soupirer quand je le vois s'expliquer. Rien à faire, visiblement, il a l'air... Complètement inconscient. Et je ne sais pas trop quoi dire devant quelqu'un qui me sort un mantra sécuritaire on ne peut plus caricatural, hormis être désabusé. Ce que je viens de dire n'a rien à voir avec le fait qu'il y ait des « criminels » ou non (et je me permettrais de dire qu'il y avait bien moins de délits avant leur arrivée), mais il ne peut pas s'empêcher de revenir à ça, comme si il était incapable de voir au-delà. Cette réalisation (ou du moins cette confirmation) me met mal à l'aise, pour une raison que j'ignore. Alors je ne réponds pas, me contentant d'une mine on ne peut plus désabusée. Protester là-dessus ne servirait à rien.

    Mais au moins, il a l'air de saisir que je ne disais pas ça « pour rien ». Qu'il soit sur la défensive ne me surprend pas plus que ça. Mais je suis fatigué, alors je n'ai pas l'énergie de lever les yeux au ciel comme je le ferais d'ordinaire.

    « Je veux dire que que je suis surpris que vous sembliez découvrir ce qui est notre quotidien. C'est loin d'être le premier que je croise, et ce ne sera pas le dernier. »

    Pour moi, c'est une simple constatation. Une banalité on ne peut plus simple, même si je ne devrais certainement pas le dire sur le ton de quelqu'un qui constate qu'il pleut dehors. Mais cela fait un moment déjà que j'ai cessé de m'étonner de ces choses ; tout au plus, il y a cette amertume qui me parcoure quand j'y pense. Pour le moment, toutefois, je ne peux rien faire. Rien faire hormis constater, encore et toujours.
    Je n'aime pas rester immobile aussi longtemps, toutefois. Prenant appui sur l'escalier, j'essaie de me relever, même si rester stable est une tâche plus difficile que je ne l'aurais cru. La tête toujours lourde, j'arrive toutefois à me tenir debout en m'appuyant sur la rampe de l'escalier. Mon expression est aussi indifférente que ma voix alors que je sens, lentement, que mon stress initial se met à refluer. Je ne suis pas non plus au mieux de ma forme, mais c'est toujours ça de pris.

    « Quand des chiens vous mordent tous les jours, il n'y a rien d'étonnant à s'en méfier. C'est la même chose. »

    L'esprit plus calme, je commence à considérer de faire le chemin du retour à pied. Inutile que je reste trop longtemps, mais... Je ne sais pas trop. Quelque chose me dérange dans cette conversation. Je devrais la lâcher et passer à autre chose, car j'ai déjà eu la preuve de multiple fois que nous ne nous entendrons pas, mais...  Je n'en sais rien. Qui sait ; je n'ai pas la tête claire, après tout.

    ft. Samaël Enodril
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    Le vase et la goutte d'eau
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    J'aimerais bien dire que je ne peux pas avoir des yeux partout et tout le temps. Je... Je peux concevoir que son cas ne soit pas isolé. Après tout, si quelqu'un a pu y songer, je ne doute pas que d'autres ont pu le faire avant et que d'autres encore le feront après. Cela ne me met pas forcément à l'aise, mais que puis-je y faire ? Si ça se trouve, dans mes rangs, des soldats que je ne soupçonne pas font le même genre de cirque. Mais je ne peux pas tous les punir, même si ça serait pratique. Je n'aime pas beaucoup penser au fait que des militaires puissent faire ce genre de choses, mais je le sais, au fond. Je sais que certains d'entre nous ont profité de leur statut à plusieurs reprises pour se croire tout permis et commettre l'inavouable. Mais je voulais me dire que je l'étais devenu, moi, pour une cause juste et noble et que je ne finirai pas comme ceux qui outrepassent les limites de la décence. Je... Je ne suis pas comme ça. Je suis entré dans l'armée avec pour but d'être plus fort, de trouver un sens à ma vie et de servir mon pays du mieux que je peux. Je n'ai jamais eu besoin d'aller jusqu'à de tels extrêmes... Ce n'est pas tant le fait d'être surpris que ce genre de chose arrive que plutôt... le fait d'en avoir été spectateur. Je me rends compte que ça n'a pas tout à fait le même impact que des faits que l'on nous rapporte, alors j'y suis naturellement plus sensible. Sensible aussi, par conséquent, à la comparaison qu'il donne, comme s'il voulait dire qu'on était des enragés.

    « Je ne mords personne ! »

    Je n'ai pas très bien compris son allusion avec les chiens. Il m'arrive d'aboyer, mais je ne suis pas toujours le premier qui cherche les ennuis, et vu toutes les fois où nous nous sommes croisés, il devrait le savoir, depuis le temps. Est-ce qu'il veut dire que tant d'Altissiens et Caldissiens ont maltraité les natifs, déjà ? Que la situation qu'il a vécu s'est répétée pour d'autres Eossiens ?..
    J'ai voulu me défendre, le regardant se relever avec toutefois de la surprise dans mes yeux quand il se lève pour s'en aller.

    « Attendez, où est-ce que vous allez ?.. »

    D'un geste, je me relève à mon tour pour le suivre et ne pas le lâcher, me tenant près de lui si jamais il a besoin d'une épaule sur laquelle s'appuyer.

    « Vous voulez rentrer chez vous ?.. Je vous raccompagne, alors. On ne sait jamais ce qui peut arriver de nouveau. »

    Tant pis pour la soirée sympathique à la taverne ; il y en aura d'autres. Mais le Shimomura ne pourra pas se débarrasser de moi aussi facilement ; je compte bien faire en sorte que son retour chez lui se fasse sans encombre, car il est connu que personne ne devrait rester sortir aussi tard dehors et que... Je n'aimerais pas qu'il soit blessé ou se fasse de nouveau agressé. On ne s'aime pas, certes, mais je ne lui souhaiterais jamais ça et c'est mon devoir de protecteur au sein de la cité de veiller à ce que les villageois soient sains et saufs, de retour chez eux et dans leur famille.

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    Le vase et la goutte d'eau


    Ça commence à faire beaucoup
    J'aimerais bien savoir pourquoi j'essaie de parler et d'expliquer alors que j'ai l'impression, à chaque fois, d'avoir affaire à un mur. Devant son exclamation, je n'ai pas pu m'empêcher de soupirer ouvertement et de lever les yeux au ciel, exaspéré et fatigué. Sent-il le besoin de tout ramener à lui, à chaque fois ? Si il n'a rien à se reprocher, pourquoi réagit-il avec autant de virulence ? Ne peut-il pas penser à autre chose que son propre inconfort quand on lui parle de vécus bien plus durs que le simple fait d'être regardé avec méfiance ? Je ne comprends pas. Je n'ai pas envie de comprendre, pour être honnête, parce que j'ai dépassé ma limite de tolérance depuis longtemps avec lui. Alors, inconsciemment, je me montre plus honnête et sincère quant à ma frustration. Son entêtement m'exaspère, car il est, quelque part, le reflet brute et honnête de ce que je voyais déjà chez tant d'autres sans oser me l'avouer. C'est quelque chose de le penser, c'est autre chose de le voir aussi directement.

    J'étais sincèrement près à repartir seul de cette façon, mais visiblement, vu la manière dont l'autre s'approche et me regarde, il y a peu de chances pour qu'il soit d'accord. Je n'apprécie pas trop qu'il veuille m'aider ; cela me donne une désagréable impression de pitié (sûrement le fait de mon ego, si j'y pensais deux secondes), mais je me contente de hausser les épaules. Qu'il fasse ce qu'il veut. Je marche tout de même lentement, ne voulant certainement pas qu'il se préoccupe de ma personne (comment ça, je suis puéril). Mais le chemin jusqu'à chez Daichi ne va pas se faire sans bouger. Sa dernière remarque, toutefois, me fait soupirer.

    « Tout ne tourne pas autour de vous. Vous risquez des mauvais regards, nous  risquons de souffrir, et il y a eu bien assez d'exemples comme ça. Un peu de décence. »

    La voix plate, je ne me sens même pas d'être sarcastique. Je suis surtout plus désabusé qu'autre chose. Pourquoi est-ce si dur, pour eux, de saisir... ? Pourquoi sentent-ils ce besoin agressif et violent de toujours tout ramener à leur vécu, à leurs petits moments de gêne, comme si nous étions supposés tendre l'autre joue à chaque fois... ? Cela m'épuise. Le corps d'Erys a a peine été mis en terre qu'ils simulent déjà l'inconscience totale.  Je sais qu'il n'aimera pas ce que je dis, mais cela m'importe peu. Je ne cherche pas à ce qu'il m'apprécie.

    « Si vous n'avez rien à vous reprocher, nous n'avons aucun moyen de le savoir avant de voir des actions. »

    Je me garde presque de me demander si, à tout hasard, il n'en serait pas parfaitement conscient et voudrait justement se préserver de réfléchir à son inaction. C'est une hypothèse qui, peu à peu, me semble de plus en plus crédible.

    ft. Samaël Enodril
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    Sensible comme je suis, je ne prends pas très bien ses remarques. J'aimerais que les choses en soient autrement. Cela ne m'amuse pas, d'être en conflit avec les autres. Après tout, j'ai toujours recherché la reconnaissance d'autrui, et c'est ce qui m'a amené jusqu'ici. Si on voulait que je sois un parfait petit Altissien pour être aimé, il n'a pas fallu me le dire deux fois. Alors je ne suis pas la personne la plus gentille ou généreuse qui soit, ni même la plus intelligente, mais je voulais réellement me préoccuper de lui. Le fait de le voir se faire approcher d'une manière aussi malsaine par quelqu'un, peu importe qui, m'a mis très mal à l'aise et je voulais faire quelque chose. Agir en tant que protecteur. On m'a toujours dit que c'était ça, qu'on faisait dans l'armée : protéger et servir la population. C'est ce que je voulais faire. En dehors de mon désir de vouloir être vu comme un héros, je voulais qu'on puisse compter sur moi et être utile. J'arrivais à gagner de l'effervescence dans les batailles parce que j'avais l'impression que ce que je faisais était juste et que je me battais pour une cause noble. C'est ce que le Père Blaise m'a toujours dit. Que les soldats étaient les défenseurs d'Altissia et que nous étions dirigés par la main d'Oros lui-même. Pour un gamin comme moi, c'était un rêve. Lorsque je suis arrivé à Yggdrasil et qu'on a vu ces natifs, je voyais des personnes égarées qui avaient besoin de protection, alors c'est ce que je voulais être à leurs yeux, pas leur ennemi. Mais quand j'essaye de parler un peu à cœur ouvert, je me bute contre des murs. Est-ce moi, le problème ? Est-ce que je ne le fais pas de la bonne façon ? Où y'a-t-il une barrière invisible plus insidieuse qui empêche tout contact entre les Eossiens et nous ? Il y a bien des Altissiens et des Caldissiens qui ont réussi à établir des contacts avec eux, non ?.. Pourquoi moi, je n'y arrive pas ?

    « Alors pour vous, je ne suis qu'un égocentrique ? »

    Je suis en colère parce qu'il insinue, même s'il s'en fiche bien. C'est le cadet de ses soucis, ce que je peux ressentir, alors je tente de garder mon calme et expire un coup pour évacuer la peine qui tente de sortir. Mon ton se fait donc un peu plus mesuré, mais je ne peux pas cacher que je n'aime pas la façon dont il me perçoit, car je trouve qu'elle est erronée.

    « À chaque fois que je tente d'ouvrir la porte, vous voulez la refermer. On me reproche de ne pas faire d'efforts pour comprendre les autres, mais je ne crois pas en avoir vu beaucoup de votre côté. »

    Notre première rencontre ne s'est pas déroulée exactement comme dans un conte de fée, ça n'a pas dû aider. Je juge pourtant encore aujourd'hui que c'est lui qui a commencé et que tout ça aurait pu se dérouler autrement. Pour autant, s'il se retrouvait à nouveau dans une situation dangereuse comme tout à l'heure, je serai là. Encore. Parce que je suis comme ça et que j'estime que je dois aider à maintenir cette paix qui semble se fragiliser un peu plus à chaque fois. Si seulement Hincmar et Adélaïde étaient encore parmi nous... Rien de tout ça ne serait arrivé. Leur sagesse et leur force manquent à leurs royaumes respectifs et surtout à leurs héritiers, bien trop jeunes pour gouverner un pays.

    « Si on vous faisait nos preuves, voudriez-vous vraiment les voir ? »

    Sans prétendre que je suis toujours de bonne foi, je m'interroge également sur les intentions des Eossiens, ou même du moins en particulier. C'est bien beau de faire des discours moralisateurs (il semble champion dans ce domaine, d'ailleurs) aux 'méchants envahisseurs qui ne pensent qu'à tout saccager' mais j'estime que ce n'est pas parce que les natifs sont victimes de notre venue qu'ils sont forcément irréprochables et parfaits. Parce que j'ai envie de croire que nous pourrions tous cohabiter ensemble et se rapprocher un peu de l'Âge d'Or d'autrefois.

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    Le vase et la goutte d'eau


    Ça commence à faire beaucoup
    Yggdrasil, qu'on m'exfiltre de cette conversation, par pitié. J'accepterais presque que le soulon du coin fasse du grabuge pour saisir son attention et qu'il me laisse me débrouiller seul. Mais lorsqu'il me fixe pour reprendre la parole, je sens que ce n'est même pas la peine d'y penser. Et sur l'instant, je ne peux que soupirer un peu plus. Et voilà. Je lui parle de quelque chose, et il ramène immédiatement le sujet à ses sentiments et ses émotions, à sa petite vexation personnelle. Je ne suis pas inquiété par sa tension et sa colère que je peux sentir, me contentant d'une expression lasse et désabusée. Qu'est-ce que j'espérais, au juste, en disant ça... ? Qu'il allait s'interroger ? Possiblement réfléchir de façon honnête ? Je n'en sais trop rien, et je me sens juste stupide. Stupide de croire qu'il est possible pour des gens pareils de changer, de se poser des questions et d'arrêter d'hurler à la mort dès lors que l'on ne prend pas le temps de dorloter leurs petits egos. Je sais que j'ai juré de ne pas porter de jugement sur les autres quand j'ai pris mon office, mais... Ce n'est pas quelque chose de possible dès lors que cela devient personnel, et ça ne m'a jamais été possible. Je ne suis pas du genre à tendre l'autre joue. Ou du moins, pas dès que cela me dépasse, dès que ça ne concerne plus que moi.
    Mes poings se serrent. Mes épaules se crispent. J'ai encore une puissante envie de vomir, mais ses mots me font bouillir, petit à petit. Pense-t-il sincèrement que c'est ce qu'il a fait ? Pense-t-il que je devrais sourire bien gentiment et prétendre ne pas voir et ne pas entendre ce que j'entends ? Croit-il que nous sommes dans une cour d'école, que tout est aussi simple que des petites vexations ? Il ne comprend rien, et il ne veut pas comprendre. Il est trop content de sortir le discours des « vilains natifs intolérants » ; bien pratique, vous me direz, quand la pire opression que l'on vit est celle d'être regardé avec méfiance. Je l'envierais presque. Qu'est-ce que ça doit être simple, de réfléchir ainsi. De tout résumer par des « rien n'est manichéen » quand on refuse d'admettre ses torts et ceux du camp où on se raccroche désespérément. C'est facile, alors c'est tentant : et en plus, on en devient persuadé d'être bien plus intelligent que tous ces idiots qui s'attachent à des choses aussi superficielles que l'oppression des gens. Bah oui, comprenez, un éossien a regardé un altissien de travers une fois, alors c'est pareil, « au fond où est vraiment la violence é lahaine mes zamis, a méditer ». Il faudra que j'y pense à la prochaine fois, tiens, dans une des bicoques à moitié croulantes dans lesquelles on nous a parqué après que la plupart de nos maisons aient été volées. On pourrait me dire qu'il n'est pas responsable directement, et bien sûr, que je le sais, bon sang. Je ne suis pas aussi idiot que ça. J'aimerais juste ne pas avoir à rassurer son petit ego personnel à chaque fois que je parle de problèmes systémique, car monsieur ne tolère pas d'entendre qu'il fait peut-être partie d'un groupe au comportement douteux.

    Quand il me parle de preuves, toutefois, c'est la goutte de trop. Car j'en ai, des preuves, mais pas celles qu'il attend, et quand j'y repense, cela fait monter une houle de ressentiment vivace et virulent. La fois au marché, celle de l'école, chez maman... Quand j'y repense, une boule se noue dans ma gorge et vient résonner avec ce que j'entends, comme si quelque chose de pénible était jusque lors refoulé au fond de ma poitrine. Plus que pénible, c'est même douloureux, et j'ai du mal à saisir pourquoi. Je n'ai pas non plus envie d'admettre que c'est douloureux, car l'admettre, ce serait admettre aussi qu'il me fait du mal et je n'ai pas envie d'admettre que je peux avoir mal juste par des mots. J'ai l'impression d'être stupide, et la sensation est désagréablement familière, me ramenant au visage des souvenirs on ne peut plus insupportables. Mais c'est trop tard ; la vague monte depuis trop longtemps, et la pique qui perce ma poitrine est bien trop violente pour que j'arrive à l'ignorer comme je le faisais d'habitude.

    « Alors arrêtez d'être blessant, bon sang ! »

    Mon ton est monté d'un coup alors que je relève ma tête pour le fixer avec hargne. Mes yeux lui lancent des éclairs, mais ils sont humides, quand bien même j'aimerais qu'ils ne le soient pas. Je n'ai pas envie de craquer ainsi, et je n'ai certainement pas envie qu'il voit ça, mais je n'arrive plus à le retenir. C'était la goutte de trop, après une soirée aussi mauvaise que celle-ci. Tant pis pour ma fierté, tant pis pour mon ego qui ne supporte pas l'idée de pleurer devant ce type ; je vocifère avec peine et frustration, n'y tenant plus.

    « La première chose que vous avez fait en me rencontrant, c'est m'insulter et me mépriser devant des dizaines de gens pour ce que j'étais ! De me traiter comme un enfant ! »

    Ma voix se casse, et il me faut toute l'énergie du monde pour ne pas la laisser s'effriter davantage. Il se fiche de ce que je dis, j'en suis persuadé. Quoi que je dise, je serai en tort ; je serai le vilain petit éossien hargneux qui ne comprend rien et qui ne veux rien comprendre. Mais maintenant, cela n'a plus d'importance pour moi. Je ne le fais pas pour lui : je le fais pour moi-même, car ce que je refoulais jusque là dans ma poitrine est devenu trop insupportable. Trop pénible.

    « Vous ne nous considérez pas comme vos égaux, vous nous soupçonnez et vous vous montrez insultant, et l'on devrait en plus de ça ne rien dire ?! Demandez-vous une seule seconde pourquoi ceux que vous êtes supposés défendre vous détestent ! »

    Mon visage est humide, maintenant. Le trop-plein est trop puissant. Entre le meurtre d'Erys (car c'en est un, pour moi) et aujourd'hui, je n'ai pas les capacités nécessaires pour tolérer tout ça plus longtemps. Peut-être qu'il se prend à la figure d'autres choses, aussi, je n'irais pas le nier, mais... Je ne suis pas un saint. Et la limite a été plus que franchie. Les dents serrées, j'essaie de retenir les larmes qui ont envie de couler, mais c'est trop tard, et je ne peux que les essuyer rageusement, la voix cassée et presque chevrotante.

    « Si vous voulez faire l'aveugle face à ce que nous vivons, faites-nous au moins la pitié de ne pas nous forcer à sourire en même temps pour votre confort. »

    Ma voix est plus faible. Je sens l'envie de pleurer remonter encore, de telle sorte que je sens que l'explosion va se transformer un déluge bien pathétique si je reste ici. Ravalant ma salive pour ne surtout pas lâcher un sanglot ou quoi que ce soit du genre, je me dépêche de tourner les talons. À cet instant, je veux juste rentrer chez moi. Et encore, « chez moi »... Inutile de penser à ça maintenant, toutefois, je suis déjà à bout.

    ft. Samaël Enodril
    le 17 avril 1001


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    Natsu grogne et fixe des fleurs en #8A4B08

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    17 avril
    1001
    Le vase et la goutte d'eau
    avec Natestpasàlaise
    Pas de nuages noirs dans le ciel et pourtant un orage se forme entre nous. Cette tension électrique est palpable depuis le début dans notre relation mais elle n'a fait qu'empirer ce soir, alors que je pensais au contraire que nous pourrions enfin trouver un terrain d'entente. Je voulais tenter de le comprendre un peu plus, mais c'est totalement l'inverse qui s'est produit et je n'aime pas ça du tout. C'est gênant et désagréable pour lui comme pour moi. J'imaginais que nous ferions tous les deux des efforts pour que ça se passe moins mal que les précédentes fois. Si je suis amené à recroiser ce moine, je n'ai pas envie de m'en faire un ennemi à chaque fois, en réalité, c'est fatiguant et usant, au bout d'un moment. Mais il n'y a rien à faire quand j'ai l'impression qu'il ne peut me faire que des reproches.

    Je sens sa colère monter de plus en plus, alliée à un autre sentiment que je ne déchiffre pas tout à fait bien. Je devine déjà une nouvelle future dispute causée par nos égos respectifs. Au lieu de ça, toutefois, je perçois une vague de peine le traverser alors qu'il ose enfin parler de ce qu'il a sur le cœur. Et sur le coup, je me tais, frappé par ses mots. Ce n'était pas à eux que je m'attendais. Je pensais qu'il allait m'insulter ou m'envoyer balader et que nous ne parviendrons définitivement plus à trouver un compromis dans nos échanges afin qu'ils se déroulent cordialement. Au lieu de ça, il exprime, finalement, son ressenti depuis notre rencontre fortuite, et je crois que j'ai définitivement sous-estimé l'impact que mes propos ont eu sur lui. Choqué, j'écarquille les yeux en restant immobile pendant qu'il déverse les blessures invisibles que j'ai causé. Pourquoi cela m'atteint autant, ce soir ? Je ne saurais dire. Je pourrais très bien le prendre très mal et lui ravaler ce dont il m'accuse. Je n'en ferai rien. Le retour de bâton est violent mais c'est peut-être ce qu'il me fallait pour me réveiller. En repassant mentalement ce que je lui ai dit, je ne me rends compte que maintenant que c'était peut-être pas ce dont il avait besoin d'entendre après avoir été harcelé ainsi. En effet, il est possible que j'ai réellement dépassé les bornes, cette fois.

    Sensible à ses yeux rougis et au chagrin que je le vois refouler, je suis bien plus touché par son vécu que je ne voudrais l'admettre. Cela me rappelle un peu trop les remarques que je me suis moi-même prise à cause de mes origines, il y a de cela bien longtemps. C'était une chose de faire subir à l'autre mon immaturité et ma compensation, c'en est une autre que de l'écouter reporter mes actions peu nobles en pleine face. Je n'avais absolument conscience de rien, et surtout pas de la façon dont je l'ai rabaissé. J'ai eu beau dire en outre que c'était de sa faute, au marché, je sais, en me rappelant de la scène, que j'en ai beaucoup trop fait de mon côté. Et je me sens tout à coup idiot.

    Il est vrai que je ne me suis jamais comporté non plus comme le défenseur que je prétendais être. On m'a dit d'apprendre des choses aux Eossiens comme s'ils étaient une population nouvelle sans aucune expérience de la vie. La vérité fut qu'ils en savaient au contraire bien plus que nous. Après tout, il s'agit de nos ancêtres. Mais cela concorde avec le sentiment de malaise palpable que je n'ai pas arrêté de ressentir à chacune de mes patrouilles. Ce ne sont pas vraiment des sourires sincères qu'on me lance lorsque je passe devant les demeures éossiennes, et je sentais qu'il y avait quelque chose d'étrange dans l'air sans toutefois mettre le doigt dessus. Aujourd'hui, je comprends. Trop tard, cependant.

    « Attendez ! »

    Shimomura, en larmes, en a eu assez pour la soirée et compte bien, je suppose, rentrer chez lui sans avoir besoin de mon aide. Et quelle 'aide'... Il semblait déjà chamboulé, mais j'en ai rajouté une couche sur le moment, persuadé que me défendre était plus important que considérer son ressenti.
    Resté immobile un court instant, sans voix face à ce qui venait de se passer, il me fallut plusieurs secondes pour que je me réveille finalement et que je le rattrape dans la ruelle, me mettant face à lui. Je fais barrière pour qu'il n'aille pas plus loin et lui intime silencieusement de m'écouter, mon regard plongé dans le sien. Je marque une pause, tournant cette fois ma langue dans ma bouche avant de la sortir. Un court soupir m'échappe avant de parler, l'air neutre mais l'expression sérieuse.

    « Je sais ce que ça fait d'être méprisé pour ce qu'on est. J'en ai fait les frais il y a longtemps. Il n'y avait pas que ça bien sûr, mais... En aucun cas, je ne voulais être blessant. »

    Comme par magie, j'ai repris mon calme. Ma colère et ma fierté blessée ont fondu comme neige au soleil. Je veux bien faire des efforts avec lui, puisqu'il a l'air d'avoir vraiment quelque chose à me dire. Les mots, plus tard, me coûteront sans doute puisque je ne suis pas débarrassé de mon égo problématique. En revanche, sur l'instant, ils sont sincères.

    « Je suis désolé. »

    Evidemment, lui raconter un peu mon vécu ne lui sert à rien ; il a ses propres soucis et c'est précisément pour ne pas que je rapporte tout à moi qu'il m'a dit tout ça aussi. Mais je ne peux pas dire que nous ne pouvons pas nous comprendre sur quelques points au moins.

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    Le vase et la goutte d'eau


    Ça commence à faire beaucoup
    Mais qu'est-ce qui m'a pris... Pourquoi est-ce que je me suis énervé ainsi ? Pourquoi est-ce que j'ai laissé tout ça sortir, alors que je m'étais fait un point d'honneur à ne surtout pas faire plaisir à des brutes pareilles en laissant mes émotions aller ? Crétin. Idiot que je suis : je ne suis même pas capable d'être impassible et inflexible comme j'aimerais l'être pour ne surtout pas que l'on remarque ces faiblesses de ma part. Et j'en ai été complètement incapable à l'instant : une « faute » dont je me culpabilise très aisément, même alors que je claque du pied pour rentrer au plus vite. Je vais essayer d'oublier cette soirée en la refoulant au maximum dans un coin de ma mémoire, car plus j'y pense, plus elle me tord le ventre d'une manière on ne peut plus inconfortable et douloureuse, tant et si bien que j'en ai honte. Je ne devrais pas être aussi sensible. Je ne veux pas l'être. Je veux être quelqu'un qui sait rester inflexible en face de ce genre de choses, car je me dis que c'est ce que les gens que j'ai promis de servir ont besoin. Je m'en suis convaincu tout seul, il faut dire, ou du moins j'ai tellement entendu ça que j'ai fini par l'intérioriser jusqu'au bout des ongles. Alors ce soir, la constatation de mon échec est encore plus pénible.

    Je ne m'attendais pas à ce qu'il me suive, et à vrai dire, quand il m'interpelle, je presse le pas. Quoi, encore ? Si c'est pour continuer à se crier dessus, je vais passer mon tour, merci bien. Roulant des yeux, je sursaute en le voyant se poser devant moi, mes yeux encore humides et rougis lui laissant des éclairs malgré tout. Mes crocs se découvrent et un début de grognement remonte dans ma gorge, comme un avertissement. Mais je ne trompe que moi-même, à l'instant : je ne sais même pas si j'aurais envie de l'attaquer. Ou du moins, si j'aurais l'énergie d'y mettre la virulence nécessaire : ce serait probablement bien trop pathétique. Je ne sais pas ce qu'il veut, mais je présume qu'il veut juste enfoncer le clou. Quel audace ai-je, après tout, de le tenir responsable de ses actes et de lui dire la vérité ? Je suppose que ce n'est pas bien acceptable pour son ego. Je m'en fiche. Je veux juste qu'il me fiche la paix ; qu'il m'ignore et que nous nous ignorions pour le restant de nos jours. Alors pourquoi a-t-il cet air pensif et sérieux alors que je le fixe d'un air courroucé, tentant tant bien que mal de dissimuler ma peine derrière mon agressivité apparente... ?

    Je ne sais pas pourquoi il me parle de ça, et si j'ignore de quoi il parle exactement (j'ai du mal à voir sur quoi il aurait pu être discriminé, à première vue, mais il est possible que je sois trop aveuglé par ma peine pour me rendre compte que ça n'est pas forcément visible), je reste méfiant au début. Je ne sais pas comment prendre ce qui ressemble à une confession, ni comment je suis supposé interpréter ce qu'il dit, mais au fur et à mesure qu'il parle, je peux sentir qu'il s'est calmé et qu'il... Fait attention... ? L'observer me rend très perplexe et fait passer mon observation d'une mine furieuse à une expression plus incertaine, marquée par le doute. Mal à l'aise avec son ton que je ne connaissais pas si honnête, je reste immobile, gelé alors que je constate qu'il est en train de... De s'excuser... ? Est-ce que c'est ça, que je viens d'entendre sortir de sa bouche ? Je n'y comprends rien. Ce n'est pas du tout ce que j'avais prévu, et cela me perturbe bien plus que je ne l'aurais cru.

    Je ne parle pas. Je ne bouge pas sur le coup, comme si je m'attendais à ce qu'il retire tout ce qu'il vient de dire d'une seconde à l'autre. Même mon expression s'est figée, car je ne sais plus quoi afficher pour dissimuler quelque chose que je n'identifie même pas. Je suis trop fatigué pour ça, en plus ; j'ai largement dépassé la limite de mes capacités émotionnelles, je le crois. Et cela s'exprime notamment par le fait que je ne sache pas immédiatement quoi dire.
    Mon regard se détourne. J'ai du mal à soutenir le sien, que ce soit car c'est dur pour moi dans un état pareil, parce que je ne supporte pas de lui montrer une expression aussi pathétique que la mienne à l'heure actuelle, ou tout simplement car celle qu'il affiche me met mal à l'aise car je ne sais pas comment l'appréhender. La gorge lourde, je sens le nœud dans ma poitrine se comprimer douloureusement à nouveau, mais cette fois, je n'ai rien à crier. J'ai eu ma dose, je le crois. Ne sachant pas quoi dire face à son aveu et son soudain revirement (dont je me méfie encore un peu), je me contente de hocher de la tête avant de répondre, trop faiblement à mon goût.

    « … D'accord. »

    J'essuie mes yeux d'un geste lent et dépité, ne serait-ce que pour sauver un peu de mon ego qui a volé en pièces ce soir. Je ne... Je ne sais pas quoi faire. Je ne sais pas comment réagir. Ce n'était pas prévu par mon esprit qui a pourtant l'habitude de tout prévoir, alors je me sens perdu, et je ne sais plus du tout comment me comporter. Pour être honnête, ma fatigue émotionnelle et sensorielle sont presque à leur maximum, alors il n'y a rien d'étonnant au fait que je sois devenu si peu loquace.

    « … Je veux rentrer. »

    C'est tout ce que j'arrive à dire, sur le moment. Je crois que c'était trop d'un coup, et je n'arrive plus vraiment à faire tenir la façade du moine qui a toujours quelque chose à répondre et qui ne lâche pas l'affaire. Yggdrasil, je suis tombé bien bas. Je n'arrive pas encore à comprendre ce qui s'est passé ni son revirement, qui me fait presque paniquer, et... J'ai de la peine, je suppose. Et même si cela me dérange de l'admettre, mon empathie me permet de sentir qu'il y vraiment quelque chose qui le perturbe, ce qui me rend moins fermé que je ne voudrais l'être.

    ft. Samaël Enodril
    le 17 avril 1001




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    Natsu grogne et fixe des fleurs en #8A4B08

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    17 avril
    1001
    Le vase et la goutte d'eau
    avec Natestpasàlaise
    Je ne sais pas si j'ai réussi à l'atteindre. Je l'espère. Ou du moins, à lui faire comprendre que je suis honnête dans ce que je dis. En tout cas, j'ai l'impression d'être parvenu à me faire entendre. La colère que je percevais dans son regard s'est éteinte, remplacée par ce que je crois être de la confusion. Je l'ai surpris, probablement, à lui montrer autre chose que ce dont il avait l'habitude avec moi. Tous deux à présent muets et immobiles, j'attends de mon côté qu'il réagisse d'une façon quelconque. Et je crois au départ qu'il va me rejeter. Je ne serais pas étonné si c'est ce qu'il décide de faire alors j'attends. Pourtant, s'il détourne le regard, j'ai l'impression... Qu'il accepte simplement mes mots. Je me détends, ignorant pourquoi ça me soulage qu'il veuille bien écouter ce que j'ai enfin réussi à dire. Ou plutôt... Ce que mon ego a bien voulu que je réponde. Je ne peux définitivement pas dire qu'entendre ses aveux et voir ses larmes m'ont laissé indifférents. On m'a rarement fait de tels reproches comme ça en plein visage, en me renvoyant mon comportement. Je parviens enfin à me dire que je n'ai effectivement pas agi de la manière la plus correcte avec les Eossiens et en particulier avec lui. Je pensais que notre relation allait continuer à être conflictuelle, à la manière d'une sorte de jeu à chaque fois que le destin ou le hasard nous place sur la même route. Mais depuis le début, je comprends que ce n'était pas si drôle et que ça lui faisait plus de peine qu'autre chose. J'aurais dû... J'aurais dû m'y attendre et voir comment j'agissais. Ce n'était pas normal. Ce n'était pas sain. Il m'aura fallu plusieurs mois pour le comprendre. Mais ses mots, s'ils ont sûrement été pénibles à dire, m'ont retourné. Je ne sais pas si personne n'avait jamais été aussi franc avec moi ou si, à Altissia, tout le monde était juste pareil et ne voyaient pas le nœud du problème. Quoiqu'il en soit, après cette nuit, je ne pourrai plus faire comme si de rien n'était. À sa requête, je réponds seulement en gardant le même calme.

    « Rentrons, alors. »

    Bien sûr, je vais le faire rentrer chez lui, surtout, mais... Je veux quand même honorer ce que j'ai dit et l'accompagner au cas où s'il lui arriverait malheur sur le chemin. Je ne dis pas que ça va forcément arriver à et que, si ça arrivait, il ne serait pas capable de se défendre, mais je serai plus tranquille, et je ne crois pas percevoir dans son état l'énergie nécessaire à une protection de lui-même si un danger devait survenir. Et puis... J'imagine que c'est la moindre des choses, après... Après ce que je lui ai fait 'subir'. Alors, en suivant ses indications, je le raccompagne jusqu'à sa demeure, sans oser le toucher au risque qu'il ne le prenne pas très bien. Je ne veux pas qu'il croit à de mauvaises intentions après ce qu'il a vécu à la taverne. Toutefois, je ne me tiens pas trop loin au cas où s'il venait à tomber. Mais la route du retour se passe sans embûche, et surtout, dans un silence complet. Je ne sais pas encore ce qu'il a débloqué en moi ce soir, mais une chose est sûre : je ne veux pas que ça soit réversible.

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