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  • Un dîner plus qu'imparfait [Gaby/Rara/Natsu] - Page 2
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    Le dragon n'est plus, miracle est arrivé. Yggdrasil a protégé sa cité. Des mois de siège éreintant cessent, la ville millénaire respire à nouveau. Chaque soir, sous la lueur émeraude et bienveillante du grand arbre, les éossiens fêtent et célèbrent ceux tombés au combat. Après tant d'épreuves, la ville semble reprendre vie...
    Forum Fantasy
    Avatars illustrés
    Pas de minimum de lignes

    4 participants

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    avril
    1002
    Un dîner plus qu'imparfait
    C'est deux Généraux et deux Eossiens à un dîner...
    On dit souvent qu'il ne faut pas parler de sujets politiques à table. Je comprends ce point de vue pour avoir écouté à des dîners des conversations qui ne me plaisaient pas et devant lesquelles je devais juste sourire ou grincer des dents. Mais ce n'est pas pour ça que je veux faire l'aveugle. Les sujets fâcheux, j'aime ça, moi. C'était le but premier de ce dîner, à la base : parler de notre rapport avec les Eossiens avec un membre de chaque partie. Et je sens que Gabryel n'est pas très jouasse d'entrer sur ce terrain-là : j'en suis le premier désolé, sincèrement. Je sais qu'il préfère quand nous buvons joyeusement en parlant de tout et de rien. Si je connais le Gaby fêtard, je veux plonger un peu plus cette autre facette de lui. Sa facette sérieuse. Celle qu'il arbore dans les coups durs. Parce qu'il n'en a pas l'air mais la nymphe, sous sa crinière de nacre, se relève quand même toujours au milieu d'une bataille même difficile et il en a déjà fait la preuve. Il n'a pas été élu Général par hasard, et c'est ça, ce côté de lui, que je veux révéler.
    Bien sûr, je suis d'accord sur quelques points qu'il aborde. Nos souverains sont montés trop tôt sur des trônes qui ne sont pas à leur taille d'adolescent.
    Contredire, contredire... Tout de suite les grands mots.
    Ce n'était pas exactement ce que je voulais dire, même si... Bon, peut-être que j'ai fait une très légère insinuation. On a bien le droit de "contredire" son chef, des fois, non ? Ils n'ont pas la science infuse et même Adélaïde a fait des erreurs avant de devenir une grande Impératrice. Contrairement à mon homologue, je doute toutefois que le clergé nous aide.
    Il a pas vu la gueule de mon Cardinal, lui...

    C'est bien vrai, néanmoins, les Sentinelles sont un sujet de tensions, et pour une fois, aussi bien du côté des Altissiens et Caldissiens que du côté des Eossiens. Je n'étais moi-même pas jouasse quand on m'a exposé la création de cette unité, mais je n'ai pas eu le choix que de guider les natifs qui se sont enrôlés chez nous. Je sais qu'ils font ça par volonté et que ça doit déjà couter leur dignité. Le mieux que je puisse faire, autant pour eux que parce que c'est mon rôle, c'est de faire en sorte qu'ils s'intègrent autant que possible et surtout qu'ils puissent se défendre en cas d'attaques. Je ne suis pas sans savoir que la plupart d'entre eux n'ont jamais eu à se battre contrairement à leurs descendants qui n'ont pas vécu de temps de paix depuis un millénaire. C'est surprenant que Gabryel veuille de lui-même rencontrer des Eclaireurs, mais je partage son opinion à ce sujet : nous pourrions sans doute en apprendre beaucoup grâce à eux. Mais lesquels pourraient bien vouloir aider deux Généraux sans se méfier ? Je sais qu'il y a Shimomura, mais... Je ne veux pas et ne peux pas lui faire prendre de tels risques, autant pour lui de notre côté que du sien avec sa communauté qui ne verraient sûrement pas d'un bon œil qu'il nous introduise auprès d'eux.

    Je n'y avais pas pensé non plus de cette manière, mais il a vu juste sur un point : depuis la mort d'Hincmar et d'Adélaïde, les choses ont changé. C'est depuis le jour de leur meurtre que de grands bouleversements ont eu lieu, comme si nous avions provoqué le courroux de l'arbre légendaire. Je ne peux m'empêcher de me dire à présent qu'il y a un lien entre les deux et qu'il s'agit d'une piste à creuser plus sérieusement. Songeur, je prends des morceaux du mijoté, savourant la viande qui fond en bouche alors qu'avec toute cette conversation, j'en oublierais presque de manger. Et de boire. Mais je pense que mon ami boit assez pour nous deux, là ; et Raol, de façon surprenante, le lui fait d'ailleurs remarquer. Loin de moi l'idée de mettre la nymphe aquatique en geôle, de toute façon ; il finira par y aller tout seul comme un grand, j'en suis persuadé. Enfin, je suis persuadé que ça arrivera si nous continuons de prendre le mauvais chemin, et quand je dis "nous", je parle de nos patries respectives qui suivent les ordres d'enfants qui n'ont pas fini de grandir.

    C'est qu'avec tout ça, au moins, j'ai pu ignorer les yeux doux que le Généal et l'autre grenouille s'échangeaient. A la question de cette dernière, cependant, je suis surpris d'entendre le moine répondre, alors qu'il demeurait jusque là bien silencieux. Mais je sens chez lui une sorte de tension qui n'a fait que croitre au fil de la soirée. Ce n'est guère étonnant, en un sens ; le sujet est lourd et concerne directement les natifs. Nous savons ce que chacun pense des Sentinelles, alors le débat n'a pas lieu. On dirait que parler de tout ça l'agace quand même. Je peine à comprendre sur l'instant ce qui l'énerve autant. C'est la "traîtrise", le problème ?..

    « Je... Je ne parle pas de traîtrise. »

    Pourquoi ça le met dans cet état ? C'est moi qui finirais en geôle, pas lui.
    Mon regard se tourne ensuite vers Gabryel, alors que mes traits se sont faits plus sérieux.

    « Ni d'action. »

    Pas maintenant, du moins. Si un jour ça venait à arriver... Eh bien, on verra. Pour l'heure, je n'y songe pas plus que ça, en vérité. Je me sais impuissant pour le moment de toute évidence, et même ma force surhumaine ne pourrait rien pour moi.
    Je tente de paraître le plus calme possible pour essayer d'apaiser un peu le froid ambiant.

    « A la base, je voulais juste... Avoir ton point de vue sur la question. J'ignorais que tu t'étais déjà approché du sujet par toi-même. »

    Ma gorge se racle alors que mon regard passe brièvement sur Raol même si je pense que Gabryel est assez grand pour ne pas avoir besoin que je lui fasse un dessin. Distraitement, imitant mon ami, je me sers un peu de vin.

    « Je ne dis pas que Camélia et Gaston sont responsables de ce qui leur arrive. Je les respecte quand même beaucoup, et je me doute qu'il y a des gens derrière tout ça qui les conseillent sur leurs décisions. J'aime aussi Altissia. Mais... »

    Je fais tournoyer le liquide rouge dans mon verre, le regard perdu sur un point invisible de la table.

    « Je ne sais pas... Je dis juste que s'ils continuent de faire des lois dangereuses... Je pourrais un jour ne plus les suivre si j'estime qu'elles nuisent à la population. A toute la population. »

    S'il veut que je sois direct... Enfin, non, je suppose que je pourrais être plus franc que ça encore, mais c'est que je ne sais pas moi-même ce que le destin va me réserver et j'espère en vérité, honnêtement, que je n'aurais jamais à vraiment faire quelque chose qui pourraient remettre en doute la loyauté à mon peuple. Parce que mon "peuple", finalement.. Il a changé. Protéger Yggdrasil, ce n'est pas seulement protéger les Altissiens, après tout. Je défendrai au péril de ma vie n'importe quel innocent qui se trouvent entre ces murs, peu importe son origine. Il y a quelques mois, je n'aurais jamais remis en question les règles instaurées par un de mes dirigeants, mais je me suis rendu compte que si un jour il y avait quelque chose qui portait préjudice à un Eossien comme Shimomura et qu'il devait en souffrir... Je sais que je ne l'accepterais pas. Il est clair que si Gaston me demandait de tuer le moine en signe de loyauté, je préférerais me trancher la gorge.
    Je finis par prendre cette gorgée de vin. L'alcool me permet au moins de me détendre un peu. On en a tous un peu besoin, autour de cette table.

    « Moi aussi, les Eclaireurs m'intéressent, mais je doute qu'ils se laissent convaincre facilement par notre seule bonne volonté. »

    Car c'est un point sur lequel Gabryel et moi sommes d'accord, au fond. Si je n'ai pas mal compris, il serait enclin à rencontrer des Eclaireurs pour que nous puissions faire quelque chose à leurs côtés. Mes pensées vont naturellement vers l'éonistes dont je connais la double identité, mais hors de question que ce soit moi qui l'implique là-dedans. Si jamais il veut en parler... Je le laisserais faire. Mais évidemment, même à Gaby, je ne dévoilerais jamais Shimomura fait partie de ces Eossiens de l'ombre qui ont déjà fait bien parlé d'eux.

    ______________________


    Spoiler :

    Natsu et Sam by Coba <3

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    Dîner avec le chien, le dragon et la grenouille

    Les yeux perdus dans le vide, il songeait, les lèvres rougies par le vin. Il avait mal à la tête. Peut-être aurait-il dû partir, au final. A quoi bon parler de tout cela ? Enodril croyait faire quoi ? Gabryel n’avait ni solution, ni belles paroles encourageantes. Il ne croyait plus en l’avenir. Il y a un an de cela, il avait une foi infinie. Il ne tremblait pas. Ne doutait pas. Dorénavant... tout était différent. Tout était flou. Il n’avait plus de famille, son prestige s’évaporait et il manquait cruellement de confiance en son pays. Les ressources lui manquaient. Sa frustration l’étranglait. Il voulait agir, faire sauter le cadenas de ses propres chaînes. Mais il n’y arrivait pas. Il était coincé. Et il n’était pas le seul, apparemment. Il croisa le regard de Raol, sa chaleur encore récente dans sa paume. Iel n’était pas du tout ravi.e d’être ici. Pas certain de comprendre son œillade, il haussa un sourcil interrogateur. Qu’est-ce qu’il avait encore dit ? Au final, le ton qu’adopta saon ami.e le surprit un instant. Mais très vite il entra dans son jeu, peut-être un peu aidé par l’alcool dans son sang. Il lui sourit, caressant ses doigts. Puis ses paroles lui parvinrent. Ah. Oui. L’alcool. Il se sentit presque vexé d’avoir cru à un rapprochement désintéressé, mais il leva les mains en l’air, signe de paix et laissa son verre vide face à lui, sentant le regard de Raol sur lui.

    Il se laissa aller à l’étreinte, savourant l’intime en public. Une main autour de sa taille et l’autre sur la table, Gaby écouta d’une oreille distraite son intervention, souriant vaguement. Lui non plus ne voulait pas mettre les pieds en geôle, quoique ça finira sans doute par arriver. Il ne se mentait pas, il savait qu’il finirait par franchir la limite. Peut-être pas maintenant, mais dans ce brouillard qu’est le futur, tout est possible. Le Venomania souffla du nez, mi-amusé par la réaction de Natsume. Comme quoi, la réplique n’a pas été appréciée par beaucoup. Natsume... En tant que moine, il devait sans doute connaître des gens. Peut-être certains éclaireurs ? Samaël ne voudra jamais l’impliquer... Ca l’embêtait mais, au final, il faisait la même chose en éloignant Raol de cette histoire –du moins, il essayait-. Le bruit des couverts lui rappela qu’il fallait manger, entre deux cuillères il en offrait à Raol, guettant l’échange électrique des colocataires. Ses sourcils se froncèrent. S’approcher du sujet ? Il voyait ça de cet œil ? Il n’appréciait pas ce sous-entendu. Raol n’avait rien à voir avec ça.

    Il ne prit pas la peine de cacher son mécontentement.

    [center]« Raol n’a rien à voir avec cela. Ce n’est pas un “sujet” duquel je m’approche. Je préfère qu’on évite les terrains glissants, ça risquerait de me contrarier, ça serait bête moi qui savourait pleinement ce repas. »

    Le sarcasme pouvait se sentir, rien qu’au ton de sa voix et à son visage, plus crispé. Avoir son point de vue... Quelle importance ? Au final, ils ne peuvent rien faire. Parler dans le vide ne changera rien. Il ne veut pas d’action ? Pas de trahison ? Il ne veut juste pas se mouiller... Il finit par ricaner.

    « Samaël, tu ne les suis déjà plus ces lois. Rien que l’existence de cette idée dans ta tête est une entrave. »

    Il coula un regard vers son verre, l’agacement prenant un peu trop de place. Il s’éloigna un peu de Raol, demandant un peu d’espace pour réfléchir et respirer.

    « Aaah les éclaireurs... Je me demande bien qui pourrait avoir des informations potentielles sur eux, mh ? »
    Il jeta un regard aux deux éonistes. Iels savaient forcément quelque chose, même une bribe. Après tout, c’était un mouvement éossien.
    « M’enfin. Nous sommes probablement nous-mêmes des cibles. Pas sûr qu’ils veuillent faire copain-copain avec nous. Ils ont une fierté égale à la mienne, je pense. »

    Il se servit un verre d’eau pour refroidir son propre feu intérieur. Pour se calmer probablement.

    « Notre bonne volonté ne suffit pas, certes. Mais peut-être qu’un message pourrait leur faire changer d’avis. Si on les aide, discrètement, dans l’anonymat... Ils reviendront peut-être sur leur parole. Mais s’ils ne sont pas avec nous, c’est qu’ils sont contre nous. Je n’épargnerais pas une menace simplement parce qu’elle est native. De nous deux, tu es le plus compétent pour... réunir, disons. »

    Sans mauvais jeu de mot. Il pouvait prendre le rôle de stabilisateur. Gabryel monterait vite dans les tons, partirait en besogne, il le sait, il connait ses propres limites. Si Samaël jouait le rôle de l’ambassadeur, ça serait plus simple et ça aurait plus de chance d’être un succès. Il finit par conclure :

    « Et puis, si la situation dégénère trop tôt... On peut envisager un Coup d’État. On a l’avantage de la force physique. On a l’armée. »

    Ça lui paraissait insensé et suicidaire, mais c’était probablement mieux que laisser les choses pourrirent jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien d’autres que de la poussière ?
    kyro. 017 ldd

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    avril
    1002
    Un dîner plus qu'imparfait
    C'est deux Généraux et deux Eossiens à un dîner...
    Raol n'a-t-iel vraiment rien à voir avec ça ?..
    Je ne serais pas aussi sûr que toi. On pourrait t'enfermer pour les mêmes raisons que moi à cause d'ellui, et tu le sais.
    Je ne voulais pas froissé mon ami. Je ne voulais pas non plus froisser Raol (incroyable mais vrai). Je suis juste réaliste. Il ne m'a jamais dit qu'il fréquentait un.e Eossien.ne. Pas qu'il doive tout me dire, mais je suis surpris, avec les conversations qu'on a déjà eu par le passé, qu'il ne m'en ait jamais parlé. Avec ce qui se passe en ce moment, je pensais d'ailleurs que justement la présence d'un.e natif.ve dans sa vie le ferait davantage réfléchir à ce qui est en train de se passer concernant la situation avec les millénaires. Alors il y a réfléchi, effectivement, mais on dirait qu'il ne veut pas trop se mouiller. Enfin, je ne comprends pas toujours ses propos. Il a parlé de la dangerosité, du fait qu'il ne voulait pas finir en geôle avec cette histoire... Mais malgré tout ça l'intéresserait quand même de rencontrer des Eclaireurs et maintenant c'est lui qui me parle de coup d'état ?
    Est-ce qu'il a raison ? Est-ce qu'une révolution est à prévoir ? Et... est-ce que j'ai déjà abandonné les lois de mon pays ?..
    J'ai du mal à le réaliser. Je ne m'en suis pas rendu compte, mais je suppose que ce n'est pas un hasard s'il me le dit. Peut-être que, inconsciemment... J'ai abandonné plus vite que je n'aurais pu le penser. Ce n'était pas l'intention. De base, je ne voulais pas nécessairement tout changer. Je voulais juste peut-être qu'on commence à se réveiller sur certaines choses comme ça m'est arrivé, comme moi j'ai pris conscience des injustices que les Eossiens pouvaient subir. Mais je n'ai jamais prétendu avoir la solution. Je désirais juste avoir l'avis de Gabryel sur tout ça, mais en fait c'est même encore mieux qu'il connaisse un.e natif.ve et qu'il en soit proche, à mon sens.
    Moi ? Réunir ?..
    L'incertitude me prend. Ce n'est pas mon objectif, et je doute que je sois vraiment apte à... "réunir", comme il dit. Je peine déjà à organiser un dîner entre plusieurs partis... J'ignore si je suis vraiment capable de rassembler des gens, même si l'idée qu'il s'est fait de moi à ce sujet me flatte un peu aussi quand même. Je finis mon assiette avant de reprendre une gorgée de vin. J'espère apaiser la tension que j'ai commencé à sentir avec mes propos. Je ne veux pas que ça se finisse mal ou envenimer une situation déjà épineuse.

    « A la place des Eclaireurs, je me méfierais de nous aussi. Mais s'ils sont témoins d'actes pouvant les convaincre... Alors peut-être. »

    Il y a des rumeurs, ici et là. Des Altissiens et des Caldissiens qui pactiseraient avec les Eclaireurs. J'ignore la véracité de ces dires, mais je sais aussi qu'il y a des gens des deux pays qui ont commencé à se lier plus étroitement avec des natifs, alors est-ce vraiment étonnant, au fond ?.. Mon regard se lève vers Gabryel. Je n'ai pas envie que notre relation prenne un coup après ce soir, mais ce qu'il a dit m'a donné un peu d'espoir.

    « Je ne veux pas te créer d'ennuis, Gabryel. Je ne t'obligerais jamais à me suivre, évidemment. Mais... »

    Mais peut-être que que nous n'avons pas des idées si éloignées, n'est-ce pas ?
    Je marque quelques secondes d'arrêt. Je dois peser mes mots, mais je ne peux pas ignorer ce qu'il vient d'avouer.

    « Est-ce que ça veut dire que tu es d'accord avec moi ? Si la situation dégénère, comme tu dis... Tu y prendrais donc part, à cet éventuel Coup d'Etat ? »

    Vraie question, pour le coup. Sans piège, ni rien. Je suis juste désireux de savoir ce qui se passerait si, effectivement, nous en venions à là.

    « Parce que si un jour on devait sauter le pas... Je ne compterais pas vraiment sur l'armée, à ta place. Même avec nos grades. Je ne sais pas... s'ils nous écouteraient nous plutôt que la reine et l'empereur. Mais peut-être aussi que je me trompe. »

    J'hésite en vérité. Il y en a beaucoup qui m'ont toujours écouté et qui, je sais, me respectent. Surtout les jeunes recrues qui me regardent avec beaucoup trop d'admiration pour ma simple personne. Ceci dit, Gabryel est beaucoup plus populaire que moi, alors il sait sûrement ce qu'il dit.

    ______________________


    Spoiler :

    Natsu et Sam by Coba <3

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    Je sens quelque chose noué dans mon ventre, quelque chose qui ne cesse de se comprimer jusqu'à en devenir douloureux. Comme si mes poumons se resserraient contre des épines qui les perçaient de toute part. C'est froid, glaçant. Et, en face, il y a cette frustration chaude et désagréable qui, petit à petit, se mue en quelque chose de plus fort encore. Je me suis volontairement mis à distance, mais... J'ai plus l'impression de subir leur conversation qu'autre chose. Et la manière dont Enodril nie mes propos me fait juste froncer davantage des sourcils. Il ne parle pas de traîtrise ? Mais même moi qui ne suis pas militaire, je réalise que sa seule façon de parler pourrait lui coûter sa tête si quelqu'un d'autre l'entendait. J'ai presque l'impression qu'il m'ignore, sur le moment, pour parler avec De Venomania comme si de rien n'était. Et à chaque fois, cela me fait encore grincer davantage des dents.
    Vous 'respectez' des adolescents ? Et pour quel fait d'arme ? Car ils ont eu la brillance de naître au bon endroit ?
    Peut-être que parfois, j'oublie volontairement qui il sert et pourquoi. En même temps, y penser maintenant est suffisamment désagréable pour que je me rappelle pourquoi je ne le fais pas, en temps normal. Ma prise se serre contre ma cuillère au fur et à mesure qu'ils parlent. Et sur le moment... Sur le moment, je trouve que De Venomania a raison. D'ailleurs, je ressens un pincement désagréable à la poitrine lorsque je réalise qu'il... Veut laisser Raol en dehors de tout ça. Qu'il a l'air plus agacé qu'autre chose qu'iel soit mêlé à ça. Mon regard s'abaisse un peu sur la table. Qu'est-ce que ça, ce sentiment pénible et froid dans le creux de ma poitrine... ?

    Je ne réagis pas lorsqu'il nous fixe en parlant des éclaireurs, d'ailleurs. Mais je crois que sur l'instant, je suis trop agacé pour réagir raisonnablement, et je lui adresse juste un regard noir qu'il n'a même pas mérité, pour une fois. Au moins, il a deux neurones et semble réaliser que si les éclaireurs acceptaient de les voir, ce serait surtout pour les mettre au bout d'une fourche. Je reste toutefois silencieux devant ce que je vois se figurer devant moi. Devant le plan qu'ils sont littéralement en train de poser sous nos yeux, comme si de rien n'était, comme si ils se retrouvaient seuls. Ma gorge se serre réellement lorsqu'il mentionne l'idée d'un coup d'état sans retenue. Mes épaules se crispent. Je ne mange plus, je ne bouge plus. J'entends distraitement, un peu comme si j'étais loin, soudainement, et ma tête tourne. La nausée me prend aux tripes. Enodril poursuit. Il est sérieux, je le sens. Le son de sa voix ne m'est pas désagréable en temps normal, mais ce soir, c'est différent. J'ai l'impression d'avoir déjà vu et entendu ce genre de ton.
    Il sonne comme...
    La pensée me vient. Me glace le sang. L'image d'Erys, brièvement, me passe par l'esprit.
    Il sonne comme un homme déjà mort.

    Les bougies autour de nous s'embrasent comme animée par une seule et même flamme. Je me redresse d'un coup net. Dans mon mouvement, ma chaise tombe derrière moi dans un bruit sourd. Mes griffes se plantent dans le bois vernis dans le table pour y laisser des traces profondes. Dans mon dos, ma queue bat l'air comme pour le fouetter. Mes crocs, pourtant, restent bien cachés. Le regard que je lance, planté dans celui d'Enodril, est feinté, brillant de colère et d'autres émotions qui se mêlent sans arriver à prendre le dessus pour le moment. De la frustration, de la peine, de la peur. Je préfère laisser parler celle d'entre elle qui me protège un peu.

    « Eh bien parfait, alors, courrez à la mort. Splendide ! »

    Le sarcasme dégouline de ma voix. Mais à quoi bon, après tout. Je dois avoir l'air pathétique, mais... Mais je crois que je m'en fiche. Qu'il se débrouille. Ce n'est pas mon problème. C'est ce dont j'essaie, en tous cas, de me convaincre pour maintenir ma posture et ne pas laisser ma voix craqueler comme elle aimerait pourtant le faire. Ma tête se détourne. Je regarde mon assiette à demie-vide dans laquelle je n'ai fait que déchirer des morceaux de viande depuis tout à l'heure. Mon regard se trouble un peu

    « Mais je crois qu'on vous dérange, non ? Vous êtes bien, entre vous. Ça serait bête qu'on vous dérange dans vos affaires de grands garçons, après tout. »

    Mon ton se fait venimeux. Je ne sais pas vraiment ce qui me prend. Je m'en fiche. Je ne veux plus y réfléchir, je ne veux pas y penser. Si j'y pense... Si j'y pense, il va falloir que je regarde en face ce creux glacé dans ma poitrine. Et je n'ai pas envie de le faire. Comme pour couper court à toute tentative de discussion ou quelconque autre connerie, mes pas me portent jusqu'à la porte et je la claque derrière moi, comme pour me défouler sur elle.
    Ça t'apprendra.
    Mais quoi, exactement ?

    ______________________

    Natsu grogne et fixe des fleurs en #8A4B08

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    Un diner plus qu'imparfait
    - avec Ouin-Ouin, Pignouf et le dragon


    La grenouille aurait préféré être sourde. Elle ne comprend toujours pas grand-chose au charabia des deux généraux. Comment la conversation en est arrivée là ? Les quelques bribes qui parviennent à ses oreilles sont suffisantes pour lui donner la nausée. La traitrise, déjà. Ensuite, collaborer avec les éclaireurs. Aller contre leurs souverains. Si ce n’était pas pour Gabryel, Raol se moquerait de tout ça. Malheureusement, toutes les actions énumérées par les deux généraux ne semblent, pour eux, n’avoir que deux issues possibles : l’exécution en place de grève ou un enfermement prolongé. Inutile de préciser que l’amphibien n’a pas vraiment envie de voir son ami finir comme leur ancien anachorète et certains éclaireurs.

    Mais… est-ce qu’il s’en fout, de ça ? Me dites pas qu’il pense sérieusement que ça vaudrait le coup de crever pour des plans aussi débiles ?!

    Enodril dit qu’il ne parle pas de traitrise, mais… alors, de quoi est-ce qu’ils parlent, au juste ? Raol ne connait pas grand-chose sur les lois Elysiannes, mais le caldissien lui en a assez dit.

    C’est bien lui, qui lui racontait que son propre père aurait pu le déshériter du fait de sa relation avec moi, non ?! Envisager de discuter les ordres de sa reine, collaborer avec les ennemis des armées elysiannes c’est quand même vachement plus compromettant que juste tripoter un eossien d’un peu trop près. Non ? C’est moi qui rate des trucs ou c’est eux qui sont dans un délire chelou ?

    Iel serre le poing pour ne pas trembler, quand son nom revient dans la conversation.

    « …J’suis là et j’vous entends. Abrutis. »

    Marmonne-t-iel en se contenant de toutes ses forces pour ne pas faire une scène à nouveau.

    Il dit que je n’ai… rien à voir avec ça ?! Il… il était content, pourtant, de dire à qui veut bien l’entendre que c’est grâce à moi qu’il a changé d’avis sur certains trucs ! Il est gonflé d’oser dire ça tout en m’observant en coin, comme si je devais lui dire ce que je sais sur les éclaireurs.

    Lea Zeteki émet un grognement de frustration et reprend ses distances de son amant. Iel est bien content que Gabryel lui ait lâché la main, car iel aurait eu momentanément envie de lui broyer les doigts. Et enfin… voila que Gabryel parle carrément de Coup d’Etat. Raol sent sa respiration se suspendre à nouveau. Est-ce que le caldissien se rend compte que cette idée n’implique rien de bon ? Pas que Raol ne veuille voir le gouvernerment Elysian tomber et que les envahisseurs se barrent, hein. Mais, le rôle de Gabryel dans tout ça…

    Je pensais qu’il blaguait juste pour me faire des déclarations culcul quand il disait qu’il voulait être roi, moi ! Pas qu’il voulait vraiment risquer sa vie pour prendre le contrôle du pays et…

    La mort ou un changement radical, donc. Et encore… si c’était si facile. Les problèmes d’un pays en pleine crise ne saurait être réparés juste par un Coup. Ce serait probablement l‘inverse, même.

    Eh ben, c’est génial, tout ça.

    En dirigeant son regard vers l’autre côté de la table, où est encore assis Natsume, Raol constate que le dragon est dans le même état qu’ellui. Iel est tenté d’ouvrir la bouche pour demander à son ancien « camarade » s’il se sent bien, mais rien ne vient. Sa gorge est serrée et voir que l’autre eossien est dans le même état lui enlève temporairement la force de dire quoique ce soit.

    Mais au moins… je suis pas fol ou débile. Lui aussi, il doit penser que ça devient malsain.

    La grenouille ne peut s’empêcher de sursauter quand Natsume se redresse brusquement, visiblement ivre de colère. Iel n’a pas souvenir de l’avoir déjà vu ainsi. De l’avoir déjà vu…

    …exprimer son ressenti aussi frontalement ?

    Ses mots frappent juste. Retirent à Raol ce qu’iel aurait voulu formuler ellui-même. Lea Zeteki se sent à la fois soulagé et encore plus mal. Car, iel a constaté la même chose. Gabryel et Enodril sont prêts à mourir pour… pour quoi en fait ? Ils n’ont même pas de plan concrêt. Ils n’ont rien. Mais ils envisagent déjà de mourir. Natsume a raison de quitter la table et de claquer la porte. Et encore, Raol le trouve patient. A sa place, iel aurait déjà jeté tout le monde dehors en hurlant.

    Ça ne sert à rien de parler aux deux autres couillons, de toute façon, ils finissent toujours par régurgiter leurs grands projets suicidaires à deux sicams.

    « …Bien dit. »

    Après un bref silence, Raol se redresse et soupire longuement, sans dissimuler son exaspération. Ses pupilles, de nouveau allongées et tranchantes, se fixent sur le visage d’Enodril en premier.

    « ‘Devriez vous limiter à écrire des poèmes nuls. Ça sera mieux pour tout le monde. »

    Oui, c’est un peu gratuit et pas franchement glorieux.

    Mais bon. Avouez qu’écrire des poèmes finis à la pisse, ça reste mieux que, par exemple… se suicider dans un Coup d’Etat désespéré. Quoique… encore faudrait-il voir la tronche des poèmes.

    De toute façon, ce qui préoccupe le plus Raol, actuellement, c’est Gabryel. Sans tarder, iel se tourne vers le caldissien. Même s’iel est en colère, son regard est plus las qu’autre chose. La grenouille se surprend lorsqu’elle réussit à formuler des phrases presque cohérentes.

    « Et toi, ça a l’air de te plaire de décider à ma place et de parler de moi comme si j’étais pas dans la pièce. Ça vaut bien la peine de me demander de rester pour ça, hein ! »

    Maintenant qu’iel est parti pour rester, Raol ne va pas se gêner pour monopoliser la parole à nouveau.

    « T’émets l’idée de conspirer… et moi, je dois faire comme si ça me concernait pas, si tu crèves ou que tu te retrouves en prison jusqu’à ta mort ?! »

    J’aimerais que ça ne me regarde pas. Ce serait peut-être mieux que ça me fasse rien… ? Non. Je l’aime, cet abruti. Evidemment que ça me regarde juste un petit peu. J’ai le droit de pas être d’accord avec ses plans suicidaires. Si je prétends l’apprécier à ce point, ce serait encore plus malsain que je le laisse faire, non… ?

    « Ça vous donne des rêves mouillés, l’idée de crever sans penser à vos proches, tout ça pour des plans foireux ? La mort d’Erys et de pleins d’autres, ça vous a pas suffi à comprendre que se sacrifier, ça sert à que dalle ?! »

    Et c’est moi qui dit ça. Je suis la personne la moins bien placée du coin pour reprocher à d’autres leurs envies de se sacrifier pour arranger les choses. Ou de tuer une personne au hasard en pensant que ça va changer quoique ce soit. Mais bon, comme ma mort ne changera rien… pourquoi la leur ferait plus de différence ? Ce n’est pas parce qu’ils avaient un super plan héroïque secret qui les y conduit et qu’ils ont participé à arranger les choses que ça va changer quoique ce soit. Ça ne laissera rien d’autres que de la douleur et des regrets.

    « J’vais tout arrêter. »

    « Personne te regrettera »


    Iel a tellement entendu cette phrase. Avec les années, après avoir ellui-même traversé des envies suicidaires, Raol a bien compris qu’Akiya ne faisait que lui projeter son propre ressenti à la face. Est-ce qu’Akiya s’est tué avec la conviction que sa mort allait changer quelque chose ? Ne serais-ce que punir sa propre famille ou… mourir avant de craquer… ? Avant que tout le monde ne découvre qui il était réellement ? Si c’est le cas, il a réussi son coup. Aujourd’hui, il y a encore des gens pour parler de lui comme un eossien, un camarade des plus estimables. Quand ils pensent à sa mort, les gens pensent juste « ah c’est dommage, tout de même ». Peu importe le ressenti… tout ça sera oublié un jour. La mort d’Akiya a peut-être soulagé Raol, mais n’a rien réparé. Au contraire, même. Alors, iel ne veut même pas imaginer ce que ça ferait, de perdre pour toujours une personne qu’iel aime, comme Gabryel ou Ziyal.

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    Dîner avec le chien, le dragon et la grenouille

    Gabryel poussa un long soupir, las. Il faisait tout ce qu’il détestait. Parler politique, parler pour ne rien faire, parler dans le vide. Il roula des yeux, vidant son verre d’eau d’une traite, les yeux perdus dans la décoration altissienne. Peut-être, mais, pas d’ennuis, est-ce que, peut-être... Il écoutait, haussant mollement des épaules. Cela ne servait à rien d’en parler autour des deux volcans à leur côté. Il avisa Raol, se demandant s’il lui dirait si un jour il décide de faire face à tout ça. Pour le moment, il réfléchissait. Il fallait trouver le bon moment, le bon endroit, avoir des informations... Quelque chose de renversant. Saisir une opportunité. Voire même la provoquer... Gaby allait répondre, mais un certain dragon semblait fulminer. Le caldissien haussa un sourcil, jetant une œillade à Samaël. Il se fichait un peu de ce que pouvait dire Natsume. Il croyait quoi ? Que tout se réglerait sans violence, sans risque ? Naïf. Crédule. La nymphe, elle, n’y croyait plus. Ce peu d’espoir d’une paix soudaine s’était envolé. Ou plutôt il avait pris feu. Néanmoins, il resta silencieux face à son départ, grimaçant simplement au bruit de la porte qui claque.

    Ce à quoi il ne s’attendait pas, c’était que Raol prenne son parti. Il ne comprenait plus rien. Le regard accusateur et ennuyé de saon ami.e l’agaça un peu plus. Lea prenait donc-t-il pour un enfant ? Exaspéré il poussa un nouveau soupir. Pourquoi ne voulaient-ils pas juste... coopérer pour une fois ? Pourquoi il fallait toujours qu’ils compliquent les choses ? Gabryel empoigna la bouteille de vin pour remplir son verre et prit une longue gorgée. Pourquoi ils s’étaient tous alliés contre lui ce soir ? Entre Enodril et ses piques, le dragon aussi muet qu’une tombe et maintenant ellui ? Iel était au courant. Il lui avait déjà dit maintes fois : il donnerait sa vie pour son royaume. Iel pensait que c’étaient de vaines paroles ? Iel s’était trompé.e lourdement. Gabryel se leva, son verre à la main, le regard foudroyant. Il était en colère parce qu’il se sentait pris au piège. Peu importe ce qu’il allait dire, ça ne plairait jamais. Pourquoi était-il ici ? Il est cerné. Ils sont TOUS contre lui. Son ivrogne de paranoïa le fit rire jaune et il s’éclaircit la gorge :

    « Décider à ta place ? Moi ? Jamais Raol. Tu fais ce qui te chante et tu le sais très bien. Pardon d’avoir voulu rectifier les dires de Samaël qui te désignait en simple “sujet”, mais si tu aimes être qualifié.e comme la raison de ma rédemption, soit. »

    Il but une énième gorgée, ne laissant plus qu’un fond ridicule. La suite des paroles de la grenouille acheva de le rendre colérique. Il contenait sa tension depuis le début de ce maudit repas !

    « C’est quoi ton problème ? T’es jamais content.e. Je suis les ordres, ça te saoule. Je veux me rebeller, ça te saoule. Je suis censé faire quoi ? Rester là à ne rien faire ? Attendre que ça finisse en guerre totale ? » Il lea dévisagea. « Tu ne me connais pas. Je ne mourrai pas comme un vieillard dans mon fauteuil, priant la mort ! Si je meurs, autant que ça ait servit à quelque chose. Tu devrais saluer ça. La plupart sont des lâches ! Ils suivent aveuglément ! Ils mourront pathétiques. PAS MOI. »

    Finit-il par crier, sa voix se cassant un peu.

    « Penser à nos proches ? Tu oses me dire ça, à moi ? »

    Il n’avait plus rien. Et le peu qu’il lui restait, il voulait les protéger. Il n’y avait pas dix mille façons. Ça ne sera pas un suicide collectif, ni un sacrifice inutile. Ça sera bien plus. Il s’assurera d’emporter avec lui la raison de ces agitations. Il finit son verre, le posant suffisamment violemment pour provoquer un bruit fort. Il toisa Raol, conscient qu’iel devait le détester à cet instant.

    [color=#ff99cc]
    « Mes proches meurent, petit à petit, les uns après les autres, à cause de ce qu’il se passe. Je refuse de te voir périr en sachant que je n’aurais rien fait pour empêcher ça. Je te demande de nous faire confiance, une seule fois, et tu en es incapable. As-tu ne serait-ce qu’un instant cru en moi ? Ou est-ce que tu te moquais de moi ? »

    Il n’attendait aucune réponse et se contenta de secouer la tête de droite à gauche, l’air profondément blessé et surtout très énervé.

    [b][center]« T’es dans ma vie quand ça t’arrange. Des bains, de la nourriture, de la chaleur, des cadeaux... Dès que ça s’envenime, tu fuis. Je pensais qu’on ressentait les mêmes choses, mais apparemment j’avais tort. La prochaine fois, au lieu de me gueuler dessus comme à chaque fois que t’es un brin contrarié.e, mesure tes paroles. Et pitié, arrête de remettre la faute sur moi, j’en ai assez bavé. »

    Il savait que ce n’était pas juste. Il savait qu’il regretterait. Bien sûr, il savait. Mais il en avait assez. Il était épuisé. Il en avait marre. Il voulait juste respirer. Il lui fallait de l’air, et vite. Il tourna les talons, lançant une dernière réplique pour Samaël.

    « On en reparlera plus tard. Je suis d’accord avec toi. J’y prendrai part. Qu’on le veuille ou non, cette ville finira à feu et à sang. Et on finira tous par mourir si personne n’agit. »

    A son tour, il claqua la porte derrière lui, s’engouffrant un peu plus loin dans l’obscurité. Il tentait de reprendre son calme. Mais il n’arrivait plus à respirer. Il étouffait. Il tentait tant bien que mal de reprendre son souffle, mais il n’y arrivait pas. Sa gorge était comprimée. Son estomac complètement tordu. La panique le saisit brutalement, sans qu’il ne s’en rende compte. Avait-il peur des conséquences ? Avait-il peur d’agir véritablement ? Il ne savait pas. Il était perdu. Pris d’une sensation de malaise, il s’assied par terre, les jambes contre son torse, la tête fixant le sol. Il priait pour que ça s’arrête. Qu’on le laisse enfin en paix. Il voulait juste... un peu de calme.
    kyro. 017 ldd

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    avril
    1002
    Un dîner plus qu'imparfait
    C'est deux Généraux et deux Eossiens à un dîner...
    Il est vrai que j'avais senti, en fond, des vagues légères mais bien présentes d'un ressentiment qui se faisait de plus en plus fort. J'ignorais sans doute volontairement d'où elles provenaient et surtout pourquoi. Je ne comprenais pas ou ne voulais pas comprendre. Ce n'est que trop tard que j'ai réalisé que je ne prenais sans doute pas assez en compte l'avis de celui dont j'attendais le plus l'opinion, en fin de compte. Lorsque Shimomura se lève brusquement, je me surprends à sursauter. Sa chaise tombe sur la pierre froide qui constitue le sol, mais ses yeux s'embrasent en ma direction avec un panel d'émotions qui me figent instantanément. Il est furieux. Contre moi, je le devine. Je déglutis en silence même si ma poitrine s'est gelée et qu'elle est transpercée d'un coup. C'est l'une des premières fois qu'il parle à ce dîner, la première où il s'exprime réellement et laisse exploser ce qu'il refoulait jusqu'à présent. Je n'arrive pas à saisir sur le moment ce qui l'a tant agacé. Ou du moins, je le saisis mal. L'idée de le rattraper aussitôt me vient, mais ce sont les deux autres protagonistes qui prennent à leur tour la parole. Raol, d'abord, qui se faisait aussi discret.e que son compère Eossien, approuve les dires de ce dernier. Je ne proteste pas quand il aborde mes poèmes (moi qui pensais qu'iel avait oublié), car sur le coup, de toute façon, je commence à avoir des regrets. A ma grande surprise, néanmoins, la grenouille jette son dévolu ensuite sur son propre compagnon.
    Bien sûr que ça lea concerne. Je ne sais pas comment Gabryel a pu penser l'inverse.
    Et si je réfléchissais deux secondes, je verrais que je fais la même chose avec le moine : que je ne prends pas en compte ce qu'il peut penser de tout ça, car je ne me permets pas d'imaginer qu'il puisse être inquiet à mon égard. Je n'ai pas parlé de me sacrifier ou quoi mais... Je suppose que c'était un implicite indirect dans mes propos. Je n'ai pas envie de mourir, pas tout de suite. Je parle probablement de tout ça de manière trop légère, cependant, il est vrai.
    Erys ne s'est pas sacrifié.e. Iel n'a pas eu le choix.
    Il fallait qu'on trouve un coupable. Iel était tout désigné.e et ça nous arrangeait bien, Altissiens et Caldissiens, d'avoir un nom et une tête à mettre sur nos maux à cette époque. Mais même à ce moment-là, je n'étais pas sûr que nous faisions vraiment le bon choix. Des mois plus tard et nos morts ne reposent toujours pas en paix.

    Le dîner se transforme peu à peu en scène de ménage. C'est à ce moment-là que je me rends compte que Gabryel a d'ailleurs peut-être davantage bu que je ne le pensais. Il se défoule à présent sur Raol en déversant sur ellui un mélange de peine et de colère, peut-être aussi un peu de peur quelque part. Celle de ne pas vivre comme il l'entend, d'avoir une vie longue et ennuyeuse quand il pourrait faire des choses grandioses. C'était lui le plus tâtonnant au sujet d'une potentielle "rébellion" jusqu'à présent mais on dirait que la donne a changé et qu'il est plus sérieux que jamais, ou alors est-ce l'émotion de l'instant qui le rend si fier et si ardent dans ses paroles. Comme un idiot, je ne peux que suivre leur échange, sans prononcer un mot par crainte que cela ne rend Gabryel plus colérique encore. Je crois que je ne l'avais jamais vu sortir de ses gonds à ce point.
    Il a peur.
    C'était logique même avant, mais cela ne m'apparaît que plus clairement ce soir. Le Général, je le sais, a perdu son père et son grand-père dans des laps de temps très courts. Beaucoup de pression est retombée sur les épaules de Gabryel qui a dû prendre les rênes à leur suite alors qu'il ne s'y sentait peut-être pas prêt. Il est possible que ces décès (et possiblement d'autres que j'ignore) ont ravivé chez lui cette fougue et cette excitation qui le rendent agité face à ces sujets-là. Puis au final c'est toute sa relation avec Raol qu'il remet en question. Je demeure éloigné de tout ça, n'osant pas faire un seul geste, jusqu'à ce que le nacré ne décide finalement à prendre la porte.
    Pas encore !

    « Non, ce n'était pas... »

    Mais il s'en va en claquant à son tour la porte, en approuvant une ultime fois des paroles que je n'ai pas totalement confirmées non plus. Ce n'étaient que des hypothèses, rien d'autre. Je n'aurais jamais pensé qu'il puisse prendre cela tant au sérieux alors que nous n'avons fait que poser des mots.
    Le silence est définitivement retombé. Un long soupir m'échappe. Me voilà seul avec Raol. J'ai bien remarqué comme iel pouvait savoir l'ouvrir aussi, mais iel a l'air aussi fatigué.e que moi. Pour une fois, ce n'est pas de la rancœur ou de l'appréhension que je ressens à son égard. Je suis embêté et un peu attristé par la tournure des événements.
    Ça ne devait pas se passer comme ça.

    « Je... Je suis désolé, pour la mauvaise ambiance. Je voulais essayer d'aider un peu, mais... Ça ne s'est pas passé comme je l'espérais. »

    Je commence à ranger les assiettes creuses même si le vide dans ma cage thoracique s'est fait plus grand que jamais.

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    Spoiler :

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    Un diner plus qu'imparfait
    - avec Ouin-Ouin, Pignouf et le dragon


    Evidemment, que Gabryel n’allait pas bien le prendre. Néanmoins, Raol penserait que le caldissien se contenterait de bouder, protesterait peut-être un peu, puis détournerait la conversation sur autre chose. Un prout, ou une blague nulle comme ça lui arrive d’en faire. Lea Zeteki fut pris de court par la violence des propos de son ami. L’alcool joue bien sûr un rôle dans le fait que le Venomania n’ait pas l’air de s’écouter parler. Mais, ivre ou pas, la grenouille durcit son regard et ne quitte pas la nymphe des yeux, tandis que celle-ci se lance dans un nouveau monologue. La manière dont Gabryel continue de s’alcooliser avec quelque chose que l’amphibien perçoit comme un espèce d’air de défi… ça lea dégoutte et l’énerve. Ça lui fait mal. Ça lui fait peur. Raol se retient de répondre en criant de plus belle à chaque nouvelle pique du caldissien. Mais en voyant Gabryel enchainer les gorgées de vin pour se donner plus d’inspiration afin de cracher des horreur, iel voir bien que répondre serait une perte de temps et d’énergie. Que ça ne ferait qu’envenimer les choses. Vingt ans d’expérience à s’occuper d’un parent alcoolisé presque tous les soirs lui a bien fait comprendre que confronter quelqu’un dans cet état n’apporte jamais rien de bon. Iel a appris à supporter ces scènes en étant impassible (du moins, vu de l’extérieur). Sans rien dire. En se distançant, froidement. Gabryel, comme Akiya à l’époque, lui fait pitié.

    C’est pathétique d’en arriver là. Qu’est-ce que… pour une fois, je sais pas ce que j’ai dit de mal. C’est… il n’envisageait vraiment pas que je m’oppose à l’idée qu’il se fasse du mal ou se tue ?!

    Ça lui fait peur, de voir son ami se détruire comme ça. Là, assis à un petit mètre de lui. Raol s’y connait bien en sabotage. Combien de fois est-ce qu’iel n’a pas fait la même chose avec ses relations ? Même avec Gabryel. Les mots du général lui font tout de même mal. A quoi est-ce que leurs dernières discussions ont servi ? Iel a l’impression désagréable que pour un pas fait vers l’avant, iels en font trois vers l’arrière juste après. Raol n’est pas un exemple de communication saine, mais, il y a certaines choses qui vont au-delà de sa tolérance. Des choses qu’iel n’oserait jamais… dire, ou faire à quelqu’un d’autre.

    Jamais j’aurais… jamais je me serais permis de faire la leçon à Gabryel sur son deuil. Ou de me moquer de sa peine d’avoir perdu des proches… même si ceux-ci étaient des sales merdes.

    « … Arrêtes. J’ai jamais dit-- »

    Ça n’a rien à voir avec le fait que je croie en lui ou non je—je ne veux juste pas qu’il se blesse ou qu’il meurre ! C’est peut-être un peu idéaliste, mais est-ce que c’est vraiment trop demander ?!

    Iel passe très près de craquer à son tour. Puis réalise que ça ne sert à rien. Iel se tait. L’orage doit passer. Mieux vaut ne rien dire et encaisser. Ne pas encourager Gabryel à continuer, mais tout de même soutenir son regard.

    Qu’il voit l’effet de ses paroles sur moi.

    Ses yeux momentanément humides. Son expression crisper pour ne pas céder aux pleurs ou à la rage.  Gabryel ne doit pas en rater une miette, même si… même s’il ne fait probablement pas attention à Raol, actuellement. Il est juste saoul. Il veut cracher son malaise. Il veut raconter sa douleur qu’il juge plus importante que celle des autres à qui veut bien l’entendre. A chaque fois que le violet termine une nouvelle tirade, Raol est sur le point de négocier, d’accorder son pardon sans condition. Mais, dès que ça recommence, iel se rappelle qu’iel doit graver ça dans sa tête. Qu’iel ne peut pas oublier. Qu’iel ne doit plus laisser ça passer.

    Il va se lasser lui-même, gerber un coup et après il ira dormir tout seul dans son coin. Ça le saoule, que je m’inquiète pour lui et que je le contredise ? Que je lui annonce que je refuse qu’il risque sa vie comme si c’était la seule solution pour changer les choses ? Il pense qu’il est le seul à souffrir dans la pièce, maintenant ? Qu’avoir perdu ses proches justifie de se comporter comme une merde ? Son petit égo blessé est plus important que le malaise des autres… ? Très bien. Que ce bébé capricieux aille chialer seul dans son coin, alors. Je ne vais pas lui courir après.  

    « Très bien. La prochaine fois, tu te contenteras d’une plante verte, alors. »

    Sa poitrine lui fait mal lorsqu’iel prononce ces mots. Non, iel ne veut pas dire que c’est terminé. Mais… est-ce qu’iels vont vraiment quelque part, vu comme ce « dîner » se termine… ?

    Ce n’est… qu’une mauvaise soirée, pas vrai… ?

    La vérité, c’est qu’iel n’en sait rien. Probablement qu’iel ne connais pas assez Gabryel pour en juger. De toute façon, pour le moment, c’est inutile d’essayer de parlementer. Raol sait très bien comment ce genre de scènes se terminent. Si Gabryel veut se ridiculiser jusqu’au bout, alors, qu’il le fasse.

    « J’ai assez reçu de leçons de vie de la part d’un type obligé de se bourrer la gueule pour encaisser la moindre contradiction. »

    Le ton de Raol parait calme de l’extérieur. Vidé en dedans, iel n’arrive qu’à formuler de plates réparties, pressant presque le général de sortir. C’est d’ailleurs ce qu’il finit par faire, non sans réitérer son désir de persévérer dans ses plans suicidaires. Raol baisse finalement la tête lorsque son comparse quitte la demeure. Iel pleurera une fois rentré à la maison. Ziyal… Ziyal comprendra, n’est-ce pas ? En fixant le sol, la grenouille prend un moment dans l’ambiance devenue encore plus lourde de la maisonnée. L’eossien en oublie momentanément qu’iel est désormais seul avec Enodril. Ce n’est que lorsque ce dernier s’excuse qu’iel se rappelle sa présente. En se levant péniblement, la grenouille imite son hôte et commence à ranger la table.

    « Où est-ce que je range la marmite ? »

    Dit-iel, sans répondre tout de suite aux dires de l’altissien. Quelques longues secondes passent avant qu’iel n’ose parler à nouveau. Sa gorge lui fait mal. Sa voix est lasse, et iel doit lutter pour qu’elle ne se brise pas.

    « …C’est aussi ma faute. »

    Je n’ai pas ma place ici. Depuis le début, je le savais. Mais je pensais pas que ce serait Gabryel qui me le rappellerait. Je pensais… qu’en sa présence, ça se passerait bien.

    « J’aurais pas dû venir. Je le savais dès que Gabryel m’a proposé de l’accompagner. Mais… vous savez ce que c’est, quand on veut faire plaisir à quelqu’un qu’on— qui est spécial à nos yeux. »

    Raol a parlé d’une voix monotone. Iel ne dit pas ça pour se confier à l’altissien ou attirer de la pitié. Iel ne regrette même pas vraiment d’être venu ou d’avoir saboté l’ambiance. L’amphibien est presque soulagé de se dire que sans ellui, ça ne se serait probablement pas mieux passé. Mais, par-dessus tout, la grenouille se sent complètement ne sait plus où elle en est.

    A quoi ça sert de faire tant d’efforts, quand ça se termine comme ça… ? J’ai pas envie que ça continue ainsi avec Gabryel… ? Tant qu’il continuera à boire comme ça à chaque contrariété, on ira nulle part. Et je peux… je peux pas l’aider s’il ne souhaite pas changer.

    …je peux pas rester avec quelqu’un qui est dans cet état dès qu’on est plus seuls tous les deux. Et ça vaut aussi pour moi et pour mon comportement.


    L’eossien soupire en continuant à ranger machinalement. La situation est déjà assez gênante comme ça. Et le lourd silence qui envahit l’habitacle n’aide absolument pas.

    « Euh…Vous devriez peut-être aller voir comment se porte Natsume, non ? »

    Merde. Je suis… inquiet ? C’est stupide. Je n’ai pas plus envie que ça de voir sa tronche, à ce dragon de malheur. Mais je veux pas non plus qu’il se fasse du mal pour les bêtises de ces deux abrutis de généraux. Je… compatis, je crois. Même si j’en veux à Gabryel… s’il n’avait pas explosé comme ça, je pense que j’aurais voulu le voir. Qu’il me rassure. Qu’il me dise que j’ai le droit d’être contrarié. Qu’on peut en parler, même si on n’est pas d’accord.

    « Je suis d’accord avec ce qu’il a dit, mais, vous savez comme moi qu’il peut parfois se mettre en danger pour les autres. Et… je crois qu’il n’a pas beaucoup d’autres personnes à qui… enfin. »

    J’aurais jamais imaginé Natsume vivre avec quelqu’un un jour. Je me suis toujours dit qu’il finirait seul, comme moi. S’il a accepté de vivre ici, c’est qu’il doit avoir une certaine confiance en Enodril et l’apprécier réellement, non… ?

    Qu’est-ce que tu baves, Raol, t’en sans rien ! Tu projettes juste ton propre fantasme. Tu projettes la manière donttu aurais voulu que les choses se passent.

    Je suis vraiment débile.


    « Le... le repas était plutôt bon. »

    Non, elle a pas vraiment trouvé mieux, la grenouille. Même si elle le pense.

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    avril
    1002
    Un dîner plus qu'imparfait
    C'est deux Généraux et deux Eossiens à un dîner...
    « Les marmites ici. »

    Je lui désigne les placards adéquats, alors que l'ambiance est retombée. C'est drôle, je n'aurais pas cru que ce serait avec Raol que je finirai la soirée. J'aurais plutôt cru que je l'énerverais tellement qu'il finirait par s'en aller, mais iel est assez calme ; bien plus que tout à l'heure. Même un idiot comme moi comprend aisément que ce qui s'est passé avec Gabryel l'a pas mal perturbé ; et je peux saisir. J'ignorais toutefois que la grenouille s'en voulait. J'ai senti néanmoins, comme iel le raconte, que son invitation à venir a été plus qu'imprévue même pour ellui. Gabryel a dû insister. Cela ne me dérangeait pas, en soi, quand bien même j'aurais préféré qu'il me prévienne avant.
    Quelqu'un qui est spécial à nos yeux...
    Je connais mal Raol hormis la petite... expérience qu'on a vécu il y a plusieurs mois, mais même moi je perçois clairement chez l'Eossien.ne l'affection qu'iel réserve à Gabryel.
    Tu as quelqu'un qui tient autant à toi et tu lui tournes le dos ? T'es un idiot, Gaby.
    Mais au fond... n'ai-je pas un peu fait la même chose sans m'en rendre compte ? C'est le moine qui est délibérément parti de cette table, mais j'avais l'impression d'avoir dit une bêtise, quelque chose qui l'aurait énervé sans que je ne m'en rende compte. C'est de lui que Raol me parle d'ailleurs, me conseillant d'aller le voir. Je hoche de la tête. Oui, c'était une évidence, j'allai finir par aller le retrouver. Je sais qu'il est parti dans les rues de la ville, à une heure où il fait si noir qu'un malheur est si vite arrivé pour qui ne prendrait pas garde. Je ne pense pas que ça arrivera à l'éoniste, mais je ne suis quand même pas rassuré à l'idée qu'il se balade ainsi dehors en pleine nuit, et j'ai besoin de lui parler.
    C'est vrai. Il a toujours été plutôt isolé. C'est ce que Daichi m'avait plus ou moins raconté.
    Et... Je l'ai senti, aussi. Il est pourtant toujours très volontaire pour venir en aide aux autres, comme il l'a fait de nombreuses fois avec moi par le passé. On se l'est dit mutuellement : nous ne sommes plus seuls. L'un comme l'autre, nous avons quelqu'un sur qui compter, à qui faire confiance, à qui on peut parler. Peu importe s'il ne partage pas mes sentiments ; ça n'a pas d'importance tant qu'il est heureux et qu'il sait que je suis pour lui une oreille qui sera toujours attentive.
    Je suis surpris par l'énonciation du repas. Me voilà à scruter la grenouille comme si j'avais mal entendu ce qu'elle avait dit. Face à ses efforts, et malgré notre passif, je ne peux que l'imiter.

    « Je lui dirai, alors. »

    J'esquisse un sourire doux avant de terminer de ranger les couverts en faisant le moins de bruit possible. L'heure est au calme, à présent. Ne manque plus que j'apaise le moine car je pense que pour Gaby, il n'y a pas grand chose à faire, à l'heure actuelle.

    « Vous vous connaissez plutôt bien en réalité, n'est-ce pas ? Bien plus que ce que vous avez laissé paraître ce soir. »

    Les liens entre Raol et Shimomura, je les ignore, mais iel semble suffisamment bien le connaître pour savoir des choses intimes sur lui. Cela correspond ironiquement au cliché de Venomania, pour le coup, hé. Je sais que tous les natifs ne se connaissent pas, évidemment, mais la situation est drôle. Enfin, drôle... Actuellement l'ambiance est pas trop rigolote, malheureusement, mais je me détends déjà progressivement, même si mes pensées sont toujours tournées vers ceux qui nous ont quitté ce soir.

    « Gabryel... C'est vrai que... vous avez l'air de beaucoup compter pour lui. Je suis sûr qu'il finira par réfléchir à ses propos de ce soir. »

    J'aimerais... rassurer Raol (c'est étrange à dire), mais en vérité, je ne sais pas ce qu'il doit penser, là, tout de suite. Gabryel est imprévisible, après tout. Ce qu'il pense de la grenouille était toutefois très clair, et je l'ai perçu (bon, je l'ai vu, aussi, mais ça c'est autre chose). Même si leur affection débordante en public est une chose gênante, il ne considère pas Raol comme n'importe qui ; comme une simple personne avec qui il aime s'amuser. Raol est important à ses yeux, et il me l'a fait bien savoir. C'est pour ça que je pense que ça se finira bien pour eux malgré tout.
    Je prends congé de l'ultime convive qui restait encore pour rattraper le hérissé. Il n'était pas bien loin et de toute façon, avec mon flair, je pourrais le retrouver n'importe où.

    « Natsu-... Shi-Shimomura. »

    Ma poitrine bat un peu plus fort sous le coup de la nervosité. J'ai peur de dire quelque chose qui envenime la situation. Je veux juste comprendre ce qui l'a mis en colère et ce que je peux faire pour que ça s'arrange.

    « Ne vous inquiétez pas, si c'est ce qui vous fait peur, je... je ne vous mettrai jamais en danger, peu importe ce qui se passe. Je ne veux pas que vous ou... ou d'autres Eossiens aient des ennuis à cause de moi. »

    Cette histoire de coup d'état, de toute façon, je n'y crois pas. Du moins... Il n'y a aucune raison d'y croire pour le moment. Mais bien sûr, quoiqu'il arrive, cela ne devra concerner que moi et moi seul ; je ne veux pas embarquer des innocents dans une histoire comme celle-ci. Je peine à saisir, justement, que là est tout le problème.

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    Natsu et Sam by Coba <3

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    Mes pas m'ont fait marcher jusqu'à ce que je sois trop fatigué et agacé pour continuer. J'ai tourné en rond dans le quartier jusqu'à ce que, au détour d'une ruelle, je ne finisse par m'adosser contre un mur pour y glisser. La végétation derrière me dissimule au moins un peu, assez en tous cas pour que je n'attire pas les regards, même si il fait bien trop sombre pour qu'on ne me distingue pas au loin. De toute façon, je n'ai même pas l'esprit d'y réfléchir. La respiration courte, la poitrine comprimée autour d'un pic de glace brûlant, je reste là pendant un petit moment, le regard dans le vague et ma queue nouée autour de ma taille dans une maigre tentative de réconfort. Je ne l'avais plus fait depuis longtemps. Je crois... Que je n'avais pas ressenti ce genre de choses depuis.... Depuis toujours ? Je ne sais pas. La colère, je connais. Je me sais être un véritable nœud d'émotions, plus souvent négatives que positives. Mais cette forme de colère-là, je ne la connaissais pas. Je ne la comprends pas. Elle est plus... Douloureuse qu'autre chose. J'ai les yeux humides, la poitrine serrée, la gorge nouée.
    Tout ça à cause de...
    L'admission n'est pas totalement vrai. Pour autant, il y a du vrai et j'en suis moi-même déconcerté, ne comprenant pas comment je peux être dans un état pareil. Pourquoi je n'arrive pas, surtout, à être dans un état différent. À m'en ficher. C'est... Rigoureusement impossible.

    J'oublie le temps qui passe. J'oublie les minutes qui se suivent, n'écoute plus vraiment les bruits de la ville la nuit. Ce n'est que lorsque j'entends une voix familière à mes oreilles que mes muscles semblent répondre, se crispant brièvement. Pas de peur, toutefois. Plus... D'une tension qui ne m'a pas quitté, depuis tout à l'heure. Je ne suis pas surpris qu'il soit venu me chercher. Quelque part, peut-être que je m'y attendais. Que j'attendais qu'il vienne s'excuser ou... N'importe quoi d'autre, à vrai dire.
    N'importe quoi qui ne soit pas ce qu'il est en train de me dire. Le feu dans mes tripes semble gonfler encore, mes poings se serrent. Je sens mon cœur qui tape dans ma poitrine, mes poumons se comprimer à nouveau. C'est comme une nausée qui me prend violemment à la gorge, un vrombissement qui s'agite dans mon ventre. Il ne veut pas 'me' mettre en danger... Mon visage se relève, les crocs dehors, l'expression furieuse.

    « Mais je m'en fiche, de ça, espèce de triple connard ! »

    Je me fiche, au fond, peut-être un peu du danger qu'il ferait courir à moi et aux autres. L'aveu me couvrirait de honte à un autre moment. Mais je crie. Peut-être un peu trop. Peut-être pas avec autant de colère que je ne l'aurais voulu, toutefois. Peut-être avec plus de faiblesse dans la voix ; comme mes pas qui me rapprochent jusqu'à ce que je finisse par me planter devant lui, le regard humide et rouge de ce que je voudrais n'être que de la fureur. Je m'en fiche. Je m'en fiche, car ce qui me terrorise est tout autre ; c'est ce qui m'a gardé éveillé plusieurs nuits déjà au cours des dernières semaines. Je le cache, je le retiens. Mais cet imbécile a l'audace de ne pas le comprendre. Ma colère est injuste mais elle est désespérée, peinée et proprement irrationnelle.

    « Vous voulez que je vous enterre ?! C'est ça, que vous attendez de moi ? Que je l'accepte sans rien dire ?! »

    Je vocifère, je veux beugler, me faire plus grand et imposant que je ne le suis, comme l'est mon corps draconique dont les ailes se manifestent dans mon dos. Ma voix, pourtant, se casse. Se fêle. Les inflexions se font plus fortes au fur et à mesure que je parle. Mes griffes se plantent dans la peau de mes paumes.

    « Vous ne pouvez pas... Me demander ça. Tout, mais... Pas ça. »

    J'ai presque du mal à parler. Mes ailes tombent dans mon dos. Ma vision se brouille, ma respiration est courte, mon cœur bat à tout rompre. C'est autre chose qui prend finalement place dans mes yeux : de la peur.

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    Natsu grogne et fixe des fleurs en #8A4B08

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    avril
    1002
    Un dîner plus qu'imparfait
    C'est deux Généraux et deux Eossiens à un dîner...
    Il semble plus en colère encore, alors que je pensais au contraire que ça allait l'apaiser. Le soulager. Mais non. Parce que je n'avais pas compris le problème. Parce que s'il m'avait déjà fait part d'une sorte d'inquiétude à mon égard, ça ne m'était pas assez rentré pour que je saisisse les enjeux et que je ne sous-estime pas ce qu'il pense de moi. Je ne m'attendais pas à ce que l'insulte sorte, mais elle témoigne d'un agacement et d'une impatience qui a fini de se cacher.
    Il s'en fiche ?.. Mais alors...
    Mon jugement était mauvais. Dans l'équation, j'avais oublié de me compter alors que pourtant c'était en fait tellement évident et que n'importe qui d'extérieur l'aurait remarqué. Son regard dirigé sur moi est larmoyant. Il fallut au moins ça pour que j'ai un choc, une réalisation, et que je comprenne enfin où était le véritable problème.
    Il ne veut pas que je meure.
    Et il m'en aura fallu, du temps, pour que ça monte enfin au cerveau. Pour que je puisse pleinement le concevoir. A quoi je m'attendais, au fond ? A ce qu'il reste impassible à ma disparition ?..
    Je ne mérite pas qu'il se fasse du souci pour moi.
    Pourtant le voir aussi terrorisé à l'idée de me perdre, si ma poitrine est torturée de le voir dans un état pareil, me remplit aussi de quelque chose de plus doux, d'émotions fortes et surprenantes. Cela ne me fait pas plaisir de le voir comme ça. Mais je suis ému qu'il pense autant à moi. Cela ne devrait pas me faire plaisir. Pas dans un moment pareil. Je ne peux m'en empêcher.
    Ses ailes se déploie brièvement sous le coup de sa colère, avant de retomber en même que sa voix qui se brise, comme fatigué, désespéré. Mes propres yeux s'humidifient. Je ressens jusqu'en moi une peine si grande qu'elle me trouble. Et face à ça, face à cette terreur et cette tristesse qui émanent de lui, je ne peux que m'excuser.

    « Pardon... Je ne me rendais pas compte que... »

    Qu'il tenait autant à moi.
    J'aurais dû le voir venir, je sais. Je suis un idiot. Un "triple connard", comme il dit. J'ai été égoïste, aveugle, et si je ne compte pas aller me suicider dans une pseudo rébellion comme la nymphe en a parlé, je n'aurais pas dû parler de ce sujet de manière aussi légère à ce dîner.
    Si Shimomura avait fait pareil... J'aurais sûrement été dans le même état que lui à l'heure actuelle.
    Perdre le moine m'est impensable. Que Oros prenne ma vie si cela lui permet de garder la sienne, mais il est trop important à mes yeux pour que je le laisse quitter ce monde sans essayer de l'y retenir. Et je sais aussi que mes sentiments pour lui ne sont pas inconnus à cette volonté de le garder.

    « Gabryel... Il a un peu exagéré. Je ne compte pas... »

    Aller au combat ? Je suis militaire, pourtant. Me révolter ? Je suis de moins en moins d'accord avec la politique de mon pays natal, cependant. Mais je ne suis pas suicidaire pour autant. J'aime vivre. J'aime la vie et ce qu'elle m'a permis d'obtenir.

    « Je ne veux pas spécialement mourir ou me sacrifier. Il y a quelques années, je m'en serais foutu, mais... »

    Mais les choses ont changé. Le soldat qui était prêt à tuer et mourir pour sa patrie a évolué. Il ne va plus de manière aussi téméraire au front. Il réfléchit, se défend, bataille avec plus d'ardeur encore pour sortir victorieux et pouvoir revenir chez lui. Là où on l'attend.
    Mon expression s'adoucit. Sur mes lèvres, un sourire léger mais tendre et bienveillant que je lui réserve.

    « J'ai trouvé... des raisons de vivre. Et vous en faites parti. »

    Avec lenteur, je lui prends la main, en espérant qu'il ne la repousse pas. Je comprendrais qu'il me fasse la tête. Qu'il préfère s'éloigner. Juste pour un petit moment, je veux pouvoir quand même lui montrer la délicatesse qu'il mérite.

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    Spoiler :

    Natsu et Sam by Coba <3

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    Je dois être ridicule. Quelque part, je m'en rends compte, au milieu de ce flot d'émotions trop intense et qui submerge complètement. Je réalise que la terreur que je ressens n'est pas exactement normale, mais ce n'est même pas ma principale préoccupation sur le moment. La vue brouillée, le cœur battant, je ne sais pas vraiment à quoi je m'attendais en criant ainsi. Pourquoi ai-je eu besoin de crier, d'ailleurs... ? Petit à petit, je réalise ce que je viens de faire. Je sens des pointes de culpabilité me piquer la poitrine. Ma colère a bien du mal à subsister lorsqu'il s'excuse d'un ton piteux, et je dois serrer mes ongles dans ma peau pour retenir la houle qui vient m'humidifier les yeux.
    Le gros de son propos a le mérite de me paraître plus raisonnable. Plus... Mesuré. Je le sens sincère. Plus doux, aussi, loin de ce que j'ai vu tout à l'heure et qui m'a crispé. Les épaules haussées contre mon cou, si je ne parle plus, je sens pourtant mon cœur qui tambourine dans ma poitrine. Une partie de moi aimerait bien nier ce qu'il est en train de me dire, ou me persuader qu'il me ment par pitié. Pourtant, je sais qu'il ne ment pas. Il ne me mentirait pas : et je lui fais assez confiance pour en être intimement persuadé. Quand sa main vient chercher la mienne, je ne la repousse pas, même si la sensation est nouvelle. Chaude, douce. Rassurante. Mes doigts se réfugient dans sa paume alors que mes griffes s'étiolent. Je laisse ma tête se poser contre sa poitrine en silence. Ma main libre s'accroche inconsciemment à son haut. Je crois... Que c'est son rythme cardiaque, que j'entends. J'ignore pourquoi le sentir battre me fait tant de bien sur le moment, et m'apaise si fortement. Mes yeux se ferment un peu et je garde le silence. J'ai, devant la force de la sensation qui me traverse la cage thoracique, une conclusion qui me vient tout naturellement.
    Que ça me fasse autant de bien... N'est pas exactement normal, n'est-ce pas ?
    Je n'approche pas plus de cette pensée. Elle m'intimide trop. Pour l'instant... Pour l'instant, je suis bien, là. Je ne sais pas exactement quoi lui répondre, ni même comment exprimer ce qui me traverse. Ou, du moins, je n'ai qu'une idée devant moi.

    « Crétin. »

    Je marmonne, à demi-convaincu, sans véritable hostilité dans la voix. C'est autre chose. Ma main se serre un peu contre sa poitrine, alors que j'expire et j'inspire pour me calmer, et peut-être aussi pour sentir une odeur que je connais déjà bien.

    « Si vous mourrez... Je vous ramène à la vie pour vous tuer moi-même. »

    Le pire, dans tout ça, c'est que je suis parfaitement sérieux. Enfin... Plus pour la première partie que la seconde. La tête collée contre lui, mes ailes se sont repliées dans mon dos, ma colère s'est tue. Je ne parle plus et je me tranquillise. Ce n'est pas mal de rester comme ça encore un peu, juste quelques instants.

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    Natsu grogne et fixe des fleurs en #8A4B08

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    avril
    1002
    Un dîner plus qu'imparfait
    C'est deux Généraux et deux Eossiens à un dîner...
    La colère et les émotions négatives qui l'animaient sont retombées. Ne restent que le calme et une fatigue que je sens peser sur lui. Crier et s'emporter ainsi doivent l'exténuer. Ma main n'est pas repoussée : au contraire, il la tient à son tour avant de se rapprocher un peu plus pour poser sa tête contre ma poitrine. Je m'en veux d'avoir déclenché involontairement une tempête ce soir, mais au moins, elle est passée. La nouvelle insulte qui pleut, je le sais, est plus une façade qu'autre chose. Tout à l'heure, même si je sais qu'il ne l'a pas dit méchamment, c'était avec une volonté d'exprimer un énervement et une peur palpables. Sa main sur mon corps fait battre mon cœur un peu plus fort. Un peu plus chaudement. Mes propres muscles se détendent alors que l'air s'est fait moins lourd. Je souris, amusé et flatté de sa pseudo menace sans me douter qu'il la mettrait vraiment à exécution. Ou du moins... Je me demande, s'il la mettrait à exécution. Comme pour Karl dont la disparition a été si douloureuse pour ses enfants que son fils a failli y perdre la vie. Je n'imaginais pas que l'on puisse ressentir une telle envie à mon égard : celle de préserver mon existence. Je crois... que c'est ironiquement l'une des plus belles choses que l'on m'ait dites. Et je suis si heureux qu'il le pense. Cela me ferait presque espérer qu'il y a quelque chose en lui de similaire à ce que j'éprouve moi-même. Je ne dois pas me faire d'idées. Je ne dois pas me plonger dans des fantaisies qui me rendraient tristes. Pourtant je savourerai quand même chaque mot doux qu'il me dira.
    En douceur, j'ose l'encercler de mes bras pour l'enlacer en silence. La nuit est fraîche, mais je ne crains pas le froid, encore plus quand j'ai droit à sa chaleur contre moi. J'espère qu'il n'aura jamais à vraiment me ramener chez les vivants. La sécurité des autres passera toujours avant la mienne, mais je veillerai à m'épargner des blessures inutiles.

    « Si je sais que vous m'attendez, alors je reviendrai toujours. »

    Tant que j'aurais quelque chose à laquelle me raccrocher, je ne me laisserai pas mourir. Il y a, depuis notre cohabitation, un désir chez moi de toujours retourner à ses côtés qui me motive à ne pas finir le travail trop tard, ou à ne pas rester au bar trop longtemps. J'ai découvert que le plaisir que j'avais en passant du temps avec lui était bien plus grand que toutes les soirées à la taverne que je pourrais passer. J'apprécie mes collègues et les moments de détente que nous pouvons avoir lorsque nous n'avons pas à nous battre. Mais je n'échangerais un dîner avec Shimomura pour rien au monde, si je peux l'y voir me sourire.
    Les minutes passent. Je n'ose pas bouger. Il faudra bien le faire. Il y a une part de moi... qui se sent un peu mal d'avoir laissé Raol seul.e, alors qu'iel n'a pas passé la meilleure soirée de sa vie.
    Tout le monde... Je suis désolé.
    J'inspire discrètement son odeur pour m'en imprégner. Cela m'avait manqué. Son regard empli de fureur à mon encontre... J'aimerais ne plus le voir.

    « Est-ce que j'ai quand même le droit de goûter au dessert que vous avez préparé ? »

    Après tout, cette petite note sucrée à la fin, c'est toujours ce qu'il y a de meilleur.

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    Spoiler :

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    Dîner avec le chien, le dragon et la grenouille

    Avait-il bu tant que cela ? D’après la flaque nauséabonde à ses pieds, oui. Quelques injures s’échappèrent de sa gorge, tandis qu’il toussait encore le maigre repas qui s’est enfuit. Au moins, il avait partiellement recouvert ses esprits. Suffisamment pour savoir qu’il fallait arrêter le massacre pour ce soir. Il s’était éloigné, titubant dans la nuit, tentant de faire taire ses angoisses. Une ombre parmi d’autres. Il avait bu à une fontaine, tentant de se réveiller en s’éclaboussant le visage. Les souvenirs du repas lui laissaient un goût amer. Il regrettait ses paroles, bien sûr, mais il savait aussi qu’il les avait pensés, même si c’était court. Il avait volontairement provoqué Raol. Iel s’inquiétait pour lui, et par réflexe il s’était auto-saboté. Au lieu de profiter de ce sentiment, il l’avait rejeté. Comme toujours. Assis par terre, dans une fine ruelle, il ferma les yeux. Peut-être quelques minutes, ou peut-être plus, il ne sait pas.

    « Tu as peur, Gaby ? De quoi as-tu peur ? »

    Il était de retour à Caldissia. Il le savait. Il connaissait la décoration, sa chambre, ses jouets... Et le visage de son père, rajeunit. Une lanterne était posée sur la table de chevet. Une sensation inexplicable traversait le Venomania. C’était un souvenir, plus ou moins véridique, quelques détails ont dû se perdre avec les années. Le petit garçon aux cheveux mi-longs tenait les doigts de son père, cherchant ses mots entre deux sanglots craintifs.

    « D-des monstres papa ! »

    « Qui sont-ils ? »

    « Des ombres, partout... »

    « Eh bien, débarrassons-nous-en. Allez fils, vaillant chevalier, nous allons les faire disparaître ! »

    Il l’avait pris dans ses bras, le faisant trôner sur ses épaules. Il attrapa son épée et mima un combat fantastique. Gabryel, lui, avait hérité d’un petit couteau qu’il agitait de façon ridicule. Mais il riait. Il avait oublié ses peurs. Son père le reposa dans son lit, remontant sa couverture, le couvant d’un regard précieux.

    « Tant que je suis là, il ne t’arrivera jamais rien. Endors-toi, tu as beaucoup à faire demain. Bonne nuit mon garçon. »

    ...

    Il disparut. La chaleur de Caldissia s’évapora. Il ressentait l’humidité, la fraîcheur... Et son corps, bien trop lourd. Gabryel ne rouvrit pas les yeux. Il resta ainsi, se remémorant des événements passés. Comment en est-il arrivé là ? Peu à peu, il se reconnecta à la réalité. Il prenait conscience de ses actes, de ses paroles. Cette fois-ci, il regrettait réellement. Mais il savait que s’excuser ne changerait rien. Que pouvait-il bien faire ? Il avait peur de faire une erreur. Peur d’empirer les choses. L’ivrogne finit par se relever, faisant abstraction des nausées désagréables. Il erra quelques temps, à la recherche de la maison de l’Altissien. Il la trouva. Il entra. Il y avait un silence pesant. Seuls subsistaient le bruit des couverts. Samaël n’était pas là. Ni Natsume. Ce qui voulait dire...

    Gabryel fit un pas vers la salle à manger. Iel était là. De dos. Il n’avait pas envie de revoir son visage. Il se souvenait des larmes qui avaient germés, de son expression pleine de dégoût. Oh qu’il était lâche, le caldissien. Incapable de faire face aux conséquences. Il resta à distance, silencieux. Ses vêtements étaient tâchés, à quelques endroits mouillés. Quel ridicule. Il était stressé, comme un enfant prit à faire une bêtise. Il ne savait plus où se mettre. Il voulait fuir. Peut-être que ça serait mieux. Sa voix vint de loin, rauque, grave et perdue :

    « Je suis... »

    Désolé ? Con ? Un enfoiré ? Un ivrogne ? Irrespectueux ? Provocateur ? Pathétique ? Oui. Mais ce n’était pas ce qu’il voulait dire. Il ne voulait pas parler de lui.

    « Tu ne mérites pas ça. Et je sais que tu n’avais pas à revivre ça. »

    Il ne savait pas trop lui-même ce que ça signifiait. Peut-être Raol devrait-iel... le laisser. Il ne lui offrait rien de bon. Il était devenu tout ce que saon ami.e détestait. Mais ce n’était pas à lui de décider. En fait, ça n’avait jamais été le cas. Il avait tout fait par égoïsme, sans se soucier des avis extérieurs. Son erreur c’était de se complaire dans sa solitude. De ne compter sur personne d’autre que lui-même. D’être comme son père.

    « Je ne sais pas... ce qu’il m’a pris. Enfin si. Mais tu ne méritais pas mes paroles. J’ai complètement vrillé. Je suis frustré et en colère et- »

    Ses mots se perdirent.

    « Bref. Tu as raison. » Il se frotta le visage. « Ton regard... Je suis désolé. Je... Je ne veux pas mourir. Mais je ne veux pas vivre en sachant que je n’ai pas agis, et que peut-être tu mourras parce que je n’ai rien fait pour empêcher tout ça. Ma vie contre la tienne ça me paraissait... juste. »

    En prononçant ses paroles, il se rendait compte à quel point ça pouvait être ridicule. Il fixa ses pieds, très peu à l’aise à l’idée de lui faire face dans cet état misérable. Titubant pour aller vers la porte de sortie, il se contenta de conclure.

    « Je vais y aller, euhm... Il fallait juste que je rende ça à Samaël. Et je vais... régler mon problème. »

    Il déposa une lettre sur le premier meuble qu’il aperçut et tourna le dos à la grenouille. L'alcool devait disparaître de sa vie s'il voulait véritablement respecter Raol.
    kyro. 017 ldd

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    Un diner plus qu'imparfait
    - avec Ouin-Ouin, Pignouf et le dragon


    Raol ne s’attendait à échanger plus de 6 mots avec Samaël ce soir (et même pas des insultes !). Iel ne peut qu’espérer que l’altissien ait raison au sujet de son amant. La grenouille sait bien que la scène à laquelle iels viennent d’insister… ce n’est pas vraiment ce que Gabryel pense et ressent au fond de lui. Mais c’est quand même lui qui a prononcé toute cette tirade blessante. Le fait qu’ils ait bu ne fait qu’aggraver les circonstances. Mais, ça, Enodril a l’air de s’en rendre compte également. Même si, l’altissien il a d’autres préoccupations. En tête. Raol ne fait qu’hocher la tête en voyant l’autre prendre congé pour aller chercher Natsume, ne répondant pas à ses questions réthoriques.

    Je connais Natsume depuis… ça doit bien faire 20 ans. Mais ça ne veut pas dire qu’on est proches ou qu’on se comprend. Même si ce soir nous a montré que nous avons quand même quelques trucs en commun.

    Sans plus s’apensantir sur ce sujet (car iel est de toute façon trop préoccupé par les mots et les regards de Gabryel qui bouclent encore dans sa tête), Raol continue de ranger la salle à manger. De manière compulsive, iel commence à nettoyer les assiettes et autres plats. Ses pensées se vident temporairement, tandis qu’il passe un chiffon sur la table de bois sur laquelle a eu lieu le repas. Le fait que l’habitacle semble soudain moins encombré physiquement et matériellement lea soulage un peu. C’est moins anxiogène. Enfin, ça, c’est ce que Raol se disait avant que la porte de la maisonnée ne s’ouvre à nouveau derrière ellui et qu’un pas trop familier lea fasse se refermer d’un coup.

    Ses doigts serrent le chiffon qui se remet à frotter frénétiquement la table déjà brillante. L’odeur de Gabryel, mêlée d’une effluve âpre d’alcool et de vomi lui prend au nez, fait revenir sa nausée. Iel se pétrifie. Lea Zeteki connait bien ce mélange. Son père le portait sur lui plusieurs soirs par semaine. Son corps se met tout entier sur la défensive. Près à se défendre. Près à se faire frapper si la personne qui vient d’entrer s’avère ne pas être Gabryel mais… un revenant très indésirable. La voix familière de Gabryel lea fait sortir de sa torpeur. Dans l’état actuel des choses, la grenouille n’est pas ravie de l’entendre mais… au moins, cette fois, iel arrive à reconnaître son ami. Ses larmes se mettent à couler toutes seules, s’écrasent sur le bois, tandis que le caldissien commence à lui présenter ses excluses. Bien trop submergé par cet « échange » et le souvenir de tout ce qui s’est passé ce soit, Raol est bien incapable de mettre le moindre mot sur ses émotions, encore moins de répondre.

    Sa vie contre la mienne… C’est un raisonnement que j’aurais pu avoir aussi.

    Combien de fois par jour l’eossien n’y pense-t-iel pas ? Pas forcément à mourir, mais, à s’éclipser, à taire ses désirs, à se saboter, à disparaître, car son entourage sera de toute manière mieux sans ellui. Donc, oui, iel comprend bien ce que veut dire son amant.

    Mais… je peux me protéger tout seul. Ce n’est pas à lui de me protéger pour assurer ma survie. Ou… s’il tient à me protéger, il faut qu’il accepte que j’en fasse autant à son égard.

    Sa poitrine semble bloquée. Raol renifle et pleure en silence, la gorge trop serrée pour répondre quoique ce soit. Même sans se baser sur des preuves tangibles, iel sent que Gabryel est sincère. Que ça n’a rien à voir avec le goût amer que laissaient les promesses vides d’Akiya, qui lui s’apitoyait sur son sort pendant de longues heures tout ça pour ne sortir qu’un ridicule « désolé, c’est la dernière fois, juré », digne d’un enfant de 8 ans honteux de sa bêtise. A l’inverse de son paternel, Gabryel a le mérite d’admettre son problème d’alcool.

    Alors peut-être que… je peux le croire, hein… ?

    Lorsqu’iel se retourne vers la porte d’entrée, Gabryel est déjà parti. Raol essuie ses larmes, son visage puis se mouche. Iel se laisse tomber sur le banc et s’appuie sur la table, complètement vidé.

    Je fais quoi maintenant… ? Je vais pas rester planter là toute la soirée. Puis, les deux autres vont finir par revenir. Faudrait pas qu’y nous cherchent (enfin, ça m’étonnerait, vu comment s’est passée la soirée).

    Soudain, des jappements résonnent dans la maisonnée. Raol saute accroupi sur la table en voyant deux jeunes toutous faire irruption dans la salle à manger. Les deux chiots tentent de grimper sur la table à leur tour et se redressent pour renifler la grenouille.

    « H-hé ! D’où vous sortez, vous… ?! Héééééé ! Approchez pas ! Ouste ! Aller ! »

    J’aime vraiment pas les chiens… ! Ils puent de la gueule ne plus ! Berk !

    Les deux commencent à emmettre des « woouuu wooouuu » près du foyer, boivent dans un bad rempli d’eau et se tiennent près de deux ecuelles posées sur le sol, la langue pendante. On dirait bien qu’ils ont faim. Cependant… l’un semble suivre une odeur sucrée, qui émane d’un plat couvert d’un torchon, posé non loin du foyer.

    « Euh… Touches pas à ça ! C’est pas pour les chiens !! »

    D’un bond, l’amphibien rejoint le foyer, se saisit du gateau posé près de l’âtre et fait le tour de la table tout en essayant d’echapper aux deux cabots qui jappent de plus en plus fort. L’un d’eux lui bondit dessus, pattes tendues vers le plat que la grenouille essaie désespérèment de protéger.

    « Non !! Ça suffit maintenant !! Couché ! »

    Le toutou insiste, s’accroche et commence à léchouiller Raol, alors parcouru d’un désagréable frisson. Sa peau sensible d’amphibien ne supporte absolument pas la texture rugueuse de la langue du cabot. En poussant un cri un peu pitoyable, Raol saute sur une armoire et… en oublie le dessert. Celui-ci s’écrase sur la table, répandant la crème et la confiture sur le bois.

    Merde !!

    Et, évidemment, c’est à ce moment là que la porte d’entrée s’ouvre sur Natsume et Samaël. Les deux se retrouvent face à leur dessert renversé sur la table, deux chiots en train de se gaver et une grenouille humanoïde perchée sur une armoire avec un air coupable.

    « ….. c’est…. euh…. c’est… »

    Oui. C’est exactement ce que vous pensez.

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    Je ne voulais pas qu'il me voit ainsi, mais j'imagine, malheureusement, que ce ne sera pas la dernière fois et quand j'y pense, ce n'était pas non plus la première. Depuis combien de temps exactement est-ce devenu normal, voir même prévisible... ? Un moment, je crois. Assez, en tous cas, pour que je ne m'éloigne pas tout de suite alors que ma tête se repose contre sa poitrine. C'est étrange, la familiarité chaude de ses bras. Cette envie que j'ai de m'y reposer est plus forte encore que la dernière fois, et je reste là, sans un mot. Je me sens plus calme, mais mon cœur tambourine dans ma poitrine et mes joues s'échauffent sans que je ne saisisse vraiment pourquoi, mais... Mais sur l'instant, vraiment, je m'en fiche. Ma main se contente de se serrer contre sa poitrine à ses mots qui font monter de vives chaleurs à mes joues. Ça me fait... Plaisir. Cette idée, ou simple pensée, disons, qu'il prendrait le temps de revenir pour moi. Je me sens égocentrique sur le moment, mais je ne refuse pas cette pensée. Elle m'apaise. Assez, en tous cas, pour que j'esquisse un léger sourire devant sa question. J'avais presque oublié cette histoire de dessert. Je hoche distraitement la tête.

    « Si... Il est à votre goût, du moins. »

    Je ne suis pas un cuisinier très fin, après tout, mais je peux me satisfaire de l'idée que cela lui plaît. Lentement, je m'éloigne même si je ne reste pas très loin, en réalité. Je me contente de marcher en silence le long du retour, quoique mon regard, de temps à autre, repasse sur son visage de manière discrète. Cela me tranquillise. J'aime bien. Je sens d'ailleurs que mes pensées sont ailleurs, un peu vagues. J'en avais presque oublié la cause de tout ceci, à vrai dire, lorsque nous finissons par rentrer.
    Et quand la porte se referme derrière nous, je me retrouve simplement à cligner bêtement des yeux face au spectacle qui nous accueille.

    « Ah, c'est... »

    … C'est au pire décevant, au mieux une contrariété comme une autre, quelque part. Je ne réagis pas tant que ça devant le désastre qui se trouve devant nous, car je n'en ai plus vraiment l'énergie. Une heure auparavant, j'aurais été agacé et frustré. Là, alors que je vois nos chiens en train de se baffrer d'une tarte à terre et de Raol qui l'est aussi, je me dis juste... Que je n'ai pas envie de m'en préoccuper plus que ça. Dans un soupir, je me contente donc de me pincer l'arrête du nez en reprenant la parole.

    «  Yû, Smaug, à vos places. »

    Ma voix a du mal à être ferme. Elle est plus molle qu'autre chose. Ce n'est rien. A ce stade, ce n'est que du ménage en plus. Dans un soupir un peu désabusé, je vais donc prendre un chiffon que j'imbibe d'eau pour nettoyer les dégâts.

    ______________________

    Natsu grogne et fixe des fleurs en #8A4B08

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