D'ordinaire, Astrid savait se débrouiller.
Elle n'avait jamais eu trop le choix, de toute façon. Pour survivre sans moyens, il fallait user d'à peu près tous les moyens, surtout les plus discutables ; mais la plupart du temps, ou du moins à force d'expérience, elle n'avait pas à prendre trop de risques. Voler quelques fruits ou de fromage sur un étalage, dérober quelques pièces dans une bourse trop lourde ou user de ses jambes pour fuir sans payer, c'était généralement suffisant. Pas satisfaisant, mais correct. Les journées étaient parfois longues mais c'était tolérable de par l'usure et l'habitude.
Sauf que cela fait un moment maintenant que la situation n'est pas ordinaire. Et que 'suffisant' était devenu un objectif bien ambitieux.
Le siège durait depuis un moment, maintenant, et les vivres arrivaient au compte goutte. Les marchands étaient davantage méfiants car leurs étalages étaient plus pauvres et les prix plus hauts. Les quelques distributions organisées par les autorités restaient maigres et il était de plus en plus difficile de trouver une bourse qui ne soit pas vide ; et quand ce n'était pas le cas, la cherté était parfois si forte qu'on ne pouvait pas acheter grand chose.
Alors, ces temps-ci, elle a faim. Son estomac se tord, lui fait mal. La fatigue lui prend les membres, l'empêche de courir et de s'enfuir comme elle pourrait le faire d'ordinaire pour trouver de quoi se sustenir. Chasser était inenvisageable dans cet état, même.
Le choix était bien simple. Pas idéal de par sa dangerosité, mais acceptable. S'introduire dans les maisons de la ville-haute, elle l'avait déjà fait auparavant ; mais surtout par curiosité, « pour voir ». Jamais directement dans les cuisines.
L'une d'entre elles, richement décorée et plus facile d'accès, avait donc été son choix. Ses pas sont discret dans l'ombre. La tête bien dissimulée sous sa cape, l'adolescente se glisse entre les tonneaux et les meubles. Son cœur tambourine dans sa poitrine, mais c'est surtout son calme, qui est difficile à venir. Son odorat sensible ne manque pas l'odeur alléchante des viandes et fromages devant lesquels elle passe ; mais certains sont trop hauts, ou potentiellement trop bruyants à déplacer. Elle cherche l'endroit idéal pour manger et s'éclipser, ou quelque chose de simple à emporter. L'idéal serait un peu des deux, mais elle sait que c'est probablement naïf.
Alors qu'elle s'avançait, toutefois, son pas s'arrêta tout à coup. Ses oreilles se relevèrent au travers des trous de sa capuche, son dos se fit tout droit. Il y avait bien une autre odeur, oui. Mais pas celle d'une nourriture quelconque ; celle de quelqu'un d'autre.
Elle n'avait jamais eu trop le choix, de toute façon. Pour survivre sans moyens, il fallait user d'à peu près tous les moyens, surtout les plus discutables ; mais la plupart du temps, ou du moins à force d'expérience, elle n'avait pas à prendre trop de risques. Voler quelques fruits ou de fromage sur un étalage, dérober quelques pièces dans une bourse trop lourde ou user de ses jambes pour fuir sans payer, c'était généralement suffisant. Pas satisfaisant, mais correct. Les journées étaient parfois longues mais c'était tolérable de par l'usure et l'habitude.
Sauf que cela fait un moment maintenant que la situation n'est pas ordinaire. Et que 'suffisant' était devenu un objectif bien ambitieux.
Le siège durait depuis un moment, maintenant, et les vivres arrivaient au compte goutte. Les marchands étaient davantage méfiants car leurs étalages étaient plus pauvres et les prix plus hauts. Les quelques distributions organisées par les autorités restaient maigres et il était de plus en plus difficile de trouver une bourse qui ne soit pas vide ; et quand ce n'était pas le cas, la cherté était parfois si forte qu'on ne pouvait pas acheter grand chose.
Alors, ces temps-ci, elle a faim. Son estomac se tord, lui fait mal. La fatigue lui prend les membres, l'empêche de courir et de s'enfuir comme elle pourrait le faire d'ordinaire pour trouver de quoi se sustenir. Chasser était inenvisageable dans cet état, même.
Le choix était bien simple. Pas idéal de par sa dangerosité, mais acceptable. S'introduire dans les maisons de la ville-haute, elle l'avait déjà fait auparavant ; mais surtout par curiosité, « pour voir ». Jamais directement dans les cuisines.
L'une d'entre elles, richement décorée et plus facile d'accès, avait donc été son choix. Ses pas sont discret dans l'ombre. La tête bien dissimulée sous sa cape, l'adolescente se glisse entre les tonneaux et les meubles. Son cœur tambourine dans sa poitrine, mais c'est surtout son calme, qui est difficile à venir. Son odorat sensible ne manque pas l'odeur alléchante des viandes et fromages devant lesquels elle passe ; mais certains sont trop hauts, ou potentiellement trop bruyants à déplacer. Elle cherche l'endroit idéal pour manger et s'éclipser, ou quelque chose de simple à emporter. L'idéal serait un peu des deux, mais elle sait que c'est probablement naïf.
Alors qu'elle s'avançait, toutefois, son pas s'arrêta tout à coup. Ses oreilles se relevèrent au travers des trous de sa capuche, son dos se fit tout droit. Il y avait bien une autre odeur, oui. Mais pas celle d'une nourriture quelconque ; celle de quelqu'un d'autre.