Un dîner plus qu'imparfait [Gaby/Rara/Natsu]

« Arhem… je… c’est qu’en fait, ils… »

Raol a du mal, dans son état actuel, à expliquer normalement une situation pourtant simple. Iel finit par soupirer et descend avec précaution de son meuble, tandis que Natsume rappelle ses chiens et qu’Enodril tente de lea rassurer. La petite grenouille n’a jamais été à l’aise devant les grosses bêtes à poil. Elle ne saisit pas bien quel est l’intérêt de posséder ce genre de bestioles bruyantes « qui ne font que manger notre bouffe et la chier au milieu du chemin, tout ça pour qu’on ramasse ». Enfin, il faut bien dire que Général Moustache est plutôt mignon, lui. Mais Raol le verrait certainement d’une autre manière si le matou ne créchait pas chez Gabryel.

Maintenant que les « prédateurs » sont plus loin, l’amphibien se détend un peu et reporte son attention sur la catastrophe qu’iel a indirectement produite. Natsume est déjà en train de nettoyer, ce qui lea gêne un peu.

« Attends je--- je vais le faire… ! »

Sa voix est faible. Iel n’a plus la force d’insister. Lea Zeteki n’est pas à sa place ici. Ce n’est pas comme s’iel le découvrait à l’instant mais… à voir les deux autres se mettre à vaquer dans leur maisonnée, en s’échangeant des regards complices, ça semble encore plus évident. Cette ambiance, qui contraste complètement avec ses derniers échanges avec Gabryel est presque douloureuse à regarder.

Est-ce que… est-ce que c’est encore possible pour Gabryel et moi de revenir à cette sérénité-là ?

Les sentiments qui s’éveillent en ellui lorsqu’iel pense au Caldissien lea prennent à la gorge, sont soudain comme une lame qui lui traverse l’estomac. Les deux propriétaires des lieux, pour leur part, semble complètement étrangers aux émotions qu’ils nourrissent à l’égard de l’autre. Vu de l’extérieur, ça semble pourtant assez évident. Dans un autre contexte et s’il ne s’agissait pas d’eux, Raol serait presque attendri par tant d’insouciance.

Arrêtes de rêver. Tu sais bien que tu n’as pas le droit à ça. Tu en as encore eu une preuve aujourd’hui.

D’ordinaire, Raol aurait certainement manifesté sa détresse actuelle en étant extrêmement désagréable. En s’acharnant une nouvelle fois sur Natsume, comme cela lui est déjà arrivé par le passé. Mais, pas cette fois. Pas de jalousie. Pas de frustration mal placée. Juste un vide. Iel  ne pense qu’à Gabryel, dans un mélange de colère et d’inquiétude. Pendant quelques longues secondes, Raol regarde le sol et longe un peu les murs pour aller récupérer ses affaires. Comme s’iel avait soudain peur de déranger, la voix de l’amphibien se fait toute petite.

« Je… j’y vais. D-désolé pour… pour tout ça. Lerepasétaitbon. »

En quelques pas plus rapide, iel parvient à franchir la porte à nouveau. Une fois dehors, iel bondit sur les toits et se met à courir. Iel doit rentrer à la maison. Ça lui fera du bien, de voir Ziyal, puis d’aller s’effondrer sur son lit. Au moins, maintenant, iel ne peut plus être acceuilli chez ellui par des cris et une haleine âpre. Au moins, maintenant, iel est véritablement soulagé à l’idée de rentrer à la maison.