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sweet home
La ville n'a jamais semblée aussi calme. Ou alors est-ce sans doute le contraste avec ce qui s'est passé en fin d'après-midi qui la fait paraître si tranquille. Les ombres visqueuses sont parties, le dragon aussi. Ne restent plus que les morts à pleurer, les blessés à soigner et les innocents à rassurer. Je peine toutefois à me remettre des évènements qui se sont enchaînés à une vitesse vertigineuse. Les fiançailles, la créature ailée, Gabryel qui a failli mourir brûlé, Soren qui lui aussi a failli mourir... Sans l'intervention de Shimomura, j'aurais eu des tombes à creuser, ce soir. C'est peu dire que je lui en suis reconnaissant, et je ne suis pas le seul. Mon filleul a pu au moins repartir sain et sauf avec son père. Même s'il tenait à prouver qu'il pouvait être indépendant, je pense qu'il va rester chez Faust encore un moment. Heureusement, même si la magie blanche a épuisé le moine jusqu'à ce qu'il tombe littéralement de fatigue, il a pu s'en sortir indemne. C'est dans mes bras qu'il gît désormais, alors que je le transporte dans mes bras tel un fantôme en errant dans les rues désertes de la cité, à une heure si tardive que toutes les torches qui éclairent d'ordinaire les pavés sont désormais éteintes. Descendant dans les quartiers éossiens à la recherche d'une maison en particulier, le mutisme ambiant permet à mon esprit fourbe de me repasser en boucle le chaos qui a régné plusieurs heures sur Yggdrasil. Si on peut dire que je suis habitué aux situations imprévues et angoissantes, je me trouve tout de même plus rassuré en sentant le poids de ce corps dans mes bras qui me fait parfois penser à autre chose, même si c'est difficile de détacher de ma mémoire les séquences où je ressens encore ce soir la panique qui m'a traversé au moment des faits. C'est d'ailleurs sans doute idiot que la perte de ma lettre, celle que le moine m'avait envoyé et que je conservais sur moi, soit l'une des choses qui m'ait bouleversé le plus après coup ; comme si j'avais perdu dans le même temps un trésor qui me portait chance et bonheur. Ce n'était pourtant rien de cela. Juste un bout de papier sur lequel étaient couchés des mots qui m'ont fait toutefois plaisir à lire alors que je n'étais même pas encore rentré. Désormais, elle est perdue à jamais sur la place et doit sûrement être en mauvaise état. Mais peu importe.Depuis que Shimomura s'est écroulé tout à l'heure, il n'a pas fait un seul mouvement ; la seule chose qui indique encore qu'il est en vie se trouve être sa respiration qui est devenue plus calme au fur et à mesure. Quand je l'ai découvert une fois après être revenu vers lui, j'ai tout de suite pensé à l'emmener chez moi pour qu'il s'y repose en sécurité. La première idée qui m'était venue. Comme un réflexe.
Puis je me suis dit que c'était sans doute ridicule que je pense à ça. Qu'il allait peut-être trouver ça étrange ou louche que je l'ai ramené à la maison. Ce ne serait pas la première fois, mais c'était différent, les jours d'avant. Il était davantage conscient, au moins.
Alors j'ai imaginé que la meilleure chose à faire était de plutôt l'emmener à Daichi. Son cousin saura sûrement comment s'en occuper, après tout, même si je sais qu'il a déjà trois enfants sur les bras et que cette histoire de dragon n'a pas dû réconforter tout ce petit monde. J'arrive enfin néanmoins à sa porte. Il est tard, très tard, mais je ne savais pas à qui d'autre le confier. J'aurais pu aller au sanctuaire pour que les éonistes le prennent en charge, mais... Cela finit par m'angoisser qu'il reste vivre là-bas, alors que je n'ai pas oublié comment les autres moines le regardaient parfois et surtout comment il considérait l'endroit : une tombe. Le magimorphe dans les bras, je ne peux pas en dégager un pour toquer ; je dois donc me servir de ma tête pour frapper un petit coup contre la porte, jusqu'à ce qu'on m'ouvre. Et, heureusement, l'hôte de la maison finit par m'ouvrir.
« Bonsoir, Daichi. »
Je suis sans doute de loin la personne qu'il s'attendait à moins voir ce soir. Même en général. Je ne connais pas si bien le cousin que ça, et nous n'avons pas pus échanger tant non plus, mais il connaît le rapport que j'ai avec le moine et il s'est montré très bienveillant à cet égard, m'accordant même sa confiance.
« Je... Je vous ramène Nats-euh Shimomura. »
Oupsie, lapsus. C'est qu'il l'appelle toujours -évidemment- Natsume. Mais j'en oublierais d'ailleurs presque de demander comment ils ont vécu ce qui s'est produit avec le dragon.
« Euhm... Est-ce que... Tout le monde va bien ? Vous n'avez pas été blessés ? »
C'est que je m'inquiète quand même pour lui et ses enfants, même s'il ne me semble pas les avoir croisés sur la place et que je ne les ai pas sentis non plus.
Spoiler :
Natsu et Sam by Coba <3