13 octobre 1001 | Les choses qui rapprochent |
avec Natsoûl
S'il me charrie, je me rends compte que je ne devrais, en fait, pas trop me la jouer comme si je connaissais tout de ma vie alors qu'on m'a menti sur pas mal de choses. Donc si ça se trouve, je pourrais avoir réellement une sœur quelque part ; en espérant que ma 'mère' m'en aurait parlé, ou alors ça viendrait de mon père biologique. Bref, je pense que je n'ai pas besoin de plus de bordel dans ma vie. Frissonnant légèrement en sentant quelque chose me remuer le ventre, je termine mon verre avant de nous recommander à tous deux de nouvelles boissons. Un creux persiste dans mes entrailles lorsque je songe trop longtemps aux mystères qui entourent encore mon passé, alors que je croyais le maîtriser et que rien de pire n'aurait pu m'arriver. Au fur et à mesure que les minutes et les heures passent, je sens ma tête tourner de plus en plus. Heureusement que je suis plutôt bien portant, mais je ne devrais pas tester ma résistance au-delà de sa limite non plus. En revanche, un ricanement m'échappe quand je constate que l'autre ne fait pas long feu et que continuer à tenir va s'avérer compliqué. Héhé, on devrait peut-être arrêter...« J'en ai une facile : je n'ai jamais été moine ! Haha ! »
… Bon, juste encore un peu, alors.
Les journées chaudes laissent place, heureusement, à des nuits fraîches. Les étoiles au-dessus de nos têtes semblent danser en même temps que nous, si on peut seulement appeler ça une danse. Nos pas chancelants sur le pavé n'ont pourtant rien de bien élégants mais l'effet de nos breuvages se fait réellement sentir et pour ne rien arranger, je chantonne un petit air altissien bien de chez nous pour accompagner notre cadence maladroite.
« Eeeeet les compagnons s'en allèrent en gueeeeeerreuh ! Tralalalalèèèère ! ♪ »
Je manque de trébucher, ne me rattrapant de justesse que parce que je m'efforce de tenir le moine contre moi. Un bras par-dessus mes épaules, je le retiens comme je peux pour lui éviter de tomber mais il n'en mène pas plus large que moi. On peut même dire que je m'en suis mieux sorti. J'ai toujours conscience de ce que je fais mais j'arrête pas de rigoler comme un débile de temps à autre.
« Bon... T'es sûr que tu veux pas que je te ramène chez toiiii ? »
Je glousse de nouveau, n'ayant pas oublié ce qu'il a tenté plus ou moins de faire comprendre : à savoir que si je voulais le ramener chez son tuteur Daichi, il a exprimé le souhait de plutôt le ramener chez moi car il ne voulait pas que son cousin le voit dans cet état. Je peux le comprendre, en un sens, je ne vais pas lui en vouloir. Cela ne me dérange pas. Au moins, ce qui est pratique pour ma part, c'est que je ne dépends de personne et que je suis seul chez moi. Enfin, il y a bien ma génitrice, mais elle n'était pas là ce soir, et quant à Smaug, mon chien, il ne sera pas trop embêtant, normalement.
Lentement mais sûrement, je fais de mon mieux pour nous mettre sur le chemin de la maison et ouvre maladroitement la porte en faisant plusieurs essais infructueux avec la clé. Mais les aboiements à l'intérieur de la maisonnée me motivent à me concentrer et je finis par réussir à déverrouiller la serrure, fermant la porte derrière nous une fois que nous sommes à l'intérieur. Le jeune chiot vient nous accueillir en jappant d'un air adorable et en remuant sa petite queue touffue d'un air content. On dirait parfois plus un oreiller vivant qu'un animal, avec tous ses poils duveteux.
« Tout doux, Smaug, tout doux... Je t'amène quelqu'un que tu connais bien. »
En gloussant un peu sans raison, je dépose le magimorphe sur l'un des canapés du salon avant de moi-même prendre place sur le fauteuil à côté. Poussant un soupir d'aise, soulagé d'avoir réussi à rentrer à la maison sans problème, je regarde d'un air amusé le chiot en train de renifler mon comparse d'un air curieux.
« Héhéhé... Ça s'voit qu'un certain moine n'a pas l'habitude des cuites. »
Dis-je en ricanant lorsque je m'aperçois qu'il semble avoir du mal à émerger et à y voire clair. M'enfin... Durant mes premières soirées de taverne, je revenais au lit dans le même état, il faut dire.