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  • Un dîner plus qu'imparfait [Gaby/Rara/Natsu]
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    Le dragon n'est plus, miracle est arrivé. Yggdrasil a protégé sa cité. Des mois de siège éreintant cessent, la ville millénaire respire à nouveau. Chaque soir, sous la lueur émeraude et bienveillante du grand arbre, les éossiens fêtent et célèbrent ceux tombés au combat. Après tant d'épreuves, la ville semble reprendre vie...
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    4 participants

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    avril
    1002
    Un dîner plus qu'imparfait
    C'est deux Généraux et deux Eossiens à un dîner...
    La nervosité me guette. Je la sens qui manque à tout moment de m'envahir complètement. Heureusement, ma motivation prend le dessus pour le moment, et j'ai largement de quoi m'occuper à l'heure actuelle pour ne pas laisser mes pensées en vadrouille quant aux prévisions de la soirée. Inutile d'imaginer le pire ; tout devrait bien se passer, pas vrai ?
    C'est la première fois que j'invite quelqu'un à dîner chez moi, je crois. Ou alors, ce n'était pas arrivé très récemment. Ni même très fréquemment. J'ai donc peur de faire une bêtise ou de me ridiculiser, mais je ne suis pas seul, ni mal accompagné. En un sens, maintenant que Shimomura vit chez moi, on peut dire que j'ai quelqu'un à ma table tous les soirs. Et c'est agréable. Bien plus que ce que j'aurais pu imaginer. Même si nous n'avons pas toujours les mêmes horaires, je me plais à l'attendre et inversement. Je suis toujours un peu à la fois gêné et flatté qu'il s'embête à patienter jusqu'à ce que je rentre ; et quelque part, ça me force à ne pas trop traîner et à rentrer plus tôt. D'ailleurs, on me croirait presque malade. Le Général Altissien qui se met à bouder de plus en plus de bars ? Voilà qui est étrange. Alors bien sûr, on s'imagine que j'ai rencontré la femme de ma vie et que c'est elle que je rejoins chaque soir. Cela me fait rire. S'ils savaient... Je les laisse fantasmer ma vie car à la fois c'est drôle, et à la fois ils ne m'écoutent pas, de toute façon, quand je démens leurs suppositions. Mais peu importe. La maison est moins vide. Et si j'avais un peu de jugeote, je commencerais à me questionner sur le fait que la chaleur que je ressens dans ma poitrine à chaque fois que je constate qu'il est là pour m'accueillir n'est pas ce qu'elle semble être. Pas juste ce qu'on ressent avec un ami qu'on apprécie beaucoup.

    Parlant d'ami, c'en est un que j'ai invité ce soir. Gabryel est censé venir dîner avec moi et Natsume pour que nous puissions nous détendre en oubliant ce qui s'est passé lorsque le dragon nous a attaqué. Ou plutôt, c'est un peu en lien, en fait. J'avais parlé déjà à mon homologue des sentiments changeants que j'ai ressenti dernièrement à l'égard des Eossiens ; comment la façon dont je les vois désormais est différente de la vision que j'en avais lorsque nous avons posé les pieds sur Yggdrasil pour la première fois. La preuve : je n'en aurais jamais accueilli un sous mon toit pour une durée indéterminée auparavant. Et je me trouve à présent bien stupide d'avoir pensé ainsi. Celui aux cheveux nacrés, je le sais, n'est pas en reste ; au fond, cela me rassure. Si nous avons pu changer, tous ceux qui ont encore cette mentalité pourront évoluer à leur tour. J'aime me dire que nous pouvons constituer des modèles pour nos semblables afin que nos relations avec les natifs se transforment et que nous voyions un peu plus les inégalités et les injustices qui nous séparent.
    De plus, Gabryel et Shimomura se connaissent donc déjà : ils se sont rencontrés à plusieurs reprises dans des événements hasardeux, le second sauvant même le premier à cause de mon influence. Le moine m'a appris tant de choses qui m'ont fait évoluer que je souhaitais qu'une magie similaire s'opère sur mon ami Caldissien qui, je le pense, doit être en proie aussi à autant de doutes que moi sur la manière qu'ont nos peuples d'agir face aux Eossiens. Un échange entre eux, hors contexte catastrophique, ne pourrait qu'être bénéfique. Du moins, c'est ce que je pense.

    Alors j'ai tout préparé avec soin pour que la soirée soit agréable et se passe bien. J'ai allumé des bougies, fait le ménage de fond en comble, dressé le couvert d'une jolie manière aux couleurs des trois nations, empêché à plusieurs reprises Yû et Smaug de faire des bêtises, et cuisiné un repas -normalement- qui devrait ravir les papilles. Je voulais que ça soit parfait. Depuis ce matin je suis toutefois pris d'une nervosité qui ne me ressemble guère. C'est normal, toutefois. J'espère sans doute trop que le dîner se déroule convenablement, avec la volonté que cela soit profitable à tous les partis. Ce soir, Altissien, Caldissien et Eossien réunis autour d'une table dans une ambiance paisible et bon enfant. Aussi anxieux je sois, c'est également mélangé à de l'excitation et de l'impatience.
    Quand on toque à la porte, je m'éclaircis la gorge et esquisse mon plus beau sourire avant d'ouvrir à mon invité, avec qui j'en ai vu des vertes et des pas mûres.

    « Héhé, bienvenue Gabryel ! J'espère que t'as apporté du-... »

    Mon expression se fige comme le reste, et mon sourire se fane au moment où j'aperçois pas seulement Gabryel, mais également un.e invité.e surprise. Qui me rappelle d'ailleurs vaguement quelque chose sans parvenir à me rappeler quoi.

    « …vin.  »

    Interdit, je laisse échapper un petit rire gêné en portant sur mon ami un regard interrogateur.
    Euh... C'est qui ?
    Que Gabryel invite quelqu'un ne me dérange pas en soit. Mais j'aurais cru qu'il me préviendrait et qu'il me demanderait l'autorisation, avant...

    ______________________


    Spoiler :

    Natsu et Sam by Coba <3

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    Dîner avec le chien, le dragon et la grenouille
    « Et celle-là, tu en penses quoi ? »

    Pour la énième fois, Gabryel se présentait à nouveau à Raol. Il finit de boutonner sa tunique blanche, puis écarte les bras pour se regarder lui-même. Le même schéma se déroulait depuis un certain temps déjà, mais il semblerait que cette fois-ci le grand général se soit décidé. Il passa une main dans ses cheveux en écoutant d’une oreille distraite les potentielles remarques de saon ami.e sur son style vestimentaire. Il semblait préoccuper et pour une bonne raison. Samaël, son homologue altissien, l’avait invité à dîner chez lui. Cela ne l’enchantait guère de se rendre dans le quartier éossien au vu des dernières tensions, mais il ne se voyait pas refuser une telle offre, d’autant plus qu’il avait besoin de la légèreté éternelle de son compagnon d’arme. L’humeur du Venomania était assez déplorable, malgré la présence quasi quotidienne de sa grenouille qui, actuellement, devait peut-être regretter son choix à le voir se pouponner ainsi. Depuis le décès de son père la nymphe avait bien du mal à prendre soin d’elle, alors pour une fois elle faisait un certain effort. Attrapant deux pommes dans le panier en osier, il en lança une à lea Zeteki en lui offrant un large sourire. Iel ne se doutait absolument pas d’où iels étaient censé.e.s se rendre et cela amusait grandement le militaire qui jubilait à l’idée de faire les faire se rencontrer.

    Certes, Samaël ne l’avait pas invité, mais après tout ce n’était qu’une personne en plus et Gabryel avait, de toute façon, la fâcheuse tendance à faire comme bon lui plaît. Ainsi, la politesse ou les avis extérieurs ne l’atteignaient pas, il était bien trop têtu. Sa douleur sur son visage se réveilla. Les brûlures étaient encore bien présentes malgré les soins magiques, cela prendrait du temps à cicatriser entièrement, au grand damne du narcissique qui grignotait innocemment. Il était un peu plus silencieux qu’auparavant depuis l’attaque du dragon. Bien sûr, on l’entendait toujours se pavaner ou lancer des sarcasmes tordus, mais il semblait dans ses pensées. Il ne parlait plus de la politique ou de la royauté, cela semblait l’agacer lorsque le sujet était abordé. Il perdait patience, en quelque sorte. Et bien malgré lui ce sont ses soldats qui en payaient les frais. Les Sentinelles le rendent mal à l’aise, il se sent en danger constant et sa paranoïa semble bien plus importante qu’avant. Mais il n’y avait pas que ça. Les Pourritures l’inquiétaient aussi, ils étaient sans cesse aux aguets et les provisions manquaient déjà pour le bas peuple.

    Il se leva et lança le trognon à Bjorn qui, d’un coup de mâchoire, le déchiqueta. Gabryel s’approcha de Raol et lui prit la main, lui offrant un baisé sur son dos :

    « Allons-y. J’aimerais ne pas être en retard. C’est un ami à moi, il apprécie les éossiens. Je suis certain que vous vous entendrez bien. »

    Il garda sa main dans la sienne, entrelaçant leurs doigts. Avant de partir, il siffla Bjorn pour qu’il garde la demeure en son absence puis iels s’engouffrèrent dans les rues de la ville-haute. Parfaitement détendu, le Général savait qu’il n’y aurait personne pour les surprendre et même si c’était le cas personne ne lui dirait rien, pensant sans doute qu’il profitait d’ellui. Il mentirait s’il disait que les rues de la ville-basse étaient simples, mais il put se repérer grâce aux informations de Samaël. Iels atteignirent la place des vignes, puis une maison leur apparurent. Sur les murs de pierre on pouvait constater quelques traces, difficiles à nettoyer. Une d’elle, bien plus récente, insultait le propriétaire de la demeure. Gaby claqua sa langue contre son palais, visiblement contrarié, et lança un jet d’eau pour faire disparaître cette immondice. Sans s’attarder, il leva la main et toqua à la porte plusieurs fois. Un Samaël resplendissant, un grand sourire aux lèvres, l’accueilli. Néanmoins, il remarqua son trouble face à l’invité.e surprise.

    « Bonsoir, merci de l’invitation. Ah oui, je me suis dis que ça ne te dérangeait pas si quelqu’un se joignait à nous. Voici Raol, Raol voici Samaël, le général altissien, mais aussi et surtout un ami à moi ! » Il leva le bras en l’air, présentant une bouteille de vin caldissien. « Je ne viens jamais les mains vides, mon cher. Tu permets que je rentre ? »

    Il s’engouffra dans la demeure, lâchant la main de lea Zeteki pour offrir la bouteille au militaire. Puis, soudainement, il remarqua une présence. Tiens... Shimomura ? Il fronça des sourcils, pas véritablement certain de comprendre la raison de sa présence ici.

    « Bonsoir. Hum... Mh... Sam’, tu sais ce n’était pas nécessaire il y a de très bons médecins à la ville-haute, je suis suivi pour la brûlure et puis ça va beaucoup mieux. » Il observa autour de lui, puis finit par sourire et lancer bêtement. « Je ne pense pas que je manquais au moine, tu aurais pu lui épargner cela voyons. Restez donc manger, qu’on ne vous ait pas fait venir inutilement. Vous connaissez Raol, je me trompe ? Tant mieux, personne ne sera dépaysé. »  
    kyro. 017 ldd

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    Un diner plus qu'imparfait
    - avec Ouin-Ouin, Pignouf et le dragon



    « Hé, p’tite merde. J’ai le gosier sec, vas m’chercher à boire. »
    « Quoi ?! »

    Perdu dans mes pensées pendant que les convives du repas communal mensuel commencent à être sérieusement éméchés, je n’ai pas tout de suite percuté qu’Akiya s’adresse bien à moi. Je me tourne vers lui, tendu. Pas vraiment amusé par le sobriquet qu’il aime beaucoup me donner quand personne ne fait attention à nous. En voyant mon air désabusé, le visage de mon paternel se peint de lassitude et il se met à ricaner. Ce rire lent et mauvais qu’il a quand il a déjà assez bu pour avoir du mal à se tenir debout. Il me dégoute et m'effraie. Le sourire d’Akiya s’élargit tandis qu’il se rapproche plus près. Je serre les dents et me pétrifie lorsque les relents alcoolisés de son haleine me montent jusqu’au nez.

    « Mon p’tit chaton d’amour, mon bébé chéri, mon enfant béni tellement incroyable mais tellement susceptible pour que dalle… »

    J’ai envie de l’étrangler.

    « A boire. Maintenant. »

    Il frappe sur la table puis explose de rire.

    Je me lève sans plus me faire prier et presse le pas jusqu’à l’extérieur, ou quelques bouteilles sont restées au frais. Il va encore falloir que je retourne à l’intérieur. Dans un peu plus d’une heure, il faudra que je l’aide à marcher jusqu’à la maison. Il va gerber en arrivant, comme d’habitude. Pendant que je nettoie, il va probablement pleurer, aussi et s’apitoyer sur son sort. M’accuser d’être la cause de son malheur à cause d’une broutille. Me faire du mal, il y a des chances. Et dans quelques semaines, rebelotte.

    … je déteste les fêtes.



    *****


    Raol ne se sent pas serein, ce soir. Assis sur le lit, iel sourit en regardant Gabryel défiler dans ses tenues, en essayant de lui offrir des commentaires plus constructifs de « batard tout te va trop bien ». Sa jambe tremble d’impatience. Iel frotte ses doigts et les tord dans sa nervosité. La grenouille ne sait pas ce qu’il lui a pris, d’accepter l’invitation de Gabryel qui doit aller diner chez un ami ce soir. Alors que ce type de soirées lea met prodigieusement mal à l’aise. Mais, Raol aime beaucoup son général Ouin-Ouin, alors iel a décidé de faire des efforts. De toute façon… les gens qu’ils verront ce soit ne lea connaitront même pas. IL faudra juste serrer les fesses, faire comme si tout va bien, répondre que si on lea sollicite, manger, boire de l’eau et ce sera rapidement passé. Et, surtout, Gabryel sera content. C’est pour cette raison que l’eossien n'a pas pu résister. Son amant ne va pas bien, en ce moment. Alors, quand il a eu l’air tellement ravi en lui proposant de l’accompagner ce soir… Raol n’avait pas envie de refuser.

    Gabryel a perdu son père et il a été bléssé lors de l’attaque du gardien. Chaque fois que la grenouille voie le visage brulé de son ami, iel se sent atrocement coupable. Iel avait un mauvais préssentiment, ce jour-là. Mais, la vérité, c’est que prendre le risque de monter à la ville-haute ce jour-là n’aurait certainement servi à rien.

    Car je sers à rien. Akiya avait raison, en disant que je ne suis même pas capable de défendre mes proches quand iels en ont besoin.

    « …tu en penses quoi ? »

    Depuis sa place de spectateur d’honneur, la grenouille relève la tête. Le sourire lui revient plus naturellement tandis qu’iel détaille le nouvel accoutrement de Gabryel.

    « Hé, pour changer, c’est vachement bien. »

    Wow. J’ai déjà dit ça pour les 8 tenues d’avant.

    « Pour de vrai, c’est une de mes préférées, je crois. »

    Le caldissien a l’air satisfait, cette fois-ci. Il prend encore un temps pour se faire beau devant un miroir et la grenouille se lève pour ajouter sa propre tenue et sa coiffure. Iel propose à son amant de lui coiffer un peu les cheveux là où il lui est difficile de les atteindre, juste pour glisser ses doigts entre les mèches violettes du plus grand. Raol préférerait largement rester ainsi, à jouer à la coiffeuse toute la soirée. Mais l’autre lui annonce qu’il faut y aller.

    « Ah, ouais, déjà ? »

    Sourire malicieux. Cela ne fait guère que quelques heures qu’iels se préparent. L’eossien laisse l’autre lui prendre la main et se met à sourire bêtement. Gabryel a l’air content, au moins. Ce n’est pas car il n’a pas le moral qu’il faut rester à se lamenter sur son sort. Evidemment, lea Zeteki aimerait que l’autre lui parle un peu plus. Car iel n’a eu que l’essentiel sur les morts dans sa famille et les évènements de la Ville-Haute… enfin. Ce sera probablement pas pour ce soir.

    Même si Gabryel ne cesse de lui dire que son ami apprécie les eossiens, Raol n’est pas à l’aise. Iel ne sera sans doute jamais à l’aise dans les situations qui demandent d’être fréquentable et de sociabiliser avec des inconnus. Quand la grenouille sociabilise, c’est généralement à coups d’insultes, de bagarre et d’histoires de plantes à paillettes qui bouffent des gens. Enfin. Iel se permet de douter qu’il s’entendra avec les amis de Gabryel. Les gens ne l’aiment pas, en général et ça, le caldissien n’y peut pas grand-chose. Mais bon. Iel fera comme si.

    SAUF QUE NON, HEIN.
    Annulez l'opération s'il vous plait.


    Oui, oui, la grenouille vient de voir la porte de la demeure de leur hôte s’ouvrir et a failli s’étouffer. Et une grenouille qui s’étouffe ça produit une espèce de « CROUIK » bizarre.

    Pourquoi il faut que ce soit Enodril ?! Pourquoi le hasard est toujours comme ça ?!

    Ça y est, iel suinte. Iel déglutit plusieurs fois tandis que l’autre fait les présentations et manque de laisser son âme s’échapper par ses fesses lorsqu’il entend dire que le châtain est désormais général, lui aussi.

    « ……Eeereeerkjourr. »

    C’était censé vouloir dire « bonjour », ou un truc comme ça. Mais c’est pas sorti comme prévu. L’amphibien est sur une autre planète, actuellement, en train d’espérer se réveiller bientôt. Mais non, iel a bien les pieds sur terre et ne sait toujours pas comment se comporter. La dernière fois qu’iel a croisé Enodril… Raol a falli lui abattre un pavé dans la face. Et la fois d’avant, eh bah, iels avaient du composer une lettre d’amour ensemble, ce qui avait confirmé, dès le début qu’iels ne sont pas DU TOUT faits pour s’entendre.

    Désolé de briser tes espoirs, Gabryel, mais ça va pas le faire.

    Raol a tout de même un peu de chance dans sa malchance : c’est qu’Enodril n’a pas l’air de lea reconnaître. Ça fait sens. La dernière fois, Raol n’avait pas les cheveux aussi longs et était aussi beaucoup plus mince. Peut-être bien que ça ne posera pas tant de problèmes que ça alors… Raol détend un peu ses épaules. Si ce n’est que le général altissien, ça ne le ravit pas, mais iel pourra toujours faire comme avec un parfait inconnu. Puis, les deux vont certainement se contenter de trinquer ensemble et la soirée sera vite emballée.

    Aller, Ralou, tu peux le faire. Ça va pas être si pire. C’est pas comme si, là, quelques mètres derrière, y’avait Natsume--- OH MAIS SON DARON CHAUVE REINCARNE EN GROS RAT LAAAAA !!
    Pourquoi est-ce qu’il est là, lui aussi ?!


    Et Gabryel qui continue d’être sociable et assume immédiatement que les deux eossiens se connaissent. Raol roule des yeux et prend finalement la parole.

    « …C’est pas parce qu’on est eossiens qu’on se connait forcément… »

    Marmonne-t-iel en fixant Natsume pendant un instant. Pas un sourire. Juste du dédain déplacé, une bonne grosse dose d’orgueil malvenue.

    « Enfin, ouais. On se connait. Vaguement. »

    Iel ne rentrera pas dans les détails ici.

    Toute façon, ce qui s’est passé avec Natsume, c’est du passé. Tout le monde s’en fout, non ? C’est sans importance… pas vrai ?

    Dans tous les cas, Raol sait déjà ce qu’il lui reste à faire. Trouver tous les moyens de s’eclipser le plus efficacèment possible. Au final… tant pis s’iel a l’air malpoli.

    « Hm. »

    Son visage se tord pour former un sourire plus avenant, mais iel ne parvient qu’à former une grimace plutôt affreuse.

    « … il faudrait que j’aille aux toilettes. C’est par où ? »

    Oui, iel a vraiment rien trouvé de mieux.

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    Lorsqu'Enodril m'avait mentionné un dîner, j'avais montré une certaine réticence ; d'une part car je ne suis pas particulièrement talentueux pour des événements sociaux quelconques, et d'autre part car... Disons que je ne me fais pas d'illusion sur le fait qu'il y ait peu de chances que je m'entende particulièrement bien avec son entourage. Notre cohabitation est déjà une bizarrerie que j'évite d'ébruiter plus que nécessaire, sachant bien la réaction qu'auraient les autres éossiens ; je ne préfère pas vraiment me faire d'illusion, donc, sur ce que pourraient bien penser d'autres elysians ou même d'autres militaires. Et pas que je tienne particulièrement à ma réputation ou ce genre de choses, mais... Disons que je voulais éviter de causer des ennuis par ma présence. Alors lorsqu'il avait tenté de me faire passer l'idée, j'avais été assez dur à convaincre. Mais puisque cela semblait vraiment lui tenir à cœur...
    Depuis quand est-ce que je le laisse me persuader aussi facilement ?

    Allez savoir pourquoi je suis soudainement si stupide, mais j'ai fini par céder. Dans ma bêtise, je m'étais dit qu'au pire des cas, ce ne serait que quelques heures, et que je n'aurais qu'à me concentrer sur ma nourriture. Je suis plutôt bon, pour ça. J'ai un peu... D'expérience, disons, dans les dîners du soir où dissocier devient la meilleure des solutions. Ce ne devrait pas être beaucoup plus dur.

    Durant la journée, toutefois, je sens qu'Enodril est... Disons, ailleurs ? Préoccupé, plutôt. Quelque chose semble le tracasser, et si je ne suis pas particulièrement bon pour détecter les émotions d'autrui, je crois toutefois reconnaître chez lui les signes de l'anxiété. Je l'ai observé sans rien dire pendant les heures qui ont précédé, sans que cela ne m'ennuie plus que ça étrangement au passage. Je crois comprendre que cette histoire de dîner est plus important pour lui que ce qu'il pourrait dire. J'ignore pourquoi exactement, mais... Je ne veux pas qu'il soit déçu. L'idée me déplaît. Inconsciemment, donc, je me mets à faire quelques efforts ; comme, par exemple, prendre le temps de préparer une tarte aux fruits ou de... Remettre mes cheveux en état, oui. Passer un coup de peigne, même si c'est une vraie migraine de le faire. Ces derniers ont poussé ces derniers mois, et je n'ai pas pensé à les couper ; je me suis donc contenté d'accrocher le surplus à l'arrière en me disant que ce serait sans doute suffisant. Je l'espère, du moins.

    L'heure vient bien vite, toutefois. J'étais occupé à éloigner quelques uns des pots de fleurs dont je m'occupe loin de la table pour faire un peu de place quand un bruit nous indiqua que quelqu'un était à la porte. Je laisse l'altissien se charger de l'accueil, car il s'agit après tout de ses invités, mais ait un instant d'arrêt quand je l'entends parler.
    … Gabryel ? … Une minute...

    Il me faut plusieurs secondes pour que l'information remonte complètement dans mes pensées et que je fasse enfin le lien, m'étouffant dans ma salive. Mes yeux deviennent aussi ronds que des coupelles.
    Mais je rêve ! Il s'est vraiment dit que.... ! Dîner avec Venomania, et pourquoi pas mâcher des clous ?!

    Je toussote un peu pour ne pas m'étouffer, non sans mal, au passage. Je mets quelques moments à me remettre de ma surprise, et même si je devrais sans doute la dissimuler, mon regard passe brièvement sur le visage d'Enodril en cherchant une réponse aux cent questions que je meurs d'envie de lui poser. Et si j'étais déjà fourni de questions, une odeur quelque peu familière me remonte aux narines. Je m'arrête. Instinctivement, mon corps s'est tendu d'un seul coup.
    Qu'est-ce que...
    Non, je ne suis pas (encore) en train de faire un cauchemar, Raol est bel et bien là. Avec De Venomania. Je ne comprends rien du tout sur l'instant, mais, à la limite, c'est presque la plus secondaire de mes préoccupations. Tendu de tout mon corps, je ne dis rien et ne bouge pas. Il me semble même que, dans un réflexe quasi défensif, mes épaules se sont haussées. Qu'est-ce que je pourrais dire, en même temps ? Je n'en ai pas la moindre idée. Je suis juste aussi crispé que l'on peut l'être, le regard fixé sur les nouveaux venus et des couleurs en moins sur mon visage déjà bien pâle en temps normal. Sans doute qu'on pourrait me confondre avec un cadavre sur le moment, et je prendrais bien un retour simple vers Yggdrasil plutôt qu'un dîner avec ces invités-là. Enfin, j'utilise le pluriel, mais il me semble que c'était bien au singulier, normalement. Ce n'est pas vraiment le problème, du moins.
    Non, le problème, c'est sûrement mo-

    Quelque part, je devrais sans doute remercier De Venomania d'être assez insupportable pour me rappeler à mon amour-propre à chaque fois. Car lorsqu'il m’aperçoit, sa première conclusion est de se dire que...
    … Il me prend vraiment pour leur dragon à tout faire, ou je rêve ?
    Même moi, je peux percevoir que c'est insultant. Si j'étais tendu d'angoisse depuis tout à l'heure, c'est autre chose qui me fait froncer les sourcils et afficher une expression marquée d'agacement. Il n'y a pas à dire : il est vraiment excellent pour me rappeler à mes envies passagères (ou non) de brûler des choses. Cette fois-ci, j'imagine que ce serait juste la tarte, cela dit.

    « J'y comptais bien, puisque j'ai préparé le dessert. »

    Je ravale au passage le sentiment désagréable lié au fait que, comme la nymphe l'a rappelé, je n'ai normalement rien à faire ici, j'imagine. Je veux dire, vous imaginez, un éossien dans le quartier dans lequel on l'a parqué, ahaha, sacré hasard. C'est que je deviendrais grinçant. Mais non, j'ai bien compris. Je ne devrais pas être là, à la base, et visiblement, Enodril n'a pas prévenu son 'camarade'.
    Je ne confirme rien quant à ce que je 'connais' de Raol. A ce propos, ma gorge se fait bien sèche et je détourne le regard, non sans qu'un frisson désagréable ne me passe dans le dos en percevant le dédain à peine dissimulé dans la voix de la grenouille. Je mentirais toutefois si je disais que c'était vraiment ellui, que j'entendais. Je ne sais pas depuis quand exactement c'est le cas.

    Mal à l'aise, les membres crispés, je reste devant mon pot de fleurs comme si il suffirait à me dissimuler. Et si je devrais indiquer la direction des toilettes à Raol, je ne me sens pas vraiment de le faire. Je ne perçois pas son malaise non plus, et à vrai dire, ce n'est pas ce qui me préoccupe le plus. J'espère.
    Qu'iel se fasse dessus dans son coin, ce n'est pas mon problème.
    Jugez-moi pour la puérilité si vous voulez, mais je crois que j'ai passé un stade.

    De mon côté, en revanche, je ne dirais pas non contre une échappatoire ; n'importe laquelle, à vrai dire.

    « Vous avez sans doute beaucoup de choses à vous dire ; je vais... Vérifier la cuisson du plat. »

    C'est du mijoté. Imbécile.
    Je ne perds pas beaucoup de temps et n'attend même pas de réponse, à vrai dire, avant de m'éclipser dans la pièce arrière pour me réfugier dans la cuisine. Je sens une nausée qui me remonte aux tripes, et je me repose contre un plan de bois pour me tenir et maîtriser mon vertige temporaire. Heureusement, d'ailleurs, que je ne vomis pas dans la marmite maintenant. Ou malheureusement, cela dit ; c'est qu'au moins, cela m'éviterait une soirée pareille.

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    avril
    1002
    Un dîner plus qu'imparfait
    C'est deux Généraux et deux Eossiens à un dîner...
    Mais attends... Ce serait pas... ?!
    Je suis du genre plutôt accueillant (je précise parce que c'est important pour la suite) alors si Gabryel avait voulu que quelqu'un d'autre se joigne à nous, je n'aurais pas été foncièrement contre même si l'objectif était plutôt de faire une rencontre plus poussée entre le Caldissien et le moine. Alors quand ce dernier débarque la bouche en coeur avec lea dénommé.e "Raol", je lui fais ma plus belle tête surprise. Surtout que... L'odeur de son invité.e ne m'était pas étrangère. Et le souvenir m'est revenu, là, comme un flash. La lettre d'amour. J'avais oublié cette histoire car elle ne m'avait apporté à la fin de la journée qu'une grosse frustration et une envie de lui en coller une, mais ma mémoire me l'a remis, là, en pleine face. C'est bien le genre de personne que je n'aurais jamais cru voir Gabryel fréquenter. On pourrait me dire que je n'ai passé que quelques heures à peine avec et que cela ne suffit pas pour connaître quelqu'un, mais j'avais vraiment senti que je ne pouvais pas m'entendre avec cette espèce de grenouille. Un peu plus tendu que tout à l'heure, je salue toutefois poliment avec un petit sourire crispé, laissant les deux invité.es rentrer chez moi. Iels sont venu.es pour le dîner, après tout... Mais bref, tout ça pour dire qu'il y a apparemment eu un gros manque de communication et qu'il faut sauver les meubles à présent. Même si la tâche s'annonce compliquée d'emblée de jeun surtout avec l'audace de la nymphe.

    Prenant la bouteille offerte par son collègue, j'espère juste que la présence d'une personne en plus ne dérangera pas Shimomura... Mais je crois que c'est plutôt Gabryel que je vais devoir surveiller, en fait. Ses propos dirigés vers le magimorphe me font se tendre en un instant, et je le scrute, les yeux ronds comme des soucoupes et la parole devenue muette.
    Il croit que... Oh par Oros, je regrette déjà cette soirée.
    Les joues légèrement rouges de gêne devant le comportement du Général à l'égard du médecin, je me contente de déposer la bouteille sur la table avant de me racler la gorge dans le but de faire des présentations plus poussées afin que le Venomania comprenne la situation. Je suis toutefois devancé par la grenouille qui... dit quelque chose de sensé pour une fois.
    Gaby croit vraiment que tous les Eossiens se connaisse-... Enfin. Je suppose que je ne peux rien dire. Je crois l'avoir pensé, quand je suis arrivé ici la première fois.
    Et je me rends davantage compte avec le comportement de mon ami à quel point c'est assez ridicule, finalement, comme façon de penser. Tous les Altissiens ne se connaissent pas entre eux, après tout, alors pourquoi les natifs seraient forcément copains comme cochons ? Même si pour le coup, Raol et Shimomura semblent vraiment au moins être des connaissances. Shimomura qui, au moins, se défend avec de la répartie que je n'essaye même pas de calmer, pour le coup. Quelque part... Cela m'a un peu blessé, je crois, que Gabryel insinue que je n'inviterai l'éoniste que pour des problèmes de santé. Surtout sous-entendu que je l'aurais amené exprès par inquiétude pour mon ami (alors oui je m'inquiétais à son sujet mais je savais aussi qu'il était bien suivi déjà et avec son salaire et son titre il n'y avait pas à avoir peur). Il n'avait toutefois pas considéré que je pouvais aussi tout simplement avoir eu envie d'inviter Shimomura par plaisir. Mais... Certes, je suppose que c'est ma faute de ne pas lui en avoir parlé. Je n'y ai pas pensé. Ou plutôt, en fait, j'avais sans doute un peu peur de sa réaction. Je comprends désormais que je n'ai définitivement pas à m'inquiéter. Pour dire vrai, j'étais même... content que Shimomura ait voulu faire une tarte. Cela m'a fait plaisir qu'il y songe alors qu'il n'avait pas à le faire, alors je me sens mal qu'il reçoive de tels propos de la part de la nymphe. Mais c'est peut-être mieux sur le coup que le mage s'éclipse temporairement, même si ça alourdit l'ambiance.

    « Merci pour la bouteille. Les toilettes sont par là. »

    Je n'arrive pas à me montrer de nouveau enthousiaste comme tout à l'heure ; il faudra toutefois que je tienne bon et que j'essaye de sauver les meubles si on veut passer une soirée convenable. Peut-être qu'on aura des surprises ?.. Enfin, en tout cas, je tente d'y croire, car je ne veux pas me dire que c'était une mauvaise idée. C'est peut-être l'occasion d'avoir une discussion sérieuse à propos de la situation des Eossiens. Alors quand ces derniers sortent tous deux de la pièce, me laissant seul avec Gaby, je suis plus sérieux que tout à l'heure mais je garde mon calme, car il y a certaines choses qui doivent être clarifiées, visiblement.

    « Je n'ai pas "invité" Shimomura ce soir, encore moins pour faire le toubib. Il est là parce que... »

    Mon visage reprend quelques couleurs alors je marque une courte pause.

    « Il-Il vit ici. Je lui ai proposé de l'héberger, après l'histoire du... du dragon. Tu es sous son toit, actuellement. »

    Tu n'es pas seulement mon invité Gaby, tu es aussi le sien, techniquement.
    Et je pense qu'il ne s'y attendait pas.
    Pour ma part, j'ai moi aussi des questions à lui poser, d'ailleurs. Mon regard se tourne brièvement vers là où est partie la grenouille avant de se reporter sur le Général Caldissien.

    « Raol, hein ? Tu connais personnellement des Eossiens, toi, maintenant ? C'est nouveau, ça. »

    Je ne le dis pas sur un ton de jugement. Je suis simplement surpris, et... un peu circonspect, je dois l'avouer. Pas que je ne l'imaginais pas pouvoir en fréquenter, mais... Enfin, si, la vision a quelque chose d'étrange et d'inhabituel, on va pas se mentir. On parle de Gabryel, quoi.

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    Natsu et Sam by Coba <3

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    Dîner avec le chien, le dragon et la grenouille
    Un petit sourire accroché aux lèvres, Gabryel ne perçoit absolument pas le malaise qui pourtant semble presque s’être matérialisé autour de lui. Il se contente de papillonner des yeux, jouant du bout des doigts avec une de ses mèches de cheveux. Il ne relève le maugréent de Raol, haussant mollement des épaules comme si ça n’avait pas la moindre importance. Alors que ça en a. Mais à cet instant, le militaire n’en fait qu’à sa tête et manque cruellement d’empathie. Il jette une œillade à la grenouille qui grimace, visiblement peu heureuxse de se retrouver ici. Et iel s’échappe déjà. Le Venomania sourit doucement en lea suivant des yeux, pas véritablement inquiet. Il se dit que ça doit être le temps de souffler. Ses deux iris violettes se posent à nouveau sur Natsume qui... oh. Le général ne retient guère sa surprise, fronçant légèrement des sourcils, lançant un regard à Samaël à côté de lui. Et voilà que lui aussi s’en va... C’est une habitude, chez les éossien.nes ? Son rictus refait son apparition bien rapidement lorsqu’il se retrouve seul à seul avec son ami. Face aux révélations que lui murmure l’animorphe, Gaby ne peut qu’hausser des sourcils, l’air surpris, dans le bon sens du terme bien que son regard appuyé laisse transparaître le contraire.

    Le caldissien émet une petite révérence pour mimer de plates excuses, bien qu’elles ne transpirent pas la sincérité. Il trouve la situation amusante. Quelques mois plus tôt, il aurait sans doute réagi avec plus de maturité, mais sa fatigue et son envie de rejoindre son père ne lui permettent pas de se remettre en question dès aujourd’hui. Aux paroles de l’Enodril, il ne peut que pouffer doucement. Est-ce donc l’image qu’on se fait de lui ? Bon, il faut bien avouer qu’il n’essaie guère de faire bonnes impressions auprès d’autrui. S’il passait autant de temps à paraître bon qu’il le faisait pour choisir ses tenues, peut-être qu’il aurait un peu plus d’amis. Mais pour le moment, c’est loin d’être le principal de ses soucis. Le plus grand s’étire un peu, plantant ses prunelles dans celles de l’altissien, un brin espiègle, voire arrogant.

    « Les temps changent. » Se contente-t-il de lancer. Il croise les bras sur sa poitrine, un peu plus sur la réserve. « Je pense que tu y as réfléchi avant, mais ce n’est pas rien ce que tu fais. Certains y verraient une trahison. Tu devrais te méfier à l’avenir, ok ? J’aimerais ne pas avoir à surveiller ta geôle ! »

    Il lui tape amicalement l’épaule et retrouve bien vite son éternel sourire d’ange. Il ne se permet pas de lui donner un conseil, mais simplement de l’avertir. Un jour, ils y passeront tous les deux, et il le sait, mais si ce jour peut attendre encore un peu ça serait mieux pour tout le monde. La trahison... C’est un mot auquel Gabryel ne croit plus vraiment. Il ne reconnaît plus rien en sa nation. Plus rien en son armée. Plus rien en sa Reine. Que lui reste-t-il, désormais ? Pour dissimuler sa crise existentielle, le général décide d’apporter quelques précisions :

    « Je t’avais dit que quelqu’un était en train de me faire changer d’avis sur les éossienss. C’est Raol, ce quelqu’un. Iel est... Quelqu’un qui compte pour moi. J’imagine que tu dois comprendre, mh ? »

    Du menton, il pointe la direction vers laquelle le moine doit être en train d’autant remuer ses méninges que le dîner de ce soir. Il se permet d’émettre des théories, mais garde le silence pour perturber son interlocuteur pour voir quelles sortes de teintes peuvent bien prendre ses joues. Gabryel pousse un long soupire, reprenant un peu de sérieux. Il plisse les yeux, reposant son dos sur le mur derrière lui.

    « J’ai sincèrement changé d’avis, sur les éossiens. Je pense qu’on s’est tous trompés. Peut-être que tout ça... Tous ces malheurs, c’est peut-être de notre faute, tu vois ? J’y ai réfléchi et je me dis que notre présence même agit comme une gangrène. On pourrit Yggdrasil de l’intérieur, réveillant ses pires démons, parce qu’il essaye de se défendre contre la maladie... Enfin, ce ne sont que des hypothèses. » Il frotte son visage et reprend. « Tout ça pour dire que j’essaye de changer. Je suis sûrement pas aussi... empathique que toi. Mais j’essaye. Et Raol m’y aide énormément. C’est comme pour toi, je ne te vois plus comme un altissien, ça n’a plus la moindre importance. J’aimerais juste pouvoir faire ça naturellement, pas qu’avec mes proches. Mais évitons les changements trop brusques, ça risque d’attirer les malheurs ! »

    Il en rit, mais cette confession soulagea une partie du poids sur ses épaules. S’il connaissait un des secrets d’Enodril, alors il pouvait bien lui avouer quelques petites choses. Le reste attendra... L’heure n’était pas aux condoléances.
    kyro. 017 ldd

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    Un diner plus qu'imparfait
    - avec Ouin-Ouin, Pignouf et le dragon



    En courant jusqu’aux toilettes, la grenouille n’y trouve pas ce qu’elle cherche. Evidemment, iel ne peut pas sortir par là. Ni par le trou (c’est des toilettes sèches) ni par une quelconque fenêtre. Dommage, ce n’était pas un mauvais plan. Avec ou sans sciure au fond de la cuvette, l’envie de s’enterrer dans un tas de caca se fait tout de même ressentir.

    C’est dire à quel point je préfèrerais être partout plutôt que dans cette maison, avec ces personnes, ce soir.

    Iel aurait pu relativiser en se disant « alleeeeer, y’a Gabryel je vais faire des efforts pour Gabryel ». Mais celui-ci n’aide absolument pas. C’est même tout l’inverse. Cela faisait un moment que l’amphibien n’avait pas entendu le caldissien parler comme ça. Un peu comme il faisait quand iels ne se connaissaient même pas. Raol a quand même envie de lui donner des excuses. De se dire que Gabryel ne va pas bien, qu’il est peut-être même mal à l’aise et tient absolument à garder la face en présence de son pote, qu’il… non, iel ne va pas l’excuser. Et iel n’est pas capable d’être « fin » comme Enodril non plus. Gabryel passe son temps, avec des belles paroles, à dire à quel point il sait qu’il a fait souffrir les eossiens, que lui et ses collègues sont coupables… tout ça pour continuer de se comporter comme un gros riche méprisant qui se fait pardonner avec un beau sourire ? Raol n’est peut-être pas le mieux placé pour taxer quelqu’un d’être égocentrique et raciste, mais ça l’agace quand même.

    Reste que, maintenant, toute cette situation ne ressemble plus du tout à un simple diner entre potes, planifié sans aucune arrière-pensée.  Ça n’arrange en rien la paranoïa de lea Zeteki.

    Donc c’était vraiment un traquenard façon « apéro dinatoire prout prout des élysians qui adorent les eossiens hihi ». J’aurais mieux fait de m’écouter.

    Ça lui semble une évidence, maintenant. Et peut-être que s’il n’y avait pas Enodril et Shimomura parmi les autres invités… Raol ne serait pas aussi paranoïaque. Mais là… on dirait vraiment deux généraux qui en ont marre que les eossiens parlent mal d’eux, alors ils invitent leurs bons sujets favoris dans une situation extrêmement gênante. Bien sûr, le contexte n’est pas aussi embarrassant pour Gabryel et Samaël. Du coup, c’est bien pratique : si l’eossien se barre ou qu’iel est mal à l’aise, eh bah, ce sera ellui le rabas-joie. Ce sera ellui qui ne fait aucun effort pour que les deux colonisateurs se mettent la conscience à l’aise. Tout ça pour au final se dire « ohlala mais vous savez vous nous avez vraiment ouvert les yeux….. tout ça c’est grâce à vous…. Regardez comme nous les envahisseurs on est capables de changer d’avis, en fait… ».

    Super, vous voulez une médaille en plus ? J’vais pisser sur votre plancher, moi.

    Iel n’arrive plus à voir la situation d’une autre manière. Tant pis s’iel fout une sale ambiance et qu’on lui fait des reproches. C’est beaucoup mieux si l’amphibien part maintenant.

    J’ai laissé Ziyal seul pour… ça.

    Raol sort des toilettes en poussant la porte d’un geste rageur et…

    …Il a dit quoi, là ?

    Iel s’arrête. Gabryel est encore en train de parler d’ellui. En des termes qui…

    C’est censé me faire plaisir ?

    « …Qu’est-ce que tu baves ? De qui tu parles, là ? »

    De moi, apparemment. Mais c’est quoi cette… cette image qu’il a de moi ?! Et puis je t’en foutrais « des changements trop brusques », moi.

    Lea Zeteki rejoint le duo de généraux en quelques pas rapides et coupe la parole sans vergogne à son amant. Iel n’a pas tout entendu, certes, mais c’était bien assez. Son cœur s’affole, ses pupilles deviennent tranchantes. Sa voix tremble sous le coup de l’agacement. Il lui est difficile de former un discours cohérent et de résister à hausser le ton.

    « J’existe pas pour— Tu crois vraiment que je suis là pour te « changer » ?! C’est comme ça que tu vois les choses ? »

    Dans sa dernière interrogation, iel n’arrive pas à masquer sa déception.

    C’est comme ça qu’il voit notre relation ? Comme… lui qui peut merder autant qu’il veut et moi qui le fait « changer » et réaliser ses erreurs parce que je l’aime ?! J’ai dit à Ziyal que j’aimais ce type. Oui, bon… c’était l’émotion avec le Réveil du Gardien et tout… Mais je le pensais. Je le pense encore.

    Je peux pas m’empêcher de me demander… Est-ce que c’est comme ça qu’il parle à mon sujet, au sujet des eossiens, quand je suis pas là ? Juste comme le pauvre bouffon transi qui panse ses plaies ?

    Son regard passe alternativement de Gabryel à Sam. Iel grimace et leur jette des regards dégoutés. Evidemment, iel est bléssé et ne peut pas le cacher. Et donc, iel se referme comme une huitre.

    Tous les mêmes.

    « Vous croyez qu’on est à votre disposition pour soigner votre conscience d’envahisseurs de merde et vous applaudir quand vous changez d’avis ?! Vous voulez aussi une médaille pour vous être tapé des eossiens assez débiles pour vous tolérer ? »

    Ah, ça, pour être débile… je suis me suis bien fait avoir, moi.

    « Ça sert à rien de dire « ohlala on a merdé, ohlala c’est peut-être notre faute » 40 fois par jour… Ouais, merci, on a remarqué ! Pourtant ça vous empêche pas de continuer d’être cons. »

    Le ton de la grenouille ne s’est pas encore emporté au point de crier. Iel contient de toute sa force sa colère d’exploser et tremble de tout son corps. Ça lui fait mal. Sa gorge est en feu et son cœur se bat pour faire voler sa cage thoracique en éclats. Evidemment, iel est mal placé.e pour faire la morale. Iel a tué quelqu’un aussi. Avec aussi peu d’excuse qu’un soldat altissien ou caldissien qui exécute bêtement des ordres.

    « Bref. Je me casse. »

    Peut-être qu’iel a mal compris. Peut-être qu’iel a entendu dans les mots de Gabryel un sens que le caldissien ne voulait pas y mettre. Peut-être qu’iel se gourre complément. Peut-être que Gabryel voulait juste être gentil et arrondir les bords après avoir dit des bêtises. Peut-être que Raol se déteste tellement qu’iel ne supporte pas qu’on parle d’ellui sous un jour positif.

    Mais non, purée, c’est pas moi le trouduc, là… ! c’est… c’est… les deux, là, et leur idée de diner nulle !

    Au final, sa scène va certainement liguer tout le monde contre ellui. Qu’importe, ça serait arrivé à un moment de la soirée. Même si Raol s’était comporté « normalement ». Iel a l’impression que Gabryel lea tient responsable de son changement et Raol ne veut pas de ce genre de relation. Peut-être car il n’a que trop vécu ça par le passé. Peut-être que ça touche une corde sensible.

    Mais…. Mais il était plus comme ça, avec moi, pourtant. C’est lui qui a un problème, ou c’est moi qui me suis gourré ?!

    Toute façon… ça ne change rien. Même si j’ai mal interprété la situation, que j’ai peut-être encore détruit, encore une fois, un maigre espoir d’avoir une relation saine avec quelqu’un, eh bah, c’est probablement mieux comme ça.

    La grenouille va juste se diriger vers la porte et l’ouvrir, prête à s’en aller.

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    La cuisine est définitivement le meilleur endroit dans lequel je pourrais être à l'heure actuelle.  Prostré sur une chaise du foyer, j'ignore autant que possible ce qui se passe dans l'autre pièce, même si, malheureusement, mon ouïe particulièrement développée ne me permet pas de le faire autant que le souhaiterais. J'ai beau mettre mes mains autour de mes oreilles et les comprimer autant que je le peux, des bribes de voix arrivent encore, ici et là. Être un dragon n'est pas spécialement pratique, certaines journées.
    Je ne comprends pas trop ce qui se raconte entre Venomania et Enodril. Ce dernier doit être en train de s'excuser auprès du caldissien pour mon comportement, j'imagine... L'idée me laisse un nœud désagréable dans la gorge alors que je me fais des images tout seul dans mon coin, sans la moindre preuve. C'est vrai, à vrai dire, pourquoi en serait-il autrement ? Vu que je ne suis pas là, il n'y a pas de raison pour qu'ils n'expriment pas l'agacement qu'ils doivent ressentir à mon propos. Je me demande vraiment à quoi Enodril pensait, à vrai dire. Est-ce que... Est-ce que je suis en train de lui saper sa soirée et sa bonne humeur... ? Il y a des chances. C'est souvent ce qui se passe, quand je suis entouré de monde.

    Je saisis quelques mots, malgré moi, liés à... Liés à la relation de Raol et du caldissien, visiblement. Pour tout dire, je m'en fiche pas mal ; ce ne sont pas mes affaires et ce genre d'histoires ne m'a jamais intéressé pour le moins du monde. Un point me fait toutefois tiquer et me reste en travers de la gorge, me convaincant toutefois que j'ai autre chose à faire que de m'occuper de ça. Et je m'attendais, à vrai dire, qu'on passe rapidement à autre chose et qu'ils se mettant à prendre des verres de leur côté sans s'occuper de moi et de... L'autre personne dans la maison. C'était sans compter, toutefois, sur son intervention soudaine.

    Malgré mes tentatives de camoufler le bruit, le son monte tant qu'il devient impossible pour moi de ne pas entendre ce qui se passe. Et du peu que j'en comprends, ça se passe mal. Ça se passe mal entre le caldissien et Raol, visiblement, qui semble décidément prendre plaisir à crier tout le temps sur tout le monde. Je ne comprends définitivement rien à se qui se passe, mais... Le peu que j'entends m'agace, à vrai dire. Tout ça me fatiguait et me renvoie définitivement à trop d'images familières. La crise de nerfs de la grenouille me laisse définitivement un goût amer en bouche. Exaspéré, je finis par me relever, portant mes bras contre la marmite pour forcer un peu et l’emmener jusqu'au foyer. Franchement... Franchement, j'en ai marre.

    « Oh, fermez-là, un peu. »

    Je ne crie pas. Mon visage s'est fermé et mon ton est devenu aussi morne que possible alors que je finis par faire mes affaires en terminant de mettre la table. Et pour être honnête... Pour être honnête, je m'en fiche complètement, de si je finis à manger tout seul ou si je ne mange pas. Mais j'en ai marre, de leurs histoires, à ces deux-là. Sincèrement. Je ne le regarde même pas alors que je m'installe pour commencer à manger.

    « J'ai faim. Si vous voulez vous battre, faites ça dehors. »

    Je me retiens de dire quoi que ce soit d'autre car... Car j'ai mieux à faire. Oui, je crois que j'avais du mal à m'en rendre compte, mais, en fait... En fait, ils sont très pathétiques. De Venomania me fatigue mais au moins le mérite de savoir se faire discret, et Raol... Raol me paraît assez... Pathétique, en fait. Ridicule. Je ne sais pas pourquoi, mais quand je lae vois interagir avec d'autres personnes, c'est comme si ça me sautait au visage.

    « Sinon, à table. »

    Et franchement... Franchement, j'aimerais qu'ils prennent la porte tous les deux. Mais bon. J'ai la sensation que ça ne va pas se passer

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    Natsu grogne et fixe des fleurs en #8A4B08

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    avril
    1002
    Un dîner plus qu'imparfait
    C'est deux Généraux et deux Eossiens à un dîner...
    Je ne prétends pas connaître Gabryel par cœur, mais je sais comme il peut faire des choses insensées, parfois, et la dernière fois qu'on avait parlé des Eossiens, ça ne laissait pas vraiment supposer une avancée positive : mais je ne lui en voulais pas particulièrement à ce moment-là car j'étais encore moi-même en réflexion et que nos positions ne permettent pas d'avoir un avis totalement assumé. Même s'il se montre arrogant en apparence, je sais que son "avertissement" est plutôt un conseil "amical" (sinon il m'aurait dénoncé depuis un moment). Je sais qu'il a raison. La manière dont je traite mon colocataire ne serait pas spécialement bien vue par nos semblables. On me trouverait trop proche de l'Eossien, qui en plus est un moine (donc non seulement il n'est pas Altissien mais en plus il ne partage pas nos croyances religieuses) donc pour mon pays natal qui est très chauvin, ça ne passerait pas. J'en ai conscience. C'est un risque que j'étais toutefois prêt à payer. Depuis quand, d'ailleurs, est-ce que je n'étais pas dérangé par le fait que mes pairs me jugent sur mes décisions ?.. Je ne crie pas non plus sur tous les toits que je vis avec un Eossien -même si ça finira par se savoir- mais à mes yeux, Shimomura (et même les autres natifs) ne méritent pas le mépris qu'on leur adresse. Alors je ne veux pas qu'il subisse les conséquences de mes actes. J'avais le droit de lui proposer de vivre ici quand il n'avait nulle part où aller. Et je ne reviendrai jamais sur ma décision. Il est vrai néanmoins que j'évite de penser à ce qui m'attend si on me trouve trop proche du magimorphe, préférant me cacher dans l'assurance que me donne mon titre. Je trouve toutefois que le Général Caldissien bien présomptueux et hypocrite de me mettre en garde sur quelque chose qui le concerne aussi. Il semble assez intime lui-même avec la grenouille, après tout, et il me le confirme lui-même. Je n'aurais pas cru que ce serait "ellui" qui l'aurait fait changer d'avis.

    Mes joues prennent toutefois des couleurs quand il désigne la direction de la cuisine où se trouve Shimomura. Je ne lui dirais pas. Je ne lui dirais pas que, oui, effectivement, je peux comprendre. Que l'éoniste compte pour moi, même si je peine à me l'avouer encore tout à fait parfois. Hors de question de donner raison à Gabryel et d'aller dans son sens. Je veux détourner le regard, avant de toutefois le reporter sur mon collègue quand il évoque notre impact sur Yggdrasil. C'est avec une certaine perplexité que je l'observe, surpris de le voir retourner sa veste à ce sujet. Depuis quand il... ?
    ... Et depuis quand je suis aussi vite d'accord avec ça ?
    Cela paraît évident que nous n'avons pas été très fair play depuis que nous sommes arrivés aussi. Et je n'oublie pas comme j'ai cru que, oui, c'était tout à fait normal de dégager les natifs des autres quartiers pour les laisser entre eux. Cela me paraissait normal. Ils étaient différents de nous. Ils ne pouvaient pas nous comprendre. Nous avions des cultures trop éloignées. Que des conneries qu'on m'avait enfoncé dans le crâne et que j'avais bu sans protester, ne voyant pas où était le problème à l'époque.
    ... J'étais vraiment un connard.
    C'est pour ça que j'avais voulu rester vivre dans le quartier éossien alors qu'une maison très bien placée m'attendait dans les belles ruelles d'en-haut. Et je crois que ça a fonctionné, d'ailleurs. Que j'ai connu un peu mieux les Eossiens grâce à ça même s'ils continuent de me voir d'un mauvais œil, mais je ne peux pas dire que je ne les comprends pas, à présent, alors qu'il y a des choix faits par nos dirigeants que je commence moi-même à contester. Les conclusions que j'en ai tirées sont toutefois différentes avec celles auxquelles je m'attendais. J'ai appris des choses des natifs, oui, mais d'une manière surprenante, qui m'a fait découvrir, en réalité, bien plus que ce que je ne pensais. J'ignorais néanmoins que Gabryel pensait une chose un peu similaire. Mais... Comme pour Shimomura avec moi, je me dis que Raol l'a peut-être réellement changé à ce sujet, bien qu'il prenne davantage de pincettes sur ses opinions en train de changer.

    Je comptais répondre d'ailleurs à mon ami quand nous sommes interrompus par Raol, justement, qui revient vers nous. Et la grenouille n'a pas l'air très contente. L'énervement se sent jusqu'ici, mais pour une fois, elle ne m'est pas adressée. Ce qui me stupéfait un peu. Clignant des yeux face à l'emportement de l'Eossien.ne, je ne réagis pas, lea laissant se défouler sur celui aux cheveux nacrés. Je n'avais pas compris que Gabryel voyait ça comme ça par rapport à sa relation avec ellui, mais la peur que je puisse faire de même avec Shimomura commence à s'insinuer dans mon ventre. Je ne l'avais pas saisi comme ça, mais si Raol le dit, alors peut-être que c'est ce qui s'est passé. Et... de ce que je sais de Gabryel, je ne peux pas dire que je n'y crois pas entièrement, mais il a l'air aussi de vraiment tenir au batracien.
    Lorsqu'il s'adresse aussi à moi, toutefois, je suis piqué au vif, même si je ne réponds pas sur le moment.
    Shimomura n'est pas débile !.. Et je ne me le tape pas !
    Même si j'ai piqué un fard quand il a énoncé cette hypothèse et que cela me fait comprendre la véritable nature du lien qui unit Gabryel et Raol (bien que je ne voulais pas forcément le savoir même si cela explique beaucoup de choses). Mais je... je ne crois pas que c'est ainsi que je traite le moine : comme quelqu'un qui doit m'applaudir. Du moins... je ne l'espère pas. Je le trouve au contraire trop intelligent pour se laisser avoir par quelqu'un qui pourrait faire preuve d'autant d'égocentrisme. Quand je faisais quelque chose qui ne lui plaisait pas, il n'a jamais hésité à me le dire.
    Et... je crois que c'est grâce à ça, que j'ai changé...
    Mon regard se détourne. Il y a une chose de vrai dans ce qu'iel dit : on commet des erreurs, mais je n'ai pas l'impression qu'on fasse ce qui est nécessaire pour les réparer. Je frissonne malgré moi en ressentant le malaise, la colère et la peine qui a envahi mon invité.e surprise. Iel ne se fait pas prier pour s'en aller à la suite de sa plainte, d'ailleurs. Devrais-je le retenir ?.. J'ai l'impression que ce n'est pas à moi de le faire, et je ne sais pas si j'en ai vraiment envie. Mais ça serait pire, je suppose, si ça se finissait ainsi pour Gabryel.

    Indécis, c'est le moine, finalement, qui revient avec la marmite. J'ignore s'il était vraiment partie la chercher ou s'il avait juste besoin d'espace, mais c'est avec un visage fermé qu'il rapporte le plat et termine de disposer les couverts. Il semble ennuyé par toute l'agitation, et je peux le comprendre. Je ne savais pas comment le formuler, toutefois, alors ce n'est pas plus mal qu'il intime le silence. Mon regard reste figé sur lui avec une lueur un peu admirative tandis qu'il parle avec un tel calme pour des propos pourtant fermes mais dans lesquels je discerne son exaspération. Il ne le laisse pas transparaître avec autant d'irritation que Raol, néanmoins. Il a l'air juste fatigué de tout ça. Mais je n'aurais pas pu mieux parler pour tenter d'apaiser les choses, même si ce n'était sans doute pas son but et qu'il désirait juste retrouver de la quiétude.
    Finalement, je me rapproche de Gabryel pour poser une main sur son épaule avec un sourire légèrement froid.

    « Ne t'en fais pas pour ma geôle, Gabryel, la tienne sera juste à côté. »

    Je n'aime pas me montrer plus antipathique avec lui, mais je crois qu'il a besoin de faire la part des choses et de raisonner son... ami.e. Je veux lui dire sans le faire qu'il est tout aussi concerné que moi -si ce n'est plus- par cette menace qui plane silencieusement au-dessus de nous. Je ne veux pas qu'il pense que je refuse Raol chez moi, cependant.

    « Mais si "Raol" compte tant pour toi... dépêche-toi d'aller lea chercher. On s'est pas embêtés à faire la cuisine pour que ça ne soit pas mangé. »

    J'assume d'avoir invité Gabryel, et j'assumerai donc... la personne qui a l'air de tant compter pour lui.

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    Dîner avec le chien, le dragon et la grenouille
    Un bâillement lui échappa à la fin de son monologue. C’était étrange. Il avait sincèrement envie d’en parler, mais aussitôt dit il voulait balayer ses mots. Il était fatigué et probablement pas tout à fait maître de lui-même, il sentait aussi qu’il avait une sorte de langueur. Gabryel fut bien surpris de l’entrée fracassante de saon ami.e, visiblement en colère. Le militaire fronça les sourcils, n’oscillant pas un geste. Il se contenta d’écouter, en hochant la tête. A quoi pensait-il, à l’ammener ici ? Ça ne pouvait que finir comme ça. Pense-t-iel sérieusement qu’il lea conçoit comme une sorte de médicament miracle ? Son cœur reçu une pique, mais il encaissa, faisant mine de ne rien ressentir. Néanmoins, son regard en disait long. Ça l’ennuyait. Il n’avait ni l’envie ni la force de se disputer à propos d’un tel sujet. A vrai dire, sous le coup, il n’avait pas compris les paroles de l’amphibien.ne. Il ne voulait pas les entendre. Il resta un instant là, sans bouger, le regard perdu dans le vide à la fin des accusations. Comme un condamné ayant reçu sa peine. Et pendant une seconde, il eut envie de tout envoyer valser. De tout lâcher. Iels se vexaient mutuellement. Est-ce que ça en valait vraiment la peine ? Le regard plein de dégoût et de dédain qu’iel avait porté sur lui, ça avait brisé quelque chose. Parce que ce n’était pas la première fois qu’on le regardait ainsi. Il avait le même regard. Et parce que venant de sa part, ça lui donnait envie de pleurer. D’exploser.

    L’intervention de Natsume ne changea rien à son mutisme, ni à son expression du visage qui était loin du sourire angélique d’il y a quelques minutes. Sa trogne était fermée, vide. Le masque était tombé. Il hochait doucement la tête, les informations lui parvenaient au ralentit. Il suivit le mouvement, sans trop savoir pourquoi. Il n’était plus là. Son corps se contrôlait lui-même. Son esprit était spectateur du drame. Cela lui arrivait souvent, depuis le décès de son père. Ses yeux lui piquaient. Sa gorge s’enflammait. La main de l’altissien sur son épaule ne le fit pas tressaillir, c’était à peine s’il l’avait senti. Gabryel pouffa à sa remarque. Pourrir en geôle, en voilà un beau destin. Il passa ses mains sur son visage, tentant de se reconnecter à la réalité. Il murmura un “Merci” quasiment inaudible à Samaël avant de prendre le même chemin qu’avait emprunté la grenouille. Il ne mit pas longtemps à l’apercevoir, juste devant la porte, prêt.e à marcher jusqu’à chez ellui. La nymphe lea rattrapa sans grand mal, et un silence s’imposa. Qu’était-il censé dire, au juste ? Devait-il vraiment se justifier ? Il balança sa tête en arrière, ses mains frottant ses yeux.

    « Raol, je pense que tu as mal interprété ce que je voulais dire. Je... » Pour lui, c’était tellement évident qu’il n’arrivait même pas à l’expliquer. « Je sais que je m’exprime mal. Ce n’est pas la première fois. Tu n’es pas là uniquement pour me changer. Ce n’est pas ton rôle. Mais tu ne peux pas nier que sans notre rencontre je serai probablement toujours aussi cruel que l’était mon père. Que les changements auraient été plus longs. » Et c’est sans doute pour cela que ça lui faisait si mal que la grenouille pense ainsi. « Je suis désolé. J’aurais dû m’expliquer et être un peu plus... nuancé. T’es pas là pour soulager ma conscience et honnêtement Raol, ça n’a jamais été le cas et je pensais que c’était assez clair. J’ai toujours assumé ce que j’ai fait. Je ne cherche pas le pardon de qui que ce soit. Je suis d’accord, on n'a pas de solution, on n'a rien pour vous faciliter la vie. Je sais. Oui, on est des envahisseurs et des emmerdeurs qui se plaignent de leurs propres actions constamment. Oui, j’ai eu tort de parler ainsi. »

    Si son ton était monotone, fatigué, on pouvait tout de même discerner de la sincérité. Il serrait les poings, son regard planté dans celui de la grenouille. C’était comme si ce moment allait déterminer la suite de leur relation. S’iel ne voulait plus continuer, ainsi soit-il. Que pouvait-il bien dire ? Il resterait toujours ce général, qui est le même que tous les autres. Qui déçoit. Iel le lui avait fait comprendre. C’était peut-être mieux comme ça, pour ellui. Et peut-être même que tous ses sentiments n’ont jamais été réciproques. Sa gorge s’étranglait. Il avait du mal à déglutir. Le Venomania détourna le regard, fixant le sol un peu plus loin.

    « Si tu veux t’en aller, vas-y. Ce n’est pas moi qui te retiendrais. » Il lea confronta à nouveau, se rapprochant d’un pas. « Tu comptes beaucoup pour moi. Pas parce que ça soulage ma conscience. Mais parce que tu es spécial.e à mes yeux. Je pensais que mes sentiments étaient limpides, que tu ne doutais plus. Je veux dire, sérieusement Raol ? » Il souffla, prenant son visage entre ses mains. « Tu me vois comme ça ? Comme le général caldissien pleurnichant sur ses erreurs et prenant un.e éossien.ne à ses côtés pour soulager sa conscience ? » Son cœur se fissura. « Tu comptes pour moi. T’es tellement... S’il te plaît Raol. Je sais que j’aurais dû te prévenir, que ce dîner est terriblement gênant mais... Je veux que tu sois à mes côtés. » Son cœur se brisa. « Ne pars pas, s’il te plaît. Rentrons, mangeons ce plat, lançons-nous des regards espiègles, moquons-nous de cette gêne, tenons-nous la main. Laisse-moi te prouver que c’est bien plus qu’une histoire de conscience. Que c’est réel. »

    Ses mains tentèrent de rencontrer celles de saon ami.e. Ses yeux lui renvoyaient son reflet. Une image bien pathétique. Des cernes, le teint pâle, l’air détaché. Il n’arrivait pas à sourire. Il avait toujours ce regard vide, comme s’il n’était rien de plus qu’une poupée de porcelaine. Et parfois, dans les traits de son visage, il revoyait celui de son père. Était-il pareil, au final ?
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    Un diner plus qu'imparfait
    - avec Ouin-Ouin, Pignouf et le dragon



    Raol a tiré la porte derrière ellui et s’éloigne d’un pas rapide.

    C’est la meilleure chose à faire. Je peux pas rester. Personne veut que je reste, toute façon.

    Ça ne lui a pas fait plaisir de parler comme ça a Gabryel. Avec le recul, peut-être bien que le caldissien ne méritait pas qu’on lui crie dessus. La grenouille commence à s’en vouloir de ne pas avoir su garder son calme. C’est inexcusable de crier comme ça sur la personne qu’on prétend aimer. Encore que… même si ce n’est pas une excuse, le contexte de la soirée et les personnes présentes expliquent sa frustration. Il suffisait d’une goute pour qu’iel explose.

    Mais ça justifie pas que j’étale tout ça dans la face de Gabryel. Il doit penser que je le déteste, maintenant.

    Sa gorge se serre. La pensée que son amant lea haïsse lui fait mal. Mais c’est un peu tard pour venir chouiner, maintenant.

    Et puis, si Gabryel pense que je le hais, il va pouvoir m’oublier et passer une bonne soirée avec ses amis. C’est… c’est plus simple, non ?

    Non. Certainement pas. Raol sait bien que c’est une excuse. Une justification puérile pour ses actions déplorables. Pour son attitude pathétique. Toutefois… au-delà de ça, iel ne voit vraiment pas comment iel aurait pu gérer la situation autrement.

    Et même avec tout ça, Gabryel lui courre après et tente de lea retenir. Dès que la grande asperge aux jolis cheveux lui barre la route, Raol a un haut-le-cœur, un mauvais gout en travers de la gorge. Iel a honte. Tellement honte. L’autre essaie de se justifier et la grenouille ralenti, baisse la tête et regarde partout ailleurs, trop lâche pour soutenir le regard de son amant. Evidemment, qu’iel a encore mal lu la situation. S’iel avait réfléchi plus de trois secondes, iel aurait compris que même si le discours de Gabryel avait été lourdingue, il n’était pas prononcé avec des mauvaises intentions.

    J’ai juste… j’ai tellement peur qu’il me mente. De découvrir que je ne suis qu’un faire valoir pour lui. Que je suis encore tombé dans le panneau d’une ordure qui me fait du mal, me ment, s’excuse, puis recommence le lendemain.

    Sans leur rencontre… Gabryel serait encore le même que son père ? Raol n’y croit pas. Comment sa présence pourrait faire du bien à quelqu’un ? C’est connu, c’est comme on lui a toujours dit : l’amphibien ne peut qu’empirer les choses partout ou iel va. Depuis sa naissance, ça a toujours été le même problème.

    Lea Zeteki se mord l’intérieur des joues avec l’envie de pleurer. Ce n’est pas Gabryel qui aurait dû dire les choses autrement. C’est Raol qui aurait dû lui parler mieux. Ne pas lui gueuler dessus, par exemple. Mieux écouter, mieux… Simplement montrer qu’iel peut agir humainement. Etre respectueux.

    « Non. C’est moi qui pige jamais rien. »
    Il se masse les tempes. Tout son corps tremblant lui semble lourd. « Je te reproche des trucs que j'fais tout le temps. C’est tellement ridicule. »

    Tu te souviens, quand tu te disais que « faut vraiment être la pire des merdes pour gueuler sur le mec dont on prétend être amoureux », en regardant ton père ?

    « J’voulais même pas te gueuler dessus mais j’ai… nan, j’ai aucune excuse. »

    Iel s’est arrêtée et n’ose toujours pas regarder l’autre. Son énervement est retombé. Iel se sent juste stupide et honteux.

    « J’suis désolé. Vraiment. » Iel inspire profondément. « Mais j’peux juste… je peux pas. Pas avec eux. »

    Mais c’est pas eux spécifiquement, même si j’ai une histoire merdique avec Natsume comme avec Enodril. C’est tout le monde. Ça ne changera jamais. Au-delà de me faire violence, je ne comprends pas pourquoi je resterais avec des gens qui me méprisent, même si Gabryel est là.

    L’autre répète que Raol compte pour lui et c’est la parole de trop pour que le grenouille ne puisse plus retenir un sanglot. Ses larmes sont pleines de confusion et d’amertume. Qu’est-ce qui fait penser à l’autre qu’iel est si « spécial » ? Tout ce qu’iel fait, c’est le mettre mal. Le casser au moindre détail qui lui rappelle des comportements qu’on lui a fait subir. Lea Zeteki renifle pour se calmer et rester à peu près calme, ne pas commencer à attirer la pitié. Ce serait la pire chose à faire, après le cinéma qu’iel vient de jouer à son amant.

    « M-mais pourquoi ? Tout ce que je fais, c’est te mettre mal… ! »

    J’ai envie de faire du mal aux gens, à mes proches tout le temps. Envie de leur donner toutes les raisons du monde de me haïr. D’être violent, d’être abject.

    Iel reste encore un petit moment comme ça, à hoqueter en tournant le dos à Gabryel. Malgré tout, ce que son ami lui confie en dernier lieu parvient à lea faire sourire et rire entre deux sanglots. Après un petit moment, Raol se tourne enfin vers le général en se massant les yeux et force un faible sourire. Se lancer des regards en biais, se papouiller la cuisse, se poker le bidou et se faire du pied sous la table en ricanant bêtement comme s’iels étaient seuls, c’est presque tentant.

    « Pff… j’te promets, c’pas d’être avec toi qui m’gêne. » Iel vérifie que deux autres ne sont pas en train d’écouter aux portes. « C’est les deux bouffons, là… T’as vu la déco en plus ? C’est vraiment des gros bandeurs de rouge, les alti’ alors que… c’est moche, le rouge. Et pis les fleurs de Ziyal sont vachement plus jolies d'abord. Y s'est pris pour un fleuriste, le moineton ? »

    La mauvaise foi de Raol se passe de toute commentaires donc... passons. L'amphibien ajuste sa tunique aux couleurs printanières et ne peut s’empêcher de sourire bêtement en s’imaginant regarder son amant avec ses grands yeux brillants toute la soirée. Lui adresser des haussement de sourcils suggestifs en jouant avec ses cheveux. Lui faire des bisous dans le cou alors que les deux autres sont en face d’eux et bitcher en chuchotant à l’oreille du général… ce serait terriblement agaçant, en plus, hm ?

    « Mais ça nous ressemblerait bien, c’est vrai. »

    Iel renifle encore, se rapproche de l’autre et tend timidement son bras afin d’attraper la main de Gabryel dans la sienne. Ce simple contact lea rassure, bizarrement. En échangeant  des regards hésitants avec l’autre, iel se hisse sur la pointe des pieds et dépose un baiser timide sur la gorge du plus grand. A ce qu’il parait, iels sont en public, mais Raol s’en fiche.

    « Reste que tu sais très bien qu’Enodril et Shimomura ont absolument pas envie que je reste. Et je les aime pas non plus. »

    Après un soupir, Raol retourne coller son amant. Iel grogne et enfouit son visage dans le décolleté de Gabryel. C'est toujours là qu'iel est le mieux.

    « … Tu veux vraiment que je reste, malgré ça ? »

    T’as vraiment pas de chance que je t’aime, purée.

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    Dîner avec le chien, le dragon et la grenouille
    Il était loin d’être le plus adroit ou diplomate des Elysians, mais il n’avait pas envie de l’être. Il souhaitait la sincérité, au-dessus de tout. D’une oreille, il écoutait les paroles de Raol, l’observant se masser les tempes, se calmer petit à petit. Iel était comme une tornade qui, parfois, passait sous ses yeux sans qu’il ne puisse rien y faire. Mais il savait que, cette fois-ci, c’était sa faute. Ses mots n’étaient pas les plus doux et ses tournures de phrases semblaient moqueuses ou hors de propos. Les excuses de la grenouille raisonnent avec les siennes, tandis qu’iel fuit toujours son regard. Le militaire gardait un visage plutôt impassible. Il ne voulait pas faire d’erreurs ou prendre ça trop à la légère. Il voulait rester sérieux, il était prêt à l’écouter, à faire attention. A mieux s’expliquer. Surpris face au sanglot soudain de saon ami.e, il caresse le dos de ses mains, tentant de l’apaiser par des gestes calmes. Il ressentait sans mal sa frustration et son amertume, mais il ne savait pas d’où cela provenait. Qu’avait-iel contre Samaël et Natsume ? Lui avait-iel omis certains passages ? Est-ce qu’ils lui ont... fait du mal ? Enodril était-il coupable d’une violence, au tout début du Réveil ?

    Son cœur s’accéléra. Sa mâchoire se serrait d’autant plus à l’idée qu’il ait pu faire affronter ça à l’amphibien.ne. Face à sa remarque, le général secoua la tête négativement. Non, iel ne faisait pas que le mettre mal, bien au contraire. Oui, iel le secouait d’innombrables sentiments, parfois difficiles à contrôler, mais il l’appréciait sincèrement. Bien plus qu’un.e simple ami.e. Sa main ne lâcha pas celle de Raol, bien qu’iel lui tournait le dos. Gabryel observa ses épaules se soulever brusquement, son corps parfois pris de sursauts. Il écouta ses reniflements, sa respiration haletante. Il ne voulait pas lea brusquer, alors il lui laissa l’espace nécessaire pour reformer sa bulle, son univers. Le sourire qu’iel lui offrit lorsqu’iel se retourna lui sembla bien faible, et lea voir se frotter les yeux -dorénavant rougis par les larmes- lui pinça le cœur. La nymphe ne souhaitait pas lea voir dans de telles états, mais il savait qu’il fallait y passer, que tout ne pouvait pas toujours être parfait. Qu’un jour, tout changerait. Il leur fallait juste un peu de temps pour grandir ensemble.

    Gaby pouffa face à la critique douteuse de lea Zeteki, roulant des yeux en lui offrant un large sourire. Il se fichait qu’on se moque de ses amis, ou de leur décoration. Il savait qu’iel, malgré sa haine envers Samaël, saurait faire un minimum d’effort. Et il voulait lea remercier pour ça. Raol lui fit un léger baiser, cachant son visage sur son torse. Si ce dîner devait être un enfer, autant l’affronter à deux. Le Venomania ne voulait pas infliger ça à Raol, mais il ne voulait pas partir, ni lea laisser seul.e. Il poussa un soupir, ressemblant plus à un râle ennuyé, avant d’étendre ses bras autour de l’éossien.ne. Leur bulle, leur univers. Il entoura le visage de la grenouille entre ses mains, caressant ses joues encore humides. Il resta un instant comme ça, à se perdre dans ses yeux, à observer les traits de sa mâchoire. Puis ses lèvres se posèrent sur son front avant qu’il ne lui réponde :

    « J’ai vraiment envie que tu restes. Tu n’as pas besoin de t’excuser, ni de prétendre les apprécier. Une fois le dessert engloutit, on ira chez moi et on prendra un bon bain dans les thermes, ça te dit ? »

    Il se décolla d’ellui et main dans la main iels rentrèrent à nouveau dans la demeure du général altissien et du moine. Il finit par simplement passer son bras par-dessus ses épaules et revint faire face à son ami.

    [color=#ff99cc]« Je vais finir par baver si je continus de sentir cette odeur sans y goûter. » Il guida Raol à travers la salle, sans rompre le contact entre elleux, et s’installa à table à ses côtés. [b]« Bon, on l’ouvre cette bouteille, camarade ? Trinquons à... » Il réfléchit, quelques instants. « Pff, ne trinquons à rien du tout. » Oui, c’était probablement bien mieux comme ça.

    Il se surprit à entreprendre une prière silencieuse, fermant les yeux pour s’adresser à Omnis. Il priait pour autrui. Pour la paix. Pour le soleil. Pour des jours meilleurs... Et pour ce repas, qui malgré son contexte, ne sera peut-être pas si catastrophique. Une fois cela fait, il pivota sa tête vers Samaël.

    « Je ne sais pas si tu es au courant, mais j’ai promu une de mes recrues récemment. Une soldate du nom de Basmath, une montagne de muscles, mais avec de belles valeurs. Elle est devenue Capitaine du Grand Mur. Je suis fier de la compter parmi l’armée. Et toi, quoi de neuf ? Je ne t’ai pas encore vu frimer de ta promotion, ne fais pas le timide voyons. »

    Il préférait adopter un ton plus léger, ironique. Et le sourire qu’il affichait le prouvait. Il voulait juste... discuter. Et que tout se passe bien. Ça ne devrait pas être si compliqué, n’est-ce pas ? Il lança un regard en biais vers Natsume, qui semblait avoir l’air perdu, un peu ailleurs. Il évita de tout de suite le questionner, préférant avancer à tâtons pour ne brusquer aucune des personnes autour de cette table. Mais la douceur et le tact, ça n’a jamais été dans ses qualités.
    kyro. 017 ldd

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    avril
    1002
    Un dîner plus qu'imparfait
    C'est deux Généraux et deux Eossiens à un dîner...
    Le Général Caldissien comprend. Alors je le laisse partir à la recherche de sa grenouille. J'ai bien compris la nature du lien qui les unit, avec leur petit manège. Qui aurait cru ça de Gabryel ? Sûrement pas moi. Je ne l'aurais vraiment pas cru capable d'aimer quelqu'un d'autre que son propre reflet. Mais... Tant mieux pour lui, je suppose. Même si je connais mal Raol hormis notre échange "cordial" de ce jour-là il y a quelques mois, je ne lea pas tant que ça. Je me demande juste ce qui a tant plu à mon ami chez ellui. Un Caldissien et un.e Eossien.ne... Sans doute au fond je ressens en moi une pointe de jalousie que je devrais faire taire au risque qu'elle ne transparaisse. Nos situations sont bien différentes. Si celui aux cheveux nacrés a trouvé son bonheur auprès de quelqu'un... tant mieux. Comme quoi, nos rapports avec les natifs peuvent réellement aller au-delà d'une peur ou d'une haine pour autrui. Calmement, je m'assois à table à côté de Shimomura qui s'est déjà mis à manger. Il a bien raison. Je l'imite en silence, sans oser dire quelque chose. Je m'en veux un peu de lui faire passer une soirée peu aimable alors qu'il m'a aidé pour le repas et que je voulais qu'il en profite aussi. Si j'avais su... Enfin, peu importe. Nous attendons que les deux zigotos reviennent et s'installent à leur tour. J'ignore ce qu'ils se sont racontés, mais au moins, ça a l'air d'aller mieux. Je crois que de toute façon je les aurais foutu dehors tous les deux s'ils avaient continué à se disputer. En mimant un sourire à mes lèvres qui sonne plus faux que je ne le voudrais, je trinque quand même avec Gabryel qui semble avoir ramener le calme. Il me parle le plus naturellement du monde des nouvelles de son armée. Des bonnes nouvelles, au moins, puisque la sécurité du Grand Mur doit en effet être renforcée plus que jamais ces temps-ci.

    « Si... Le Grand Mur est bien gardé, alors tant mieux. Félicitations à ta Caldissienne. »

    Gabryel est très doué pour éviter les sujets fâcheux et enterrer les problèmes comme s'ils n'avaient jamais existés. C'est une qualité que j'admire un peu chez lui car j'ignore comment il y arrive, quand moi je suis harassé de pensées en tous genres qui s'entrechoquent sans me laisser de répit concernant la situation d'Yggdrasil qui se dégrade de plus en plus. Je devrais, comme il dit, me réjouir du poste que j'ai acquis il y a quelques temps maintenant, mais je n'y arrive pas. Je n'ai même rien fait pour le célébrer vraiment de manière personnelle ; mes soldats l'ont fait à ma place, trop heureux de me voir être promu. Cela m'arrangeait de ne pas avoir à m'en occuper car le cœur a eu du mal à y être.

    « Je suis content d'avoir le grade de Général. Mais tu sais... ce n'est pas mon genre de frimer avec. J'avais l'esprit... un peu ailleurs, ces derniers temps, avec tout ce qui s'est passé. »

    Mon collègue pensait passer une soirée tranquille. Je ne l'empêche pas de le faire, mais mon but initial n'était pas tant de juste l'inviter à dîner que d'aborder avec lui aussi des sujets plus sérieux afin de savoir si nous partagions la même vision, et surtout si je pouvais obtenir son soutien en cas de coups durs ; car ces derniers vont finir par me pleuvoir dessus. Distraitement, je fais tourner le vin à l'intérieur de mon verre en fixant ce liquide rougeâtre dont se dégage une odeur parfumée de fruits. Les alcools Caldissiens sont exceptionnels, il n'y a pas de doute. Ses paroles de tout à l'heure demeurent toutefois dans mon esprit, car il avait visé juste, après tout.

    « Et puis... Tu as raison, on risquerait de voir en moi un traître. Alors j'ai tout intérêt à ne pas trop me reposer sur ma promotion, n'est-ce pas ? »

    J'esquisse un rictus, comme si j'abordais ça avec légèreté. Les Eossiens me détestent. Les Altissiens finiront par le faire. Au final, qui restera-t-il, si je décide d'être audacieux et de sortir la tête du sable ? Si j'affrontais le problème et que je décidais que cette histoire de Sentinelle est tout sauf une solution viable pour les natifs et nos liens avec eux.
    Toi, Gabryel, est-ce que tu seras devant, ou derrière les barreaux, finalement ?
    Je supposais, puisqu'il a l'air de vraiment tenir à Raol et que ce.tte dernier.e ne semble pas se laisser faire, que la nymphe finirait par prendre la défense de saon partenaire envers et contre tous. Mais... est-ce que ce sera si vrai, dans les faits ? Car la question lui sera aussi posée au moment venu.

    « Même si... Apparemment, nos dirigeants sont trop occupés à organiser leur mariage. C'est ridicule, cette histoire, pas vrai ? »

    En vérité, je ne laisse pas le choix à Gabryel d'être d'accord avec moi, mais la question reste ouverte, bien que je sache déjà la réponse du moine. Je veux juste savoir ce que me dira le Général ; s'il a des commentaires à faire ou si nous demeurons sur la même longueur d'onde. Il a bien dit que nous étions des pourritures pour Yggdrasil, pas vrai ? Mais bon, apparemment il ne faut pas trop le brusquer, sinon ses cheveux vont tomber.

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    Spoiler :

    Natsu et Sam by Coba <3

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    Dîner avec le chien, le dragon et la grenouille
    Une mélodie se jouait dans sa tête, un bruit de fond qu’il s’inventait. Ou peut-être l’avait-il déjà entendu quelque part. Qu’importe. L’essentiel était de se concentrer dessus, de sourire et de garder le fil de cette discussion. Gabryel s’accrochait au regard de son ami qui fait tinter son verre contre le sien. Le vin réchauffera alors sa gorge, mais ne suffira pas à rendre son teint moins pâle. Il comprend que Samaël ne comptait pas s’en tenir à de simples mondanités, mais ça ne l’arrangeait pas. Un léger tic lui fit se contracter la mâchoire, tentant de ne rien faire paraître il lui offrit une œillade interrogatrice. Pourquoi avait-il la sensation qu’il était pris au piège, d’un coup ? Il tenta de se décontracter, s’étirant doucement les épaules, regrettant son choix de vêtement qui le colle bien trop à la peau dorénavant. Ce n’est pas qu’il ne voulait pas en parler... Mais était-ce le bon moment ? Le bon endroit ? Contrairement à l’altissien qui ne fait que faire tourner son vin, le caldissien lui le termine d’une traite pour s’en servir un nouveau, ne pouvant contenir un petit ricanement. Ce n’est pas son genre de frimer mh...

    Qu’attendait-il de lui, au juste ? Est-ce qu’il s’était trompé ? N’y avait-il donc rien de sincère ? Samaël était peut-être l’un de ces opportunistes... La nymphe avait beau essayé, il ne comprenait pas le raisonnement de son homologue. Il fronça les sourcils, sans pour autant l’interrompre. Il sirota son vin, lâchant subitement la main de Raol. Et le voilà à nouveau. De Venomania, le général. Il posa son coude sur la table, plongeant son menton au creux de sa main et offrit un large sourire à l’Enodril. La fausse légèreté avec laquelle il parlait de cette potentielle trahison lui arracha un soufflement de nez. S’il en avait vraiment peur, il n’aurait jamais été aussi loin. Néanmoins, il n’appréhendait pas les choses du bon angle selon le plus grand. Sa promotion était justement parfaite... Il avait du pouvoir, au moins celui de la force brute. C’était mieux que rien, surtout lorsque la ville entière tient uniquement grâce à eux. S’ils le voulaient, ils pourraient mettre un terme à tout cela, non ? Gabryel finit par éclater d’un rire jaune à la fin de sa phrase. Le mariage, sérieusement ? C’était subtil, comme façon de forcer le Venomania à s’exprimer. Tant pis s’il blessait les éossiens à ses côtés, Samaël voulait une discussion entre généraux alors ainsi soit-il. Il haussa mollement les épaules et répondit d’un ton sarcastique :

    « Voyons, c’est une aubaine ! Que dis-je, une solution à nos problèmes ! Fêtons la fin de cette guerre millénaire, et longues vies aux souverains ! » Il avala à nouveau d’une traite le vin, sans en savourer la moindre goûte. « Eh bien, si tu veux t’aventurer sur les sujets fâcheux, autant y aller franco. Je n'aime pas tourner autour du pot. Autant que les choses soient claires dès le départ... On parle de deux enfants, quand bien même Sa Majesté Camélia est ma souveraine, je ne supporte pas cette décision. Ce n’est pas un mariage, Samaël. C’est le début de la fin et crois-moi que la cérémonie risque d’être sensationnelle. Mais nous n’avons pas notre mot là-dessus. Être pour le bien et l’égalité pour tous est une chose… » dit-il en jetant un regard à Natsume. «... Mais contredire ton Empereur en est une autre. Bien sûr que cette décision est idiote, mais elle ne vient pas d’eux. Ils ne sont que des enfants, c’est impossible que ça vienne d’ell-… d’eux, quelqu’un est au-dessus. Je le tuerais si je savais qui c’était, mais ce n’est pas si simple, mh ? »

    Pourquoi faire semblant ? Il y aura des morts, probablement en grand nombre. Il n’y a pas de paix sans guerre. Et il n’y a pas de guerre sans meurtre. Parler de cela lui semblait léger. Il l’avait déjà fait, par le passé. Ça ne changeait rien. Mais il savait aussi qu’iels en pâtiront, d’une façon ou d’une autre. Son troisième verre en main, il eut l’air songeur un instant, en pleine réflexion.

    « Ta promotion n’est pas un fardeau, au contraire. Nous contrôlons à nous deux un des plus grands vecteurs d’Yggdrasil. Cette ville et ses murs tiennent parce que nous le voulons bien. Si le clergé se joint à nous, on pourrait retourner la situation et avoir les moyens de faire quelque chose. Actuellement, on ne peut qu’attendre et agir avec les ressources qu’on a. » Il échangea un regard entre Raol et Natsume et continua. « Sans offense pour vous, les Sentinelles sont une plaie. Je ne peux pas être certain de leur loyauté et de toute façon m’en servir comme de la chair à canon me dégoûte. Mais si on en trouve quelques-uns, des membres des Eclaireurs... On pourrait peut-être agir plus efficacement. »

    Il se tritura les doigts, sirotant à nouveau le fluide âcre. Il réfléchissait... Mais tout lui semblait bien trop risqué. Soit il finirait en geôle, soit on lui ferait subir le même sort qu’Erys. Ni l’une ni l’autre des options ne l’enchantaient. Il n’y avait pas que leurs vies qui étaient en jeu...

    « Je pense que les personnes qui ont tué nos souverains ont perdu le contrôle sur la situation depuis la mort injustifiée d’Erys. C’est à partir de là que l’Arbre s’est réveillé, tu te souviens ? Il y a eu les tremblements de terres, les inondations, dorénavant le feu du dragon, les pourritures. Personne n’aurait pu prévoir ça. On aura beau être sur nos gardes, le jour du mariage risque d’être une hécatombe. Il y aura des révélations, nous devons attendre qu’il fasse une erreur et ça sera ce jour-là, il y aura un indice j’en suis certain. Mais attendre, ça signifie faire souffrir encore plus une population qui n’a rien demandé, sacrifier des recrues, affamer Yggdrasil. On est dans une impasse. »

    Il souffla bruyamment.

    « Si tu veux vraiment agir, je te suivrai. Mais seulement dans le secret. C’est trop tôt. Et je déteste l’odeur des geôles. »
    Ironisa-t-il, balayant la table du regard.
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    Un diner plus qu'imparfait
    - avec Ouin-Ouin, Pignouf et le dragon



    La grenouille inspire profondément en revenant dans la demeure. Iel commence déjà à regretter son choix en revoyant les faces de Samaël et Natsume. Du coup, Raol se tourne immédiatement vers le visage de son amant pour empêcher une grimace grotesque de se peindre sur son visage à la vue de leurs hôtes. Se concentrer sur Gabryel et accessoirement sur le repas (même s’iel n’a plus très faim)… oui, oui, bon plan.

    Toutefois, iel ne sait vraiment pas ce qu’iel aurait préféré entre des échanges de banalités plus ennuyantes les unes des autres sur leur rencontre, le temps qu’il fait, le repas et… une discussion sur l’actualité politique de la cité. En voyant que les deux généraux se lancent là-dedans sans plus attendre, la grenouille s’arrête alors qu’elle porte sa cuillère à sa bouche.

    …ils voulaient parler de ce genre de chose ? Mais pourquoi ils… Gabryel tenait à ce que je sois là pour entendre ça ? Ils le font exprès pour nous emmerder ou bien ?

    Malgré son agacement à la vue du Shimomura, Raol ne se retient pas de lui adresser un regard des plus confus en écoutant les deux autres échanger. Et Natsume a l’air a peu près aussi mal à l’aise qu’ellui. D’ailleurs, lea Zeteki ne comprend même pas les allusions d’Enodril. Pas comme s’iel cherchait vraiment à comprendre, cela dit, iel s’en fiche un peu, de ce que Samaël raconte, mais… bon, ça doit être un truc entre lui et le caldissien et Raol n’a plus envie de s’énerver, bien que ce soit très tentant. Mais encore une fois, s’ils ont des trucs de généraux secrets à se dire, pourquoi demander aux deux eossiens de rester ? Enfin.

    Iel entend que Gabryel est parti dans une de ses grandes tirades, mais ne percute qu’à peine ses paroles. Toute façon, iel s’en fiche, de ce que deviennent ces deux gamins, là, l’empereur et la reine. Iel n’a pas voulu s’intéresser à tout ça. Iel avait plus important à faire auprès de son parent. Et même si cette histoire de sentinelle lea dégoutte, ce n’est pas ce qui lea préoccupe, là, tout de suite. Entendre parler de la mort d’Erys, du fait que les choses ne vont pas aller en s’améliorant… qu’est-ce que lea Zeteki peut ajouter à ça ? Iel n’a rien à dire.

    Raol n’est pas optimiste en ce qui concerne le futur. Même s’iel croit que les actions des éclaireurs sont importantes, iel n’y croit plus vraiment. Iel a perdu la foi en sa cité de naissance, malgré les signaux persistants de l’Arbre sacré. Des fois, Raol se dit que seul Ziyal lea retient en Yggdrasil. L’amphibien sait qu’iel vient de l’est d’Elysia, que ses racines se trouvent sur le territoire de Caldissia et… qu’on lui a sans doute dissimulé bien des choses concernant l’histoire de sa famille. Le récit de ses parents a certainement été altéré pour servir ce fameux mythe d’Yggdrasil comme refuge… Yggdrasil, dont on ne doit plus jamais sortir pour explorer le dehors, car l’extérieur, c’est la mort. Cet endroit a toujours été une prison pour Raol.

    Et pourtant, Gabryel et Enodril semblent vouloir protéger cette maudite ville et leurs habitants… ? Moi, j’ai de moins en moins envie de me battre pour cette cité. Je fais la morale à Gabryel, mais je ne suis qu’un lâche. Juste un abruti qui fait genre. Qui se fait passer pour l’adulte intelligent et raisonné de la bande alors qu’iel n’en a plus rien à faire. C’est… dans ces moments-là que je réalise à quel point Gabryel est devenu pour moi un nouveau repère.

    Pour s’empêcher de craquer une fois de plus, l’eossien emmêle ses doigts avec ceux de Gabryel, caresse sa main, son bras, effleure chastement sa cuisse.. c’est agréable. Et ça lui permet de se concentrer sur autre chose et…

    D’un coup, iel arrête tous ses gestes et son regard, fixé sur les doigts de son ami qui, depuis plusieurs minutes, se referment sur la bouteille de vin, son verre, la bouteille, le verre, puis la bouteille à nouveau. Iel ne s’était pas trop inquiété en voyant Gabryel venir avec de la vinasse au diner, même si on ne peut pas dire que ça lea mettait franchement à l’aise. Mais, cette fois, la descente de son ami prend un rythme plus effréné, plus… compulsif ? Peut-être qu’iel exagère. Mais cette vision est un peu trop familière et lui fait mal au ventre. Son souffle se coupe l’espace d’un instant.

    L’autre a lâché sa main pour avaler verre d’alcool sur verre d’alcool… est-ce que c’est pour ça qu’il débite à un rythme aussi effréné ? Est-ce qu’il est déjà ivre… ? La grenouille voit flou mais se reprend rapidement. Iel déglutit et son regard se fit plus insistant sur le visage de son amant. Raol ne veut pas se mettre à crier à nouveau. Mais iel aimerait détourner l’attention de son ami de la bouteille. Et pour ça… iel sait ce qui plaît à Gabryel et comment le captiver.  

    « Hm… Améthyste de mon cœur… ? »

    Sa main glisse de l’épaule jusqu’aux doigts de son comparse. Avec une lenteur contrôlée, il entremêle ses doigts avec ceux de Gabryel, se colle à lui en posant sa tête contre son épaule. A l’aide de sa main libre. Raol débarrasse le visage de Gabryel de quelques mèches afin de mieux capter son attention. Sa voix se fait plus basse, plus doucereuse.

    « Doucement avec le vin, mon coquillage nacré d’amour… allons, ce serait bête d’être raide mort en rentrant à la maison ce soir, hm ? »

    Haussement de sourcil révélateur. Iel se penche sur l’épaule de Gabryel pour y déposer un baiser d’une longueur mesurée (juste assez pour rendre la scène plus gênante encore). Son regard se porte sur la bouteille de vin. Il serait facile d’un peu plus empiéter sur la table et de pousser la flasque d’alcool par terre avec un faux mouvement maladroit mais… Gabryel devrait comprendre le message. Et puis, Raol a promis de lui faire confiance, non ? Le Venomania sait assez sur le passé de la grenouille pour capter ses signaux, pas vrai… ?

    En continuant de capter l’attention de son comparse, l’amphibien lui embrasse la tempe et la joue, puis entoure ses épaules de ses bras, son sourire s’élargissant de plus en plus. Iel ne joue plus vraiment la comédie et se ramollit, retourne dans sa bulle, là où iel n’a envie d’accueillir que caldissien. L’eossien se prend à son propre jeu et oublie temporairement la présence de leurs hôtes.

    Hm… De quoi y parlaient, déjà ?

    Son doigt dessine de petits cercles sur le décolleté de Gabryel. Avec ses bêtises, iel se retrouve à moitié assis sur le bord de la table, le reste de son corps scotché à celui du plus grand. Iel se penche à l’oreille de Gabryel et lui susurre, sans pour autant être vraiment discret :  

    « En plus, c’est moi ta drogue favorite… »

    Bon. Il est temps d’arrêter. Quoique. Au moins, là, Raol pense à autre chose et n’a plus envie de crier sur tout le monde. En plus, iel n’a pas envie de faire la conversation et n’a pas trop d’appétit. Pas que la nourriture soit mauvaise, mais… l’ambiance et la présence d’alcool ne lui donne pas très faim, bizarrement. Au moins, iel ne pense plus au fait qu’iel se sent vide et que ça ne s’arrangera certainement pas tant qu’iel vivra en Yggdrasil, sans autre but que de donner sa vie pour rendre Ziyal enfin heureux, ou pour devenir une personne qui mérite de marcher aux côtés de Gabryel.

    « Hm… bref. Vous disiez quoi ? »

    Il défie son amant du regard. Cette fois un peu plus sérieux, malgré son sourire en coin.

    « En tout cas, toi, si t'oses mettre le pied dans une geôle, je te tue. Non. Pire. J’te crache dessus. »

    Est-ce que c’est une manière bizarre de lui dire « fais ton truc, je t’encourage, mais meurs pas stp » ?

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    Je me fiche de ce qui va se passer, à ce stade. Je pourrais très bien terminer mon plat et le nettoyer puis aller me coucher sans que cela ne me travaille plus que ça, mais je crois... Je crois que malgré moi, j'essaie tout de même de rester par pitié pour Enodril qui semblait sincèrement tenir à cette soirée. Pour quelle raison, ça, je l'ignore et je ne le comprends pas. Malheureusement, toutefois, nos 'invités' finissent par revenir et je me contente, sur le moment, de me taire et de manger. Je suis, il faut le dire, plutôt doué pour faire ça. Pour être dans le paysage, ne servir à rien et me taire car je sais que ce que je pourrais avoir à dire ne ferait que causer des ennuis. C'est bien, ça me rappelle des souvenirs de famille.

    Pendant qu'ils trinquent et qu'ils se racontent leurs vies respectives, je choisis plutôt de maltraiter des bouts de viande avec ma fourchette, espérant peut-être par là qu'elle finira par me rendre malade et me donnera une excuse pour m'en aller. Franchement, sil y a bien un moment où ma santé bancale serait utile, ce serait maintenant. Mais non. Pas de chance, il faut le croire.
    C'est comme si le bruit en face de moi était informe, mais j'entends un mot ou deux, ici et là, qui me font m'arrêter de jouer avec ma fourchette. Me sourcils se froncent, mais je ne dis rien.
    … Qu'est-ce qu'il fiche.
    Je connais assez Enodril pour le reconnaître lorsqu'il a une pensée en tête. Il y a quelque chose d'étrange dans sa façon de parler ; une lourdeur qui me fait me tendre sur place, comme si quelque chose dans mon instinct percevait un danger, un risque imminent. Un nœud de malaise se forme dans mon ventre alors que mon regard se pose sur lui pour l'inspecter, devenu neutre, l'expression fermée. Qu'est-ce qu'il cherche à faire, exactement... ? Le terme de 'traître', dans sa bouche, me fait me crisper encore un peu plus. Je n'aime pas ça.

    Pourtant, je ne parle pas, comme si cela allait aider à ce que la conversation se termine alors qu'elle a lieu entre deux personnes qui n'ont pas tendance à garder leurs langues dans leurs poches. Et De Venomania, au moins, a le mérite d'être plus direct : je cligne d'ailleurs des yeux avec surprise quand je constate que lui met les pieds dans le plat. Enfin, non, pas littéralement, ce serait dégoûtant, mais à la limite, ça m'aurait permis de sortir. C'est qu'il débite vite et beaucoup, en plus, alors j'ai du mal à suivre le rythme ; mais très clairement, je peux sentir qu'un froid s'est installé. La nymphe parle et déclame sans retenue, mais je crois bien que c'est la seule. Et si je me faisais discret sur l'instant, je peux sentir son regard se reposer sur moi quand il parle de 'l'égalité de tous'. Immédiatement, mes sourcils se froncent.
    … Qu'est-ce qu'il veut insinuer, là.
    Je me méprends sur ce qu'il veut dire et pense à une critique de sa part sur moi-même plutôt qu'une pique envoyée à Enodril quant à ses intentions. Dans tous les cas, ça ne me travaille pas plus que le reste, car toute cette conversation a une bien mauvaise odeur. Le genre d'odeur qui emplit les narines avant une catastrophe. Et à vrai dire... Je me fiche assez de ce qu'il raconte sur les sentinelles. Son avis personnel ne change pas vraiment les faits, alors ça n'a pas beaucoup de valeur pour moi. En revanche, je m'interroge sur son envie de véritablement discuter avec des éclaireurs. En laissant ma cuillère fait des tours dans mon plat, j'y réfléchis brièvement, mais toutes les hypothèses qui me montent à l'esprit se soldent par, au mieux un échec cuisant, au pire par un véritable désastre.
    … Et moi, est-ce que je ne pourrais pas... ?

    L'idée me vient mais j'hésite quasiment instantanément. Même si j'envisageais sérieusement cette piste stupide... Les chances de réussite sont tellement maigres que ce serait presque une tentative de suicide, quand j'y pense. Pourtant, la pensée me travaille. Je ne la formule pas mais je la garde dans un coin de ma tête, comme un nuisible dont je n'arriverais pas à me débarrasser.
    En tous cas, si De Venomania continue à débiter en partant dans une analyse approximative de la situation, je me surprends à le fixer avec... Intérêt ? Enfin, non, pas exactement. Mais je l'écoute, et c'est déjà bien plus que ce que je lui ai toujours offert. Je ne sais pas si je pose les mêmes conclusions que lui, car je trouve qu'il va vite en besogne, mais... Disons que je le trouve bien, bien plus lucide que nombre de personnes que j'ai pu rencontrer, et peut-être même davantage que tous ceux autour de cette table. Sur le moment, peut-être que cela me donne un peu plus de respect pour lui. Un peu. N'exagérons rien non plus, h-hein...

    Reste que cette histoire de traîtrise et de geoles ne me met vraiment pas à l'aise. Je ne comprends pas. Ne me dites pas qu'Enodril veut... ? Pourquoi ? Pourquoi maintenant... ? Quelque part, je crois que je suis vexé qu'il ne m'en ait pas parlé avant. En fait, non, je retire ce que je dis : je suis vexé, c'est sûr. A quoi diable est-ce qu'il pensait, d'ailleurs, en m'invitant... ?

    Je rumine dans mon assiette sans rien dire, la mine fermée et crispée. Et à ce stade, je crois que même les minauderies de Raol avec le caldissien m'indiffèrent. Enfin. Ça me dégoûte, clairement, et j'évite bien volontairement de les regarder, mais pour tout dire, ça me rappelle surtout que je ne comprends rien à tout ça et que c'est tant mieux, au passage. Si je claque assez fort mes couverts sur mon assiette, peut-être que je ne vais pas les entendre... ? C'est que ça commence à me fatiguer. J'ai presque envie d'utiliser un peu ma magie pour leur renverser le vin  au visage, mais je me retiens. Je n'ai pas envie de mettre Enodril dans une position compliquée, mais... Eh bien, disons que je suis de très mauvaise humeur et que je commence à en avoir marre. Alors, quand la grenouille reprend la parole, les mots sortent tout seul.

    « Bah j'en sais rien, visiblement, ça parle de traîtrise. »

    Le sarcasme est évident, à peine caché alors que je mâchonne un bout de pain comme si il allait me permettre de me défouler de tout ce que j'ai entendu jusqu'à maintenant. J'ignore volontairement les regards autour, la mine austère, ne me retenant pas de rouler des yeux.

    « On en apprend tous les jours, décidément. »

    Je suis puéril. J'en aurais conscience si mon humeur n'était pas aussi mauvaise et ne me rendait pas d'aussi mauvaise foi, mais...
    Pourquoi est-ce que je suis... Aussi énervé ?
    Car je le sens, juste dans ma gorge. Un nœud froid et épineux qui fait remonter dans ma voix des intonations acides.
    Et je suis énervé contre...
    La réponse m'est tellement évidente que j'ose pas terminer ma pensée. Au lieu de ça, je choisis plutôt de planter mon couteau dans un morceau de viande comme si je cherchais à me venger dessus.

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