2 octobre 1001 | éclairer sa lanterne |
avec Natsumasqué
Comment considérer quelqu'un que l'on a pas envie de perdre ? Comme un ami ? Est-ce qu'au moins je ne me mens pas à moi-même en me disant que je vois autre chose chez lui qu'un soigneur même en citant les points un par un ? Je ne comprends pas ma propre détermination à vouloir à tous prix le préserver, au point de tourner le dos, même temporairement, à ma propre patrie. Mais le plus étrange... c'est que je ne regrette rien. J'ai agi sur le moment parce que j'avais cette volonté de le cacher, même si cela devait me coûter quelque chose. Je n'avais toutefois pas prévu qu'il se fasse blesser par ma faute. Coupable, je me contente d'apaiser un peu la douleur de ses bleus. Il tente pourtant de me rassurer en me disant qu'il pourra s'en charger. Et je n'ai pas d'autres choix que de le croire sur l'instant. Il en sait mieux que moi, après tout, je ne peux pas trop parler. Un peu lent, j'esquisse un signe de tête avant de soupirer à nouveau, plus discrètement cette fois-ci. Je m'arrête tout à coup cependant lorsqu'il me fait sa proposition.« Ma magie ?.. J'ai de la magie ?.. »
C'est une évidence. Nous en avons tous. Elle coule dans les veines de chacun même si tout le monde ne peut pas s'en servir. Et bien sûr, c'est encore plus flagrant que je suis un animorphe ; j'utilise forcément de la magie de manière inconsciente. Mais cela ne m'avait pas effleuré que j'en avais réellement, ou du moins, comme je ne suis pas un mage, l'idée ne m'était jamais parvenue à l'esprit. Mais je l'écoute avec attention, acquiesçant modestement.
« Faites donc. »
Je n'en dis pas plus, le laissant faire ce qu'il a à faire. Ce n'est pas moi qui pourrait l'aider sur ce sujet, de toute façon, et... Je lui fais confiance. Je ne peux pas me mentir là-dessus et je le sais. Le fait qu'il semble réfléchir à ce que je lui ai dit -ou plutôt sermonné tantôt- me rassure au moins légèrement. Néanmoins, cela montre aussi autre chose. Laissant un silence s'installer, je regarde le sol d'un air vide, comme si je fixais un point invisible. En passant brièvement le tissu humide sur ses hématomes, une pensée me vient.
« Je suis... plutôt étonné que ça soit moi qui ai dû vous dire ça. »
On se serait en effet attendu à ce que quelqu'un de proche -ou du moins 'plus' proche- lui parle déjà de tout ça. Ou alors il n'en a jamais parlé à personne, ou alors ils sont très mauvais pour le rasséréner à ce propos. Car je commence à deviner petit à petit des insécurités ici et là qui sont malgré tout assez tenaces, et même si je ne doute pas de la bienveillance de son entourage, j'ai comme l'impression que ce n'est pas aussi simple. Mais difficile d'aborder une conversation pareille. Je m'autorise un peu d'humour, esquissant cette fois un rictus au coin des lèvres.
« Vous êtes tombé bien bas, pour que ça soit un Altissien qui vous fasse la leçon. »
J'aimerais le réveiller un peu. Il peut être à la fois si hargneux, et l'instant d'après si mou... N'y a-t-il donc personne qui ait pu lui venir en aide ?..