Destiny in her hands | Klaus H. Evergarden

À peine arrivée à Yggdrasil et on lui donnait déjà ses ordres, à Basmath. Bien évidemment, c’était sûrement un truc auquel elle devait s’attendre, mais la guerrière aurait voulu profiter d’un moment de répit après un long voyage, tout de même. Mais bref, pas le temps de se plaindre. La jeune femme se lève, rapidement, de son lit temporaire et se prépare tout de suite à sortir. Le soleil n’était même pas encore levé. Elle avait quelques temps devant elle, avant d’aller rencontrer ce Mr. Evergarden. Quelques heures pour s’entrainer en paix et se laver.

Alors c’est exactement ce qu’elle fait. Pré-étirements, entrainement, post-étirements, lavage rapide. Elle avait encore le temps de manger. Juste à temps pour rencontrer la personne qu’elle devait accompagner. Elle entre dans la pièce d’un bâtiment assez extravagant, une maison ou peu importe ou elle devait être. Basmath n’avait pas vraiment fait attention aux détails. Tout ce qu’elle savait, c’était que c’était très cher. Les rideaux, la table, les ustensils…. Tout puait la richesse. Et ça énervait la jeune femme.

Bref, ce n’était pas important. Elle n’avait qu’à garder ça pour elle-même. Seulement quelques heures à protéger une personne qui se croyait probablement plus importante qu’elle ne l’était.

….

Allez Basmath, arrête avec toute cette négativité, ça va ruiner ta mission.

Les bras croisés en regardant dehors, la loup-garou entend quelqu’un cogner à sa porte. C’était une jeune femme qui venait lui dire que Mr. Evergarden était prêt à la recevoir. Parfait.

Se dirigeant vers la pièce ou son client l’attendait, Basmath ne pu s’empêcher d’examiner, encore une fois, la décoration beaucoup trop… Tout. Pour elle qui venait d’une famille nomade très pauvre, c’était un tout autre monde. Alors la guerrière cogne à la porte avant d’entrer. Elle se met immédiatement au garde-à-vous.


« Lieutenante Basmath Yeshua à votre service, Mr. Evergarden. C’est moi qui s’occuperai de vous escorter pour votre travail aujourd’hui. »


Basmath se disait qu’elle n’avait pas dû être envoyée à Yggdrasil simplement pour ça, mais peut-être qu’il y avait plus de…Tensions, récemment, avec ce qui s’était passé. Bref, c’était son travail et elle allait le faire et le faire à la perfection.

« Basmath, ça me va. »


Elle n’avait jamais été fan de se faire appeler lieutenante en dehors de l’armée. C’était trop impersonnel, trop… Froid. Et pour Basmath, bien qu’elle ne le démontrait pas beaucoup, le contact humain était important. Et c’est pas comme si elle avait des trucs à cacher, non plus. La guerrière se met au repos en s’approchant de Mr. Evergarden, tout en gardant une certaine distance. C’était important de ne pas être dans le chemin. En s’accotant contre la fenêtre, elle l’écoute parler. Faire la conversation, qu’elle se disait.

Sa dernière phrase, toutefois, fait lever un sourcil de la rouge et blanche. Elle sentait à plein nez la fraicheur et la chaleur de Caldissia ? Est-ce qu’il venait de dire qu’elle sentait mauvais ? Et parlant de sentir mauvais, c’était quoi cette odeur de chien mouillé qui empestait la pièce ? Hm. Nah, fallait se retenir de faire des commentaires.


« C’est exact, je viens de Caldissia. Par contre, j’ignore ce que mon pays ‘sent’, mais j’ose espérer que ça ait une meilleur odeur que le chien mouillé, n’est-ce pas ? »


Bon c’était plus fort qu’elle et probablement assez subtil. Cette histoire d’odorat l’avait vraiment fait chier, depuis qu’elle était devenue une louve-garou. Basmath croise le regard du politicien, de ses yeux rouges. Elle n’avait aucune idée de quoi parler avec un politicien de ce genre. Et surtout pas dans une ville qui lui était… Totalement inconnue.


« C’est ma première journée à Yggdrasil, oui. Je suis venue directement ici dès mon arrivée. »


Même pas le temps de s’acclimater avec les lieux, même pas le temps de simplement aller marcher. La soldate fait un long soupire silencieux, des narines. Même si elle aimait son travail, des fois, il était quand même épuisant. Mais c’est tout ce qui lui restait. Plus de famille, plus de copine, plus rien. Alors elle allait faire du mieux qu’elle pouvait.


« Et vous, vous êtes ici depuis combien de temps ? »

Bon, Basmath, c’était pas très intelligent comme commentaire, en fait. Le gars, là, il avait l’air bien gentil et clairement, c’était lui qui sentait le chien mouillé. La fatigue du voyage t’avais vraiment affectée hein ? Faudra que tu t’excuses, quand même. Erh, plus tard.

La jeune femme écoute les mots de son « escorte » et fronce les sourcils. La politique, jamais elle n’aurait pu faire un truc du genre…. C’était bien trop compliqué. Bien que beaucoup des gens de l’armée parlaient de la sagesse de la guerrière, celle-ci pensait beaucoup avec son cœur. C’était difficile, pour elle, des fois, de ne pas s’emporter. Même si elle le laisse très peu paraître.

Puis, viens la question. Une question qui fait figer la louve-garou, une fraction de seconde. Des images de Judith, d’Isaac, de maman et papa passent dans sa tête très rapidement. Des choses qu’elle avait laissées derrière pour… Pour leur apporter de l’aide. Et finalement, elle n’avait pas pu être là quand ça comptait le plus.


« Je n’ai plus de famille. La guerre a pris la moitié de celle-ci et j’ignore de ce qui est advenu de l’autre. »


Son ton est neutre et son regard est vide, quelques temps avant que la vie revienne dans ceux-ci. Elle soupire et vient s’assoir devant Klaus. Deux fois à éclater comme ça, c’était trop. Même pour elle. Elle allait avoir un mauvais rapport ou quelque chose du genre, probablement. La guerrière se frotte les yeux, fortement, avant de planter son regard dans celui de Mr. Evergarden.


« Excusez mon… Comportement de merde, Mr. Evergarden. Le voyage m’a terriblement épuisée et on m’a envoyée ici avant que j’aie pu même me reposer. J’ai les nerfs à vif. »


Piteuse excuse, mais bon, c’était la réalité. Pas parce qu’elle était à l’armée qu’elle n’aimait pas avoir quelques temps pour se reposer après un long voyage comme celui qu’elle venait de vivre.


« Et l’odorat plus développé que la moyenne. »


Elle croise les bras encore une fois en accotant son dos contre le dossier de la chaise. C’était déjà ça.

Basmath fait un petit sourire quand Mr. Evergarden se met à parler. Il semblait accepter ses excuses et comprendre. Oui bon, fallait juste pas recommencer, hein. Basmath frotte son nez rapidement. Nez qui piquait, nez qui sentait, oui, encore l’odeur mais bon, fallait s’habituer. Cet odorat de loup-garou, des fois, ça lui pourrissait vraiment la vie.

Et puis vient la question auquel la jeune femme ne s’attendait pas du tout : Si elle était d’une lignée de nomades. Les sourcils froncés, Basmath était en train de se demander comment il aurait pu avoir une information aussi précise sur elle, qui vient d’arriver dans la ville. Est-ce qu’il fallait qu’elle se méfie de lui ?


« Non. »


Basmath savait mentir, quand il le fallait. C’était facile, tu regardes la personne droit dans les yeux et tu ne bronches pas. Et c’est ce qu’elle fait. Elle dépose ses bras sur la table, le défiant presque du regard. Presque est le mot.


« J’ai habité toute ma vie à Caldissia. Ma mère était dans l’armée, ainsi que mon père. J’ai seulement suivi leurs pas. »


Pas comme si elle allait, aussi, raconter sa vie au premier étranger, client ou non. Bref, Basmath ne voulait pas en parler plus que ça. La guerrière se lève de sa chaise, les mains sur les hanches.


« Ne devrions-nous pas nous diriger vers votre rendez-vous, Mr. Evergarden ? Il ne faudrait pas que vous arriviez en retard. »


Bon, la mauvaise humeur était revenue. Honnêtement, c’était pas vraiment dans ses plans de parler de sa famille et ce sujet restait encore, pour elle, très sensible. La militaire se dirige lentement vers la porte, prenant une grande respiration. Calme-toi, la grande, calme-toi. Il ne pouvait pas le savoir….. Il ne pouvait pas savoir.

La louve-garou attend le politicien proche de la porte, avec un sourire. Un sourire doux et sincère, elle ne voulait pas qu’il pense qu’il était sur son mauvais coté…. Par contre, elle allait le surveiller, ça c’était certain.

Basmath soupirait mentalement. Elle s’énervait trop, pour rien. Elle était bien trop fatiguée, même si elle ne devait pas le laisser paraître. Elle la’avait déjà un peu trop fait, en vrai. C’était, d’après elle, vraiment une escorte de merde, aujourd’hui. Mais Klaus ne semblait pas lui en vouloir trop. Même qu’il semblait se sentir plutôt mal. Ça se sentait. Avec l’odeur, aussi.

Basmath attend patiemment que Mr. Evergarden finisse de prendre ses notes, ses livres et tout. Et puis, une autre question qui fait sourire Basmath, cette fois. Explorer la ville, hein ? Oui, ça serait sûrement une bonne idée. Le faire avec quelqu’un… Des images lui viennent en tête. Une chevelure rousse. « Viens on va aller voir un peu les tavernes! » le sourire reste, mais la jeune femme se sent secouée.


« J’aime bien marcher seule, dans les rues. Explorer à mon rythme. »


Les images de sa belle Ayla ne lui sortaient pas de la tête. Les soirées ou elles avaient bues ensemble, les baisers tendres, les marches dans les rues…. Allez, ne le laisse pas paraître, cette fois. La soldate ouvre la porte pour laisser passer Klaus, puis, referme celle-ci derrière eux.


« C’est très gentil, comme offre, par contre, de vouloir jouer mon guide privé. »


Petit sourire joueur de la part de la louve-garou qui se met à suivre le politicien en direction de son rendez-vous. Elle remarque qu’il avait apporté beaucoup de livres et de trucs qui semblaient lourds. Pas comme s’il avait une montagne de muscles à ses cotés pour l’aider à transporter des choses, hein. Bah, il lui demanderait bien de l’aide, s’il en avait de besoin.


« Qui est cette personne que vous devez rencontrer ? »


Question de curiosité qu’elle avait dans la tête depuis quelques temps. Un politicien d’Altissia ? Un Éossien ? Basmath ignorait encore tout de la politique d’Yggdrasil. En vrai, ça semblait être une grosse source de maux de tête constants.

La guerrière pouvait clairement voir que son client avait de la difficulté avec tous ses livres, mais bon, s’il ne voulait pas d’aide, hein…. L’orgueil, ça fait faire beaucoup de choses et Basmath aimait jouer légèrement avec l’orgueil des gens. C’était toujours drôle de les voir faire des trucs incroyables juste pour se sauver la face.

…Bon, Mr. Evergarden n’avait, clairement, pas l’air de la personne la plus organisée du monde. Il ne connaissait même pas l’identité de la personne qu’il allait rencontrer… ‘C’est une altissienne’. Oui, ça c’était évident. Basmath laisse un léger soupire de frustration lui sortir des narines, alors qu’elle continue de marcher. Il avait l’air bien gentil, Klaus, mais est-ce que c’était le bon travail pour lui ? Est-ce que c’était à cause de gens comme lui que tout semblait être si merdique dans cette ville ? Bon, il ne fallait pas juger trop vite.

Puis, la louve-garou entend le bruit de feuilles qui tombent par terre. Ah bah voilà, maintenant, il allait lui demander son aide, non ?....... Non ? Huh.


« Mr. Evergarden, je crois que ce serait une bonne idée d’avoir tous vos papiers pour votre rencontre, vous ne trouvez pas ? »


Un léger sourire mesquin s’étire sur les lèvres de la jeune femme, alors qu’elle le regarde perdre de plus en plus de feuille. Documents importants ou non, si ça se retrouvait dans de mauvaises mains, ça pourrait être… Gênant.

Bon, ça suffit les conneries. La soldate s’empare d’un gros cartable, sans lui demander et le coince sous son bras. Elle pouvait comprendre pourquoi lui, il trouvait ça lourd, mais pur elle, ce n’était vraiment rien.


« Demander de l’aide n’a jamais tué personne, vous savez ? »


Restait plus qu’à attendre que Mr. Evergarden aille ramasser tout ce qui était tombé. Et il y en avait beaucoup, quand même, en y pensant. Mais Basmath patienterait en regardant l’orgueil de cet homme se détruire pendant qu’il marche à quatre pattes, à ramasser les papiers par terre.

L’avait qu’à demander de l’aide à sa garde du corps aussi large qu’une armoire à vêtements, hein.

Pas très impressionnée par sa blague, la Caldissienne ne fait que le regarder rattraper tous ses papiers, les uns après les autres. C’était un peu… enfin, pas pathétique, mais il semblait perdu ? Complètement perdu. Et puis il lui demande un document bien précis, ce qui fait froncer les sourcils de Basmath. Elle prend les documents coincés sous son bras et se met à les regarder les uns après les autres. Par contre, il n’y avait qu’une série de lettres et de chiffres. C’était…

Ah Da85ES. Ça avait vraiment du sens, pour lui ? La jeune femme trouve ledit document dans ceux qu’elle avait et le lui tend avec, encore une fois, un visage neutre. Mais quand il s’excuse de son état un peu… Dans la lune, disons-le, Basmath ne peut que sourire doucement. Judith aussi, elle était perdue un peu comme ça. Toujours derrière elle à la suivre, toujours impressionnée par tout ce que sa grande sœur faisait. Son cœur se serre un moment, avant de remettre les livres et autres documents trop lourd pour Mr. Evergarden sous son bras.


« Ce n’est rien, je sais que ça peut être un travail demandant. Jamais je ne serais capable de me retrouver avec autant de papiers. »


Basmath était une personne d’action, une combattante, une personne qui devait être sur le terrain. Elle se sentirait inutile, prise dans un bureau à signer des trucs…. Elle ne pourrait pas voir tout ce qui se passait dans les rues. Ils se remettent en marche vers la salle ou ils devaient se rendre (peu importe ou elle était) et puis Basmath s’arrête devant la porte.


« Comment souhaitez-vous procéder ? Voulez-vous que je vous accompagne, ou que j’attende à l’extérieur ? »


Se retrouver avec une diplomate Altissienne, c’était… Quelque chose qui n’avait jamais traversé l’esprit de la militaire. Pas depuis un bon moment. Elle qui était plus habituée au combat sur le terrain, la voilà qu’elle serait devant une des personnes responsables de la mort de sa petite sœur…. Pas directement, mais quand même.

Et elle ne pourrait même pas lui briser le nez.

Basmath n’avait aucune idée si le travail de diplomate l’intéresserait un jour, ce qu’elle savait, par contre, c’était que pour l’instant, elle ne le considèrerait même pas comme dixième emploi potentiel. Bref, ce n’était pas important. La jeune femme avait bien entendu Mr. Evergarden se cogner contre quelque chose (avec son ouïe supérieure à la moyenne), mais avait décidé de ne rien dire. Il avait déjà mangé beaucoup de coups sur l’égo, aujourd’hui, hein ?

Et puis en réponse à sa question, le politicien lui fit bien comprendre qu’elle devait se contenir dans cette pièce et qu’elle n’avait nullement le droit de sauter à la gorge de l’Altissienne. Bien sûr, ce n’était pas du style de la guerrière, mais bon, c’était plaisant de savoir qu’elle pouvait jeter des regards noirs, si elle le voulait.

…Elle était si intimidante que ça ? Eh bien, c’était étrange à entendre, mais bon, Basmath pouvait comprendre pourquoi, étant une montagne de muscle.


« Bien compris, je ne ferai rien qui ne créerait une nouvelle guerre. »


Elle sourit et fait un clin d’œil à Klaus avant d’ouvrir la porte et de le laisser passer en premier. Puis, elle entre à sa suite et se tient proche de la porte de sortie. Il fallait simplement qu’elle mette son cerveau à OFF, l’histoire d’un instant. Elle ne pu s’empêcher de jeter un regard à la politicienne Altissienne. Basmath essayait du plus fort qu’elle pouvait de ne pas mettre tout le monde dans le même bateau. Ce n’était pas elle, assise à la table, qui avait tué sa sœur et son frère.

Ce n’était pas elle.

Alors la louve-garou ne fait que rester près de la porte, après avoir déposé les lourds documents sur la table. Elle croise les bras, n’écoutant pas vraiment la conversation qu’ils avaient. Ce n’était pas vraiment de ses affaires, honnêtement et elle avait d’autres trucs en tête.

Beaucoup d’autres trucs.


HRP :