La nuit, tous les débiles sont gris Avec Gabybine |
Coucou c'est le retour du pavé emo-dépréssif.
/!/ TW : c'est très la dépression, duh. /!/
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Inutile de dire que se sentir soudain affamé et plein de vertige est tout de même moins plaisant que narguer Gabryel et plaisanter avec lui. Raol n’est pas un cadeau non plus et pourtant, lorsqu’iel dû s’asseoir pour calmer ses étourdissements, le général eut l’air réellement inquiet l’espace de quelques secondes. La grenouille n’y prêta pas trop attention sur le moment, car de l’intérieur, elle avait bien compris qu’il ne lui arriverait sans doute rien, c’était simplement qu’il lui fallait du sucre. C’est pour ça qu’en relevant ses globes oculaires dorés vers le général, la grenouille cligna des yeux en voyant que les traits tirés du visage du plus grand trahissaient…
Mais. Pourquoi il tire une tronche de six pieds de longs ?
« ...C’est quoi cette gueule ? Si vous allez être malade le faites pas sur moi ! »
Oui, oui, la finesse, l’empathie, le romantisme, être rassurant.e, ce sont des choses que Raol ne connaît pas. Il faut vraiment tout lui dire pour qu’iel comprenne les attentions des gens et encore, cela n’annule pas sa méfiance dans la plupart des cas. Après un petit moment, suffisant pour se rendre compte que le général s’était mis à sa hauteur en se rapprochant physiquement, Raol finit par se remettre sur ses pieds et s’apprêta à descendre vers le plancher des vaches, conformément à ce qu’iel avait annoncé.
C’est là que l’inquiétude du caldissien fut trahie par ses gestes. Même dans tout son déni et son désir de se convaincre que l’autre ne faisait que lea mener en bâteau, lea Zeteki ne put fuir cette fois-ci. Surtout pas en sentant la main et les doigts de Gabryel se refermer non sans une certaine délicatesse sur son poignet.
Forcé.e de s’arrêter, la grenouille fit volte face, le cœur temporairement affolé sous le coup de la surprise.
Qu’est-ce que…
Sans comprendre (ou plutôt, iel ne voulait pas comprendre), Raol se tendit légèrement et se mit à bafouiller, se sentant presque forcé de se justifier en face des iris indigo occupés à lea fixer un peu trop intensément à son goût.
« Je… je… je vais bien. Je ne vais pas… »
Tomber du haut des remparts ? Me jeter dans le vide ? Non, ça c’est… ça m’est passé.
« Qu’est-ce qui pourrait m’arriver ? Je suis pas suicidaire ! »
Raol essaya de formuler tout ça avec une façade totalement neutre et détachée. La tentative ne fut clairement pas trop reussie. Iel repensa un instant à Akiya et sentit une boule se former dans sa gorge.
Je ne suis pas comme ellui, hein… ? Je ne vais pas finir comme ça… ?
Ça, ça reste à voir.
…
L’animorphe ne pouvait pas nier qu’iel avait des habitudes clairement autodestructrices. Iel oubliait des besoins de bases comme manger, parfois, ce qui n’aidait pas à chasser son humeur moroses et ses pensées les plus noires. C’est une manière de se conforter dans cette idée que c’est normal de se sentir ainsi, que c’est mérité, que de toute façon, ça n’ira pas mieux et que le problème vient d’ailleurs.
« F-faites ce que vous voudrez. »
Conclut la grenouille, se rapellant alors que l’autre avait toujours son poignet dans sa main. Iel observa les longs doigts du général enroulés par dessus sa peau fine et son poignet mince. Ça ne le dérangeait plus que la peau de la grenouille soit moite et apparement « dégoûtante », d’un coup ?
Il a la main chaude.
Raol déglutit alors que l’autre l’emmenait vers les escaliers sans attendre sa réaction. Visiblement conscient qu’il avait pris le poignet de la grenouille par pur réflexe, Gabryel lâcha finalement l’autre afin de lea laisser descendre tranquillement. L’autre ayant le dos tourné, Raol arqua un sourcil confus, cogitant sans trop pouvoir s’en empêcher.
...Hm. C’était fort gay, ça, dites-moi.
Pensa Raol, mi-amusé, mi-abasourdi par la scène qui venait de se jouer entre elleux. Iel descendit les marches précautionneusement jusqu’en bas et se sentit déjà moins chancellant.e en sentant des pavés et de l’herbe sous ses semelles. Les paroles de l’autre lea firent frémir à nouveau.
Mais qu’est-ce qui lui prend. Il est beaucoup trop…
Il est bien trop attentionné.
Ce qui frappa Raol, c’est surtout la réalisation que ce n’était pas la première fois que Gabryel agissait ainsi avec ellui. Pourquoi, à chaque fois qu’iel le relevait, devait-iel tout de suite se convaincre que « mais non c’est pas moi il fait surement ça pour tout le monde », non sans une certaine amertume ? La grenouille déglutit à nouveau, ne sachant vraiment pas quoi faire pour répondre à l’autre.
Je devrais peut-être rentrer… tout ça, c’est trop bizarre.
Raol n’a clairement pas envie de rentrer, mais… iel a aussi besoin de se préserver. De manger. De faire une vraie nuit complète. Autant iel ne veut pas rentrer, autant la situation actuelle l’effraie. En plus, même si Raol aurait bien demandé une énième fois pourquoi l’autre se comportait ainsi iel avait déjà la réponse, si celle-ci n’avait pas changé depuis la dernière fois.
« Euh. Non. C’est passé. »
Sa tête s’était arrêtée de tourner et s’iel n’y allait pas trop fort, ça devrait aller.
« Je pense que- que je ferais mieux de rentrer chez moi. »
Il était clair que la grenouille avait perdu son assurance et son talent pour faire lea fièr.e devant le général. Iel ne savait pas quoi faire d’autre, ne se sentant pas de rentrer dans une taverne ou un autre endroit avec du monde. Ce n’est pas qu’iel tentait de fuir, simplement, ça lui semblait l’issue la plus raisonnable. Évidemment, ça lui semblait aussi évident que Gabryel ne verrait pas l’endroit ou iel habite. Mais il insisterait sûrement pour l’accompagner.
« Vous pouvez-- vous pouvez venir avec moi jusqu’à l’entrée des quartiers eossiens. J’ai pas envie que vous sachiez où j’habite. »
Ou même que Ziyal me fasse une scène s’iel est encore réveillé et qu’iel me voit avec quelqu’un.
La grenouille adressa un regard entendu à l’autre, pour lui faire comprendre que c’était la meilleure concession qu’elle pouvait lui offrir pour le moment.
« Pour le moment »… ? Pourquoi ça changerait quelque chose après cette soirée… ? Qu’est-ce que j’attends qu’il se passe ensuite… qu’est-ce que lui attend ?
Sans doute que Raol est trop confus.e, trop fatigué pour répondre à ça maintenant. On verra bien comment les deux se comporteront une autre fois. Après un silence un peu long au goût de l’animorphe, ses jambes se mirent finalement à prendre le chemin du retour. Iel était tendu et ne savait pas quoi dire pour retrouver l’ambiance plus légère et pleine de rigolade de nivea « ado edgy » qu’iels avaient trouvé un peu plus tôt.
« Z’avez personne qui vous attend à cette heure ? »
La grenouille leva ses yeux vers le ciel l’espace d’un instant.
« Enfin, remarquez, je suis bien placé pour savoir que même s’il y a quelqu’un, des fois… c’est juste pénible de rentrer. »
Qu’est-ce que je lui raconte encore… je suis vraiment fatigué.