Septembre 1001 | night fever |
avec Shimomumalade
Je peine encore à me fier à ma double apparence. Ce fut un véritable choc au départ que je n'ai fini par réaliser que petit à petit, mais j'ai eu la curiosité de m'entraîner de temps à autre, pour voir. Après mon travail, il m'est arrivé de voir si je pouvais maîtriser ma nouvelle transformation. Et c'est encore difficile de temps à autre, mais j'ai fini par accepter qui j'étais réellement. Malgré le ressentiment que j'ai encore envers elle, Lyra a insisté pour m'aider là-dessus aussi. J'ai certes un gros ego, mais j'ai bien remarqué que ça ne servait à rien de nier le soutien qu'elle pouvait m'apporter. Elle a l'habitude, après tout, et sait changer d'apparence en un clin d'œil, alors elle m'apprend quelques bases. C'est d'ailleurs encore douloureux de la regarder sous la forme que j'ai toujours connu. Windie n'existe plus, désormais, plus à mes yeux, en tout cas. Malgré tout, comme elle n'a nulle part où aller, j'ai accepté de la faire rester chez moi. En échange, elle s'occupe des tâches de la maison. Un peu cliché, mais elle a besoin de temps avant de pouvoir retravailler. D'ailleurs, si elle m'a expliqué avoir fait des études dans les sciences à Caldissia, le fait qu'elle ait été obligée d'être domestique dans la famille de mon géniteur ne l'a pas aidé à s'épanouir. Au moins, ça l'a forcé, selon ses dires, à savoir faire la cuisine et le ménage. Alors même si je ne l'oblige pas non plus à s'en occuper, elle a l'impression de se rendre un peu utile, pour une fois. En effet, il m'est devenu difficile de l'emmener avec moi en mission ; voire impossible. La cohabitation est difficile pour moi, mais pour le moment, je fais avec. Au moins, puisque je lui permets de reprendre quelques cours sur le soin des créatures magiques -sa spécialité d'autrefois-, il est probable qu'elle s'installe autre part, à l'avenir. De toute façon, je ne comptais pas la garder éternellement. Même si elle m'a accompagné durant toutes ces années, je continue de nourrir à son égard une certaine rancune ; et il est hors de question que je la traite comme une mère. Elle n'en a jamais été une.En attendant, cela ne m'empêche pas de veiller à ce qu'elle ne retombe pas malade. Je sens en moi une certaine part de responsabilité vis-à-vis de sa nutrition, après tout. Alors même si je ne pouvais pas savoir qu'elle était à moitié humaine, j'ai pris cette part d'obligation de manière personnelle. Et elle a l'air d'aller mieux, heureusement. Mais jusqu'à un rétablissement complet, elle doit suivre un régime particulier et prendre des médicaments en complément. Mais bon, le hic, c'est que j'en ai plus, là. Il va falloir que j'aille jusqu'au sanctuaire où se trouve Shimomura pour lui en demander d'autres. C'est lui, qui me fournit.
Laissant la concernée à la maison, j'attends le soir pour sortir de chez moi afin de descendre l'allée qui m'amène, après plusieurs minutes, au bâtiment religieux. Il faut chaque fois que j'attende l'heure précise où tout le monde est déjà parti ou couché pour pouvoir le voir. C'est toujours mal vu qu'un Altissien -en plus un militaire- vienne rendre visite à un Eossien. Et en soit, il est vrai que les amitiés entre les différents camps se font rares. Enfin, 'amitiés'...
Pourquoi je dis ça, moi...
C'est pas trop le moment de penser à la relation que je peux avoir avec le moine. On fait chacun notre boulot, et puis c'est formel, après tout. Y'a rien de... De... En-enfin bref. Puisqu'il m'a autorisé à venir à des heures tardives (on a pas vraiment le choix sinon on risque tous les deux d'avoir des ennuis), j'emprunte le passage un peu secret qu'il m'a montré pour m'infiltre juste devant la porte de son bureau. Enfin, je toque à cette dernière.
« Shimomura ? Je viens pour chercher les médicaments. »
Pas de réponse. Je toque une seconde fois. À ce moment-là, je découvre que la porte n'est pas tout à fait fermée. J'hésite un peu, attendant qu'il m'ouvre de lui-même. Mais au bout de plusieurs minutes, toujours rien. Je saisis donc la poignée.
« Je... Je me permets d'entrer... »
Ouvrant finalement la porte, je passe la tête à l'intérieur de la pièce avant de le voir avachi sur son bureau en train de... de dormir ? Vu qu'il ne bouge pas, je m'approche un peu. Il fait une tête bizarre...
« Shimomura ?.. »
Il dort ?.. Je ne devrais pas le réveiller, mais c'est assez urgent, l'histoire du médicament... Je crois que je peux me permettre de l'indisposer un peu. Après tout, je repars tout de suite après. Mais quand je le touche, j'ai un sentiment étrange. Curieux, j'approche ma main de son front, avant de sursauter. Il est brûlant.
« Mais... Vous avez de la fièvre ! »
Bravo, le génie. Mais maintenant quoi ? Que fait-il étalé sur son bureau dans un état pareil ?! Il faudrait l'allonger... Mais il n'y a rien ici qui le permette... Comment ça se fait ? Il dort pas là ? Je croyais que c'était un de ses lieux de vie, si ce n'est le seul. Il devrait y avoir au moins un lit, non ?
« Euh... Je... Je peux vous aider ? »
C'est un peu maladroit mais... Mais je n'ai pas l'habitude de gérer ce genre de cas, moi. C'est lui, le soigneur, après tout. Aaah... J'espère qu'il pourra un peu me dire la conduite adoptée, au moins, que je le laisse pas agoniser comme ça sans rien faire.